Comptes du commerce et marges de commerce mondiales

 

Le commerce regroupe les unités statistiques (entreprises, unité légales ou établissements) dont l’activité principale consiste à revendre des marchandises  achetées à des tiers, sans les transformer.

Selon le SEC 2010, la production des grossistes et détaillants est mesurée par les marges commerciales qu’ils réalisent sur les biens qu’ils achètent à des fins de revente. La marge commerciale représente la différence entre le prix de vente effectif ou imputé d’un bien acheté pour être revendu et le prix qui devrait être payé par le distributeur pour le remplacer au moment où il est vendu ou utilisé d’une autre façon.

L’une des étapes du passage des prix de base aux prix d’acquisition pour les tableaux des ressources  et des prix d’acquisition aux prix de base pour les tableaux des emplois consiste à réaffecter les marges commerciales: en cas d’évaluation aux prix de base, les marges commerciales sont enregistrées dans les échanges des produits concernés; en cas d’évaluation aux prix d’acquisition, elles sont affectées aux produits auxquels elles se rapportent. Le total des marges commerciales par produit est égal au total des marges commerciales réalisées par les branches du commerce et des marges commerciales des autres branches.

Les marges de commerce des comptes nationaux représentent un montant élevé en France : 408 Mds d’euros en 2019 soit 9,5% de la production totale de l’économie. Il est donc essentiel de bien les évaluer ainsi que celles par produits et par emplois des équilibres-ressources-emplois.  les marges de commerce par produits doivent être re-estimées en prenant en compte les résultats de l’enquête « marges commerciales »,réalisée en 2013,   Mais ici aussi les comparaisons internationales des taux de marge sont très instructives. Leur partage volume-prix doit être aussi regardé de près.

 

Trade activity brings together statistical units (enterprises, legal units or establishments) whose main activity consists of reselling goods purchased from third parties, without transforming them.

According ESA 2010,  output of wholesale and retail services is measured by the trade margins realised on the goods they purchase for resale. A trade margin is the difference between the actual or imputed sale price realised on a good purchased for resale, and the price that would have to be paid by the distributor to replace the good at the time it is sold or otherwise disposed of.

Part of the transition of supply tables from basic prices to purchasers’ prices, and the transition of use tables at purchasers’ prices into basic prices, is the reallocation of trade margins. Valuation at basic prices implies that the trade margins are recorded as part of the product trade, while valuation at purchasers’ prices implies that the trade margins are allocated to the products to which they apply.  9.36 The total of trade margins by product is equal to the total of trade margins by the trade industries plus the trade margins by other industries.

Trade margins from national accounts represent a high amount in France: 408 billion euros in 2019 , i.e. 9.5% of the total production of the economy. It is therefore essential to evaluate them properly, as well as those by product and by use in the commodity flows bblance. The trade margins by product must be re-estimated by taking into account the results of the « trade margins » survey carried out in 2013. But here too, international comparisons of trade  margins are highly instructive. Their volume-price split muts be also studied.

 

 

 

«Dans le commerce, plus le prix est modique, plus l’étiquette est grande», Tristan Maya.

«Nos clients les plus mécontents sont notre grande source de progrès.» Bil Gates

 

Sommaire

I – TRAITEMENT DES MARGES DE COMMERCE EN COMPTABILITÉ NATIONALE

II – DÉFINITION DE LA  MARGE COMMERCIALE

III – LE CALCUL DES MARGES COMMERCIALES GLOBALES

IV- LES MARGES COMMERCIALES PAR PRODUITS

V – LES MARGES COMMERCIALES PAR EMPLOIS ET PAR PRODUITS

VI – LES TAUX DE MARGE COMMERCIALE MONDIAUX

VII – LES COMPTES DU  COMMERCE EN FRANCE

VIII – LES GROUPES DE COMMERCE EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER

IX – LE COMMERCE EN EUROPE

X – L’ÉVOLUTION DU  COMMERCE EN EUROPE

 

 

 

 

Introduction

° Les comptes du commerce sont analysés dans les 4 derniers chapitres. Les 6 premiers s’intéressent à la mesure des marges de commerce au niveau mondial. On propose ici une méthode de comparaison des taux de marges du commerce entre les pays à partir des bases d’Eurostat et de l’OCDE.

°Les marges de commerce sont estimées selon une méthode bien précise à partir des enquêtes ESA et de la statistique d’entreprise, détaillée dans cette page. La marge commerciale brute, qui mesure l’excédent dégagé par l’activité commerciale (ventes de marchandises nettes des coûts d’achat), intervient dans le calcul du produit intérieur brut (PIB). Par produit, la marge commerciale brute figure dans les équilibres ressources-emplois (ERE) de la comptabilité nationale.

° Selon la définition de l’Insee, le taux de marge commerciale rapporte la marge commerciale aux ventes de marchandises. Il existe toutefois une autre manière de calculer le taux de marge en rapportant la marge commerciale aux achats HT d’un produit. Ici, on retiendra la première définition en particulier pour les comparaisons internationales où il est possible de rapporter les marges aux total des emplois des tableaux entrées sorties (TRE-TES) des pays, qui sont évalués aux prix d’acquisition donc aux prix de ventes des produits. De plus, l’Insee a fait de nombreuses études sur le commerce en retenant cette définition [1] (les nombres entre crochet renvoient à la bibliographie en bas de page).

° Le rapport marges « transport + commerce » / production ou marges « transport + commerce » / emplois au prix d’acquisition est plus élevé que dans les autres pays européens sauf au Royaume Uni : 44% en France contre 52% au R.U. mais autour de 35% dans la plupart des pays européens, autour de 38% aux États-Unis et en Australie, et même 26% en Allemagne [3], [4]. Il est vrai que l’Allemagne n’a pas de marges de transport. 

° On étudie dans la page (Comptes de l’industrie), la consommation commercialisable de biens estimée en partie à partir des chiffres d’affaires des secteurs du commerce de détail.

 

 

 

 

I – TRAITEMENT DES MARGES DE COMMERCE EN COMPTABILITÉ NATIONALE

Dans les comptes du commerce, les marges de commerce représentent la différence entre le prix de revente d’un bien acheté pour être revendu et le prix payé par le commerçant.

Dans un TES ou TRE, la branche “commerce” peut avoir d’autres productions que des marges, tout comme des marges peuvent être produites par d’autres branches que le commerce. Dans un tableau entrées-sorties, les marges constitueront la production exclusive de la branche commerce, dont les inputs sont exclusivement composés par les frais liés à l’activité commerciale, le commerce ne consommant pas les biens qu’il commercialise.

Le traitement en marges de commerce dans les comptes du commerce se fait de la façon suivante :

Le commerce n’est pas un produit, mais une activité. On n’achète pas du commerce seul, mais on achète indirectement du commerce dans tous les achats de produits. Dans les premiers comptes du commerce, le commerce n’apparaissait pas séparément, c’est-a-dire que la valeur des productions des produits incluait les marges commerciales. Dans l’exemple suivant, la production des produits A et B contient les marges :

Si l’on veut avoir une mesure plus précise de la production proprement du produit A, il faut lui enlever la marge commerciale, par exemple 20. De même pour le produit B, par exemple 50. La production de commerce C est alors la somme des marges commerciales sur A et B. Le total de la Production est toujours 300. Mais, pour éviter un double compte, il faut que le total des marges soit nul, ce qu’on obtient en mettant un – 70 au croisement de la ligne « commerce » et de la colonne « marges ». Le total de la ligne « commerce » est alors nul : le résultat de l’activité commerciale n’existe pas en tant que produit séparé des autres.

 

De tout temps, il n’ a jamais été facile de calculer les marges commerciales dans les comptes du commerce, ainsi que leur répartition par produit, et enfin par emplois.

Plus généralement, une bonne mesure de la marge commerciale totale est désormais cruciale pour les comptes du commerce. Il avait été recommandé dans un groupe de travail de l’Insee sur les marges commerciales que la nouvelle enquête sectorielle annuelle (ESA) qui a pris le relais de l’ancienne EAE intègre comme une priorité forte de mieux mesurer la marge commerciale. Ceci suppose au minimum de bien séparer les ventes de marchandises des autres ventes et au maximum d’essayer de mesurer finement les marges commerciales, du moins pour les secteurs commerciaux. C’est une information que seule une enquête statistique peut fournir car l’expérience montre que les documents comptables de la liasse fiscale ne permettent même pas de calculer de façon fiable la marge commerciale globale.

 

 

 

 

 

II – DÉFINITION DE LA MARGE COMMERCIALE

Lors des précédentes bases, et même encore maintenant, la difficulté des comptes du commerce est d’estimer la production du commerce à partie des enquêtes auprès des entreprises (EAE, puis EAP et ESA).

Soit une entreprise B. Le premier tableau ci-dessous indique le chiffre d’affaires déclaré dans son compte de résultat et le second la répartition de son chiffre d’affaires en branches selon l’enquête.

1/ la marge commerciale des comptes du commerce

Une marchandise est un bien non produit par une entreprise, acheté par cette entreprise pour être revendu « en l’état », c’est-à-dire après n’avoir subi que des transformations mineures relevant de l’activité commerciale courante (calibrage, conditionnement, découpe…).

Plus précisément, la vente de produits de la boucherie (y compris lorsque l’entreprise réalise elle-même la découpe des carcasses), ou de produits ayant fait l’objet d’un conditionnement en sachets après avoir été reçus en vrac, relèvent bien des ventes de marchandises. En revanche, la vente de pain, de charcuterie ou de plats de traiteur élaborés sur place par l’entreprise ne relèvent pas de la vente de marchandises mais d’une activité de production.

Le prélèvement d’une marge commerciale s’exerce dans le cadre strict d’une activité d’achat pour revente. La valeur de cette marge se mesure par l’excédent dégagé par les ventes de marchandises sur le coût d’achat de ces marchandises. Ce service va au-delà de la simple intermédiation entre le fournisseur et le client, il intègre d’autres fonctions (dégroupage, présentation dans les magasins, services gratuits de parkings, de conseils, sécurité et traçabilité des marchandises…). Les marchandises demandent, pour être mises à disposition du client, une prestation variable selon la forme de vente. Le niveau de marge est également influencé par le format et le niveau de spécialisation de la distribution (e.g hypermarché versus petit commerce) qui peuvent faciliter l’exploitation d’économies d’échelle dans la distribution (des achats jusqu’aux ventes). C’est la raison pour laquelle le taux de marge commerciale, c’est-à-dire le rapport entre la marge commerciale et les ventes de marchandises, varie sensiblement en fonction des secteurs.

La marge commerciale s’obtient par la différence entre les montants des ventes de marchandises et le montant correspondant que le commerçant achète ou prélève dans ces stocks. Elle est calculée nette des pertes (vol de marchandises, casse….) et en intégrant les éventuels rabais et réductions. Elle ne tient pas compte, contrairement à la marge commerciale observée en statistique d’entreprises des pertes et gains de détention (liés au mouvement des prix)On déduit donc l’appréciation sur stocks (qui peut être positive ou négative), de la marge enregistrée en comptabilité d’entreprise.

Pour un exercice comptable donné, la marge commerciale (MC) réalisée par une unité statistique (entreprise, unité légale), est définie comme la différence entre le montant hors taxes des ventes de marchandises (VM) et le coût d’achat hors taxes des marchandises (CAMV).

Le coût d’achat hors taxes des marchandises vendues (CAVM) est défini comme :

  • le montant des achats de marchandises (AM) hors taxes au cours de cet exercice (incluant les frais annexes liés à l’achat : frais de douane, coût du transport, emballage, assurance…);
  • + la valeur hors taxes du stock de marchandises en début d’exercice ;
  • – la valeur hors taxes du stock de marchandises en fin d’exercice.

MC = VM – CAMV = VM – (AM+Variation de Stock)

= VM – AM – (Stock final – Stock début)

 

 

 

 

2/ La production totale du secteur d’activité commerce (CPA 45, 46, 47)

Elle se compose de la marge commerciale et de la production des activités autres des entreprises commerciales : fabrication de biens et prestations de services facturés à la clientèle ou aux fournisseurs.

Dans les comptes du commerce, la production de biens et services occupe un poids assez variable entre les différents secteurs commerciaux y compris artisanat commercial.

 

a) La production de biens fabriqués ou largement transformés par le commerçant

Dans le commerce de détail et l’artisanat commercial, la production de biens est l’apanage de l’artisanat commercial. 90% de la production de l’artisanat commercial est réalisée sous la forme de biens, contre 3 % pour le commerce de détail.

Dans le commerce de gros, l’activité de fabrication de biens de consommation ou de demi-produits a diminué fortement depuis 1994. Elle représente 4 % de la production dans les comptes de secteurs. Cette part est plus importante dans le commerce de gros de produits agricoles bruts avec 8 % (céréales, bétail et vins). La contribution annuelle de cette production à la production vendue du secteur n’est pas stable : en effet, elle varie en fonction du comportement de stockage des entreprises du secteur, lui-même tributaire de la conjoncture du marché.

Dans le commerce automobile, l’activité de production de biens est faible : 2 % de la production.

 

b) Les services facturés aux clients ou aux fournisseurs

Cette activité est naturellement très développée dans le commerce et la réparation automobile : 41 % de la production du secteur dont 73 % dans le commerce spécialisé dans l’entretien des véhicules.

Dans le commerce de détail, la facturation de services représente globalement 10 % de la production en 2010.

Dans le commerce de gros y compris les intermédiaires, la facturation de services contribue pour 20 % à la production du secteur. Les intermédiaires du commerce par exemple se rétribuent pour une grande part par des facturations de services qui peuvent s’exprimer par des commissions ; la vente de services représente ainsi près de 86 % de la production de ces intermédiaires.

 

3/ les traitements dans ESANE

Une entreprise a des ventes de 1000. Elle déclare une production vendue (700) inférieure aux seules branches de biens et services (900). Il est possible qu’elle ait commis une erreur dans la répartition de son chiffre d’affaires qu’elle a déclaré entre ventes de marchandises (300) et production vendue (700), Dans ce cas il convient de rétablir le compte de résultat en se calant sur les ventes de marchandises (100) et la production vendue (900). S’il n’y a pas d’erreur dans la répartition de son chiffre d’affaires qu’elle a déclaré entre ventes de marchandises (300) et production vendue (700), il est nécessaire de recaler la structure de l’enquête sur le compte de résultat de la manière suivante :

Ventes de la branche industrie = 800/900 * 700

Ventes de la branche services = 100/900 * 700

Ventes de la branche commerce = 300

La séparation entre ventes de marchandises et production vendue de manière plus précise, innovation de la base 2000, a amélioré le passage secteurs-branches en corrigeant soit les données du compte de résultat, soit celles de l’EAE (enquête annuelle d’entreprise).

Ce premier traitement a permis de mieux estimer le montant global des marges commerciales (MC) dans les comptes du commerce.

En base 95, les MC des comptes du commerce étaient mal évaluées (notamment dans les secteurs non commerciaux). Les marges commerciales ont été relevées en base 2000 de 33 milliards d’euros (année 1999).

 

 

 

 

III – LE CALCUL DES MARGES COMMERCIALES GLOBALES

Cette évaluation n’est pas immédiate. Un certain nombre de traitements doivent être réalisés dans l’ordre suivant :

• La soustraction des impôts sur les produits pour passer au prix de base,

• L’élargissement de la production commerciale pour élargir le champ à la fraude,

• La prise en compte de l’appréciation sur stock des marchandises (les variations de stock entrant dans le calcul de la marge),

• La soustraction des marges commerciales des centrales d’achat décrites comme un service d’intermédiation dans les comptes nationaux.

• L’ajout de commission représentative de marge comme celles perçues sur les journaux ou le tabac,

• la correction par annulation de marges commerciales apparaissant dans certains secteurs, mais non traitées en marge dans la comptabilité nationale (cas du F41A, L68A et L68R).

 

 

1/ Le traitement des impôts sur les produits

Les impôts sur les produits sont constitués essentiellement de la Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers (TIPP) et des droits sur les alcools et le tabac.

Le formulaire fiscal ne demande que le montant global des impôts versés avec une ventilation limitée à trois postes :

« A » : Tous impôts et taxes sur les produits et la production ;

« B » : TIPP ;

« C » : Taxe professionnelle ;

« D » : autres impôts sur produits et la production [ = « A » – (« B » + « C »)], contenant toutes les autres taxes éventuelles : droits sur les alcools, taxe d’apprentissage, taxe sur les grandes surfaces, etc.

Seuls les versements au titre de la TIPP sont l’objet d’un traitement réconciliant les données des comptes des entreprises avec les recettes de l’État. On ne s’intéresse ici qu’à elle compte tenu de son montant élevé.

Le traitement de la TIPP découle de l’analyse du contenu réel des montants enregistrés lors de la déclaration fiscale dans les rubriques ventes de marchandises, achats de marchandises et impôts sur les produits. Celui-ci a pu être clairement établi grâce à sa confrontation avec deux sources exogènes : la liste nominative de la soixantaine d’entreprises administrativement habilitées pour exercer la collecte de la TIPP, et le montant global de la TIPP perçue par l’administration des douanes.

 

Il apparaît notamment que le montant total de TIPP mentionné dans les déclarations fiscales des entreprises est, tous secteurs confondus, très inférieur au montant global perçu par l’État, et que l’écart constaté peut être imputé aux entreprises commerciales.

L’objectif est de calculer la marge commerciale par secteur hors TIPP payée par les commerçants. Il est donc nécessaire de connaître le montant de la TIPP dite « acquittée commerçants » ainsi que sa répartition entre les 3 secteurs commerciaux concernés.

 

a) Détermination du montant annuel de TIPP à imputer au commerce :

TIPP commerce = TIPP totale perçue par l’État – TIPP déclarée par le raffinage

 

b) Détermination du montant annuel de TIPP par secteurs

Elle doit être imputée d’une part, aux centrales d’achats de la grande distribution (intermédiaire du commerce relevant de la NAF4612A), d’autre part aux grossistes en combustibles et produits annexes (relevant de la NAF 4671Z). La première est évaluée globalement pour les centrales d’achats concernées, compte tenu de la déclaration de l’une d’elles et d’un certain nombre d’hypothèses décrites dans le fiche de procédure. Le montant de TIPP à affecter aux autres distributeurs, les grossistes en combustibles et produits annexes est ensuite établi par solde.

 

 

c) Chiffrage global des montants comptables

En 2010, la TIPP chiffrée à 24,0 milliards d’euros a été collectée à hauteur de 7,7 milliards d’euros par les entreprises du raffinage et 16,3 milliards par les entreprises du commerce. Les centrales d’achats de la grande distribution en ont collecté 11,3 milliards d’euros et les grossistes en carburants et produits annexes 5,0 milliards. Sur les 16,3 milliards collectés, seuls 4 sont explicitement mentionnés dans la déclaration fiscale.

Évaluation du total des marges commerciales (1° étape) en 2010 base 2010 en milliards d’euros

 

 

2/ Le redressement de la fraude fiscale, de la contrebande de tabac et la prise en compte du travail au noir.

La fraude au versement de la TVA constatée lors des contrôles fiscaux porte sur les chiffres d’affaires et les résultats déclarés. Un redressement de cette fraude est opéré dans les comptes de secteurs du cadre central et dans l’évaluation des ventes « branches » reprise dans l’élaboration des divers ERE. La fraude fiscale ainsi décelée est aussi reprise dans le chiffrage des comptes de secteurs du compte spécialisé sur le commerce. La correction consiste à appliquer des coefficients à la population de toutes les entreprises de chaque secteur au niveau « sous-classes » de la NAF, en distinguant SNF et EI. Une première série de coefficients a été établie pour le cadre central dans le cadre d’un chantier de préparation de la base 2005. Ils ne sont pas modifiés pour la base 2010. Ces coefficients consistent pour le commerce en deux taux de rehaussement spécifiques, exprimés en pourcentage du chiffre d’affaires, à appliquer l’un au chiffre d’affaires (ventes de marchandises et/ou ventes de services), l’autre au bénéfice déclaré.

Redressement de la fraude fiscale, de la contrebande de tabac et prise en compte du travail au noir (2° étape) en 2010 base 2010 en milliards d’euros

 

 

 

 

3/ les marges représentatives des services

Il s’agit des marges commerciales représentatives d’un service de centrales d’achats. En effet, le service de centrale d’achat est évalué par les commissions des adhérents à la centrale d’achats, par les services facturés aux clients revendeurs, ainsi que par la marge commerciale très faible, équivalente à une commission, prise sur des marchandises n’ayant généralement pas transité par la centrale. Ces marges doivent être déduites des marges sur les produits commercialisés et ajoutées aux ventes de services pour alimenter la production des services commerciaux (de centrales d’achat). Cette correction ne concerne que les sociétés.

 

 

4/ Les commissions représentatives de marges commerciales

Certains produits transitent physiquement par un commerçant revendeur sans que celui-ci soit propriétaire de la marchandise. Il s’agit du tabac et des journaux. Au moment de la restitution de la recette des ventes au propriétaire, le commerçant retient une commission (sa rétribution) proportionnelle aux ventes. Cette commission représente une partie des marges sur le produit. Elle est donc déduite de la production vendue de services où le « Coresane »(modification des données d’Esane par le RSP) l’a inscrite pour être réintégrée dans les marges commerciales.

Le montant des commissions sur les journaux a été fixé au moment de la base 2005 à partir des données de la base 2000 et de l’évolution constatée sur certains produits. En année courante, il évolue comme le chiffre d’affaire sur les produits livres, journaux, papeterie dont les codes se terminent par 2 ( commissions) ou par 9 (quelques produits spécifiques comme les journaux et le tabac).

La répartition entre SNF et EI du total des commissions est fondée sur le partage observé dans les secteurs

• commerce de détail de tabac et cafés-tabacs pour les commissions sur le tabac

• commerce de livres et journaux pour les commissions sur les journaux.

 

 

5/ Une taxe (appelée droit de consommation) sur le tabac manufacturé (assez élevée) à retirer des marges

Elle est affecté aux comptes de la Sécurité Sociale.

Le droit de consommation sur les tabacs (DCT) est une accise (ou impôt indirect) dont le produit est affecté au financement du budget de la sécurité sociale. Il se compose de trois éléments :

• une part proportionnelle au prix de vente au détail ;

• une part spécifique assise sur les quantités (exprimée en euros pour 1 000 cigarettes) ; • un minimum de perception qui joue le rôle d’un impôt minimal exprimé en euros pour 1000 cigarettes ou 1000 grammes. Le montant total du droit de consommation (part proportionnelle + part spécifique) ne peut être inférieur à ce minimum de perception.

Autres corrections pour le calcul des marges commerciales en 2010 base 2010 en milliards d’euros

 

 

6/ ajout des marges des secteurs non commerciaux.

Les marge sont assez importantes comme activités secondaires des secteurs de l’industrie (44,9 milliards d’euros en 2010) et dans une moindre mesure dans les secteurs de services, y compris BTP et énergie (9,7 milliards d’euros).

Ajout des marges commerciales des secteurs non commerciaux et d’autres corrections en 2010 base 2010 en milliards d’euros

 

 

7/ La correction pour appréciation sur stocks de marchandises

La comptabilité des entreprises valorise les variations de stocks d’une manière sensiblement différente de celle de la comptabilité nationale. Il est donc nécessaire d’introduire à ce titre une correction.

Celle-ci, appelée appréciation sur stocks est égale à la différence entre l’évaluation des variations des stocks d’Esane et celle retenue par la comptabilité nationale (voir page Variations de Stocks). Elle peut être positive ou négative et change la marge commerciale d’Esane.

Correction pour appréciation sur stocks de marchandises et marges commerciales calculées avant arbitrage en 2010 base 2010 en milliards d’euros

 

 

 

 

 

IV – LES MARGES COMMERCIALES PAR PRODUITS

Le calcul des marges par produits a évolué au fil des bases des comptes du commerce [5].

 

1/ base 1995 des comptes du commerce : calage sur les données d’entreprises pour l’année de base seulement 

En base 1995, les marges en valeur étaient, pour l’année de base, en général estimées à partir des études « Circuits et marges de distribution » réalisées par des prestataires extérieurs, puis en principe calées sur le total des marges du SIE (système intermédiaire d’entreprises).

Pour les années courantes, on faisait l’hypothèse forte de la fixité temporelle des taux de marge en valeur par produit et par emplois. Par exemple, quand un Responsable « secteur produit » (RSP) estimait l’évolution de la FBCF de son produit, il appliquait l’évolution en valeur de la FBCF à l’évolution de la marge commerciale sur FBCF, et ce de même pour les autres emplois. Par addition des marges sur emplois, il obtenait la marge commerciale par produit.

Cette hypothèse était forte car il semble très probable que les marges évoluent plus vite que le montant des produits commercialisés, du fait de la transformation des circuits de commercialisation et d’une sous-traitance internationale croissante (phénomène de délocalisation de la production industrielle).

L’application de taux fixe et exogènes indépendants des évolutions des données d’entreprises (SIE) ont sans doute supporté une part de responsabilité dans la divergence observée entre la marge commerciale issue du SIE et celle utilisée dans le cadre central de la comptabilité nationale lors du passage de la base95 à la base2000.

 

 

 

2/ Sont connus les taux de marge commerciale par secteur d’activité [6]

Le tableau suivant présente les taux de marge commerciale par secteurs d’activité du commerce. Il faut passer aux taux de marge commerciale par produit. Les taux de marge (brute) réalisés dans l’alimentation non spécialisée, grands magasins et bazars sont largement en dessous de la moyenne du commerce de détail : 22,3 % dans ce secteur contre 29 % dans l’ensemble du commerce de détail. Ce dernier ratio se retrouvera souvent dans cette page ainsi le taux de marge commercial pour l’ensemble du commerce : 23,4%.

Les dix plus grandes sociétés selon le chiffre d’affaires par ordre alphabétique en 2009

 

En 2020, le taux de marge commerciale dans le commerce alimentaire spécialisé est assez élevé puisqu’il est légèrement supérieur à 36,8% contre 29 % dans l’ensemble du commerce de détail. Le taux de marge commerciale (brute) du secteur du commerce de détail de carburants en magasin non  spécialisé st de 26,5%, en dessous du taux de marge moyen de l’ensemble du commerce de détail. Le taux de marge commerciale du secteur de la vente au détail de biens culturels et de loisirs,est de 32,7 %, légèrement au-dessus du taux de marge commerciale de l’ensemble du commerce de détail. Le taux de marge commerciale (brute)  du secteur de l’équipement de l’information et de la communication s’élève à 28,4 %. Le taux de marge commerciale des autres commerces de détail en magasin spécialisé s’élève à 38,6 % et compte ainsi parmi les plus importants du commerce de détail, etc….

Taux de marge commerciale dans les principaux secteur d’activité du commerce en 2020 en %

 

 

 

 

 

 

 

3/ La base 2000 des comptes du commerce : calage sur les données d’entreprises chaque année mais taux de marge uniforme pour chaque produit d’un même secteur d’activité

En base 2000, la règle était que l’on se cale sur le total des marges « secteurs » d’activité. Puis par un « passage secteurs/produits » on obtenait les marges par produits. Évidemment, il pouvait y avoir des arbitrages mais ils se résorbaient en général à l’intérieur des grands groupes de produits. Cette règle était appliquée tant pour l’année de base que pour les comptes courants. La grande nouveauté de la base 2000 est que l’égalité entre les marges de l’ensemble des secteurs et celles de l’ensemble des produits est désormais respectée pour chaque compte.

L’hypothèse implicite était celle de l’uniformité du taux de marge appliqué aux différents produits commercialisés par un secteur donné,

 

 

 

a) l’évaluation des marges commerciales par produits en base 2000.

Les marges commerciales issues des secteurs commerciaux étaient ventilées en produits fins à partir de à l’EAE NAF700. Ces produits étaient au nombre d’une centaine.  Pour chacun des trois secteurs du commerce de l’ancienne nomenclature (J10, J20, J30), la marge commerciale de chacune de ces classes NAF700 était ventilée au prorata de la structure des ventes (CAHT) des produits fins de l’EAE. Ceci pouvait poser problème, à savoir que pour certains secteur de la NAF700 du commerce, on fait l’hypothèse que les taux de marges soient les mêmes quels que soient les produits vendus, par exemple pour les hypermarchés (521 F), qui vendent aussi bien des carburants que des produits alimentaires.

Les montants de marges commerciales affectées à ces produits fins étaient ensuite agrégés par emboîtement dans la nomenclature des biens du niveau G, et pour certains produits par éclatement avec des clefs de ventilation estimés au moment de la base 2000. Par exemple, les marges commerciales du secteur d’activité (514Q) – commerce de gros de papeterie étaient réparties ainsi : 40 % au F32 (papier brut), 25% au F33 (papier fini) et C43 (autres produits manufacturés), 10 % au C20 (édition). Dans certains cas, la correspondance est biunivoque : par exemple pour le secteur d’activité (524R) commerce de livres, journaux et papeterie les marges étaient affectés au produit C20 (édition). L’hypothèse que ces clefs sont fixes durant toute la base pouvait aussi poser quelques problèmes mais il n’y avait pas d’autres sources.

Tout au long de ce « Passage produit secteur » (PSP), on enlevait les impôts sur les produits, on ajoutait la fraude, on ajoute les commissions représentatives de marge commerciales (tabac-journaux), on retirait les marges commerciales des centrales d’achat qui faisaient l’objet d’un ERE de service distinct des ERE de marges, et on retirait l’appréciation sur stocks. On avait pris l’habitude assez discutables de cumuler les arbitrages des années précédentes. Ceux-ci étaient de qualité moyenne compte tenu de l’instabilité des corrections apportées au Système Intermédiaire d’entreprises (SIE).

La méthode de la base 2000 était néanmoins considérée comme très supérieure à l’ancienne. Son examen détaillé avait fait apparaître quelques points qui devaient être améliorés ;

  • lever l’hypothèse implicite d’uniformité des taux de marge par secteur pour l’éclatement des marges par produits : cette hypothèse est forte, notamment dans le cas des hypermarchés qui ont des « produits d’appel » à marges réduites, comme les carburants ;
  • améliorer le calcul de l’appréciation sur stocks : pour quelques produits (notamment le pétrole), en cas de variations infra-annuelles de prix importantes, on observait des variations très importantes des marges d’une année sur l’autre.

Deux grands groupes de produit posaient néanmoins problème dans le calcul des marges commerciales en base 2000.

Lors de la base 1995, les marges sur produits pétroliers étaient estimées à partir des données du Comité interprofessionnel du pétrole. Lors de l’établissement de l’année de base 2000, les données s’appuyant sur le SIE étaient, de façon spontanée, largement supérieures aux estimations de la base 1995. Les marges de 1999 sont ainsi passées de 5,7 milliards d’€ en base 1995, à 11,3 milliards en base 2000. Pour les comptes courants de la base 2000 l’écart entre le montant spontané du SIE et le montant retenu pour l’année de base avait été maintenu en pourcentage. Après examen de l’historique des arbitrages, on estimait que les données de la base 2000 seraient surestimées de 3,5 milliards d’€.

Pour les IAA, les marges sur consommations intermédiaires de la base 1995 reposaient sur des hypothèses assez fortes. Pour la base 2000, ces hypothèses ont été abandonnées et les marges étaient calculées comme pour les autres produits, c’est à dire en s’appuyant sur les données du SIE, ce qui a provoqué un relèvement massif des consommations intermédiaires et une forte réévaluation des marges afférentes. Le taux global de marge des IAA s’est rapproché ainsi de celui de nos partenaires européens. Au total les marges sont passées de 18 milliards d’€ en base 1995 à 45 milliards en base 2000, ce dernier niveau semblant beaucoup plus proche de la réalité que celui de l’ancienne base, même si on considère qu’il serait sur-estimé de l’ordre de 3,5 milliards.

Ainsi, pour ces deux produits on considérait que les marges étaient sur-estimées, de l’ordre de sept milliards, mais cela ne remettait pas en compte le niveau global des marges de la base 2000. Pour certains produits les marges étaient sous-estimées et, on pouvait faire des rééquilibrages à somme nulle.

 

Étapes de calcul des marges commerciales par produit

 

 

 

 

b) L’hypothèse implicite de taux de marge commerciale uniforme par secteur

Le principal défaut réside dans la ventilation des marges sur le modèle des ventes; il en résulte que la distribution des marges par produit d’un secteur est identique à celle de ses ventes, et donc que les taux de marge commerciale d’un secteur sur tous ses produits vendus sont égaux entre eux. Cette hypothèse implicite d’uniformité des taux de marge commerciale à l’intérieur d’un secteur quel que soit le produit commercialisé n’est pas un choix méthodologique positif. Cette approximation est trop forte en soi pour un niveau en n. Mais elle l’est aussi pour l’évaluation n+1/n, car elle ne permet pas du coup de saisir la dynamique ventes/taux de marge/marges d’un produit. Ces agrégats et ratios n’ont guère de raisons d’évoluer de manière parallèle. Par exemple, on peut penser qu’un effort à la baisse sur le taux de marge peut favoriser les ventes, ou dit autrement qu’une augmentation des ventes de marchandises peut se faire à production constante, et donc permettre une baisse du taux de marge.

Lorsqu’on ventile les marges d’un secteur comme ses ventes par produit (méthode base 2000), cela revient à faire implicitement l’hypothèse d’une uniformité des taux de marge commerciale pour ce secteur sur l’ensemble des produits vendus par lui.

Donc les taux de marge de deux produits même très différents commercialisés par un même secteur seront égaux entre eux, alors que deux produits identiques vendus par des secteurs différents auront des taux de marge différents (cf. les colonnes en grisé dans le schéma suivant).

 

Illustration numérique de l’effet des méthodes sur les taux de marge commerciaux

 

Quelle que soit notre méconnaissance des circuits de distribution et des situations particulières, la situation inverse semble plus probable. C’est-à-dire celle où des produits identiques vendus par des secteurs différents ont un taux de marge sinon identique en tout cas pas trop différent (cf. méthode alternative dans le schéma ci-dessus).

Pour illustrer concrètement ce dernier point avec un produit particulier, il peut sembler plus probable que les taux de marge commerciale sur le carburant pratiqués par différents circuits de distribution (GSA , stations-services des pétroliers) soient davantage proches entre eux plutôt qu’alignés sur le taux de marge commerciale moyen de la forme de vente qui les commercialise, et qui lui, est déterminé par l’ensemble des produits commercialisés par la forme de vente, avec leur poids respectifs dans les ventes totales et leurs taux hétérogènes.

 

 

c) Quelque taux de marge implicites obtenus avec la méthode de la base 2000

Les tableaux suivants présentent les taux de marges par produit des grandes surfaces alimentaires (GSA) estimés avec l’ancienne méthode, et ceux qui seraient estimés avec la nouvelle méthode sur les 7 premiers produits dans les ventes des GSA. L’incongruité de l’hypothèse implicite de la méthode en base 2000 apparaît à la seule vue de la 1ère colonne du tableau suivant. Les écarts à l’exception du carburant (10 points) et de la viande (3 points) peuvent apparaître relativement modestes autour de 1 point.

Taux de marge commerciaux estimées dans les GSA

 

 

Le tableau suivant montre les taux de marge commerciale obtenus pour ces mêmes produits avec la méthode alternative mais pour chaque forme de vente distincte des GSA.  Plusieurs propriétés intéressantes se dégagent même si elles sont obtenues par construction. La première est de retrouver pour ces trois formes distinctes aux linéaires assez différents, une hiérarchie de taux identiques par produit. La deuxième est que les écarts de taux de marge entre des produits identiques commercialisés par des formes différentes sont plus proches entre eux, que les taux de marge commerciale globaux (cf colonne d’écart de taux par rapport au total).

Le poste carburant semble assez emblématique de l’intérêt de la méthode alternative compte tenu de l’opinion que l’on a des niveaux de marge réalisés par la grande distribution sur ce produit (produit d’appel).

Les taux de marge différenciés par type de GSA (2005)

 

 

4/ Les bases 2005, 2010 et 2014 des comptes du commerce

a) la méthode de répartition des marges par produits depuis la base 2005 (y.c. en base 2014)

La grande nouveauté de la base 2005 a été de supposer des taux de marge identiques pour un produit donné quelque soit le secteur d’activité qui le commercialise plutôt que de supposer comme en base 2000 que le taux de marge était fixe pour un secteur d’activité commerciale quelque soit les produits qu’il commercialise. Une méthode alternative d’évaluation des marges commerciales par produit a été ainsi mise en lace en base 2005. Les marges varient fortement selon les produits [9].

Cette méthode alternative consiste à relâcher l’hypothèse d’uniformité précédente (qui impose un taux de marge unique pour tous les produits commercialisés par un secteur donné). Le relâchement de cette hypothèse restrictive peut être atteint pour les différents produits d’un secteur donné, en particulier les GSA (Grandes Surfaces à prédominance Alimentaires – forme non spécialisée de commerce) ; en appliquant à la vente de chacun des différents produits des GSA, le taux de marge commercial observé pour le secteur spécialisé dans la commercialisation de ce produit.

Ces secteurs spécialisés sont identifiés simplement par leur code NAF . La somme de ces marges commerciales estimées par produit diffère alors de la marge totale des GSA connue à leur compte de résultat (CR). Pour assurer la cohérence de ces deux grandeurs (somme spontanée des marges commerciales estimées et marge du CR), les marges commerciales par produit obtenues sont alors toutes redressées de l’écart entre ces deux grandeurs. Le total des marges estimées par produit des GSA coïncide ainsi au final avec la marge du CR des GSA.

Ces principes de calcul sont illustrés par la figure suivante où les marges calculés selon la méthode alternative sont de 125 alors que celle du CR est de 100. On répartit au prorata pour se caler sur 100.

 

 

 

 

 

b) Résultats de l’enquête marges 2012

Afin de mieux étayer l’hypothèse principale retenue pour le calcul des marges, une enquête « marges commerciales » a été réalisée en 2012. Cette enquête prend la forme d’un volet complémentaire à l’enquête sectorielle annuelle (ESA) 2012 ; elle permet de recueillir la répartition de la marge commerciale par produit des unités légales alors que l’Esa renseigne sur la ventilation des ventes.

A la différence de l’ESA, l’enquête marges porte uniquement sur des secteurs généralistes du commerce de détail (hypermarchés, supermarchés, commerce de détail de meubles, commerce de détail de bricolage et vente à distance sur catalogue général).

Les  de  commercialisent 40 % des  vendues par le commerce de détail. Le  pratiqué par les hypermarchés et supermarchés varie fortement selon le type de produit, en particulier au sein des produits non alimentaires (tableau suivant). Il est particulièrement faible sur les carburants/lubrifiants (2 %), qui représentent 16 % des ventes des supermarchés, mais seulement 2 % de leur marge commerciale globale. Il est nettement plus bas que celui des stations-services (8 %) : du fait de l’homogénéité du produit et d’un marché très concurrentiel, la stratégie commerciale des grandes surfaces porte principalement sur les prix pour attirer le consommateur.

Le taux de marge est également relativement réduit pour l’équipement informatique ou de communication (10 %). À l’opposé, il est plus élevé pour l’équipement de la personne et celui de la maison, qui contribuent quasiment à la même hauteur aux ventes et à la marge commerciale des grandes surfaces.

Pour les produits non alimentaires, l’écart de taux est marqué entre grandes surfaces alimentaires et , de l’ordre de 10 à 20 points selon la famille de produits. Ceci tient sans doute en partie à un assortiment différent en gammes, à leurs achats en grande quantité, voire à leur structure spécifique de coût (un nombre de vendeurs par m2 réduit).

Pour les produits alimentaires, les taux de marge sont compris entre 13 et 27 % dans les hypermarchés et supermarchés et proches d’une famille de produits à l’autre. Ils sont particulièrement hauts lorsque les produits sont rapidement périssables, nécessitent un équipement spécifique (congélation…), plus de surface de stockage, davantage de personnel dédié au rayon, ou de l’énergie (cuisson). À l’inverse, ils sont plus modérés sur les boissons, qui se conservent plus longtemps et se stockent facilement (13 %). Les surgelés se distinguent par un taux de marge élevé, nettement inférieur, toutefois, à celui des spécialistes dans le domaine, avec un assortiment qui peut être différent. Le taux est plus proche du commerce spécialisé pour les produits frais, en particulier les fruits et légumes : pour ces derniers, la marge commerciale des supermarchés est voisine globalement de celle des primeurs.

Taux de marge commerciale par produit dans les grandes surfaces alimentaires et les commerces spécialisés

 

Les résultats par produit ne sont robustes qu’à un niveau assez agrégé et seulement pour les grandes surfaces à dominante alimentaire. Deux produits se singularisent : les carburants vendus en grande surface sont associés à un taux de marge particulièrement bas. A l’inverse, la commercialisation des fruits et légumes en grande surface dégage une marge commerciale plus importante que celle qui était retenue par hypothèse. La figure suivante permet de comparer les résultats de l’enquête à ceux issus des comptes 2011, 2012 , 2013 et 2014.

 

 

 

L’enquête marges permet d’étayer ou infirmer certaines hypothèses de l’évaluation des marges. Son apport à la méthode d’évaluation des marges ne saurait néanmoins être surestimé. L’enquête marges est une enquête apériodique, qui porte sur un nombre limité de secteurs et ne donne des résultats fiables que par famille de produits.  Elle n’a pas été utilisée pour la base 2014 car celle ci portait essentiellement sur les changements du commerce extérieur. Aussi, son utilisation pour les comptes se devait se borne, dans la base des comptes (2020), à une l’amélioration structurelle de la ventilation des marges et sera limitée au champ des produits vendus en supermarchés et hypermarchés (40 % du montant des marchandises commercialisés dans le commerce de détail le est imputable aux GSA).

 

 

 

c) Vers un nouveau calcul des marges pour la prochaine base des comptes du commerce

Pour tenir compte des résultats de l’enquête marges, des coefficients correcteurs sont proposés pour améliorer le calcul des marges. Ces coefficients sont appliqués pour les grandes familles de produits vendus en grande surface alimentaire. On propose de les appliquer pour corriger les taux de marges par produit avant le recalage par secteur. Autrement dit, la marge globale dégagée par les supermarchés et les hypermarchés n’est pas modifiée. Seule la ventilation de la marge par produit dans les grandes surfaces est changée avec ces coefficients. Ces coefficient, différenciés selon le secteur de vente (hypermarchés ou supermarchés) sont calculés comme le rapport entre le taux de marge par famille de produit de l’enquête marges 2012 et celui retenu pour le compte 2012 (ou alternativement la moyenne des taux de marges des comptes du commerce 2011 à 2013).

Globalement les coefficients correcteurs sont très proches selon que l’on opte pour la méthode 1 (on ne tient compte que du compte 2012) ou de la méthode 2 (une moyenne des comptes 2011 à 2013). On pourrait retenir les coefficients de la méthode 1 pour la prochaine base (soit taux de marge de l’enquête/taux de marge comptes 2012).

Afin d’anticiper les impacts sur les marges par produit au niveau G des comptes, l’INSEE a fait une nouvelle évaluation des marges de l’année 2014 en intégrant les coefficients proposés de la méthode 1 (tableau suivant). Les données utilisées et les autres hypothèses de calcul restent inchangées. Les marges par produit obtenues sont comparées à celles qui ont été chiffrées avec la méthode retenue en base 2010.

Les impacts par produit au niveau G de la nomenclature sont faibles . Sans surprise la nouvelle méthode conduit à revoir à la baisse la marge de commerce liée à « cokéfaction et raffinage » ( produits pétroliers) et à la hausse la « conservation et transformation de fruits et légumes ».

Du fait des recalages successifs, la modification de la marge d’un produit peut se répercuter sur les produits apparemment non impactés car jamais vendus en grande surface alimentaire, car la marge totale de l’économie reste inchangée.

 

Source : résultats de l’enquête marges

 

 

 

 

 

 

 

 

V – LES MARGES COMMERCIALES PAR EMPLOIS ET PAR PRODUITS

Du côté des emplois par produit, chaque agrégat est évalué au prix d’acquisition. Il contient donc implicitement les marges commerciales prises par chaque commerçant intervenant dans le circuit de distribution du produit. C’est ainsi que, privilégiant toujours la source « entreprise » on évaluait en base 2000 des comptes du commerce, les marges sur consommation finale par produit en s’appuyant sur les marges commerciales des secteurs du commerce de détail. Ce travail n’est plus réalisé de façon systématique en base 2005, ni dans les base suivantes. Chaque RSP de biens répartit le montant de marge commerciale de son produit sur les emplois de celui-ci. Nous présentons ainsi la méthode de la base 2000.

Il s’agissait à l’époque de calculer des taux de marges sur la consommation commercialisable, ainsi que sur les autres emplois, par produits de la NAF118 à partir des taux de marge de la nomenclature en 42 produits du commerce, et pour 61 secteurs d’activité, et aussi des taux à un niveau 700.

Ce calcul est important notamment pour l’estimation des TES symétriques aux prix de base. De plus, on dispose d’une information assez précise sur les marges sur consommation finale des ménages

 

1/les données disponibles en base 2000 des comptes du commerce

Le calcul des marges sur la consommation finale s’est fait par un processus d’itération. Les deux principales sources concernent les données sur le commerce et sur la consommation finale des ménages. On peut y ajouter les taux de marge sur emplois par produit détaillé de la NAF700, dont notamment ceux sur consommation finale des ménages.

 

a)  les données du commerce

1 – les taux de marges par produits et par secteurs d’activité (formes de ventes)

On disposait d’abord des taux de marge par produit (nomenclature du passage produit secteur – PPS en 42 produits) et par secteur d’activité (ou formes de ventes), soit :

  • les taux de marge par produit (nomenclature du PPS) et par forme de vente.
  • les marges à partir des taux de marge produit et de la répartition des ventes par forme de vente.
  • les marges par produit et par forme de vente en les calant sur les marges des secteurs.

On calcule les marges à partir des taux de marges par produit et de la répartition des ventes par formes de ventes. On obtenait un total de 91,920 milliards d’€. Il faut rajouter les marges des grossistes sur les produits vendus aux détaillants (20,510 milliards) et celles des grossistes sur les ventes directes aux consommateurs (2,072 milliards), soit un total de 114,502 milliards.

De plus, on disposait aussi des marges par secteurs (98,516 milliards). Il convenait donc de recalculer les marges par produits et par forme de vente en les calant sur ces marges. Toutefois, on a retenu un montant de 100 093 millions de marges sur consommation finale.

Quand on veut mesurer la totalité des marges commerciales qui concernent un produit destiné à la consommation finale, on effectue la somme des marges du commerce de détail, du commerce automobile, celles des grossistes et producteurs pour les ventes au détail et on ajoute celles des grossistes pour les ventes aux détaillants.

Le montant retenu aboutissait à un taux de marge sur consommation finale de 29,5%, comme en base 95, sachant que le taux de marge global (tous produits confondus et tous emplois confondus) augmente de 12,5% en base 95 à 15,3% en base 2000. Cette baisse pour la consommation finale, de même que la hausse du taux de marge global nous rapprochait néanmoins des TES étrangers.

 

 

2 – La répartition des ventes par formes de ventes (PPS ventes).

On disposait aussi de la répartition des ventes par formes de ventes (PPS ventes). Les formes de ventes des secteurs d’activité sont au nombre de 61 dont : 48 secteurs du commerce de détail et réparation, définis selon une nomenclature d’activités (NAF700) sur 4 positions : 521A à 527H ; 4 secteurs d’activités artisanales et commerciales : charcuterie (151F), cuissons et produits de boulangerie (158B), boulangerie et boulangerie-pâtisserie (158C), pâtisseries (158D. 6 secteurs du commerce et réparation automobile 3 autres secteurs : les grossistes et intermédiaires du commerce, les producteurs de biens et les prestataires de services. En 1999, ces ventes étaient d’un total de 402,985 milliards d’euros et 388,754 milliards si on exclut les ventes sur les deux produits de réparations.

 

b) les données sur la consommation finale des ménages

En 1999, la Consommation commercialisable est de 348,354 milliards d’€ décomposés dans la nomenclature en 42 produits et dans celle en 700 produits, soit 189 produits pour ce qui est de la consommation commercialisable (dont 179 pour la consommation des seuls biens hors réparations, activités informatiques,…, correspondant à une consommation de 334,817 milliards). Comparées aux ventes par formes de ventes, elles sont inférieures (334,817 milliards contre 388,744 milliards). La différence correspond à des ventes destinées à la CI, FBCF et exportations. Il est possible d’éclater ces ventes en 40 produits par sous-secteur d’activité entre des ventes en 180 produits en prenant la même structure des ventes d’un produit de la nomenclature 700 que celle de la nomenclature en 40 produits à laquelle ce produit appartient.

 

c) les données sur les taux de marge de la consommation finales des ménages en NAF700.

On pouvait estimer des taux de marges par produits de la NAF700 sur la consommation finale soit à partir des taux fournis dans la note de base du commerce de la base 95, soit à partir des données disponibles en niveau 42 de la nomenclature. Pour certains produits (automobiles, carburants,..), la note de base ne fournit pas de taux. Ces taux de la note de base ont été repris puis corrigées pour se rapprocher d‘un calage sur les données de la division commerce. Ce qu’il fallait éviter ce sont soit des marges supérieures aux marges totales d’un même produit ce qui aurait entraîné des marges négatives sur les autres emplois, soit des taux de marges anormalement élevés sur consommation finale. S’agissant des marges négatives sur d’autres emplois, il a fallu corriger notamment le tabac (B06), l’habillement (C11), le cuir et chaussures (C12), le meuble (C41), et donc cela s’est répercuté sur d’autres produits, expliquant qu’on ne soit pas calé par produits.

 

 

2/ Les résultats obtenus et actualisation des données chaque année

Le tableau suivant compare les marges en 42 produits du PPS obtenus avec celles des données des comptes du commerce. Des écarts apparaissent notamment dans les IAA. En 1999, ce montant est de 100,1 milliards ; 105,5 en 2000 et 111,6 en 2001, 116,7 en 2002.

 

Pour estimer les marges par emplois et par produits en 2001 (base 2000 des comptes du commerce), on s’est calé :

  • sur le total des marges (222 233 millions €)
  • sur les données de marges sur consommation finale issues du PPS (passage produit-secteur) marges 2001 (en partant aussi des taux par NAF700) dont le total est de 111 619 millions d€.
  • en tenant compte de l’évolution 2001/2000 des ventes par branche pour estimer les marges des autres emplois et les marges totales par produit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VI – LES TAUX DE MARGE COMMERCIALE MONDIAUX

Quels sont les taux de marge du commerce dans les principaux pays de l’OCDE ? Deux ratios sont pertinents :

  • soit rapporter les marges à la production au prix de base,
  • soit les rapporter à l’ensemble des emplois (CI, consommation finale, FBCF. une partie des exportations) aux prix d’acquisition.

En effet les bases de données d’Eurostat et de l’OCDE ne distinguent pas les emplois hors marges commerciales. Donc on ne peut rapporter  celles-ci à une notion qui se rapprocherait des achats de marchandises pour être revendues.

Mais le principal souci vient du fait que ces bases ne distinguent pas les marges de commerce de celles de transport pour les pays [8]. Ceci n’est toutefois pas gênant pour le calcul des ratios au niveau global, à savoir le calcul des deux ratios ci-dessus (voir page Comptes des transports).

La seule manière de savoir quel est le traitement des marges de transport d’un pays, sauf quand l’INS du pays les publie sur son site, est de regarder si il y a des données à l’intersection des produits « transports » du tableau des ressources et de la colonne marges commerciales et de transport. Une petite partie des pays de l’UE n’ont pas de marges transport.

 

– taux de marges de commerce global

On dispose donc des seules marges de commerce en regardant à l’intersection de la ligne des 3 produits du commerce et de la colonne marges de commerce et de transport dans le tableau des ressources des TES-TRE des bases OCDE – Eurostat.

On note aussi qu’il n’y a pas de marges commerciales sur le produit réparation et installation de machines et d’équipements (C33). Il y en a sur les produits édition (J58) et production de films cinématographiques, de vidéos et de programmes de télévision; enregistrement sonore et édition musicale; programmation et diffusion (J59). Les données des pays montrent qu’il existe aussi des marges de commerce dans d’autres produits par exemple dans  le produit gaz, électricité. Il existe d’ailleurs des marges de commerce-transport négatives d’un gros montant pour ce produit en Allemagne, Italie, plus faible aux Pays-Bas dont on ne connaît pas l’explication.

Compte tenu des données dont on dispose,   on a  choisi les deux ratios précédents en privilégiant le second qu’on avait calculé en ancienne nomenclature en 2005.

 

– Taux de marge de commerce par produits

S’agissant des marges de commerce par produits, de nombreux pays ne remplissent pas le tableau des marges de commerce et de transport (« valuation matrices ») dans les bases de données Eurostat-OCDE. Du coup, on ne peut pas estimer directement les marges par produits par pays. En outre, les inventaires RNB ne donnent aucune précision sur les méthodes de calcul des marges des comptes du commerce, celles-ci n’entrant pas dans le calcul des trois approches du PIB. Mais il faut aussi définir une méthode pour comparer les taux de marges de commerce par produits entre pays.

La méthode proposée est d’estimer les marges de commerce par produit par une règle de trois en appliquant à celles-ci le ratio entre les marges totales de commerce et les marges totales (transport+commerce). Par exemple, les marges de commerce-transport pour le produit agriculture sont de 20 992 millions d’euros en France en 2018. Les marges totales de transport (tous produits confondus) sont de 32 114 millions. Les marges totales de commerce-transport sont de 428 011 millions. On estime les marges de commerce du produit agriculture = 20992 * 428011 / (428011 + 32114), soit 19527 millions. Par différence, on déduit les marges de transport de l’agriculture, soit 20 992 – 19527 = 1465 millions. Cette méthode est approximative. Mais il est impossible de connaître séparément les marges de commerce et de transport par produit de chaque pays.

On suppose aussi que les pays comptabilisent des marges commerciale sur les exportations : c’est le cas soit des biens produits intérieurement puis exportés qui transitent par des commerçants, soit des biens qui sont achetés pour être revendus (négoce international) (voir page chaînes de valeur mondiales).

 

 

1/ Les taux de marges sur les emplois aux prix d’acquisition

a) Les taux de marge de tous les emplois des comptes du commerce par pays

1 – Taux de marge de l’ensemble du commerce

Sans faire injure aux autres pays, on a extrait les données des 16 pays « pilotes » en matière de TES-TRE au niveau mondial (voir la liste des 16 pays dans le graphique suivant) soit parce que leurs méthodes sont reconnues, soit parce que certains comptables de ces pays ont participé aux rédactions des manuels internationaux d’Eurostat de 2007 et de l’ONU de 2018, soit  parce que certains états-membres sont bien représentés  dans les conférence International Input-Output Association (IIOA) https://www.iioa.org/.

Au dénominateur, on a retenu 43% des exportations de biens. Une partie du commerce extérieur ne transite pas par des commerçants; il n’est donc pas possible de prendre en compte toutes les exportations. En réalité le pourcentage des ventes des opérateurs du commerce représente 32% des exportations en 2021 (voir ci-dessous). Mais pour les importations, ce pourcentage est de 52%. Or les importations vont en emplois des TES-TRE. Faute de mieux et de connaissance des circuits de distribution, on a retenu la part des ventes des opérateurs du commerce dans le total des importations et des exportations, soit 43%. Autre hypothèse, on applique ce taux de 43% aux exportations des autres pays.

Le taux de marge en France serait ainsi de 23,1% en 2018 comme en Suède, soit moins qu’au Royaume Uni et aux États-Unis mais un peu plus élevé qu’en Espagne et au Danemark, et largement supérieur aux taux allemands, belges, néerlandais. Dans ces deux derniers pays, le fait de prendre aux dénominateurs les exportations affaiblit considérablement les taux de marge du commerce. Des marchandises transitent à Rotterdam et Anvers pour être revendues (négoce international) ou re-exportées (entreposage). C’est aussi un peu le cas pour l’Allemagne. Les taux de marge sont encore plus bas en Italie, et surtout dans les pays de l’est de l’Europe étudiés ici (Hongrie, Tchéquie). Au total, la France a un taux de marge relativement élevé si on prend aussi en compte le Canada et l’Australie.

Tableau 110 marges Eurostat OCDE 2018

Taux de marges du commerce des emplois y.c. 43% des exportations en 2018 en %

 

 

2 – Taux de marges par sous-secteurs du commerce

Il est aussi instructif (mais quelque peu fragile) d’estimer les taux de marge commerciale sur la consommation finale des ménage (CFM) +39% de FBCF et 23% d’export d’une part et sur les autres emplois d’autre part (CI, 61% de FBCF et 77% d’export). Faisant une hypothèse assez large, on a assimilé  :

  • les marges du commerce automobile et commerce de détail aux marges sur la CFM,  39% des marges sur FBCF, 23% des marge sur export
  • et celles du commerce de gros aux marges sur la CI, 61% à la FBCF et 77% des export.

Ces pourcentages résultent de deux sources. En France, le commerce de gros représente 82% des ventes à l’exportation des opérateurs du commerce (https://www.insee.fr/fr/statistiques/6678340). D’autre part on dispose des marges commerciales par emplois (FBCF et export) pour 4 pays de l’UE : Danemark, France, Italie et Finlande (tableau suivant). Il apparaît que pour le total des 4 pays, les marges du commerce de gros représentent 61% des marges sur FBCF et celles sur les exportations : 77%. En France, ce dernier ratio est de 86% soit proche des 82% issues de la publication Insee.

Marges commerciales des 3 produits du commerce sur la FBCF et les exportations en milliards d’euros

 

Il est probable que ceci conduise toutefois à sous-estimer légèrement les marges de commerce de gros et à surestimer légèrement celles du commerce de détail et de l’automobile. Les ventes du  commerce de gros sont destinées pour une petite partie à des particuliers (6,5% des ventes). « En 2020, sur le marché intérieur, l’activité des grossistes (hors centrales d’achats et intermédiaires du commerce) est orientée pour 37,6 % de leur chiffre d’affaires vers l’approvisionnement des producteurs (industriels, artisans et agriculteurs) et à hauteur de 17,6 % vers le commerce de détail. Vient ensuite la redistribution des marchandises vers les centrales d’achats (15,0 %). Les autres clients professionnels (administrations, prestataires de services, …) comptent pour 10,9 % et les autres grossistes pour 12,5 %. Enfin, l’activité des grossistes est tournée à hauteur de 6,5 % vers les particuliers. »

Le tableau suivant présente ces taux pour montrer où se trouvent les écarts entre les pays. Au vue de ces résultats, l’écart des taux de marges globaux se fait parfois sur ceux des autres emplois. Par exemple, en Allemagne le taux de marge global estimé est 4,9 points de moins qu’en France. Mais celui sur la CFM + 39% de FBCF + 23% des exports,  serait de 3,9 point de moins quand  celui sur les autres emplois (CI, 61% de FBCF et 77% des exports) serait de 4,7 points de moins. Ce sont les mêmes ordres de grandeur avec l’Italie où l’écart avec la France est plus faible sur le « commerce de détail et d’automobile » que sur le « commerce de gros ». Avec le Royaume-Uni les écarts avec la France sont respectivement de 2,5 points de plus pour le taux de marge total dont 1,3 point de plus pour le taux de marge du « commerce de détail et d’automobile » et 2,7 points de plus pour le « commerce de gros ».

Mais avec d’autres pays (Belgique, Pays-Bas, Espagne,…), c’est le contraire. De même, le taux de marge commerciale des États-Unis est estimé à 25,5% soit 2,4 points de plus qu’en France. Mais celui sur la CFM +39% de FBCF + 23% des exports est de 4,8 points supérieur à celui de la France contre seulement 1,2 point pour les autres emplois dont 61% de FBCF et 77% d’export.

On parvient ainsi à des taux pour la France assez proches de l’étude de l’Insee qui porte sur 2020 https://www.insee.fr/fr/statistiques/6685791, ainsi que du Rapport des comptes des transports de  décembre 2023 qui porte sur l’année 2021, https://www.insee.fr/fr/statistiques/7719480 soit un taux de marge de commerce de 23,1% contre 22,7% dans cette étude, 19,3% contre 20,7% pour le « commerce de gros » et 29,3% contre moins de 28% pour le commerce de détail. Il n’y a d’ailleurs aucune raison pour que ces ratios soient les mêmes : les premier portant sur 2018, divisent les marges par les emplois du TES quand les seconds divisent les marges sur les ventes d’entreprises du commerce en 2020 à partir de la source Ésane.

 

Estimation des taux de marges du commerce sur la consommation des ménages + 39% de FBCF et 23% d’export (« commerce de détail et d’automobile ») et des autres emplois (« commerce de gros ») en 2018 en %

 

 

 

b) Les taux de marge par produits

Nous savons que les marges de transport sont nulles en Allemagne comme dans quelques autres pays européens  (Danemark, Belgique, Royaume-Uni,…). Nous savons que les marges de transport représentent autour de 10% des marges de commerce (8% en Italie, moins de 10% en France, 11,7% aux Pays-Bas). Ces taux sont toutefois nettement plus élevés en Australie, aux États Unis et surtout au Canada (voir page Comptes des transports). Les marges de transport ne sont ainsi pas surestimées en France par rapport aux pays où il y en a.

On pouvait estimer les taux de marges commerciales par produit en 2018. Dans ces calculs, on a exclu le gaz, produit assez particulier, où il peut y avoir des marges de transport comme en France. De même on a exclu l’édition qui fait partie des services (produits J59Z, J60Z de la nomenclature). On s’en tient donc à une comparaison des marges sur les produits agricoles et industriels.

Il semblerait que le taux de marge de tous les biens ait augmenté de 2,6 points de pourcentage entre 2005 et 2018. Sous réserve de l’exactitude des données en 2005, voire en 2018, – ce qui reste à démontrer -, on ne sait pas si cette hausse provient en partie d’un effet de structure : déplacement des ventes vers des produits à forts taux de marge (textile-habillement, produits pharmaceutiques, meubles, etc..), autrement dit des biens de consommation, les biens intermédiaires ayant des taux de marge plus faibles. On note que les taux de marge des automobiles et des matériels de transport ont augmenté.

On note aussi un taux de marge élevé des produits d’impression et de reproduction en France quasi nulle dans les autres pays sauf en Suède. Mais le taux de marge du papier-carton est plus faible en France.

Enfin le taux de marge par rapport aux emplois des produits agricoles n’est pas plus élevé en France (19.2%) que dans les autres pays en 2018 à peu prés comme en Allemagne et bien moins élevé qu’ en Italie et en Espagne. Pour les IAA, le taux de marge commerciale est de 23.7% en France comme en Allemagne et moins élevé qu’au Royaume Uni ou en Suède. De même on rapporte les marges commerciales à la production de la branche agriculture ou à celle des IAA. le ratio serait bien plus bas en France, 28.2% que dans les autres pays (Italie Espagne Allemagne,…) (tableau ci-dessous)

 

Taux de marges du commerce par produits des emplois en 2018 (Nomenclature Naf Rév 2) en %

 

 

 

 

2/ Les taux de marges rapportés à la production

Au dénominateur, on a la production par produits, non par branche d’activité. Ce ratio « marges de commerce / production du produit » n’est pas aussi significatif vu que de nombreux produits sont importés puis vendus par les commerçants. C’est par exemple le cas des meubles et autres biens de consommation où les marges commerciales seraient supérieures à la production intérieure de ces produits. Le ratio au Royaume Uni est de nouveau le plus élevé (58,3%). Il vient relativiser le poids des marges dans la production très élevée en France (46,8%) de même que dans le total des emplois au prix d’acquisition.

Plus un pays importe (Royaume-Uni, France), plus le ratio est élevé. L’écart entre le Royaume-Uni et l’Allemagne est ici de presque 30 points quand l’écart du taux de marge des emplois n’était même pas de 8 points.

Quelques résultats sont significatifs en France. À part les meubles et autres biens de consommation ainsi que les machines et équipements (et de nouveau les travaux d’impression et de reproduction), il n’y a aucun produit de la nomenclature où le taux de marge soit supérieur en France à ceux des autres pays. On observe certes un taux de marge relativement élevé dans les produits pharmaceutiques : 106,8% (mais le ratio est de 150,8% aux Pays Bas et 116,6% en Espagne).

Taux de marges du commerce par produits (marges / production) en 2018 (Nomenclature Naf Rév 2) en %

 

 

 

 

VII – LES COMPTES DU COMMERCE EN FRANCE

1/ Retour sur les taux de marge commerciale en France

L’Insee a publié une étude sur les taux de marge commerciale. Au sein d’un même secteur, les écarts de taux de marge entre sous-secteurs sont notables (graphique suivant) [9]. Ainsi, dans le commerce et la réparation d’automobiles, les taux de marge sont très disparates : 11 % en moyenne dans le commerce de véhicules, contre 25 % dans l’entretien et la réparation de véhicules et dans le commerce d’équipements automobiles (encadré suivant). Les disparités sont encore plus grandes au niveau des unités commerciales : dans ce secteur, le taux de marge est inférieur à 19 % pour un quart des unités, mais supérieur à 47 % pour un autre quart.

Dans le commerce de gros, les taux de marge des sous-secteurs oscillent entre 12 % dans le commerce de gros de produits agricoles bruts et d’animaux vivants et 32 % dans le commerce de gros de biens domestiques (graphique suivant). Enfin, dans le commerce de détail, ils s’étagent de 14 % dans le commerce de carburants à 39 % pour les autres commerces de détail en magasin spécialisé et les éventaires et marchés.

Taux de marge commerciale moyen en % et ses composantes en milliards d’euros en 2019 et 2020

Taux de marge moyen par secteur des unités commerciales en %

Exemple fictif du calcul du taux de marge commerciale dans le commerce et la réparation de l’automobile

 

Le commerce de gros dégage la moitié (52 % en 2020) de la marge des unités commerciales, devant le commerce de détail (40 %) et le commerce et la réparation d’automobiles (8 %) (graphique suivant). Le poids des unités appartenant à des groupes est le plus élevé au sein du commerce de gros, où elles réalisent 77 % de la marge et forment 15 % des unités légales. À l’inverse, dans le commerce de détail, les unités non indépendantes ne réalisent que 65 % de la marge et comptent pour 7 % des unités. Enfin, dans le commerce et la réparation d’automobiles, 72 % de la marge provient des unités légales non indépendantes, représentant 10 % des unités.

 Répartition de la marge commerciale par secteur et nature des unités commerciales

 

 

 

 

2/ Les comptes du commerce en 2023

a) Les ventes des secteurs commerciaux profitent du rebond d’activité en 2021

Selon le rapport de la Commission des comptes du commerce [9],  dans un contexte de quasi-stagnation de l’économie, l’activité se détériore dans le commerce de gros et le commerce de détail. Les  du commerce de gros se replient (-3,3 % en volume), comme les  du commerce de détail (-2,1 % en volume) (graphique suivant). L’activité est toutefois en forte hausse dans le commerce et la réparation d’automobiles (augmentation de 8,5 % du chiffre d’affaires en volume). L’activité y est nettement plus forte en valeur qu’en volume du fait que les prix continuent d’augmenter fortement, alors qu’ils ralentissent nettement dans le commerce de gros. Au premier trimestre 2024, le chiffre d’affaires global du commerce augmenterait légèrement par rapport à 2023

Dans le commerce de gros, l’activité diminuerait de 2,3 % en 2023 (acquis de croissance à fin septembre) après une hausse de 2,0 % en 2022. En particulier, elle se contracterait fortement chez les grossistes en produits alimentaires, boissons et tabac, dans les autres commerces de gros spécialisés (notamment combustibles et matériaux de construction) et dans le commerce de gros non spécialisé. Elle reculerait plus légèrement chez les intermédiaires de commerce et les grossistes en équipements de l’information et de la communication. En revanche, elle serait en hausse dans le commerce de gros de produits agricoles bruts et d’animaux vivants et le commerce de gros d’autres produits industriels.

En 2023, les ventes du commerce de détail hors artisanat commercial fléchiraient également. L’acquis de croissance à la fin du mois de septembre est de -1,8 % en volume, après une hausse de 3,4 % en 2022. Les ventes se replieraient nettement pour les magasins spécialisés dans le commerce de détail de carburants, le commerce de détail d’autres équipements du foyer (hors TIC) et le commerce de détail alimentaire. Elles diminueraient également dans le commerce de détail hors magasin mais de façon moins marquée. A l’opposé, elles continueraient de croître pour les magasins spécialisés dans les équipements de l’information et de la communication, les biens culturels et de loisirs et les autres magasins spécialisés (notamment chaussures et articles de cuir, produits pharmaceutiques et parfumerie et produits de beauté).

L’activité du commerce et de la réparation de véhicules automobiles et de motocycles se redresserait très nettement : elle s’accroîtrait de 8,3 % en 2023, après une baisse de 1,0 % en 2022. L’activité augmenterait fortement dans le commerce de véhicules automobiles (+12,0 % par rapport à 2022) et dépasserait pour la première fois son niveau de l’année 2019. Elle progresserait modérément dans l’entretien et la réparation de véhicules automobiles et le commerce d’équipements automobiles, tandis qu’elle reculerait pour le commerce et réparation de motocycles.

Activité en volume et en valeur dans le commerce en 2022 et 2023, évolutions en %

 

Dans le commerce de gros, l’activité se tasse dans tous les secteurs, à l’exception de celui des grossistes de produits agricoles bruts et de celui des grossistes d’autres équipements industriels. Les ventes de marchandises en volume diminuent de 3,3 % en 2023, après +1,6 % sur l’année 2022 . Les ventes en volume du commerce de gros de produits alimentaires diminuent nettement (-6,1 %). Les baisses concernent les produits frais (-4,5 %), les boissons (-7,8 %) et les autres produits alimentaires (-6,9 %). Le secteur pâtit des fortes hausses de prix. En particulier, les prix du commerce de gros de sucre, chocolats et confiseries bondissent du fait d’aléas climatiques touchant deux des plus gros producteurs mondiaux de sucre (Thaïlande et Inde), conjugués à une hausse des coûts de production nationaux. Les ventes en volume des autres commerces de gros spécialisés diminuent de façon marquée (-7,5 %). Les ventes de combustibles et produits annexes refluent notamment de 14,6 % en volume.

En 2023, les ventes au détail du commerce alimentaire en magasin se replient (-3,8 % en volume). Les ventes des grandes surfaces d’alimentation générale reculent (-4,8 %) dans un contexte de forte inflation. L’évolution des pratiques des consommateurs a été plus défavorable aux hypermarchés (-5,6 % en volume, après +0,5 %) qu’aux supermarchés (-3,8 % après +2,2 %). En ce qui concerne les ventes de produits non alimentaires, les hypermarchés ont notamment souffert de la concurrence du secteur de la vente en ligne et du commerce non alimentaire spécialisé. Les ventes des petites surfaces d’alimentation générale et magasins de produits surgelés fléchissent également (-3,2 % en volume, après +2,6 %). Leur activité a été très dynamique en 2020 et 2021 grâce à un regain d’attrait pour la proximité de la part des consommateurs. Dans l’alimentation spécialisée et l’artisanat commercial, l’activité diminue également mais de façon moins marquée (-1,2 % après +4,4 %). Elle demeure en hausse dans les boulangeries-pâtisseries (+0,4 % après +2,6 %).

 

 

 

 

b) L’activité commerciale se porte mieux en France que dans le reste de la zone Euro

En 2023, le chiffre d’affaires en volume dans le commerce de détail se contracte en zone euro (-1,8 % d’acquis à l’issue du mois de septembre, après +0,8 % en 2022). Le repli est de même ampleur en France en 2023 (-1,8 %), après une hausse beaucoup plus marquée en 2022 (+3,2 %). En Allemagne et en Italie, le volume d’affaires du commerce de détail se contracte plus fortement (respectivement -3,2 % et -3,3 %). A l’opposé, il est en forte hausse en Espagne (+7,0 %). Le commerce de gros reculerait en 2023 en zone euro (-3,1 %) après une légère hausse en 2022 (+1,0). Le repli serait plus marqué en Allemagne qu’en France (-3,9 % contre -1,8 %).

Enfin, le volume affaires s’accroît fortement en 2023 en zone euro dans le commerce et la réparation d’automobiles (+6,4 % en acquis à fin août), après une année 2022 où il a stagné. La hausse serait nettement plus marquée en France (+8,2 %) qu’en Allemagne (+3,4 %).

Évolution des indices de chiffre d’affaires en volume dans le commerce de détail à l’exception des automobiles et des motocycles (en %)

Source : Eurostat, Rapport des comptes du commerce

 

Évolution des indices de chiffre d’affaires en volume dans le commerce de gros (en %)

Source : Eurostat, Rapport des comptes du commerce

 

 

 

c) En 2023, l’emploi salarié commercial est presque stable

En 2023, l’emploi salarié total (y compris intérim) est quasi stable dans le secteur du commerce (+0,1 %, soit +3 900 salariés). Hors intérim, l’emploi salarié du commerce augmente légèrement (+0,4 %) ; le secteur gagne 12 700 emplois salariés sur l’année, après en avoir gagné 26 500 en 2022 (tableau suivant). L’emploi salarié commercial augmente moins que celui de l’ensemble du tertiaire marchand (hors intérim ; +0,8 % en 2023). L’emploi salarié progresse principalement dans le commerce et la réparation d’automobiles et de motocycles (+2,2 %). Au sein de celui-ci, il augmente surtout dans le commerce de véhicules automobiles et l’entretien et réparation de véhicules automobiles. L’emploi salarié augmente également dans le commerce de gros mais de façon moins marquée (+1,0 %). Il augmente en particulier de façon notable chez les intermédiaires du commerce de gros. À l’opposé, les effectifs salariés du commerce de détail diminuent :    -0,4 % en 2023. Ils reculent principalement dans le commerce de détail d’habillement en magasin spécialisé, les supermarchés et le commerce de détail de meubles.

Évolution des effectifs salariés au 31 décembre dans le commerce depuis 1998 base 100 en 1998

 

 

 

 

d/ Les principaux agrégats et ratios des comptes du commerce

En 2021, le chiffre d’affaires hors taxes des secteurs commerciaux s’élève à 1 720 milliards d’euros et les ventes de marchandises à 1 604 milliards d’euros. Dans le commerce, les ventes de marchandises se concentrent dans le  commerce de gros (57 %) devant le commerce de détail (31 %) et le commerce et la réparation d’automobiles et de motocycles (12 %). La marge commerciale s’élève pour sa part à 349 milliards d’euros, dont la moitié est réalisée par le commerce de gros.

La marge commerciale s’élève pour sa part à 349 milliards d’euros, dont la moitié est réalisée par le commerce de gros.

Selon le rapport des comptes du commerce, la valeur ajoutée du commerce est de 245 milliards d’euros en 2021, soit 11,1% de la valeur ajoutée totale de l’économie (graphique suivant).

Comme déjà dit, le taux de marge commerciale (rapport entre la marge commerciale et les ventes de marchandises) est plus élevé dans le commerce de détail (29,8 % en 2021) que dans le commerce de gros (19,1 %) ou dans le commerce et la réparation d’automobiles (13,8 %). On retrouve ainsi quasiment les taux de marges en France constatés dans l’étude précédente par pays.

En 2021, l’excédent brut d’exploitation (EBE) s’élève à 92 milliards d’euros dans les secteurs commerciaux. Il se concentre à 50 % dans le commerce de gros, devant le commerce de détail (41 %) et le commerce et réparation d’automobiles et de motocycles (9 %).

Sur l’ensemble de la période 2019-2021, le taux de marge (rapport de l’excédent brut d’exploitation à la valeur ajoutée) des secteurs commerciaux passe de 32,3 % en 2019 à 37,6 % en 2021, soit une hausse de +5,3 points.

Comptes du secteur d’activité commerce et réparation d’automobiles et de motocycles en milliards d’euros

Source : Insee – Comptes du commerce, base 2020

 

Comptes du du secteur d’activité du commerce de gros en milliards d’euros

Source : Insee – Comptes du commerce, base 2020

 

Comptes du secteur d’activité du commerce de détail en milliards d’euros

Source : Insee – Comptes du commerce, base 2020

 

Données de cadrage : le secteur d’activité du commerce dans l’économie (sauf mention contraire, l’artisanat commercial est compté avec le commerce)

Source : Insee, rapport du compte du commerce, base 2020

 

 

 

 

 

3/ Les entreprises du commerce

a) Vision du secteur du commerce avec la définition économique des entreprises

En 2020, on compte 736 000 unités légales dont l’activité principale relève du commerce : 670 000 sont des unités légales indépendantes, 66 000 appartiennent à un groupe. Parmi ces dernières, 53 000 appartiennent à des entreprises commerciales
et 13 000 appartiennent à des entreprises non commerciales (graphique suivant gauche). La moitié de ces dernières sont des filiales d’entreprises industrielles (5 900). Ce sont majoritairement des unités légales du commerce de gros, filiales d’entreprises des industries agroalimentaires (IAA), de la chimie, de la métallurgie ou des équipements électriques et électroniques. Par ailleurs, moins d’un tiers des unités légales du commerce rattachées à d’autres secteurs sont des filiales d’entreprises des services marchands (4 200). Les autres sont des filiales d’entreprises de la construction (1 200), des services financiers (900) et des transports et de l’entreposage (600). Les 13 000 unités légales du commerce filiales d’entreprises non commerciales emploient 234 000 salariés en équivalent temps plein (ETP), soit 13 % des ETP occupés dans les filiales commerciales (graphique suivant droite). Elles réalisent 17 % des 150 milliards de la valeur ajoutée générée par l’ensemble des unités légales exerçant une activité de commerce et appartenant à un groupe.

En 2020, 697 300 entreprises exercent principalement une activité de commerce. 27 300 d’entre elles sont organisées en groupes et rassemblent 86 800 unités légales. Parmi ces unités légales, 39 % (33 800) exercent une activité non commerciale. Ces filiales sont principalement dans les services marchands et financiers (30 400), en particulier le secteur des holdings, les activités spécialisées (sièges sociaux) et la location de biens immobiliers. Les autres proviennent de l’industrie (2 000), de la construction (700) et des transports et de l’entreposage (600). Au sein de ces entreprises, le poids des unités légales dont l’activité ne relève pas du commerce s’élève à 17 % de la valeur ajoutée, et 14 % des salariés (en ETP).

unités légales et entreprises du commerce en 2020

 

 

b) Chiffres clés du commerce

Les entreprises du commerce réalisent un chiffre d’affaires (CA) de 1 332 milliards d’euros et dégagent une valeur ajoutée (VA) de 219 milliards d’euros. Elles emploient 2,6 millions de salariés en équivalent temps plein (ETP). Leur poids dans l’ensemble des entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers est proche en matière de nombre d’entreprises (20 %), de salariés en ETP (21 %), de chiffre d’affaires à l’export (20 %) et de valeur ajoutée (21 %).

Chiffres clés du commerce en 2020

 

La grande majorité des entreprises commerciales n’ont qu’une seule unité légale : elles sont mono‑unité légale. Seulement 4 % (27 300 entreprises) sont organisées en groupe de sociétés. Celles‑ci sont composées de plusieurs unités légales commerciales ou non commerciales et englobent au total 86 800 unités légales. Bien que très minoritaires en nombre, le poids de ces entreprises dans le commerce est pourtant prépondérant : elles emploient 67 % des salariés en ETP, réalisent 70 % du chiffre d’affaires et jusqu’à 75 % du chiffre d’affaires à l’export.

En 2020, le commerce de gros réalise 46 % de la VA du commerce, le commerce de détail 42 % et le commerce automobile 12 %. Mais le commerce de gros n’emploie qu’un tiers des salariés (33 %), contre plus de la moitié dans le commerce de détail (53 %). Les entreprises du commerce de gros sont celles qui exportent le plus (15 % de leur chiffre d’affaires). Comparativement, les entreprises du commerce de détail et automobile exportent peu (respectivement 3 % et 8 %).

La quasi‑totalité des entreprises du commerce sont des microentreprises (MIC) ou PME (hors MIC). Pourtant, elles ne rassemblent respectivement que 19 % et 31 % des salariés des entreprises du commerce, l’autre moitié des salariés étant employés par les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises (GE). Le chiffre d’affaires à l’export est réalisé à 39 % par les ETI du commerce, tandis que les GE y contribuent à 34 % et les PME (hors MIC) à 21 %.

La production des entreprises commerciales comprend les ventes de services facturées aux clients ou aux fournisseurs, la production de biens et, composante dominante, la marge commerciale. En 2020, le taux de marge commerciale s’établit à 22,7% pour l’ensemble du commerce (tableau suivant). Proche de la moyenne dans le commerce de gros (20,9 %), il est de 14,4% dans le commerce automobile et de 29,6 % dans le commerce de détail [10].

En dépit de l’impact de la crise sanitaire sur l’activité, les taux de marge des 3 secteurs d’activité se maintiennent en 2020. Cette stabilité des taux de marge entre 2019 et 2020 s’observe non seulement au niveau de ces trois secteurs mais également au niveau sous-sectoriel : les variations restent limitées à 1 point de pourcentage pour la majorité des sous-secteurs. Globalement, il n’y a pas d’effet massif de la crise sur les taux de marge commerciale, quel que soit le secteur des unités légales ou la catégorie d’entreprise.

 

 

 

c) les échanges internationaux réalisés par les secteurs du commerce

Les exportations des opérateurs du secteur du commerce s’établissent à 154,5 milliards d’euros en 2021 (sur un total de 488 Mds d’exportations de biens). Les importations des opérateurs du secteur du commerce s’établissent, quant à elles, à 311,5 milliards d’euros en 2021 sur un total d’importations de biens de 596 Mds. Ainsi les opérateurs du commerce réalisent 43% du commerce extérieur de biens (importations + exportations).

Au total, en 2021, le déficit extérieur du secteur du commerce s’établit à 156,9 milliards d’euros : il augmente de 19,1 milliards d’euros sur un an ; le déficit extérieur tous secteurs augmente de 26,7 milliards. Cette détérioration pour le secteur du commerce est essentiellement portée par le commerce de gros, dont le déficit s’accroît sur un an de 16,7 milliards, et dans une bien moindre mesure par le commerce de détail, dont le déficit augmente de 2,4 milliards. Le déficit du commerce et de la réparation d’automobiles, quant à lui, demeure quasi stable sur l’année (graphique suivant).

De façon structurelle, l’évolution des échanges des opérateurs du commerce est ajoritairement dictée par ceux du commerce de gros, qui représentent 82 % des ventes et 72 % des achats du secteur.

Évolution des échanges du secteur du commerce (en Mds d’€)

 

 

 

 

 

 

 

 

VIII – LES GROUPES DE COMMERCE EN FRANCE ET À L’ÉTRANGER

1/ L’évolution des modes de consommation entraîne la crise de l’hypermarché. 

Le groupe  Carrefour a mis en place en mai une rupture conventionnelle collective visant 3 000 départs, alors même que l’enseigne avait déjà procédé à un plan de départs volontaires de 2 400 postes en 2018. Après le démantèlement de Casino au début de 2024, assorti d’un plan social qui tire un trait sur 3 000 postes, Auchan a annoncé au début du mois novembre 2 389 suppressions d’emplois. Sur les six premiers mois de l’année, le Groupe ELO affiche une perte de quasi un milliard d’euros, pour un chiffre d’affaires de 15 milliards alors même que les comptes de 2023 affichaient déjà 379 millions d’euros de pertes.

L’Hexagone étant à l’origine d’un peu plus de la moitié de l’activité du groupe, c’est principalement la tendance des ventes en France qui explique les mauvais résultats. Les problèmes du distributeur nordiste peuvent se résumer à un phénomène : la crise de l’hypermarché.

Évolution du chiffre d’affaires et du résultat net du groupe ELO (Auchan), en milliards d’euros

 

L’hypermarché a longtemps été la locomotive du secteur, il est désormais son boulet. Certes, les supermarchés souffrent aussi, mais dans une moindre mesure. Depuis 2015, le chiffre d’affaires des hypers a progressé d’à peine 1 % : s’il représente toujours un peu plus de la moitié des ventes du secteur et près de la moitié des emplois, les volumes achetés tendent à stagner, voire à diminuer. A l’origine du concept de ces grands hangars de plus de 4 000 m2 apparus en France dans les années 1960, il y avait une idée simple : proposer au consommateur de trouver « tout sous un même toit ». Ces espaces semblent aujourd’hui trop vastes et leur rentabilité chute. Tous les distributeurs cherchent donc à réduire les surfaces, mais ils doivent composer avec l’héritage, certains magasins dépassant les 15 000 m.

Mais les motivations des consommateurs changent. « Il y a une demande de diversité des produits, comme les gammes bio, hallal ou de commerce équitable, et donc un rejet de la standardisation »,. Le prix n’est plus la seule variable prise en compte par les consommateurs, qui considèrent de plus en plus la qualité du produit, son origine ou encore sa composition. C’est un véritable défi pour la grande distribution qui s’est construite, précisément, pour répondre à une demande homogène, avec des centrales d’achat géantes négociant de gros volumes pour atteindre des prix bas. Or ceci est difficile à concilier a priori avec la fragmentation de la demande. « Nous restons cependant confrontés à la nécessité d’avoir des marchés de masse pour garantir des prix faibles » note Philippe Moati, coprésident de l’Observatoire société et consommation.

Le modèle généraliste des grandes enseignes est concurrencé de toute part par une myriade d’acteurs, nouveaux pour la plupart, qui grignotent ses parts de marché : ceux du circuit court, qui répondent à la demande, en forte augmentation, de produits locaux ; les magasins bio, qui ont le vent en poupe ; ou encore les magasins de déstockage, comme Action, ou des chaînes de type Hema qui proposent des prix agressifs. De leur côté, les hard-discounters tels que Lidl ou Aldi captent la clientèle attirée uniquement par l’argument prix.

Quant aux rayons non alimentaires des hypers, après avoir été confrontés à l’essor des enseignes spécialisées (Bricorama, Decathlon, Ikea…), ils ont pris de plein fouet l’explosion du commerce en ligne et des plates-formes comme Amazon. Résultat : les ventes aux rayons bijouterie, électroménager, bricolage ou encore habillement sont sur une pente glissante. En déclin depuis des années, le chiffre d’affaires des hypermarchés dans le non-alimentaire est aujourd’hui inférieur de 5 % à son niveau de 2015. La part de marché de la grande distribution dans ce type de produits a ainsi baissé de 5 points entre 2012 et 2017.

 

 

 

 

2/ Une position créditrice du commerce en matière d’investissements directs étrangers (IDE)

Fin 2022, les stocks d’investissements directs du secteur du commerce présentent une position nette créditrice de 37 milliards d’euros en valeur mixte 16 (en valeur mixte, les capitaux propres détenus dans des sociétés cotées sont valorisés en valeur de marché, tandis que les investissements dans les sociétés non cotées sont valorisés en valeur comptable), contre 38 milliards l’année précédente (chiffre fortement révisé à la hausse suite au rapatriement sur le territoire français de la holding d’un grand groupe et de ses filiales). Après les reculs observés en 2019 et 2020 du fait de la pandémie de Covid, le stock d’investissements directs français à l’étranger dans le secteur du commerce (96,7 milliards) dépasse les niveaux enregistrés en 2017 et 2018. De leur côté, les investissements directs étrangers dans les entreprises résidentes du secteur du commerce (59,8 milliards) progressent de 2,2 % en 2022. Après une légère baisse observée en 2021, ils avoisinent leur plus haut niveau historique atteint en 2020 (60,4 milliards).(voir page chaînes de valeur mondiales).

Stocks d’investissements directs du secteur du commerce depuis 2012 (en milliards d’euros)

 

À fin 2022, la position extérieure nette en investissements directs du secteur du commerce représente 6,6 % de la position nette de la France, tous secteurs confondus. Cela équivaut à près de 37 milliards sur un total de 556 milliards d’euros. Par rapport aux autres grands secteurs d’activité, le commerce se situe au quatrième rang avec une position nette en investissements directs à 37 milliards d’euros fin 2022. L’industrie possède la position nette créditrice la plus élevée (374 milliards), devant le secteur des activités financières et d’assurance (127 milliards) et le secteur Information et communication (50 milliards).

La position nette créditrice du secteur du commerce provient principalement du commerce de détail en magasin non spécialisé, comme les supermarchés ou les grands magasins. Cette activité présente à elle seule une position créditrice de 23 milliards d’euros à fin 2022. Elle est le reflet de l’internationalisation de plusieurs grands groupes de grande distribution.

Position nette de la France en investissements directs étrangers par secteur d’activité en milliards d’euros

Position nette de la France en investissements directs étrangers par type de commerce en milliards d’euros

 

 

 

 

3/Les groupes français à l’étranger [7]

a) Plus d’activités industrielles et commerciales à l’étranger qu’en France

Selon une étude de l’Insee de 2013 portant sur l’année 2010, les groupes du commerce sont les plus internationalisés (64 % des effectifs et 60 % de leur chiffre d’affaires à l’étranger) devant ceux de l’industrie (58 % des effectifs et 60 % du chiffre d’affaires) et des services (45 % des effectifs et 39 % du chiffre d’affaires).

À l’étranger, les activités industrielles et commerciales des groupes français internationalisés sont relativement plus importantes qu’en France (graphique suivant). Ces groupes comptent 41 % de leurs salariés à l’étranger dans des filiales industrielles contre 27 % en France. Ceci est vrai aussi pour les groupes industriels : à l’étranger, ils comptent près de 90 % de leurs effectifs dans des filiales industrielles, et le reste dans des filiales commerciales ; en France, ils comptent 80 % de leurs effectifs dans des filiales industrielles, 11 % dans des filiales de services et 7 % dans des filiales commerciales. Les filiales étrangères concentrent 22 % de leurs salariés dans le commerce (commerce de gros et de détail) contre 13 % en France. Ce résultat tient essentiellement au déploiement des groupes de la grande distribution à l’international pour être au plus près des consommateurs. Les groupes internationalisés conservent en France une plus forte part d’emplois de services qu’à l’étranger (52 % contre 34 %). C’est dans les activités de transport et de logistique, de sièges sociaux et dans les services informatiques que les effectifs sont les plus importants. Ces différences d’activités entre la France et l’étranger s’observent également quant au nombre de leurs filiales.

Les filiales à l’étranger, bien plus orientées vers l’industrie et le commerce

Lecture : parmi les filiales françaises des groupes français internationalisés, 15 % ont une activité industrielle et 61 % une activité de service. Les filiales industrielles étrangères des groupes français internationalisés concentrent 41 % des effectifs employés par ces groupes à l’étranger.

Champ : ensemble des groupes français contrôlant au moins une filiale à l’étranger, hors groupes du secteur bancaire.

Source : Insee, LIFI ESANE 2010 et OFATS 2010.

 

 

b) Le commerce de détail plus représenté à l’étranger qu’en France

À l’étranger, les groupes internationalisés emploient davantage de salariés dans les activités tertiaires que dans l’industrie, mais cette dernière réalise plus de la moitié du chiffre d’affaires des implantations à l’étranger (54 %). Cet écart vient du fait que le chiffre d’affaires par salarié est plus élevé dans l’industrie. Viennent ensuite, les filiales des services (23 % du chiffre d’affaires des filiales étrangères) et  celles du commerce de gros et de détail (19 %). Au sein du secteur tertiaire implanté à l’étranger, les activités du commerce de détail arrivent en tête, avec 30 % des salariés du tertiaire contre seulement 14 % en France, notamment à travers l’implantation des grandes enseignes de la distribution. Viennent ensuite la restauration (15 % des salariés du tertiaire) et les activités liées aux nouvelles technologies (télécommunications, centres d’appels, services informatiques et conseil) qui emploient 13 % des salariés tertiaires à l’étranger. Ces activités ne représentent que 12 % du chiffre d’affaires consolidé du tertiaire, soit moins qu’en termes d’effectifs, alors qu’elles sont caractérisées habituellement par une forte productivité. Ceci s’explique par le fait qu’une grande partie de l’activité de ces filiales est réalisée pour le compte propre du groupe et n’apparaît donc pas dans le chiffre d’affaires consolidé du groupe.

 

 

4/ Les groupes étrangers réalisent plus d’un cinquième du chiffre d’affaires des sociétés commerciales

a) La part des groupes étrangers est plus importante dans le commerce de gros

En 2021, les filiales commerciales résidentes contrôlées par des groupes étrangers réalisent un chiffre d’affaires de 390 milliards d’euros et emploient 560 000 salariés, soit 23 % du chiffre d’affaires et 17 % de l’emploi salarié de l’ensemble des opérateurs commerciaux intervenant sur le territoire français. Dans le commerce de gros (hors intermédiaires), les filiales résidentes de groupes étrangers réalisent 27 % du chiffre d’affaires de l’ensemble du secteur. C’est dans ce secteur que la part des filiales de groupes étrangers est la plus importante. En effet, outre les filiales commerciales de sociétés commerciales étrangères, ce secteur inclut les filiales de commercialisation des opérateurs industriels distribuant leurs produits en France. Pour les mêmes raisons, les filiales de sociétés étrangères détiennent une place importante dans le commerce et la réparation d’automobiles et de motocycles ( (23 %). En revanche, la part des filiales de sociétés étrangères est plus faible dans le commerce de détail (14 %).

Part dans le secteur d’activité du chiffre d’affaires des filiales françaises de groupes étrangers en 2021 (en %)

Au sein du commerce de gros, l’activité des filiales sous contrôle étranger est dominante dans l’équipement de l’information et de la communication (61 %) tandis qu’elle est marginale dans le commerce de gros de produits agricoles bruts (7 %).

Parmi les intermédiaires du commerce, la présence étrangère est très faible dans les centrales d’achats, mais importante au sein des autres intermédiaires (33 %).

Dans le commerce et la réparation d’automobiles, la part des filiales de groupes étrangers ne reflète pas complètement le poids des constructeurs automobiles étrangers dans la distribution d’automobiles en France. En effet, les concessionnaires automobiles en France distribuant des marques étrangères sont liés par contrat et non par des liens financiers avec les constructeurs automobiles étrangers ou leur filiale de commercialisation établie en France.

Dans le commerce de détail, le contrôle étranger est modeste. Les groupes étrangers sont surtout présents dans le commerce de détail non alimentaire non spécialisé (30 %),  la vente à distance (29 %), l’équipement du foyer (22 %) et la vente de carburant (21 %). Ils sont quasiment absents, en revanche, du commerce de biens médicaux et des petites surfaces alimentaires, secteurs dans lesquels le poids des unités légales indépendantes est prépondérant.

 

b) Les groupes européens contrôlent 70% de l’activité des filiales commerciales des groupes étrangers

Les groupes européens dominent nettement au sein des groupes étrangers ayant une activité commerciale en France. En 2021, leurs filiales réalisent près de 70 % du chiffre d’affaires de l’ensemble des filiales commerciales résidentes de groupes étrangers. Les groupes originaires de l’Union européenne (UE 27) réalisent 52 % de l’activité commerciale des groupes étrangers (48 % pour les groupes de la zone euro).

Les filiales commerciales de groupes non européens (plus de 30 % du chiffre d’affaires total) sont majoritairement contrôlées par des groupes situés sur le continent américain (22 %) et, dans une moindre mesure, en Asie (9 %). Le poids des groupes africains est très faible.

Répartition du chiffre d’affaires des filiales commerciales des groupes étrangers par zone géographique d’origine du groupe en 2021 (en %)

En 2021, l’Allemagne est le pays le plus présent, avec 86 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 22 % de l’activité des implantations commerciales en France de groupes étrangers. Ses filiales se trouvent principalement dans le commerce de véhicules automobiles (Volkswagen, Mercedes-Benz, BMW) et les supermarchés (Lidl, Nocibé).

Les filiales commerciales des groupes des États-Unis arrivent en deuxième position, avec 21 % de l’activité commerciale d’origine étrangère et un chiffre d’affaires de 83 milliards d’euros. Leur poids est presque équivalent à celui des implantations des groupes allemands. Ces filiales exercent quatre cinquièmes de leur activité dans le commerce de gros, en particulier dans le commerce de gros de produits pharmaceutiques (OCP Répartition, Alliance Healthcare Répartition, Pfizer) et d’ordinateurs (Hewlett-Packard, Dell, TD Synnex). Elles exercent également dans le commerce de détail (Amazon, notamment).

Les filiales commerciales des groupes britanniques, au troisième rang avec 10 % de l’activité et 37 milliards de chiffre d’affaires, sont notamment implantées dans la distribution de produits pétroliers (Shell, BP), dans les grandes surfaces de bricolage (Kingfisher avec les enseignes Castorama et Brico Dépôt) et la distribution d’ordinateurs (SCC, Computacenter).

Part du chiffre d’affaires des filiales commerciales des groupes étrangers par nationalité d’origine du groupe en 2021 (en %)

 

 

 

 

 

 

 

IX – LE COMMERCE EN EUROPE

Les métiers de la distribution couvrent les métiers du commerce et réparation automobile, du commerce de gros et du commerce de détail. Le commerce de gros était la plus importante de ces trois divisions en termes de valeur ajoutée, avec 49,7 % du total du commerce en 2019, contre 38,1 % pour le commerce de détail. En termes d’emploi, la situation est inversée, le commerce de détail contribuant à 55,3 % contre 32,1 % pour le commerce de gros.

 

 

 

1/ Les entreprises du commerce dans l’UE

En 2021, le secteur du commerce de distribution représentait 19% du nombre total de personnes employées des secteurs marchands non financiers. La plupart des entreprises du commerce de distribution (section G) desservent un marché local et, par conséquent, ce secteur se caractérise par un grand nombre d’entreprises: au total, plus de 5,9 millions d’entreprises ont été classées dans ce secteur dans l’UE en 2021, ce qui en fait la plus grande population d’entreprises parmi l’une quelconque des sections de la NACE au sein de l’économie marchande non financière : le nombre total d’entreprises du commerce dans l’UE représentait près d’un quart de toutes les entreprises non financières de l’économie marchande.

Ensemble, ces entreprises ont employé 29,5 millions de personnes, soit 22,4 % de l’emploi de l’économie marchande non financière. En termes de valeur ajoutée, le secteur de la distribution était le deuxième plus important de l’économie marchande non financière, plus petit que l’industrie manufacturière (section C), générant 1 1507 milliards d’euros de valeur ajoutée dans l’UE en 2021 (soit 18,9 % de l’économie non financière).

 

 

a) Analyse sectorielle

Le tableau suivant présente une analyse de la structure sectorielle basée sur l’emploi et la valeur ajoutée au sein du secteur de la distribution de l’UE. Environ trois entreprises sur cinq (57,2 %) du secteur de la distribution de l’UE en 2021 appartenaient au sous-secteur du commerce de détail ; la plupart des autres appartenaient au sous-secteur du commerce de gros (28,1 %), tandis que le sous-secteur de l’automobile affichait la plus petite part (14,7 %) de la population des entreprises du secteur de la distribution. En termes de chiffre d’affaires, la taille relative des sous-secteurs du commerce de détail et de gros s’est inversée, le commerce de détail réalisant 29,7 % du chiffre d’affaires du commerce de distribution, le commerce de gros une part de 57,6 % et le commerce automobile les 12,7 % restants.

Analyse sectorielle des indicateurs clés, commerce de gros et de détail ; réparation de véhicules automobiles et de motocycles (NACE Section G), UE, 2021

Parmi les États membres de l’UE, la productivité apparente du travail dans le commerce de distribution la plus élevée en 2021 a été enregistrée au Luxembourg, où cette mesure a atteint 116 700 € par personne occupée. Ce chiffre est bien supérieur au deuxième niveau le plus élevé de productivité apparente du travail, à savoir 92 800 € par personne occupée enregistré en Belgique. En Norvège et en Suisse, la productivité apparente du travail dans le commerce de distribution était supérieure à la moyenne de l’UE. Des charges moyennes élevées en matière de frais de personnel ont été enregistrées en Suède, en Belgique et au Luxembourg. La combinaison de ces deux indicateurs donne le ratio de productivité du travail ajusté aux salaires, qui est une mesure de la productivité du travail qui prend en compte les niveaux de rémunération et de charges sociales très différents entre les États membres et les activités. Les ratios de productivité du travail corrigés des salaires les plus faibles dans le commerce de distribution ont été enregistrés en Grèce (122,9 %). De l’autre côté de l’échelle, les taux les plus élevés ont été enregistrés en Roumanie (226,6 %), au Luxembourg (225,6 %) et en Irlande (200,2 %).

Le taux d’exploitation (EBE/ Chiffre d’affaires) est faible en France, Norvège, Finlande et Suisse. Il est de 7,1% dans l’UE car le ratio est de 9,8% en Allemagne et 7,9% en Italie. Le taux de marge (EBE / Valeur ajoutée) est de 31,8% en France contre 46,1% dans l’UE. Il est très élevé en Italie ainsi qu’en Allemagne ainsi qu’en Suisse. Il n’y a qu’en Finlande qu’il est plus bas qu’en France. Au Danemark il est un peu plus élevé (33,2%).

 Indicateurs clés, commerce de gros et de détail ; réparation de véhicules automobiles et de motocycles (NACE Section G), 2021

 

 

b) Poids du commerce dans l’économie marchande par pays

La part du commerce de détail dans la valeur ajoutée de l’économie marchande en 2021 variait de 7,5 % en Irlande à 22,2 % en Roumanie ; en Norvège, la part était plus élevée qu’en Irlande (10,8 %), en Suisse, elle atteignait 25,7 %. La part de l’emploi variait de 14,3 % au Luxembourg à 24,8 % en Grèce. Malgré cette différence apparemment importante dans le poids relatif du secteur du commerce de détail dans les États membres, si l’on considère que le secteur du commerce de détail est important en termes absolus, le secteur dans son ensemble ne présente pas un degré élevé de spécialisation; l’achat et la revente de biens sont une activité courante qui se produit quotidiennement dans presque tous les villages, villes ou agglomérations.

Importance relative du commerce de gros et de détail ; réparation de véhicules automobiles et de motocycles, 2021 (part en % de la valeur ajoutée et de l’emploi dans le total de l’économie marchande non financière)

 

 

 

 

 

2/ Comparaisons européennes des agrégats et ratios de comptabilité nationale en base 2010

La part de la valeur ajoutée du commerce dans la VA totale est un peu moins élevée en France que dans la moyenne des principaux pays de l’UE. Ces données sont en base 2010 (2014 pour la France). Elles ne sont pas comparables aux ratios précédents de la France qui étaient en base 2020. La part plus faible en France s’explique par les 3 formes de commerce, l’écart avec la moyenne des pays étant à à peu près le même en proportion.

Tableau 10 part de la VA du commerce Eurostat

 Part de la valeur ajoutée en prix courants du commerce dans le total de l’économie par pays en %

Part de la valeur ajoutée du commerce en prix courants dans les comptes du commerce par pays en % en 2018

L’emploi du commerce est relativement élevé. Mais sa part diminue dans les pays sauf peut-être en France où cette baisse relative est très faible : 13,5% de l’emploi total en 2022 contre 13,8% en 2010. Dans l’UE cette par est respectivement de 14,2% contre 14,8%. La France représente 15% de l’emploi du commerce des pays sélectionnés, l’Allemagne 22% et le Royaume-Uni 18%.

Emploi du commerce en milliers de personnes dans l’emploi total en %

Répartition de l’emploi du commerce  dans l’emploi total du commerce des pays en 2019 en %

 

 

3/ Quelques données structurelles

a) le poids du commerce de chaque pays dans celui de l’UE

L’Allemagne détient la plus grande part de la valeur ajoutée de l’UE dans les trois divisions du commerce en 2021, suivie de la France et de l’Italie. en 2021, suivie de la France et de l’Italie. Dans le commerce de gros, les Pays-Bas occupaient la quatrième place, suivis par l’Espagne, tandis que pour le commerce de détail et le commerce automobile, ces positions sont inversées. En termes d’emploi, l’Allemagne avait également la plus grande part du total de l’UE dans les trois divisions du commerce en 2021. Pour le commerce de gros, l’Italie et l’Espagne ont déclaré les deuxième et troisième effectifs les plus importants, devant la France et la Pologne. La France et l’Italie occupent les deuxième et troisième places pour le commerce de détail et le commerce automobile.  l’Espagne et la Pologne complètent le top 5.

Concentration de l’activité du commerce – les cinq premiers États membres de l’UE. (%, part de l’emploi et de la valeur ajoutée dans l’UE pour chaque activité, 2021)

Source : Eurostat

Étant donné la nature essentielle et locale de nombreuses activités de commerce, la spécialisation géographique tend à être moindre que celle observée pour de nombreuses activités industrielles ou d’autres activités de services. Par exemple, 16,7 % de de la valeur ajoutée du commerce en Finlande a été a été enregistrée dans le commerce et la réparation automobile en 2021, plus que dans tout autre État membre de l’UE, mais ce pourcentage n’était pas beaucoup plus élevé que la moyenne de l’UE (12 %). Le Luxembourg (66,9 %) et les Pays-Bas (63,8 %) étaient les deux premiers États membres de l’UE en termes de contribution du commerce de gros à la valeur ajoutée  du commerce en 2021, soulignant leur spécialisation dans la distribution, le transport et la logistique ; Ils étaient suivis de près par l’Irlande (60,8 %). Chypre, Malte et la France , trois États membres qui accueillent un grand nombre de touristes chaque année – ont enregistré les plus fortes contributions du commerce de à la valeur ajoutée du commerce de détail.

Spécialisation en valeur ajoutée – cinq premiers États membres de l’UE (part dans la valeur ajoutée totale du commerce, 2021 en %)

Source : Eurostat

 

 

 

 

b) Les frais de personnel

Typiquement, les coûts moyens de personnel les plus bas peuvent souvent être observés dans les secteurs avec une forte incidence du travail à temps partiel et saisonnier, comme le commerce de détail. Dans l’ensemble de l’UE, les coûts moyens de personnel en 2021 variaient d’un maximum de 44 500 € par salarié pour le commerce de gros et 25 200 € par salarié pour le commerce de détail. En 2021, le Danemark a enregistré les coûts moyens de personnel les plus élevés parmi les États membres de l’UE. pour le commerce de gros (74 700 € par employé). La Belgique avait les coûts moyens de personnel moyen le plus élevé pour le commerce automobile (63 700 € par employé), tandis que la Suède les coûts moyens de personnel les plus élevés pour le commerce de détail (43 400 € par employé). À l’autre extrémité, les coûts moyens de personnel les plus bas pour les trois divisions du commerce ont été enregistrés en Bulgarie, en Roumanie et en Lettonie.

Frais de personnel moyens au sein des divisions du commerce de distribution (en milliers d’euros par employé, 2021)

Source : Eurostat

 

 

c) Le e-commerce

Le commerce électronique a le potentiel de reconfigurer la géographie de la consommation, par exemple en élargissant le choix des consommateurs et en réduisant les prix dans les régions reculées de l’UE, tout en supprimant la charge de parcourir des distances considérables pour acheter des articles spécifiques. En ce qui concerne les services bancaires en ligne, le choix d’une personne d’utiliser ou non le commerce électronique peut en partie être lié à la confiance.

La grande majorité des ventes au détail dans l’UE continuent d’avoir lieu dans les magasins. Toutefois, la capacité de magasiner 24 heures sur 24, associée à la facilité d’effectuer des paiements électroniques, conduit progressivement à une transformation numérique de l’espace de vente au détail de l’UE, perturbant de nombreux aspects du comportement d’achat; cette évolution a été renforcée pendant la crise de la COVID-19.

Le commerce électronique est défini comme l’achat de biens ou de services par le biais de transactions électroniques, y compris la passation de commandes de biens ou de services sur Internet (le paiement et la livraison finale des biens ou services peuvent être effectués en ligne ou hors ligne); les commandes via des e-mails tapés manuellement sont exclues.

En 2021, les deux tiers (67 %) de la population de l’UE âgée de 16 à 74 ans ont déclaré avoir acheté/commandé des biens ou des services sur Internet au cours des 12 mois précédant l’enquête. La propension à utiliser le commerce électronique — comme beaucoup d’autres activités Internet — est étroitement liée à l’âge. Par exemple, les personnes âgées de 25 à 34 ans étaient 2,3 fois plus susceptibles d’avoir utilisé Internet pour acheter/commander des biens ou des services (84 %) que les personnes âgées de 65 à 74 ans (36 %). Cette fracture numérique entre les générations s’est progressivement resserrée.

La carte suivante montre que certaines des parts les plus élevées de personnes achetant/commandant des biens ou des services sur Internet étaient concentrées au Danemark, en Irlande et aux Pays-Bas. En 2021, plusieurs régions de ces 3 pays  ont indiqué qu’au moins 88 % de toutes les personnes âgées de 16 à 74 ans utilisaient le commerce électronique. Il y avait également deux régions en Suède  où une très forte proportion de personnes a commandé des biens ou des services sur Internet (comme le montre la nuance bleue la plus foncée de la carte).

En 2021, 20 régions de l’UE sur 196 régions ont indiqué que moins de 44 % des personnes âgées de 16 à 74 ans ont commandé des biens ou des services sur l’internet (comme le montre la nuance jaune la plus claire sur la carte suivante). La grande majorité de ces régions étaient situées dans les régions orientale et méridionale de l’UE. L’utilisation du commerce électronique a été particulièrement limitée en Bulgarie, en Roumanie et dans les régions centrales/sud de l’Italie. Cela peut refléter, au moins en partie, des niveaux relativement faibles d’accès/d’utilisation de l’internet et un nombre relativement élevé de personnes ne possédant pas de compte bancaire et/ou de carte de crédit (ce qui rend plus difficile le paiement en ligne).

Personnes qui commandent des biens ou des services sur Internet pour un usage privé au cours des 12 mois précédant l’enquête, 2021, (%, personnes âgées de 16 à 74 ans, par région de l’UE)

 

La vente au détail sur Internet a pris de l’importance depuis de nombreuses années et s’est encore développé en 2021. Dans le sous-secteur couvrant les entreprises dont l’activité principale est le commerce de détail ; la vente par correspondance ou par internet représentait 8,1 % de la valeur ajoutée du commerce de détail  en 2021 et 4,9% de l’emploi du commerce de détail. Ces parts étaient plus élevées qu’en 2020, respectivement 6,7% et 4,4%. En termes de En termes de valeur ajoutée, l’Allemagne était clairement le pays de l’UE le plus spécialisé dans ces formes de commerce à distance, tandis que Chypre était le moins spécialisé.

Vente au détail par correspondance ou par internet cinq premiers et cinq derniers États membres de l’UE (%, part dans le commerce de détail, 2021)

Source : Eurostat

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

X – L’ÉVOLUTION DU COMMERCE EN EUROPE

L’indice de chiffre d’affaires illustre l’évolution des ventes en prix courants. Autrement dit, cet indice n’est pas été ajusté pour éliminer les effets des variations de prix. Entre 2000 et 2021, l’indice du chiffre d’affaires du commerce dans l’UE a augmenté de 66 %, soit une moyenne de 2,5 % par an.

 

1/ Évolution du commerce de détail

Après plusieurs années d’augmentation constante, le volume du commerce de détail dans l’UE a culminé début 2008 (graphique suivant). Ensuite, un lent déclin s’est installé qui a duré jusqu’à la mi-2013. Depuis le premier semestre de 2013, le volume de vente au détail a de nouveau augmenté de manière relativement régulière et a atteint au milieu de 2019 un niveau de plus de 10 points de pourcentage .(pp) au-dessus du niveau d’avant la crise économique et financière. Avec la crise du Covid-19 et la mise en place des mesures nationales de prévention sanitaire au printemps 2020, le commerce de détail a connu une baisse sans précédent en mars et avril 2020. Le mois suivant, le commerce de détail a repris presque aussi vite qu’il avait chuté et à la fin de l’été de 2020, le niveau d’avant la crise était déjà retrouvé. Au dernier trimestre 2020 et au premier trimestre 2021, le volume du commerce de détail a de nouveau chuté. Les baisses ont été assez considérables (par exemple -7,4 % entre octobre 2020 et janvier 2021) mais de loin pas aussi dramatiques que lors de la première vague de la pandémie.

Le graphique suivant montre non seulement le volume (réel) du commerce de détail de l’UE, mais également l’indicateur (nominal) du chiffre d’affaires qui combine à la fois les variations de volume et de prix. Les graphiques de la mesure du volume et du chiffre d’affaires suggèrent une hausse du niveau des prix jusqu’en 2013 (à l’exception des années de crise financière). Depuis lors, l’évolution des prix semble plutôt stable. Pendant la crise du Covid-19, aucun changement significatif du niveau global des prix n’a été observé. Cette situation a toutefois changé en mai/juin 2021, lorsque l’indice du chiffre d’affaires a commencé à augmenter de manière beaucoup plus dynamique que l’indice des volumes en raison de la hausse des prix à la consommation. Alors que l’indice du chiffre d’affaires a augmenté de 9,3 % entre juin 2021 et octobre 2022, l’indice des volumes a baissé de 3,1 %.

UE, volume et chiffre d’affaires du commerce de détail, données mensuelles, corrigées des variations saisonnières et calendaires (2015=100)

 

 

2/ Chiffre d’affaires du commerce de détail et de gros

La section G de la NACE Rév 2 comprend non seulement le commerce de détail (NACE Rév. 2, division 47), mais aussi le commerce de gros (NACE Rév. 2, division 46) et la vente (gros et détail) et la réparation de véhicules automobiles (NACE Rév. 2, division 45). Le graphique suivant montre l’évolution de ces indicateurs de chiffre d’affaires pour l’UE. Il apparaît que le commerce de gros et le commerce de véhicules automobiles ont réagi beaucoup plus fortement lors de la crise financière de 2008/2009, ainsi que lors de la crise du Covid-19, que le chiffre d’affaires du commerce de détail. Cependant, la reprise du commerce et de la réparation de véhicules automobiles a également été beaucoup plus dynamique – à la fois après la crise financière et également au second semestre 2020. Entre la fin de l’été 2020 et l’été 2021, le chiffre d’affaires du commerce et de la réparation de véhicules automobiles a plus ou moins moins stagné alors que l’évolution du chiffre d’affaires des autres secteurs commerciaux a été assez dynamique.

chiffre d’affaires pour l’ensemble du commerce, commerce de gros, commerce de détail et véhicules à moteur, données mensuelles, corrigées des variations saisonnières et calendaires (2015=100),

L’indice du volume des ventes pour le commerce de détail a augmenté de 32 % globalement dans l’UE, alors que l’indice du chiffre d’affaires du commerce de détail a augmenté de 64 % (en prix courants).  Une augmentation globale (en volume) a été observée entre 2000 et 2021 pour trois types de commerce de détail : non alimentaire, alimentaire et carburant. Le commerce de détail non alimentaire a connu la plus forte augmentation, soit 47 % tandis que le commerce de détail alimentaire a augmenté de 19 % et celui des carburants de 5 %.

Le graphique suivant présente une répartition du volume du commerce de détail pour les trois principaux groupes de produits : articles non alimentaires ; nourriture, boissons et tabac; et le carburant automobile. La pandémie de COVID-19 a eu un impact divergent sur le commerce de détail de ces produits. Le volume des ventes de produits alimentaires, de boissons et de tabac a augmenté de 3,4 % .en 2020, tandis qu’une baisse relativement faible a été enregistrée pour les produits non alimentaires (-1,2 %) et une baisse considérable pour le carburant automobile (- 13,1 %).

Le volume des ventes de produits alimentaires, de boissons et de tabac a continué à augmenter en 2021, mais à un rythme plus modéré  (+ 0,9 %), tandis que le commerce de détail non alimentaire a progressé de 8,3 %, soit environ le double de de la deuxième plus forte croissance enregistrée au cours des 20 dernières années. La croissance du commerce de détail de carburants pour automobiles a été de 9,0 % en 2021, récupérant une grande partie, mais pas la totalité, de la baisse observée en 2020. Depuis l’été 2021, le volume des échanges d’articles non alimentaires a plus ou moins stagné, le volume des échanges d’aliments a légèrement diminué. Seul le volume des échanges de carburant a connu une augmentation modérée.

Le volume de carburant au détail (vendu dans les magasins spécialisés, c’est-à-dire les stations-service) a suivi une tendance moins nette depuis l’année 2000 avec des pics temporaires à l’été 2003, fin 2006, début et fin 2008. Entre 2009 et 2012, un baisse a pu être observée, et depuis lors, le volume des ventes de carburant a de nouveau augmenté. Pendant la crise du Covid-19, avec des confinements dans de nombreux pays européens, les ventes de carburant automobile ont chuté de plus de 40 %. Les ventes de carburant se sont redressées durant l’été et l’automne sans toutefois retrouver les niveaux d’avant-crise.

UE, volume du commerce de détail selon les principaux groupes de produits, données mensuelles, corrigées des variations saisonnières et calendaires (2015=100),

3/ Évolution du volume du commerce de détail selon le type de vente

Le graphique suivant montre l’évolution du volume du commerce de détail selon le type de vente (magasins non spécialisés où prédominent les ventes de produits alimentaires et de boissons, c’est-à-dire les supermarchés, autres magasins non spécialisés, c’est-à-dire les grands magasins et les ventes sur Internet). Comme on peut le voir, les ventes via Internet se sont développées de manière très dynamique (en partant d’un niveau bas dans les premières années). A noter que l’indice du commerce internet est mesuré sur l’axe de droite puisque le commerce internet et le commerce via les autres canaux de vente ont évolué de manière assez différente.

La vente au détail sur Internet a ainsi pris de l’importance au fil des années. Entre 2000 et 2021, l’indice du chiffre d’affaires de l’UE pour la vente au détail par correspondance ou par internet a augmenté de 276 %, ce qui correspond à une moyenne de 6,5 % par an. À titre de comparaison l’augmentation moyenne pour le commerce de détail dans son ensemble était de 64 %, soit 2,4 % par an. La croissance du chiffre d’affaires du commerce de détail via par correspondance ou par internet était relativement modérée avant 2008. Elle a été généralement plus élevée par la suite et a été particulièrement  forte depuis 2015 : les taux de croissance annuels ont été de 10 % ou plus au cours des années les plus récentes pour les ventes par correspondance et par internet dont une croissance de 25,9 % en 2020 et de 14,9 % en 2021.

 

UE, volume du commerce de détail selon le type de ventes et les groupes de produits, données mensuelles, corrigées des variations saisonnières et calendaires (2015=100),

 

 

 

4/ Évolution du volume du commerce de détail dans l’UE

Le volume du commerce de détail dans les États membres de l’UE a généralement augmenté au cours de la dernière décennie, mais l’ampleur des changements diffère considérablement (tableau suivant). Dans certains pays, le volume du commerce de détail a doublé ou plus que doublé (par exemple, Bulgarie, Lituanie, Pologne, Roumanie), tandis qu’en Grèce, en Espagne, en Italie et au Luxembourg, des réductions du volume des échanges ont été enregistrées depuis 2005.

Entre 2005 et 2007, l’année qui a précédé la crise financière, le volume du commerce de détail a augmenté dans presque tous les États membres de l’UE (à l’exception de l’Italie et de Malte). Les augmentations en Bulgarie, en Roumanie et dans les pays Baltes ont été particulièrement forte.

Dans la plupart des pays, le développement dynamique s’est arrêté en 2008 et 2009. Dans les pays baltes, les taux de croissance élevés d’avant la crise ont été suivis de taux de variation négatifs relativement élevés. Des baisses substantielles de plus de 10 % dans les années de crise ont également été observées en Grèce et en Espagne. En effet, peu de pays de l’UE ont traversé la crise sans aucune évolution négative du volume du commerce de détail. Au cours des années 2010 à 2013, l’évolution globale était encore négative, mais la baisse a été un peu plus lente que les années précédentes. Depuis 2014, la reprise a été assez dynamique. Les taux annuels pour 2020 reflètent clairement les baisses spectaculaires du volume du commerce de détail au printemps de cette année. Malgré la reprise au cours des mois suivants, l’évolution générale de l’UE (-0,5 %) et de la zone euro (-0,8 %) est restée négative par rapport à 2019. Des taux de variation négatifs exceptionnellement élevés ont été enregistrés en Espagne (-6,4 %), Italie (-7,7 %) et Slovénie (-9,8 %). En 2021, tous les pays ont enregistré des taux de croissance positifs, en particulier la Bulgarie (12,2 %), la Lituanie (12,9 %) et la Slovénie (18,9 %). On note aussi la forte augmentation en France (+10%).

Le chiffre d’affaires du secteur du commerce entre 2000 et 2021 a lui aussi varié entre les États membres de l’UE, reflétant les différences de prix ainsi que des changements réels sous-jacents. Au cours de cette période, seuls six États membres seulement ont enregistré une variation globale inférieure à celle observée pour l’ensemble de l’UE (+ 66 %); parmi eux, trois des plus grands, à savoir l’Espagne, l’Allemagne et l’Italie. Les plus fortes augmentations globales du chiffre d’affaires du commerce ont été enregistrées en Roumanie (+1 245 %), en Bulgarie (519 %), en Lituanie (503 %), en Lettonie (477 %), Luxembourg (417 %), Estonie (367 %) et Hongrie (343 %).

 Taux de variation annuels du volume du commerce de détail, 2005-2021, calendaire

 

 

 

 

 

Michel Braibant
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BIBLIOGRAPHIE

[3] Determinants of Trade Margins: Insights Using State Export Data, Cletus C. Coughlin, Federal Reserve Bank of St. Louis, Research Division, 2014, https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2402401

[4]  Trade margins in the National Accounts, Steinar Todsen, Statistics Norway, Voorburg Group Meeting17 September 2009, Statistics, Norway, https://www.voorburggroup.org/Documents/2009%20Oslo/Papers/2009%20-%2073.pdf

[5]  Insee Focus n°45 « des marges variées par produits mais proches d’une grande surface à l’autre », 19 novembre 2015, https://www.insee.fr/fr/statistiques/1304045

[6] https://www.insee.fr/fr/statistiques/1373608?sommaire=1373611, voir aussi https://www.insee.fr/fr/statistiques/2015453

[7]  https://www.insee.fr/fr/statistiques/5410177 voir aussi https://www.insee.fr/fr/statistiques/3675631, voir aussi https://www.alternatives-economiques.fr/grande-distribution-fin-dun-modele/00090174

[8] The Methodology of Calculation of Trade Margins on Products for Private Consumption, A.Elbert,  February 2005, Central Bureau of Statistics (CBS), https://www.iioa.org/conferences/15th/pdf/alex_elbert.pdf

[9] La situation du commerce en 2023, (éd. décembre) Rapport établi pour la Commission des comptes du commerce; https://www.insee.fr/fr/statistiques/7719480, voir aussi https://www.insee.fr/fr/statistiques/8208814

[10] Malgré la crise sanitaire, les taux de marge commerciale par secteur d’activité restent stables en 2020, G. Arion, https://www.insee.fr/fr/statistiques/6685791

Tableau entrées-sorties mondial (T.E.S.)