LES COMPTES DE L’ENVIRONNEMENT

 

On présente les comptes de l’environnement : méthodes et résultats. Ceux-ci ont du mal à s’intégrer aux comptes nationaux. Certains experts ont réfléchi à la manière de mesurer les coûts d’épuisement des ressources naturelles et les dommages liés à la pollution. Mais la comptabilité nationale ne se prête pas bien à l’évaluation de valeurs non monétaires, c’est à dire non mesurables par des prix ou des coûts observés comme les salaires. On s’est orienté vers une comptabilité diverse : comptes satellites des dépenses, d’émissions de polluants des branches et des secteurs institutionnels, comptes des actifs naturels (eau ou forêt par exemple), indicateurs de synthèse, etc… dans le cadre du système de comptabilité économique de l’environnement (SCEE) des Nations Unies.

Le SCEE est un système statistique qui rassemble des informations économiques et environnementales dans un cadre commun pour mesurer la contribution de l’environnement à l’économie et l’impact de l’économie sur l’environnement. Le SCEE contient un ensemble de concepts, de définitions, de classifications, de règles comptables et de tableaux reconnus pour produire des statistiques comparables au niveau international. Ce système de comptes offre un moyen de surveiller les pressions exercées par l’économie sur l’environnement et peut aider à explorer comment l’économie et la société réagissent en termes de dépenses de protection de l’environnement et de gestion des ressources. Le cadre du SCEE suit une structure comptable similaire à celle du Système de comptabilité nationale (SCN). Le SCEE utilise des concepts, des définitions et des classifications conformes au SCN afin de faciliter l’intégration des statistiques environnementales et économiques. Ce faisant, le SCEE permet le développement d’indicateurs et d’analyses sur le lien économie-environnement.

Un écosystème est constitué par un milieu particulier ainsi que par l’ensemble des êtres vivants qui le peuplent. Par exemple : une forêt est un écosystème ; un désert, un lac en sont d’autres. La comptabilité d’écosystème, développée récemment vise à mesurer les impacts des pressions économiques sur le fonctionnement des écosystèmes eux-mêmes et les conséquences qui en résultent pour les services qu’ils fournissent à l’économie et au bien-être humain en général. La comptabilité d’écosystème est une tentative pour répondre à quelques questions de base liées à la durabilité de l’interaction économie-nature : Le capital naturel renouvelable (les écosystèmes, leurs fonctions et services) est-il maintenu au cours du temps ? Le coût complet de l’entretien et de la restauration du capital naturel est-il couvert par le prix courant des biens et des services ? Le prix des produits importés couvre-t-il les coûts complets de maintenance et de restauration des écosystèmes dans les pays d’origine ? Le total de la demande finale de biens et de services fournis par l’économie et des services d’écosystème utilisés gratuitement, individuellement ou collectivement par les ménages s’accroît-il avec le temps ?

Le changement climatique désigne une modification des systèmes climatiques due aux activités humaines, au-delà de la variabilité naturelle du climat. Ce phénomène est causé par les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère. Les sources de ces émissions sont notamment la combustion de combustibles fossiles, les processus de type industriel, l’élevage et le traitement des déchets. Les effets directs que nous subissons sont une hausse de la température mondiale, l’élévation du niveau des mers et une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes. Ces effets ont à leur tour de vastes conséquences sur les écosystèmes, l’économie, la société et la santé humaine. Nous devons faire face à ces conséquences tout en tentant de lutter contre les causes du changement climatique. Les statistiques relatives au changement climatique peuvent nous aider à mieux comprendre l’ensemble de ce processus.

Here are Environmental accounts: methods and results. They are struggling to be integrated into the national accounts. Some experts have thought about how to measure costs of natural resource depletion and pollution damage. But national accounts are not suitable well to the measurement of non-monetary values, i.e. values that cannot be measured by observed prices or costs, such as wages. This has led to diverse sources accounting: satellite accounts of expenditure, pollutant emissions from industries and institutional sectors, accounts of natural assets (water or forest for example), synthesis indicators, etc., as a part of System of environmental economic accounting (SEEA) of United Nations.

SEEA is a statistical system that brings together economic and environmental information into a common framework to measure the contribution of environment to economy, and the impact of economy on environment. The SEEA contains an internationally agreed set of standard concepts, definitions, classifications, accounting rules and tables to produce internationally comparable statistics. This system of accounts offers a toolformonitoring pressures exerted by economy on environment and can help to explore how economy and society respond in terms of environmental protection and resource management expenditures. The SEEA framework has got an accounting structure close to the System of National Accounts (SNA). The SEEA uses concepts, definitions and classifications consistent with the SNA in order to facilitate the integration of environmental and economic statistics. By doing so, the SEEA contributes to the development of indicators and analysis on the economy-environment nexus.

An ecosystem is made up of a particular environment and all the living beings that inhabit it. For example: a forest is one ecosystem; a desert or a lake are others. Ecosystem accounting, recently developped aims to measure the impacts of the economic pressures on ecosystems functions and the subsequent consequences on the services that they supply to the economy and human well-being in general. Ecosystem accounting is an attempt for answer a few basic questions related to the sustainability of economy-nature interaction: Is the renewable natural capital (the ecosystems, their functions and services) maintained over time? Is the full cost of maintaining the natural capital covered by the current payments for goods and services? Does the price of imported goods and services cover the full cost of ecosystem maintenance and restoration in originating countries? Final use goods and services developing over time, would they be supplied by the economy (market and government institutions) or for free by the ecosystems.

Climate change is a change in climate systems due to human activities, beyond the natural variability of the climate. This is caused by greenhouse gases emissions (GHGs) into atmosphere. Sources of these emissions include fossil fuel combustion, industrial processes, livestock waste treatment. The direct effects we are experiencing are a rise in global warming, rising sea levels and an increase in extreme weather events. These effects, in turn, have far-reaching consequences on ecosystems, economy, society and human health. We have to deal with these consequences while trying to tackle the causes of climate change. Climate change statistics can help us to understand better this whole process.

 

 

«Une croissance exponentielle de la population et de l’industrie ne peut se prolonger indéfiniment dans un monde fini. Il nous rechercher les bases d’une civilisation qui tienne compte des contraintes écologiques.» René Dumont

« La comptabilité environnementale est un système qui permet de répertorier, organiser, gérer et fournir des données et des informations sur l’environnement, par l’intermédiaire d’indicateurs physiques ou monétaires. Elle constitue un outil indispensable à la mise en œuvre du concept du développement durable et s’impose à l’heure actuelle comme un moyen d’assurer la préservation de l’environnement en Europe. », Comptabilité environnementale en tant qu’instrument pour le développement durable, février 2004

 

 

Sommaire

I – UNE COMPTABILITÉ INTÉGRÉE AUX COMPTES NATIONAUX ?

II –   LES COMPTES SATELLITES DE LA DÉPENSE

III –   COMPTABILITÉ PHYSIQUE DES ACTIFS NATURELS

IV –  L’EMPREINTE CARBONE

V –  COMPTES DE L’ENVIRONNEMENT (LE SCEE)

VI –  LES AVANCÉES DU SCN2025

VII –  LA COMPTABILITÉ DES ÉCOSYSTÈMES

VIII –  L’ÉTAT DE L’ENVIRONNEMENT EN FRANCE

IX –  L’ÉTAT DE L’ENVIRONNEMENT EN EUROPE

X –  LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

 

 

 

Introduction

° Le coût de l’abattage d’une forêt pour créer de nouvelles terres agricoles est une formation brute de capital fixe de l’agriculture mais la disparition de la forêt elle-même n’est pas retracée dans le compte de capital du Système de Comptes des Nations Unies (SCN). Il n’y a d’ailleurs pas d’amortissement du capital naturel dans le SCN. Le Système intégré de comptabilité économique et environnementale (SCEE, SEEA en anglais) a donc été un pas en avant important, en particulier en considérant la durabilité du développement.

° L’objectif général de la comptabilité économique et environnementale est de mesurer l’impact de l’activité économique sur l’environnement, à l’échelle nationale, et de calculer des statistiques fiables et pertinentes exprimant ces impacts afin de faciliter la prise de décision par les pouvoirs publics et les acteurs du secteur privé. Pour promouvoir cet objectif, les comptes nationaux de l’environnement doivent être comparables et cohérents avec les comptes économiques nationaux en ce qui concerne les définitions, les limites et les méthodes comptables utilisées. Le SEEA et le SCN sont conçus sont conçus pour fonctionner ensemble de cette manière.

° Comment intégrer l’environnement au cadre central de la comptabilité nationale ? C’est le plus grand défi des comptes nationaux. Le futur SCN en prend-t-il le chemin ? Cette intégration paraît difficile.

° D’une part la valorisation monétaire des coûts de dégradation reste très subjective. Contrairement aux domaines traditionnels de la comptabilité nationale, où l’on mesure les valeurs, les prix et les volumes, la matière environnementale se caractérise par l’absence de prix ou par le fait que ces derniers ne reflètent pas la valeur des actifs (les ressources naturelles, la biodiversité, le climat…) ni celle des passifs (la pollution, le réchauffement climatique).

° D’autre part la diversité justifiée des approches comptables (comptes de la dépense d’environnement et de son financement, comptes des émissions de polluants par branches et par secteurs institutionnels, comptes d’actifs naturels et d’écosystème, etc….) ne facilite pas cette intégration.

° Ne faut-il pas cependant faire cette intégration progressivement et continuer en même temps à élaborer les comptes d’environnement dans un cadre comptable comme le SCEE? Mais celui-ci n’a pas l’aura du cadre central. Aucun pays ne sera obligé de  le suivre et d’élaborer les comptes du manuel du SCEE. Sauf si les États accordent autant d’importance à la mesure du PIB ou de la dette publique qu’à la mesure des dommages environnementaux ou de la dette écologique (voir définition ci-dessous).

° L’environnement a commencé à faire l’objet de travaux comptables divers au début des années 1970. Mais c’est vraiment à partir du SCN 1993, que les compte de l’environnement se sont développés dans tous les pays, s’appuyant sur un manuel international, le SCEE qui a été actualisé deux fois [1] (les nombres entre crochet renvoient à la bibliographie en bas de page).

Dans un premier temps, on a cherché à évaluer  :

  • les dépenses de protection de l’environnement,
  • les émissions de polluants des secteurs économiques,
  •  les comptes exprimés en quantités physiques (flux de matières et de résidus),
  • les coûts liés aux dégradations de l’environnement,
  • voire un PIB ajusté ou « vert »,

1 – Du calcul d’un PIB vert …  à l’introduction de la Nature comme secteur institutionnel du SCN ?

° Cette approche était l’objectif du SCEE de 1993. Il proposait la définition et la mesure, de diverses manières, d’un Produit intérieur net ajusté pour l’environnement, l’ajustement concernant principalement l’extraction de ressources naturelles et la dégradation d’actifs naturels.  L’extraction de ressources naturelles non renouvelables, c’est ce que fait l’industrie extractive.

° Mais cela n’a pas été retenu. Procéder, pour la dégradation de la Nature, à un ajustement comptable statique ex post représentant une sorte d’internalisation artificielle des coûts environnementaux non marchands, toutes choses égales par ailleurs, semble très largement jugé inadéquat. 

° Le SCEE 20212 contient toutefois toutefois des informations économiques et environnementales sur l’extraction de ressources naturelles non renouvelables une solution qui représenterait un progrès par rapport au SCN actuel : il est prévu d’inscrire un ajustement de la valeur ajoutée nette et donc du PIN au titre de l’épuisement de la ressource .

° S’agissant de la dégradation d’actifs naturels (pollution) due aux activités économiques, A. Vanoli avait proposé de les évaluer soit par les coûts d’évitement ou d’abstention qui pourraient permettre d’éviter la dégradation de ces actifs, soit par les coûts nécessaires à leur restauration [2]. Ces coûts écologiques non payés (CENP) seraient ajoutés aux coûts économiques payés par la demande finale résidente pour obtenir la valeur de celle-ci aux coûts totaux. Comme les comptes de production et de revenu du SCN ne sont par ailleurs pas modifiés – les coûts non payés n’étant pas internalisés – , la valeur plus élevée attribuée à la demande finale se traduirait, à revenu disponible économique inchangé, par une épargne réduite d’un montant équivalent à celui des CENP.

 

 

2 – Évaluer les dépenses d’environnement

° La seconde approche des dépenses s’est développée sous l’impulsion d’un manuel  : Système Européen pour le Rassemblement des Informations Économiques sur l’Environnement (SERIEE). En 1998, le gouvernement a mis en place la Commission des comptes de l’économie de l’environnement (CCEE), sous l’égide de laquelle est préparé un rapport annuel sur les comptes environnement. Il compte un volume dédié aux dépenses de protection de l’environnement et de gestion des ressources naturelles, ainsi qu’un dossier consacré soit à des développements méthodologiques récents, soit à un thème traité sous l’angle de l’interface entre économie et environnement (agriculture, entreprises, transport et mobilité, biodiversité…). En 2009, est crée la Commission du développement durable et de l’aménagement du territoire. Elle a pour mission d’éclairer l’élaboration et l’évaluation des politiques publiques dans les domaines de l’environnement, de l’énergie et du climat, des transports et du logement.

° Après plusieurs années de rodage, la plupart des pays européens transmettent à Eurostat les tableaux qui s’appuient plus ou moins sur le manuel du SERIEE, en particulier le tableau de la Dépense de protection de l’environnement.

 

 

3 – Les comptes des émissions de polluants

° Les comptes environnement de type NAMEA (« national accounting matrix including environmental accounts ») sont un exemple de la troisième approche, qui en contient bien d’autres (patrimoine naturel, actifs naturels en quantités physiques,..). Les flux physiques (émissions des polluants de l’air, de l’eau,..) sont ventilés par activités économiques. Ils sont destinés à être combinés au TES en vue de mener des analyses de type input-output étendues à l’environnement. La méthode la plus intéressante est de mesurer les effets directs et indirects des émissions de CO2 (ou d’un autre polluant) par branches comme l’a fait l’INSEE pour l’année 2005, en partant du TES symétrique. Ont été aussi estimées les deux composantes qui contribuent aux émissions importées de CO2 : celles qui sont liées aux importations de produits consommés de façon intermédiaire par l’appareil de production national pour satisfaire la demande finale intérieure, et celles qui sont liées aux produits importés pour répondre directement à cette demande finale.

° Deux principes importants que le SCEE et le SCN ont en commun aident à définir l’ensemble des activités économiques (ou environnementales-économiques) qui sont mesurées et incluses dans les comptes nationaux respectifs : le principe de résidence et la limite de production. L’ensemble des d’activités à mesurer – et la manière dont elles doivent être attribuées aux industries et aux secteurs – est encore affiné par le SCEE grâce à la définition de la frontière environnement-économie et le traitement par le SCEE des activités de production pour compte propre (qui diffère légèrement de leur traitement dans le SCN) et les questions intertemporelles (particulièrement importantes pour les émissions atmosphériques).

° Le principe de résidence stipule que les comptes nationaux, qu’ils soient économiques ou environnementaux, doivent mesurer exclusivement les activités exercées par des agents résidant dans le pays considéré. Par exemple, toutes les émissions d’un avion exploité par Air France sur une route reliant Paris à New York devraient être incluses dans le compte des émissions atmosphériques de la France, y compris les émissions se produisant dans l’espace aérien international ou étranger. 

 

 

 

4 – Les comptes écosystémiques après ceux des actifs naturels

° Au début des années 80, en France notamment et dans d’autres pays comme le Canada ou la Norvège, ont été établis des comptes des actifs naturels ou du patrimoine naturel. Trois comptes environnement expérimentaux avaient été évalués en France  : faune et flore sauvages, forêt, eaux continentales. L’Espagne a repris plus tard cette approche en élaborant un compte très complet sur l’eau (avec une évaluation de la qualité de l’eau).

° Les premiers travaux des comptes  écosystémiques remontent au milieu des années 2010 après la version du SCEE 2003. On les trouve au Royaume-Uni, au Canada, en Afrique et dans d’autres pays comme la France. En 2010, les ministres africains de l’environnement et de la planification économique, se sont engagés notamment à œuvrer à la mise en place des systèmes de comptabilité de l’environnement intégrant les services écosystémiques, d’en diffuser les résultats et de les prendre en compte pleinement dans la planification du développement et dans les indicateurs économiques.

° L’approche écosystémique de la comptabilité économique environnementale consiste à mettre en lumière l’interaction de deux systèmes en co-évolution. Elle clarifie le concept du capital naturel en séparant les ressources non-renouvelables (où les questions principales sont le traitement de la rente et son réinvestissement nécessaire pour contrebalancer l’épuisement des réserves de gaz par exemple) et les ressources renouvelables (pour lesquelles la conservation d’un niveau critique des actifs dans un bon état de fonctionnement est essentielle). Elle offre la possibilité d’une approche renouvelée de la valorisation monétaire avec une distinction des valeurs, des coûts et des processus de décision.

 

5 – L’état de l’environnement

° Alors que la température mondiale a connu une augmentation très nette depuis les années 1980, le consensus scientifique est dorénavant établi pour reconnaître l’impact des activités humaines sur le réchauffement climatique, à travers les émissions de gaz à effet de serre (GES). En retour, le réchauffement climatique va engendrer des dommages sur les sociétés humaines et les milieux naturels, et les risques de dommages abrupts et irréversibles sont croissants avec le degré du réchauffement.

° Comme l’environnement a une dimension nationale, européenne et mondiale, on analyse les indicateurs de l’état de l’environnement dans les 3 derniers chapitres. Certains diront que l’écart reste grand entre les principes affichés et les choix politiques au moment des arbitrages. Les conséquences de la guerre en Ukraine semblent le montrer : on n’hésite pas à rejeter l’eau chaude des centrales nucléaires dans les fleuves, à rouvrir une centrale à charbon en France ou probablement des centrales nucléaires en Allemagne, à baisser les prix des carburants pour améliorer le pouvoir d’achat, etc…. . Le réchauffement climatique et la sécheresse sont bien là mais il semble difficile de concilier l’amélioration de l’environnement et la satisfaction des objectifs économiques et sociaux aux trois niveaux évoqués précédemment.

° L’évolution du niveau des émissions de gaz à effet de serre peut être suivie grâce aux données relatives au panier de gaz à effet de serre de Kyoto. En 2020, l’UE avait réduit les émissions de gaz à effet de serre de 31,7 % par rapport à leurs niveaux de 1990 un peu plus que la France (- 27,8%). En 2020, les d’émissions de gaz à effet de serre de l’UE s’élevait à 3,4 milliards de tonnes-équivalent dioxyde de carbone  contre 4,9 milliards en 1990. Il est à noter que l’activité économique a été particulièrement faible pendant la première année de la crise de la COVID-19 (en 2020). Entre 1990 et 2020, la quantité d’émissions de gaz à effet de serre a chuté dans tous les États membres de l’Union sauf deux.

Émissions de gaz à effet de serre (1990 = 100, sur la base des données en tonnes-équivalent CO2, 2023)

Remarque: les gaz à effet de serre comprennent le dioxyde de carbone, le méthane, le protoxyde d’azote, les hydrofluorocarbures, les hydrocarbures perfluorés, le trifluorure d’azote et l’hexafluorure de soufre. Ces gaz sont agrégés sur la base de facteurs de potentiel de réchauffement planétaire (PRP) pour obtenir des données en équivalents CO2. Source: Eurostat, sur la base des données de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE)

 

° Les instituts statistiques s’efforcent de suivre aussi les principales sources d’émissions de gaz à effet de serre . Les branches énergétiques représentaient 40,7 % du total au sein de l’UE; (y compris non seulement la combustion des combustibles dans les industries énergétiques, mais aussi l’industrie manufacturière et la construction), puis les transports, y.c. l’aviation internationale (23,1 %).

° La seule source qui a augmenté la quantité de ses émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2020 est  d’ailleurs le secteur des transports, avec une augmentation globale de 6,8 %, et ce malgré une chute spectaculaire des émissions au début de la crise de la COVID-19. Par ailleurs, les émissions de l’aviation internationale ont chuté de 57,8 % entre 2019 et 2020. Pour le reste, la quantité d’émissions de gaz à effet de serre a diminué pour chacune des autres sources entre 1990 et 2020, avec des baisses de plus d’un tiers pour la gestion des déchets (– 39,5 %), les industries énergétiques (– 41,7 %) et l’industrie manufacturière et la construction (– 43,4 %)

 

 

 

 

I – UNE COMPTABILITÉ INTÉGRÉE AUX COMPTES NATIONAUX ?

Les comptes environnement sont un système de données polyvalent comprenant un cadre conceptuel et des tableaux qui décrivent les interrelations entre l’économie et l’environnement d’une manière cohérente avec les comptes nationaux. Par exemple, ils éclairent la quantité de pollution produite par les branches d’activité et les ménages et permettent une comparaison avec l’emploi et la valeur de la production produite par ces secteurs, ou avec les dépenses effectuées par ces secteurs pour éviter la pollution . Les décideurs politiques peuvent utiliser ces informations pour décider où il est le plus efficace d’agir.

Les comptes environnement fournissent un cadre intégré pour les données, les indicateurs et l’analyse. L’intégration des données liées à l’environnement dans le cadre des comptes nationaux devrait rendre les indicateurs résultants plus cohérents entre eux et permet également de s’aligner sur les aspects sociaux du développement durable et les aspects liés à l’emploi de la croissance verte. Ce point doit être nuancé. On peut très bien faire des comptes du patrimoine naturel sans lien avec le cadre central de la comptabilité nationale.

Ces comptes environnement permettent de rassembler, dans un cadre comptable unique, des informations sur une gamme de ressources naturelles (par exemple, l’eau, les minéraux, l’énergie, le bois, le poisson, le pétrole, la terre et les écosystèmes) et les activités humaines (par exemple, la pollution et les déchets, production, consommation et accumulation). Le système de comptabilité économique de l’environnement (SCEE, « SEEA » en anglais) est le document essentiel de mise en relation entre les comptes environnement et les comptes nationaux. Mais les comptes environnement européens ne couvrent pas encore tous ces aspects, car les normes internationales de ce système sont progressivement mises en œuvre dans chaque pays.

Les comptes environnement intègrent les données existantes et assurent la cohérence. La structure de ces comptes permet de comparer et de mettre en contraste un large éventail d’informations sources pour fournir de meilleures estimations. Le système comptable permet d’organiser l’information dans des tableaux et des comptes d’une manière intégrée et conceptuellement cohérente. Ces informations peuvent être utilisées pour créer des agrégats, des indicateurs et des tendances cohérents sur un large éventail de problèmes environnementaux et économiques. Du point de vue de l’élaboration des estimations, un avantage des comptes environnement est qu’ils sont (principalement) compilés en réorganisant des données déjà existantes.

La pyramide des données et comptes d’environnement

 

 

L’une des caractéristiques les plus importantes des comptes environnement est leur capacité à organiser et à présenter de manière cohérente des informations à la fois en termes physiques (souvent pour l’environnement) et en termes monétaires (souvent pour l’économie). Un élément clé de la mesure est l’utilisation d’unités physiques pour enregistrer les flux de matières et d’énergie qui entrent et sortent de l’économie et les flux de matières et d’énergie au sein de l’économie elle-même. C’est ce qu’on appelle les flux physiques. Les comptes environnement appliquent les concepts, structures, règles, classifications et principes comptables des comptes nationaux aux informations environnementales. Particulièrement important est l’alignement sur le principe de frontière de production et de résidence des comptes nationaux, c’est-à-dire l’adoption d’un champ d’application basé non pas sur le territoire mais sur la résidence des unités de production, le champ d’application utilisé pour le calcul du PIB. Cela rend les comptes environnement cohérents, en général, avec les comptes nationaux et permet une analyse conjointe.

En pratique, le cadre de base comprend des tableaux des ressources et des emplois (voir page Tableau ressources emploisphysiques et monétaires (qui indiquent les flux entrants et sortants), des comptes des dépenses et des comptes d’actifs pour les ressources naturelles (qui indiquent comment le stock d’ouverture plus les variations donnent le stock de clôture). La mesure des flux physiques est structurée autour des flux d’intrants naturels de l’environnement vers l’économie, des flux de produits au sein de l’économie et des flux de l’économie vers l’environnement, c’est-à-dire les résidus.

La gamme d’applications des comptes environnement comprend l’efficacité et la productivité des ressources des ressources , l’analyse de décomposition, l’analyse de la richesse nette et de l’épuisement, la production et la consommation durables. Les comptes environnement fournissent également une base d’informations pour le développement de modèles, par exemple l’analyse des entrées-sorties et la modélisation de l’équilibre général.

La norme internationale est le SCEE 2012 (SEEA en anglais). Il a été approuvé en tant que norme internationale par la Commission de statistique des Nations Unies en 2012. Le SCEE 2012  s’appuie sur les versions précédentes, SCEE 2003 et 1993 (voir ci-dessous).

L’élaboration du Manuel Comptabilité environnementale et économique intégrée 2003 (SCEE-2003) définit des méthodes de comptabilisation de l’eau.  Depuis l’adoption du SCEE-Eau en 2007, il a été adopté une nouvelle édition du SCN (édition de 2008), et l’on s’est efforcé d’aligner le SCEE-Eau sur le SCN 2008.

 

Le document du SCEE de 2012

 

 

 

 

1/ Diversité des approches avant la rédaction du SCEE (1972 – 1992)

Les travaux comptables en France et à l’étranger ont d’abord été orientés simultanément dans plusieurs directions :

  • L’élaboration d’un compte satellite de l’environnement sur le modèle classique des autres comptes (santé, recherche,….) qui permette, une fois définies les activités caractéristiques du domaine, d’évaluer la dépense nationale, son financement, ses exécutants et ses bénéficiaires. L’estimation des données monétaires devait souvent passer par l’élaboration de données physiques. Par exemple pour évaluer la dépense nationale pour les déchets, il faut connaître le nombre de tonnes traitées (voir page comptes satellites).
  • Certains pays développaient des comptes environnement des ressources naturelles, exprimés en données physiques, telle la Norvège dès 1974. En France, la Commission Interministérielle des Comptes de Patrimoine Naturel (CICPN), créée en 1978, définissait une première génération de comptes du patrimoine naturel où l’articulation avec la comptabilité nationale n’est qu’un des aspects de ces comptes environnement qui concernent en priorité les « éléments » (l’eau, les forêts,…), évalués en terme physique (mètre-cube, surface boisée,…). Ajoutons l’importance que revêt la mesure de la qualité : dans un compte de l’eau, la qualité est aussi significative que la quantité disponible.
  • Les comptes de flux de matières (CFM) à l’échelle macroéconomiques s’inspirent à la fois de l’application du bilan matière/énergie en économie de l’environnement et de l’écologie industrielle. Les travaux fondateurs de ce type de comptes résultèrent d’une collaboration internationale (Allemagne, Autriche, Etats-Unis, Pays-Bas et Japon) menée sous l’égide du World Resource Institute (WRI) et soutenue par les offices statistiques de certains des pays concernés, ainsi que par Eurostat.

En parallèle, l’OCDE mettait ainsi au point au début des années 1980, une trilogie d’indicateurs synthétiques sur les principaux actifs naturels (l’air , l’eau et les sols) : « état – pressions – réponses« , en distinguant les causes de ce qui a trait aux effets. De fait, évaluer les dépenses consenties d’environnement (ou leur poids dans le PIB) n’a de sens que si on peut d’une part, les comparer aux dommages de pollution mais surtout comparer ces dépenses aux résultats, c’est-à-dire à des indicateurs d’efficacité. Ces travaux ne sont pas toujours d’ordre comptable. Ils n’en demeurent pas moins essentiels dès lors qu’on veut avoir une vision correcte de l’environnement. Ils peuvent en outre déboucher sur des travaux comptables en étudiant par exemple les contributions des secteurs institutionnels aux pollutions.

Après la création en France d’un département ministériel en charge de l’environnement en 1971, on a engagé des travaux d’étude sur les éco-industries (entreprises dont l’activité est destinée à la protection de l’environnement) et sur les dépenses de protection de l’environnement par les entreprises, les collectivités locales et les ménages. Ces travaux aboutirent en 1981 à la première publication des « Données économiques de l’environnement ». Les premiers travaux visant à établir des comptes satellites de l’environnement ont débuté en 1977, sous la direction conjointe de l’Insee et du ministère de l’environnement. L’Insee a publié les résultats de ces travaux en 1986.

Certains pays privilégient certaines approches au détriment d’autres en fonction de leurs besoins. Ainsi, la Suède et le Japon réalisent notamment des comptes sur la forêt. L’Espagne a développé un compte de patrimoine naturel sur l’eau.

  • Des pays dotés de ressources naturelles économiques non-renouvelables (Norvège, Canada, Grande-Bretagne,…) privilégient les comptes physiques des ressources naturelles.
  • Les pays du Sud de l’Europe et la France s’intéressent plus particulièrement aux dépenses d’environnement et aux comptes de patrimoine naturel.
  •  Certains pays s’intéressent surtout des problèmes liés à la pollution. Les Pays-Bas s’intéressent surtout aux pressions et à l’état de l’environnement, notamment en terme d’émissions de polluants. L’Allemagne a d’abord évalué les pressions et les émissions, par exemple sur l’air, ainsi que les eaux usées et leur traitement ou les quantités de déchets émis et traités. Les investissements antipollution font l’objet d’enquêtes.

Il était possible de présenter une typologie des différentes approches statistiques et comptables sur l’environnement selon les pays (tableau suivant) en distinguant les quatre approches : « comptes satellites » des dépenses et du financement, « indicateurs de synthèse », « comptes environnement physiques » et « système de comptabilité économique environnementale » .

Il convient de prendre avec une certaine prudence le tableau suivant réalisé dans les années 1990. Celui-ci se lit ainsi : « oui » signifie évaluation régulière (annuelle), donc disponibilité de séries longues, avec éventuellement des améliorations méthodologiques ou statistiques ou des extensions à d’autres domaines; « essai » signifie évaluation irrégulière au moins une fois; « en projet » signifie réflexion conceptuelle pouvant déboucher sur un chiffrage rapide ou même réflexion ouverte c’est-à-dire sans décision de mise en application.

 

 

 

2/ Les trois manuels du SCEE : 1993-2012

On s’est aperçu qu’il fallait rédiger un manuel international pour orienter et harmoniser les approches comptables des pays. On s’est rendu compte qu’il y avait surtout trois manières de faire des comptes environnement. Mais sont elles contradictoires ?

  • Soit on élargit le cadre central de la comptabilité nationale (CN) afin d’y intégrer les atteintes à l’environnement qui n’y apparaissent pas (épuisement des ressources naturelles, pollution). Ceci peut conduire à modifier (ajuster) les grandeurs macroéconomiques, et en particulier le produit intérieur brut (PIB). L’indicateur synthétique de soutenabilité de la banque mondiale, relève de cette approche : à l’épargne économique sont ajoutés ou retranchés des ressources ou des dommages non économiques, y compris environnementaux. Cependant, cette démarche a été très vite controversée, en ce qui concerne à la fois les modalités d’évaluation de l’environnement et son intégration dans le cadre des comptes nationaux. Du coup, certains se sont demandés comment intégrer la « Nature » dans le cadre central des comptes nationaux, tout en rejetant le concept de PIB ajusté. Par exemple, ne serait il pas utile d’introduire le concept de rente dans plusieurs domaines des comptes nationaux, notamment les ressources naturelles non renouvelables ? Ou bien traiter la nature comme secteur institutionnel à part entière et trouver les opérations adéquates avec les autres agents qui reflètent les coûts de pollution ?
  • Soit on annexe au cadre central de la CN des comptes satellites dédiés à l’environnement. Il s’agit alors d’identifier les dépenses consacrées à la protection de l’environnement et la gestion des ressources naturelles. Cette approche a été décrite ci dessus [3].
  • Soit on élabore un système de comptes environnement indépendant du cadre central, mais cohérent avec celui-ci. Ces comptes environnement sont généralement exprimés en termes de quantités physiques. Il peut alors s’agir par exemple des comptes du patrimoine naturel, ou bien de calculer les émissions de polluants par branche en liant celles ci exprimées en quantités physiques à la production des branches, … Tout ceci a été repris dans le SCEE 2012.

Ces réflexions ont abouti à la rédaction du SCEE-1993. Cette première version proposait la définition et la mesure d’un Produit intérieur net ajusté pour l’environnement en valeur nominale, l’ajustement concernant principalement l’extraction de ressources naturelles et la dégradation d’actifs naturels.

Le SCEE suivant (2003) était organisé de façon modulaire par type de comptes environnement relativement indépendants les uns des autres. Malgré les progrès accomplis entre 1993 et 2003, il ne s’agissait pas encore à proprement parler d’un manuel, c’est-à-dire d’une norme internationale. Le SCEE 2003 reflétait l’avancement de la réflexion des pays et des instances internationales impliquées. Accompagnant le SCEE-2003, un volume avait été rédigé spécialement sur les comptes de l’eau.

Le SCEE 2003, donnait quand même trois impulsions majeures :

  • il élargissait le champ de la production et des actifs économiques naturels couvert par le SCN (forêts et stocks de poisson non-appropriés mais exploités),
  •  il associait des données physiques sur les ressources ou les pollutions aux tableaux du SCN (un peu selon le modèle NAMEA des émissions de pollution par activités), et proposait de calculer l’épuisement des ressources naturelles (du sous-sol),
  • il définissait un compte satellite des dépenses.

La nouvelle version du SCEE 2012 est un véritable manuel car il est reconnu par l’ONU comme norme statistique internationale (classifications, concepts de comptabilité et méthodologies harmonisées, modalités d’estimation et d’enregistrement)  pour élaborer les comptes environnement. En février 2012, la Commission de statistique des Nations Unies a adopté le Système de comptabilité économique et environnementale (SCEE) comme standard statistique international. Ceci met le SCEE sur un pied d’égalité avec le SCN en fonction de son statut international comme document d’orientation.

Il propose ce qu’on peut faire et ne pas faire en matière de comptes environnement. Le SCEE a pour objet de décrire les relations entre l’économie et l’environnement. Celui-ci procure des ressources naturelles, fournit de services des écosystèmes ou des terres. L’économie rejette dans l’environnement des déchets (gaz à effet de serre, matière résiduelles,..). Le SCN enregistre les flux et stocks de l’économie. Mais on peut pas faire abstraction de ces relations entre l’environnement et l’économie.

Le Volume 1 du SCEE (dénommé Cadre Central) est un cadre conceptuel multi-usages qui décrit les interactions entre l’économie et l’environnent en termes d’offre-emploi de ressources et les stocks correspondants d’actifs environnementaux.

Il présente, dans un format comptable unique les information sur l’eau, les minéraux, l’énergie, le bois, le poisson, le sol, les terres, la pollution et les déchets, en termes de production, consommation et accumulation. Toutefois, il n’y a pas d’unité de mesure commune aux différents comptes.

La structure comptable couvre:

  • Les tableaux ressources-emplois physiques (PTRE), reliés aux TRE en monnaie du SCN,
  • Les comptes des actifs naturels économiques (en unités physiques et valorisation en $ pour calculer l’épuisement – dans le cas des ressources du sous-sol seulement) : utilisation des ressources naturelles et de l’état des réserves.
  • Les comptes de dépenses de protection et gestion de l’environnement tant lors de la production que par l’utilisateur final,
  • Les comptes de flux physiques; utilisation de matériaux et rejets  (unités physique x monnaie), des analyses entrées-sorties.

Il n’écarte aucune des trois approches comptables précédentes : PIB ajusté ou « vert », comptes satellites de dépenses environnementales et comptes des actifs naturels exprimés en quantités physiques. Cependant, la première est en net retrait par rapport aux deux autres, en raison des controverses qui subsistent à son égard et de son manque de mise en application part les services statistiques nationaux.

Le SCEE 2012 a été complété en 2013 par un volume sur la «comptabilité expérimentale d’écosystèmes ». Les «comptes de capital-écosystème» (SCEE-CCE ou SEEA/ECA). Ce volume propose une comptabilité des écosystèmes qui seront repris dans les normes internationales en 2021 : il élargit le champ de la production et des actifs économiques naturels couvert par le SCN à tous les services écosystémiques, y compris ceux qui ne font pas l’objet d’une production. il calcule leur valeur monétaire (en estimant leur prix) et en déduit leur valeur d’actif sur la base du modèle standard du capital.

On note que le SCEE repend de nombreux concepts et tableaux du SCN ( TRE, compte d’actifs,..). Il existe donc des passerelles entre le SCN et le SCEE cadre central ou le SCCE-CCE des comptes écosystémiques (schéma suivant).

Comptabilité Nationale: SNA/SCN et SEEA /SCEE

lusieurs dates ont ainsi jalonné l’histoire des comptes de l’environnement entre 1992 et 2012 :

  •  le sommet de la terre de Rio en 1992,
  • la rédaction des 3 manuels du SCEE fait partie des dates importantes (1993, 2003, 2012).
  • la commission Stiglitz (et le concept « au delà du PIB ») devrait influencer la rédaction du prochain SCN,
  • la notion de comptes d’écosystèmes, développée au milieu des années 2000, a joué un rôle majeur.

 

 

 

3/ Le développement des comptes écosystèmiques et la préparation du SCN révisé de 2025

Il est apparu toutefois que le SCEE n’était encore qu’une collection de tableau statistiques très faiblement intégrés et il n’est mis en œuvre de manière opérationnelle que par un nombre limité d’instituts statistiques et ce de manière très partielle. C’est vrai en Europe où le Règlement statistique sur la comptabilité environnementale ne porte à ce jour que sur quelques modules. La conséquence principale de cette situation est la difficulté pour le SCEE de présenter des messages clairs au delà des « pressions » des branches et secteurs et du découplage entre intrants et polluants d’un côté, PIB de l’autre. D’où la difficulté à produire les indicateurs agrégés.

Ainsi, tandis que SCEE est entièrement intégré avec le SCN, les relations de l’économie à la nature sont dispersées entre les chapitres et inégalement développées. Les actifs écosystémiques font bien partie de structure du SCEE  : comptes de la forêt, de l’eau, des terres et des écosystèmes, des sols des pêcheries. Mais peu de liens existent entre ceux-ci qui sont considérés plus comme des stocks de matière première que comme des systèmes avec leurs structures et leurs fonctions. De ce fait, les « services d’écosystème » ne sont pas un concept bien identifié dans le SCEE.

En outre, la faible intégration écosystémique a des inconvénients pratiques sérieux pour le SCEE, en particulier une impuissance a fournir un nombre restreint d’ agrégat(s) de référence clairement établi(s) en réponse à la demande politique récurrente. L’un des problèmes est dans la difficulté de mettre en lumière des relations crédibles entre des variables économiques qui expriment tout a la fois des quantités et des qualités (par l’intermédiaire des prix) et la Nature pour laquelle les statistiques des quantités et des qualités sont disjointes (quand des qualités ne sont pas simplement ignorées). De ce fait, il est difficile de présenter des relations crédibles de cause à effet. L’extraction de biomasse n’est pas un problème aussi longtemps qu’elle ne dégrade pas la qualité (santé, résilience, capacité reproductrice) de l’écosystème.

Ces constats ont abouti au développement des comptes écosysmètiques. Le SCEE, adopté par la Commission de statistique des Nations Unies en 2012, a été complété en 2013 par un volume sur la « comptabilité expérimentale des écosystèmes ». Les «comptes de capital-écosystème» (SCEE-CCE ou SEEA/ECA) étaient en cours d‘établissement en Europe comme expérimentations (voir ci-dessous).

Avec le développement de ces comptes, des travaux récents ont proposé de mesurer la dégradation biophysique des systèmes socio-écologiques; baser la compensation écologique sur la mesure des dommages subis ; instaurer des bilans écologiques ; calculer les coûts non payes de restauration de la dégradation en vue de leur intégration dans les agrégats comptables nationaux (Demande finale au coût complet) ou des entreprises (Amortissement).

En paralléle, d’autres experts espérent que le futur SCN prendra mieux en compte l’environnement. Mais ceci n’est pas simple à mettre en place. M. De Haan des Pays-Bas, un des fondateurs de la matrice NAMEA, espèrait tout de même des avancées. Seront-elles à la hauteur des ambitions que nécessite l’importance de l’environnement dans l’économie actuelle ? En particulier estimer les relations entre l’économie et la Nature comme secteur institutionnel à part entière semble peu probable. De même, il ne semble pas qu’on s’oriente vers une estimation des dégradations des actifs naturels liées à la pollution, autrement dit les coûts écologiques non payés.

Tout n’est pas encore perdu. Le futur SCN de 2025 devrait mieux intégrer des aspects de l’environnement (en comptabilisant mieux des actifs environnementaux comme les ressources énergétiques renouvelables ou en  calculant un produit intérieur net à partir de celui du SCN 2008 moins l’épuisement des ressources naturelles). Rien n’est encore décidé et tout ceci est largement en deçà des espoirs de certains experts.

 

4/ Les comptes environnement européens harmonisés à partir du SCEE

Ils sont établis dans le règlement (UE) 691/2011. Le règlement fournit un cadre juridique pour une collecte harmonisée de données comparables provenant de tous les États membres de l’UE et des pays de l’AELE. Les comptes environnement européens sont conformes au SCEE 2012 et sont structurés en modules. Seules certaines parties du SCEE 2012 sont actuellement mises en œuvre. Le règlement comprend six modules. En plus de ces 6 modules, il y a des travaux sur d’autres comptes environnement européens sans base légale de l’UE comme ceux de la forêt. On les présente ici de manière introductive, les développant dans le  chapitre 10. Voici les modules actuels :

 

a) Les comptes des émissions atmosphériques (AEA), autrefois appelés NAMEA

Ils enregistrent les émissions dans l’atmosphère de six gaz à effet de serre dont le CO 2 et sept polluants atmosphériques. L’AEA propose des ventilations par 64 branches émettrices plus les ménages et une couverture conforme au principe de résidence des comptes nationaux. L’AEA adaptée à la modélisation intégrée, par exemple des empreintes carbone et des scénarios de modélisation du changement climatique (graphique suivant).

Émissions de CO2 — perspective production et consommation, UE-27, 2018

Source : Eurostat

 

 

b) Les comptes des flux de matières à l’échelle de l’économie (EW-MFA)

Ils rapportent les quantités d’intrants physiques dans l’économie, l’accumulation de matières dans l’économie et les sorties vers d’autres économies ou retour à la nature. Les intrants physiques sont classés en 50 catégories de matériaux de la biomasse, des minerais métalliques, des minéraux non métalliques et des matériaux énergétiques fossiles. Les EW-MFA sont utilisées pour estimer, entre autres, les extractions de ressources par les économies, la consommation matérielle,  les empreintes matérielles et le découplage entre la croissance économique et l’extraction des ressources naturelles.

 

 

c) Les comptes des flux physiques d’énergie (PEFA)

Ils rendent compte des flux d’énergie (y compris les intrants naturels utilisés pour fabriquer des produits énergétiques et les résidus énergétiques) de l’environnement vers l’économie, au sein de l’économie et de l’économie vers l’environnement. Les flux d’énergie sont déclarés avec une ventilation par type d’intrants naturels, de produits et de résidus ainsi que par fournisseur et utilisateur (64 branches plus les ménages). Les PEFA peuvent être utilisés pour la productivité énergétique, les analyses, la modélisation, etc

Utilisation domestique nette d’énergie et valeur ajoutée brute par 64 activités de production, 2017

 

 

Lecture 50,7% de l’utilisation domestique nette de l’énergie provient de 5 branches dont les transports terrestres (H49) et surtout la branche énergie et eau (D). Ces 5 branches représentent 5,9% du PIB.

 

d) Les taxes environnementales

Elles rapportent les taxes environnementales (en quatre grands groupes : énergie, transport, pollution et ressources) avec une ventilation par 64 branches payantes plus les ménages. Tous les chiffres des impôts peuvent être comparés au PIB, au total des impôts et cotisations sociales et à d’autres agrégats économiques. On peut toutefois discuter de savoir si les taxes sur l’énergie, notamment sur les carburants, sont des taxes environnementales (voir ci-dessous).

e) Les comptes du secteur des biens et services environnementaux (SGSE)

Ils rapportent des informations sur la production de biens et services qui ont été spécifiquement conçus et produits à des fins de protection de l’environnement ou de gestion des ressources. Les comptes environnement EGSS couvrent les agrégats suivants : production, exportations des produits fabriqués, valeur ajoutée associée et l’emploi. Les comptes environnement sont ventilés par 21 branches d’activité (aussi appelées « éco-activités »)  et par nomenclatures fonctionnelles de protection de l’environnement et de gestion des ressources (CEPA et CReMA). L’EGSS peut être utilisé pour suivre la croissance de l’économie environnementale en terme de valeur ajoutée, des emplois verts, etc … .

 

 

f) Les comptes des dépenses de protection de l’environnement (EPEA)

Ils rapportent principalement du point de vue de la demande les dépenses engagées par les unités économiques à des fins de protection de l’environnement. L’EPEA collecte la production, la CI, les importations et exportations, la FBCF (investissement antipollution)  et les transferts (comme dans la méthodologie des comptes satellites, avec une ventilation par quatre secteurs et par nomenclatures fonctionnelles de protection de l’environnement (CEPA) (graphique suivant).

L’évolution du Dépenses de protection de l’Environnement dans l’UE (« NEEP ») suit de près la tendance du PIB. Par conséquent, le ratio NEEP/PIB de l’UE est resté relativement stable au cours des quinze dernières années, à environ 2,0 % (graphique suivant, échelle de droite).

 

Dépenses nationales pour la protection de l’environnement par secteur institutionnel, UE-27,2006-2019 (milliards d’euros et % du PIB

 

 

g) Les comptes forestiers 

Ils couvrent, en principe, les actifs naturels (terres boisées, bois d’œuvre) ; les aspects économiques (valeur ajoutée, production et produits de la sylviculture et de l’exploitation forestière) et les aspects environnementaux (bilan bois, captage du carbone, résidus et défoliation). En pratique, la collecte étant volontaire, les données ne sont complètes ou quasi complètes que pour les aspects économiques.

 

 

 

 

 

II – LES COMPTES SATELLITES DE LA DÉPENSE

Au début des années 1990, l’Office statistique de la Commission européenne (Eurostat) a commencé à développer un système de comptes satellites de l’environnement. Ces travaux ont abouti à la publication en 1994 du Système européen pour le rassemblement des informations économiques sur l’environnement (Seriee). Par protection de l’environnement (PE), on entend toute activité visant directement à prévenir, réduire ou éliminer la pollution ou toute autre forme de dégradation de l’environnement. La classification des activités et dépenses de protection de l’environnement (Cepa – Classification of Environmental Protection Activities) permet de répartir la dépense de protection de l’environnement selon 9 domaines  (schéma suivant).

Une petite partie seulement des dépenses consacrées à la lutte contre les changements climatiques est comptabilisée dans le domaine de la protection de l’environnement. Le domaine de la gestion durable des ressources naturelles, qui est actuellement exclu, a vocation à couvrir l’essentiel des dépenses concernées, avec la production d’énergies à partir de sources renouvelables et la maîtrise de l’énergie, y compris l’efficacité thermique des bâtiments (activités de rénovation et construction).

 

 

 

 

 

1/  Les comptes satellites des dépenses en France et en Europe : mise en pratique du SERIEE

Tous les pays doivent transmettre à Eurostat des comptes de dépenses de protection de l’environnement (EPEA). Ils retracent et mesurent la réponse de la société à la pollution et à la dégradation de l’environnement, et comment elle est financée ?

L’agrégat principal de l’EPEA est la dépense nationale pour la protection de l’environnement (« NEEP »). Elle mesure les ressources consacrées par les unités résidentes pour protéger l’environnement naturel (voir liste ci-dessus).

Toutes les activités entreprises dans le but de gestion des ressources, telles que la production d’énergie à partir de sources renouvelables, l’efficacité énergétique, la gestion des forêts, n’entrent pas dans le champ d’application de EPEA, et les dépenses y afférentes ne sont pas incluses dans la NEEP.

En 2019, les dépenses nationales de l’UE en matière de protection de l’environnement se sont élevées à 269 milliards d’euros. Elles ont augmenté d’un tiers (34%) par rapport à 2006, la première année pour laquelle les NEEP d’Eurostat sont disponibles.

L’évolution de la NEEP suit de près celle du PIB. Par conséquent, le ratio NEEP/PIB de l’UE est resté relativement stable au cours des quatorze dernières années. Ce n’est qu’en 2007 ainsi que plus récemment, en 2018 et 2019, que ce rapport a diminué légèrement en dessous de 2 %.

La NEEP mesure les dépenses des ménages, des sociétés, des gouvernements et des institutions à but non lucratif pour la collecte et le traitement des déchets, l’eau ainsi que d’autres services de protection de l’environnement, tels que la protection de la biodiversité, de l’air et du climat et la protection des sols et de l’eau.

Elle couvre également les investissements entrepris par des sociétés privées et des organismes publics pour construire des usines de traitement des déchets (eau) ou d’autres installations ou infrastructures, ainsi que pour l’achat des équipements essentiels à la fourniture de services de protection de l’environnement.

En outre, la NEEP comprend les investissements et les coûts encourus par les entreprises pour rendre leur processus de production moins dommageable pour l’environnement (par exemple, les dépenses d’une raffinerie ou d’une entreprise de distribution d’eau pour traiter ses propres gaz d’échappement ou effluents).

a) La Dépense et son financement en France

Le compte satellite est élaboré et publié par le SDES (Bilan environnemental de laFrance) [4] en grande partie selon les méthodes du SERIEE.  Le document du SDES reprend ainsi les grands principes des compte satellites des manuels du SCN 1993 et 2008 (voir page Comptes satellites). À partir des activités caractéristiques du domaine (qui ne sont pas toujours faciles à isoler dans les comptes environnement des entreprises et des administrations publiques), le SDES estime la dépense (courante et en capital) dans la partie 1 « Les dépenses de protection de l’environnement face aux enjeux de dégradation des milieux naturels ». Il chiffre aussi le financement de cette dépense. La partie 2 « Dépenses environnementales et état de l’environnement : les exemples de la gestion des déchets et de la protection de la biodiversité », complète la partie 1 par des études plus détaillées et par des données physiques en complément des données monétaires (voir exemple de graphique suivant). La publication du SDES est accompagnée de 21 fiches thématiques.

 

 

1 – La Dépense

Les dépenses en lien avec l’environnement, financées par les administrations, les ménages ou les entreprises, atteignent 66,3 milliards d’euros (Md€) pour la France en 2016, dont 47,0 Md€ pour l’agrégat « protection de l’environnement » et 19,3 Md€ pour la gestion durable des ressources naturelles (distribution d’eau potable, recyclage et réutilisation des déchets) (tableau suivant). Les principaux domaines de dépenses concernent l’eau, avec l’assainissement des eaux usées et la distribution d’eau potable, et les déchets, via le service public de gestion des déchets, les traitements spécifiques appliqués aux déchets des entreprises de certains secteurs d’activité ou le marché du recyclage. Les dépenses concernent également la protection de l’air, des sols, la lutte contre le bruit et la protection de la biodiversité. D’autres dépenses sont par ailleurs transversales à ces différents domaines : la progression de la connaissance et la mise en œuvre de technologies moins polluantes nécessitent ainsi des actions de recherche et développement ; le fonctionnement des organismes publics en charge de l’environnement requiert des dépenses d’administration générale.

En 2019, les domaines de la gestion des déchets (20,6 milliards d’euros – Md€) et des eaux usées (13,5 Md€) concentrent à eux seuls 63 % des financements (graphique suivant). Les autres dépenses sont de montants plus modérés, de l’ordre de 2 à 4 Md€ : dépenses de recherche et développement (4,2 Md€), actions de protection de l’air (incluant une petite partie de dépenses dédiées au climat) – (3,6 Md€), protection de la biodiversité et des paysages (2,5 Md€), protection et dépollution des sols et des eaux (2,5 Md€), lutte contre le bruit (2,1 Md€) et gestion des déchets radioactifs (700 M€). Enfin, 4,5 Md€ sont consacrés à d’autres activités de protection de l’environnement (frais de fonctionnement de l’administration publique et des opérateurs chargés des questions environnementales notamment).

En 2019, les principaux postes de dépenses concernent toujours le domaine de la gestion des déchets (20,6 Md€) et celui de la gestion des usées (13,5 Md€), soit près de 63 % de l’ensemble des dépenses. Depuis 2000, la dépense de protection de l’environnement (DPE) augmente plus vite que  le PIB. Entre 2000 et 2019, en prix courants, la dépense de protection de l’environnement a ainsi progressé de 3,3% par an contre +2,7% pour le PIB. Mais cette croissance plus rapide se situe quasiment avant 2010. De 2013 à 2016, la DPE n’a pas augmenté repartant à la hausse en 2016.

Répartition de la dépense de protection de l’environnement, en 2019 en %

 

C’est le domaine de la gestion des déchets qui progresse le plus entre 2000 et 2019 (+ 11,2 Md€ d’augmentation en euros courants, soit + 4,2 % par an en moyenne), notamment en raison de l’amélioration de la qualité de la prise en charge des déchets : poursuite des efforts pour améliorer la collecte sélective et la valorisation des déchets, notamment dans le cadre du service public de gestion des déchets ménagers et assimilés : collecte en porte-à-porte séparée des déchets recyclables, extension du réseau des déchetteries, de centres de tri et de compostage des déchets fermentescibles, d’incinérateurs avec récupération d’énergie (graphique suivant). Seuls les domaines de la protection des sols et des eaux et les autres activités de protection de l’environnement affichent une progression annuelle supérieure (respectivement + 6,5 % et + 5,6 %), mais pour des montants totaux moins importants (+ 1,7 Md€ et + 2,9 Md€).

La taxe, ou redevance, d’enlèvement des ordures ménagères a ainsi augmenté de près de 5 % en moyenne par an entre 2000 et 2019. Les déchets des entreprises sont pour leur part pris en charge essentiellement en dehors du service public. Le financement de l’ensemble des dépenses de gestion des déchets est assuré à 55 % par les entreprises et à 30 % par les ménages.

Dans le domaine de la gestion des eaux usées, la dépense progresse moins fortement depuis 2013 qu’au cours de la décennie précédente, en raison du recul des investissements après une période d’augmentation soutenue de 2000 à 2007, (graphique suivant). Cette évolution s’explique par l’échéance de mise aux normes d’une partie importante des stations d’épurations urbaines requise par la directive européenne de 1991 sur les eaux urbaines résiduaires. En 2019, 93,2 % des stations disposaient ainsi d’équipements conformes à la réglementation européenne. 90 % de la dépense de gestion des eaux usées sont consacrés aux systèmes d’assainissement collectif. Via leur facture d’eau, les ménages sont les premiers contributeurs de ce poste de dépense, à hauteur de 44 %.

 

 

2 – Dépenses courantes et dépenses d’investissement

La dépense de protection de l’environnement se décompose en une dépense d’investissement de 14,4 Md€ (soit 27 % de la dépense totale) et une dépense courante de près de 40 Md€ (soit 73 % du total). La répartition entre dépense d’investissement et dépense courante varie en fonction des domaines (graphique suivant).

La dépense d’investissement (ou en capital) comprend les dépenses consacrées aux acquisitions de terrains, à la construction d’ouvrages spécifiques, à leur rénovation ou à l’achat de gros équipements, en vue de produire des biens et services favorables à l’environnement. Elle comprend aussi l’achat de biens durables connexes, qui répondent directement à un objectif de protection de l’environnement (e.g. système d’assainissement non collectif), ou bien adaptés pour être moins polluants à l’usage (e.g. achat de chaudières à condensation par les entreprises).

La dépense courante couvre les frais de fonctionnement, y compris les charges de personnel, associés à la production des biens et services environnementaux consommés par des unités résidentes, qu’il s’agisse de production marchande, non marchande ou encore réalisée par les entreprises pour leur propre compte. Elle comprend aussi l’achat de biens connexes et adaptés non durables (e.g. fioul désulfuré).

En 2019, les dépenses courantes de protection de l’environnement (39,9 Md€) sont majoritairement portées par celles liées à la gestion des déchets (18,3 Md€) et la gestion des eaux usées (8,4 Md€), soit 67 % des dépenses courantes au total.

Concernant la gestion des déchets, la dépense courante représente près de 90 % de la dépense totale. Sur la période 2000-2019, elle est en constante augmentation (+ 4,4 % par an en moyenne en euros courants). Divers facteurs expliquent cette hausse : augmentation de la population, durcissement de la législation qui crée de nouvelles obligations dans la collecte et le traitement des déchets, et mise en place de la collecte sélective.

En 2019, la dépense courante de gestion des déchets, financée pour moitié par les entreprises (53 %), correspond aux coûts des services de gestion des déchets payés par les entreprises non spécialisées pour la collecte et le traitement de leurs déchets, notamment industriels. Cela recouvre le paiement de prestataires de service spécialisés, ainsi que la taxe ou la redevance d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM/REOM) payée par les entreprises dont les déchets sont collectés et traités avec les déchets ménagers. Une fraction relativement marginale de cette dépense (moins de 5 %) correspond aux frais de fonctionnement engagés par des entreprises qui réalisent des opérations de gestion de leurs déchets pour leur propre compte. La part des entreprises dans la dépense courante de gestion des déchets est assez stable, avec une moyenne de 48 % sur la période 2000-2019.

Les ménages contribuent à cette dépense courante à hauteur de 6,2 Md€ en 2019, soit 34 % de la dépense courante totale. Cette dépense recouvre principalement la TEOM/REOM facturée aux ménages et accessoirement les achats de sacs plastiques pour la collecte des déchets. Le reste de la dépense courante de gestion des déchets est couvert par les administrations publiques pour un montant de près de 2,5 Md€ en 2019, soit 15 % de la dépense courante. Ce montant représente principalement le coût de nettoyage des rues pour les communes (1,4 Md€) et diverses aides versées par des organismes publics (ex : Ademe, agences de l’eau) pour la collecte et traitement des déchets.

La gestion des eaux usées représente également une part importante de l’ensemble de la dépense courante (8,4 Md€ en 2019). Sur la période 2000-2019, la dépense courante de gestion des eaux usées est en constante augmentation, avec un taux de croissance annuel moyen de 1,9 % en euros courants. Cette croissance résulte principalement de la hausse de la facture d’assainissement payée par les ménages, qui représente près de 65 % de la dépense et est en progression de 3 % par an en moyenne sur la période5.

La part des ménages dans la dépense courante d’assainissement est en constante progression depuis 2000 et atteint 65 % en 2019. Les entreprises contribuent à cette dépense à hauteur de 2,8 Md€, soit 33 % de la dépense courante de gestion des eaux usées. Cette part diminue depuis 2000 (45 % de la dépense courante en 2000). Cette dépense recouvre les frais d’assainissement des entreprises, que leurs eaux usées soient traitées par le système d’assainissement collectif ou bien dans leur propre système d’épuration. Les 2 % restant correspondent à la dépense des administrations publiques pour la collecte des eaux pluviales urbaines.

 

Une part importante des dépenses d’investissement concerne la gestion des eaux usées (35 % du total de la dépense d’investissement en 2019, soit plus de 5 Md€). Sur l’ensemble de la période (2000-2019), ces investissements représentent toujours entre 37 % et 48 % de la dépense en capital, le pic de la dépense ayant été atteint en 2007 avec 5,6 Md€. Cette situation reflète notamment les importants investissements réalisés pour la mise aux normes des stations d’épurations des eaux usées urbaines. Les investissements se maintiennent à des niveaux élevés depuis cette date en lien notamment avec les investissements des entreprises délégataires de service public pour l’assainissement collectif, ceux des entreprises qui ont leur propre système d’épuration, et, dans une moindre mesure, l’achat de systèmes d’assainissement non collectif par les ménages.

Un niveau d’investissement relativement similaire est consenti pour la protection et dépollution des sols et des eaux (2 Md€). Ces investissements ont été fortement dynamisés par l’augmentation des actions dans le secteur de la dépollution des sites et sols pollués et par des opérations visant à prévenir les infiltrations de substances polluantes dans les milieux naturels. Ces dernières sont financées dans le cadre de programmes agroenvironnementaux, notamment par le plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles, avec la mise en place de stockage d’effluents d’élevage.

Des dépenses d’investissement sont également engagées par les ménages, majoritairement pour l’achat de fenêtres isolantes pour la construction neuve et la rénovation. Cet investissement présente un intérêt à la fois en matière d’isolation phonique et d’isolation thermique. Seule la part liée au renforcement de l’isolation phonique des logements est intégrée dans les dépenses de protection de l’environnement, dans le domaine de la réduction du bruit et des vibrations. Elle représente plus de 0,6 Md€ en 2019.

Les administrations publiques et les entreprises participent à parts quasi égales (respectivement 46 % et 45 %)aux dépenses d’investissement de protection de l’environnement, loin devant les ménages (9 %).

 

 

3 – Le financement de la dépense

Les entreprises sont les principaux financeurs des dépenses de protection de l’environnement (22,6 Md€, soit 42 %), devant les administrations publiques – État et ses ministères, collectivités locales, organismes publics (16,6 Md€, soit 31 %) – et les ménages (14,2 Md€, soit 26 %). La contribution financière de l’Union européenne reste marginale (0,9 Md€, soit moins de 2 %) et s’effectue principalement sous la forme de subventions dans le cadre du fonds européen agricole pour le développement rural (Feader).

Évolution de la part de la contribution financière des acteurs dans la dépense de protection de l’environnementen %

 

Les ménages, comme les entreprises, payent avant tout leur consommation de services environnementaux. L’assainissement des eaux usées et la gestion des déchets totalisent ainsi 86 % des financements des entreprises et 74 % de celui des ménages. Les pouvoirs publics, en particulier les collectivités locales, consacrent également une part importante de leurs dépenses de protection de l’environnement aux services de collecte et de traitement des eaux usées et des déchets (40 % pour l’ensemble de l’administration publique).

Outre les autres activités de protection de l’environnement qui couvrent pour l’essentiel les frais de fonctionnement des services de l’administration publique et de ses opérateurs chargés des questions environnementales, le financement de l’administration publique est prépondérant en matière de protection de la biodiversité et des paysages (graphique suivant). Dans une moindre mesure, il est aussi important pour la recherche & développement (R&D), la protection de l’air, des sols et la gestion des déchets radioactifs. Au sein des administrations publiques, les collectivités locales financent la majorité des dépenses de protection de l’environnement (10,8 Md€, soit 66 % de l’ensemble des dépenses des administrations). Le reste des financements est couvert par les administrations publiques centrales (État et ministères) et par les différents organismes publics dépendant de l’État, comme les agences de l’eau avec 1,5 Md€ ou l’Agence de la transition écologique (Ademe) avec 170 M€.

Mais désormais, tous les regards sont tournés vers l’avenir : qui va financer la transition climatique ? Elle génère un besoin d’investissement important. Il serait en partie transitoire: il s’agit d’installer rapidement et à grande échelle un capital qui, dans un premier temps, vient compléter les actifs existants plutôt que les remplacer. Cette «bosse» d’investissement est renforcée par le caractère moins mature des technologies non carbonée, qui les rend temporairement plus chères. Mais le besoin est également en partie pérenne: notamment pour utiliser de manière fiable les énergies renouvelables non pilotables (éolien et solaire), il est nécessaire d’installer une puissance totale bien supérieure à la charge moyenne et de renforcer les réseaux de distribution.

Dépenses énergétiques des ménages pour leur logement et les transports, en part de leurs revenus, en 2019 (Taux d’effort, en%)

 

 

 

 

b) La dépense d’environnement en Europe autour de 2% du PIB depuis 2010

Les dépenses de l’UE pour la protection de l’environnement (NEEP), mesurent les ressources utilisées par les unités résidentes au cours d’une période donnée pour protéger l’environnement naturel. Elles sont calculées comme la somme des dépenses courantes pour les activités de protection de l’environnement (PE) et des investissements pour les activités de PE, y compris les transferts nets vers le reste du monde. Selon les estimations d’Eurostat, les dépenses de l’UE pour la protection de l’environnement, mesurées par l’agrégat PNPE, ont augmenté de 28 % entre 2018 et 2024 ; en pourcentage du PIB, le PNPE est resté relativement stable sur l’ensemble de la période, se situant entre 2 % et 2,2 %.

Sur la même période (2018-2024), les investissements en faveur de la protection de l’environnement ont augmenté de 37 %. En 2020, la crise de la COVID-19 semble avoir réduit le montant des investissements dans l’économie globale, et par conséquent également les investissements en faveur de la protection de l’environnement. Cependant, à partir de 2021, ils ont commencé à augmenter et, en particulier, les investissements en faveur de la protection de l’environnement ont augmenté de 30 % entre 2020 et 2024.

En 2024, les dépenses nationales de l’UE pour la protection de l’environnement se sont élevées à 360 milliards d’euros , selon les estimations d’Eurostat (graphique suivant).

L’évolution du NEEP suit de près la tendance du PIB. Par conséquent, le ratio NEEP/PIB de l’UE est resté relativement stable sur l’ensemble de la période 2018-2023, entre 2,1 % et 2,2 % (graphique suivant, échelle de droite).

Les estimations par secteur institutionnel indiquent que la plus grande contribution au NEEP provient du secteur des entreprises (représentant 51 % du total du NEEP en 2024 (graphique suivant). Les dépenses de protection de l’environnement des entreprises comprennent les dépenses courantes et en capital des producteurs spécialisés, c’est-à-dire des entreprises qui offrent des services de protection de l’environnement (par exemple, la gestion des déchets ou des eaux usées) sur le marché, et des producteurs auxiliaires, c’est-à-dire les entreprises qui ne vendent pas de services environnementaux sur le marché mais qui entreprennent des activités de protection de l’environnement en interne et pour leur propre usage, afin de limiter les effets environnementaux négatifs de leur principale activité de production (par exemple, une raffinerie ou une entreprise de distribution d’eau qui traite ses gaz d’échappement ou ses effluents). De 2018 à 2024, les dépenses de protection de l’environnement des entreprises ont augmenté de 33 %.

Les dépenses des administrations publiques (APU) et des ISBLSM (considérées aux fins de l’EPEA comme un seul secteur) et des ménages en 2024, représentaient respectivement 31 % et 18 % du total des PNE. De 2018 à 2024, les dépenses de protection de l’environnement des APU et des ISBLSM ont augmenté de 33 % ; à leur tour, les dépenses de protection de l’environnement des ménages, comprenant principalement les paiements aux collectivités locales ou aux entreprises spécialisées pour la collecte et le traitement des déchets ou des eaux usées, ont augmenté de 8 %

Dépenses nationales de protection de l’environnement par secteur institutionnel, UE, 2018-2024
(milliards d’euros)

 

 

Comme le montre le graphique suivant, le ratio PNEE/PIB varie considérablement d’un pays de l’UE à l’autre. En 2022 (année la plus récente pour la déclaration obligatoire des données EPEA), les dépenses nationales consacrées à la protection de l’environnement en % du PIB dans les pays de l’UE variaient de 0,6 % en Irlande à 3,4 % en Belgique. Sept pays de l’UE dépassent la part de l’UE de 2,1 % du PIB : l’Autriche, la Belgique, la Tchéquie, l’Italie, la Roumanie, la Slovénie et la Suède.

La France ne se place qu’au 13me rang des pays européens en matière de dépense de protection de l’environnement (2%), en dessous de la moyenne de l’UE (2,2%) au même niveau que la Hongrie ou la Bulgarie en dessous de l’Italie (2,6 %), au dessus de Espagne et du Royaume-Uni (quand il était dans l’UE). Certains pays comme l’Autriche et la Belgique affichent des niveaux de dépenses bien supérieurs (3,2 %duPIB).

La part en France se situe à 2%, sachant que le montant d’Eurostat est légèrement inférieur à celui du SDES. « La comparaison internationale est établie ici à partir d’un périmètre restreint de la dépense de protection de l’environnement (« activités caractéristiques de protection de l’environnement », soit 90 % du total). Il exclut les produits connexes (répondant directement à un objectif de protection de l’environnement) et adaptés (dont l’objet n’est pas environnemental, mais sont moins polluants à l’usage), ainsi que les ressources issues du reste du monde (subventions européennes). Il en résulte un taux inférieur à celui donné précédemment (2% contre 2,2 % en 2018 et 2019) ».

Dépenses nationales pour la protection de l’environnement, 2024 (% du PIB)

 

Les dépenses des APU et des ISBLSM (considérées aux fins de l’EPEA comme un seul secteur) et des ménages représentaient en 2021 respectivement 24 % et 21 % du NEEP total, soit 55% pour les entreprises. De 2006 à 2021, les dépenses de protection de l’environnement des APU et des ISBLSM ont augmenté de 41 % ; les dépenses de protection de l’environnement des ménages, comprenant principalement les paiements aux collectivités locales ou aux entreprises spécialisées pour la collecte et le traitement des déchets ou des eaux usées, ont augmenté de 52 %.

Le secteur des entreprises représentait plus de la moitié (57 % en 2017) des dépenses de protection de l’environnement de l’UE (tableau suivant). Les contributions des APU (et des ISBLSM) et des ménages à la NEEP étaient plus de deux fois inférieures, avec respectivement 22 et 21 % du total de 2017. La part du secteur des secteur des sociétés a légèrement augmenté (de trois points de pourcentage) depuis 2006, augmentant encore son importance par rapport aux administrations publiques et aux ISBLSM. Mais en 2019, cette part a perdu près de 2 points.

La gestion des déchets et le traitement des eaux usées sont les deux principaux domaines de dépenses des administrations publiques et des ISBLSM : Eurostat estime qu’en 2021, ils représentent 28 % et 23 % des dépenses totales. Outre les tâches législatives et réglementaires, les unités gouvernementales fournissent également des services environnementaux (par exemple la collecte et l’élimination des déchets). Environ 24 % de la NEEP du secteur des administrations publiques sont consacrés à la R&D environnementale et à d’autres activités de protection de l’environnement, y compris l’administration générale de l’environnement et l’éducation. La protection de la biodiversité et du paysage représente 13 % des dépenses du secteur des administrations publiques et la protection de l’air, la protection des sols et des eaux souterraines, la réduction du bruit et la protection contre les radiations pour les 11 % restants.

Concernant les entreprises, Eurostat estime que la gestion des eaux usées et des déchets représente respectivement 27 % et 56 % de leurs dépenses en 2021. Les producteurs spécialisés, c’est-à-dire les entreprises qui proposent des services environnementaux sur le marché, sont principalement actifs dans la fourniture de services de gestion des déchets et des eaux usées. La protection de l’air ambiant et du climat représente 7 % du total. Le solde (10 %) est consacré à la protection des sols et des eaux souterraines, à la protection de la biodiversité, à la réduction du bruit, à la protection contre les radiations et à la R&D environnementale.

Dépenses de protection de l’environnement des entreprises par domaine environnemental, 2021, (% des dépenses environnementales totales des entreprises)

 

 

 

 

c) Les investissements de protection de l’environnement dans l’UE en baisse relative depuis 2000

L’EPEA fournit des informations sur une partie des investissements essentiels pour maintenir et développer la capacité de la société à prévenir, contenir et dépolluer la pollution, quelles que soient les pressions environnementales concernées (déchets, GES, radiations) et les actifs environnementaux à risque (air, eau, sol). Les investissements dans la protection de l’environnement font partie de la Dépense (NEEP). Ils couvrent :

  • les dépenses d’investissement des administrations publiques et des ISBLSM, ainsi que des entreprises spécialisées ou producteurs caractéristiques (principalement celles en charge de la protection de l’environnement),
  • mais aussi de toutes les autres entreprises privées qui font des efforts pour réduire les dommages environnementaux causés parleurs activités économiques. Dans ce contexte, les investissements soutiennent le processus de transition vers une économie européenne plus durable sur le plan environnemental.

Autrefois, les spécialistes distinguaient ainsi les investissements et spécifiques et non-spécifiques de l’environnement. Cette distinction est toutefois difficile à mettre en pratique.

1 – données globales

Le Pacte vert pour l’Europe désigne l’investissement comme l’un des principaux leviers de mise en œuvre des politiques climatiques et environnementales de l’UE. L’EPEA fournit des informations sur une partie des investissements essentiels au maintien et au développement de la capacité de la société à protéger les ressources naturelles (par exemple, l’air, le sol, l’eau) ainsi qu’à prévenir, contenir et dépolluer la pollution qui y est liée (par exemple, les déchets et leur gestion).

En 2024, l’UE a investi 76 milliards d’euros dans des actifs essentiels pour fournir des services de protection de l’environnement (par exemple, des stations d’épuration des eaux usées, des véhicules pour transporter les déchets, des acquisitions de terrains pour créer une réserve naturelle ou des équipements plus propres pour produire avec moins d’émissions polluantes).

Le montant le plus important des investissements était lié aux services de gestion des eaux usées et des déchets. n 2024, ils représentaient respectivement 38,2 % et 24,8 % du total des investissements pour la protection de l’environnement, Les investissements dans la gestion des eaux usées comprennent les investissements dans de nouveaux procédés conçus pour réduire les polluants de l’eau ou les eaux usées générées pendant la production, les investissements dans l’exploitation, l’entretien et la réparation des réseaux d’assainissement et des stations d’épuration, le traitement des eaux de refroidissement, le traitement des boues d’épuration en vue de leur élimination ou d’autres utilisations (par exemple, l’agriculture, l’incinération avec récupération d’énergie et la production de biogaz).

14 % étaient destinés à la protection contre les radiations, à la R&D environnementale et à d’autres activités de protection de l’environnement, y compris l’administration générale de l’environnement et l’éducation, 11,2 % à la protection de l’air, 5,2 % à la protection de la biodiversité et du paysage, 5,6 % à la protection des sols et des eaux souterraines, et le 1 % restant à la réduction du bruit.

Selon Eurostat, entre 2006 et 2024, les investissements dans la protection de l’environnement dans l’Union européenne (UE) sont passés de 51,6 milliards d’euros à 76 milliards d’euros.

 Investissements pour la protection de l’environnement par domaines environnementaux, UE, 2006-2024 en milliards d’euros

Investissements pour la protection de l’environnement par domaines environnementaux, UE, 2024 (% des investissements totaux pour la protection de l’environnement)

 

Les investissements en matière de protection de l’environnement et les investissements totaux de l’économie globale montrent une tendance similaire sur toute la période, sauf en 2009, lorsque les investissements totaux ont diminué davantage que les investissements en matière de protection de l’environnement et en 2016, lorsque les investissements totaux ont augmenté de 3,6 % et les investissements en matière de protection de l’environnement ont diminué de 16,4 % par rapport à 2015 (graphique suivant). Les investissements en matière de protection de l’environnement ont représenté en moyenne 2,2 % du total des investissements entre 2006 et 2015 et 1,9 % au cours de la période suivante .

 Investissements dans la protection de l’environnement et investissements totaux de l’économie globale, UE, 2006-2024

 

 

2 – données par secteurs institutionnels

En 2024, environ 47 milliards d’euros (61 % du total des investissements en protection de l’environnement) ont été dépensés par les entreprises. Il s’agit à la fois de prestataires spécialisés de services de protection de l’environnement (par exemple, des entreprises privées s’occupant de la collecte et du traitement des déchets et de l’assainissement) et d’entreprises autres que les producteurs spécialisés, qui acquièrent des technologies et des équipements réduisant les pressions environnementales résultant de leur processus de production (par exemple, des équipements réduisant leurs émissions atmosphériques). Les BU et les ISBLSM ont représenté la part restante (39 %) des investissements en protection de l’environnement, avec 29 milliards d’euros dépensés en 2022 (graphique suivant).

La part des investissements en matière de protection de l’environnement dans le total des investissements des entreprises est relativement faible : en 2024, elle équivaut à 2,1 %. La part équivalente pour les administrations publiques est de 4,5 % en 2024.

Les administrations publiques et les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) ont représenté la part restante des investissements en matière de protection de l’environnement ; la part dans le total des investissements des administrations publiques a diminué au cours de la même période, passant de 6,4 % à 4,5 % (second graphique suivant, échelle de droite).

Investissements pour la protection de l’environnement, UE, 2018-2024, milliards d’euros

 

Investissements pour la protection de l’environnement par secteur institutionnel, UE, 2006-2024 milliads d’euros et en %

 

 

3 – Données par types d’entreprises

En 2024, le secteur manufacturier avec une part de 56 % et les entreprises de services publics avec une part de 25 % (avec la contribution du secteur de la fourniture d’électricité, de gaz, de vapeur et de climatisation à 18 % du total, et la contribution du secteur de la collecte, du traitement et de la distribution d’eau à 7 %) représentaient les parts les plus élevées du total des investissements EPEA des entreprises autres que les producteurs spécialisés, pour prévenir et/ou limiter les dommages environnementaux découlant des technologies de production existantes. Les autres secteurs d’activité représentaient environ 16 % du total et les mines et carrières représentaient 3 %

Des données plus détaillées par État membre révèlent que pour 2022 (l’année la plus récente pour la déclaration obligatoire des données EPEA, comme mentionné précédemment), la part des investissements en matière de protection de l’environnement dans le total des investissements variait selon les pays, allant de 0,3 % à 3,9 % du total des investissements.

Des variations encore plus importantes ont été observées pour le secteur des administrations publiques et des ISBLSM . Étant donné qu’une part importante des investissements du PE est liée aux services de gestion des déchets et des eaux usées, les variations observées peuvent être dues à l’organisation différente de la fourniture de ces services selon les pays. En effet, certains pays s’appuient fortement sur le secteur public (par exemple, les entités de services publics) pour fournir ces services, tandis que d’autres ont tendance à recourir, au moins partiellement, à des instruments fondés sur le marché, et laissent par exemple le marché fixer les prix de ces services.

Le secteur manufacturier et les autres secteurs commerciaux, avec une part de 38 % et 36 % en 2022 respectivement, représentaient les parts les plus élevées du total des investissements EPEA des sociétés autres que les producteurs spécialisés, pour prévenir et/ou limiter les dommages environnementaux résultant de la production existante les technologies. Les investissements des entreprises de services publics représentaient environ 24 % du total (avec la contribution du secteur de la fourniture d’électricité, de gaz, de vapeur et de climatisation à 19 % du total, et la contribution du secteur de la collecte, du traitement et de la distribution d’eau à 5 %).

 

 

2/ Les « éco-activités »

Eurostat estime aussi la production et l’emploi des éco-activités.  Le secteur des biens et services environnementaux (EGSS) est également appelé  » économie de l’environnement « ,  » industrie de l’environnement  » ou  » éco-industrie « . Le SDES préfère à juste raison le terme d’ « éco-activités » car celles-ci ne concernent pas que des entreprises industrielles.  Ce secteur englobe diverses activités et fournit une gamme de produits tels que les ressources biologiques, les énergies renouvelables ou le traitement des déchets ou des services qui contribuent à la protection de l’environnement et à préserver le stock de ressources naturelles.

 

 

 

a) Les « éco-activités » en France

Les « éco-activités » sont constituées d’entreprises ou d’administrations ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion durable des ressources naturelles. Certains indicateurs macro-économiques comme la production, la valeur ajoutée,le commerce extréieur permettent de suivre la progression de ces activités dans l’ensemble de l’économie nationale. Les biens et services environnementaux englobent les produits qui répondent à l’un des deux objectifs suivants :

– la « protection de l’environnement », c’est-à-dire la prévention,  la réduction et l’élimination de la pollution ou de toute autre dégradation de l’environnement,

– la « gestion des ressources gestion des ressources« , c’est-à-dire la préservation du stock de ressources naturelles, et donc les protéger contre l’épuisement.

En 2019, la valeur ajoutée provenant des éco-activités s’élève à 44,9 Md€, soit 2,1 % de celle de l’ensemble des branches au niveau national. Ce pourcentage est à peu près le même que celui de la Dépense Nationale. Mais c’est un pur hasard. Le champ des éco-activités est en effet  très différent du domaine des activités caractéristiques de la dépense d’environnement. Ce ne sont pas tout à fait les producteurs caractéristiques du domaine  (voir page Comptes satellites).   Les ménages ne font pas partie des éco-activités. Ils paient essentiellement des taxes qui rentrent dans la dépense. Les investissements anti-pollution n’en font pas non plus partie. En revanche on trouve des entreprises qui produisent pour  développer les énergies renouvelables, etc… .

Les énergies renouvelables, la maîtrise de l’énergie, l’agriculture biologique et la gestion des eaux usées et des déchets génèrent les montants de valeur ajoutée les plus élevés. Entre 2004 et 2019, la valeur ajoutée des éco-activités s’est accrue en moyenne de 4,2 % par an contre 2,3 % pour l’ensemble de l’économie (respectivement + 3 % et + 1,2 %, hors inflation) – (graphique suivant). La part des éco-activités dans la valeur ajoutée totale passe ainsi de 1,6 % en 2004 à 2,1 % en 2019.

n 2019, la production des éco-activités atteint 115 milliards d’euros (Md€), soit 2,7 % de la production française totale. Près des trois quarts (73 %) de cette production sont générés par la production d’énergies renouvelables, les activités liées à la maîtrise de l’énergie, celles visant la protection des sols et des masses d’eau (qui comprennent l’agriculture biologique) et la gestion des déchets et des eaux usées (tableau suivant). Entre 2004 et 2019, la production des éco-activités a augmenté de 4,3 % par an en moyenne contre 2,5 % pour l’ensemble de l’économie (respectivement + 3,1 % et + 1 % hors inflation).

L’agriculture biologique a fortement contribué à cette progression, avec une croissance de 13 % par an sur cette période. Le nombre d’exploitations engagées dans ce mode de production a été multiplié par 4 entre 2004 et 2019. On en compte 47 260 en 2019 (53 250 en 2020). La part des surfaces cultivées en mode de production biologique est passée de 1,9 % en 2004 à 8,5 % en 2019 (9,5 % en 2020).

Avec une croissance moyenne de 7,5 % par an entre 2004 et 2019, la production d’énergie renouvelable a également contribué significativement à la progression d’ensemble des éco-activités. Le bois-énergie, le photovoltaïque, l’éolien et l’hydroélectricité constituent les filières les plus importantes en termes de valeur de marché (énergie vendue, fabrication et installation des équipements, études, exportations). Toutefois, les filières concourant à la production de biogaz et à la fabrication et l’installation de pompes à chaleur sont celles qui progressent le plus rapidement au cours des années 2015-2019. La production des activités liées à la maîtrise de l’énergie a également soutenu la progression d’ensemble des éco-activités, mais dans une moindre mesure (+ 5,1 % par an entre 2004 et 2019).

En 2019, les exportations de produits relevant des éco-activités s’élèvent à 9,1 Md€ et les importations à 9,3 Md€. La balance commerciale des éco-activités apparaît ainsi légèrement déficitaire alors qu’entre 2004 et 2018, elle était toujours en excédent, dépassant même les deux milliards d’euros en 2006 et 2007. La forte progression des importations de véhicules électriques en 2019 explique en grande partie cette dégradation.

 

 

b) L’emploi et les métiers

Les périmètres de l’économie verte restent difficiles à cerner. Pour décrire l’emploi dans ce domaine, deux approches complémentaires sont utilisées.

  • La première estime le volume d’emplois relatifs à la production de biens et services ayant une finalité environnementale ou participant à une meilleure qualité environnementale.
  • La seconde s’intéresse aux métiers visant la protection de l’environnement ou nécessitant un « verdissement » des compétences, sans considération de l’activité de l’entreprise dans laquelle l’individu travaille.

 

En 2019, les activités de l’économie verte mobilisent près de 1,1 million d’emplois en équivalent temps plein (ETP), soit 3,9 % de l’emploi total national (tableau suivant). Les « éco-activités », dont la finalité première est la protection de l’environnement ou la gestion durable des ressources naturelles, constituent un peu plus de la moitié de ces emplois : 610 100 ETP, soit 2,3 % de l’emploi total. Les activités dites « périphériques », qui participent à une meilleure qualité environnementale sans que ce soit leur finalité première, mobilisent 442 000 ETP en 2019, soit 1,6 % de l’emploi total national.

Près de la moitié des emplois dans les éco-activités (306 000 ETP) relèvent de biens ou services ayant pour finalité la protection de l’environnement (notamment protection des sols et des masses d’eau, y compris agriculture biologique ; gestion des déchets et des eaux usées). Un peu plus d’un tiers relève de la gestion durable des ressources (principalement maîtrise de l’énergie et production d’énergies renouvelables), tandis que 13 % renvoient à des activités transversales (administration, recherche-développement, ingénierie).

Entre 2004 et 2019, l’emploi dans les éco-activités a augmenté de 53 %, contre + 9 % pour l’emploi total au niveau national (graphique 2). Le développement de l’agriculture biologique, dont l’emploi a été multiplié par quatre sur la période, ainsi que celui des activités liées aux énergies renouvelables et à la maîtrise de l’énergie, contribue le plus à cette progression. La majeure partie de l’emploi des activités périphériques est constituée par les transports en commun : exploitation de services de transport, construction de matériel roulant (locomotives, autobus) ou d’infrastructures (lignes ferroviaires ou de tramway). L’emploi dans les activités périphériques a augmenté de 12 % depuis 2008, principalement en raison des investissements dans le réseau ferroviaire (lignes à grande vitesse et réseau francilien) – (graphique suivant).

Évolution de l’emploi dans les activités de l’économie verte, entre 2004 et 2019, indice base 100 en 2008

 

 

c) Les « éco-activités  » en Europe

1 – Données globales de l’UE

Les comptes du secteur des biens et services environnementaux (EGSS) fournissent des informations sur la production (et les exportations de produits environnementaux), ainsi que sur l’emploi et la valeur ajoutée liée à leur production.

Selon les estimations d’Eurostat, l’emploi dans l’ économie environnementale de l’UE est passé de 3,2 millions d’équivalents temps plein en 2000 à 5 millions d’équivalents temps plein en 2020 et 5,3 millions en 2021. On estime que, parmi les cinq plus grandes économies de l’UE (Allemagne, France, Italie, Espagne et Pologne), la production de biens et services environnementaux a généré environ 3,5 millions équivalents temps plein en 2021.

L’emploi a augmenté en moyenne de 2,4 % sur une base annuelle de 2000 à 2020. La première décennie du millénaire a été une période de création d’emplois presque constante dans l’économie de l’environnement. De 2012 à 2014, le nombre d’emplois a diminué pendant deux années consécutives. Depuis lors, l’emploi a de nouveau augmenté et, en 2020, l’emploi dans le secteur de l’environnement est supérieur à celui de toutes les 20 années précédentes (graphique suivant).

Entre 2000 et 2020, l’économie environnementale a a progressé relativement en termes d’emploi et de valeur ajoutée. L’emploi et la valeur ajoutée dans l’économie environnementale de l’UE ont continué de croître en 2020, même si l’économie globale s’est contractée. L’emploi a augmenté de 4,5 % et la valeur ajoutée brute de 1,9 % dans l’économie de l’environnement, tandis que l’emploi global a diminué de 1,4 % et le produit intérieur brut de l’UE de 5,7 %. Toujours en 2009, lorsque la crise financière a entraîné une contraction de 4,3 % du PIB, la valeur ajoutée brute de la production de biens et services environnementaux n’a enregistré qu’une légère baisse de 0,5 %. Après la crise, l’économie de l’environnement a affiché une forte croissance jusqu’en 2011. Entre 2012 et 2014, l’emploi a chuté davantage que dans l’ensemble de l’économie, mais l’emploi dans le secteur de l’environnement a rapidement rebondi par la suite. Depuis 2014, la croissance du secteur de l’environnement a repris et la valeur ajoutée brute a augmenté en moyenne de 3,5 % par an.

Le graphique suivant présente une répartition en trois activités de protection de l’environnement (gestion des déchets ; gestion des eaux usées ; autres activités de protection de l’environnement) et deux activités de gestion des ressources (gestion des eaux et gestion des ressources énergétiques, combinant efficacité énergétique et production d’énergie renouvelables ). On note que ce domaine n’appartient pas aux activités caractéristiques pour le calcul de la Dépense de protection de l’environnement. Or l’emploi lié à la gestion des ressources énergétiques a été multiplié par 3,3 depuis 2000. L’emploi dans la gestion des déchets a également augmenté mais moins de la moitié de celui de la gestion des ressources énergétiques. L’emploi dans la gestion des eaux usées a diminué. Le nombre d’emplois à temps plein dans les deux autres domaines est demeuré plus ou moins stable

La création d’emplois liés aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique découle de la production d’énergie renouvelable elle-même ainsi que de la fabrication d’équipements d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique et de la fourniture de services d’installation, d’ingénierie et de recherche pertinents. L’emploi dans ce domaine est passé de 0,6 million d’équivalents temps plein en 2000 à 1,9 million d’équivalents temps plein en 2020. En d’autres termes: plus d’un million d’emplois équivalents temps plein ont été créés dans l’UE entre 2000 et 2020 également en tant que résultat des mesures d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique. La deuxième contribution la plus importante à l’emploi environnemental en 2020 provenait de la gestion des déchets, le nombre d’emplois passant de 0,9 million d’équivalents temps plein en 2000 à 1,3 million d’équivalents temps plein en 2020 (augmentation globale de 49 %). Par contre, la gestion des eaux usées a diminué de 14 % au cours de la même période, passant de 0,7 million à 0,6 million d’équivalents temps plein. Alors que la protection de l’environnement représentait plus des trois quarts (78 %) de l’emploi dans l’économie de l’environnement en 2000, cette part est tombée à 59 % en 2020 suite à la création d’emplois liés aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique.

Le schéma suivant présente une répartition de l’emploi dans les trois activités de protection de l’environnement (gestion des eaux usées ; gestion des déchets ; autres activités de protection de l’environnement) et dans les deux activités de gestion des ressources (économies d’eau ; énergies renouvelables et efficacité énergétique).  Or l’emploi lié aux énergies renouvelables et à l’efficacité  énergétique a été multipliés par 2,6 depuis 2000. L’emploi dans la gestion des déchets a également augmenté tandis que le nombre d’emplois à temps plein dans les autres domaines a diminué. La plupart des emplois dans l’économie environnementale sont liés à la gestion des déchets et à la gestion des ressources énergétiques.

 

Emploi dans l’économie de l’environnement, par domaine, dans l’UE-27, 2000-2020  (milliers d’équivalents temps plein)

 

 

 

 

2 – La valeur ajoutée brute des éco-activités

Elle est passée de 127 milliards d’euros en 2000 à 341 milliards d’euros en 2020 (graphique suivant). La contribution de l’économie environnementale au PIB a également augmenté, passant de 1,6 % en 2000 à 2,5 % en 2020. La valeur ajoutée brute de l’économie environnementale a augmenté régulièrement entre 2000 et 2008, atteignant 213 milliards d’euros.Elle a diminué en 2009 en raison de la crise financière, mais a affiché une croissance robuste en 2010 et 2011, et toutes les années après 2014.

La valeur ajoutée brute des activités de protection de l’environnement est passée de 96 milliards d’euros en 2000 à 184 milliards d’euros en 2020. La contribution de la protection de l’environnement au PIB est restée stable sur cette période à 1,2-1,3 %. La valeur ajoutée brute des activités de gestion des ressources avait une valeur de référence inférieure en 2000, à savoir 31 milliards d’euros (ou 0,4 % du PIB), mais a augmenté plus rapidement pour atteindre 158 milliards d’euros (ou 1,2 % du PIB) en 2020, en grande partie en raison de la croissance du secteur des énergies renouvelables  (voir page Comptes de l’énergie).

Valeur ajoutée brute de l’économie de l’environnement, par domaine, UE-27, 2000-2020 (milliards d’euros)

 

 

3 – Données par pays de l’UE

En 2022, la production totale de l’économie environnementale a contribué entre 6,2 % (Finlande) et 0,5 % (Hongrie) au PIB des États membres de l’UE (graphique suivant). Une grande partie de la valeur ajoutée brute en Finlande provient de la production d’énergies renouvelables. En 2022, l’économie environnementale a connu une croissance plus rapide que l’économie nationale globale dans 13 États membres. La plupart des États membres génèrent davantage de valeur ajoutée en produisant des biens et services destinés à la gestion des ressources qu’à la protection de l’environnement (graphique suivant).

Eurostat estime que, parmi les 5 plus grandes économies de l’UE (Allemagne, France, Italie, Espagne et Pologne), la production de biens et services environnementaux a généré – en termes d’emploi – environ 3,7 millions d’ équivalents temps plein en 2022. En 2022, la production de biens et services environnementaux a créé des emplois dans 24 États membres de l’UE. Les 5 pays les plus contributeurs, l’Italie, l’Allemagne, la Pologne, l’Espagne et le Portugal, ont créé environ 556 100 nouveaux emplois en 2022. En revanche, 3 États membres de l’UE ont présenté une légère baisse du nombre d’emplois dans l’économie des biens et services environnementaux, de moins de 200 emplois au total (graphique suivant). La plupart des emplois dans l’économie environnementale sont liés à la gestion des ressources énergétiques et des déchets.

En 2022, les biens et services environnementaux ont contribué aux exportations de l’ensemble de l’économie à hauteur de 12 % au Danemark, 12 % en Finlande, plus de 9 % en Autriche et environ 9 % en Tchéquie, mais moins de 1 % à Malte et en Irlande (graphique 6). La composition des exportations environnementales varie selon les pays.

Valeur ajoutée brute de la production totale de l’économie environnementale, par pays, 2021-2022

 

 

III – COMPTABILITÉ PHYSIQUE DES ACTIFS NATURELS

Ces comptes environnement apportent des données sur les actifs naturels. Certains travaux se limitent à des données physiques en terme de stocks; d’autres les complètent par des données monétaires. D’autres montrent enfin les relations entre ces actifs et l’économie. Dans ce cas, il est souhaitable que l’enregistrement de ces flux soit effectué de telle sorte que l’on puisse combiner les données physiques comptabilisées avec les données de la comptabilité nationale. Dans tous les cas, il s’agit de faire un diagnostic sur l’état des éléments naturels en termes quantitatifs mais aussi qualitatifs. On reprend ces divers travaux comptables en les complétant par des indicateurs de l’état de l’environnement [5].

Il faut aussi mentionner l’existence d’une autre approche, assez peu différente, des comptes des ressources naturelles : les balances « matières – énergie », développées par exemple aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne. Par rapport au compte de patrimoine naturel, ces approches comportent plusieurs différences. Une ressource naturelle est le résultat d’un processus naturel et contribue à l’activité socio-économique sous une forme comptabilisable. Nous ne présenterons pas ces comptes.

On s’intéresse soit à l’état du patrimoine naturel, soit aux ressources naturelles. La comptabilité du patrimoine naturel a pour objet de réunir dans un cadre comptable cohérent et autonome des informations à la fois quantitatives et qualitatives, aussi bien sur l’état du patrimoine naturel et son évolution que sur sa gestion ou son utilisation par les agents économiques. Il décrit en priorité en termes physiques – mais également lorsque les données sont disponibles en termes monétaires – les stocks de ressources naturelles ainsi que les flux qui leur sont associés, en particulier ceux imputables à l’action de l’homme (prélèvements, aménagement du milieu, actions de dépollution,…).

Au total, un tel compte doit répondre à deux types de questions :

  • Quel est l’état du patrimoine naturel ?
  • Quelles sont les répercussions des activités économiques sur ce patrimoine ?
  • La Norvège, plus récemment le Canada, établissent des comptes des ressources naturelles.

Une ressource naturelle est le résultat d’un processus naturel et contribue à l’activité socio-économique sous une forme comptabilisable. Le patrimoine naturel englobe également tout autre résultat d’un processus naturel même s’il ne contribue pas à l’activité économique (la flore, la faune,…). Enfin, les comptes du patrimoine naturel décrivent l’ensemble des transferts internes d’un actif alors que les comptes des ressources naturelles se limitent aux flux nets qui permettent de passer d’un stock initial à un stock final.

1/ Les comptes des ressources naturelles

a) Définition des ressources renouvelables et non-renouvelables.

Partant de l’équation :

St+1 = St + (Nt+ + Ht+) – (Nt- + Ht-) où

: St : ressources à la période t.

: Nt+ : apports naturels en t.

: Nt- : pertes naturelles en t.

: Ht+ : apports économiques en t.

; Ht- : pertes économiques en t.

On définit qu’une ressource est renouvelable si Nt+ – Nt- > 0 ; elle sera dite reproductible si Ht+ – Ht- >0 et épuisable si St+1 – St <>

Un tel système se doit de préciser de quelles ressources il s’agit, en proposant notamment une nomenclature des ressources naturelles. Le système norvégien distingue deux grandes catégories de ressources :

– les ressources matérielles qui se subdivisent elles-mêmes en trois groupes : les ressources minérales (gisements de pétrole et de gaz minéraux, pierres, sable,…), les ressources biologiques et les ressources additionnelles (soleil, vent, courants des océans,…) qui comprennent les formes renouvelables d’énergie.

– les ressources d’environnement, telles que l’air ou le sol.

A côté de ces deux critères, on distingue en général un troisième critère concernant l’exploitation d’une ressource.

  • la notion de ressource (naturelle) englobe tous les gisements découverts (spéculatifs, présumés probables ou prouvés), exploitables ou non.
  • la notion de réserve est restreinte aux ressources identifiées, économiquement exploitables.
  • les matières premières représentent des ressources naturelles pour lesquelles les techniques d’exploitation, de raffinage et de consommation existent déjà. On peut alors combiner ces critères. Par exemple, dans la classification des ressources naturelles, on peut distinguer celles qui sont ou non renouvelables. Les ressources minérales ne sont pas renouvelables alors que la plupart des ressources d’environnement sont renouvelables sous certaines conditions.

Les comptes des ressources naturelles (Finlande, Norvège) préfèrent toutefois distinguer les ressources exploitées et celles qui ne le sont pas et présenter ainsi un état des stocks de ces deux catégories de ressources afin de mesurer le degré d’autonomie de leur pays pour l’exploitation dans le présent et le futur .

Le potentiel ultime est défini comme une estimation des réserves établies qui auront été mises en valeur dans une région à la fin de tous les travaux de recherche et d’exploitation.

 

b) Quelques exemples de comptes des ressources naturelles

Ainsi, le système des comptes norvégiens s’articule autour de trois parties (tableau suivant).

  • La première partie concerne les stocks des réserves en début et en fin de période, compte tenu de l’extraction et des divers ajustements précédemment définis.
  • Une seconde partie présente les différentes étapes qui permettent de passer de l’extraction à l’utilisation finale par les secteurs économiques, compte tenu des importations et exportations et du raffinage. On y définit notamment deux agrégats, l’extraction nette égale à l’extraction brute moins la consommation de ressources par le secteur de l’extraction, et le commerce extérieur énergétique.
  • Enfin, dans une troisième partie, on ventile l’utilisation finale énergétique par grand secteur économique et par secteur institutionnel.

Structure des comptes des ressources naturelles

 

 

Pour les ressources non-renouvelables, les comptables canadiens mesurent les réserves, ou la partie des ressources qui est économiquement exploitable à une date spécifique.  Les estimations généralement produites des réserves de pétrole et de gaz naturel au Canada portent sur des réserves établies, c’est-à-dire, des réserves prouvées et aussi une partie dont on soupçonne l’existence avec une certitude raisonnable (réserves probables) en distinguant deux types de réserves établies : les réserves établies restantes, les réserves établies à venir. La somme des deux correspond au potentiel ultime restant (réserves établies initiales moins la production cumulative). Les réserves établies à venir sont évaluées à partir d’estimations de la croissance des réserves attribuable aux découvertes et aux additions aux réserves qui peuvent provenir de la récupération assistée.

Les ressources naturelles exploitables devraient être considérées comme des avoirs en capital qui font partie du patrimoine national, c’est-à-dire évaluées au prix du marché. Or, la plupart des ressources font peu souvent l’objet de transactions commerciales et leur valeur marchande doit donc être imputée. La notion de rente économique est au coeur de l’évaluation monétaire des ressources naturelles. Elle est la différence entre le prix international du produit et le coût total des facteurs pour l’exploitation, ce qui comprend un revenu normal du capital. La valeur des stocks de ressources est égale aux revenus futurs (les flux de la rente économique) tirés de l’exploitation de ces ressources.

Trois méthodes d’évaluation sont utilisées : « valeur actuelle », « prix net », « coût de remplacement ». Pour les méthodes de la valeur actuelle et du prix net, la rente est calculée de la façon suivante : revenus moins frais d’exploitation moins coût d’option du capital produit par l’homme (c.-à-d. revenu du capital et annuité d’amortissement). La méthode du prix net consiste à multiplier le prix net moyen à l’unité, par exemple le prix moyen à la tête du puits de pétrole moins les frais de production et dépenses d’investissement par le volume des réserves établies. La méthode du coût de remplacement utilise les coûts de découvertes comme mesure approximative de la rente.

 

Comptes de réconciliation des réserves établies de pétrole brut en Alberta
Enfin, les balances « matière/énergie » se limitent à l’analyse des flux et n’intègrent pas les stocks, mais elles mettent bien en relief les flux à l’aide de diagrammes . Ainsi, une balance de l’eau montre que les ménages consomment une certaine quantité d’eau, ce que fait aussi un compte des ressources naturelles, mais elle montre aussi dans quelle proportion cette consommation provient de l’eau en surface et de l’eau en sous-sol et quel est le poids de l’eau épurée, mettant ainsi l’accent sur les phénomènes de pollution liés à l’utilisation des ressources dans l’activité économique.
Balance « matière/énergie » de l’eau aux Pays-Bas  en milliards de m3

 

 

 

 

 

2/ Les Comptes du Patrimoine Naturel.

a) Les premiers comptes français du patrimoine naturel

En 1978, la France a entrepris de développer des comptes du patrimoine naturel. Après une phase d’inventaire des sources disponibles et des organismes intervenant sur le patrimoine naturel, la Commission interministérielle des comptes du patrimoine naturel (CICPN) a poursuivi une réflexion méthodologique visant à mettre au point un cadre comptable, en vue de la « mise en œuvre progressive mais complète d’un système de comptes du patrimoine naturel ».

À partir de 1983, les premiers comptes ont été élaborés pour la faune sauvage, la forêt et les eaux continentales. Dans le même temps, la possibilité d’utiliser la télédétection par satellite pour la description de l’occupation de l’espace et pour la constitution du répertoire statistique de référence indispensable à l’établissement d’une comptabilité des écosystèmes, a été étudiée de manière approfondie. La méthodologie générale et les premiers comptes du patrimoine naturel ont fait l’objet d’une publication dans les collections de l’INSEE au début des années 80.

L’objectif était la mise en production courante des comptes pour lesquels la méthodologie est fixée, par l’établissement de nouveaux comptes, en particulier dans les domaines des écosystèmes, de l’atmosphère et des sols et par le développement de l’articulation entre données physiques et données monétaires.

Ces comptes sont un outil d’organisation de l’information. Le principe de la comptabilité en partie double est une méthode éprouvée de contrôle des données. Le caractère systématique de l’élaboration des comptes facilite également la mise en évidence des interrelations entre des domaines souvent étudiés par des spécialistes de disciplines utilisant des langages différents.

Les collectiosn de l’Insee : Les comptes du Patrimoine naturel

 

 

 

 

Le patrimoine naturel peut être décomposé selon trois points de vue  :

Il peut d’abord être considéré comme :

  •  une collection d’éléments, par exemple le sol, l’eau, l’atmosphère.
  • simultanément, le patrimoine naturel peut être décrit du point de vue de la reproduction de la vie : la notion d’écosystème rend compte de la combinaison, sur une aire donnée, de plusieurs éléments, y compris les organismes vivants (forêt, lac, …).
  • le patrimoine naturel peut enfin être évalué du point de vue des activités économiques de l’homme conçu comme un agent particulier .

Trois familles de comptes environnement constituent ainsi les pôles de la comptabilité du patrimoine naturel : les comptes d’éléments, les comptes d’écosystèmes et les comptes d’agents socio-économiques. Ces comptes s’apparentent à des bilans « matière/énergie », couvrant à la fois le système naturel et le système d’utilisation par l’homme. Ils présentent le passage entre le stock initial et le stock final à l’aide d’une nomenclature de flux naturels et des opérations des agents humains. Chaque compte permet ainsi de calculer un résultat (solde). Le « renouvellement naturel » et « l’accumulation nette » sont les principaux soldes.

En France, ce sont les comptes d’éléments qui ont d’abord été développés, l’analyse des écosystèmes trouvant au début des années 80 dans la télédétection une première forme assez satisfaisante à ce stade. Les comptes d’éléments sont établis pour des unités d’analyse d’un territoire donné qui sont des sous-systèmes du milieu naturel ou du système d’utilisation. Il s’agit par exemple des unités d’analyse de l’élément « eaux continentales » appartenant soit au milieu naturel (eaux de surface, sol, couvert végétal,…), soit au système d’utilisation (agriculteurs, ménages, industrie,…).

Par exemple, pour le compte des eaux continentales, les unités d’analyse sont des sous-systèmes du cycle de l’eau, classés par nature (nappes souterraines, rivières, lacs,…). L’unité de mesure est le mètre cube. La nomenclature des flux distingue les flux naturels et les opérations des agents. On distingue deux types de comptes (tableau suivant) : . Un tableau « entrées-sorties » du cycle de l’eau, conçu sur le même principe que le T.E.S. de la comptabilité nationale, détaille les systèmes élémentaires de circulation de l’eau dans la nature et leurs échanges internes (transferts) et enregistre les opérations de prélèvement et de retour (rejets, irrigation) qui relient ce cycle au système d’utilisation : prélèvements primaires (qui correspondent à l’utilisation par les agents économiques), évaporation et écoulement (soit vers la mer, soit vers d’autres territoires) qu’on a ici regroupés dans « sorties diverses ». C’est ainsi que toute la disponibilité annuelle brute de l’interface sol-atmosphère « part » en évaporation (50,0 dans le tableau suivant). Dans ce tableau, on retrouve les deux soldes significatifs des comptes de patrimoine naturel mentionnés ci dessus  :

– La disponibilité annuelle brute est égale au total des ressources permettant d’effectuer les différents emplois finals sans porter atteinte au stock initial.

– L’autre solde significatif est l’accumulation brute (ou nette). On distingue deux types d’accumulation : l’accumulation provenant du milieu naturel et l’accumulation dans le système d’utilisation. L’accumulation totale est la somme des deux. .

Un compte d’utilisation de l’eau, qui fonctionne en « partie double » vis-à-vis du précédent, précise quels agents économiques (agriculture, industrie, ménages,…) effectuent ces opérations et détaille les échanges d’eau qui interviennent entre eux. Par exemple, les agriculteurs utilisent pour 4,5 d’eau, dont 0,2 produits par les distributeurs d’eau potable. Ce tableau montre aussi comment les agriculteurs utilisent l’eau ainsi « demandée » : elle sert à l’irrigation pour 3,5, le reste (1,0) allant en « pertes et fuites ». Les retours d’eaux ou rejets sont donc « réaffectés » dans le cadran des ressources totales du tableau « entrées-sorties » : la plus grosse part va aux rivières (23,0).

Compte de l’eau (décomposé en deux sous-tableaux)

 

 

 

b) Le compte de la forêt

Pour la forêt, on retenait deux unités pour les comptes.

– La surface permet de définir le taux de boisement « surface boisée/surface totale » : ainsi, en France, la surface boisée est passée de 10 millions d’hectares à 14 millions en un siècle (1878 -1980) et le taux de boisement de 17 % à 25 %.

– L’autre indicateur est le « volume total sur pied », exprimée en « m3/écorce ». On estimait ainsi en 1980 à 1626,6 millions de « m3/écorce » le stock du volume total de la forêt française.

Compte des flux et des stocks de la forêt française (1970/1980) en millions d’hectares et m3/écorce

 

 

 

c) Un exemple fictif 

A l’intérieur d’un territoire donné, on appelle « transferts internes » les mouvements entre sous-systèmes qui ne sont pas liés à la reproduction naturelle. Ces transferts peuvent être spontanés ou dus à l’action de l’homme (par exemple l’eau réutilisée par les agriculteurs pour l’irrigation). Lorsqu’on fait apparaître les transferts internes, les comptes sont non consolidés. Quand on choisit de les annuler, les comptes sont consolidés.

On propose ici un exemple (fictif) dont l’objet est de montrer le calcul des principaux soldes comptables. Si l’on appelle « ressources » les flux qui viennent augmenter le stock initial d’un élément (exprimé dans une unité de compte donnée) et « emplois » ceux qui le diminuent et si l’on convient de considérer le stock d’ouverture de la période comptable (stock initial) comme une ressource de celle-ci et le stock final comme un emploi (qui deviendra la ressource première de la période suivante), on peut établir, pour un élément théorique situé sur un territoire donné, le compte suivant.

Dans ce compte, les flux concernent les échanges extérieurs (entrées et sorties naturelles, retours provenant de l’extérieur), le renouvellement naturel (croît et intraconsommations naturels), les événements exceptionnels (destructions naturelles exceptionnelles ou destructions accidentelles par les agents) et une partie de la pression des agents sur le milieu naturel, c’est-à-dire celle qui s’exerce soit par prélèvement, soit par rejet ou apport. La pression consécutive à des aménagements n’apparaît pas car les comptes sont consolidés. Enfin une ligne de réconciliation, prenant en compte d’éventuels ajustements permet de retrouver le montant du stock final comme la différence entre le total des ressources et des emplois.

On peut alors établir des comptes environnement de manière séquentielle (tableau suivant) :

  • C1 : compte du renouvellement naturel,
  • C2 : compte d’aménagement de la ressource,
  • C3 : compte des emplois finals et de l’utilisation,
  • C4 : compte d’accumulation et compte de patrimoine

Ces comptes forment une séquence articulée par les différents soldes. En outre, le renouvellement naturel et la disponibilité annuelle sont définis en termes bruts, c’est-à-dire avant déduction des emplois naturels finals. Si on soustrait ces emplois, qui font partie des sorties naturelles, et l’intraconsommation naturelle, on définit le renouvellement naturel net et la disponibilité annuelle nette : le renouvellement naturel net est le montant du croît naturel qui peut être prélevé sans diminuer le stock initial. La disponibilité annuelle nette est le montant qui peut être utilisé (hors du milieu naturel) par les agents compte tenu des aménagements, des apports et des retours que ceux-ci peuvent effectuer.

– Le premier solde significatif est le « renouvellement naturel brut ». Si on tient compte des transferts d’aménagement réalisés par les agents dans le milieu naturel, on peut ensuite établir le compte d’aménagement de la ressource.

– Il fait apparaître un second solde, la « disponibilité annuelle brute » : elle est égale au total des ressources permettant d’effectuer les différents emplois finals sans porter atteinte au stock initial.

– Un dernier solde significatif est « l’accumulation brute (ou nette) ». On distingue deux types d’accumulation : l’accumulation provenant du milieu naturel (R3) et l’accumulation dans le système d’utilisation (R7). L’accumulation totale est la somme des deux.

Exemple fictif de compte d’éléments et séquence complète de comptes du patrimoine nature

IV – L’EMPREINTE CARBONE

1/ Inventaires d’émissions de GES et « Comptes d’émissions dans l’air »

a) Définitions

Aujourd’hui il existe deux présentations des émisssions de polluants. Tout d’abord, une image globale est donnée (par exemple inventaires des émissions de GES), suivie de sections présentant les émissions de GES de chaque secteur source spécifique ainsi que l’évolution des facteurs sous-jacents. Ainsi, les inventaires des émissions de GES de l’UE sont tirés de l’ensemble de données d’Eurostat sur les émissions de gaz à effet de serre par secteur source (voir chapitre 9, les émissions de gaz à effet de serre par secteur source dans l’UE en %). De même , le CIEPA présente les émissions de GES en France  dans son rapport.

La seconde approche est celle des émissions de CO2 en cohérence avec la comptabilité nationale et le TES symétrique (voir page TES Symétrique). On appelle aussi cette approche l’empreinte carboneElle  mesure les émissions associées aux biens et services consommés en France, qu’ils soient produits en France ou à l’étranger. Dans le SCEE, les émissions atmosphériques sont enregistrées dans des comptes qui appliquent les mêmes concepts, structures, règles et principes comptables que le Système de comptabilité nationale. Ces comptes d’émissions atmosphériques sont cohérents avec les comptes nationaux, y compris la répartition par activité économique selon la nomenclature NACE Rév. 2.  Les comptes d’émissions atmosphériques permettent également d’analyser les changements dans la structure économique et leurs effets sur les émissions de GES. Ce sont ces comptes qui reprennent plus ou moins le cadre NAMEA.

Deux méthodes complémentaires permettent ainsi d’apprécier les pressions d’un pays sur le climat :

  • Les inventaires nationaux comptabilisent les quantités de GES physiquement émises à l’intérieur du pays (approche territoriale) par les ménages (voitures et logements) et les activités économiques (consommation d’énergie fossile, procédés industriels et émissions de l’agriculture). Les données issues des inventaires sont celles actuellement privilégiées pour le suivi des politiques nationales et les comparaisons internationales. En France, les émissions du CITEPA sont issues de la production; elles sont soit utilisées intérieurement, soit exportées.
  • L’empreinte carbone est une estimation des GES induits par la demande finale intérieure du pays (consommation finale etFBCF). L’empreinte est constituée des émissions directes des ménages (logements et véhicules), des émissions de la production nationale (hors exportations) et des émissions des activités économiques étrangères dont la production est destinée aux importations du pays, ce qui implique  une modélisation input-output pour la calculer.

Dans l’ordre statistique et comptable on parle toutefois d’abord des émissions de GES puis des comptes de ces émissions avec le concept clé de l’empreinte carbone.  On étudie les premiers au chapitre 8 pour la France, chapite 9 pour l’UE et chapitre 10 pour le monde. Mais comme on si’intéresse ici surtout aux comptes de l’environnement, on présente des maintenant ces comptes.

 

Bien que les inventaires des émissions de GES et les comptes des émissions atmosphériques rendent tous deux compte des émissions de GES, il existe des différences dans la définition et la portée qui se traduisent par des différences dans les valeurs déclarées, tant au niveau total que pour les composants individuels. La principale différence concerne les émissions de GES importés (et exportés) que ne comptabilisent pas les inventaires alors qu’ils sont pris en compte dans le calcul de l’empreinte carbone.

 

 

 

b) En 2023, les émissions françaises de GES s’élèvent à 403 Mt CO2 éq et l’empreinte carbone à 644 Mt CO2 éq

En tenant compte du contenu en gaz à effet de serre des importations, l’empreinte carbone permet donc d’apprécier les pressions sur le climat de la demande intérieure française quelle que soit l’origine géographique des produits consommés .

Les  des unités résidentes françaises s’élèvent à 403 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2  éq) en 2023, dont 101 Mt émises directement par les ménages, via l’usage de combustibles fossiles pour le chauffage de leur logement et l’utilisation de leurs véhicules  (graphique suivant). Les autres émissions, soit 302 Mt, sont émises par les activités économiques. 180 Mt servent à satisfaire la  française, et 122 Mt sont intégrées à des biens et services qui sont exportés pour servir la demande finale d’autres pays

La France importe également des biens et services, dont la production a nécessité l’émission de GES à l’étranger. L’ensemble des émissions des importations est de 513 Mt CO2 éq, dont la majorité (362 Mt) est destinée à servir la demande finale française (émissions « importées »). Le reste est intégré à des biens et services qui sont fabriqués en France mais sont ensuite réexportés vers le reste du monde.

Ainsi, l’ de la France, qui correspond aux émissions destinées à satisfaire la demande finale française, est estimée à 644 Mt en 2023. 101 Mt proviennent directement des ménages (16 %), 180 Mt des activités économiques françaises (28 %) et 362 Mt sont importées (56 %). Parmi les émissions importées, 146 Mt sont associées à des importations pour usage final (23 % de l’empreinte) et 216 Mt à des importations pour les besoins des activités économiques intérieures (34 %).

Émissions et empreinte carbone de la France en 2023

 

 

 

 

2/ L’empreinte carbone en France

On distingue deux grandes familles parmi les méthodes de calcul de l’empreinte carbone de la consommation d’une population:

  • l’une est de nature microéconomique et résulte de la combinaison de statistiques détaillées sur la consommation des ménages et de facteurs d’émissions également détaillés; cette méthode n’est pas très différente de celle des inventaires;
  • l’autre est de nature macroéconomique et s’appuie sur la combinaison de statistiques macroéconomiques – en l’occurrence les tableaux entrées-sorties (TES) de la comptabilité (économique) nationale – et de comptes physiques environnementaux retraçant les émissions atmosphériques (ici les GES) par activités économiques (ventilées par branches, plus les ménages), encore appelés comptes d’émissions dans l’air ou NAMEA-air.

On s’intéresse ici uniquement à la seconde, dans la mesure où la méthode adoptée par la pluppart des modéles (SDES, FIGARO, OCDE, ICIO)  pour calculer l’empreinte carbone de la demande finale intérieure française est de nature macroéconomique.

Sur la base de cette démarche de type input-output étendue à l’environnement, il existe plusieurs possibilités de calcul des émissions de GES de la demande intérieure, en fonction du niveau de précision avec lequel sont calculées les émissions associées aux importations.

  • La méthode la plus simple consiste à faire l’hypothèse que les importations sont produites dans les mêmes conditions que le pays importateur.
  • Il est aussi possible de tenir compte des conditions de production des (principaux) pays d’origines des importations, en considérant, pour chacun d’entre eux, que leurs propres importations sont produites de façon identique à leur production
    intérieure.
  • Enfin, il est possible de s’appuyer sur un modèle de calcul multirégional qui opère un bouclage mondial des importations et exportations et donc qui tient compte à la fois des conditions de production et d’importation des pays ou groupes de pays considérés.

a) Définition

Selon l’Insee, l’empreinte carbone de la France représente donc la quantité de gaz à effet de serre (GES) induite par la demande finale intérieure d’un pays (consommation des ménages, des administrations publiques et des organismes à but non lucratif et les investissements), que les biens ou services consommés soient produits sur le territoire national ou importés.

L’empreinte carbone de la France est donc constituée des :

  • émissions directes de GES des ménages (liées à la combustion des carburants des véhicules particuliers et la combustion d’énergies fossiles pour le chauffage des logements) (106 million de tonnes de CO2 en 2022) ;
  • émissions de GES issues de la production intérieure de biens et de services destinée à la demande intérieure (c’est-à-dire hors exportations) (169 million de tonnes de CO2 en 2022) ;
  • émissions de GES associées aux biens et services importés, pour usage final des ménages ou pour les consommations intermédiaires des entreprises pour produire les biens et services destinés à la demande intérieure (348 million de tonnes de CO2 en 2022) ;.

L’empreinte carbone de la demande finale intérieure inclut les GES directement émis par les ménages (chauffage résidentiel, véhicules individuels) et les émissions (indirectes) provoquées lors de la fabrication et du transport des produits consommés par ces derniers, que ces produits soient fabriqués en France ou à l’étranger. L’information sur les émissions directes des ménages est issue des comptes d’émissions atmosphériques par activités économiques (NAMEA-air). Celle qui concerne les émissions indirectes associées à la production, au transport et la distribution des biens rt services demandés par les ménages provient du calcul input-output qui met en relation les TES et les comptes d’émissions de GES ventilés par branches.

 

 

 

b) Plusieurs sources statistiques

Les modalités de calcul de l’empreinte carbone ne sont ni normées ni standardisées à l’échelle internationale. L’approche développée par le Service des données et études statistiques (SDES) est fondée sur une modélisation macro-économique « input-output » également mobilisée par la plupart des organismes statistiques internationaux.

Les sources de données et hypothèses retenues pour l’élaboration des modèles de calcul sont propres à chaque producteur. On présente ci-après les résultats du modèle « Icio » de l’OCDE qui couvre uniquement le CO2 d’origine énergétique, ainsi que ceux issus du modèle « Exiobase » qui portent sur l’ensemble des GES et ceux issus du modèle « Figaro » d’Eurostat qui ne porte que sur le CO2Bref il existe plusieurs bases de données pour évaluer l’empreinte carbone d’un pays.

Ces questions de choix de la base ne sont pas complétement anodines. Il n’existe pas encore de méthode ni de données standardisées au niveau international pour effectuer le calcul de l’empreinte carbone, même si l’utilisation de Tableaux Internationaux d’Entrées-Sorties (TIES) est largement répandue dans la littérature. Un TIES retrace l’ensemble des flux de biens et services entre les branches d’activité des différentes régions du monde (voir page Chaînes de valeur mondiales). Il permet ainsi de reconstituer le processus de production des biens et services, et donc de mesurer les GES émis à chaque étape. Un document de l’Insee (https://www.insee.fr/fr/statistiques/7624261) présente les différentes bases de TIES et d’émissions de GES ainsi que les empreintes carbone qui en découlent, afin d’évaluer la fiabilité et la robustesse de la méthode de calcul selon les sources utilisées. Il semble que l’empreinte carbone de la France peut varier jusqu’à 20% selon le TIES utilisé. Ces différences seraient dues principalement à la méthode utilisée pour ventiler les importations par pays d’origine lors de la construction du TIES. Agréger les branches d’activités en grands secteurs d’activité peut conduire à modifier l’empreinte de 15%.

les niveaux des émissions de GES varient ainsi selon les modèles, les différences pouvant aussi s’expliquer notamment par le champ couvert (émissions de CO2 énergétique seulement pour l’OCDE, par exemple) mais aussi par les sources de données utilisées et les hypothèses retenues par les différents organismes pour construire leur modèle. La hausse tendancielle de la part des émissions importées est touefois commune aux quatre modélisations.

 

 

 

 

c) Méthode d’estimation

Il s’agit de rapprocher les estimations d’émissions de GES et les données économiques. L’objectif est de publier des «comptes carbone» intégrés avec deux volets: une approche « production », qui lie les émissions françaises de GES (en tonne d’équivalent CO2) avec la production économique et la valeur ajoutée des branches d’activité (en euros) et une approche « demande », qui lie l’empreinte carbone (en tonne d’équivalent CO2) avec les biens et services consommés en France (en euros). Il convient aussi d’améliorer le calcul de l’empreinte carbone française.

Dans le chéma suivant, l’empreinte carbone de la France induite par la demande finale intérieure (approche « demande »),  est égale à la somme des flux A (contrenu des émissions induites par la production intérieure) et C (contrenu des émissions induites par les importations). En fait, les  flux de CO2 issus des importations incluent des flux issus des exportations de biens et services. Ce sont des exportations liées à la production domestique à partir d’imporations.

 

 

Pour effectuer des comparaisons internationales d’émissions de CO2 sur des secteurs d’activité spécifiques, il convient de rapporter les émissions de CO2 du secteur d’activité en question par la valeur ajoutée du secteur d’activité. Mais les différences entre pays de l’intensité carbone de leur production peuvent s’expliquer par deux raisons :

  • une structure de production plus ou moins centrée sur des branches ayant de fortes émissions de GES comme par exemple l’’industrie ou les transports (effet de structure)
  • et, à structure de production comparable, une intensité en GES de la production plus ou moins élevée (efficacité énergétique et intensité en GES de l’énergie consommée).

Il faut aussi souligner que cette estimation des émissions de CO2 est faite à partir du TES symétrique français moyennant le choix des coefficients techniques (français ou étrangers) pour les importations et non à partir du TIES de FIGARO (voir page Chaînes de valeur mondiales).  Le TIES ne donne pas les importations et les exporatations de la France mais celles issues du TIES une fois ajustées les asymétries du commerce extérieur. Autrement dit, l’intensité carbone par euro des biens et services importés est reprise de FIGARO, mais est appliquée aux importations des comptes français (encadré suivant).

 

 

 

 

d) Résultats

1 – Plusieurs approches

Outre le schéma précédent comparant les émissions de GES de la France à son empreinte carbone, voici quelques résultats significatifs https://www.insee.fr/fr/statistiques/8278305?sommaire=8071406. Ce qui frappe d’abord le plus c’est la diversité des résultats de l’empreinte carbone par pays, par production intériure ou importations, par branches d’activités plus les ménages, par contenus dans les produits ou par postes de consommation. On prend d’abord l’exemple de 2021 où cette empreinte était de 666 Mt CO2 éq.

L’empreinte carbone peut être ainsi décomposée selon plusieurs approches complémentaires. Les chiffres présentés ici portent sur 2021, dernière année fondée sur un jeu de données économiques exhaustives.

L’empreinte carbone de la France peut être ventilée selon l’origine géographique des émissions : 45 % des GES sont émis en France, 13 % proviennent de l’Union Européenne hors France, 9 % de Chine, 6 % de Russie et 2 % des États-Unis. Cette structure est différente de celle des importations françaises de biens et services. En effet, un produit fini importé d’un pays donné résulte d’un processus de production souvent complexe et mondialisé qui a pu entraîner des émissions dans différents pays du monde, en remontant la chaîne de valeur.

Les émissions importées peuvent elles-mêmes se distinguer selon leur destination dans l’économie française : 42 % sont destinées directement à la consommation finale des ménages (notamment en biens manufacturés ou en combustibles), les 58 % autres sont utilisées comme intrants par les branches d’activités intérieures pour produire des biens et services destinés à la demande finale française (produits agricoles, énergétiques, métalliques ou chimiques, etc.).

L’empreinte carbone peut aussi être ventilée selon les branches d’activités à l’origine des émissions de GES dans le monde : hors émissions directes des ménages, les émissions proviennent principalement de l’industrie manufacturière (26 %), de l’agriculture (21 %), de la production d’électricité (18 %), des industries extractives et des services de transport (10 % chacun) et seuls 6 % des services marchands et non marchands.

Si l’on s’intéresse aux biens et services finaux dans lesquels sont contenus les GES, la structure est différente : 42 % des GES de l’empreinte carbone sont incorporés dans les produits de l’industrie manufacturière et 24 % dans les services marchands et non marchands, ceux-ci intégrant notamment une partie des émissions provenant de l’agriculture et de l’énergie.

Enfin, l’empreinte carbone peut être ventilée par grands « postes » de consommation : les déplacements, l’habitat et l’alimentation représentent 68 % des émissions de l’empreinte, alors qu’1,2 tonne de CO2 éq par an et par personne est attribuable aux services principalement publics.

De multiples dimensions de l’empreinte carbone (exemple en 2021)

L’empreinte carbone peut ainsi être décomposée en biens et services consommés pour satisfaire la demande finale, et en émissions directes des ménages. Cette décomposition est conforme à la nomenclature des activités françaises (NAF) désagrégée en 64 classes de produits (biens et services) (nomenclature des TES symétriques d’Eutostat). Les gaz à effet de serre sont ici affectés aux biens ou services consommés en tenant compte des émissions de toutes les branches d’activités ayant contribué à la production de ces biens ou services. Les émissions directes des ménages ainsi que celles associées à cinq produits de la NAF représentent à elles seules plus de la moitié de l’empreinte carbone (56 %) : la consommation de carburants pour les véhicules particuliers, le chauffage des logements ainsi que les émissions associées à la consommation de biens agroalimentaires et agricoles, de travaux de construction et de produits énergétiques.

Les émissions associées aux biens et services consommés peuvent être affectées à de grands « postes de consommation » afin de mieux identifier l’impact sur le climat de nos modes de vie. Les déplacements, l’habitat et l’alimentation représentent les trois quarts de l’empreinte carbone.

 

 

 

2 – Les évolutions

L’empreinte carbone baisse sur longue période malgré la hausse de la part des émissions importées. En 2023, l’empreinte carbone de la France est estimée à 644 Mt CO2 éq, .

Les émissions des résidents français ont diminué de 31 % depuis 1990 (et de 41 % par habitant, en tenant compte de la hausse de la population) : les émissions directes des ménages ont baissé de 20 %, les émissions des activités économiques destinées à la demande finale étrangère (émissions exportées) ont diminué de 26 %, alors que celles destinées à la demande finale française ont baissé de 39 %. L’empreinte carbone de la France a, pour sa part, diminué moins rapidement, de seulement 13 % depuis 1990 (et de 26 % par habitant), traduisant une double tendance : une diminution des émissions de la production intérieure (-39 %) et des émissions directes des ménages (-20 %), modérées par une hausse des émissions importées (+13 %) (tableau suivant).

Les émissions importées représentaient ainsi 56 % de l’empreinte carbone en 2023 contre 43 % en 1990. Plusieurs facteurs contribuent à la hausse des émissions importées : délocalisation de certaines productions (la production textile a par exemple été divisée par deux en euros constants en France sur la période, alors que la consommation est restée relativement stable), augmentation de la demande finale française pour des produits principalement produits à l’étranger (smartphones par exemple).

En outre, l’empreinte carbone est composée à 78 % de CO2, 16,0 % de CH4 et près de 6 % de N2O en 2022, comme en 2019 (graphique suivant).

L’empreinte carbone et ses composantes de 1990 à 2023

L’empreinte carbone par type de substances entre 1995 et 2022, En Mt CO2 eq

 

 

Il est intéressant de comparer les émissions de CO2/habitant.  L’OCDE estime les émissions de GES liés au seul CO2 (ces données sont publiées dans la page TES Symétrique).  Selon les estimations en 2018, l’empreinte carbone de la France (6,8 t CO2/habitant) est inférieure à la moyenne européenne (8,3 t CO2/habitant). En 2018 l’empreinte carbone de l’Allemagne calculée par l’OCDE était de 10,4 t CO2/habitant et la moyenne mondiale s’établissait à 4,4 t CO2/habitant. L’estimation de 2018 de l’OCDE pour la France (6,8 t CO2/habitant) est inférieure à l’estimation du SDES pour la même année : 7,3 t CO2/habitant.

Comparaison internationale d’empreintes CO2 en 2018  en t CO2(CO2 d’origine énergétique uniquement)

 

 

 

 

 

 

3/ Réaffecter les émissions de l’appareil productif à la demande finale pour calculer des contenus en polluant par produit

L’Insee avait entrepris de mesurer les effets directs et indirects des émissions de CO2 par  ranches pour l’année 2005 à partir du TES symétrique [7] https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/1372483/ecofra10e.PDF. Le SDES publie aussi une méthode (voir [6], https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2023-10/m%C3%A9thodologie_empreinte_carbone_octobre2023.pdf. On reprend ici ces travaux qui n’aboutiraient pas aux mêmes conclusion que l’étude de l’Insee, différentes encore des bases de données de l’OCDE. Il est donc intéressant de comparer les résulats des 3 sources – méthodes, en faisant apparaître les principaux agrégats et ratios.

a) L’empreinte carbone totale

Dans le cas de l’approche macroéconomique, la totalité de l’empreinte carbone de la demande intérieure résulte de l’addition de ces trois grandes composantes, deux intérieures et une extérieure :

  • Les ménages sont directement à l’origine d’émissions de GES lorsqu’ils utilisent des combustibles et carburants avec leurs propres équipements. C’est notamment le cas dans les chaudières et autres appareils destinés à chauffer leurs habitations (y compris l’eau chaude sanitaire et la cuisson) et leurs voitures particulières et deux-roues motorisés, ainsi que dans des équipements de jardinage, de bricolage ou de loisir tels que les tondeuses, tronçonneuses… ou bateaux de plaisance.
  • Les émissions provoquées au cours de la production (y compris le transport et la distribution) de biens et services destinés à la demande intérieure (i.e. hors exportations) sont attribuées à l’empreinte carbone des personnes qui résident sur le territoire national. Les émissions associées à la production de biens et services exportées sont attribuées aux populations qui en sont destinataires.
  • Enfin, les émissions associées à l’imporation des biens et services (y compris le transport et la distribution)  importés pour satisfaire la demande finale intérieure sont également attribuées à l’empreinte des personnes qui résident sur le territoire national. Parmi ces émissions, on peut distinguer:
    • la part associée aux importations pour un usage productif (consommation intermédiaire des entreprises)
    • la part associée aux importations pour usage final.

Ce sont ces deux émissions qaui sont les plus complexes à évaluer : l’économie française étant ouverte sur l’extérieur, une partie des produits utilisés en France est importée et la fabrication de ces produits importés a également induit des émissions de CO2, cette fois à l’étranger. Comptabiliser les émissions de CO2 induites par la demande finale suppose donc de rajouter aux émissions intérieures précédentes l’ensemble des émissions « importées », qui sont d’origines diverses. En effet, dans le cas d’un bien importé et directement acheté par le consommateur ou l’investisseur final (un ordinateur produit en Asie par exemple), il faut comptabiliser à la fois les émissions de la branche d’activité correspondante (celle de la branche de production d’ordinateurs en Asie), mais aussi celles, en amont, liées à la fabrication des biens intermédiaires entrant dans le produit final (les composants électroniques) et celles, en aval, liées à l’acheminement (le transport, s’il est également importé, c’est-à-dire assuré par un transporteur étranger). Si l’achat concerne un bien final produit sur le sol français (un Airbus acheté par une compagnie aérienne par exemple), il faudra également rajouter des émissions importées aux émissions domestiques induites par cet achat, dès lors que la production de ce bien par une entreprise résidente a nécessité de recourir en amont à des produits intermédiaires importés (éléments de fuselage fabriqués en Allemagne dans cet exemple).

Un calcul input/output croisant les données Namea-Air et les TES symétriques de la comptabilité nationale permet de calculer le CO2 associé aux exportations et aux importations (voir l’étude de l’Insee ci-dessous et la page TES Symétrique).

 

 

 

b) Les résultats des trois sources (études) dépendent des hypothèses du modéle input-output

Selon l’étude de l’Insee de 2010, sur les 280 millions de tonnes émises en 2005 du fait de l’activité productive sur le sol français, environ la moitié correspond à des produits destinés à un usage intermédiaire, donc peut être réaffectée de façon ultime à une demande finale en d’autres produits. À l’issue de cet exercice de réaffectation, on obtient la description des quantités de CO2 émises sur le territoire et induites par la demande finale en chaque bien ou service.

Le résultat de cette évaluation serait spectaculaire : la quantité d’émissions de CO2 induites à l’étranger par nos importations serait de 339 millions de tonnes, soit un montant supérieur de 20 % aux émissions induites par l’activité productive sur notre territoire (280 millions de tonnes de CO2) en partant des coefficients techniques des pays exportauers vers la France. Mais en faisant l’hypothèse que la structure de production de nos partenaires était semblable à celle de la France, ces émissions importées seraient inférieures de plus de 40 %, à 195 millions de tonnes (voir ci-dessus). Ceci illustre le fait que la France est dans une position singulière, compte tenu de l’importance de son parc de centrales nucléaires : le contenu en CO2 d’un bien ou d’un service produit en France s’en trouve souvent inférieur à celui du même produit venant de l’étranger, du fait de l’énergie électrique mobilisée pour le produire.

De sont côté, la  quantité de CO2 émis induite par les exportations françaises se monte à 205 millions de tonnes ; 95 millions sont émises sur le territoire et 110 millions sont émises à l’étranger (du fait du contenu en importations de ces exportations).   Au total, en 2005, alors que 410 millions de tonnes de CO2  sont émises sur le territoire du fait de l’activité économique, la demande finale résidente induit en réalité l’émission de près de 550 millions de tonnes de CO2, pour près de 60 % en France et pour plus de 40 % à l’étranger.

Mais ils y auraient des différences importantes selon les 3 sources-études (Insee, SDES, OCDE). On sait que les émissions observées de l’OCDE sont inférieures à celles du SDES (voir ci-dessus). Mais il subsiste un écart important entre les 3 études sur les émissions importées et exportées, celle du SDES partant des données du TES symétrique d’Eurostat et des émissions du du CITEPA. La part des émissions importées dans celles produites intérieurement et importées n’est pas non plus la même variant de 54,7% dans l’étude Insee à 47,2% selon l’OCDE.

On a multiplié les émissions importés issues du SDES, soit 127 millions de tonnes d’émissions associées aux importations pour usage final et 163 millions de tonnes d’émissions associées aux importations de consommations intermédiaires (voir graphique ci dessus entre 1995 et 2022) par un coefficient de 0,95 pour tenir compte que ces chiffres portent sur toutes les émissions de tous les GES et pas sur le seul CO2.

En outre, les coefficients techniques du modèle du SDES sont ceux de la production en France pour le CO2 importé (voir tableau ci dessus). C’est probablement la raison pour laquelle les importations de CO2 du modèle sont sous-évaluées à 147 millions de tonnes au lieu de presque le double retenu en prenant plus ou moins les coefficients techniques des pays exportateurs vers la France (soit 127+163 = 290).

Le graphique suivant montre que les émissions de CO2 par secteur d’activité varient fortement entre la France et les autres ays, notamment la Chine. En 2019, la production d’électricité reste le premier secteur émetteur de COdans le monde, avec 41% du total des émissions dues à la combustion d’énergie. Elle est suivie par les transports (24%) et l’industrie (19%, y compris la construction). En Chine, l’industrie et le secteur de l’énergie (électricité et hors électricité) représentent, à eux deux, 85 % des émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie, contre 65% en moyenne mondiale. Les transports ont une place plus importante aux États-Unis (37%) et dans l’Union européenne (31%), tout comme les secteurs résidentiel et tertiaire.

Évaluations des émissions de CO2 selon trois sources en millions de tonnes en 2005

Répartition sectorielle des émissions de CO2 dans le monde (origine des émissions de CO2 dues à la combustion d’énergie en 2019, y compris cogénération et autoproduction)

Source : AIE

 

 

 

 

4/ Les émissions mondiales de CO2 : le « TES mondial » des émissions mondiales de CO2

Dans le cadre du projet FIGARO, Eurostat produit un ensemble de résumés annuels des estimations de l’empreinte carbone calculées sur la base des tableaux des entrées et sorties inter-pays (TIES) du projet (voir page Chaînes de valeur mondiales). Les empreintes carbone sont calculées en appliquant une modélisation de type Leontief, en utilisant lesTIES de FIGARO comme entrée principale et les émissions de CO2 comme extension environnementale. Les empreintes de carbone des ménages privés ne sont pas incluses dans les calculs du modèle, puisqu’elles ne sont pas couvertes par les TIES, elles sont donc ajoutées séparément aux résultats finaux. Les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) peuvent donc être considérées à partir de deux «perspectives»:

  • la perspective fondée sur la production présente les émissions provenant des activités de production économique dans l’économie d’accueil, par exemple les émissions de CO2 de l’économie de l’UE.
  • la perspective de la consommation présente les émissions liées à la demande finale (consommation) de produits et le pays ou la région dans lequel la demande finale a lieu. Cela inclut les émissions mondiales qui se produisent tout au long de la chaîne de production mondiale d’un produit qui arrive dans le pays ou la région concernée pour la demande finale. C’est ce qu’on appelle aussi l’empreinte carbone.

Comme pour la France, les sources d’estimation des émissions de CO2 basées sur la production et les émissions de CO2 basées sur la consommation ne sont pas identiques. Les émissions de CO2 basées sur la production sont directement observables et Eurostat utilise les comptes d’émissions atmosphériques pour les estimer. Les émissions fondées sur la consommation ne sont pas directement observables et les statistiques doivent être modélisées. Les estimations basées sur la consommation des émissions de CO2 présentées ci-dessous sont compilées à l’aide d’un modèle mondial multirégional d’entrées-sorties étendu par une variable environnementale — également appelée modélisation de type Leontief. Deux principales sources de données d’Eurostat alimentent le modèle pour compiler les estimations présentées ci-dessus.

En 2022, la consommation de l’UE (demande finale de biens et de services) a généré 4,8 milliards de tonnes d’émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit environ 9 % des émissions mondiales (schéma suivant). Environ 1,9 milliard de tonnes de ces émissions provenaient de pays tiers, par exemple des importations dans l’UE. Ainsi l’empreinte carboneE a atteint 4,8 milliards de tonnes d’ équivalent dioxyde de carbone (CO2 ), soit 34 % de plus que ses émissions liées à la production (3,6 milliards de tonnes).

Émissions de gaz à effet de serre de l’UE par rapport au reste du monde, 2022 (milliards de tonnes d’équivalents CO2)

Alors que la majorité des émissions de dioxyde de carbone (CO2 ) , d’oxyde nitreux (N2O ) et d’hydrofluorocarbures (HFC) liées à la consommation de l’UE ont été produites dans l’UE en 2022, plus de 50 % des émissions de méthane (CH4 ), de perfluorocarbures (PFC) et de trifluorure d’azote et d’hexafluorure de soufre (NF3-SF6) ont été générées en dehors de l’UE.En 2022, le CO2 était le plus grand contributeur, représentant 73 % de l’empreinte totale, suivi du méthane avec environ 20 %. Les gaz restants représentaient collectivement environ 7 %.

Pour mieux comparer les pays, il est utile d’examiner les émissions par habitant. La carte suivante illustre l’empreinte carbone des pays de l’UE en tonnes par habitant pour 2022. Les plus gros émetteurs par habitant sont des pays plus petits, comme Chypre (16,8 tonnes par habitant) et le Luxembourg (15,5 tonnes par habitant). L’Allemagne, avec 13,2 tonnes d’émissions par habitant, se classe parmi les plus gros émetteurs, tant en termes absolus que par habitant. En revanche, la France, bien qu’ayant l’une des émissions totales les plus élevées, se classe parmi les plus faibles lorsqu’elles sont mesurées par habitant. Entre 2010 et 2022, 21 pays de l’UE ont réduit leur empreinte carbone par habitant, tandis que 6 pays ont enregistré une augmentation. Malte, la Suède et la Finlande ont respectivement atteint des réductions de 40 %, 36 % et 35 %. En revanche, l’empreinte carbone

Au total, 1,9 milliard de tonnes (soit 40 %) de l’ empreinte carbone de l’UE ont été produites en dehors de l’UE. Parmi les pays du G20 , la part la plus importante provenait de la Chine (tableau suivant qui porte sur l’année 2021), qui représentait 429 millions de tonnes d’ équivalents CO2 , soit 22 % des émissions extra-UE associées à la consommation de l’UE en 2022. La Russie suivait avec 203 millions de tonnes (10 %) et les États-Unis avec 96 millions de tonnes (5 %). Environ 41 % des émissions provenaient de pays non membres du G20. Par rapport à 2021, les émissions de la Chine et des États-Unis dans l’empreinte carbone de l’UE ont augmenté respectivement de 15 % et 26 %, tandis que les émissions de la Russie ont diminué de 16 %.

Sur les 3,6 milliards de tonnes d’ émissions de gaz à effet de serre produites par l’UE en 2022, 0,7 milliard de tonnes, soit 20 % des émissions totales, étaient associées à des biens et services exportés par l’UE et consommés dans d’autres parties du monde. La plupart des exportations ont été destinées aux États-Unis, représentant 138 millions de tonnes d’ équivalent CO2 ( 19 % des émissions extra-UE), suivis par la Chine, avec 103 millions de tonnes (14 %).

Empreintes de gaz à effet de serre (tonnes par habitant) en 2022

 

Le tableau des émissions mondiales de CO2 est présenté dans la page Vers un Tableau entrées-sorties idéal et mondial. La part des émissions importées par la France dans le total des émissions liées à la demande finale est de 51%. Ce ratio varie selon les pays en fonction de plusieurs critères économiques:  en premier lieu le mix énergétique et notamment la part des centrales nucléaires et des énergies renouvelables dans la production d’électricité; ensuite l’importance de l’industrie dans la valeur ajoutée du pays. En Chine, où elle est supérieure à 30% de la valeur ajoutée totale, la part importée de CO2 est de 12%. À l’intérieur de l’UE, elle est de 40% en Allemagne contre 49% en France, avec une part dans la VA totale presque 2 fois plus élevée en Allemagne qu’en France. Quasiment tous les pays de l’hémisphère Sud ainsi que la Chine et la Russie sont des exportateurs nets de CO2 et ont un ratio faible des émissions importées dans le total des émissions liées à la demande finale (graphique suivant).

Part des émissions de CO2 importées dans le total des émissions liées à la demande finle en 2020 en %

 

 

5/ Les émissions par secteurs d’activité

a) Présentation

Aujourd’hui les inventaires d’émissions au format AEA (Air Émissions Accounts), auparavant dénommé inventaire NAMEA-AIR, répertorient les émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) et de polluants atmosphériques de la France . Ils sont disponibles sur le site de la SDES https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/inventaire-des-emissions-de-gaz-effet-de-serre-et-des-polluants-atmospheriques-par-branches.

Les comptes Namea-Air classent les sources d’émissions en 64 branches d’activités (nomenclature du TES de chaque pays sur la base Eurostat), conformément à la nomenclature statistique des activités économiques dans la Communauté européenne (NACE ou NAF pour la version française).

  • Cette ventilation est cohérente avec celle utilisée en comptabilité nationale et autorise ainsi le croisement de flux physiques atmosphériques avec les différents agrégats économiques (production, valeur ajoutée, composantes de la demande finale…).
  • Elle identifie également une catégorie spécifique « émissions directes des ménages »  (transport et chauffage dans les logements).
  • Elle permet des comparaions internationales.
  • Les inventaires AEA sont donc propices à l’élaboration d’indicateurs de suivi des pressions environnementales exercées par les différents acteurs économiques.

En outre, les émissions des transports sont allouées aux branches d’activités « services de transport » mais, si le transport a été effectué avec une flotte de véhicules appartenant à une branche d’activité qui fait du transport pour compte propre, les émissions sont affectées à cette branche d’activité.

Enfin, les inventaires AEA intègrent le transport international réalisé par les unités résidentes (transport des Français à l’étranger) et excluent les transports des étrangers en France.

Les potentialités d’exploitation de ces comptes sont donc nombreuses : contribution relative de chaque branche d’activités à la pollution atmosphérique, profils environnementaux typologiques d’activités économiques (graphique suivant), comparaisons internationales, émissions unitaires de chaque production, estimation des émissions associées à la demande finale, calculs d’empreintes… Ces potentialités d’exploitation sont exposées dans un document du SEOS travers de plusieurs exemples : analyse des pressions des ménages, suivi des émissions de HFC, comparaison internationale et constructions d’indicateurs économiques.

 

 

 

b) Les émissions de gaz à effet de serre par activité économique dans l’UE

Ici on se réfère à la seconde approche comptable des émissions de polluants dans la foulée du cadre NAMEA, l’ approche des inventaires du CITEPA étant étudiée dans le chapitre 9. Dans ces comptes des émissions atmosphériquesles données sur les émissions sont organisées par activité économique, à l’aide de la NACE. Cela permet d’avoir une analyse environnementale et économique intégrée pour compléter les comptes nationaux. Les activités économiques englobent la production de toutes les entreprises résidant dans un pays, y compris celles qui exploitent des navires, des aéronefs et d’autres équipements de transport dans d’autres pays.

Les comptes des émissions atmosphériques incluent également les ménages en tant que consommateurs.  Dans ces comptes , les émissions sont affectées aux activités économiques pour lesquelles les GES sont émis. Par exemple, les émissions déclarées comme transport dans les inventaires des émissions de GES sont en partie attribuées aux ménages et aux autres activités économiques qui exploitent leur propre parc de transport. Les émissions d’une voiture privée sont comptabilisées dans les ménages, tandis que les voitures appartenant à des entreprises de transport (comme les taxis) sont comptabilisées dans les services de transport. Leurs émissions sont ainsi comptabilisées dès lors que la consommation des ménages est directement responsable de pressions environnementales.

Les activités suivantes sont souvent regroupées ainsi pour la pollution de l’air et les gaz à effet de serre :

  • agriculture, sylviculture et pêche — NACE Rév. 2, section A;
  • industries extractives — NACE Rév. 2 section B;
  • fabrication — NACE Rév. 2 section C;
  • fourniture d’électricité, de gaz, de vapeur et de conditionnement d’air — NACE Rév. 2 section D;
  • transport et stockage — NACE Rév. 2 section H;
  • autres services, approvisionnement en eau et construction — NACE Rév. 2 sections E à G et I à U, c’est-à-dire toutes les autres activités économiques telles que définies dans la NACE;
  • Ménages — Ménages en tant que consommateurs.

Les comptes annuels des émissions atmosphériques offrent une analyse détaillée par 64 branches émettrices (classées par la NACE) ainsi que par les ménages tels que définis et classés dans les comptes nationaux . Ces 64 branches ont été d’abord regroupées en six groupes (voir ci-dessus).

Le graphique suivant montre les émissions de gaz à effet de serre par activité économique selon la classification NACE dans l’UE en 2021. Les segments comprennent les ménages, l’industrie manufacturière, l’exploitation minière et les carrières, le transport et le stockage, d’autres services d’approvisionnement en eau et de construction, la sylviculture et la pêche agricoles, l’électricité, la vapeur de gaz et la climatisation.

Dans la plupart des activités, le dioxyde de carbone était le gaz à effet de serre le plus émis. L’agriculture, la foresterie et la pêche ainsi que les mines et carrières étaient les seules activités où les émissions de méthane et d’oxyde nitreux (exprimées en équivalents CO2 ) étaient supérieures à celles du dioxyde de carbone.

Émissions de gaz à effet de serre par activité économique selon la nomenclature NACE, UE, en 2021 en %

 

 

 

 

 

1 – Analyse dans les États membres de l’UE

Parmi les pays de l’UE, les émissions de gaz à effet de serre par les activités économiques et les ménages en 2023 variaient considérablement (voir tableau 1). Ces différences sont dues en partie à des structures économiques différentes et à des combinaisons différentes de sources d’énergie renouvelables et non renouvelables. L’industrie manufacturière et la production d’électricité, de gaz, de vapeur et de climatisation étaient les principaux émetteurs de gaz à effet de serre dans 7 pays. Les ménages étaient la principale source de GES dans 5 pays, et les activités de transport et de stockage dans 4 pays.

 

Émissions de gaz à effet de serre par activité économique, 2023, (en milliers de tonnes d’ équivalents CO 2 )

 

 

 

2 – Comparaison des émissions de gaz à effet de serre avec la valeur ajoutée brute

Le graphique suivant  montre que les 5 principaux émetteurs représentent environ 60 % des émissions de gaz à effet de serre des 64 activités de production, alors que ces 5 principales activités de production ne contribuent qu’à 8 % du produit intérieur brut (PIB). Ces 5 activités de production sont : la production d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné (NACE D), la production végétale et animale, la chasse et les activités de services connexes (NACE A01), la fabrication d’autres produits minéraux non métalliques (NACE C23), le transport terrestre et le transport par conduites (NACE H49) et la fabrication de métaux de base (NACE C24). Le PIB est la somme de la valeur ajoutée brute des 64 activités de production plus les impôts nets sur les produits.

Émissions de gaz à effet de serre et valeur ajoutée brute par 64 activités de production (NACE), UE, 2023 (% cumulé)

 

 

 

 

4 – L’Intensités de GES des activités économiques

L’intensité des émissions de GES de l’ensemble de l’économie, soit la quantité d’émissions de GES en grammes d’équivalent COpar euro de valeur ajoutée dans l’UE, a diminué de 31,5 %, enà 2021 par rapport à 2008 (tableau suivant). Au sein du SCEE, les émissions atmosphériques sont enregistrées dans des comptes qui appliquent les mêmes concepts, structures, règles et principes comptables que le Système de comptabilité nationale.  Ces comptes d’émissions atmosphériques sont cohérents avec les comptes nationaux, y compris la ventilation par activité économique selon la nomenclature.

L’estimation de l’intensité des émissions des activités économiques nécessite des données d’émission qui soient conceptuellement alignées sur les données de la comptabilité nationale. Les inventaires des émissions de GES constituent le principal format de déclaration des émissions de GES, mais les secteurs sources d’inventaire ne peuvent pas être jumelés un à un avec les activités économiques (branches d’activités) enregistrées dans les comptes nationaux. Le champ d’application de chacun des secteurs sources dans les inventaires des émissions de GES est défini d’une manière qui correspond le mieux aux processus techniques sous-jacents qui entraînent des émissions de GES.

L’approvisionnement en électricité, en gaz, en vapeur et en climatisation représente de loin la plus grande quantité de GES émis par euro de valeur ajoutée. Les autres activités de production à forte intensité de GES sont l’agriculture, la sylviculture et la pêche, l’approvisionnement en eau, l’assainissement, la gestion des déchets et l’assainissement, ainsi que l’exploitation minière et les carrières. Les activités de production de services émettent beaucoup moins de GES par euro de valeur ajoutée. En général, les changements structurels de l’économie vers un secteur des services plus important impliquent moins d’émissions de GES.

Évolution de  l’intensité de CO2 par activité économique dans l’UE en 2008 et 2021

 

V – COMPTES DE L’ENVIRONNEMENT (LE SCEE)

La comptabilité nationale ne permet pas de prendre correctement l’environnement en considération. Elle est en effet axée sur les transactions monétaires dont l’environnement est largement exclu puisqu’il est librement accessible. Par ailleurs, l’approche en termes physiques, élaborée notamment à partir des indicateurs de synthèse, ne permet qu’une estimation des variations (positives ou négatives) des pressions et des impacts sur le milieu naturel. Il est apparu de plus en plus nécessaire de mesurer en terme monétaire (coûts ou bénéfices) ces différents éléments. Mais on peut le faire dans le cadre d’une analyse non intégrée à la comptabilité nationale. Ou on peut au contraire le faire en tentant cette intégration [8].

Le SCEE découle des efforts investis au cours de la période 1992-2012 envers la comptabilité des actifs en ressources naturelles et à l’intégration de données économiques et environnementales. Le Cadre central du SCEE représente les normes universelles du Système de comptabilité économique et environnementale telles les classifications, les conventions comptables et les méthodologies requises pour la création de comptes économiques et environnementaux liés, ajoutant de la valeur aux deux ensembles de données. Le document principal (cadre central du SCEE) est appuyé de deux publications connexes, la comptabilité expérimentale des écosystèmes du SCEE et les applications et extensions du SCEE. La publication du SCEE 2012 est un nouveau pas vers une approche intégrée de l’économie et de l’environnement. Il contient ainsi pour l’extraction de ressources naturelles marchandes une solution qui représente un progrès par rapport au SCN 2008 .

Le premier SCEE de 1993 a proposé d’y faire apparaître le coût des dommages d’environnement ou les dépenses de protection d’environnement, afin de corriger la mesure du PIB de ces coûts pour aboutir à un « Produit intérieur net ajusté pour l’environnement ». Le SCN 93 a conclu qu’il serait prématuré de transformer radicalement un système de comptes nationaux bien établi. D’une part, les réflexions conceptuelles ne sont pas encore mûres; d’autre part, l’évaluation monétaire, n’étant pas fondée sur des prix de marché, pose trop de problèmes. Le SCN93 consacrait tout un sous chapitre aux comptes satellites de l’environnement. Le SCN 2008 n’en consacre que quelques pages.

Dans ce modèle d’intégration de l’environnement aux comptes nationaux, la principale différence avec le cadre central du SCN  tient à un élargissement de la frontière des actifs naturels. Le cadre central ne retient que quelques actifs non produits de ressources naturelles (ceux qui sont sous le contrôle d’une unité institutionnelle et dont on peut escompter qu’ils procureront un revenu futur) tels les terrains, les réserves minérales et énergétiques, les ressources biologiques non cultivées, ressources en eau et autres ressources naturelles.

Le modèle d’intégration de l’environnement retient tous les actifs naturels qui peuvent être évalués en termes physiques, y compris les actifs environnementaux non économiques (air, forêt non-exploitée, eau de mer,…) .

 

 

1/ Le système de comptabilité économique de l’environnement (SCEE).

Une idée de base se trouve dans le SCEE. Partir du cadre central du SCN (des tableaux, des nomenclatures d’actifs,..) et y ajouter les éléments naturels.

 

a) principe général du manuel du SCEE 2012

Malgré ses imperfections, le SCEE offre un cadre de réflexion conceptuel riche où tous les problèmes d’environnement sont pris en compte . Ainsi, il peut éventuellement intégrer des estimations monétaires à partir des indicateurs de synthèse. Le SCEE part d’un tableau des ressources et des emplois (TRE) classique (TES en France).

Puis les flux physiques sont enregistrés en construisant les TRE en unités physiques de mesure. Ces tableaux, couramment appelés tableaux des ressources et des emplois physiques (TREP), servent à évaluer la manière dont une économie fournit et utilise l’énergie, l’eau et les matières, et à examiner les variations des modes de production et de consommation dans le temps. En combinant ces TREP avec les données fournies par les TRE monétaires, il est possible d’examiner les variations de productivité et d’intensité d’utilisation des matières naturelles, ainsi que le rejet de résidus.

La structure des TREP est basée sur les TRE monétaires décrits plus haut, complétés par des extensions incorporant une colonne pour l’environnement et des lignes pour les matières naturelles et les résidus. Le second tableau présente ces extensions.

Forme de base d’un tableau des ressources et des emplois monétaires

Forme de base d’un tableau des ressources et des emplois physiques

 

 

La colonne des administrations publiques est retirée dans le cas de la construction d’un TREP car, en termes physiques, l’activité de ces administrations est entièrement enregistrée dans la première colonne, celle des branches d’activité; en d’autres termes, la consommation intermédiaire associée aux activités des administrations publiques est incorporée dans les estimations de ces flux pour la branche d’activité concernée, par exemple dans le cadre de l’administration publique ou de la collecte et de la distribution de l’eau. Dans les TRE monétaires, la colonne des dépenses de consommation finale des administrations publiques reflète l’acquisition par celles-ci  de leur propre production, qui n’est pas un achat de biens physiques, mais une acquisition de services.

Dans le TREP, la colonne des ménages ne concerne que l’activité de consommation de ces derniers. Nombre de ménages exercent également diverses activités pour leur propre consommation (voir page Ménages et ISBLSM), notamment l’approvisionnement en eau et en bois de chauffage, et la production d’eau chaude grâce à l’utilisation de l’énergie solaire. Si ces activités sont souvent considérées comme relevant de la consommation directe des ménages par prélèvement dans l’environnement, dans le SCEE, tous les produits qui sont consommés doivent d’abord être enregistrés comme étant produits. Il s’ensuit que toutes ces activités de production et les flux associés de matières naturelles et de produits doivent être enregistrés dans la première colonne, celle des branches d’activité. L’activité de consommation des ménages enregistrée dans le TREP s’étend à la production de déchets solides et d’autres résidus découlant de la consommation.

Si la structure générale et les principes fondamentaux du TREP valent indifféremment pour la mesure des flux d’énergie, d’eau ou de matières, des lignes et des colonnes distinctes peuvent être utilisées pour chacun de ces sous-systèmes de flux physiques.
Le tableau précédent ne fournit qu’une introduction au TREP. Il existe tout un éventail d’adjonctions et d’améliorations qui doivent être apportées à ce TREP de base pour traiter de l’ensemble des flux de matières naturelles, de produits et de résidus pertinents.

Dans le TREP, l’identité des ressources et des emplois qui s’applique en termes monétaires s’applique également en termes physiques. Ainsi, pour chaque produit mesuré en termes physiques (par exemple, mètres cubes de bois), le volume de la production et des importations (total des ressources des produits) doit être égal à la somme des volumes de la consommation intermédiaire, de la consommation finale des ménages, de la formation brute de capital et des exportations (total des emplois des produits). L’égalité entre les ressources et les emplois s’applique également au total des ressources et des emplois des matières naturelles et au total des ressources et des emplois des résidus.

En sus de l’identité des ressources et des emplois, le TREP prévoit une identité supplémentaire concernant les flux entre l’environnement et l’économie. Cette seconde identité, appelée identité entrées-sorties, exige que les flux totaux destinés à l’économie, une entreprise ou un ménage, pendant un exercice comptable, ou bien soient restitués à l’environnement, ou bien s’accumulent dans l’économie. Par exemple, les flux d’énergie vers une entreprise sous la forme d’électricité et de produits pétroliers doivent être rejetés dans l’environnement une fois l’énergie utilisée (pertes de chaleur résiduelle), stockés (stocks en vue d’une utilisation future) ou intégrés dans des produits non énergétiques (par exemple, des produits pétroliers utilisés pour fabriquer des matières plastiques) (voir page Comptes de l’énergie).

b) Actifs environnementaux dans le Cadre central du SCEE

les actifs environnementaux sont les composantes naturelles vivantes et non vivantes de la Terre. Constitutifs de l’environnement biophysique, ces actifs peuvent procurer des avantages à l’humanité. Dans le Cadre central, les actifs environnementaux sont envisagés en termes de composantes individuelles constitutives de l’environnement, sans prise en compte directe des interactions entre ces composantes en tant que partie intégrante des écosystèmes.

Le champ des actifs environnementaux est déterminé en mettant l’accent sur les diverses composantes constitutives de l’environnement. Il s’agit des types de composantes susceptibles de fournir des ressources utilisables dans l’activité économique. En règle générale, les ressources peuvent être récoltées, extraites ou déplacées d’une autre manière pour être directement utilisées aux fins de la production économique, de la consommation ou de l’accumulation. Se trouvent ainsi englobées les terres et les étendues d’eau intérieures qui fournissent un espace à l’activité économique.

Sept composantes de l’environnement sont considérées comme des actifs environnementaux. Ce sont les ressources minérales et énergétiques, les terres, les ressources en sols, les ressources en bois, les ressources aquatiques, les autres ressources biologiques (à l’exclusion des ressources en bois et des ressources aquatiques) et les ressources en eau. C’est traditionnellement sur ces composantes qu’a été axée la mesure des actifs environnementaux dans le cadre de la construction de comptes d’actifs ou de ressources spécifiques.

La classification des actifs environnementaux d présentée dans le tableau suivant est axée sur les différentes composantes. Pour chacun de ces actifs, il convient de délimiter un domaine de mesure en termes physiques et monétaires aux fins de la comptabilité des actifs.

Classification des actifs environnementaux dans le Cadre central du SCEE

 

Nombre d’actifs environnementaux sont également des actifs économiques. En particulier, les ressources naturelles et les terres sont considérées comme des actifs non produits, et les ressources biologiques cultivées peuvent être des immobilisations ou des
stocks, selon leur fonction dans la production. La figure suivante présente le lien entre les classes d’actifs environnementaux et les classes d’actifs de haut niveau du SCN. Tous les actifs environnementaux qui sont classés comme cultivés doivent être enregistrés en immobilisations ou en stocks.

Relations entre les actifs environnementaux et les actifs économiques

La forme générale du compte d’actifs monétaires dans le SCN est présentée au tableau suivant. On note l’existence de liens étroits avec la structure du compte d’actifs physiques.

Forme conceptuelle du compte d’actifs monétaires (unités monétaires)

 

De même que pour les comptes de biens et services étendus à l’environnement, les comptes d’actifs environnementaux se proposent d’enregistrer l’encours d’ouverture et de clôture des actifs environnementaux et les différents types de variations de cet encours pendant un exercice comptable. L’un des objectifs de la comptabilité des actifs environnementaux consiste à déterminer si les tendances actuelles de l’activité économique épuisent et dégradent les actifs environnementaux disponibles. Les informations fournies par les comptes d’actifs peuvent aider à gérer les actifs environnementaux, et les évaluations des ressources naturelles et des terres peuvent être combinées avec les évaluations des actifs produits et des actifs financiers pour fournir des estimations plus générales de la richesse nationale.

Un compte d’actif s’ouvre sur l’encours d’ouverture des actifs environnementaux et se clôture sur leur encours de clôture. En termes physiques, les variations constatées entre le début et la fin de l’exercice comptable sont enregistrées soit comme des entrées en stock, soit comme des sorties de stock et, chaque fois que cela est possible, la nature de l’entrée ou de la sortie est enregistrée. En termes monétaires, les mêmes écritures sont insérées, mais une écriture supplémentaire est prévue pour enregistrer la réévaluation de l’encours des actifs environnementaux. Cette écriture correspond aux variations de la valeur des actifs au cours d’un exercice comptable, dues aux mouvements des prix des actifs.

Le volume et la valeur de l’encours des actifs environnementaux pendant un exercice comptable peuvent varier pour bien des raisons. Nombre de ces variations sont liées aux interactions entre l’économie et l’environnement dans le contexte, par exemple, de l’extraction de minéraux ou de la plantation de ressources en bois. D’autres variations des actifs environnementaux sont causées par des phénomènes naturels, comme les pertes d’eau de retenue dues a l’évaporation ou les pertes catastrophiques de ressources en bois dues a des incendies de foret.

Certaines variations entre l’encours d’ouverture et l’encours de clôture relèvent davantage du domaine de la comptabilité : il s’agit de variations dues à  l’amélioration de la mesure (réévaluations) ou concernant la catégorisation de l’actif concerne (reclassifications). La réévaluation du volume et de la qualité de ressources minérales est un exemple de réévaluation, et les écritures nécessaires a l’enregistrement des variations de l’utilisation des terres entre l’agriculture et les zones bâties correspondent a des reclassifications

Forme de base d’un compte d’actif environnemental
b) un exemple fictif du SCEE 1993

Tableau-49-SCEE-exemple-fictif-1

Nous présentons un exemple fictif issu du SCEE 1993 et 2003 pour mettre en évidence à la fois les comptes des dépenses et des actifs ce que reprend le SCEE 2012, mais aussi pour montrer le calcul du « PIB vert (ou PIB ajusté)« , ce que ne reprend pas le SCEE 2012.

Le modèle du SCEE part du cadre central du SCN tout en décomposant certains agrégats. Il comprend plusieurs versions successives qui correspondent chacune à une intégration supplémentaire de données environnementales.

* Le SCEE distingue les branches environnementales.

* Le SCEE distingue plusieurs types d’actifs naturels non-produits (eau, air,…).

* Le SCEE décompose le poste « autres changements de volume des actifs » entre d’une part des coûts d’environnement et d’autre part des variations positives. Dans le cadre central du SCN, le poste « autres changements de volume des actifs dus à des décisions économiques » est égal à 7 dans l’exemple fictif (ci-dessous).

Version I du SCEE élaborée à partir des concepts du cadre central du SCN 93 (exemple fictif)

 

 

1 – La mise en évidence des dépenses des activités liées à l’environnement

Dans une première étape, il s’agit de faire ressortir certaines données du cadre central : dépenses des activités de protection de l’environnement, y compris celles des activités auxiliaires, compte de patrimoine des actifs économiques naturels en terme monétaires. Les dépenses des activités liées à l’environnement comprennent :

– Les dépenses auprès des unités de production dont c’est l’activité principale ou secondaire. Leur total dans l’exemple fictif est égal à 36,2 (tableau suivant). Les emplois correspondent à des consommations intermédiaires (22,4), une consommation finale des ménages (8,8) et une consommation finale des administrations (5,0).

– Les dépenses auprès des unités de production dont c’est l’activité auxiliaire. Leur total est égal à 31,7. – Les dépenses « induites » (ou de « répercussion ») telles que les dépenses de santé provoquées par des dégradations de l’environnement. Leur total est égal à 19,6.

On récapitule l’ensemble de ces dépenses (100,2) dans le second tableau suivant en distinguant des dépenses de prévention et de remise en état.

Version II du SCEE avec les activités liées à l’environnement (exemple fictif)

 

 

 

2 – Désagrégation des comptes des actifs non financiers.

Le SCEE présente sous une forme plus désagrégée les parties des comptes des actifs non financiers du SCN qui concernent l’environnement (tableau suivant).

– D’une part, la classification des actifs naturels est plus détaillée (terres cultivées, terres non cultivées, ressources du sous-sol, air et eau).

– D’autre part, il s’agit de décomposer le poste « autres changements de volume des actifs dus à des décisions économiques » entre ses différentes composantes (épuisement, rejet de résidus, découvertes,…).

Dans cette seconde version, l’estimation de ces postes reste faite à partir de l’évaluation marchande des flux et des stocks des actifs, qui ne tient pas compte du développement durable mais seulement des prix de marché. Le total du poste « autres changements de volume des actifs dus à des décisions économiques » reste donc le même que celui du cadre central.

Comptes des actifs non financiers du SCEE (exemple fictif)

 

 

3 – Coûts d’environnement imputés aux valeurs marchandes

On calcule le « Produit intérieur net ajusté pour l’environnement », ou en bref, « l’éco-produit intérieur (EPI) », aux valeurs marchandes, en retirant au « produit intérieur net » certains éléments (emplois) du poste « autres changements de volume des actifs dus à des décisions économiques » (épuisement, rejet de résidus, remise en état,… ) du tableau précédent. Il s’agit des « coûts d’environnement imputés aux valeurs marchandes »(ou « éco-marge » dans le tableau suivant). Leur valeur est égale à la somme des « emplois naturels dus à des décisions économiques » (production, consommation,…). On distingue par ailleurs les autres causes de variation du poste « autres changements de volume des actifs dus à des décisions économiques », telles que les découvertes de nouveaux gisements. Celles-ci n’interviennent pas dans le calcul de « l’éco-produit intérieur ».

Le SCEE fait en effet à ce stade une distinction entre les coûts d’environnement imputés (coûts d’épuisement, coûts de dégradation,…) et les coûts d’environnement effectifs, ceux réellement supportés par les secteurs institutionnels (avant dernier tableau précédent).

Version IV du SCEE : coûts d’environnement en valeur marchande (exemple fictif)

 

 

 

4 – Coûts d’environnement imputés aux valeurs de maintenance

Le SCEE propose des estimations alternatives de ces coûts imputés. La principale méthode est celle des « valeurs de maintenance » (voir ci-dessus). On essaie d’estimer les coûts des dommages d’environnement en se demandant combien il en coûterait de dépolluer tel actif afin de le maintenir dans son état initial, sachant qu’il en coûte actuellement tant. On peut alors se référer éventuellement à des normes (cf. supra). Par exemple, pour établir le compte d’une forêt, on introduit, outre un élément lié à l’épuisement (normalement déjà pris en compte dans la méthode aux prix de marché), une estimation monétaire du coût de dégradation de la forêt liée à la pollution en référence à une norme de maintien de la qualité de la forêt sur longue période. Ces coûts sont supérieurs à ceux des valeurs marchandes qui ne prenaient en compte que les évolutions de prix liés à la rareté des ressources (tableau suivant).

Cette estimation passe donc par l’élaboration de comptes physiques de tous les actifs naturels (balances « matière-énergie », comptes des ressources naturelles ou du patrimoine naturel), y compris ceux qui ne sont pas économiques. Cette étape constitue en fait la troisième version du SCEE.

Dans l’exemple fictif, l’ensemble des coûts imputés aux valeurs de maintenance est de (82,0) dont (59,8) liés aux consommations intermédiaires, (17,1) liés à la consommation des ménages et (5,1) liés à la formation d’actifs produits. Le SCEE propose alors de retirer ces coûts du Produit intérieur net (267,1) afin d’obtenir un « Produit intérieur net ajusté pour l’environnement« , ou (« éco-produit intérieur -EPI » dans le tableau suivant), soit 185,1.

En fait, « l’EPI » est aussi égal à « l’EPI aux valeurs marchandes » précédemment calculé moins une ligne « ajustements dus à l’évaluation marchande » dont le total est de 61,2, qu’on peut répartir entre d’une part les différents actifs (53,1) (dont +5,0 de remise en état des actifs), d’autre part le solde des exportations et importations de dégradation de l’environnement (3,1), et enfin les dépenses des APU de remise en état (5,0).

Le SCEE répartit aussi ces coûts imputés entre les différents actifs, soit :

(-73,9) de dépréciation des actifs naturels liés aux autres changements du volume des actifs dus à des décisions économiques. Cette dépréciation se partage entre (-18,2) de coûts d’épuisement des ressources naturelles et en coûts de dégradation des actifs naturels (dont -9,8 de dégradation des sols, -49,3 de dégradation liée à d’autres pollutions d’origine intérieure et -1,6 de dégradation liée à d’autres pollutions d’origine extérieure). Cette dégradation des actifs naturels est toutefois en partie contrebalancée par les activités de remise en état des actifs (eaux et sols dans l’exemple numérique) dont la valeur est de +5,0 ;

  • (-5,0) des dépenses de remise en état des actifs. Ces dépenses sont considérées comme « défensives ». Les coûts de dégradation correspondants sont pris en compte dans les coûts imputés (en moins). Les remises en état correspondant sont aussi pris en compte (en plus);
  • (-4,7) d’exportations involontaires de dégradation de l’environnement;
  • (+1,6) d’importations involontaires de dégradation de l’environnement

Les dépenses de remise en état des actifs sont donc considérées comme « défensives ». Les coûts de dégradation correspondants sont pris en compte dans les coûts imputés (en moins). Les remises en état correspondant sont aussi pris en compte (en plus).

Version IV du SCEE : coûts d’environnement aux valeurs de  maintenance (exemple fictif)

VI – LES AVANCÉES DU SCN 2025

Certains comptables natioanux ont cherché à prolonger les travaux du SCEE avant la rédaction du manuel du SCN 2025. Mais ces travaux ont du mal à aboutir. Une étude de l’Insee présente des indicateurs issus de la comptabilité nationale ajustés des coûts induits par les émissions de gaz à effet de serre (GES).

  • Distinguer les traitements comptables des prélèvements sur les ressources naturelles et des dégradations liées aux pollutions;
  • pour les dégradations liées aux pollutions, considérer la valeur des services rendus par la nature à titre gratuit comme une consommation des autres agents, équilibrée par une composante négative de l’épargne, car le revenu national ne serait pas modifié. A. Vanoli a proposé de considérer la « Nature » comme un secteur à part en traitant les services rendus par elle à titre gratuit comme une consommation supplémentaire des autres secteurs (Un transfert en capital reçu de la nature serait alors enregistré dans les comptes d’accumulation) ou en excluant de la valeur de la production des ressources du sous-sol du cadre central, la valeur intrinsèque de la ressource [8].
  • pour les prélèvements sur les ressources du sous-sol, évaluer la production de l’activité minière en n’y incluant pas la valeur intrinsèque de la ressource, et traiter celle-ci comme un prélèvement sur un stock existant de matières premières et non comme une dépréciation d’un actif fixe utilisé durablement pour produire des biens;

1/ Faire apparaître la rente dans les comptes des ressources naturelles non renouvelables

Comment intégrer la Nature au SCN ? Le SCEE 2012 contient pour l’extraction de ressources naturelles marchandes une solution qui représenterait un progrès par rapport au SCN actuel. Dans le cas le plus simple, celui des ressources naturelles marchandes non renouvelables, il est prévu d’inscrire un ajustement de la valeur ajoutée nette et donc du PIN au titre de l’épuisement de la ressource mesuré par la rente.

Le traitement comptable de l’épuisement des ressources naturelles consisterait à retirer de la production et des revenus la valeur intrinsèque de la ressource à extraire car cela correspond à un don gratuit de la nature et non à une production de quelque activité économique. La valeur de la ressource in situ est donnée par la rente, c’est-à-dire le montant restant une fois déduits de la valeur ajoutée de l’activité extractive les coûts du travail, la consommation de capital fixe, c’est à dire la perte de valeur des équipements productifs subie au cours de l’année, et une rémunération « normale » du capital. De façon conventionnelle, on applique aux activités extractives, susceptibles de dégager une rente, un taux de rémunération du capital proche de celui de l’ensemble des activités économiques.

La rente constitue donc une valeur supplémentaire, un « surprofit » qui bénéficie aux activités exploitant une ressource rare. Cette valeur non produite reste pourtant comptabilisée dans la valeur de la production dans les comptes nationaux, faute d’accord international sur un traitement alternatif. La valeur de la quantité extraite de matière première non renouvelable pourrait être enregistrée comme la cession d’une tranche du gisement par le propriétaire à l’extracteur. Celle-ci serait enregistrée ensuite sous la forme d’une consommation intermédiaire de même montant pour l’entreprise effectuant le prélèvement. Ce traitement entraînerait une diminution de la valeur ajoutée dégagée par les activités extractives (voir exemple fictif ci dessous). Toutes choses égales par ailleurs, le PIB s’en trouverait diminué d’autant.

Il est donc possible que l’introduction de ce nouveau traitement dans le SCN soit proposée lors de la prochaine révision de celui-ci. Cet ajustement est conçu comme une consommation de capital fixe additionnelle. Il serait de beaucoup préférable de traiter les quantités extraites comme la cession d’une tranche d’un actif détenu sous forme de stock (le gisement) de ressources naturelles. Une conséquence notable de cette solution alternative serait que le PIB lui – même du pays bénéficiant de la détention des ressources naturelles extraites serait réduit et pas seulement son PIN.

Soit l’exemple d’un pays exportateur de pétrole brut. Le traitement actuel est le suivant : La production de pétrole brut est mesurée par la valeur des quantités extraites. Soit 100 cette valeur ; l’extraction nécessite 30 de consommations intermédiaires diverses, et elle fournit aux salariés des rémunérations d’un montant égal à 20. La valeur ajoutée brute s’établit donc à 70, et l’excédent brut d’exploitation (EBE) à 50. Le compte de production et d’exploitation de l’économie est le suivant :

tableau-120-rente-exemple-fictif-et-donnees-2012

 

Dans le compte d’affectation du revenu primaire, une partie de l’EBE de l’extraction est allouée au propriétaire du gisement, sous la forme d’un revenu de la propriété, analogue au loyer d’un terrain. Soit 40 ce revenu.

Dans le traitement actuel, le pétrole brut est implicitement produit directement sous forme de pétrole extrait. Un réexamen des relations de la Nature et de l’économie conduit au contraire à considérer que le pétrole brut, non extrait, préexiste à son extraction, sous la forme d’un stock, dont une partie seulement est mise à la disposition de l’Économie par la Nature à chaque période. (Mais on n’enregistre pas la totalité du stock, dont l’évaluation globale serait d’ailleurs particulièrement difficile lors de la découverte de ce gisement).

L’extraction consiste à transformer une partie de ce stock, afin de le rendre disponible au sein de l’Économie. Ce qui se traduit, dans le compte de production de l’activité d’extraction, par l’enregistrement, sous forme de consommation intermédiaire de ressources naturelles, de la partie du stock qui est extrait. Le montant de cette nouvelle forme de consommation intermédiaire, qui porte sur une ressource non produite, est acquitté au propriétaire du gisement. Il s’agit de la rente pétrolière, la troisième catégorie de revenus avec les salaires et les profits que distinguaient les économistes classiques, mais qui n’est pas reconnue dans les concepts actuels de la comptabilité nationale. Elle est égale au montant précédemment traité en revenu de la propriété, 40.

  • Le TRE (TES) est modifié de la façon suivante. On rajoute une ligne à la suite de la liste des produits pour les ressources naturelles non renouvelables (RNNR), qui sont non produites, et dont les totaux des ressources et des emplois sont tous les deux nuls, les emplois ne comprenant qu’une consommation intermédiaire de la branche BZ (+40) alimentée par une baisse des stocks de la Nature (-40). Ce qui fait baisser la VA et l’EBE (-40) de la branche BZ et de l’ensemble de l’Économie.
  • Le TEE est aussi modifié. On introduit des colonnes Nature en emplois et en ressources Cette dernière est vide. En emplois, on introduit la rente (+40) qui est « versée » par la Nature à l’Économie, en contrepartie de la variation des stocks (-40).

À l’issue de ce nouveau traitement, la VA, et donc le PIB, de l’économie extractrice sont réduits de 40. Mais les revenus de la propriété D4 sont augmentés de la rente (nouvelle entrée à créer dans le D4) et le total du revenu primaire n’est pas modifié : la diminution de l’EBE est compensée par la rente.

Si l’on admet cette présentation « théorique », on voit que la difficulté en pratique consiste à évaluer ce « 40 ». En l’absence de compétences techniques dans le domaine du traitement des RNNR, et bien que la France ne soit plus un gros producteur de ressources naturelles non renouvelables, on se contente de revenir aux données de la comptabilité nationale. L’idée très simple du calcul est d’estimer un taux de marge moyen Total hors AZ, BZ, LZ, de l’appliquer au BZ hors Rente et d’en déduire une évaluation de la rente, puis de la CI, de la VA et de l’EBE par différence, la production n’étant pas modifiée (second tableau ci-dessous).

Les données chiffrées sont celles de 2012.

 

D’où le nouveau TEE pour la France en 2012. Dans les deux colonnes Économie, seul le secteur des Sociétés et EI, S11+S14AA, est concerné, et presque uniquement le S11: en 2012 la production est de 5613 pour le S11 et de 20 pour les S14AA.Le même calcul depuis 1959 permet de tracer le graphique du partage VA / Rente.

Partage « VA / Rente » en millions d’euros entre 1959 et 2012

 

 

 

 

 

2/ Mesurer les coûts en terme monétaire de la dégradation des actifs naturels

a) Les travaux théoriques

Cette dégradation serait considérée du côté de la Nature elle-même, et non de celui des agents économiques qui peuvent en pâtir. Elle serait à mesurer essentiellement, soit par les coûts d’évitement ou d’abstention qui auraient permis ou pourraient permettre d’éviter la dégradation de ces actifs, soit par les coûts nécessaires à leur restauration. Ces coûts sont considérés comme des « coûts écologiques non payés » par les activités économiques qui sont à l’origine des dégradations. Ces coûts écologiques non payés seraient ajoutés aux coûts économiques payés par la demande finale résidente pour obtenir la valeur de celle – ci aux coûts totaux.

  • Les « coûts écologiques non payés » (CENP) sont les coûts des atteintes aux actifs naturels résultant des activités économiques qui n’ont pas été évitées ni réparées par des coûts internalisés supportés par l’économie. Il s’agit des coûts des atteintes à la nature, non pas de l’ensemble des coûts environnementaux. Les CENP sont supposés estimés, non par la valeur estimée des services d’écosystèmes perdus, mais par les coûts que l’économie aurait dû supporter pour éviter la dégradation des actifs naturels ou qu’elle devrait supporter pour les restaurer ou les compenser par des actifs équivalents. L’idée est analogue à celle des coûts de maintenance du SCEE 1993. Les CENP s’interprètent comme étant valorisés en termes d’équivalents valeurs de transaction.
  • La dette écologique est la dette de l’économie envers la nature. Le stock de dette écologique résulte de l’accumulation des CENP annuels depuis la première année de dépassement, d’un seuil écologique (niveau de concentration, taux de contamination d’un milieu naturel). Elle fait référence (dans l’idéal) à des seuils de résilience écologique : niveau de pression / concentration, entraînant un dépassement de capacités d’absorption des milieux naturels. Si de tels seuils ne peuvent être connus (ou inatteignables), on a recours aux normes légales actuelles.

 

Comme les comptes de production et de revenu du SCN ne sont par ailleurs pas modifiés – les coûts non payés n’étant pas internalisés – , la valeur plus élevée attribuée à la demande finale se traduit, à revenu disponible économique inchangé, par une épargne réduite d’un montant équivalent à celui des coûts écologiques non payés.  Il s’agit au départ de grandeurs monétaires qui se traduisent par un ajustement à la hausse ou à la baisse de certains agrégats des comptes nationaux. La prise en compte du coût non payé de la dégradation et sa comptabilisation aurait pour conséquence d’accroître le montant de la demande finale intérieure (consommation finale pour l’essentiel). Les comptes de l’Économie seraient alors rééquilibrés par un transfert en capital (involontaire) de la Nature à l’Économie. Ces enregistrements montreraient bien que nous consommons une partie de la Nature.

Il est égal, au cours d’une période donnée, au flux de coûts écologiques non payés. Comme l’introduction de ces coûts dans les comptes de l’Économie augmente la valeur des utilisations de son revenu (économique) lui-même inchangé, un montant équivalent d’épargne négative apparaît. Les comptes de l’Économie sont rééquilibrés par un transfert en capital en provenance de la Nature. [Celui-ci correspond à la variation de la dette écologique de l’Économie.]. Du côté de la Nature, un compte partiel de variation de patrimoine enregistre d’un côté la valeur du flux de dégradation des actifs naturels intervenue dans la période, de l’autre le transfert en capital à l’Économie correspondant.

A. Vanoli prend un exemple chiffré simplifié (en économie fermée). Par hypothèse, le  revenu national brut (RNB) de 1 000 (égal au PIB), se décompose en 900 de consommation finale (CF) et 100 de formation brute de capital fixe (FBCF), avec une dégradation additionnelle (CENP) de 50 attribuée pour 45 à la CF et 5 à la FBCF. L’épargne brute corrigée n’st plus que de 55 au lieu de 100. La consommation finale (CF) aux coûts totaux est de 945 aulieu de 900 pour la CF aux coûts payés (la CF du SCN actuel). Il en va de même pour la FBCF aux coûts totaux égale à 100 + 5.

Un exemple chiffré simplifié (économie fermée) de l’introduction de la Nature dans le cadre central

 

Ce compte partiel de variation de patrimoine de la Nature s’articule avec un compte de patrimoine de la Nature lui-même partiel. Ce dernier comporte deux postes, tous deux à l’actif. Le premier, comptabilisé en négatif, enregistre la dégradation accumulée des actifs naturels du fait des activités économiques (accumulation de coûts écologiques non payés). Le second enregistre le montant équivalent de la dette écologique accumulée de l’Économie envers la Nature (accumulation de transferts en capital de la Nature à l’Économie). Les restaurations éventuelles d’actifs naturels antérieurement dégradés donnent lieu à des écritures en sens contraire des précédentes et en particulier des transferts en capital de l’Économie à la Nature.

Cette représentation comptable traite ainsi l’Économie et la Nature comme deux entités distinctes à l’intérieur d’une super – entité Planète, alors que le SCEE fait de la Nature une partie de l’Économie. Les coûts écologiques concernés ont comme contrepartie un transfert en capital de la Nature à l’Économie. Leur inclusion-juxtaposition dans l’évaluation de la demande finale aux coûts totaux ne modifie pas le circuit économique de la production au sens du SCN.

Ce coût devrait être mesuré et comptabilisé lorsque la pression des activités économiques sur la nature est trop forte pour que ses fonctions régulatrices (renouvellement de l’air, purification de l’eau) se maintiennent normalement. L’accumulation d’émissions dans l’air, l’eau ou les sols peut entraîner des perturbations écologiques rendant inopérantes de telles fonctions. Apparaissent alors des dommages environnementaux plus ou moins importants. Ainsi, des rejets réguliers de polluants dans les rivières par certaines industries entraînent une contamination durable de l’eau. A ce stade, les « services » d’absorption fournis par la nature deviennent coûteux, dans le sens où le retour à leur fonctionnement normal exige des mesures correctrices (travaux de réparation, mesures fiscales ou réglementaires visant à réduire la pression sur la nature).

Devant la difficulté de déterminer le moment précis d’apparition de coûts écologiques non payés, une solution pragmatique consiste à se référer aux seuils (normes ou objectifs) fixés par les autorités politiques. Ce sont alors les quantités physiques (émissions dans l’air) dépassant de tels seuils qui doivent être prises en considération et valorisées en termes de coûts, même si leur fixation peut prêter à discussion. En effet, ces seuils peuvent avaliser un certain niveau de dégradation de la nature ou, au contraire, marquer une exigence plus sévère que le véritable « seuil de résilience écologique », notamment dans des cas d’application du principe de précaution (se prémunir de risques graves et irréversibles, même en l’absence de certitude scientifique).

 

 

 

3/ L’épargne nette ajustée des effets liés au climat est négative en France

Une étude de l’Insee présente des indicateurs issus de la comptabilité nationale ajustés des coûts induits par les émissions de gaz à effet de serre (GES) [8] https://www.insee.fr/fr/statistiques/8276271?sommaire=8071406.

En 2023, la France a émis de par son activité économique 403 Mégatonnes de GES en équivalent dioxyde de carbone (Mt CO2 éq), tandis que son empreinte carbone s’est élevée à 644 Mt CO2 éq  (tableau suivant). Au niveau mondial, les émissions de GES se sont élevées à 53 Gigatonnes en équivalent CO2 (Gt CO2 éq).

Émissions  de gaz à effet de serre (GES) en France et dans le monde

 

 

 

 

a) Les émissions de GES dégradent le « capital climatique » et épuisent le « budget carbone »

Les émissions de GES entrainent deux types de coûts voire trois.

  • D’une part, des coûts associés aux dommages climatiques, qui peuvent affecter notamment la productivité, l’emploi et la valeur des actifs, par exemple, les rendements agricoles présents et futurs. Dans ces coûts figurent également ceux de l’adaptation des agents aux conséquences du changement climatique.
  • D’autre part, des coûts induits par la nécessité de décarboner l’économie, en grande partie résultant des politiques visant à restreindre les émissions.
  • Enfin d’autres coûts ne sont pas pris en compte, même implicitement, dans les mesures de production brute et de  des comptes nationaux usuels. Il s’agit des dommages portant sur des produits ou des actifs allant au-delà du périmètre standard de la comptabilité nationale, en particulier ceux qui affectent directement la santé et la mortalité des ménages. Les indicateurs incorporant également ces coûts peuvent aussi être calculés, et sont alors dits «  ».

b) Une valorisation des dommages de près de 70 milliards d’euros en 2023, avec une large marge d’incertitude

Sur une base américaine de valorisation du coût social du carbone, les émissions françaises – émissions des unités résidentes – en 2023 auraient dégradé le capital climatique mondial de 36 milliards d’euros pour sa composante située dans les frontières du PIB  (tableau suivant). En plus de cette dégradation, l’effet sur la santé et la mortalité dans le monde induite par les émissions françaises s’élèverait à 33 milliards d’euros, soit un total de 69 milliards d’euros (tableau suivant).

Mais ces valorisations des dommages correspondent aux dommages induits sur l’ensemble du monde (y compris la France) par les émissions liées à l’activité économique française. De façon symétrique, les dommages pour la France des émissions mondiales (y compris françaises) peuvent être évalués. Le coût social des dommages pour la seule France peut être approximé en le considérant comme proportionnel au poids économique de la France dans le PIB mondial. En appliquant ce coût aux 53 Gt CO2 éq  au niveau mondial, les dommages pour la France induits par les émissions mondiales peuvent ainsi être estimés à 144 milliards d’euros.

Les  émissions ont conduit à consommer le budget carbone à hauteur de 57 milliards d’euros L’estimation aussi assez complexe est faite à partir de la notion qui permet de valoriser le coût des actions de décarbonation à savoir la « valeur d’action pour le climat » estimée à environ 154 €/t CO2 éq en 2023. Au total, le coût cumulé des dommages (dégradation climatique) et des politiques d’atténuation (épuisement du budget carbone) induites par les émissions françaises se monterait à 93 milliards d’euros en 2023, soit la somme de 36 milliards de dommages dans le monde liés aux émissions françaises et 57 milliards de consommation du budget carbone.

c) Le produit intérieur net ajusté des émissions de GES françaises est inférieur de 4,1 % au produit intérieur net

Les indicateurs synthétiques proposés assimilent l’effet des émissions à des consommations de capital, conduisant à des indicateurs nets ajustés de cette consommation. Ce type d’indicateurs se rencontre déjà dans la comptabilité nationale : par rapport au produit intérieur brut ou à l’épargne brute, le produit intérieur net (PIN) et l’épargne nette (EN) sont obtenus en ôtant de chacun des indicateurs bruts la consommation de capital fixe. Celle-ci correspond à l’obsolescence et l’usure de capital ayant lieu au cours de l’année.

Le même raisonnement peut être appliqué au capital climatique et au budget carbone : ceux-ci sont dégradés par les émissions de GES, ce qui a pour conséquence d’affecter la production future. Le PIN, ajusté des émissions de GES (PINA), c’est-à-dire de la dégradation du capital climatique et de la consommation du budget carbone, valorise bien l’activité du pays en tenant compte de l’épuisement de ressources qui n’était pas mis en évidence jusqu’alors. De même, l’EN ajustée (ENA) correspond à la valeur effectivement restant disponible à l’échelle de l’économie, une fois l’ensemble des consommations comptabilisées : celles de la demande finale comme celles liées au patrimoine. Aussi une épargne négative signale un manque de soutenabilité : la production courante n’est pas suffisante, relativement aux consommations, pour maintenir le niveau des actifs.

Ainsi le PINA des émissions de GES se monterait en 2023 à 2 200 milliards d’euros, contre 2 294 Mds pour le PIN, soit plus faible de 4,1 %. Sur le plan conceptuel, cet indicateur ajusté fournit une mesure de la production nationale actuelle dont sont déduits les coûts implicites induits par les émissions qui accompagnent cette production courante et compromettent la capacité de production future. En plus de ces coûts, les dommages sur la santé et la mortalité ne sont pas pris en compte par les comptes nationaux. L’extension à cette dimension conduirait à faire baisser le PINA de 33 milliards supplémentaires, l’amenant à 2 167 milliards en 2023, soit 5,5 % de moins que le produit intérieur net usuel.

L’épargne nationale est définie comme la différence entre le revenu national et l’ensemble des consommations nationales. L’épargne nette au sens usuel est égale à l’épargne moins la consommation de capital fixe. De même que le PIN, l’EN peut être ajustée en tenant compte de la consommation du capital climatique et de l’épuisement du budget carbone. Néanmoins, à la différence du produit intérieur, l’épargne nationale n’est pas affectée par la dégradation du capital climatique due aux émissions sur le territoire français mais par celle induite pour la France par les émissions mondiales. Ainsi, l’ajustement conduisant à l’épargne nette ajustée (ENA) conduit à ôter 201 milliards d’euros à l’épargne nette, l’établissant à -133 milliards euros . Ces 201 milliards correspondent à la somme de 144 milliards de dommages en France liés aux émissions dans le monde et 57 milliards de consommation du budget carbone, l’établissant à -133 milliards.

Contributions des émissions à l’ajustement du PIN et de l’épargne nette en milliards d’euros

 

 

 

4/ Le SCN 2025 prend-t-il mieux en compte l’environnement ?

La prochaine version du SCN devait :

  • adopter l’enregistrement de l’épuisement des ressources naturelles dans le SCEE,
  • inciter les pays à calculer cet épuisement,
  • fournir une image améliorée de la richesse en ressources naturelles par secteurs institutionnels : les administrations publiques par rapport aux sociétés non financières.
  • les permis d’émission continueront d’être comptabilisés comme des taxes. La manière d’évaluer ces taxes reste à défini,
  • le périmètre des actifs du SCN devrait inclure les actifs liés aux énergies renouvelables.

 

 

 

a)  Valorisation des ressources naturelles dans le cadre des SCN 2008, 2025 et du SCEE

Le SCN 2008 mesure les échanges et les actifs suivant leur valeur de marché – le SCEE adopte le terme de “valeur d’échange”, ce qui est en général la même chose. Dans le SEC 2010, on retient ssurtout la définition d’un actif économique et d’un actif naturel.

« SEC2010 – §7.15 – Un actif économique est une réserve de valeur, dont la détention ou l’utilisation au cours d’une période déterminée procure des avantages à son propriétaire économique. La détention d’un actif permet le report de valeur d’une période comptable à l’autre. »

« SEC 2010 – §7.26 – Pour pouvoir être rangés dans la catégorie des actifs naturels, les actifs doivent satisfaire à la définition générale de l’actif économique, à savoir non seulement avoir un propriétaire économique effectif, mais aussi être à même de procurer un avantage économique à celui-ci, compte tenu de l’état de la technologie et des connaissances scientifiques, de l’environnement économique, des ressources disponibles et des prix relatifs. Les éléments du patrimoine naturel sur lesquels aucun droit de pro­priété n’a encore été établi – l’air ou les océans, par exemple – sont exclus. »

 

La valeur actualisée nette (VAN) est souvent utilisée pour mesurer de la rentabilité d’un investissement / d’un projet / d’une activité, elon la formule suivante :

Dans le SCN 2025, les principaux changements oncernant les actifs naturels seraient :

  • Reconnaître et mesurer l’épuisement des (services marchands rendus par les) ressources naturelles,
  • Reconnaître un nouvel actif pour les “ressources d’énergie renouvelable” (voir ci-desous) dans le compte de patrimoine pour mieux refléter la transition énergétique,
  • Isoler les ressources naturelles dans une catégorie d’actifs à part, utile pour pouvoir clarifier les consignes de mesure et faciliter la communication

En théorie le SCN 2008 couvre déjà l’essentiel des ressources naturelles. Mais elles sont très peu suivies en pratique. Les changements proposés devraient obliger les comptables nationaux à consacrer davantage de moyens aux chiffrages.

Dans certains pays, comme la France, les changements seront toutefois très faibles pour trois raisons :

  • les ressources exploitées de gaz et pétrole sont très limitées ce qui entraîne un épuisement associé très limité,
  • les forêts sont déjà considérées comme entièrement “cultivées” donc il y aura pas de changement dans le moment d’enregistrement de la production,
  • jusqu’à aujourd’hui, la rente d’exploitation de l’énergie renouvelable (hors subvention) était négative  ce qui signifie que la valeur de l’actif est nulle.

 

 

 

b) Ressources énergétiques renouvelables (par exemple les forêts)

Les questions sont :

  • Reconnaissance des ressources énergétiques renouvelables sous certaines conditions comme actifs de ressources naturelles dans le SCN 2025 (voir chapitre sur le SCEE),
  • Représentation symétrique des ressources énergétiques fossiles et renouvelables,
  • Représentation dles « quantités exploitables » aujourd’hui et à l’avenir,
  • Comment  estimer de manière robuste les coûts de production quand la technologie évolue rapidement ?
  • Les valeurs actualisées nettes devraient ainsi être plus importantes dans le SCN 2025 du fait de la prise en compte des Ressources énergétiques renouvelables.

 

 

 

c) L’épuisement des ressources naturelles

En principe, l’extraction des ressources naturelles ne devrait pas être comptabilisée comme un revenu. Contrairement au SCN 2008, le SCEE identifie l’épuisement des ressources naturelles comme un élément à retirer du revenu net. La proposition consisterait à aligner le SCN 2025 sur le SCEE, ce qui a les implications suivantes :

le produit intérieur brut

– consommation de capital fixe

= produit intérieur net (SCN 2008)

– épuisement des ressources naturelles

= produit intérieur net (SCN 2025, en principe)

Il existe des preuves irréfutables que dans la plupart des pays, les revenus des ressources naturelles sont partagés entre le gouvernement et les entreprises extrayant les ressources naturelles non renouvelables. Le SCN 2008 reconnaît cette complexité mais recommande, pour des raisons de simplicité, la propriété du gouvernement par convention.  Celle-ci ne correspond pas à la réalité car dans plusieurs cas les gouvernements obtiennent moins de la moitié de la rente des ressources d’une mine. Les comptes devraient révéler dans quelle mesure les gouvernements sont capables de capter les revenus? La recommandation pour le SCN 2025 est d’attribuer la propriété économique en fonction des parts de la rente des ressources.

 

 

d) Les systèmes d’échange de quotas d’émission

La question a été débattue dans le passé sans parvenir à un résultat commun. La mise à jour du SCN 2008 offre l’opportunité de proposer une solution d’enregistrement satisfaisante. Les principaux points de discussion sont :

– La remise d’un permis : paiement d’une taxe (sans contrepartie, ce qui est la pratique actuelle en matière d’enregistrement) ou utilisation de l’atmosphère pour le stockage du carbone : c’est-à-dire paiement d’un loyer ?

– Entre sa délivrance et sa restitution, le permis représente-t-il un actif financier ou non financier ?

– La remise du permis représente une transaction économique (par exemple, le paiement d’une taxe ou d’un loyer). Sa valeur transactionnelle est-t-elle la valeur d’émission ou la valeur marchande à la remise ? La comptabilité d’exercice semble impliquer qu’il faut suivre la valeur marchande en vigueur. Cependant, l’enregistrement de recettes fiscales inégales par rapport aux recettes réelles n’est pas souhaitable.

 

 

 

e) Pourquoi le moment est venu d’adopter le revenu net et l’épargne nette ?

Comme la dépréciation du capital n’est pas une valeur nouvellement créée, le SCN 2008 explique à juste titre que le revenu national est un concept net. Pourtant, les comptables nationaux et les utilisateurs s’en tiennent au produit intérieur brut, au revenu et à l’épargne. Certes le capital et de la consommation de capital fixe peuvent être difficilement mesurables. Les économistes J. Stiglitz, A. Sen et J.P. Fitoussi (2009) expliquent que la durabilité est davantage liée au revenu net qu’au revenu brut https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/094000427.pdf. Or on accorde plus d’Importance à l’enregistrement de l’épuisement des ressources naturelles comme indiqué précédement. L’élargissement du champ d’application des investissements immatériels (logiciels, R&D, données, actifs de marketing) diminue les informations des comptes nationaux sur leurs coûts d’utilisation et contribue à « l’inflation du PIB ».

VII – LA COMPTABILITÉ D’ÉCOSYSTÉMES 

Les écosystèmes sont sources de très nombreux « bienfaits » pour l’espèce humaine, gratuits tant que les écosystèmes sont préservés. Ils procurent de nombreux services dits services écologiques ou services écosystémiques. Certains étant vitaux pour de nombreuses espèces ou groupes d’espèces, ils sont généralement classés comme bien commun et/ou public. Depuis la Conférence des Nations-Unies sur l’environnement et le développement  de 1992 de Rio de Janeiro, ces services écologiques commencent à être quantifiés, et certains tentent d’évaluer leur valeur économique.

Les comptes d’écosystèmes englobent ainsi les comptes du patrimine naturel et des actifs naturels. Mais ils sont plus larges tout en pouvant s’appliquer à un écosystéme particulier par exemple à telle ou telle forêt. Les comptes écosystémiques du capital naturel sont applicables à tous les écosystèmes, qu’ils soient naturels ou modifiés par les activités anthropiques, destinée à mesurer leur capacité à fournir leurs services, maintenant ou dans l’avenir, directement à des personnes ou comme intrants dans la production de biens et services.

Une autre différence avec les comptes d’actifs naturels est de produire ces comptes en unités physiques, mais ensuite de valoriser ces services et les coûts de restauration. C’est d’ailleurs une question importante.

 

Comment les services et actifs écosystémiques sont-ils enregistrés dans le SCN ? La production du SCN comprend tous les biens produits pour son propre compte (par exemple la cueillette de baies, champignons, etc…). Les actifs naturels du SCN sont uniquement des actifs économiques, détenus et gérés dans un but lucratif ; Le SCN inclut les actifs détenus par les administrations publiques mais exclut les fonctions des écosystèmes qui profitent à d’autres et au public. Du coup plusieurs prix ne sont pas fixés correctementLes fonctions des écosystèmes ne sont pas comptabiliséees (prix nul).

Les indicateurs macro‐économiques n’intègrent donc pas la dépréciation du capital naturel et ne considèrent la Nature que pour autant qu’elle fournisse des ressources économiques exploitées et valorisées en monnaie. Les fonctions premières des écosystèmes, leur dégradation ou leur amélioration ne sont pas prises en compte ni dans la richesse des nations ni dans les échanges économiques internationaux. Ceci rend incomplète la mesure des performances économiques et des progrès sociaux dans un contexte de développement durable.

L’UE a servi de test à grande échelle pour le premier manuel des Nations unies sur la comptabilité des écosystèmes publié en 2014. Les résultats et les conclusions du projet INCA (Integrated Natural Capital and ecosystems services Accountin) ont permis d’alimenter la version révisée du manuel de l’ONU : Comptabilité des écosystèmes (SEEA CE), de mars 2021 . Au sein de l’INCA, le JRC a publié jusqu’à présent des comptes des services écosystémiques pour la fourniture de cultures, la fourniture de bois, la régulation mondiale du climat et la lutte contre les inondations (accès au rapport complet), purification de l’eau, la pollinisation des cultures et les loisirs naturels. Le JCR élabore des comptes physiques et monétaires, sur la base d’une combinaison de statistiques officielles et de modèles spatiaux, qui sont nécessaires pour déterminer le flux réel des services écosystémiques. En raison des cycles variables et parfois longs de mise à jour des données des différents ensembles de données d’entrée, le dernier point de données actuel est 2012. Parallèlement, des travaux visant à accélérer la production de comptes de services écosystémiques sont en cours.

Un rapport a été publié par Eurostat en 2021 : http://europa.eu/eurostat/fr/web/products-statistical-reports/-/ks-ft-20-002. Il présente les comptes d’étendue des écosystèmes (pour 9 grands types d’écosystèmes), des comptes de l’état des écosystèmes (pour les forêts, les agro-écosystèmes, les rivières et les lacs) et des comptes de services écosystémiques (pour un sous-ensemble de services écosystémiques) pour l’UE.  À l’avenir, il est prévu d’élaborer une liste plus large de types d’écosystèmes. Cela permettrait de fournir davantage de détails sur l’évolution de l’étendue et de la répartition spatiale des écosystèmes dans l’UE.

Il présente des résultats agrégés pour sept des comptes de services écosystémiques produits par le projet INCA – la pollinisation des cultures, l’approvisionnement en bois, purification de l’eau, protection contre les inondations, piégeage du carbone et loisirs dans les zones de grande valeur, carbone et les loisirs dans les zones naturelles de grande valeur, calculés pour 2012. En outre, le rapport présente une première estimation de la valeur économique fournie par un ensemble plus large de services écosystémiques dans l’UE en 2019, qui s’élève à 234 milliards d’euros. Cette valeur est comparable à la valeur ajoutée brute de l’agriculture et de la sylviculture réunies.

 

 

 

1/ Les principes des comptes d’écosystèmes

Les comptes centraux d’écosystème sont établis en unités physiques. La question est vomment passer des quantités aux valeurs?

• Valeur économique = quantité x prix
En comptabilité d’entreprise et nationale: les valeurs sont établies par le marché, elles sont observées; les prix sont fixés par les agents économiques, ils se rapportent à des coûts de production, à la capacité pour le vendeur de faire des profits, à la qualité du produit pour l’acheteur, à la capacité de celui-ci à négocier des rabais …

• Valeur écologique = quantité x équivalent-prix
S’agissant du Compte de capital d’un écosystème; les valeurs doivent être calculées, connaissant les quantités et en utilisant un indice composite de « qualité » (jouant le rôle de prix de marché). Il y a deux options.
– Equivalent général : mesure des réserves des diverses fonctions de l’écosystème et leurs changements (dégradation, amélioration), applicable a tout écosystème
– Mesure conventionnelle, mais transparente et vérifiable, elle doit être utilisé pour enregistrer des crédits écologiques (amélioration de l’écosystème) et les dettes (dégradation).

 

 

a) La comptabilité écosystémique du capital naturel (CECN)

Publiée en 2014, la CECN est une version d’application des comptes physiques du volume du SCEE sur les écosystèmes qu’elle complète par la définition d’un le cadre comptable formel, y compris un jeu complet de tableaux détaillés et articulés entre eux. La CECN permet d’intégrer les comptes de base de tout écosystème (biocarbone, eau et intégrité de l’infrastructure écosystémique), quantités et état de santé, et de calculer un agrégat, la Capabilité Écosystémique Totale (CET). Une perte de CET signifie dégradation de l’écosystème et création d’une dette écologique vis-à-vis de la nature considérée comme bien public. Un accroissement de la CET peut quant à lui correspondre soit à un amortissement de la dette écologique, soit à la création de valeur écologique nouvelle, c’est-à-dire de créances écologiques escomptables par leurs titulaires. La CET se calcule à toute échelle géographique de la planète aux pays et jusqu’aux unités élémentaires de diagnostic écologique appelées systèmes socio-écologiques. Comme pour le climat, la dégradation écosystémique est évaluée en référence à une valeur-cible biophysique à ne pas dépasser.

Il n’y a pas de valorisation en monnaie des ≪ services ≫ et ≪ actifs ≫ ecosystémique mais un calcul de la valeur écologique des systèmes socio-écologiques avec une unite conventionnelle : l’unite de capabilité ecosystémique (UCE ou ECU). La dégradation des écosystèmes se mesure par la perte de capabilité ecosystémique totale (CET ou TEC). Les calculs monétaires sont renvoyés a des comptes satellites des couts de restauration et de Services spécifiques non couverts par la statistique des produits.

 

 

 

b) La comptabilité des écosystèmes (SCEE-CE) de mars 2021

Les comptes des écosystèmes sont fondés sur le cadre du Système de comptabilité économique et environnementale – Comptabilité des écosystèmes (SCEE-CE), qui a été adopté en tant que standard statistique international par la Commission de la statistique des Nations Unies en mars 2021.  Ce cadre s’harmonise à la comptabilité des actifs environnementaux décrite dans le Cadre central du SCEE 2012, et s’appuie sur celui-ci.

Les comptes des écosystèmes compilent et organisent des renseignements sur les actifs écosystémiques, comme les forêts, les zones agricoles, les milieux humides et d’autres types d’écosystèmes. Ces actifs produisent des flux de biens et services écosystémiques. Les comptes des écosystèmes fournissent des renseignements sur l’étendue et la condition des actifs écosystémiques, de même que sur les flux de biens et services écosystémiques qui profitent à la société. Ces actifs et leurs flux sont mesurés tant en unités physiques qu’en unités monétaires.

Le SCEE-CE adopte une approche spatiale de la comptabilité en organisant les données sur l’emplacement et la taille des actifs écosystémiques, en faisant le suivi des modifications de leur condition, en évaluant les services écosystémiques et en reliant ces renseignements à l’activité économique et humaine.

Le SCEE-CE  est  :

  • un cadre basé sur le modèle économique standard et les principes de la microéconomie (schéma suivant),
  • un ensemble de comptes physiques spatialises des actifs: étendue/superficie (1) et état (2) comme base de calcul des servies ecosystemiques ≫ (3)
  • Les services ecosystemiques sont valorises en monnaie (4). Ces bénéfices servent au calcul de la valeur monétaire des écosystèmes (VNA) (5). Pour le SCEE, la dégradation des écosystèmes se mesure par la perte de valeur monétaire des actifs.
  • Le calcul des coûts de restauration n’est considère que comme une modalité possible du calcul de la valeur des services et récuse.

 

 

2/ La comptabilisation des écosystèmes et de leurs services dans l’Union européenne (INCA)

Les comptes écosystémiques fondamentaux suivants font partie du cadre SCEE :

  • Les comptes de l’étendue des écosystèmes – enregistrent l’étendue ou la taille de différents types d’écosystèmes et la façon dont ils évoluent au fil du temps, comme les forêts, les prairies ou les zones humides.
  • Les comptes de l’état des écosystèmes – enregistrent les données sur les divers éléments suivants caractéristiques abiotiques, biotiques et paysagères des écosystèmes, comme le pH ou la concentration de nutriments dans les rivières et les lacs, les stocks de carbone organique dans les sols des prairies, la diversité des espèces présentes, la quantité d’arbres et de plantes, etc. la diversité des espèces présentes ; la quantité de bois mort dans les forêts ou le degré de fragmentation.
  • Les comptes de services écosystémiques – enregistrent la fourniture de divers services divers services écosystémiques, tels que la fourniture de récréatives dans la nature ou la protection des biens humains des inondations, par les écosystèmes à la société et comment la société bénéficie de leur utilisation.. Ces comptes peuvent être produits sous deux formes – mesurer le flux de services des écosystèmes à la société en unités physiques (par exemple, le nombre de visites de la nature par an, le nombre de milliers d’hectares de forêts, etc.) et en mesurant la valeur de ces flux en utilisant une série de méthodes d’évaluation pour exprimer l’offre et l’utilisation en termes monétaires..
  • Les comptes d’actifs écosystémiques – enregistrent les stocks d’actifs et les variations de ces actifs. Les comptes d’actifs écosystémiques estiment la valeur des écosystèmes. La valeur de l’actif en termes monétaires est généralement déterminée sur la base de la valeur des services écosystémiques que devrait fournir un écosystème particulier dans le futur, actualisés au présent.

Les trois premiers types de comptes d’écosystèmes mentionnés ci-dessus sont présentés dans le rapport d’Eurosat. D’autres types de comptes peuvent être produits pour répondre à des questions sur un sous-ensemble spécifique de la nature d’intérêt politique – ce que l’on appelle les comptes thématiques – par exemple sur le carbone, les zones urbaines, les océans ou la biodiversité. les zones urbaines, les océans ou la biodiversité.

Comment l’étendue des écosystèmes a-t-elle changé dans l’UE au cours des dernières décennies ? Les comptes de l’étendue des écosystèmes donnent un aperçu du type, distribution et la part des différents types d’écosystèmes àl’échelle d’un pays (ou d’un autre territoire choisi). Ils fournissent des données sur l’augmentation ou la diminution de la superficie totale (« stock » en langage comptable) des écosystèmes dans un pays. En langage comptable) des écosystèmes d’un pays (ou d’un territoire) au fil du temps et à l’échelle de la planète.  Au fil du temps et à quelle vitesse s’effectue ce changement. Le schéma suivant montre comment les comptes d’étendue retracent l’ouverture et la fermeture du stock de différents types d’écosystèmes. Il s’agit de mesurer les changements de la superficie au fil du temps d’une manière spatialement explicite (par exemple en hectares ou km2). Les données spatiales de distribution des types d’écosystèmes élaborées dans les comptes d’étendue fournissent des données essentielles au calcul d’autres comptes d’écosystèmes, tels que l’état des écosystèmes ou les flux de services écosystémiques.

Comptes de l’étendue des écosystèmes : Mesurer les changements dans la superficie au  fil du temps

 

 

 

3/ Suivre l’état des écosystèmes dans le temps

Eurostat présente trois comptes de conditions pour les forêts, les agro-écosystèmes (la combinaison de terres cultivées et de prairies), et les rivières et les lacs. L’objectif principal de ces premiers l’état des écosystèmes est de démontrer comment les nouvelles directives SEEA CE et les données disponibles sur l’état des écosystèmes peuvent être combinées afin de d’élaborer une série de tableaux qui peuvent être utilisés pour suivre l’évolution de l’état des écosystèmes. Les comptes d’état présentés utilisent la typologie de l’état des écosystèmes du SCEE CE (SCEE TEE) – une approche hiérarchique pour structurer les données sur l’état des écosystèmes dans des catégories prédéfinies. données sur l’état des écosystèmes en groupes prédéfinis, assurant un bon équilibre entre les exigences statistiques et les ensembles de variables écologiquement significatifs, et en augmentant comparabilité entre les comptes de condition expérimentale produits comptes.

Les trois comptes d’état présentés utilisent des indicateurs et des données tirées de l’évaluation des écosystèmes de l’UE. Le site l’évaluation des écosystèmes de l’UE fournit une analyse des pressions exercées sur les écosystèmes terrestres, d’eau douce et marins ainsi que leur d’eau douce et marins ainsi que de leur état, en utilisant une méthodologie unique et comparable basée sur données européennes sur les tendances des pressions et de l’état des écosystèmes par rapport par rapport à l’année de référence 2010. En outre, deux comptes de démonstration de l’état des écosystèmes sont présentés) pour l’apport d’azote dans les agro-écosystèmes, et comptes de l’état des écosystèmes des rivières et des lacs basés sur les données communiquées au titre de la directive-cadre sur l’eau.

Ainsil e tableau suivant est un compte de condition simple qui présente les valeurs de 11 variables forestières pour 2010 et 2020 (sauf indication contraire=. Le compte rend compte des valeurs moyennes pour l’UE28. Il indique également le pourcentage de changement pour cette décennie et ajoute un niveau de confiance qualitatif à l’estimation du changement.

Ce tableau montre que les niveaux de pollution des forêts dus à l’eutrophisation, aux concentrations nocives d’ozone et à l’acidification sont l’acidification diminuent dans l’UE28, mais les niveaux absolus de ces polluants sont encore très élevés et il y a une forte probabilité de détérioration continue des écosystèmes. La productivité des forêts ainsi que ainsi que le volume de la biomasse ligneuse vivante et morte ont augmenté. Il en va de même,  également la tendance à court terme de l’abondance des oiseaux forestiers communs.

Il révèle également que les pressions exercées par le changement climatique sur les forêts augmentent. Cela se traduit par une augmentation de  l’évapo-transpiration dans les forêts et, surtout, une baisse importante des précipitations effectives, une variable qui mesure le déficit hydrique climatique. Ces déclins sont plus prononcés dans la région méditerranéenne Une tendance particulièrement préoccupante dans le tableau 2 est le niveau estimé de défoliation. La défoliation est une variable clé de l’état des arbres et décrit la perte d’aiguilles ou de feuilles dans la couronne. Dansl’UE28, le niveau moyen de défoliation en 2017 était de 21,7 % et cette proportion est en augmentation. . En fait, 25,1 % de tous les arbres évalués présentaient une perte d’aiguilles ou de feuilles supérieure à 25 %, ce qui est considéré comme un niveau critique de dommages.

La densité de la zone forestière, un indicateur de la fragmentation, est restée pratiquement constante depuis 2010.

Pour les variables, le stock d’ouverture est représenté par la valeur pour l’année 2010 et le stock final est projeté pour 2020 en utilisant le changement décennal à court terme (% par décennie) en supposant une tendance linéaire. Pour l’évapotranspiration, les précipitations effectives et la teneur en eau du sol, les tendances à long terme sont utilisées pour projeter les valeurs du stock final.

Compte des variables de l’état des forêts pour l’UE28 (valeurs moyennes dans l’espace)

 

 

 

 

4/ Mesurer comment les écosystèmes fournissent des avantages pour notre économie

Tous les services fournis par les écosystèmes naturels et gérés se traduisent par des avantages pour l’homme tels que la nourriture, les matériaux, l’air et l’eau propres, la protection contre les catastrophes et les loisirs.

Les comptes des services écosystémiques permettent d’estimer et de suivre ces flux ou quantités que notre société utilise de la nature comme s’il s’agissait de transactions entre deux secteurs économiques. Dans le cadre de la comptabilité des écosystèmes, les services écosystémiques sont le lien entre les écosystèmes et les activités de production et de consommation des entreprises, des ménages et des administrations publiques. Comme décrit précédemment, les écosystèmes peuvent être caractérisés par leur taille (étendue) et leur état, qui, à leur tour, définissent leur potentiel de fournir des services écosystémiques. La taille des écosystèmes est importante (une grande forêt capte plus de carbone qu’une petite forêt), mais l »état est également important. Les écosystèmes sains fournissent plus de services que les écosystèmes dégradés. Les facteurs de changement comme l’occupation des sols et la pollution peuvent réduire et dégrader les écosystèmes et, par conséquent, leur potentiel en matière de services écosystémiques.  Les informations sur l’étendue et l’état ne sont toutefois pas suffisantes pour enregistrer les transactions entre les écosystèmes et l’économie. Il est également important de comprendre et de cartographier la demande de services des écosystèmes est également importante.

En comptabilité, il est essentiel de quantifier la quantité de services réellement utilisés, ce qui est connu sous le nom de « service réel », ce que l’on appelle le « flux réel des services écosystémiques ». C’est le flux réel des services écosystémiques qui est enregistré dans les tableaux comptables – tableaux des ressources et des emplois (TRE) – des services.

Un compte de services écosystémiques consiste essentiellement en deux tableaux : un tableau ressources et un tableau d’emplois (utilisations). Le tableau de ressources mesure la quantité de service fourni par un écosystème spécifique, tandis que le tableau d’utilisation répartit cette quantité entre les différents secteurs économiques ou ménages qui qui en bénéficient. Il est difficile de mesurer les flux réels de services écosystémiques de la Nature aux ménages et aux secteurs économiques. On sait que les forêts en amont protègent les établissements en aval des inondations lors de fortes pluies en retenant l’eau de ruissellement. Cependant, il n’existe pas de système de suivi permettant de mesurer ces services en détail.  Au lieu de cela, on peut s’appuyer sur modèles qui estiment ces transactions entre les écosystèmes et les secteurs économiques. L’INCA a développé une approche pour le faire à l’échelle européenne. Au lieu de mesurer ou d’estimer  directement l’utilisation des services écosystémiques, la méthode s’appuie sur la mesure de deux facteurs importants qui affectent l’utilisation : le potentiel des services écosystémiques et la demande de services écosystémiques.

Le tableau des ressources montre pour chaque type d’écosystème, la quantité de chaque service écosystémique qu’il fournit. Un tableau de ressources peut stocker ces valeurs en unités physiques physiques telles que le volume total de bois ou d’eau (m3), la superficie totale qui contribue à la lutte contre les inondations (ha), ou le nombre total de visiteurs dans les zones naturelles (nombre). Ces chiffres peuvent être traduits en unités monétaires (euros). La plupart des services écosystémiques n’étant pas échangeables sur les marchés, les économistes utilisent des méthodes d’évaluation  non marchande pour estimer la valeur économique des services écosystémiques non marchands. Par exemple, les coûts associés aux personnes se déplaçant de leur domicile à une réserve naturelle sont utilisés pour estimer la valeur des opportunités récréatives des zones naturelles. L’avantage d’utiliser des unités monétaires plutôt que des unités physiques est que les valeurs de l’offre peuvent être comparées entre différents services écosystémiques et écosystèmes sur la base d’une monnaie commune. En outre, les valeurs monétaires peuvent êtrepeuvent être additionnées à travers les écosystèmes ou les services pour comprendre leurs contributions relatives ou pour fournir des estimations de la contribution totale des écosystèmes à l’économie. L’inconvénient est que les estimations monétaires sont plus incertaines que les estimations physiques. Les estimations monétaires dépendent du contexte et doivent toujours être interprétées avec précaution.

 

 

Le tableau des ressources estime le flux total de services écosystémiques que chaque type d’écosystème génère. Le tableau suivant montre l’offre agrégée de sept services écosystémiques provenant de neuf types d’écosystèmes pour l’UE en 2012.

L’offre totale des sept services écosystémiques considérés s’élèverait à 172 milliards d’euros en 2012, soit moins de 1,5% dui PIB des 28 pays de l’UE. Les forêts fournissent 47,5 % de l’offre totale de ces sept services écosystémiques dans l’UE, les terres cultivées contribuent à 36 % et les écosystèmes urbains à moins de 1 %. Lorsque on corrige ces pourcentages en fonction de l’étendue de chaquetype d’écosystème (la forêt étant l’un des types d’écosystème dominants en termes de couverture dans l’UE), la valeur combinée de ces sept services écosystémiques fournis par une unité de superficie de forêts est presque 9 fois supérieure à celle d’une unité de zone urbaine.

Valeur économique fournie par les services écosystémiques dans l’UE (UE28, 2012, millions d’euros)

La purification de l’eau est le service écosystémique dont la valeur agrégée la plus élevée (55,6 milliards d’euros en 2012). Cette valeur serait encore plus élevée si la pollution de l’environnement par l’azote était plus importante. Il s’agit d’une caractéristique particulière de certains services écosystémiques qui « nettoient » la pollution – leur quantité (et donc leur valeur) peut être déterminée par la quantité de pollution, car le flux réel rapporté en comptabilité ne tient pas compte des  conséquences sur l’environnement que l’utilisation de ce service pourrait causer.

La purification de l’eau est suivie par les activités récréatives en pleine nature, qui représentent le deuxième service écosystémique le plus important en 2012 (50,4 milliards d’euros). Il s’agit des possibilités de loisirs quotidiens que les ménages ont dans des écosystèmes de haute qualité naturelle dans un rayon de 4 km des établissements humains.

La valeur des ressourcs en cultures est estimée à 20,8 milliards d’euros. Cette valeur reflète la contribution des écosystèmes à la production de cultures agricoles sur les terres arables, mais elle ne tient pas compte des apports humains tels que les engrais, les machines ou les agrochimiques qui améliorent la production. La valeur de la fourniture de bois est estimée à 14,7 milliards d’euros, comparée à une taille totale du forestier de 23 milliards d’euros (valeur brute ajoutée en 2012).

Il y a lutte contre les inondations lorsque les écosystèmes peuvent réduire ou retenir les eaux de ruissellement  et protéger les infrastructures et les les résidents en aval des inondations. Elle a été évaluée pour les écosystèmes terrestres uniquement à 16,3 milliards d’euros en 2012.

Certains services écosystémiques sont fournis par un seul type d’écosystème. C’est le cas de l’offre en cultures fourni par les terres cultivées et de la fourniture de bois d’œuvre par les forêts. Les services de pollinisation des cultures sont attribués aux terres cultivées, bien que le modèle utilisé pour  pour cartographier la pollinisation a pris en compte la proximité d’autres types d’écosystèmes tels que les prairies et les forêts.

La séquestration du carbone, le contrôle des inondations et les loisirs nature sont pris en compte par plus d’un type d’écosystème.  Ce dernier système de comptabilité ne prend en compte que la contribution des écosystèmes gérés et seules les forêts sont enregistrées comme des puits nets de carbone atmosphérique. Par conséquent, les autres écosystèmes ont des valeurs nulles dans le tableau, lors qu’elles pourraient agir comme des puits de carbone dans le cadre d’une meilleure gestion.

 

Le tableau suivant d’utilisation (emplois) permet d’estimer le flux total de services écosystémiques utilisé par les différents secteurs. Il est également élaboré au niveau de l’UE28 et attribue l’utilisation agrégée des sept services écosystémiques à six secteurs. Près de la moitié de l’offre des sept services écosystémiques sont utilisés par les ménages, le secteur secondaire et le secteur tertiaire. L’agriculture utilise 38% de l’offre (évalués à 64,7 milliards d’euros en 2012), la sylviculture près de 9 % par la fourniture de bois.  Plus de la moitié de la demande sociétale de services écosystémiques essentiels (par ex. la pollinisation) dans l’UE. n’est pas satisfaite par les écosystèmes. Le carbone est attribuée à la société mondiale en tant qu’utilisateur : tout le carbone piégé dans les forêts de l’UE ne profite pas seulement aux Européens ou à certains secteurs, mais aussi à l’ensemble de la planète.  Cela s’explique par le fait que le CO2 est uniformément réparti dans l’atmosphère mondiale.

Tableau d’utilisation des services écosystémiques (UE28, 2012, millions EUR)

 

 

 

 

5/ Utilisations possibles des comptes des écosystèmes : Faire le lien entre l’écologie à l’économie

a) Comment les comptes des écosystèmes peuvent-ils être utilisés et à quel objectif ?

Cette partie se concentre sur les comptes des services écosystémiques,et sur les TRE  associés dans lesquels les fluxdes services écosystémiques fournis par les différents types d’écosystèmes (c’est-à-dire l’offre) sont alloués aux secteurs économiques (c’est-à-dire l’utilisation), en imitant la structure du SCN (Figure suivante). Des exemples concrets montreront comment répondre à quatre questions politiques lorsque les TRE de services écosystémiques spécifiques sont liés avec des outils économiques appropriés. Plus précisément : quels sont les facteurs de changement dans l’offre d’un service écosystémique ? Dans quelle mesure les principaux producteurs agricoles de l’UE sont-ils durables ? Dans quelle mesure les produits agricoles vendus dans un pays affectent-ilsla dégradation des écosystèmes dans un autre pays ? La présenced’espèces exotiques envahissantes peut-elle avoir un impact économique important ?

Les comptes des services écosystèmiques peuvent être utilisés de plusieurs façons dans l’analyse économique : (i) pour les statistiques descriptives où les données provenant des comptes peuvent être utilisées directement sans traitement supplémentaire ;(ii) pour développer des tableaux de bord et des indicateurs, par exemple en matière de(iii) pour le traitement plus complexe requis par l’intégration avec les outils économiques, tels que (a) les TES multirégionaux et (b)les modèles d’équilibre général.

Des écosystèmes à l’économie : le lien établi par les flux de services écosystémiques

 

 

b) Tableaux de bord et indicateurs pour analyser la durabilité des pratiques de gestion

En 2012, la France et l’Allemagne étaient les principaux producteurs de blé. suivis par le Royaume-Uni, la Pologne et l’Italie. Il s’agit de statistiques agricoles importantes et traditionnelles. Cependant, la mesure de la production de blé peut en fait être examinée sous s’autres perspectives, pour répondre à différentes questions. Pour illustrer comment ces perspectives pourraient être combinées, INCA a développé un tableau de bord simplifié sur les dimensions individuelles de durabilité de la production de blé par pays ci-dessous.

Si on considére le rôle de la contribution de l’écosystème pour produire du blé (par opposition à l’apport humain), alors la France et l’Allemagne sont-elles toujours bien placées par rapport aux autres États membres de l’UE ? Si l’on considère l’importance du  du secteur agricole par rapport à l’économie totale du pays (mesurée par la part du PIB), la valeur du blé conserverait-elle le même poids dans une perspective de marché ?  Si l’on considère l’offre domestique de blé par rapport à la demande  intérieure, quels pays pourraient être considérés comme autosuffisants et ceux qui sont dépendants d’autres pays ?  La construction d’un tableau de bord capable d’harmoniser tous ces éléments par le biais d’une présentation combinée peut permettre d’améliorer la qualité de la production et  peutapporter des réponses à ces questions.

Le tableau de bord de la durabilité intègre des informations sur l’importance économique (Market), la contribution des écosystèmes à production agricole (Eco Con), quantifiée et traduite en termes  monétaires en utilisant la comptabilité des écosystèmes, et la disponibilité domestique (Food) de la production de blé. En examinant spécifiquement la contribution des écosystèmes, le graphique suivant suggère que les pays d’Europe de l’Est tels que la Lettonie  l’Estonie semblent adopter des pratiques agricoles moins moins intensives (c’est-à-dire un apport écologique plus élevé) que la France et l’Allemagne : l’indicateur de contribution aux écosystèmes (EcoCon)  des deux premiers pays est très élevé, ce qui explique pourquoi la Lettonie et l’Estonie obtiennent de bons résultats en termes de composante  écologique, et se situent parmi les cinq premiers pays en termes de durabilité globale mesurée par ces trois indicateurs. Il convient de noter que le blé n’est qu’une partie de la production agricole globale de chaque pays et son importance relative varie fortement d’un pays à l’autre. En outre, l’objectif du score n’est pas de mesurer quel pays est le mieux classé, mais plutôt d’évaluer le degré de durabilité de la production, c’est à dire le rôle de chaque composante de la durabilité

Classement des pays sur la base des indicateurs du tableau de bord de la durabilité du blé, 2012

VIII – L’ÉTAT DE L’ENVIRONNEMENT EN FRANCE 

Il y a plusieurs aspects de l’état de l’environnement. Les émissions de gaz à effet de serre en sont un aspect. L’artificialisation des sols en est un autre, etc… . Quel est l’aspect le plus important ? Seuls les spécialistes peuvent répondre à cette question. Le réchauffement climatique semble le souci le plus préoccupant. C’est pourquoi cette introduction porte sur les émissions de gaz (GES) et de particules.  Elles ont des effets néfastes sur la santé humaine et l’environnement.

L’inventaire  des  émissions  est  un  outil précieux  pour  non seulement identifier les sources de polluants, mais aussi pour identifier les actions qui auraient le plus d’efficacité et tester des scenarii de réduction en prenant en compte les deux problématiques.

Contrairement aux polluants atmosphériques, les gaz à effet de serre (GES) n’ont pas d’effet local sur la santé mais sur le climat à l’échelle de toute la planète.

En effet, ils « captent » une partie du rayonnement renvoyé par la Terre vers l’espace. La chaleur s’accumule alors dans les basses couches de l’atmosphère.

À priori différentes par leurs effets, les problématiques liées à la pollution atmosphérique et au changement climatique sont pourtant étroitement liées.

Pollution de l’air et réchauffement du climat ne se substituent pas l’un à l’autre mais s’additionnent. Leurs origines et leurs effets sont imbriqués :

  • Tous deux ont pour origine des sources naturelles mais surtout les activités humaines (transports, habitat, chauffage, industrie, agriculture).
  • Certains polluants de l’air, comme l’ozone et les particules, agissent aussi sur le changement climatique : l’ozone a tendance à réchauffer l’atmosphère tandis que les aérosols tendent à la refroidir. A l’inverse, les changements climatiques ont un impact sur la pollution de l’air puisqu’ils pourraient induire des canicules plus fréquentes, comme celles de 2003, 2006, 2018 et 2019 et auront donc un impact sur les niveaux d’ozone.

 

 

 

 

 

1/ Les émissions de GES

Le Citepa réalise chaque année, pour le compte du Ministère de la Transition Ecologique, une série d’inventaires des émissions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre de la France. Les données d’émissions estimées et les rapports d’inventaire sont des éléments officiels que la France doit soumettre à la Convention Cadre des Nations-Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) ou encore à la Commission Economique pour l’Europe des Nations Unies (CEE-NU), dans le cadre de ses engagements internationaux mais aussi à la Commission européenne. Ces rapports ainsi réalisés suivent des règles de présentation des émissions très précises qui ne les rendent pas toujours faciles à lire.

En complément, depuis 1999, le Citepa, publie un rapport présentant les émissions de la France, leurs sources et leurs évolutions par rapport aux objectifs de réduction en vigueur [10]. Ce rapport, Secten, présente les émissions de plus de 31 substances et gaz à effet de serre par grand secteur économique et sous-secteur, ainsi que par combustible, et fournit de nombreux indicateurs et explications détaillées sur les enjeux environnementaux et sanitaires associés, ainsi qu’il rappelle le contexte politique et réglementaire.

Tous les gaz à effet de serre direct sont pris en compte dans l’inventaire : CO2, CH4, N2O, la famille des HFC, la famille des PFC, le SF6 et le NF3. Parmi les HFC, les HFO, appartenant à la famille des HFC insaturés (HFC à bas PRG récemment développés), ne sont actuellement pas couverts par les obligations de rapportage de la CCNUCC. Ils ne font donc pas partie du périmètre Secten et n’apparaissent pas dans le total des émissions de GES présenté. Les émissions de HFO, actuellement très faibles, sont cependant calculées par le Citepa et pourront faire l’objet d’une analyse complémentaire dans un prochain rapport Secten.

 

 

a) Les émissions totales en France

Les flux d’émissions sont une chose. Le cumul historique (stock des émissions) en est une autre. Dans le dernier chapitre on insiste sur l’intérêt de ces deux mesures qui sont loin d’aboutir aux mêmes conclusions sur les émissions de GES par paysLes émissions du cumul historique de CO2 n’influencent-elles pas le réchauffement climatique autant que les émissions d’une année donnée ?

Ce sont les émissions de CO2 qui expliquent les grandes tendances d’évolution des émissions de GES. Le CH4 et le N2O représentent à eux deux 23% des émissions de GES en 2020. Ces deux gaz sont très majoritairement émis par le secteur Agriculture (élevage et culture) : fermentation entérique des bovins, gestion des déjections… En 2020, les PFC ne représentent que 0,14% des émissions de CO2e, le SF6 0,09% et le NF3 seulement 0,002%.

Entre 1990 et les années 2000, la part des gaz autres que le CO2 a baissé, passant de 27% en 1990 à 23% en 2006. Ensuite, avec la baisse des émissions de CO2, les émissions hors CO2 ont représenté une part de plus en plus importante des émissions de CO2e, passant de 23% en 2006 à 25% ces dernières années. Les évolutions des différents GES présentent des profils différents, globalement en baisse depuis 1990 sauf pour les HFC qui ont connu une période de forte hausse alors qu’ils remplaçaient progressivement les CFC et HCFC ; leurs émissions sont également en baisse, significative depuis 2018, du fait notamment de la limitation des quantités de HFC autorisées à être mises sur le marché imposée par le règlement européen (UE) n°517/2014. Les graphiques ci-dessous présentent le poids de chaque gaz à effet de serre dans les émissions totales exprimées en CO2e.

Répartition des émissions de CO2e par GES – hors UTCATF – en France (Métropole et Outre-mer UE)

Source : https://www.citepa.org/wp-content/uploads/Citepa_Rapport-Secten-2022_Rapport-complet_v1.8.pdf

 

Le budget carbone pour la période 2019-2023, fixé en 2020 par la SNBC révisée (ou SNBC-2), s’élève à 422 MtCO2e/an en moyenne. La tranche indicative annuelle pour l’année 2019 s’élève quant à elle à 443 Mt CO2e. Or, les émissions nationales annuelles de GES de 2019 s’élèvent à 435 Mt CO2e : l’objectif indicatif fixé pour 2019 a été respecté. En 2020, l’objectif indicatif de 436 Mt CO2e a aussi été respecté avec le niveau exceptionnellement bas observé (393 Mt CO2e). Malgré le rebond des émissions, le niveau de 2021 (418 Mt CO2e) respecte lui aussi l’objectif annuel indicatif fixé pour cette année (423 Mt CO2e).

Pour les années 2019-2021, la moyenne des émissions s’élève à 415 Mt CO2e. Ainsi, compte tenu du niveau exceptionnellement bas de 2020, même si les émissions stagnaient, en 2022 et en 2023, au niveau de 2021, le budget carbone 2019-2023 (422 Mt CO2e en moyenne) serait respecté.

Sur les années futures, la SNBC-2 ambitionne la poursuite de la réduction des émissions pour atteindre zéro émission nette en 2050, avec un rythme de réduction annuelle progressif, entre -3%/an et -4%/an sur la période 2022-2030.

 

L’objectif fixé dans la Stratégie Nationale Bas-Carbone est d’atteindre la neutralité carbone en 2050, conformément à l’article 4 de l’Accord de Paris, c’est-à-dire que les émissions soient intégralement compensées par les absorptions (puits de carbone du secteur UTCATF et technologies de captage et stockage du carbone). En 2019, les émissions hors UTCATF (émissions brutes) s’élèvent à 435 Mt CO2e; et les absorptions de l’UTCATF s’élèvent à -12 Mt CO2e. Autrement dit, les émissions brutes sont 35 fois plus importantes que le puits de carbone- l’UTCATF ne compense que l’équivalent de 3% des émissions – l’objectif étant d’arriver à 100% en 2050. Par ailleurs, si les émissions baissent, le puits de carbone, lui, ne montre pas une forte tendance à la hausse sur les dernières années. Etant donné les limites des puits dans le sol et la biomasse du secteur UTCATF (limites biophysiques, limites en surfaces, non-permanence) ainsi que les incertitudes concernant le déploiement à grande échelle des techniques de captage artificiel du carbone, cet objectif implique nécessairement une réduction massive des émissions dans tous les secteurs. Le projet de Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) révisée, publié le 6 décembre 2018, prévoit que les émissions de GES atteignent un niveau de 80 Mt CO2e (hors UTCATF) en 2050. La SNBC révisée impliquerait donc une réduction non plus par 4 d’ici 2050 (facteur 4), mais par 7 (soit -85%, base 1990).

En 2050, les 80 Mt CO2e d’émissions « résiduelles » seraient alors imputables à 60% au secteur agricole et à 20% à l’industrie. Les secteurs de l’Energie, des Transports et des bâtiments résidentiels et tertiaires sont les secteurs où l’effort de réduction seraient les plus importants à fournir pour atteindre cet objectif. Une nouvelle révision de la SNBC est attendue en 2024.

 

Émissions de gaz à effet de serre en France et objectifs de réduction en millions de tonnes CO2 équivalent

 

b) Les émissions « brutes » de gaz à effet de serre et de polluants par secteur d’activité en France

Les émissions en CO2e (équivalent CO2) correspondent à l’agrégation de toutes les émissions de gaz à effet de serre (CO2, CH4, N2O, PFC, HFC, SF6, NF3) présentées en tonnes de CO2 équivalent, soit en prenant en compte leur pouvoir de réchauffement global (PRG) propre à 100 ans.

On note le rôle majeur des véhicules diesel, du chauffage et de l’élevage. En 2021, 31% des émissions de GES sont liées au secteur des transports, 19% à l’agriculture, 19% à l’industrie manufacturière et à la construction, 18% au secteur résidentiel-tertiaire,, 10% à l’industrie de l’énergie, et 3% aux déchets. Le rôle des transporst s’est accru au fil du temps (graphique suivant).

Répartition des émissions de CO2e hors UTCATF en France rn %

Source : https://www.citepa.org/wp-content/uploads/Citepa_Rapport-Secten-2022_Rapport-complet_v1.8.pdf

 

Cependant, seuls six sous-secteurs sont responsables de la moitié des émissions de GES : les véhicules particuliers diesel (11,7%), le résidentiel (chauffage…, 10,9%), le tertiaire (chauffage, réfrigération…7,8%) ; l’élevage bovin (7,7%) ; les poids lourds diesel (6,4%) et les véhicules utilitaires légers diesel (5,4%). Les diminutions notables entre 2017 et 2019 correspondent aux secteurs de l’énergie (-29% pour la production d’électricité), du résidentiel-tertiaire (-9%), de l’agriculture (-2%) et des déchets (-5%).

Les secteurs connaissent des trajectoires contrastées de réduction des émissions. Entre 1990 et 2020 pour une baisse globalde -27,8%, les secteurs de l’industrie et de la production d’énergie ont réduit de moitié leurs émissions de GES; les émissions du secteur « usage des bâtiments » ont baissé de 23% ; celles de l’agriculture de 12%. En revanche, les émissions du transport ont augmenté entre 1990 et 2019 (+9,5%) avant de connaître un niveau exceptionnellement bas en 2020.

En 2021, le transport représente 30% (29% pour le routier seul) des émissions totales de GES ; l’industrie 19% ; l’agriculture 19% ; les bâtiments 18% (11% pour le résidentiel seul) et la production d’énergie 10% (5% pour la production d’électricité : en fonction de la rigueur hivernale et de la disponibilité des moyens de production décarbonés (nucléaire, hydroélectricité…). Ce dernier secteur peut entrainer de fortes variations interannuelles des émissions, et est une des causes principales de la hausse des émissions constatée entre 2015 et 2017).

 

Évolution des émissions dans l’air de CO2e depuis 1990 en France en millions de tonnes

Évolution des émissions dans l’air de CO2e en base 100 en 1990 en France (Métropole et Outre-mer UE) en %

Source : https://www.citepa.org/wp-content/uploads/Citepa_Rapport-Secten-2022_Rapport-complet_v1.8.pdf

 

Le secteur des transports représente 29 % des émissions totales de GES de la France (hors puits de carbone) en 2020, soit 113,1 Mt CO2e. Le transport routier représente 95% des émissions de ce secteur, et le transport aérien domestique 3%. Le secteur intègre d’une part les sources routières des différentes catégories de véhicules et d’autre part les sources non routières. Ces dernières incluent les transports aérien, ferroviaire, maritime (dont la pêche), fluvial de marchandises et autres modes de navigation (bateaux de plaisance et autres petits bateaux). Ce secteur est la source clé des émissions des gaz à effet de serre, notamment dues aux émissions de CO2 du transport routier. Ces émissions sont globalement stables depuis la dernière décennie. Ceci s’explique par la stagnation des émissions du routier et du fluvial et des diminutions importantes du ferroviaire et du maritime alors que les autres navigations ont augmenté. Les émissions des gaz à effet de serre du transport sont une conséquence de la demande, elle-même liée majoritairement à la démographie, aux politiques publiques (par exemple report modal et prime à la conversion des véhicules) et à l’évolution du prix des carburants. Ceci a un effet combiné et associé avec le renouvellement du parc (plus ou moins important selon le mode de transport) et l’introduction des agro-carburants.

▪ Pour l’industrie manufacturière, une hausse des consommations d’énergie, et notamment du gaz naturel (+6%), et du charbon (+16%), en lien notamment avec la reprise d’activité post Covid 2020. Les émissions sont surtout en hausse pour les sous-secteurs de la métallurgie des métaux ferreux, des minéraux non-métalliques et matériaux de construction. Ce secteur représente entre 26% (début des années 1990) et 19% (fin des années 2020) des émissions de CO2e du total national français. Ces émissions proviennent à la fois des activités de combustion et des procédés industriels mis en œuvre. Alors que les émissions de CO2e au niveau national ont diminué de 23% entre 1990 et 2021, les émissions du secteur de l’industrie et de la construction ont baissé de 46%. La baisse interannuelle la plus importante correspond à l’impact de la crise financière de 2008 (-17% en 2009 par rapport à 2008). Après un rebond des émissions dès 2010, résultat d’un regain d’activité dans le secteur, les émissions de CO2e sont, depuis 2012, inférieures au niveau de l’année 2009, avec un minimum provisoire atteint en 2019. La pandémie de Covid19 et les confinements successifs en France en 2020 ont entraîné une baisse des émissions de CO2e de 9,5% par rapport à 2019, constituant le niveau le plus bas observé depuis trois décennies.

▪ Dans le secteur des bâtiments résidentiels et tertiaires, on observe une hausse des consommations d’énergie due à la fois au rebond post-covid pour le tertiaire, et, en partie, à un climat plus rigoureux impactant le chauffage pour le résidentiel et le tertiaire. Ce secteur ne doit pas être exactement assimilé à ce qui peut être appelé, dans d’autres communications, « le secteur du bâtiment ». Ce secteur représente 18 % des émissions totales de GES de la France (hors puits de carbone) en 2020, soit 71 Mt CO2e. En 2021, ce niveau est pré-estimé à 75 Mt CO2e. Les émissions de ce secteur, pour les GES comme pour la plupart des polluants, sont dominées par les appareils de combustion. La climatisation, la réfrigération commerciale et l’utilisation de solvants ont aussi des impacts importants sur les émissions de certains polluants et de gaz fluorés à effet de serre. Afin de pouvoir réduire à la fois les émissions de GES mais de polluants du résidentiel-tertiaire, les principaux leviers sont la rénovation énergétique des bâtiments et le choix du type d’énergie utilisée. Pour les appareils de combustion, la réglementation limitant les émissions de polluants est essentielle, ainsi que la mise sur le marché d’équipements performants (directive éco-conception).

▪ Pour la production d’énergie, les émissions sont en hausse de +7,4% (+3 Mt CO2e). Pour la production d’électricité, cela est lié à l’augmentation de consommation d’énergie de plus de 10% due à la reprise économique et un coefficient de rigueur plus rigoureux en 2021 ; pour le chauffage urbain, à une année 2021 plus rigoureuse ; pour le raffinage du pétrole, à une baisse des consommations d’énergie et notamment du gaz de raffinerie (-12%).

▪  Le secteur de l’industrie de l’énergie comprend les émissions de la production d’énergie (centrales électriques, production de chaleur, incinération de déchets avec récupération d’énergie), les émissions liées à la transformation d’énergie (raffineries, transformation de combustibles minéraux solides…) et l’extraction et la distribution d’énergie (pétrole, gaz naturel, charbon, etc.). Les émissions de ce secteur ont diminué depuis 1990 du fait de l’évolution du mix énergétique français, par le recours à l’énergie nucléaire, mais aussi du fait de la réglementation visant les installations de combustion et d’incinération du secteur. Ce secteur représente 10 % des émissions totales de GES de la France (hors puits de carbone) en 2020, soit 40,8 Mt CO2e. En 2021, ce niveau est pré-estimé à 43,8 Mt CO2e.

▪  L’agriculture représente 20,6 % des émissions totales de GES de la France (hors puits de carbone) en 2020, soit 80,9 Mt CO2e. L’essentiel des émissions de GES est constitué de méthane (CH4 46 %), principalement lié à l’élevage, et de protoxyde d’azote (N2O 40 %), principalement lié à la fertilisation des cultures. Les émissions liées à la consommation d’énergie du secteur représentent 13 % du total. Les émissions de CO2e du secteur agricole ont diminué de 12 % entre 1990 et 2020 : cette baisse est principalement liée à la diminution de la taille du cheptel bovin (animaux moins nombreux mais plus productifs) et à la baisse de la fertilisation azotée en culture. En 2020, la baisse s’est accélérée principalement du fait du recul de la fertilisation azotée qui s’explique par les conditions défavorables de culture cette année-là.

▪  Le Traitement centralisé des déchets inclut principalement le traitement des déchets solides, le traitement et rejet des eaux usées domestiques et industrielles. Il représente 3,7% des émissions totales de GES de la France (hors puits de carbone) en 2020, soit 14,7 Mt CO2e. En 2021, ce niveau est pré-estimé à 14,5 Mt CO2e.

▪   Le secteur UTCATF  (Utilisation des Terres, Changement d’Affectation des Terres et Forêt) constitue pour l’instant le seul secteur permettant des absorptions de CO2 grâce à la photosynthèse des plantes. Le carbone absorbé est provisoirement retranché de l’atmosphère en étant stocké dans la biomasse et les sols. En France, aujourd’hui, les absorptions (croissance de la biomasse forestière et non forestière) sont plus importantes que les émissions de ce secteur (mortalité des arbres, déboisement, feux de forêt et de végétation, artificialisation des sols…). Ce secteur est donc un puits net de carbone. En 2020, ce puits net est estimé à -14 Mt CO2e. Dans le même temps, les autres secteurs ont émis 393 Mt CO2, l’UTCATF permet donc de compenser 3,6% des émissions des autres secteurs. Fortement à la hausse durant la période 1990-2005, le puits avait tendance à diminuer ces dernières années, passant d’environ -45 Mt CO2e au milieu des années 2000 à environ -35 Mt CO2e en 2015. Depuis 2015 la diminution du puits s’est accélérée et il ne représente plus que 14 Mt CO2e en 2020, principalement en lien à l’effet couplé de sécheresses à répétition depuis 2017 et de maladies. Cette dynamique peut s’expliquer par la hausse de la mortalité des arbres par l’effet couplé de sécheresses à répétition depuis 2015 et de crises sanitaires (dépérissement des arbres liés aux scolytes, chalarose, etc.) ; par un ralentissement de la croissance des peuplements, et d’une hausse des prélèvements.

 

 

 

2/ Les polluants atmosphériques

a) les évolutions globales

La situation reste toujours marquée par un contraste entre, d’un côté, des émissions de polluants en baisse (avec des objectifs de réduction des émissions atteints, et une amélioration globale de la qualité de l’air) ; et de l’autre côté, des pics importants de concentrations d’ozone et des dépassements des normes réglementaires de qualité de l’air, notamment pour le NO2. Par ailleurs, en 2021, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a mis à jour ses valeurs-guides pour la qualité de l’air extérieur, et ce alors même que les valeurs-guides précédentes ne sont pas encore respectées. La Commission européenne a démarré les travaux pour un nouveau renforcement de sa politique air, sur la base de son plan d’actions « zéro pollution » (adopté dans le cadre du Green deal), en septembre 2021, comportant une évaluation des directives qualité de l’air existantes et une consultation sur leur révision. La proposition de nouvelle directive qualité de l’air est attendue à l’automne 2022.

La plupart des émissions de polluants sont en forte baisse depuis 1990 (métaux lourds, polluants acidifiants, polluants eutrophisants, précurseurs d’ozone troposphérique, particules, polluants organiques persistants). Les émissions de certains polluants ont été très fortement réduites, voire quasiment éliminées depuis 1990, c’est par exemple le cas du plomb (arrêt de distribution de carburants plombés en 2000), ou encore de l’hexachlorobenzène (HCB), des dioxines et furanes (PCDD/F) et du chrome, du fait des mesures réglementaires mises en place et des moyens de réduction adoptés dans les secteurs de l’industrie et des déchets.

Seules trois substances ne connaissent pas de diminution importante dans l’atmosphère : l’ammoniac (NH3), le cuivre, et le sélénium. Les émissions de NH3 sont stables depuis 2006,. L’agriculture est le secteur prédominant des émissions d’ammoniac (NH3), en raison du phénomène de volatilisation qui a lieu généralement à l’épandage d’engrais azotés organiques (déjections animales, boues, composts…), et minéraux, contenant de l’azote uréique (précurseur de l’ammonium) ou ammoniacal (NH4+). Si l’objectif pour 2020 a été atteint, des réductions supplémentaires seront nécessaires pour atteindre l’objectif 2030 (-0,6%/an).

Néanmoins, la tendance à la hausse constatée entre 2013 et 2016 semble ralentir à partir de 2017, jusqu’à atteindre, en 2019, le plus bas niveau inventorié depuis 1980 : 592 kt. Ce niveau reste cependant encore au-dessus de l’objectif 2020 (Protocole de Göteborg et Directive NEC – plafonds d’émissions nationaux). Compte tenu des dernières dynamiques de l’évolution des cheptels et des livraisons d’engrais azotés, il est possible que la valeur provisoire estimée pour 2019 soit revue encore à la baisse dans la prochaine édition d’inventaire.

La pollution acide est liée aux émissions de SO2, NOx mais aussi celles de NH3. L’eutrophisation est liée aux retombées d’azote issues des émissions de NOx et NH3 conduisant à enrichir les milieux et à en modifier les équilibres chimiques. L’adoption par la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance (LRTAP) en 1979, de divers protocoles et notamment du Protocole de Göteborg en 1999 et sa révision en 2012 ainsi que l’adoption des directives européennes NEC (1999) et NEC-2 (2016) ont permis des réductions significatives des impacts sur les écosystèmes et la santé humaine.

Pour la plupart des secteurs, l’évolution des émissions de SO2 de ces dernières années est soit en légère baisse, soit constante, poursuivant la dynamique de forte baisse historique entamée depuis les années 1990 (graphique suivant).

La tendance à la baisse des émissions de NOx dans le secteur des transports devrait se poursuivre au cours des prochaines années grâce à la mise en œuvre de normes de plus en plus strictes concernant les rejets de polluants.

Les COVNM (composés organiques volatils non méthaniques) sont des espèces organiques gazeuses issues des phénomènes de combustion, d’évaporation de substances organiques comme les solvants, de réactions chimiques ou biologiques. La notation COVNM est utilisée afin de distinguer le méthane des autres COV. La baisse des émissions de COVNM a commencé dès 1992, sans interruption jusqu’en 2010 avec les diminutions annuelles les plus fortes observées entre 2005 et 2009, plus de 10 % en 2009. Globalement, la baisse des émissions, de 68 %, constatée entre 1990 et 2020 s’explique par une réduction dans chacun des secteurs d’activité. L’objectif de réduction des émissions de COVNM à respecter à partir de 2020 n’est pas respecté sur le total national 2020 incluant les COVNM de l’agriculture, mais est bien respecté en excluant ces émissions biotiques de l’agriculture qui n’étaient pas prises en compte dans l’établissement des objectifs de réduction à partir de 2020.

 

 

 

b) les évolutions des émissions par secteurs d’activité

La pollution acide est liée aux émissions de SO2, NOx mais aussi celles de NH3 des activités humaines qui retombent en partie à proximité des sources mais aussi à des centaines, voire des milliers de kilomètres (la durée de vie du SO2 dans l’atmosphère est de l’ordre de 2 à 5 jours) de leurs sources émettrices. L’eutrophisation est principalement liée aux dépôts d’azote provenant des émissions de NOx et de NH3.

Concernant les polluants atmosphériques, les émissions de l’ensemble des transports ont essentiellement diminué la dernière décennie grâce au renouvellement du parc des véhicules routiers, l’évolution du mix énergétique et la mise en place de normes d’émissions de plus en plus strictes. En termes de NH3, les émissions ne diminuent que très lentement.

Le dioxyde de soufre (SO2) est un gaz incolore, toxique avec une odeur pénétrante et fortement irritante pour les yeux et les voies respiratoires. Le SO2 est essentiellement issu des processus de combustion des combustibles fossiles soufrés et certains procédés industriels.

Évolution des émissions dans l’air de SO2 depuis 1990 en France (Métropole)

Source : https://www.citepa.org/wp-content/uploads/Citepa_Rapport-Secten-2022_Rapport-complet_v1.8.pdf

 

Les oxydes d’azote (NOx) comprennent le NO2 (dioxyde d’azote) et le NO (monoxyde d’azote). Les émissions de NOX entraînent l’acidification de l’atmosphère et des retombées acides (acidification des lacs, dépérissement des forêts) ainsi que des dépôts d’azote (nitrates), à l’origine du phénomène d’eutrophisation. Les NOx sont aussi des précurseurs d’ozone. Ils ont un impact complexe sur l’effet de serre : les NOx conduisent à la formation d’ozone (forçage positif), mais aussi à la formation de particules de nitrate et oxydent le CH4 (forçage négatif).

Évolution des émissions dans l’air de NOx depuis 1990 en France (Métropole)

Source : https://www.citepa.org/wp-content/uploads/Citepa_Rapport-Secten-2022_Rapport-complet_v1.8.pdf

 

L’ammoniac (NH3) est un composé présent à l’état naturel dans l’environnement. Il peut également être produit industriellement par le procédé d’Haber-Bosch, à partir de N2 et de H2. C’est un gaz incolore, reconnaissable à sa forte odeur, très irritant pour le système respiratoire, la peau et les yeux. En France, La majeure partie des émissions de NH3 provient du secteur de l’agriculture/sylviculture : il représente, en 2020, 93 % du total national. Au sein du secteur, en 2020, les principaux postes contribuant aux émissions sont en premier lieu l’apport d’engrais et d’amendements minéraux (26 % des émissions du secteur), suivi de la gestion des déjections bovines au bâtiment et au stockage (24 % des émissions du secteur), puis de l’apport d’engrais et d’amendements organiques (19 % des émissions du secteur) et des animaux à la pâture (16 % des émissions du secteur). Les émissions restantes concernent principalement la gestion des déjections des animaux hors bovins au bâtiment et au stockage.

Émissions de NH3 du secteur des cultures, par poste, en tonnes de NH3

Source : https://www.citepa.org/wp-content/uploads/Citepa_Rapport-Secten-2022_Rapport-complet_v1.8.pdf

 

Les COVNM sont des espèces organiques gazeuses issues des phénomènes de combustion, d’évaporation, de réactions chimiques ou biologiques… La notation COVNM est utilisée afin de distinguer le méthane (gaz à effet de serre (CH4)) des autres COV. En 2020, 82% des émissions totales de COVNM ne sont pas liées aux combustibles. Sur les 19% restants, c’est le bois qui représente la plus grande part (11% des émissions totales).

Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz incolore et inodore essentiellement formé de manière anthropique. A forte concentration en milieu confiné, il peut être mortel. L’introduction des pots catalytiques sur les véhicules à essence en 1993 a permis de très fortement réduire la part des émissions de CO provenant de la combustion de l’essence (moins de 20% des émissions nationales depuis 2010), alors que ce combustible était le principal contributeur dans les années 1990 (plus de 50% des émissions nationales jusqu’en 1994 inclus et plus de 40% jusqu’en 1999 inclus). Aujourd’hui, les émissions proviennent essentiellement (pour plus de deux tiers) de la combustion du bois (37% en 2019) et des usages non-énergétiques (33% en 2019).

Évolution des émissions dans l’air de CO depuis 1990 en France (Métropole)

 

Sur la période 1990-2020, les émissions ont baissé pour la majorité des polluants. Ainsi, les rejets de dioxyde de soufre (SO2) de l’industrie ont diminué de 93 %, grâce notamment à une moindre utilisation du pétrole dans la production d’électricité, à une meilleure efficacité énergétique et à la limitation de la teneur en soufre dans les combustibles. Les rejets d’oxydes d’azote (NOx) dus aux transports ont reculé de 73 % malgré l’augmentation du trafic routier et l’accroissement du parc, grâce à l’évolution des moteurs stimulée par la réglementation européenne sur les émissions des véhicules, le renouvellement du parc de véhicules et l’équipement progressif des véhicules en pot catalytique depuis 1993. À l’inverse, les émissions de cuivre provenant aussi des transports (usure des plaquettes de frein, usure des caténaires) ont augmenté sous l’influence de l’évolution du trafic routier sans qu’une évolution technique puisse en compenser l’effet (graphique suivant). En 2020, les mesures exceptionnelles de limitation des déplacements et de l’activité économique, liées à la gestion de la pandémie de Covid-19, ont amplifié les baisses déjà réalisées pour certains polluants ou ont réduit ponctuellement les émissions d’autres polluants fortement émis par les transports.

Évolution des émissions de quelques secteurs pour une sélection de polluants, indice base 100 en 1990

 

 

 

3/ Eaux de surface et souterraines : des milieux exposés

Ressource naturelle abondante en France, l’eau douce est utilisée à des fins domestiques (eau potable) etéconomiques (agriculture, industrie, loisirs, refroidissement des centrales électriques). Les prélèvements relatifs à ces besoins baissent depuis une vingtaine d’années, hormis ceux pour l’agriculture qui restent stables en moyenne. Des mesures réglementaires visent à garantir une gestion équilibrée de la ressource en eau et à la partager lorsqu’elle se raréfie.

a) Une ressource abondnate mais de plus en plus sous tension en période estivale

Chaque année en France métropolitaine, il pleut en moyenne (calculée sur la période 1990-2018) 512 milliards de mètres cubes d’eau, soit 932 mm, selon les données du ministère de la Transition écologique. De ces précipitations, 60% s’évaporent. Les 40% restants forment la « pluie efficace », c’est-à-dire l’eau qui alimente les cours d’eau ou les nappes phréatiques, et reste donc disponible.

La ressource en eau douce se trouve dans les eaux de surface (cours d’eau, lacs) et dans les nappes d’eau souterraines. Un volume moyen de l’ordre de 210 milliards de m3 se renouvelle année après année sur le territoire métropolitain, apporté à la fois par les précipitations et par les fleuves et rivières arrivant des territoires voisins. Avec des prélèvements totalisant environ 31 milliards de m3, les besoins en eau semblent donc couverts à ces échelles de temps et d’espace. Cependant, les plus forts prélèvements d’eau ont lieu en été lorsque la disponibilité de la ressource est la plus faible, ce qui peut provoquer localement de fortes tensions sur cette ressource, ainsi que des pénuries comme durant l’été 2022 .

Plus de 80 % du volume d’eau douce prélevée est puisé dans les eaux de surface (rivières, lacs, canaux, retenues, etc.), compte tenu des quantités nécessaires au refroidissement des centrales électriques et à l’alimentation des canaux. En faisant abstraction de ces deux usages, les prélèvements d’eau douce mobilisent globalement autant les eaux souterraines que les eaux superficielles (graphique suivant).  Dans ces eaux superficielles et souterraines, la France pompe 32,3 milliards de m3, en 2018. C’est l’eau dite « prélevée« , qui comprend l’eau consommée et celle restituée directement après utilisation, comme c’est le cas pour les centrales nucléaires en circuit ouvert, par exemple. La moitié (16 milliards de m3) de cette eau douce est effectivement utilisée pour refroidir les centrales de production d’électricité, et 5,4 milliards (16,8%) pour l’alimentation des canaux (graphqiue suivant). Les 30% restants sont prélevés à des fins de production d’eau potable, agricole ou industrielle.

Répartition des volumes d’eau douce prélevés par usage et par milieu, en 2018 en milliards de m3

 

L’eau consommée correspond à la partie de l’eau prélevée non restituée aux milieux aquatiques. Cette part est très variable selon les utilisations. En moyenne, entre 2008 et 2018, le volume annuel d’eau consommée est estimé à 5,3 milliards de m3 en France métropolitaine (soit environ 20 % de l’eau prélevée, hors alimentation des canaux), ce qui représente 82 m3/habitant. L’agriculture est la première activité consommatrice d’eau avec 45 % du total, devant le refroidissement des centrales électriques (31 %), l’eau potable (21 %) et les usages industriels (4 %) (graphique suivant).

La totalité de l’eau prélevée pour le refroidissement des centrales et l’alimentation des canaux provient des eaux de surface. Pour l’eau potable, l’agriculture ou l’industrie, les prélèvements sont réalisés autant dans les eaux superficielles que souterraines, plus propres.

Consommation d’eau douce en France, moyenne annuelle 2008 – 2018 en %

 

En France métropolitaine, l’impact de l’utilisation de l’eau est plus important en période estivale (de juin à août), pendant laquelle 60 % des consommations en eau ont lieu, alors que seulement 15 % du volume annuel d’eau douce s’écoule sur le territoire (moyenne 2008-2018). La France ne connaît pas actuellement de déficit chronique à l’échelle nationale. Toutefois, l’accès à l’eau n’est pas garanti toute l’année et partout (carte suivante). Pour prévenir les conflits d’usage dus au manque local d’eau, tout en préservant les milieux aquatiques (respect des débits réservés), l’État, les agences de l’eau et les acteurs locaux mettent en place des actions comme durant l’été 2022 pour ajuster les prélèvements en eau à la ressource réellement disponible, en anticipant les   conséquences du changement climatique (augmentation de la fréquence des sécheresses, diminution des débits, etc.). Lorsqu’une pénurie d’eau est prévisible, les préfets déclenchent des restrictions d’eau graduelles et temporaires pour préserver les usages prioritaires. Le niveau de crise entraîne des interdictions partielles ou totales. Sur la période 2012-2020, de telles mesures ont été prises fréquemment sur certaines zones du territoire, notamment de l’Ouest et du Sud-Ouest, ce qui montre la fragilité de ces secteurs par rapport à la disponibilité de l’eau.

La situation était « préoccupante » pour un grand nombre de nappes phréatiques en France métropolitaine en juillet 2022, en raison d’une recharge en eau « nettement inférieure à la normale » pendant l’hiver et de la sécheresse historique à partir de mai. La totalité des départements de France métropolitaine était en vigilance sécheresse, dont 22 en alerte renforcée et 68 en crise. En cas de pénuries d’eau, quatre niveaux existent : vigilance, alerte, alerte renforcée, crise, avec des restrictions de plus en plus fortes, qui touchent aussi bien les particuliers, les agriculteurs que les industriels.

 

b) La plupart des macropolluants diminuent dans les cours d’eau

En France, l’une des principales sources de dégradation des eaux de surface (cours d’eau, plans d’eau) et des eaux souterraines (nappes) est la pollution chimique. En effet, de nombreuses substances chimiques et organiques provenant des activités industrielles, agricoles ou domestiques sont rejetées dans les eaux. Il s’agit notamment des nitrates, des pesticides, des médicaments et d’autres substances ayant des effets de perturbateurs endocriniens. Toutes peuvent avoir des effets néfastes sur les écosystèmes aquatiques et sur la santé humaine. Les mesures de suivi mises en œuvre sont inscrites dans la directive-cadre européenne sur l’eau (DCE) qui vise à préserver et à restaurer l’état de ces milieux.

Les milieux aquatiques accumulent les surplus résultant de la fertilisation minérale et organique des cultures. Après avoir beaucoup augmenté entre les années 1970 et 1990, la quantité totale d’azote vendue, ramenée à l’ensemble des surfaces fertilisables, fluctue autour de 85 kg par hectare de surface fertilisable depuis le début des années 1990 (83 kg lors de la campagne 2018-2019 contre 57 kg pour la campagne 1972-1973). Les plans d’aide aux agriculteurs, les actions mises en œuvre dans les zones vulnérables et les mesures visant à mieux valoriser les effluents d’élevage (modernisation des bâtiments, plans d’épandage) permettent progressivement de lutter contrele lessivage des nitrates. Les teneurs en nitrates sont ainsi stables dans les eaux de surface entre 2000 et 2019.

Entre les campagnes 1972-1973 et 2018-2019, l’utilisation des engrais phosphatés a été divisée par 4, pour atteindre 7,4 kg/ha en 2018. D’importants investissements ont par ailleurs été réalisés pour la rénovation des stations d’épuration urbaines. Ces mises aux normes et l’interdiction des phosphates dans les lessives ont été rapidement suivies d’effets : les teneurs en phosphates ont été divisées par 2 dans les cours d’eau en quinze ans. La baisse de la teneur en phosphates dans les eaux de surface est plus marquée que celle des nitrates. La concentration moyenne diminue ainsi de 37 % entre 2000 et 2019.

 

c) Une diminution des teneurs en pesticides dans les cours d’eau depuis 2008

Alors que de nombreux pesticides sont toujours détectés dans la plupart des cours d’eau, leur présence globale a diminué de 19 % en métropole et de 21 % en outre-mer sur la période 2008-2017. En métropole, la majeure partie du territoire présente une évolution favorable. Cette amélioration est assez nette jusqu’en 2015 puis se stabilise.

En 2017, plus de 300 substances actives de la catégorie des pesticides sont retrouvées dans les eaux souterraines. 90 % du territoire couvert par le dispositif de surveillance de la qualité des eaux souterraines est concerné par cette imprégnation. Pour 45 % des points du réseau de surveillance, la concentration totale en pesticides dépasse la limite de qualité de 0,5 microgramme par litre (µg/l) fixée par l’arrêté du 11 janvier 2007. Le nombre de pesticides détectés par point e mesure est variable ; pour certains, il peut dépasser 40 substances.

Près de la moitié des substances détectées dans les eaux souterraines, dont la rémanence dans l’environnement est très longue, sont aujourd’hui interdites d’usage.

La surveillance des pesticides dans les eaux se heurte en outre à l’introduction de nouvelles substances dont la détection nécessite des dispositifs de mesure de plus en plus performants.

Concentration totale en pesticides dans les eaux souterraines entre 2015 et 2017

 

 

d) Les perturbateurs endocriniens présents dans les eaux de surface

Les perturbateurs endocriniens désignent des substances chimiques susceptibles de provoquer des troubles de santé chez l’homme ou l’animal par dérèglement de leur système hormonal. Ces effets nuisibles peuvent s’observer tant sur l’organisme exposé que sur ses descendants. Des perturbateurs endocriniens, avérés ou présumés, sont présents notamment dans certains plastiques, détergents, pesticides et produits de soin corporel. Ces substances sont également suivies dans le cadre du dispositif de surveillance des eaux de surface.

Entre 2014 et 2016, les 168 000 analyses réalisées dans les rivières pour y détecter des perturbateurs endocriniens avérés ou présumés (hors pesticides ou substances pharmaceutiques) indiquent que les substances les plus fréquemment quantifiées sont les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les plastifiants et les tensioactifs

 

 

e) Les nitrates et les pesticides, principales menaces des eaux souterraines

Comme pour les eaux de surface, la contamination des nappes souterraines par les nitrates perdure. Bien que les quantités utilisées d’engrais azotés diminuent concomitamment à l’évolution des pratiques agricoles, les concentrations de ces polluants dans l’eau ne baissent pas de manière significative et montrent de fortes disparités territoriales

Évolution de l’indice national des nitrates dans les eaux souterraines métropolitaines, de 1996 à 2017
En 2017, 35 % du territoire national dépasse la concentration moyenne en nitrates de 25 mg/l au-delà de laquelle il devient difficile de garder la ressource apte à la production d’eau potable. Entre 1996 et 2016, la situation se dégrade sur une grande partie du territoire, notamment au  centre et dans le nord de la France métropolitaine. Elle s’améliore sur un tiers du territoire, notamment en Bretagne, une des régions les plus touchées par la pollution.
Concentration moyenne en nitrates dans les eaux souterraines par entité hydrogéologique entre 2015 et 2017 (à gauche) et tendances d’évolution entre 1996 et 2016 (à droite)

 

 

4/ Changements d’utilisation des sols

Les changements d’utilisation des sols à l’échelle planétaire sont principalement dus à l’intensification et à l’extension de surfaces agricoles qui conduisent au déboisement de vastes surfaces forestières. Au cours des cinquante dernières années, la transformation de milieux naturels et semi-naturels (forêts, prairies et autres écosystèmes) en terres agricoles, s’accroît en moyenne de 0,8 % par an.

En France métropolitaine, les enjeux concernant les changements d’utilisation des sols sont différents qu’au niveau mondial où seules 62 % des terres jadis forestières sont boisées alors que ce pourcentage devrait être de 75% , limite recentrée sur les processus de régulation du climat via les échanges d’énergie, d’eau et de dioxyde de carbone entre les sols et l’atmosphère.  La limite est donc dépassée.

Contrairement à la situation mondiale, les terres agricoles y régressent, notamment sous l’effet de l’artificialisation des sols. Toutefois, compte tenu de son niveau de consommation élevé, associé à la croissance démographique, et de l’insuffisance de matières premières sur le territoire national, la France importe des quantités importantes de matières premières agricoles et forestières issues de la déforestation des forêts tropicales. Elle utilise ainsi indirectement des terres situées dans d’autres régions du monde, et contribue à exercer une forte pression sur la ressource foncière étrangère : consommation de ressources, disparition d’habitats naturels, perte de carbone, etc.

Selon la base de données CORINE Land Cover (CLC), en 2018, 59 % de la surface métropolitaine correspond à des terres agricoles (32 millions d’hectares – Mha), 34 % à des forêts et milieux semi-naturels (19 Mha) et 6 % correspond à des territoires artificialisés (3 Mha). Les zones humides et les zones en eau recouvrent environ 1 % du territoire. Ces proportions évoluent peu depuis 1990. Les pertes en terres agricoles dépendent de différents facteurs : l’accroissement des populations et des zones urbanisées, l’attractivité touristique, la déprise agricole. À noter que les terres agricoles regroupent les terres arables, les vignes, vergers, les oliveraies, et les prairies. Toutefois, les prairies temporaires et permanentes ne sont pas cartographiées dans CLC.

Sur la même période, la plupart des changements d’utilisation des sols (71 %) concernent des terres agricoles, qui disparaissent le plus souvent au profit de territoires artificialisés. Parmi ces changements, 55 % affectent les terres arables et 7 % les cultures permanentes (vergers, vignes, oliveraies). Au total, environ 41 130 ha agricoles ont ainsi changé d’utilisation entre 2012 et 2018. Si l’on considère les réallocations au sein des terres agricoles sur la même période, le changement principal constitue la conversion de prairies en terres arables (environ 6 700 ha). Ces changements d’utilisation des sols peuvent se traduire par une augmentation des émissions de gaz à effet de serre (déstockage de carbone) et par d’autres impacts environnementaux (perte de biodiversité, etc.).

Changements d’occupation des sols entre 2012 et 2018

 

Si en 2017, les prairies s’étendent sur 12,5 Mha, soit 44 % de la surface agricole utilisée (SAU), leur surface totale a diminué de 5 Mha depuis les années 1960. En effet, la hausse des rendements et le développement de la production des fourrages annuels ont permis de réduire les surfaces traditionnellement consacrées à l’affouragement des animaux.

La forêt française gagne du terrain (voir ci-dessous). En France métropolitaine, la forêt couvre 16,9 Mha en 2015. Elle s’accroît fortement depuis la deuxième moitié du XIXème siècle avec une progression de 0,64 % par an depuis 1980. Cette forte progression s’explique entre autres par la déprise agricole et par le boisement des terres agricoles. Les augmentations les plus fortes concernent la Bretagne, le Massif central et le pourtour méditerranéen. Le taux de boisement en métropole atteint 31 %. Les massifs montagneux se situent largement au-dessus de cette moyenne nationale, tandis que le Nord et l’Ouest ont des taux de boisement plus faibles (entre 12 % et 20 %).

Mais la part de la forêt y compris les landes (34%) dans la surface globale reste moins élevé en France que dans l’UE (42%) du fait des pays de l’est et du nord de l’Europe.

Occupation physique des sols de l’UE en 2015 en % de la superficie totale

 

 

 

5/ Les forêts

a) La surface forestière

La forêt en France hexagonale et Corse couvre 17,5 millions d’hectares, soit 32 % du territoire, avec une incertitude statistique de 100 000 (https://www.ign.fr/publications-de-l-ign/institut/kiosque/publications/docs_thematiques/memento-2024.pdf). C’est le type d’occupation du sol le plus important après l’agriculture, qui couvre plus de la moitié de la France. Les résultats de se rapportent à l’ensemble de la forêt, disponible pour la production de bois ou non.La forêt disponible pour la production de bois couvre 16,6 millions d’hectares, soit 95 % de l’ensemble de la forêt. Il s’agit de forêt où ni l’utilisation de l’espace ni les conditions d’accès ne s’opposent à la récolte éventuelle de bois.

Depuis près de deux siècles, la superficie forestière augmente. Il y a un siècle (1908), la forêt couvrait près de 10 millions d’hectares. Elle en couvre désormais 17,5 millions d’hectares. L’exode rural et la révolution agricole d’après-guerre, le boisement des terres soutenu par le Fonds forestier national (1947-1999 : 2 millions d’hectares boisés ou reboisés) et la poursuite des reboisements en montagne ont grandement contribué à cette expansion. De 1908 à 1985, la forêt s’est étendue de 4,2millions d’hectares, soit à un rythme de plus de 50 000 hectares par an en moyenne, notamment dans le Massif central et sur la pointe bretonne. En 1985, la forêt couvrait 14,1 millions d’hectares. La surface forestière a donc augmenté de 3,3 millions d’hectares depuis, ce qui est supérieur à la superficie de la région Pays de la Loire. L’accroissement de surface forestière est toujours soutenu, à hauteur de 90 000 ha par an. L’extension forestière se fait notamment en Bretagne et dans la zone méditerranéenne.

La forêt métropolitaine est constituée majoritairement de forêts privées (environ 12,7 millions d’ha), mais également de forêts domaniales (1,5 million d’ha) et d’autres forêts publiques (2,8 millions d’ha). Regroupant 190 essences (3 250 essences en outre-mer), elle se partage entre des peuplements dits « purs » à essence exclusive (7,2 millions d’ha) et des peuplements mélangés (7,5 millions d’ha). Le massif landais, quasiment exclusivement composé de pins maritimes, se distingue des forêts du nord-est de la France et du Massif central qui constituent les forêts les plus diversifiées.

Entre 1985 et 2020, le volume de stock de bois sur pied est passé de 137 m3/ha à 174 m3/ha en moyenne, pour atteindre 2,8 milliards de m3 fin 2020. Les feuillus (principalement des chênes) représentent 64 % de ce stock. La production biologique annuelle de bois est d’environ de 88,8 millions de m3, soit 5,6 m3/ha (59 % de feuillus et 41 % de résineux), celle de la région Grand Est étant la plus élevée avec 7 m3/ha/an.

 

 

b) L’État de la forêt

Les conditions pédoclimatiques de plus en plus défavorables aux arbres, du fait du changement climatique, peuvent conduire à une altération directe de leur état physiologique. Elles les rendent également moins résistants aux bioagresseurs (champignons, insectes, bactéries, etc.). Pour mesurer l’état d’un arbre, une notation simplifiée à l’aide de deux critères symptomatologiques pérennes (qui ne prennent pas en compte le feuillage, sensible à des événements plus ponctuels) permet une évaluation rapide et robuste de l’état de santé d’un arbre. Il s’agit de la présence de branches mortes dans la partie haute du houppier et, nouveauté pour l’inventaire forestier national depuis 2021, du manque d’aiguilles (pour les conifères) ou de ramifications (pour les feuillus), révélateur de la vivacité des branches vivantes. Sur la période 2021-2023, la France compte 186 millions d’arbres altérés (vivants ou morts sur pied depuis moins de cinq ans), parmi les 2 270 millions d’arbres qualifiés. Le taux d’arbres forestiers altérés est donc en moyenne de 8 %. La proportion est identique en termes de volume (174 millions de mètres cubes altérés).

Ces facteurs liés au réchauffement ont également ralenti la croissance annuelle du volume de bois, passée de + 91,5 Mm3/an pendant la période 2005-2013 à + 87,9 Mm3/an sur les années 2014-2022. Par ailleurs, les prélèvements d’arbres ont aussi augmenté de 13 % entre ces deux périodes (passant de 47,2 à 53,1 Mm3/an). Heureusement, la moitié de cette récolte sert à fabriquer des produits durables en bois qui prolongent le stockage du CO2.

Taux d’arbres altérés par sylvoécorégion en 2021-2023, en %

Source : Mémento IGN, 2024

 

 

c) La mauvaise santé des arbres fait chuter le puits de carbone

Considérées comme un des plus grands puits de carbone de la planète, les forêts retiennent le carbone dans leur biomasse. Elles participent de fait à la lutte contre le changement climatique. On estime ainsi à 1,3 milliard de  tonnes la quantité de carbone stocké dans la biomasse ligneuse (bois aérien et souterrain) des forêts de production françaises métropolitaines, les trois quarts de ce stock s’accumulant dans les bois feuillus. La quantité de carbone stocké augmente en moyenne de 14 millions de tonnes chaque année sur la période 2007-2018, ce flux faisant l’objet de fortes fluctuations en lien avec les événements climatiques extrêmes pouvant survenir.

Mais les conditions météorologiques (sécheresse, température et vent) ont une forte influence sur la sensibilité des végétaux au feu et sur sa propagation. En France métropolitaine, en moyenne, sur la période 2007-2019, 3 600 incendies recensés ont emporté 11400 ha de forêt par an. En 2022, les feux de fôret ont été encore bien plus importants notamment dans les Landes. En 2019, plus de 15 000 ha d’écosystèmes forestiers ont été détruits. Les tempêtes, bien que peu fréquentes, peuvent provoquer également de nombreux dommages. En 1999, 6 % de la surface forestière (968 000 ha) était touchée par les tempêtes Lothar et Martin.

La forêt française est en croissance constante et, pourtant, elle ne se renouvelle plus suffisamment. Les forêts pour être bien portantes et productives, doivent être accompagnées dans leur régénération. Or, un rapport de  la Cour des Comptes de 2020,  estime que la régénération naturelle ou par plantation des forêts est “en net recul” depuis vingt ans, ce qui fait craindre, à moyen terme, que trop peu de bois d’œuvre soit disponible (https://www.ccomptes.fr/fr/publications/la-structuration-de-la-filiere-foret-bois).

Au total, au niveau national, le bilan net du flux de bois (la croissance moins la mortalité moins les prélèvements) a été divisé par deux en dix ans, passant de + 41,7 à + 19,5 Mm3/an entre les périodes 2005-2013 et 2014-2022. Une chute qui est donc davantage liée à la hausse de la mortalité des arbres qu’à la hausse des prélèvements de bois ou à la moindre croissance des forêts.

Combinés, cette hausse de la mortalité et ce tassement de la croissance des arbres entraînent donc une chute du puits de carbone forestier. Les forêts métropolitaines ont ainsi absorbé, en moyenne, 39 millions de tonnes de CO2 par an entre 2014 et 2022, contre 63 millions entre 2005 et 2013, a mesuré l’IGN. Les données détaillées du rapport annuel du Citepa montrent clairement comment la hausse de la mortalité a fait décliner le puits de carbone forestier.

La filière forêt-bois n’a pas qu’un enjeu économique en France, même s’il est très important. Il faut trouver un équilibre entre coupe du bois et écologie. La forêt est aussi le plus important puits de carbonne terestre. Pour lutter contre la hausse des émissions de gaz à effet de serre, il n’est rien de plus efficace que d’entretenir des forêts dont les arbres en croissant stockent le CO2. Non seulement, le bois peut remplacer des matériaux qui génèrent de la pollution (ciment, chaux, acier…) mais il permet de la contenir. Un arbre utilisé pour la fabrication d’un meuble ou dans la construction, c’est autant de CO2 capté et stocké  pour de très longues années.

 

 

6/ Consommation de matières et empreinte matières

Pour satisfaire la demande en biens et services des agents économiques d’un pays, il est nécessaire d’extraire des ressources naturelles de son territoire et d’importer des matières premières et des biens manufacturés. L’évolution de ces flux de matières – renouvelables comme la biomasse ou les ressources halieutiques ou non renouvelables comme les minéraux et les combustibles fossiles – illustre quantitativement une des pressions exercées sur l’environnement, induite par les modes de vie et de production.

En 2019, la consommation intérieure apparente de matières (DMC, Domestic Material Consumption) de la France, égale à l’extraction intérieure de matières (633 millions de tonnes – Mt) augmentée des importations (342 Mt, majoritairement des ressources énergétiques fossiles et des minerais métalliques) et diminuée des exportations (202 Mt, notamment des produits agricoles), s’élève à 772 Mt, soit 11,5 tonnes par habitant (t/hab.). En 2019, la moyenne européenne était de 13,4 t/hab. À son point le plus haut de 2007, dernière année de forte croissance du secteur de la construction avant la crise économique et financière de 2008, cette consommation avoisinait 910 Mt.

L’évolution de la productivité matières, à savoir le rapport du PIB sur la DMC, permet de mesurer la transition de la société vers une organisation plus économe en ressources naturelles. La France s’est fixée comme objectif d’augmenter sa productivité matières de 30 % sur la période 2010-2030, ce qui revient à produire davantage de valeurs avec moins de matières premières primaires. En 2019, cette productivité atteint 3,0 euros par kilo (€/kg), soit une progression de 14 % depuis 2010, et de près de 30 % par rapport à 2007 (2,3 €/kg). Elle est de 2,4 €/kg à l’échelle européenne en 2019 (1,6 en 2007) – (graphique suivant).

Évolution de la consommation et de la productivité matières de l’économie française, indice base 100 en 1990

 

 

 

 

 

IX – L’ENVIRONNEMENT EN EUROPE

On s’appuie ici sur un rapport d’Eurostat, « Energy, transport and environment statistics, édition 2020 » [10] et d’autres publications en ligne de cet institut. Eurostat fournit des statistiques environnementales, les comptes environnement et indicateurs environnementaux soutenant le développement, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques, stratégies et initiatives de l’Union européenne. Les produits statistiques d’Eurostat informent sur l’état de l’environnement et les facteurs, les pressions et les mesures visant à éviter ou à atténuer les impacts de nos sociétés sur l’environnement.

1/ Les émissions totales de GES, principales ventilations par source et facteurs généraux

On s’appuie sur les inventaires des émissions de GES. Ils  sont tirés de l’ensemble de données d’Eurostat sur les émissions de gaz à effet de serre par secteur source. Cet ensemble de données est initialement produit et publié par l’Agence européenne pour l’environnement (AEE – EAA dans les tableaux et graphiques ci-dessous).

Le graphique suivant montre que, dans l’ensemble, les émissions de gaz à effet de serre de l’UE ont suivi une tendance à la baisse au cours des trois dernières décennies. En 2022, les émissions totales de gaz à effet de serre (à l’exclusion de l’UTCATF – Utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie), y compris l’aviation internationale) égal à 3,48 milliards tonnes équivalent CO2,contre 4,92 milliards de tonnes en 1990, soit une diminution de 1,44 milliard de tonnes, – 29,2%.Les émissions nettes de GES (y compris l’UTCATF, c’est-à-dire en tenant compte des absorptions nettes par les écosystèmes) se sont élevées à 3,25 milliards de tonnes en 2022, contre 4,70 milliards de tonnes équivalent CO2 en 1990 (-31,0 %,). En raison de la pandémie de COVID-19, les émissions ont diminué de manière extraordinaire en 2020, après quoi elles ont atteint le niveau de la tendance à long terme d’avant la pandémie en 2021. En 2022, ils ont suivi la tendance à la baisse à long terme. Dès 2018, l’UE a dépassé son objectif de réduction de 20 % fixé pour 2020. Le niveau proposé pour 2030, une réduction des émissions de GES de 55 % par rapport aux niveaux de 1990 correspond aux émissions nettes de GES, c’est-à-dire en tenant compte des absorptions nettes dans le secteur UTCATF.

De 1999 à 2008, l’évolution des émissions de gaz à effet de serre au sein de l’UE est restée relativement inchangée. L’année 2009 a été marquée par une forte baisse des émissions en raison de la crise financière et économique mondiale et de la réduction de l’activité industrielle qui en a résulté. Les émissions ont augmenté en 2010 et ont diminué à nouveau à partir de 2011. Entre 2015 et 2017, les émissions de GES ont légèrement augmenté. En 2020, les émissions ont diminué de 10,7 % (373 millions de tonnes d’équivalents CO 2 ) par rapport aux niveaux de 2019, ce qui montre l’effet de la pandémie de COVID-19. Ceci place l’UE en bonne voie pour dépasser son objectif de 2020, qui consistait à réduire les émissions de GES de 20 % d’ici à 2020 (en réalité -33%)  et de 40 % d’ici à 2030 par rapport à 1990. En 2021, les émissions de GES générées par les branches d’activité et les ménages dans l’UE s’élevaient toutefois à 3,6 millions de tonnes d’ équivalents CO 2 ., presque au niveau de 2018.

Émissions de gaz à effet de serre, UE, 1990-2022_(indice 1990 = 100)

 

Les émissions de gaz à effet de serre déclarées au graphique précédent sont toutes dues aux activités humaines. En outre, la plupart de ces activités humaines sont des activités économiques, par exemple pour produire et consommer des biens et des services. Par conséquent, on peut également s’attendre à ce qu’une plus grande activité économique produise plus d’émissions de GES. L’indicateur le plus général de l’activité économique est le PIB.

Le graphique suivant montre une tendance à la hausse du PIB (sauf pour l’année 2020, en raison de la pandémie de COVID-19) et une tendance moins distinctive, mais également à la hausse de la population. Au cours des dernières décennies, les taux de croissance annuels moyens du PIB et de la population sont respectivement de 1,7 % et de 0,2 %. Les émissions de GES par personne dans l’UE ont diminué, en moyenne de -1,2 % par an.

Cela implique qu’il doit y avoir eu des changements dans la façon dont ces activités humaines ont été menées, de sorte que même avec une croissance économique presque continue et une population croissante, les émissions de gaz à effet de serre sont réduites.

Évolution des émissions de gaz à effet de serre par rapport au PIB et à la population de l’UE de 1990 à 2022

 

 

 

 

2/ Les émissions de gaz à effet de serre par secteur source dans l’UE

Cette approche est différente de celle des comptes des émissions atmosphériques (voir chapitre 4). Pour mieux comprendre les moteurs de la réduction des émissions de GES, il faut examiner plus en détail les sources de ces émissions de GES et les activités humaines sous-jacentes. Le graphique suivant montre les émissions de GES ventilées par secteur sources. L’aviation internationale est incluse dans tous les graphiques et statistiques présentant les totaux et les émissions de GES dues aux transports.

Les trois quarts des émissions de GES sont attribuables à la combustion de combustibles. Il s’agit notamment de la combustion de combustibles pour produire de l’électricité et de la chaleur (industries énergétiques), pour fabriquer des biens et construire des bâtiments et des infrastructures (industries manufacturières et construction), pour chauffer des bâtiments et de l’eau (ménages, commerce, etc.) et pour déplacer des marchandises et des personnes (transports).

La part restante des émissions totales de GES, environ un quart, est due à d’autres activités qui, pour la plupart, n’impliquent pas la combustion de combustibles. Il s’agit notamment des procédés industriels et des utilisations des produits, des activités agricoles et de la gestion des déchets.

Les émissions de gaz à effet de serre par secteur source dans l’UE en 2022 en %

 

Dans l’ensemble, les émissions de GES ont diminué, ce qui est vrai pour la plupart des secteurs sources (voir la figure 5). Cependant, il y a une exception: Les émissions de GES provenant de la combustion de combustibles dans les transports, y compris l’aviation internationale, ont augmenté par rapport à 1990. La plus forte diminution absolue des émissions s’est produite dans la combustion de combustibles du secteur de l’énergie, qui était principalement liée à la production d’électricité et de chaleur. Une réduction impressionnante en termes absolus et relatifs peut être observée pour la combustion de combustibles dans les industries manufacturières et la construction. Le reste de cet article examine plus en détail les secteurs sources et explique ce qui se cache derrière ces changements.

Les émissions de gaz à effet de serre par secteur source dans l’UE, comme variation entre 1990 et 2025. L’axe de gauche montre la variation absolue en millions de tonnes et l’axe de droite montre la variation en %

 

Le secteur des transports, y compris l’aviation internationale (et la navigation internationale), est le seul sous-secteur de la combustion de carburants qui présente une augmentation des émissions de GES au cours des dernières décennies, comme le montre le graphique suivant. Entre 1990 et 2022, les émissions totales de GES ont augmenté de 26 %, soit 215 millions de tonnes d’équivalent CO2 (graphique suivant). En 2020, les émissions de GES du secteur des transports ont diminué de plus de 200 millions de tonnes d’équivalent CO2 en raison de la COVID-19. En 2022, ces émissions sont revenues aux niveaux d’avant la pandémie.

L’évolution des émissions de gaz à effet de serre est étroitement liée à l’activité globale des transports, également appelée performance des transports ou volume de transport, mesurée en tonnes-kilomètres et passagers- kilomètres. Le transport de passagers a augmenté pendant la plupart des années jusqu’en 2019. Le transport de marchandises subit l’impact de la récession économique en 2009 et de la pandémie de COVID-19 en 2020. Avec moins d’activité économique, moins de transport de marchandises est nécessaire. Les statistiques de performance des transports confirment que le transport routier est le mode de transport le plus important sur le plan intérieur (voir page Comptes transport).

La consommation d’énergie dans les transports a augmenté parallèlement à l’augmentation de l’activité de transport. Dans l’ensemble, le transport n’a guère amélioré son efficacité énergétique. La quasi-totalité des carburants utilisés dans les transports sont constitués de produits pétroliers et il n’y a eu qu’un basculement marginal vers les énergies renouvelables.

Pour conclure ce chapitre sur les émissions de gaz à effet de serre dues à la combustion de combustibles, les changements du mix énergétique semblent être le moteur de la réduction de la plupart des sous-secteurs de la combustion de combustibles. En particulier, les industries manufacturière et de la construction ont réussi à accroître considérablement leur efficacité énergétique.

Émissions de gaz à effet de serre des transports dans l’UE de 1990 à 2021 (millions de tonnes d’équivalent pétrole)

 

 

 

3/ L’économie circulaire

L’économie circulaire vise à maintenir la valeur des produits, matériaux et ressources le plus longtemps possible en les réintroduisant dans le cycle des produits à la fin de leur utilisation, tout en minimisant la production de déchets.

À la fin de leur cycle de vie, les produits peuvent être recyclés, transformés en énergie ou rejetés comme déchets résiduels. Moins nous jetons de produits, moins nous extrayons de matériaux, mieux c’est pour l’environnement.

Le diagramme Sankey et le taux de circularité sont les deux principaux outils de suivi de l’économie circulaire dans l’UE, mis au point par Eurostat.  L’objectif d’une économie circulaire est de maintenir la valeur des produits, des matériaux et des ressources le plus longtemps possible en les réintégrant dans le cycle des produits après avoir atteint la fin de leur cycle de vie, tout en minimisant la production de déchets. Les matériaux (biomasse, métaux, minéraux, combustibles fossiles,…) sont extraits de l’environnement pour fabriquer des produits ou produire de l’énergie. À la fin de leur cycle de vie, les produits peuvent être recyclés, incinérés ou jetés comme déchets résiduels. Ces flux matériels constituent un élément essentiel, mais pas le seul, de l’économie circulaire. Plus on rejete de produits et plus on recycle, moins on extrait de matériaux, ce qui profite à l’environnement.

a) Le Diagramme Sankey des flux de matériaux

Un diagramme Sankey des flux de matériaux présente les flux de:

  • matériaux extraits pour fabriquer des produits ou utilisés comme source d’énergie;
  •  produits qui circulent dans et hors de notre société;
  •  matériaux et produits rejetés dans l’environnement en tant que résidus, par exemple les déchets mis en décharge ou les émissions atmosphériques, ou récupérés et réinjectés dans l’économie; cette dernière partie ferme la boucle de l’économie circulaire.

Les infrastructures telles que les bâtiments, les routes et les machines sont utilisées sur une longue période au cours de laquelle elles montent dans nos sociétés, jusqu’à ce qu’elles soient finalement démontées ou mises hors service.

Le diagramme Sankey des flux de matièrres indique les quantités de matières extraites, importées, recyclées ou éliminées, ainsi que les émissions connexes. Le schéma suivant montre les flux de matières dans l’économie de l’UE en 2021.

  • les flux s’écoulent de gauche à droite;
  • la largeur des bandes est proportionnelle à la quantité du débit, mesurée en milliards de tonnes;
  • les matériaux présentés dans le diagramme sont les suivants: biomasse — utilisée pour l’alimentation et le fourrage, l’habillement (laine, coton, etc.), le bois, etc.; les métaux; minéraux non métalliques; vecteurs d’énergie fossile, tels que le pétrole brut — utilisés pour produire des combustibles fossiles ou des matériaux tels que les plastiques. L’eau n’est pas incluse, ni les sources d’énergie renouvelables qui n’impliquent pas de flux de matières, telles que l’électricité provenant de panneaux photovoltaïques ou de l’énergie éolienne;
  • les vecteurs de combustibles fossiles et la biomasse (bois) produisent des émissions atmosphériques — illustrées sur le côté droit du schéma — à la suite d’une combustion pour libérer de l’énergie.

La schéma présente également les importations et les exportations, qui sont des flux de matières, de produits et de déchets entre différentes économies. La boucle fermée représente des résidus qui ne sont pas jetés dans l’environnement mais qui sont réutilisés dans l’économie, soit pour produire des matières premières secondaires, soit à d’autres fins, empêchant ainsi l’extraction de ressources naturelles. L’incinération des déchets pour produire de l’énergie ne fait pas partie de la boucle, mais a son propre flux et produit éventuellement des émissions atmosphériques.

Le schéma montre l’origine des matières premières transformées dans l’UE (8,09 Gt) soit :

  • que 67 % (5,44 Gt) de l’extraction domestique,
  • 20 % des importations (1,62 Gt) et
  • 13 % du recyclage (« recycling ») et du remblayage (« backfilling ») (1,03 Gt),

Tandis que 58 % des matières premières transformées ont été utilisées pour fabriquer des produits (4,72 Gt). Les autres ont été principalement exportés ou utilisés pour produire de l’énergie.

Le diagramme Sankey d’Eurostat est construit sur une série de nœuds, qui représentent des événements ou des processus, par exemple les importations et les intrants matériels. Les connexions entre les nœuds représentent des flux de matériaux.

Flux de matières à l’échelle réelle, UE, 2021, (milliards de tonnes = Gt)

 

 

1/ Dans la partie gauche du diagramme Sankey, les importations sont des flux de produits du reste de l’économie mondiale vers l’économie intérieure. Ce flux comprend également les déchets envoyés pour traitement (par exemple, convertis en matières premières secondaires) dans le pays d’accueil. Les ressources naturelles désignent la quantité de ressources matérielles extraites de l’environnement naturel par les unités de production résidentes. Ce concept s’appelle extraction domestique  (DE). L’entrée directe du matériel (DMI) indique l’apport de matériel qui est directement introduit dans l’économie. C’est la somme de l’extraction domestique et des importations. La DMI comprend tous les matériaux ayant une valeur économique, qui sont disponibles pour la production (par exemple, la fabrication) et la consommation (par exemple, l’achat de produits manufacturés).

2/ La partie centrale du diagramme Sankey montre les matériaux transformés, qui sont définis comme la somme totale de la DMI et d’intrants de matières secondaires, c’est-à-dire les matériaux provenant du recyclage et du remblayage. Les matières transformées peuvent être exportées ou utilisées à l’échelle nationale. La partie non exportée s’appelle consommation domestique de matières (DMC).

La part de la boucle verte dans le nœud «matériaux transformés» est un indicateur possible de la circularité de l’économie. Cette part représente les déchets récupérés provenant du recyclage et du remblayage en proportion de l’ensemble des matières traitées. L’indicateur plus sophistiqué,  le taux de circularité, est présenté ci-dessous. Les matériaux et les produits peuvent avoir un cycle de vie court ou long. Certains sont:

  • à usage unique (par exemple, les denrées alimentaires);
  • utilisés pendant moins d’un an (p. ex. papier);
  • produits à longue durée de vie (par exemple, meubles);
  • biens (p. ex. bâtiments, machines).

En particulier, une grande partie des minéraux de construction sont utilisés pour étendre ou maintenir des stocks en cours d’utilisation, entre autres, des bâtiments et des infrastructures. Ces stocks restent souvent utilisés pendant des décennies et ne deviennent disponibles pour le recyclage que lorsqu’ils atteignent la fin de leur cycle de vie. Ces matériaux s’accumulent à mesure que l’économie croît: chaque année, des matériaux s’ajoutent au stock de l’économie — c’est-à-dire des ajouts bruts au stock — et certains matériaux anciens sont enlevés à mesure que les bâtiments sont démolis et que des biens durables sont éliminés, c’est-à-dire des déménagements. En 2021, l’accumulation nette de matières (« materiel accumulation ») dans l’UE s’élevait à 2,94 Gt. Tant que la demande de matières premières pour les stocks en service dont la durée de vie est longue (par exemple, les bâtiments et les infrastructures) dépasse la quantité de matériaux pouvant être fournis à partir de matériaux recyclés, l’extraction primaire restera nécessaire.

3/ Le côté droit du diagramme Sankey montre les sorties de l’économie:

  • exportations de produits dans leur poids massique simple;
  • émissions dans l’air et émissions dans l’eau — flux de matières solides, liquides et gazeuses qui sont rejetées dans les masses d’eau (rivières, mers, etc.) ou émises dans l’atmosphère;
  • flux dissipatifs — matériaux qui sont dispersés dans l’environnement — avec la technologie actuelle — comme une conséquence délibérée ou inévitable de l’utilisation des produits, par exemple les engrais minéraux et l’abrasion des pneus.

Plusieurs sorties proviennent du nœud «traitement des déchets».

  • Incinération : les déchets sont incinérés pour extraire de l’énergie. Cependant, cela produit également des émissions atmosphériques.
  • Déchets mis en décharge  : élimination des déchets, y compris les décharges et autres opérations.
  • Récupération : les opérations impliquant le retraitement des déchets en produits, matières ou substances destinés à être réutilisés à des fins initiales ou à d’autres fins. Il comprend les opérations de recyclage et de remblayage.

Dans le diagramme Sankey d’Eurostat, seuls les flux de recyclage et de remblayage sont réputés fermer la boucle de l’économie circulaire. En 2021, les flux de recyclage et de remblayage ont concerné environ 13 %  (=1,03 / 8,09) de l’ensemble des intrants matériels dans l’économie de l’UE.

Les déchets produits par l’utilisation de matériaux, y compris les matières retirées des stocks en fin de vie (démolition et rejets) représentaient 1,79 Gt en 2021 (= 1,03+0,64+0,11). Une partie de ces déchets reste dans l’économie de l’UE grâce au recyclage (0,76 Gt) et au remblayage (0,27 Gt). Le flux de recyclage représente 42 % de l’ensemble des flux de déchets de matières, tandis que le remblayage est de 15 % et les déchets mis en décharge sont de 36 %. Une partie des déchets est incinérée (0,11 Gt) et une partie est rejetée dans l’environnement, ainsi que d’autres émissions, comme par exemple les émissions dans l’air (2,48 Gt) et les émissions dans l’eau (0,01 Gt). Les extrants du diagramme Sankey sont complétés par les exportations (0,74 Gt) et les flux dissipatifs (« dissipative flows »)(0,25 Gt).

Le taux de recyclage est la part des déchets recyclés sur tous les déchets traités. Il varie considérablement selon la catégorie de matières, le papier, le verre, les métaux, les plastiques, etc. Pour cette raison, les taux de recyclage sont plus fréquemment analysés par catégorie de matériaux que pour l’ensemble de l’économie. Les taux de recyclage sont les plus élevés pour les métaux et les combustibles fossiles.

Il estpertinent de tenir compte des flux avec une ventilation par catégories de matières. Une analyse par catégorie de matières traduit l’importance relative de divers matériaux et leur potentiel de réutilisation, de valorisation ou de recyclage.

Les données sur les flux matériels pour ce diagramme Sankey sont actuellement divisées en quatre catégories principales: biomasse (MF1), minerais métalliques (MF2), minéraux non métalliques (MF3) et vecteurs/matériaux d’énergie fossile (MF4). Des travaux sont en cours pour améliorer la granularité des catégories, par exemple en isolant les plastiques.

 

 

b) Le taux de circularité

Le taux de circularité mesure la contribution des matériaux recyclés à l’utilisation globale des matériaux. C’est la part des ressources matérielles utilisées dans l’UE qui proviennent de déchets recyclés, ce qui permet d’économiser les matières premières primaires. Un taux de circularité plus élevé signifie que davantage de matières secondaires remplacent les matières premières primaires, réduisant ainsi les impacts environnementaux de l’extraction des matières premières.

En 2021, le taux de circularité de l’UE était de 11,7 %, en légère hausse par rapport à l’année précédente et de 3,4 points de pourcentage (pp) par rapport à 2004, première année pour laquelle des données sont disponibles (graphique suivant).

Taux de circularité, UE, 2004-2021, (%)

 

Le taux de circularité est inférieur aux autres indicateurs de circularité, tels que les taux de recyclage, qui sont d’environ 53 % dans l’UE. En effet, certains types de matériaux ne peuvent pas être recyclés, par exemple les combustibles fossiles brûlés pour produire de l’énergie ou de la biomasse consommées en tant que nourriture ou fourrage. Des exemples de matériaux qui sont comptés dans le taux de circularité sont les aliments et les fourrages, et les combustibles fossiles pour la production d’énergie ou pour l’utilisation de matériaux par exemple les plastiques, les bâtiments, les infrastructures et les véhicules. Seuls certains de ces matériaux, à la fin de leur cycle de vie, finissent comme déchets et comptent ainsi dans les taux de recyclage. Un taux de circularité plus élevé peut être atteint de plusieurs façons et nécessite une transformation plus profonde de nos sociétés, par exemple, remplacer les combustibles fossiles par des énergies renouvelables : énergie hydroélectrique ; marée, vagues et océan ; énergie éolienne, solaire photovoltaïque, solaire thermique et géothermique, en utilisant des techniques de production plus efficaces ou en prolongeant la durée de vie des produits.

De même que les taux de recyclage, le taux de circularité présente de grandes différences par catégorie de matériaux. En 2021, le taux de circularité dans l’UE était de 23 % pour les minerais métalliques, de 14 % pour les minéraux non métalliques (y compris le verre), de 10 % pour la biomasse (y compris le papier, le bois, les tissus, etc.) et de 3 % pour les matériaux d’énergie fossile (y compris les plastiques et les combustibles fossiles). Les matériaux fossiles sont moins adaptés au recyclage car ils sont principalement utilisés à des fins énergétiques, ce qui signifie qu’ils sont transformés en émissions atmosphériques. Cependant, beaucoup de progrès sont possibles dans le recyclage des plastiques. La biomasse est également partiellement inadaptée au recyclage — par exemple les aliments et les fourrages ou le bois pour l’énergie — mais des progrès sont possibles grâce à la réduction des déchets alimentaires, au recyclage des tissus naturels, etc.

 

Le tableau suivant montre le taux de circularité de l’UE et des États membres entre 2010 et 2021. En 2021, le taux de circularité était le plus élevé aux Pays-Bas (33,8 %), suivi par la Belgique (20,5 %) et la France (19,8 %). Le taux le plus faible a été enregistré en Roumanie (1,4 %), suivi par l’Irlande et la Finlande (2 %).

Les différences dans le taux de circularité entre les États membres sont dues non seulement à la quantité de recyclage dans chaque pays, mais aussi à des facteurs structurels dans les économies nationales. Le taux de circularité est élevé si la quantité de déchets recyclés est élevée. Toutefois, le taux de circularité pourrait également être élevé si la consommation intérieure de matériaux est faible, c’est-à-dire les matériaux que le pays consomme (biomasse, métaux, minéraux, combustibles fossiles, etc.). À son tour, cela se produit si les extractions nationales de matériaux destinés à être utilisés dans le pays sont faibles, si les importations de matières destinées à être utilisées dans le pays sont faibles, ou si les exportations de matières extraites sur le marché intérieur sont élevées.

Taux d’utilisation des matériaux circulaires par pays de l’UE, 2010-2021 en %

Source : Eurostat

 

Flux de matières, UE-27, 2021 (milliards de tonnes)

 

 

 

 

 

4/ Comptes de flux de matières et productivité des ressources

La consommation intérieure de matières (DMC) est un indicateur des comptes de flux de matières d’Eurostat. La DMC mesure la quantité de matières (sans l’eau et l’air) qui est effectivement utilisée par les catégories de la demande finale intérieure (consommation des ménages et des administrations publiques et FBCF). Les DMC sont définies et calculées comme l’apport de matières premières domestiques moins le poids massique simple des exportations.

a) Consommation matérielle par pays

Le niveau de DMC varie considérablement au sein de l’UE, allant d’environ 8 à 9 tonnes par habitant (Italie, Espagne et Pays-Bas) à environ 30 à 40 tonnes par habitant (Estonie, Roumanie et Finlande). En outre, la structure du DMC — par principale catégorie de matériaux — varie d’un pays à l’autre, comme le montre le graphique suivant. La composition du DMC dans chaque pays est influencée par les dotations naturelles en ressources matérielles, et ces dernières peuvent constituer un élément structurel important de chaque économie.

La consommation de minéraux non métalliques variait le plus d’un pays à l’autre, allant d’environ 2 tonnes par habitant aux Pays-Bas à environ 28 tonnes par habitant en Finlande et en Roumanie. Ici, les différences entre les pays sont influencées, entre autres, par les niveaux d’activités de construction (investissements), les densités de population et la taille des infrastructures, telles que le réseau routier. La consommation de biomasse variait également considérablement d’un pays à l’autre, allant d’environ 1 tonne par habitant à Malte à environ 7 tonnes par habitant. Les économies à forte consommation de biomasse sont spécialisées dans la production de bois (Finlande) ou l’élevage (Irlande, Danemark). La consommation de matières énergétiques fossiles était d’environ 2,4 tonnes par habitant dans l’UE, et ce même d’un pays à l’autre.

Outre la structure de l’économie et les conditions climatiques, la densité de population peut expliquer, du moins en partie, les différences entre les pays européens en ce qui concerne les modes de consommation. Les pays de l’UE plus densément peuplés, tels que les Pays-Bas et la Belgique, ont tendance à consommer des quantités par habitant légèrement inférieures à la moyenne de l’UE, tandis qu’une consommation par habitant plus élevée peut être observée dans les pays de l’UE à faible densité de population, tels que la Finlande, l’Estonie et la Suède.

Consommation intérieure de matériaux par principale catégorie de matériaux, 2023 en tonnes par habitant

 

Depuis 2000, la DMC de l’UE est passée de plus de 15 tonnes par habitant à un peu moins de 14 tonnes par habitant en 2023. L’extraction mondiale de matières premières, qui équivaut à la DMC mondiale puisque la balance commerciale mondiale est nulle, a augmenté régulièrement depuis l’année 2000, où elle était de 9,2 tonnes par habitant, jusqu’en 2014, où elle a atteint 12,4 tonnes. Depuis lors, la DMC mondiale est restée à peu près stable et s’élevait à 12,0 tonnes en 2022.

 

 

b) Productivité des ressources

La productivité des ressources est le rapport entre le PIB et la DMC. Une analyse de ce ratiodes ressources (graphique suivant) permet d’expliquer l’évolution de la productivité des ressources au fil du temps. Avant 2007-2008, le PIB et le CGM augmentaient presque en parallèle, ce qui se traduisait par une productivité des ressources plus ou moins stable. Entre 2008 et 2016, les deux composantes se sont découplées, c’est-à-dire qu’elles se sont développées en sens inverse. Entre 2016 et 2021, les deux composantes ont semblé se recoupler à nouveau, c’est-à-dire afficher des schémas de variation annuelle plutôt parallèles. Avec le début de la reprise après la pandémie de COVID-19 depuis 2021, nous assistons à un fort découplage, avec une croissance du PIB de près de 4 % entre 2021 et 2023, tandis que le DMC a diminué de plus de 3 % au cours de la même période.

La crise financière mondiale de 2007-2008 a eu un impact très différent sur la productivité des ressources de l’UE que la récession de la COVID-19. Si le premier a entraîné une croissance significative de la productivité des ressources, le second a entraîné une baisse modérée, qui est toutefois restée moins prononcée que la baisse du PIB entre 2019 et 2020. Pendant la crise financière mondiale et les années suivantes, la consommation de matériaux – en particulier pour la construction, c’est-à-dire la formation brute de capital – a chuté beaucoup plus que le PIB et est restée à de faibles niveaux jusqu’en 2016. D’autre part, la pandémie de COVID-19 a entraîné une contraction beaucoup plus importante de l’économie de l’UE par rapport à la crise financière mondiale, tandis que la consommation de matériaux a diminué modérément, en particulier parce que la consommation de matériaux de construction et de biomasse est presque restée inchangée.

Exprimée en PIB en SPA sur DMC, la productivité des ressources s’élève à 2,7 EUR/kg pour l’économie agrégée de l’UE en 2023. Le ratio varie considérablement d’un pays de l’UE à l’autre, allant d’environ 1 EUR/kg (Roumanie, Bulgarie et Finlande) à plus de 3 EUR/kg en France, en Belgique, en Espagne, à Malte, en Irlande, en Italie, au Luxembourg et aux Pays-Bas (voir tableau 2).

Le second graphique suivant est un diagramme de dispersion présentant le DMC par rapport aux niveaux du PIB. Il n’y a pas de relation linéaire claire entre le PIB et le DMC. Il existe des pays à faible PIB et à DMC élevé (par exemple, la Roumanie), mais aussi des pays à PIB élevé et à DMC faible (par exemple, les Pays-Bas). En outre, il existe des pays à faible DMC et à faible PIB (par exemple, la Grèce) ainsi qu’à forte DMC et à PIB élevé (par exemple, l’Irlande et le Luxembourg).

Exprimée en PIB en SPA sur DMC, la productivité des ressources s’élève à 2,7 €/kg pour l’économie agrégée de l’UE en 2023. Le ratio varie considérablement d’un pays de l’UE à l’autre, d’environ 1 €/kg (Roumanie, Bulgarie et Finlande) à plus de 3 €/kg en France, en Belgique, en Espagne, à Malte, en Irlande, en Italie, au Luxembourg et aux Pays-Bas.

Productivité des ressources, PIB et DMC, en 2023

Le graphique suivant est un diagramme de dispersion présentant les niveaux de CMD par rapport au PIB. Il n’existe pas de relation linéaire claire entre le PIB et le CMD. Il existe des pays avec un faible PIB et un CMD élevé (par exemple la Roumanie), mais aussi des pays avec un PIB élevé et un CMD faible (par exemple les Pays-Bas). En outre, il existe des pays avec un CMD faible et un faible PIB (par exemple la Grèce) ainsi que des pays avec un CMD élevé et un PIB élevé (par exemple l’Irlande et le Luxembourg).

Productivité des ressources, comparaison entre pays, 2023

 

 

 

 

5/ Les déchets

a) Production totale de déchets

En 2020, le total des déchets générés dans l’UE toutes les activités économiques et les ménages se sont élevés à 2 151 millions de tonnes, soit 4 808 kg par habitant. La construction a représenté 37,1 % du total en 2020 et a été suivie par les mines et les carrières (23,4 %), l’industrie manufacturière (10,9 %), les services des déchets et de l’eau (10,7 %) et les ménages (9,5 %); les 8,4 % restants étaient des déchets provenant d’autres activités économiques, principalement des services (4,5 %) et de l’énergie (2,3 %).

Production de déchets par les activités économiques et les ménages, 2020, (% de la part des déchets totaux)

Production de déchets par les activités économiques et ménages, UE, 2020, (% de la part des déchets totaux)

 

Le graphique suivant présente une analyse de la quantité de déchets générés sous une forme normalisée, par rapport à la taille de la population. Les niveaux élevés de déchets totaux produits dans certains des petits États membres de l’UE sont clairement visibles, avec des valeurs particulièrement élevées pour la Finlande, où en moyenne plus de 20 tonnes de déchets ont été produites par habitant en 2020, soit plus de quatre fois la moyenne de l’UE de 4,8 tonnes par habitant. Plusieurs des États membres présentant des niveaux particulièrement élevés de déchets générés par habitant ont fait état d’une part très élevée de déchets provenant de l’exploitation minière et des carrières, tandis que, ailleurs, la construction et la démolition ont souvent contribué à la part élevée des déchets.

Une grande partie des déchets provenant des mines et des carrières ainsi que de la construction et de la démolition sont classés comme des déchets minéraux majeurs: L’analyse présentée à la figure 2 distingue les principaux déchets minéraux de tous les autres déchets. Près des deux tiers (64 % ou 3,1 tonnes par habitant) des déchets totaux produits dans l’UE en 2020 étaient des déchets minéraux majeurs. La part relative des principaux déchets minéraux dans le total des déchets produits varie considérablement d’un État membre de l’UE à l’autre, ce qui peut refléter, au moins dans une certaine mesure, des structures économiques différentes. En général, les États membres de l’UE qui disposaient d’une part plus élevée de déchets minéraux importants étaient ceux qui étaient caractérisés comme ayant des activités d’extraction minière et de carrière relativement importantes, telles que la Finlande, la Suède et la Bulgarie, et/ou des activités de construction et de démolition, telles que le Luxembourg; dans ces États membres, les principaux déchets minéraux représentaient entre 84 % et 89 % de l’ensemble des déchets produits.

Production de déchets, 2020 (kilogramme par habitant)

 

 

b) Traitement des déchets

En 2020, quelque 2 029 millions de tonnes de déchets ont été traitées dans l’UE. Cela ne comprend pas les déchets exportés, mais le traitement des déchets importés dans l’UE. Les quantités déclarées ne sont donc pas directement comparables à celles relatives à la production de déchets.

Dans l’UE en 2020, plus de la moitié (60,2 %) des déchets étaient traités dans des opérations de valorisation : recyclage (39,2 % du total des déchets traités), remblayage (14,6 %) ou valorisation énergétique (6,4 %) . Les 39,8 % restants ont été soit mis en décharge (31,3 %), incinérés sans récupération d’énergie (0,5 %), soit éliminés autrement (8,1 %). Des différences significatives ont pu être observées entre les États membres de l’UE quant à l’utilisation qu’ils faisaient de ces diverses méthodes de traitement. Par exemple, certains États membres avaient des taux de recyclage très élevés (Italie, Belgique, Slovaquie et Lettonie), tandis que dans d’autres, la mise en décharge est la catégorie de traitement prédominante (Roumanie, Bulgarie, Finlande, Suède et Grèce (graphique suivant).

Traitement des déchets par type de valorisation et d’élimination, 2020 (% du traitement total)

 

Les déchets municipaux ne représentent qu’environ 10 % du total des déchets produits. Cependant, ils ont un profil politiquement très élevé en raison de leur caractère complexe, dû à leur composition, de leur répartition entre de nombreuses sources de déchets, et de leur lien avec les habitudes de consommation. Le graphique suivant montre la production de déchets municipaux par pays, exprimée en kilogrammes par habitant. Pour 2018, les totaux de production de déchets municipaux varient considérablement, allant de 272 kg par habitant en Roumanie à 814 kg par habitant au Danemark. Les écarts reflètent des différences dans les consommations et les richesses économiques, mais dépendent également de la manière dont les déchets municipaux sont collectés et de leur gestion. Il existe des différences entre pays en ce qui concerne la mesure dans laquelle les déchets provenant du commerce, des échanges et de l’administration sont collectés et gérés en même temps que les déchets  des ménages.

Le graphique suivant montre la  quantité de déchets municipaux générés au niveau de l’UE et la quantité de déchets par catégorie de traitement : mise en décharge (« landfill »), incinération, recyclage des matériaux (« material recycling ») , compostage et autres.

Bien que l’UE produise davantage de déchets, la quantité totale de déchets municipaux mis en décharge a diminué de 69 millions de tonnes, soit -57 %, passant de 121 millions de tonnes (286 kg par habitant) en 1995 à 52 millions de tonnes (117 kg par habitant) en 2018. Cela correspond à une baisse annuelle moyenne de 3,5 %. En conséquence, le taux de mise en décharge (part des déchets mis en décharge par rapport aux déchets générés) dans l’UE est passé de 61 % en 1995 à 24 % en 2018.

La quantité de déchets recyclés (recyclage des matériaux et compostage) est passée de 37 millions de tonnes (87 kg par habitant en 1995) à 104 millions de tonnes (233 kg par habitant en 2018). La part des déchets municipaux recyclés dans l’ensemble est passée de 19 % à 47 %.

Traitement des déchets municipaux, UE-27, 1995-2018 (kilogramme par habitant)

 

 

 

6/ L’eau

a) L’eau comme ressource

Les ressources en eau désignent l’eau douce disponible utilisable sur un territoire et comprennent les eaux de surface (lacs, rivières et cours d’eau) et les eaux souterraines. Les ressources en eau renouvelables sont calculées comme la somme du flux interne (qui correspond aux précipitations moins l’évaptranspiration réelle ) et du flux externe.

La disponibilité de l’eau douce dans un pays est principalement déterminée par les conditions climatiques et les flux d’eau transfrontaliers (autrement dit les flux externes), tandis que pour les quantités totales, c’est la taille du pays qui compte. Il existe des différences considérables dans les quantités d’eau douce prélevées dans chacun des États membres de l’UE, qui reflètent en partie la taille de chaque pays et les ressources disponibles. mais aussi des pratiques de prélèvement,  le climat et la structure industrielle et agricole.

Les ressources en eau douce par habitant sont considérées comme un indicateur important pour mesurer la durabilité des ressources en eau. Pour les pays de l’UE, les ressources en eau moyennes sont d’environ 8 à 9 000 m³ par habitant. Dans les pays riches en eau, la part d’un habitant peut atteindre environ 30 000 m³ (Croatie) ou près de 70 000 m³ comme en Norvège. Selon le Rapport mondial sur la mise en valeur des ressources en eau des Nations Unies, un pays connaît un « stress hydrique » lorsque ses ressources en eau annuelles sont inférieures à 1 700 m³ par habitant ; parmi les pays de l’UE, c’est le cas en Pologne, en Tchéquie, à Chypre et à Malte.

Ressources renouvelables en eau douce – moyenne annuelle à long terme en 2023 (millions de m³)

 

 

b) Prélèvement d’eau en 2020

Il existe des différences considérables dans les quantités d’eau douce prélevées au sein de chacun des États membres de l’UE, reflétant en partie la taille de chaque pays et les ressources disponibles, mais aussi les pratiques de prélèvement, le climat et la structure industrielle et agricole de chaque pays. Entre 2000 et 2020,  le volume total d’eau douce prélevé a augmenté à son rythme le plus rapide au Danemark (+34,5 %). Les baisses les plus importantes ont été enregistrées en Lituanie (-82,6 %, en raison d’une réduction des besoins en eau de refroidissement dans la production d’électricité), en Slovaquie (-50,9 %), en Belgique (-44,6 %) et en Estonie (-42,3 %). Une évolution remarquable a été observée en Grèce.

Il existe également les différences considérables entre les États membres de l’UE en ce qui concerne le rapport entre les prélèvements dans les eaux souterraines et les ressources en eau de surface. Parmi les États membres de l’UE, les prélèvements d’eau de surface représentaient environ 8 fois le volume d’eau prélevé dans les ressources en eaux souterraines en Roumanie et en Bulgarie et environ 6 fois aux Pays-Bas. À l’autre extrémité de la fourchette, le volume d’eau prélevé des ressources en eaux souterraines était environ 13 fois plus élevé que le volume des eaux de surface prélevées à Malte et 3,6 fois au Danemark.

L’eau non douce (c’est-à-dire l’eau de mer et l’eau de transition, comme les marécages saumâtres, les lagunes et les zones estuariennes) est également prélevée dans certains États membres de l’UE . La Suède (10 700 millions de m³ ; données de 2015), les Pays-Bas (6 249 millions de m³ ; données de 2019) et la France (5 345 millions de m³ ; données de 2019) ont enregistré les volumes d’eau les plus élevés prélevés à partir de sources autres que l’eau douce. À Malte, le volume d’eau non douce prélevé domine même et atteint environ 4,5 fois le volume d’eau douce prélevé (données 2020, estimées) ; il faut noter qu’une grande partie de cette eau non douce est utilisée pour la production d’eau douce par dessalement.

L’utilisation globale des ressources en eau peut être considérée comme durable à long terme dans la plupart des pays de l’Europe. Toutefois, des régions spécifiques peuvent être confrontées à des problèmes liés à la rareté de l’eau. C’est notamment le cas dans certaines parties du sud de l’Europe, où des gains d’efficacité dans l’utilisation à des fins agricoles (ainsi que pour d’autres usages) doivent être réalisés dans un avenir très proche afin d’éviter les pénuries saisonnières comme en 2022. Des  régions ayant de faibles précipitations, une forte densité de population ou une activité agricole ou industrieelle intensive, devront faire face à cette rareté de la disponibilité de l’eau dans les années à venir, qui est exacerbée par les effets du changement climatique, et ainsi modifier leur pratiques de gestion de l’eau.

Prélèvement total d’eau, 2000 et 2020 (millions de m³)

 

 

c) Utilisations de l’eau

L’utilisation globale des ressources en eau peut être considérée comme durable à long terme dans la majeure partie de l’Europe. Cependant, certaines régions pourraient être confrontées à des problèmes de pénurie d’eau ; c’est notamment le cas dans certaines régions du sud de l’Europe, où il est probable que des gains d’efficacité dans l’utilisation de l’eau à des fins agricoles (et autres) devront être réalisés afin d’éviter les pénuries d’eau saisonnières. Les régions caractérisées par de faibles précipitations, une forte densité de population ou une activité agricole ou industrielle intensive pourraient également être confrontées à des problèmes de durabilité dans les années à venir, qui pourraient être exacerbés par les impacts du changement climatique sur la disponibilité et les pratiques de gestion de l’eau.

L’eau est fournie soit par le réseau public (réseaux publics ou privés avec accès public), soit par l’auto-approvisionnement (par exemple, forages privés). Si la part du secteur public de l’eau dans les prélèvements totaux dépend de la structure économique d’un pays donné et peut être relativement faible, elle n’en demeure pas moins souvent au centre de l’intérêt public, car elle comprend les volumes d’eau directement utilisés par la population.

La consommation d’eau des ménages provenant du réseau public varie selon les pays européens : la médiane se situe autour de 40 à 50 mètres cubes par habitant et a légèrement diminué au cours des dernières décennies.

Consommation d’eau des ménages provenant du réseau public d’approvisionnement en eau, 1990-2023 (m³ par habitant)

 

d) Les nitrates

Les nitrates et le phosphore présents dans les eaux de surface peuvent entraîner une eutrophisation, c’est-à-dire un appauvrissement en oxygène dû à la prolifération d’algues, qui a des répercussions sur les écosystèmes d’eau douce et marine. L’eutrophisation, qu’elle soit induite par les nitrates ou le phosphore, oblige les États membres à prendre des mesures correctives  pour ces eaux en vertu de la directive européenne dite « nitrates » (91/676/CEE).

Les nitrates sont une des principales causes de dégradation de la qualité des eaux souterraines et principalement des nappes phréatiques, plus vulnérables. Ils proviennent essentiellement de pollutions diffuses agricoles et ont causé la fermeture de nombreux captages d’eau potable depuis les années 1990. Un indicateur  des teneurs en nitrates dans les nappes, est publié sur.  le site d’Eurostat. Elles  augmentent plus ou moins jusqu’en 2018 puis chutent en 2019. En 2016-2019, 14,1% des stations d’eaux souterraines dépassaient encore en moyenne annuelle 50 mg de nitrates par litre, une situation comparable à la période de référence précédente, au cours de laquelle 13,2% des stations dépassaient 50 mg/l.

Pourcentage de la station d’eau souterraine dépassant 50 mg de nitrates par litre

Concentrations annuelles moyennes de nitrate dans les eaux souterraines au niveau NUTS2 pour la période de référence 2016-2019

Source ; Eurostat

 

 

 

e) Traitement et évacuation des eaux usées

Globalement, on observe une évolution vers une proportion plus élevée de la population raccordée au traitement des eaux usées. Le tableau suivant présente des informations sur la proportion de la population raccordée au moins à des stations d’épuration secondaires des eaux usées, ce qui constitue généralement un niveau acceptable de protection de l’environnement, sauf si les eaux réceptrices se trouvent dans une zone sensible. Cette part a généralement augmenté au cours des dernières décennies et était supérieure à 80 % dans la moitié des pays de l’UE pour lesquels des données récentes sont disponibles (années de référence mixtes). La part de la population raccordée au moins à une station d’épuration secondaire des eaux usées a même atteint 95 % et plus dans 6 pays (Danemark, Allemagne, Grèce, Pays-Bas, Autriche et Suède).

 Part de la population raccordée à au moins un traitement secondaire des eaux usées urbaines, 2002-2023, %

 

 

 

7/ la fôret

En 2022, l’UE comptait environ 160 millions d’hectares de forêts (hors autres terres boisées). En termes relatifs, cela signifie que les forêts couvrent 39 % de la superficie terrestre de l’UE. Cela représente une augmentation d’environ 8,3 millions d’hectares, soit 5,5 %, depuis 2000 et de 2,6 millions d’hectares, soit 1,7 %, depuis 2010. Les forêts couvrent plus de la moitié du territoire national (terrestre) dans 5 pays : Finlande (66 %), Suède (63 %), Slovénie (58 %), Estonie (54 %) et Lettonie (53 %) (graphique suivant). En termes absolus, les pays ayant les plus grandes superficies forestières sont la Suède (27 980 milliers d’hectares), la Finlande (22 409 milliers d’hectares) et l’Espagne (18 576 milliers d’hectares), selon les estimations de 2022.

Superficie forestière dans l’UE, 2022 (%)

Les stocks de bois dans les forêts de l’UE sont estimés à 28,6 milliards de m3 (hors écorce) en 2022. L’Allemagne en représente la plus grande part (13,2 %), suivie de la Suède (12,6 %) et de la France (11,8 %). Les stocks de bois dans les forêts ont augmenté dans tous les pays, soit une croissance de 32 % au niveau de l’UE au cours de la période 2000-2022 (graphique suivant) La plus forte augmentation a été estimée pour l’Irlande (163 %), la France (66 %), Chypre et l’Italie (57 % et 54 % respectivement), tandis qu’à l’autre extrémité du spectre, une augmentation beaucoup plus modérée a été estimée pour la Suède (14 %) ainsi que pour la Tchéquie (10 %) et la Slovénie (7 %) . L’augmentation du stock de bois observée entre 2000 et 2022 peut s’expliquer par l’expansion des superficies forestières due au boisement et au reboisement naturel.

Stocks de bois dans les forêts de l’UE, 2000-2022, (%)

Au total, on estime que 66 % de l’ accroissement annuel net de bois dans les forêts de l’UE a été prélevé par l’industrie forestière en 2022. La part des prélèvements par rapport à l’accroissement net varie de 30 % à plus de 100 % dans les pays de l’UE, à l’exception de Chypre, où seulement 9 % de l’accroissement net a été abattu et retiré de la forêt. Les prélèvements dans 2 pays dépassent 90 % de l’accroissement net : la Tchéquie (estimée à 104 %), l’Allemagne (95 %) (graphique suivant). Une part de prélèvement supérieure à 100 % de l’accroissement net annuel, comme observée en Tchéquie, est possible lorsque des perturbations naturelles telles que les insectes, le vent, la sécheresse et les incendies de forêt créent du bois endommagé qui devient disponible pour la récolte. Cette pratique est appelée exploitation de récupération et a augmenté dans les pays de l’UE touchés par des perturbations naturelles au cours de la dernière décennie.

Part des extractions de bois dans l’accroissement net de la superficie forestière de l’UE, 2022, (%)

 

 

8/ L’utilisation des terres

Une zone de terre peut être utilisée en parallèle à de nombreuses fins différentes : par exemple, une forêt peut être utilisée pour la sylviculture, la chasse ou les loisirs ; il est important de noter que les statistiques qui suivent sont basées sur l’utilisation primaire (ou principale).

L’utilisation des terres agricoles est la catégorie d’utilisation primaire des terres la plus courante dans l’UE ; elle représentait 39,1 % de la superficie totale en 2018 (graphique suivant). Les zones utilisées principalement pour la sylviculture couvraient 35,9 % de la superficie de l’UE, tandis que 14,8 % de la superficie de l’UE étaient inutilisés ou abandonnés. Une part beaucoup plus faible (5,7 %) de la superficie totale de l’UE était utilisée à des fins tertiaires et résidentielles (y compris le commerce, la finance et les affaires ; les services communautaires ; les loisirs, les loisirs et le sport ; le résidentiel ; et les réserves naturelles), tandis que les utilisations à l’impact environnemental lourd (y compris les mines et les carrières ; la production d’énergie ; l’industrie ; le traitement de l’eau et des déchets ; et la construction) a réclamé 3,9 % supplémentaires, ce qui ne laisse que 0 %.

Utilisation principale des terres par type d’utilisation des terres, UE, 2018, (% de la superficie totale)

Les terres à usage agricole englobent divers types de couverture terrestre : les plus courants sont les terres arables, les cultures permanentes et les prairies. De petites portions d’autres types de couverture terrestre tels que les terres artificielles (par exemple, les bâtiments agricoles ou les routes) et l’eau (par exemple, les étangs d’irrigation) peuvent également être utilisées à des fins agricoles. Dans 12 des États membres de l’UE, plus de la moitié de la superficie totale était utilisée à des fins agricoles en 2018 (graphique suivant). La part la plus élevée d’utilisation des terres agricoles a été enregistrée au Danemark (63,7 %), tandis que l’Irlande et la Hongrie ont chacune déclaré des parts proches des trois cinquièmes. En Finlande et en Suède, l’agriculture a joué un rôle mineur en termes d’utilisation des terres, représentant moins de 10,0 % de la superficie totale des terres dans ces deux États membres. la deuxième part la plus faible est observée en Estonie (24,5 %).

La superficie utilisée pour la production agricole, connue sous le nom de superficie agricole utilisée totale (SAU), était de 157,4 millions d’hectares en 2020 dans l’ensemble de l’ UE. C’était 1,5 million d’hectares de moins qu’en 2010.

Les deux tiers (68,6 %) de la SAU de l’UE en 2020 étaient cultivés dans six pays : la France (27,4 millions d’hectares, soit 17,4 % du total de l’UE), l’Espagne (23,9 millions d’hectares, soit 15,2 %), l’Allemagne (16,6 millions hectares, soit 10,5 %), la Pologne (14,8 millions d’hectares, soit 9,4 %), la Roumanie (12,8 millions d’hectares, soit 8,1 %) et l’Italie (12,5 millions d’hectares, soit 8,0 %). Aucun autre pays de l’UE ne possédait plus de 5,0 millions d’hectares de SAU (voir page Comptes agriculture).

Superficie agricole utilisée, (part en % du total de l’UE, 2020)

 

 

 

 

 

X – LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE

La planète n’a jamais eu aussi chaud. Avec 17,23°C en moyenne relevés à la surface du globe, la journée du jeudi 6 juillet 2023 a, de nouveau, été la plus chaude jamais enregistrée, selon Climate Reannalyser, un portail de l’Université du Maine qui modélise les données de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique. C’est 1,02°C de plus que la moyenne des températures enregistrées ce jour-là de 1979 à 2000 (graphique suivant). Cette moyenne quotidienne oscillait, à titre de comparaison, entre 12,3°C en janvier et 16,3°C en juillet-août. C’est le quatrième jour de suite que ce record est battu. Le précédent, datant des 13 et 14 août 2016, était de 16,92°C. Cette moyenne mondiale est calculée à partir de relevés sur la totalité de la surface du globe, y compris les océans et les pôles.

Il est raisonnable d’anticiper un réchauffement très significatif en France dans les prochaines décennies, non pas de 2° mais plutôt de 3°, 4° voire 5° dans des scénarios où la transition échoerait au niveau mondial. Par ailleurs, le réchauffement s’accompagnera d’une multiplication d’évènements extrêmes affectant le territoire de manière très variable. Les conséquences économiques et sociales en seront considérables: hausse du niveau de la mer, fréquence des canicules et des sécheresses, abandon contraint de certaines cultures et élevages, etc.

Ces dommages ont avant tout une dimension physique, qu’il s’agit d’observer et de prévoir, à travers la part des surfaces et des populations exposées aux risques (graphique suivant), sécheresse, précipitation extrêmes, inondations). C’est un exercice qui s’appuie sur la prévision et la modélisation et qui n’est donc pas du seul ressort de la statistique publique. Certaines conséquences économiques peuvent en être déduites: dommages aux biens assurés et aux infrastructures, calamités agricoles, interruptions d’activités.

En France métropolitaine, de 1900 à nos jours, le réchauffement atteint environ 1,4 °C, une valeur plus forte que celle observée en moyenne mondiale (+ 1,1 °C). Ce réchauffement a connu un rythme variable, avec une augmentation particulièrement marquée depuis la fin du XXe siècle. Depuis 1980, la tendance observée est d’environ + 0,3 °C par décennie. Avec un écart de + 2,3 °C par rapport à la moyenne 1961-1990, l’année 2020 a été en France métropolitaine l’année la plus chaude jamais enregistrée. Les précédents records dataient respectivement de 2018 et 2014 (graphique suivant).

 

Écart à la normale* des températures moyennes annuelles, en France métropolitaine en °C

Fréquence des journées et nuits anormalement chaudes pour les périodes 1976-2005 et 2021-2050

 

 

 

1/ Le réchauffement climatique depuis 150 ans

L’augmentation de la température mondiale est aujourd’hui très nette (figure suivante). L’écart par rapport à la moyenne de la période de référence préindustrielle 1850-1900 est faiblement marqué jusqu’au milieu des années 1930, puis devient légèrement positif jusqu’au milieu des années 1970 avant d’augmenter nettement depuis. Sur les 30 dernières années, la température mondiale a augmenté de près de 0,2 °C en moyenne par décennie. Le réchauffement climatique touche l’ensemble de la planète, mais son intensité diffère selon l’endroit considéré. Il s’accompagne d’autres phénomènes naturels importants, comme l’élévation du niveau de la mer, l’acidification des océans ou la diminution de leur teneur en oxygène dissous.

Évolution de la température mondiale (écart à la moyenne 1850-1900 en °C)

 

 

 

2/ Les émissions de gaz à effet de serre (GES)

Les causes du changement climatique sont dorénavant clairement établies par la communauté scientifique internationale. D’un point de vue physique, c’est la concentration dans l’atmosphère des gaz à effet de serre (GES), qui réchauffe la terre en piégeant et en réfléchissant vers le sol une partie du rayonnement infrarouge initialement émis par la surface terrestre suite au rayonnement solaire. Si l’effet de serre constitue d’abord un phénomène naturel indispensable à la vie terrestre, les activités humaines ont considérablement amplifié son impact, avec notamment l’explosion des émissions de GES depuis la seconde moitié du 20ᵉ siècle. Ainsi d’après le GIEC, « il est extrêmement probable » que les émissions anthropiques (i.e. d’origine humaine) de GES aient été la cause principale du réchauffement climatique observé depuis 1970.

Le dérèglement climatique est ainsi principalement dû aux émissions de gaz à effet de serre. « Il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les continents ». En 2017, année où les émissions mondiales de CO2 sont reparties à la hausse de 2 % après trois années de stagnation, la concentration moyenne de dioxyde de carbone dans l’atmosphère atteint un nouveau sommet à 405 ppm (parties par millions), soit 2,2 ppm de plus qu’en 2016. En novembre 2020, la concentration de CO2 dans l’atmosphère terrestre atteint 413 ppm (graphique suivant).

Concentration atmosphérique de CO2 en milliards de tonnes de CO2

 

 

On distingue les émissions de CO2 liées au changement d’affectation des sols (par exemple disparition progressive de la forêt amazonienne) et celles liées aux ressources fossiles et aux branches (tableau suivant). Dans ces dernières qui deviennent majoritaires à partir de 1950, le charbon puis le pétrole jouent un rôle prépondérant.

Émissions mondiales de CO2 depuis 1900 en milliards de tonnes de CO2 par an

 

Les émissions de 2019 en milliards de tonnes de CO2, équivalent ne sont pas dues qu’au CO2. Mais leur part est prépondérante (plus de 75%). Chacun des 4 tableaux ou graphiques suivants montre des résultats différents d’émissions de gaz à effet de serre par les régions du monde selon la variable ou le ratios utilisés. On distingue notamment la répartition du cumul historique depuis 1850 et la répartition annuelle des émissions de CO2. Les résultats sont très différents selon les deux approches. Dans la première, les pays industrialisés (Amérique du Nord, Europe, autres pays de l’océan pacifique) représentent presque 45% des émissions cumulées.

Le graphique suivant montre toutefois une hiérarchie totalement différente pour les émissions de CO2 en 2019 avec une importance particulière de l’Asie de l’Est (Chine, Corée, etc…).

Mais si on s’intéresse maintenant aux émissions mondiales de CO2 par tête on obtient une hiérarchie nettement différente avec un niveau bien plus élevé dans les pays industrialisés.

Il y a enfin la distinction des émissions de gaz à effet de serre sur le lieu de production (territorial) et sur le lieu de consommation (empreinte). Les pays industrialisés ont une proportion plus élevée par habitant pour la consommation que pour la production.

Répartition des émissions du cumul historique de CO2 en milliards de tonnes de CO2 (1850-2019)

 

Émissions territoriales de tous les gaz à effet de serre en 2019 en millions de tonnes en % du total

Émissions mondiales de 2019 par habitant (en milliards de tonnes CO2 par habitant)

 

Émissions mondiales de 2019 par habitant (en milliards de tonnes CO2 par habitant) empreinte et territorial

 

Le réchauffement climatique va induire des dommages sur les sociétés humaines et les milieux naturels,avec des risques de dommages irréversibles. La situation est déjà particulièrement critique puisque, la plupart des GES mettant très longtemps à se dissoudre dans l’atmosphère, les émissions d’aujourd’hui vont affecter le climat pendant tout le siècle prochain au moins. D’après le dernier rapport du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), la concentration actuelle est telle que nous sommes déjà à une augmentation de 1,1 °C par rapport à l’ère préindustrielle. « Inverser » le mouvement supposerait d’avoir des émissions nettes négatives, à savoir que les puits de carbone naturels de la planète (forêts, océans) et les technologies d’élimination du dioxyde de carbone (captage et stockage) soient supérieurs au flux d’émissions brutes d’origine anthropique (i.e. d’origine humaine). À ce stade, c’est très loin d’être le cas.

Le contexte mondial de lutte contre le changement climatique a été renforcé ces dernières années. En particulier, l’accord de Paris en 2015 prévoit de limiter l’élévation de la température moyenne de la planète « nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels ». Respecter l’accord de Paris revient donc à se donner un niveau de concentration maximum de GES à ne pas dépasser : autrement dit, cela définit l’existence d’un budget carbone au niveau mondial, correspondant à la quantité maximale de GES d’origine anthropique pouvant être émise dans le futur. Mais D. Trump a rejeté cet accord.

La COP30, qui se tient novembre 2025 au Brésil, est spéciale à plus d’un titre [10]. Elle marque les dix ans de la COP21 ayant donné lieu à l’accord de Paris, et doit aboutir, comme tous les cinq ans, à une rééva­luation des engagements climatiques des Etats. Ces contributions déterminées au niveau national (CDN) doivent désormais courir jusqu’en 2035, en vue de limiter le réchauffement bien en dessous de + 2 °C et de préférence sous + 1,5 °C. Mais plusieurs dizaines de scientifiques de renom ont affirmé en juin, étude à l’appui, que cette cible de 1,5 °C peut être considérée comme inatteignable, car ce niveau de réchauffement serait dépassé en trois ans au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre. Celles-ci ont d’ailleurs battu un nouveau record en 2024.

Émissions de gaz à effet de serre en 2023, hors changement d’usage des sols, par pays et par habitant

 

 

 

 

 

 

 

3/ les tendances rfutures des émissions de GES

Or, en l’état, les tendances d’émissions de GES sont très loin de respecter les objectifs fixés au niveau mondial et le budget carbone est déjà en épuisement rapide. D’après le GIEC, il restait au 1er janvier 2018 un budget carbone de 570GtCO2eq (respectivement 1 170 GtCO2eq) pour une probabilité de 66 % de parvenir à limiter le réchauffement planétaire à + 1,5 °C (respectivement + 2 °C). La poursuite des tendances actuelles, conduirait à dépasser ce budget carbone dès l’année 2032 (respectivement 2045), sous l’hypothèse d’une croissance en volume du PIB mondial de 2,5 % par an en moyenne sur 2020- 2050 (mais avec un ralentissement progressif sur la période) et d’un recul de l’intensité carbone de l’ordre de 1,1 % par an en phase avec les récentes évolutions. On se placerait alors dans un scénario de température largement au-delà des + 2 °C prévus par l’accord de Paris (graphique suivant), avec par conséquent des risques très importants de dommages abrupts et irréversibles sur les sociétés humaines et les milieux naturels.

Les trajectoires actuelles d’émissions ne sont donc pas soutenables sur le plan climatique, au sens où elles sont incompatibles avec le respect des engagements internationaux. Respecter les cibles supposerait de réduire massivement les émissions de GES par rapport aux tendances actuelles. À titre d’exemple, il faudrait réduire les émissions mondiales de GES de plus de 5 % par an pour parvenir à la neutralité carbone en 2050. En dehors de périodes très exceptionnelles et probablement limitées dans le temps comme celle de la crise de la Covid-19 et la chute du PIB mondial qu’elle entraîne, ce seuil est hors de portée sans une transformation majeure des modes de production et des habitudes de consommation. Ceci pose fondamentalement la question de la soutenabilité de notre modèle de croissance sur le plan climatique notamment. aux ressources.

Scénarios d’émissions mondiales de gaz à effet de serre

 

Dans les grands pays émetteurs de la zone OCDE, comme les États-Unis, l’UE et le Japon les émissions brutes ont enregistré un net recul entre 2010 et 2019, de l’ordre de 7 %, 14 % et 5 %, respectivement . Cependant, ces pays ont encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre leurs objectifs, leurs émissions devant pour cela afficher une baisse supplémentaire de 44 % (États-Unis), 38 % (UE) et 34 % (Japon) entre 2019 et 2030. Ils ont donc adopté des mesures importantes pour y parvenir. Par exemple, l’UE s’est dotée du paquet de propositions « Ajustement à l’objectif 55 » (Fit for 55), les États-Unis ont adopté une loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act) et le Japon a élaboré une feuille de route pour aller au-delà d’une économie à zéro carbone ainsi que la loi sur la promotion des mesures de lutte contre le réchauffement planétaire.

À l’inverse, dans de nombreux pays émergents tels que le Brésil, la République populaire de Chine (ci après « la Chine »), l’Indonésie et l’Inde, les émissions continuent d’augmenter et n’ont pas encore atteint leur pic estimé. Ces pays devront faire baisser leur niveaux d’émissions dans les 10 à 30 prochaines années pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

 

Les principales économies doivent réduire considérablement leurs émissions pour que leurs objectifs demeurent atteignables

 

Pour réduire ses émissions de GES, chaque pays devra déterminer quels en sont les facteurs déterminants. Par exemple, la part des émissions imputables à la production d’électricité est bien plus élevée en Inde ou en Afrique du Sud qu’en France, en Suisse ou en Irlande, car la production d’électricité de ces pays repose sur l’utilisation de combustibles fossiles. Quand bien même les émissions de GES induites par les activités humaines, en particulier la consommation de combustibles fossiles et le changement d’affectation des terres, sont la cause immédiate du changement climatique, les pays devront s’attaquer aux principaux facteurs d’émissions de GES pour atteindre leur objectifs climatiques déclarés.

Comme déjà dit, le dioxyde de carbone (CO2), qui constitue le principal GES, résulte essentiellement de l’utilisation de combustibles fossiles et de la combustion de biomasse pour la production d’électricité et de chaleur, les transports, les industries manufacturières et la construction (graphique suivant). D’autres GES, tels que le méthane (CH4), l’hémioxyde d’azote (N2O) et les hydrocarbures halogénés, participent également au changement climatique. À l’heure actuelle, les émissions anthropiques de méthane sont la deuxième cause du changement climatique et représentent approximativement 18 % des émissions totales. Ces émissions proviennent essentiellement des activités agricoles et minières. Le N2O résulte quant à lui principalement des activités agricoles et de la combustion d’énergie fossile (GIEC, 2021[13]).

On retrouve quasiment les chiffres ci-dessus du GIEC. La partie gauche du graphique suivant présente les principales catégories d’émissions par gaz et source à l’échelle mondiale. Avec une part estimée à 74 % des émissions de GES totales, le CO2 est le gaz le plus émis, suivi du CH4, du N2O et des gaz fluorés. Les secteurs de l’énergie, des transports, des industries manufacturières et de l’agriculture constituent les principales sources d’émission mondiales, avec 76 % de l’ensemble des émissions de GES (graphique suivant, partie droite)

Les secteurs de l’énergie et des transports sont responsables de plus de 50 % des émissions mondiales de CO2, qui est le gaz le plus émis à l’échelle de la planète

 

4/ Une distribution inégale de l’énergie dans le système climatique

Avec la révolution industrielle et les émissions croissantes de gaz à effet de serre par les activités humaines, la capacité de l’atmosphère à retenir la chaleur s’est accrue. Aussi, la quantité de rayonnement infrarouge sortant vers l’espace a diminué. Le bilan radiatif est donc positif, d’où l’accumulation de chaleur sur terre concrétisée par le réchauffement global du climat.

Des chercheurs rappellent que cette énergie additionnelle évaluée à environ 1 W/m² entre 2005 et 2019 ne se répartit pas de façon homogène entre les différentes composantes du système climatique. En effet, seulement 1 % sert à réchauffer l’atmosphère tandis que 93 % fluent vers les océans qui couvrent les deux tiers de la planète. Enfin, quelque 3 % servent à fondre les glaces et 4 % à réchauffer la surface des continents.

 

Évolution du bilan radiatif de la Terre en W/m² entre 2000 et 2020 (courbe bleue et courbe noire lissée). Une valeur positive signale une accumulation de chaleur dans le système climatique. En rouge, la contribution (négligeable) du soleil à cette accumulation de chaleur

 

 

 

 

6/ De multiples impacts sur l’environnement

Au-delà des évènements météorologiques ou climatiques extrêmes (vagues de chaleur – celles de 2003 et 2006 sont les plus longues et les plus intenses –, sécheresses, inondations, cyclones, etc.), les impacts du réchauffement climatique (hausse des températures, modification du régime des précipitations, diminution du nombre de jours de gel : -2,5 jours de gel par décennie en moyenne sur la période 1961-2010, etc.) sont nombreux et néfastes pour l’environnement (feux de forêts, dates de floraison, etc.).

En réaction à la modification des conditions climatiques, le comportement des espèces évolue. Depuis 30 ans, les oiseaux migrateurs transsahariens reviennent plus précocement de leur migration. Autre exemple, les vendanges des vignobles français débutent en moyenne 15 jours plus tôt qu’il y a 40 ans. Ces phénomènes sont fortement corrélés aux évolutions de températures et sont donc des marqueurs efficaces du réchauffement climatique.

Le réchauffement climatique contribue également à l’érosion de la biodiversité. Il modifie les milieux naturels et perturbe les organismes vivants qui ont une capacité d’adaptation aux transformations de leurs habitats très inégale.

En outre, l’augmentation des températures provoque une fonte estivale des glaciers sur les massifs montagneux. Depuis 1990, la masse des glaciers métropolitains diminue de 1 mètre d’équivalent en eau par an, du fait de fontes estivales particulièrement prononcées.

Conséquence du réchauffement climatique et de la diminution des glaciers, le niveau moyen des océans monte. Alors qu’il a augmenté de 1,7 millimètre (mm) en moyenne par an depuis 1901, la tendance s’accélère ces dernières décennies, avec désormais, une augmentation d’environ 3 mm par an.

En France, le recul du trait de côte, résultant en partie de la montée des eaux, n’est pas sans incidence. Les implantations humaines en zones basses du littoral sont directement menacées. Outre les risques pesant sur l’attractivité touristique, des habitations sont exposées au risque de submersion marine.

Évolution de l’élévation du niveau moyen des océans depuis la fin du XIX ème siècle

 

 

 

 

Michel Braibant
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BIBLIOGRAPHIE

 

[1] Cadre central du Système de comptabilité économique et environnementale, 2012, Nations Unies, New York, 2016, https://unstats.un.org/unsd/envaccounting/seeaRev/CF_trans/SEEA_CF_Final_fr.pdf, voir aussi https://seea.un.org/ voir aussi La comptabilité écosystémique du capital naturel; Introduction et mise en œuvre; D. Babin et JL Weber et  https://agritrop.cirad.fr/596468/7/ID596468.pdf, voir aussi G. Gagnon, le SCEE, http://nsee.fr/fr/statistiques/fichier/2387327/ACN2014-Session1-1-presentation.pdf

[1] Prise en compte des relations entre l’économie et la nature (A. Vanoli, 16 eme colloque de l’ACN), https://www.insee.fr/fr/information/2834065, voir aussi Estimation pour la France des coûts écologiques non payés : premières recherches, Frédéric Nauroy, 15 eme colloque de l’ACN, voir aussi le rapport « Les coûts écologiques non payés relatifs aux émissions dans l’air », Études & documents, du Commissariat Général au développement durable, n° 105 mai 2014, https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/sites/default/files/2018-10/ed105-couts-ecologiques-non-payes-air-05-2014.pdf

[3] A Practical Guide for the Compilation of Environmental Goods and Services (EGSS) Accounts January, Eurostat,  2015, https://ec.europa.eu/eurostat/documents/1798247/6191549/Practical-guide-towards-compiling-EGSS-statistics-March2015.pdf/f0f8c6c1-0ae9-4f53-9c94-afcc190cc5ba

[4] Bilan environnemental de la France – Édition 2021, SDES, https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/bilan-environnemental-de-la-france-edition-2021

[5] Environmental pressures from European consumption and production. A study in integrated environmental and economic analysis. https://www.eea.europa.eu/publications/environmental-pressures-from-european-consumption voir aussi  comptes écosystémiques du capital naturel : une trousse de démarrage rapide : pour la mise en œuvre du 2e objectif d’Aichi pour la biodiversité sur l’intégration des valeurs de la diversité biologique aux systèmes de comptes nationaux dans le contexte de la comptabilité expérimentale des écosystèmes du SCEE, JL Weber, 2014, European environment agency. https://www.cbd.int/doc/publications/cbd-ts-77-fr.pdf

[6] https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/lempreinte-carbone-de-la-france-de-1995-2022?rubrique=27&dossier=1286

[7] Les émissions de CO2 du circuit économique en France, F. Lenglart, C. Lesieur, J.-L. Pasquier, L’économie française – Comptes et dossiers, Édition 2010, Insee, https://www.insee.fr/fr/statistiques/1372483?sommaire=1372485

[8] Peut-on prendre en compte le climat dans les comptes nationaux ?  S. Larrieu, S. Roux,   https://www.insee.fr/fr/statistiques/8276271?sommaire=8071406    voir aussi La comptabilité environnementale au niveau national, JL Pasquier  http://encyclopedie-dd.org/encyclopedie/neige-neige-economie-neige-neige/la-comptabilite-environnementale.html

[9] Comptabilité des écosystèmes et de leurs services, colloque de l’ACN 2008, J.L. Weber https://projects.eionet.europa.eu/leac/library/comptabilit_cosystmes/download/en/1/REV_ACN%20Paris%202008_JLW%20Comptabilit%C3%A9%20des%20%C3%A9cosyst%C3%A8mes%20.doc, voir aussi Quels indicateurs pour les soutenabilités ? JL Weber, https://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/quels_indicateurs_pour_les_soutenabilites_-_contribution_de_jean-louis_weber.pdf, voir aussi Comptes écosystémiques du patrimoine naturel, une trousse de démargae rapide, JL Weber https://www.cbd.int/doc/publications/cbd-ts-77-fr.pdf, voir aussi https://www23.statcan.gc.ca/imdb/p2SV_f.pl?Function=getSurvey&amp;SDDS=5331, voir aussi https://www.cbd.int/doc/meetings/fin/rmws-2015-01/other/rmws-2015-01-presentation-13-en.pdf

[10] L’environnement  en France en 2019, https://ree.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/9782111570573_lenvironnementenfrance_edition2019_rapportdesynthese_v24_web_light.pdf, voir aussi https://www.citepa.org/wp-content/uploads/Citepa_Rapport-Secten-2022_Rapport-complet_v1.8.pdf voir aussi  https://ec.europa.euvoir /eurostat/documents/3217494/11478276/KS-DK-20-001-EN-N.pdf/06ddaf8d-1745-76b5-838e-013524781340?t=1605526083000, voir aussi https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Air_pollution_statistics_-_air_emissions_accounts#General_overview  voir aussi https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Greenhouse_gas_emission_statistics_-_air_emissions_accounts#Analysis_by_economic_activity voir aussi https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Waste_statistics#Waste_treatment etc,… voir aussi https://www.alternatives-economiques.fr/dix-ans-apres-laccord-de-paris-mur-climatique-se-rapproche-toujours-plu/00115677?utm_source=emailing&utm_medium=email&utm_content=26072025&utm_campaign=hebdo

Tableau entrées-sorties mondial (T.E.S.)