La plupart des pays dans les années suivantes (2021 et 2022) ont confirmé leur tendance positive en matière de productivité du travail par heure travaillée et ont même dépassé les niveaux pré-Covid (mais pas dans les pays Baltes, en Italie, au Luxembourg et surtout en France).
De 1990 à 2019, la productivité horaire du travail augmente un peu moins vite que dans l’UE (0,2 points par an d’écart entre les deux, signe probable de la désindustrialisation plus forte en France où les gains sont plus élevés). Mais la productivité augmente. Il n’en va plus de même à partir de 2020. Cette année là l’écart se creuse : +0,5% en France contre +1,2% dans l’UE. Surtout les années 2021 et 2022 marquent une véritable divergence : -1,5% par an France contre +0,5% dans l’UE.
Ainsi de 2019 à 2023, la productivité horaire du travail aurait baissé de – 5% en France contre +0,8% par an entre 2010 et 2019, autant de facteurs entraînant une moindre croissance du PIB de l’ordre de 10%, et donc des ratios des finances publiques désespérément orientés à la hausse.
Productivité réelle du travail par heure travaillée, taux de croissance annuel moyen par période (base 2010)
b) La comparaison France -zone Euro- États-Unis (en base 2020 pour la France)
Mais depuis les données des comptes nationaux ont été révisées en France en base 2020. Ces révisions ont conduit à rehausser la dynamique du PIB depuis 2019 (d’environ 1 point) et à modérer celle de l’emploi (d’environ ½ point). Entre 2019 et 2023, la croissance de la productivité horaire du travail est revue à la hausse en base 2020 des comptes nationaux français (+0,9 point par rapport à la base 2014) et dans le même temps l’évolution du volume d’heures travaillées est revue à baisse (-0,4 point). Au total, la baisse de productivité horaire du travail entre 2019 et 2023 est atténuée en base 2020 : -2,1 % contre -3,5 % en base 2014, soit une révision de +1,3 point. Ce constat reste vrai pour la productivité par tête.
Pendant la décennie précédant la crise sanitaire (2011 à 2019), les gains de productivité apparente du travail en emploi par tête se sont établis à 0,6 % par an en France. Mais depuis lors, la productivité a baissé en France, pour atteindre en 2023 un niveau inférieur de 3,5 % à celui de 2019 (deux graphiques suivants). En comparant le niveau de la productivité en 2023 à son niveau tendanciel, c’est-à-dire celui qui aurait été atteint si le ratio avait évolué depuis 2020 au rythme annuel moyen observé entre 2011 et 2019, le déficit de productivité est donc de l’ordre de 5,5 points. C’est cet écart que l’Insee tente d’ expliquer dans son étude [6]. Si ce repli pouvait trouver des explications pendant la phase de pandémie, où un écart était apparu entre productivité par tête et productivité horaire moyenne, sa persistance interroge : quelles en sont les causes sous-jacentes ?
Productivité du travail en volume horaire travaillé Base 100 en 2019, données trimestrielles corrigées des variations saisonnières (Dernier point : premier trimestre 2024)
Note : les courbes de tendance correspondent à l’évolution annuelle moyenne observée entre 2011 et 2019. L’agrégat « Zone Euro hors France » est construit en agrégeant les données de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne et des Pays-Bas.
Lecture : au premier trimestre 2024, la productivité du travail en France calculée comme le ratio du PIB et du volume horaire travaillé atteint 97,3, en base 100 en 2019. Ce niveau aurait atteint 103,0 si l’évolution annuelle depuis 2019 avait été celle observée en moyenne entre 2011 et 2019.
Source : comptes nationaux Insee, Destatis, Istat, INE, Statistics Netherlands
Les évolutions depuis 2019 marquent une rupture française au-delà de ce qui est observé ailleurs en Europe. Dans les autres pays européens comparables, la croissance de la productivité par tête a certes aussi un peu décru, mais elle se situe en 2023 environ 1 point en deçà de sa tendance pré-crise. Ce constat est valable aussi pour la productivité horaire. Il contraste avec les États-Unis : la productivité par tête en 2023 se situe 5 % au-dessus de son niveau de 2019 (graphique suivant). Plusieurs causes ont été avancées dans la littérature pour expliquer ce décrochage européen, comme les différences en matière de prix de l’énergie et d’orientation des politiques budgétaires, ou plus structurellement, les écarts d’investissement en recherche et développement (R&D) et en actifs immatériels, ou bien encore le niveau de régulation, pouvant être notamment le reflet de préférences différentes en matière de tolérance au risque. Ces problématiques étant largement communes à l’ensemble des pays européens, cette rupture de tendance observée en moyenne chez nos voisins, quelle qu’en soit sa cause, explique une partie du ralentissement français..
Au total, environ un cinquième de la perte de productivité observée en France en 2023 par rapport au niveau de sa tendance est commun avec nos partenaires européens, pouvant renvoyer à des déterminants partagés. En revanche, il resterait environ 4,5 points de perte de productivité spécifiques à la France, et dont l’origine est à rechercher parmi des phénomènes nationaux.
Il faut toutefois souligner que ce décrochage de la productivité s’accompagne en miroir d’un dynamisme exceptionnel de l’emploi : +6,1 % entre 2019 et 2023 contre +2,8 % en zone euro hors France. Dans le même temps, la croissance du PIB sur cette période a été voisine, à respectivement +2,4 % et +2,5 %. Ces évolutions conjointes peuvent être l’indice de politiques publiques priorisant le relèvement du taux d’emploi et la sortie d’une situation de chômage endémique, au prix d’une moindre performance au moins temporaire des gains de productivité.
Productivité du travail par tête, en comparaison avec les États-Unis Base 100 en 2019, données trimestrielles corrigées des variations saisonnières (Dernier point : premier trimestre 2024)
Note : l’agrégat « Zone Euro hors France » est construit en agrégeant les données de l’Allemagne, de l’Italie, de l’Espagne, de la Belgique et des Pays-Bas. Lecture : au premier trimestre 2024, la productivité du travail aux États-Unis calculée comme le ratio du PIB et du nombre d’emplois en personnes physiques atteint 105, en base 100 en 2019. Source : comptes nationaux Insee, Eurostat, US Bureau of Economic Analysis, US Bureau of Labor Statistics.
Sur la décennie 2000-2010, la productivité augmentait en France de 0,85 % par an, avec une parenthèse lors de la crise de 2008-2009. Si cette tendance s’était poursuivie jusqu’en 2022, la productivité aurait donc progressé de 2,5 % environ depuis 2019. « L’économie a donc quasiment perdu 5,5 points de productivité en trois ans ». Si la baisse de la productivité est durable, cela induit moins de croissance, moins de revenus notamment au sein de l’entreprise, et donc moins de salaires à redistribuer (et aussi une croissance plus faible donc moins de recettes publiques). Il est difficile en effet pour une entreprise d’augmenter les rémunérations réelles – à partage de la valeur inchangé entre salaires et bénéfices –, si elle ne produit pas davantage. La chute de la productivité en France est d’ailleurs l’un des éléments qui expliquent pourquoi les salaires y évoluent moins vite, en termes réels, qu’aux États-Unis.
Daniel Cohen précisait que le progrès technique continue d’exister mais que la productivité du travail n’augmente quasiment plus. « Pour au moins 50% de la population, le progrès technique fonctionne comme un substitut. Les robots, ordinateurs, remplacent l’homme, ils ne décuplent plus sa force. Cet effet de substitution du numérique à l’emploi est fondamental. La distribution des bénéfices du progrès technique, en termes de capacité à accroître la productivité des gens, est beaucoup plus faible qu’au xxe siècle. Il en résulte une croissance atone. Les distributeurs automatiques de billets rendent les clients des banques plus efficaces, mais celui qui distribuait les billets a perdu son emploi. Il retrouvera un job utile, dans les services à la personne par exemple, mais pas plus productif. Aujourd’hui, les emplois demandés sont ceux où on se trouve en face à face, où l’ordinateur n’accède pas. « Au cœur des phénomènes actuels, il y a la substituabilité entre les robots et le travail humain. Ce n’est pas la même chose d’avoir des robots, comme aujourd’hui, et des gens dont la capacité de production est augmentée par le progrès technique, comme au xxe siècle. L’expansion technologique actuelle n’a plus la même signification au regard de la croissance ordinaire du PIB, en termes seulement monétaires… On pense à une transition de l’emploi dans des secteurs au potentiel de croissance plus faible qu’au xxe siècle. Il y aura des infirmiers à domicile, des emplois dans les loisirs.» On retrouve ainsi certaines idées de Robert Gordon.
c) Anatomie du ralentissement de la productivité en France depuis 2005
Selon le Conseil d’analyse économique (CAE), l’impression d’une productivité restée forte en France jusqu’en 2019 s’explique par un biais dans la composition de la population employée : le sous-emploi des moins qualifiés par rapport aux pays voisins. Les intégrer, à l’image d’autres pays, au marché du travail fait baisser mécaniquement la productivité. La note du CAE tient compte de ce biais et aboutit à une baisse relative de la productivité par rapport à l’Allemagne (d’environ 5%) et aux États-Unis (de 7%) depuis 20 ans.
Les effets de composition au sein de la population employée demandent une attention particulière car ils peuvent biaiser les comparaisons de productivité du travail : le sous-emploi des moins qualifiés en France par rapport à nos voisins crée l’illusion d’une productivité supérieure. Une hausse du taux d’emploi d’un point de pourcentage réduit la productivité du travail de 0,5 %. En mesurant la productivité des personnes au chômage ou inactives en fonction de leur niveau de diplôme, une autre étude de la Direction générale du Trésor (DGT) estime que si le taux d’emploi de la France augmentait de 10 points, la productivité diminuerait de 2 % environ. On peut donc estimer que le biais de productivité est de l’ordre de 0,2 à 0,5 par point d’emploi, soit 0,35 en moyenne Le taux d’emploi des 15-64 ans en France étant de 10 points en dessous de l’Allemagne (65 % contre 75 %),.
Les auteurs calculent l’évolution de la productivité ajustée en supposant un biais de 0,35 (au milieu des deux estimations ci-dessus) depuis 2005, soit une perte de 4 points par rapport à l’Allemagne et 6 points par rapport aux États-Unis. Autrement dit, la productivité du travail mesurée baisserait donc de 2 à 5 % si la France atteignait le taux d’emploi de l’Allemagne. Le graphique suivant présente la productivité du travail ajustée – relativement à l’Allemagne et les États-Unis – en supposant ce biais de 0,35 et en utilisant les données harmonisées de l’OCDE pour mesurer les taux d’emploi, disponible à partir de 2003 pour la France et 2005 pour l’Allemagne.
En 2023, le nombre de personnes employées âgées de 20 à 64 ans dans l’UE s’élevait à 195 708 000, soit 75,3 % de l’ensemble des personnes de la tranche d’âge correspondante. Le taux d’emploi dans six pays de l’UE a dépassé 81 % en 2023 : les Pays-Bas arrivent en tête avec 83,5 %, suivis de la Suède (82,6 %), de l’Estonie (82,1 %), de la Tchéquie et de Malte (81,7 %) et de l’Allemagne (81,1 %). En revanche, la Roumanie (68,7 %), la Grèce (67,4 %) et l’Italie (66,3 %) ont des taux d’emploi inférieurs à 70 %. Ce taux d’emploi était de 74,4% en France soit plus que 7 points en dessous de l’Allemagne du fait des créations d’emplois sous-qualifiés importantes en France. Ainsi l’analyse du CAE s’applique en partie grande partie à la période 2019-2023.
Selon le CAE, la baisse relative de la productivité française par rapport à d’autres pays dont les États-Unis entre 2004 et 2019 a réduit le PIB d’environ 5,8 points. Ceci représente un manque à gagner pour le PIB d’environ 140 milliards d’euros en 2019, soit environ 65 milliards de recettes fiscales avec un taux de prélèvements obligatoires de 46 %, c’est-à-dire le même ordre de grandeur que le budget annuel du ministère de l’Éducation nationale (52 milliards d’euros en 2019, hors contributions aux pensions de l’État) et le service de la dette (40 milliards d’euros en 2019). Le décrochage de la productivité en France entraîne donc des conséquences importantes pour l’activité économique et les finances publiques en particulier depuis 2019.
Productivité du travail ajustée du taux d’emploi des États-Unis et de l’Allemagne
2/ Les multiples facteurs de la baisse de la productivité du travail en France depuis 2019
Il existe beaucoup d’études sur la baisse de la productivité du travail en France depuis 2019. Celles-ci mettent en lumière une multiplicité de facteurs dont le principal est peut être celui analysé ci-dessus à savoir les nombreuses créations d’emplois non qualifiés donc peu productifs.
a) Les analyses des entreprises et des économistes
1 – Le point de vue des entreprises
D’après une enquête menée par la Banque de France en 2023, les entreprises industrielles indiquent que l’amélioration de la productivité passe par une plus grande adéquation entre la main-d’œuvre et leur besoin, nécessitant des formations supplémentaires, ainsi que par des investissements plus massifs dans des équipements plus performants. La pénurie de main-d’œuvre qualifiée au sortir de la crise Covid associée à un manque de capacité financière ont freiné la productivité de l’industrie en France.
Principaux leviers permettant d’augmenter la productivité des entreprises industrielles en 2023
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou plus. Note : Les pondérations tiennent compte du secteur et de la taille de l’entreprise. Source : Banque de France (enquête sur les conditions de production, 2023).
En 2023, divers facteurs ont affecté la quantité et la productivité des heures travaillées dans l’industrie manufacturière, notamment l’absentéisme et les emplois vacants. L’alternance a de nouveau progressé dans 27 % des entreprises, et la rétention de main-d’œuvre s’est accrue dans 11 % des entreprises.
Selon les déclarations des entreprises, la baisse de la productivité depuis 2019 découle de nombreux facteurs (cf. graphique 5a infra). Prédomine la hausse des coûts de production liée aux prix des matières premières et de l’énergie, citée par 92% des entreprises de l’industrie manufacturière, tandis que 40% d’entre elles citent également des difficultés d’approvisionnement en
intrants clés (jusqu’à 68% dans le secteur des matériels de transport et 67% dans le secteur des équipements électrotechniques). La hausse des coûts intermédiaires peut en effet réduire la part de la valeur ajoutée dans le chiffre d’affaires. Le secteur de l’industrie est particulièrement exposé aux variations de prix des matières premières et de l’énergie ainsi qu’aux chocs d’approvisionnement, car la production est plus intensive en intrants que dans les autres secteurs (hors services de transport, intensifs en énergie). De plus, les coûts des intrants sont peu ajustables par les entreprises, au moins à court terme.
Parallèlement, les entreprises ont souligné les problèmes de recrutement (81 %) ainsi qu’un manque de compétences (60 %) ou de qualification du personnel recruté (43 %).
Les principaux leviers d’amélioration de la productivité selon les entreprises sont une meilleure adéquation de leur main-d’œuvre et l’investissement dans des équipements plus performants (graphique suivant). Mais certaines s’estiment freinées par le manque de capacité financière, de compétences en interne ou encore l’incertitude réglementaire pour passer à la mise en œuvre.
Évolution des facteurs ayant affecté la productivité à la baisse par rapport à 2019 (fréquence pondérée en %)
Champ : Entreprises de l’industrie manufacturière de 20 salariés ou plus. Note : Les pondérations tiennent compte du secteur et de la taille de l’entreprise (cf. annexe méthodologique). Source : Banque de France (enquête sur les conditions de production, 2023)
2 – L’analyse des économistes de l’Insee
Au total, sur les 5,5 points de décrochage de productivité par rapport à sa tendance d’avant-crise, les facteurs listés permettent d’en expliquer entre 3,2 et 7,0 points. Le haut de fourchette est ainsi supérieur au phénomène à expliquer, suggérant que les effets maximaux ne peuvent valoir pour chacun des effets, que certaines explications se recoupent ou que des facteurs, jouant potentiellement dans l’autre sens, paraissent de nature pérenne. L’Insee conclut que les facteurs identifiés rendent compte de la plus grande part du phénomène :
- environ 1 point est commun à l’ensemble des pays européens et peut s’expliquer par des facteurs partagés ;
- environ 2 points proviennent des effets de composition de la main-d’œuvre, la forte hausse de l’emploi récente s’étant traduite par un enrichissement de la croissance en emploi ;
- environ 1,5 point provient d’effets sectoriels spécifiques, y compris certains phénomènes de rétention propre à la France ; dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, certains secteurs ont fait le choix de conserver leurs effectifs durant les phases plus creuses pour pouvoir répondre à la demande au moment du rebond de l’activité. Quatre secteurs en particulier ont opté pour des rétentions potentielles de main-d’œuvre : la fabrication de matériel de transport, la construction, l’hébergement-restauration et l’information-communication;
- environ 0,5 point proviendrait d’autres facteurs et seul 0,5 point resterait inexpliqué.
La majorité de ces facteurs explicatifs (alternance, recomposition de la croissance en emploi, entretien plus fréquent des centrales nucléaires, régularisation de l’emploi non déclaré) paraissent de nature pérenne. Certains comportements de rétention pourraient n’être que transitoires, et se dénouer pour partie par rattrapage de la valeur ajoutée, pour partie par baisse des effectifs. Au total, pour l’avenir, une hypothèse plausible mais incertaine est le retour à des gains de productivité plus proches de la tendance antérieure, sans rattrapage de la totalité de la productivité perdue en niveau.
Synthèse des effets
b) La composition de l’emploi
Ils y auraient 4 ou 5 facteurs expliquant la baisse en France. D’abord les effets de composition de la main-d’œuvre pourraient expliquer entre 0,9 et 2,7 points du décrochage de productivité.
1 – La hausse du nombre d’alternants
Néanmoins, un fait marquant distingue la France des autres pays européens : le recours massif aux contrats d’apprentissage à partir de 2020. Cette mesure phare a soutenu l’entrée des jeunes sur le marché du travail. Selon la DARES, 852 000 contrats d’apprentissage ont été initiés en 2023 dans les secteurs privé et public, représentant une augmentation de 2% par rapport à 2022. Au total, 1 020 000 contrats d’apprentissage étaient en vigueur au 31 décembre 2023. Le nombre d’alternants (contrats d’apprentissage et de professionnalisation) a augmenté ainsi de 60 % entre 2019 et 2023.
Évolution du nombre de contrats d’apprentissage
Les alternants représentent 3,5 % des personnes en emploi en 2023 contre 2,3 % en 2019. La hausse de l’alternance a ainsi contribué pour +1,2 point à la croissance de l’emploi entre 2019 et 2023 (+6,1 %). Le développement de l’alternance se traduit mécaniquement, étant données les conventions actuelles de mesure de la comptabilité nationale, par un ralentissement de la productivité. En effet, un alternant n’est pas présent à 100 % en entreprise alors qu’il est comptabilisé toute l’année dans l’emploi. Au-delà de cet effet comptable, la faible ancienneté des alternants dans les entreprises peut également être un facteur de plus faible productivité de ces derniers, relativement aux non alternants ; enfin, l’apprenti nécessite le plus souvent un accompagnement par un maître d’apprentissage. Selon différentes hypothèses, le développement de l’alternance contribuerait ainsi à hauteur de entre 0,9 point et 1,2 points à l’écart de la productivité au niveau qu’elle aurait atteint en poursuivant sa tendance pré-crise sanitaire.
Au 3e trimestre 2022, la productivité par tête des branches marchandes non agricoles est bien en deçà de son niveau pré-crise
(-3,0 % par rapport au 4e trimestre 2019). Elle est également nettement inférieure à la tendance qui prévalait avant la crise (-6,4 %) ; entre 2010 et 2018, le rythme de la productivité tendancielle se situait autour d’1 % par an. La productivité horaire se situe également très en deçà de sa tendance antérieure, alors qu’elle avait connu des évolutions opposées à celle de la productivité par tête durant la crise en raison d’effets prononcés de composition sectorielle selon une étude la DARES https://dares.travail-emploi.gouv.fr/sites/default/files/13a185dc0db8392304d42d8fd5948f41/Dares_Fovus5_Impact-hausse-alternance-sur-productivite.pdf.
La hausse du nombre d’alternants, a priori moins productifs que le reste des personnes en emploi car étant plus jeunes, moins expérimentés et travaillant un volume d’heures plus faible du fait de leur temps de formation, est une des causes possibles de la baisse récente de la productivité du travail . À la suite de la loi de 2018 pour « la liberté de choisir son parcours professionnel » et de la mise en place, à l’été 2020, de mesures exceptionnelles dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution », le recours à l’alternance augmente dès la rentrée 2019 (graphique suivant) : au 3e trimestre 2022, 1,1 million de personnes sont concernées (dont 87 % en contrat d’apprentissage), soit une hausse de 400000 par rapport à fin 2018. En conséquence, la part de l’alternance dans l’emploi salarié s’accroit, pour atteindre 4,0 % au 3e trimestre 2022 (contre 2,7 % fin 2018).
Nombre d’alternants et part dans l’emploi salarié
Pour mesurer l’effet de cette forte croissance de l’alternance sur la productivité, il convient de prendre en considération la déformation de la composition de la main-d’œuvre entre les alternants et les autres salariés. Dans cette perspective, un niveau d’emploi salarié « ajusté de la qualité » est estimé, ce qui permet d’en déduire une une productivité ajustée correspondante En « ajustant de la qualité » de la force de travail, la productivité par tête au 3e trimestre 2022 serait 1,3 point au-dessus du niveau observé (graphique suivant). Ainsi, depuis 2019, l’effet de composition lié à la croissance de l’alternance jouerait à hauteur d’un cinquième de l’écart entre la productivité du travail par tête et sa tendance antérieure à la crise sanitaire.
Productivité du travail par tête et productivité « ajustée de la qualité »
2 – La composition de la main‑d’œuvre
Autre effet, en supposant une élasticité de l’ordre de un quart à un tiers, la hausse de l’emploi salarié marchand hors alternants et l’évolution de la composition de la main‑d’œuvre (l’augmentation proportionnellement plus forte de l’emploi moins qualifié, pour 1,4 pp, la croissance de l’emploi des seniors, baisse du chômage et la hausse des taux d’activité ayant concerné en premier lieu les personnes les plus éloignées du marché du travail,…) se serait traduite par une contribution à la baisse de productivité d’ensemble de l’ordre de -0,7 à -0,9 point. Ces facteurs sont cependant en partie positifs : ils traduisent davantage une orientation des politiques publiques en faveur de l’emploi – avec une très bonne résilience de celui‑ci – plutôt qu’une diminution du potentiel de création de richesse de la France. Cet effet d’enrichissement de la croissance n’est toutefois pas nécessairement spécifique à la France, car d’autres pays européens (en particulier l’Espagne et l’Italie) ont connu un recul important du chômage sur la période, même si la progression de l’emploi est significativement plus forte en France. Une fourchette de 0 à 0,9 point peut ainsi être retenue.
c) Le maintien ou la création d’entreprises peu productives
1 – les entreprises « zombies »
La baisse de la productivité du travail en France pourrait s’expliquer d’abord par les entreprises « zombies » : il faut entendre des entreprises non viables qui ne survivent qu’à grand renfort d’aides et de prêts bancaires déployés pendant la crise sanitaire. Fonds de solidarité des entreprises, prêts garantis par l’ºtat (PGE), reports des dettes fiscales et sociales… L’OCDE indique qu’il s’agit d’une entreprise dont le revenu opérationnel est insuffisant pour couvrir sa charge d’intérêts pendant trois années consécutives.
On propose ainsi comme explication à cette baisse de la productivité du travail les nombreuses aides accordées au moment de la crise du Covid, peut être plus que dans les autres pays. Elles auraient permis aux entreprises peu productives (entreprises « zombies« ) de se maintenir sur le marché (voir page Financiarisation). Ces entreprises sont, en moyenne, moins productives et innovantes que les autres firmes. Dans ce contexte, la question de la pertinence du soutien public, par exemple via des prêts garantis, à destination de ces entreprises se pose. Certains économistes plaident pour une restructuration immédiate et une liquidation des entreprises trop fragiles.
Les entreprises zombies occupent aujourd’hui une place plus importante que par le passé dans les pays développés. Selon des estimations, qui retiennent uniquement les entreprises cotées (nombre d’entreprises zombies cotées sur le total des entreprises cotées), leur part atteindrait 15% en 2017 contre environ 4% à la fin des années 1980. Au cours des trois dernières décennies, cette proportion a eu tendance à progresser à la suite de crises avant de baisser les années suivantes. Le phénomène de « zombification » serait par ailleurs devenu plus persistant.
On peut penser qu’après une année de crise sanitaire qui a vu l’État déverser beaucoup de liquidités, ce taux a pu dépasser les 15%. Ce ne serait pas irréaliste car une étude finlandaise récente avait calculé qu’à l’issue de toutes les grandes crises économiques et financières de ces vingt dernières années, environ 17 % de sociétés disparaissaient selon plusieurs modalités : faillites, cessions et fermetures. La crise de la Covid ayant été particulièrement brutale, un taux de 20 % est plausible.
Quatre phénomènes sont à l’œuvre. Le premier concerne la forte baisse des taux d’intérêt payés par les entreprises sur leur dette, ces taux étant passés de 4,3 % du PIB de l’OCDE en 2008 à 1,5 % actuellement. La remontée de l’inflation en cours, et donc des taux d’intérêt, pourrait mettre en danger beaucoup d’entreprises, y compris des États (voir page Reprise économique fragile). Le deuxième est lié à l’action des banques centrales qui n’ont pas hésité à racheter de la dette en émettant ex-nihilo des montants énormes de liquidités. Ce qui conforte le risque d’inflation précité.
La troisième raison, très française, est le niveau trop élevé du BFR (besoin en fonds de roulement) et la faible rentabilité moyenne des entreprises issue de charges fixes importantes, de postes clients et fournisseurs peu négociables et de la fiscalité importante pesant sur les entreprises. Enfin, la quatrième raison est le fait que, sous la pression des crises des dix dernières années, la notation minimale (Banque de France) autorisant un concours bancaire a été abaissée (à la note 5 + qui est l’apanage de sociétés fragiles) : l’accès au PGE très soutenu par l’État a rendu théoriquement éligibles 80 % des entreprises. Les autres 20 % sont donc, de fait, considérées comme des zombies.
Il reste que la situation financière des sociétés non financières (SNF) européennes s’est globalement améliorée depuis la crise de 2008, au regard de leur taux d’endettement. Celui-ci a baissé dans quasiment tous les pays européens (sauf en France), après une forte hausse avant la crise de 2008 (graphique suivant). Ce constat d’amélioration vaut jusqu’en 2019. En 2020, la dette des SNF est repartie à la hausse, et ce sensiblement, dans le contexte de la crise, en lien notamment avec les larges garanties d’État mises en place par les gouvernements. Une partie de la hausse de la dette des SNF européennes en 2020 est à corréler dans certains pays, notamment en France, avec la hausse concomitante des dépôts, certaines entreprises ayant thésaurisé ces financements pour faire face à des dépenses ultérieures.
Taux d’endettement des sociétés non financières (en % du PIB)
Source : Banque de France
2 – Les créations de nombreuses petites entreprises et l’explosion des non-salariés
La démographie d’entreprise est un terme utilisé pour étudier les caractéristiques de la population des entreprises. La création (ou la naissance) de nouvelles entreprises et la fermeture (ou décès) d’entreprises sont des indicateurs importants de la dynamique des entreprises. En 2021, le taux de création d’entreprises dans l’UE (le nombre de naissances en pourcentage du nombre d’entreprises actives) dans l’économie marchande était de 10,7 % dans l’UE. Ce taux variait de 20,2 % en Lituanie à 3,1 % en Estonie. Mais il était aussi très élevé en France (16,7%).
Les décès d’entreprises concernent la fermeture définitive d’une entreprise. En 2021, le taux de mortalité dans l’économie des entreprises de l’UE était de 8,5%, allant de 23,4 % et 22,6 % en Estonie et en Lituanie respectivement, jusqu’à 2,2 % en Grèce. L’écart entre les taux de natalité et de mortalité des entreprises en 2021 était de loin le plus important en Estonie, avec un taux de mortalité supérieur de 20,3 points de pourcentage au taux de de naissance. En revanche, à Malte, le taux de création d’entreprises était supérieur de 9,2 points au taux de mortalité.
Taux de natalité et de mortalité des entreprises dans l’économie des entreprises (%, 2021)
Source : Eurostat
Avec l’introduction du statut d’auto-entrepreneur en 2008, la part de l’emploi non salarié dans l’emploi total a augmenté, passant de 8,7 % à 11,0 % de l’emploi en quinze ans. Cet essor de l’emploi non salarié est de nouveau spécifique à la France : entre 2019 et 2023, l’emploi non salarié y a progressé de 13 % alors qu’il a reculé en Allemagne et en Italie et a progressé deux fois moins vite en Espagne (second graphique suivant). La plupart des micro-entrepreneurs, même parmi ceux qui ne sont pas multi-actifs, occupent un emploi avec une faible activité et un faible revenu d’activité, en moyenne 740 euros par mois en 2021. Or, la part de micro-entrepreneurs dans l’emploi non salarié a augmenté rapidement et représente l’essentiel des créations d’emplois non salariés depuis 15 ans.
L’essor de l’emploi non salarié sur la période contribuerait pour -0,6 point environ à l’écart de la productivité d’ensemble à son niveau pré-crise sanitaire. Cependant, la baisse de la productivité des non salariés était déjà à l’œuvre sur la décennie précédente et ne s’accentue pas. Autrement dit, si le développement de l’emploi non salarié pèse sur les gains de productivité, il ne semble pas être un facteur déterminant du décrochage de la productivité d’ensemble par rapport à sa tendance 2011-2019.
Évolution de l’emploi non salarié en personnes physiques base 100 en 2019, données trimestrielles corrigées des variations saisonnières
d) Des rétentions de main‑d’œuvre dans certains secteurs,
Au-delà des phénomènes évoqués et pouvant affecter l’ensemble de l’économie, des facteurs spécifiques à certaines branches d’activité peuvent être identifiés, notamment de rétention de main-d’œuvre. Ils expliqueraient entre 1,3 et 2,3 points de perte de productivité. Le graphique suivant suggère que ce peut être le cas pour l’aéronautique, l’énergie, le commerce et les services non marchands.
Lorsque le recul observé de la productivité provient d’un choc identifié sur le numérateur (la production) et d’un emploi (au dénominateur) plus ou moins stable ou faiblement croissant on peut s’interroger sur l’existence de phénomènes de rétention de main-d’œuvre : confronté à un choc jugé temporaire, les entreprises conservent leur personnel pour répondre à une hausse future de la demande. Ces types de phénomènes seraient avérés dans deux secteurs industriels particuliers, qui comportent par ailleurs peu d’apprentis et de non-salariés ce qui rend les effets calculés directement sommables avec ceux précédemment mis en exergue.
Dans l’aéronautique, la production est très inférieure à son niveau d’avant-crise (de l’ordre de 15 %) et l’emploi n’a augmenté que sous l’effet de l’embauche d’ingénieurs et cadres probablement dans des activités R&D avec un effet très différé sur la production. L’ensemble de la filière est par ailleurs confronté à de fortes difficultés d’approvisionnement et les carnets de commandes sont jugés supérieurs à la normale. Le phénomène de rétention ne concerne pas cette seule branche comprenant l’aéronautique : l’ensemble des entreprises sous-traitantes (dont la plupart sont classées en « autres industries manufacturières ») sont concernées par ces phénomènes de rétention. Ainsi, il semble que l’on puisse, en borne haute, approximer la contribution de l’aéronautique à la chute de la productivité (y compris fournisseurs classés dans d’autres branches) par la réduction du solde du commerce extérieur en aéronautique entre 2019 et 2023 (-0,3 point de PIB). Les autres économies européennes sont nettement moins concernées par ce phénomène, l’aéronautique y jouant un rôle plus marginal.
Dans l’énergie, la valeur ajoutée se trouve en 2023 toujours très en deçà de son niveau d’avant-crise (de l’ordre de 15 %),ce qui contribue comptablement à une perte de productivité agrégée de l’ordre de -0,4 point. La baisse de production entre 2019 et 2023 reflète l’indisponibilité structurellement plus fréquente des centrales nucléaires et la fermeture, dans l’intervalle, des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim. En outre (et plus marginalement), le remplacement du gaz russe par du gaz naturel liquéfié (GNL), plus complexe à traiter, se traduit par une baisse structurelle en volume de la valeur ajoutée de la branche distribuant du gaz. Ces soucis n’existent pas aux États-Unis. La contribution de -0,4 point serait ainsi pour -0,25 point pérenne et pour -0,15 point transitoire. Si le gaz peut concerner tous les pays, la question de la production électrique apparaît comme spécifiquement française.
La branche contribuant le plus – négativement – à l’écart global de productivité est le commerce, à hauteur de -1,4 point. C’est surtout lié à un recul de la valeur ajoutée de cette branche (environ 1 point sur 1,4), en second lieu en raison d’un supplément de dynamisme de l’emploi, y compris l’alternance. Ce recul de la valeur ajoutée dans le commerce peut être relié aux transformations en cours dans ce secteur, notamment la réorientation de la demande des ménages. Les volumes de consommation de certains produits fortement distribués par le commerce, en particulier les biens alimentaires, ont en effet baissé. De plus, le secteur est aussi marqué par le développement du commerce en ligne, un changement s’avérant en partie pérenne après la réouverture de l’économie post crise sanitaire. Des emplois excédentaires peuvent se maintenir durant la période de transition, un effet accru par le soutien public durant la crise sanitaire, qui a pu retarder des défaillances (voir ci-dessus). Cela étant, les défaillances sont depuis reparties à la hausse et l’emploi salarié a en effet d’ores et déjà commencé à se replier dans le commerce de détail : début 2024, il diminue de 0,3 % sur un an.
e) La délicate mesure des prix des activités tertiaires
Néanmoins la mesure de l’activité en volume dans la branche commerce est incertaine. Il n’existe en effet pas d’indicateur direct de prix du service de commerce (voir page Mesure des volumes et des prix). La baisse de volume d’activité de commerce retracée par les comptes nationaux reflète dès lors celle des volumes de produits consommés, laquelle renvoie à des baisses de « quantité » mais aussi de « qualité », par exemple l’achat de biens alimentaires d’une gamme inférieure (graphique suivant).
De même dans la la santé, la productivité est notamment en recul dans la santé, en particulier hospitalière : le volume d’activité s’est effondré en 2020 (la crise sanitaire ayant entraîné de nombreuses déprogrammations de soins) et ne s’est que très partiellement rétabli depuis. La question se pose à ce stade de savoir si ce décrochage est spécifiquement français ou commun à tous les pays européens. Mais de nouveau se pose la question de la mesure du partage volume prix de la production et donc de la valeur ajoutée (voir page Compte de la santé).
Marges de commerce sur la consommation de produits alimentaires, Base 100 en 2019, données trimestrielles corrigées des variations saisonnières
f) L’emploi non déclaré pourrait avoir reculé
L’inexpliqué en matière de productivité pourrait a priori recouvrir une question de mesure de l’emploi, en particulier de l’emploi non déclaré. En France, les statistiques de l’emploi salarié ainsi que sa mesure dans les comptes nationaux, sont construits à partir des sources administratives (déclaration sociale nominative). Si une partie de l’emploi non déclaré a été régularisé sur la période, cela conduit à amplifier la hausse apparente de l’emploi, et à abaisser la productivité mesurée.
La comptabilité nationale rend compte de l’emploi total et comprend une estimation de l’emploi non déclaré, par nature imprécise : en France, on estime qu’environ 1 million de personnes effectueraient des heures non déclarées sans occuper un emploi déclaré par ailleurs, soit environ 3 % de l’emploi (voir page PIB mondial).
La crise sanitaire a pu révéler et accroître les coûts associés à la non déclaration, notamment car une grande partie des aides sont versées sur la base des déclarations. De plus, certaines études étrangères mettent en évidence une baisse assez marquée de l’emploi non déclaré sur la période récente : c’est le cas en Italie où l’INS estime qu’il est passé de 12,6 % de l’emploi total en 2019 à 11,3 % en 2021 (soit un recul de plus de 10 %). De même, en Espagne, le dynamisme marqué des créations d’emploi serait pour partie dû à une régularisation de travailleurs non déclarés.
Par construction, la quantification d’un tel phénomène est délicate, y compris car la fraude concerne aussi bien la valeur ajoutée que l’emploi. On peut néanmoins supposer que les entreprises fraudent plus facilement sur les emplois et/ou les heures que sur leur valeur ajoutée. A titre purement illustratif compte tenu des fragilités d’une telle méthode, si on retenait l’évolution estimée par l’INS italien depuis 2019 en l’appliquant à l’estimation française du travail non déclaré, et en supposant que la régularisation est sans impact sur la valeur ajoutée déclarée, l’impact de ce phénomène serait de l’ordre de -0,3 point sur la productivité agrégée.
Les analyses des prix relatifs des des activités tertiaires permettent d’apprécier en partie la mesure du partage volume prix et la productivité du travail en France, et sous réserve de quelques hypothèses mentionnées ci dessous. Par cette analyse on est conduit à étudier le partage volume prix des produits industriels.