Les comptes économiques de l’agriculture (CEA) constituent un compte spécifique, articulé avec le cadre central des comptes nationaux. Ces compte fournissent des informations détaillées sur les revenus du secteur agricole. L’objectif est d’analyser le processus de production de l’industrie agricole et les revenus primaires générés par cette production.
Les CEA sont des données détaillées sur la valeur de la production (mesurée à la fois aux prix à la production et aux prix de base), la consommation intermédiaire, les subventions et les impôts, la consommation de capital fixe, les loyers et les intérêts, la formation de capital, etc. Les valeurs sont disponibles à la fois aux prix courants et aux prix constants.
Le compte de l’agriculture se présente sous forme d’une séquence de comptes qui décrit la formation de la valeur ajoutée dégagée par les unités agricoles et sa distribution sous forme de revenus primaires. L’agriculture comprend l’élevage (production animale), le lait frais ou lait de vache, les grandes cultures (production végétale), la viticulture, etc … La source principale est le RICA. Il enquête des exploitations agricoles. La séquence des comptes de l’agriculture fait apparaître successivement les soldes comptables suivants : la valeur ajoutée, la valeur ajoutée au coût des facteurs, l’excédent d’exploitation ou revenu mixte, le revenu d’entreprise. Ces différents soldes sont présentés « nets », c’est-à-dire après déduction de la consommation de capital fixe.
Une exploitation agricole est une unité unique, tant sur le plan technique qu’économique, fonctionnant sous une direction unique et qui exerce des activités économiques agricoles, soit à titre principal, soit à titre secondaire. L’exploitation peut également fournir d’autres produits et services complémentaires (non agricoles). Le principal indicateur du revenu agricole est le « revenu des facteurs par apport au travail » exprimé en unités de travail annuel (UTA).
Economic Accounts for Agriculture (EAA) are a specific account, linked to the central framework of the National Accounts. These accounts provide detailed information on income in the agricultural sector. The purpose is to analyse the production process of the agricultural industry and the primary income generated by this production.
The EAA are detailed data on the value of output (measured in both producer prices and basic prices), intermediate consumption, subsidies and taxes, consumption of fixed capital, rent and interest, capital formation etc. The values are available in both current prices and constant prices.
The agricultural account is presented in the form of a sequence of accounts that describes the formation of value added by agricultural units and its distribution in the form of primary income. Domain of agriculture comprise husbrandy (livestock production), fresh milk or cow’s milk, field crop (plant production), vineyards, etc… Principal survey is Farm Accountancy Data Network (RICA in French). One surveys farming concerns. The sequence of accounts for agriculture shows the following accounting balances in succession: value added, value added at factor cost, operating surplus or mixed income, entrepreneurial income. These different balances are presented « net », i.e. after deduction of consumption of fixed capital.
Farming concern is a unique unit, both technically and economically, operating under a single management and which carries out agricultural economic activities, either on a principal basis or on a secondary basis. The farm may also provide other complementary (non-agricultural) products and services. The main indicator of agricultural income is “factor income per labor ratio” expressed in annual labour units (ALU).
«Toutes les idéologies politiques qui ont voulu modifier le monde paysan ont échoué parce que le monde agricole ne peut être géré par des théories, il est régi par la réalité». Olivier de Kersauson
« La véritable richesse d’une planète est dans ses paysages, dans le rôle que nous jouons dans cette source primordiale de civilisation : l’agriculture. », Frank Herber, Dune
° Les comptes de l’agriculture française (appelé comptes agriculture dans la suite du texte) font l’objet de trois publications : le compte européen de l’agriculture (CEA) sous l’égide d’Eurostat [1], |2] (les nombres entre crochet renvoient à la bibliographie en bas de page), le compte spécifique présenté à la Commission des comptes de l’agriculture de la Nation (CCAN) et dans le cadre central des comptes nationaux (CN). Si les différences entre les deux premiers sont mineures, elles sont plus importantes avec le dernier. Cependant les sources et les méthodes d’évaluation sont largement communes aux différentes approches, notamment pour la production et les CI de la branche. Ensuite le CEA et le compte spécifique s’intéressent davantage à la formation du revenu de la branche tandis que le cadre central se focalise sur les emplois et ressources des produits.
° La séquence comprend trois comptes agriculture : le compte de production, le compte d’exploitation, et le compte du revenu d’entreprise. D’où l’idée qu’il s’agit pour partie d‘un compte satellite, le cadre central ne dépassant pas le compte d ‘exploitation. On retrouve de fait d’autres termes classiques des comptes satellites (voir page Comptes satellites).
° Par exemple, la liste des activités caractéristiques du compte de l’agriculture est un peu différente de la division 01 “Agriculture”de la NAF : on exclut les activités de production de semences en amont et en aval de la multiplication, on en exclut certaines activités de services annexes à l’agriculture : exploitation de systèmes d’irrigation. La production de vin (et d’huile d’olive) des unîtes étroitement liées aux exploitations agricoles est considérée comme une activité caractéristique des « comptes agriculture ». A ce titre, on retrace l’activité des coopératives vinicoles (et oléicoles).
2 – La période de référence des « comptes agriculture »
C’est l’année civile. Dans le domaine agricole, deux notions de campagne sont couramment utilisées : a campagne de production, – la campagne de commercialisation. La campagne de production correspond a la période qui va de la préparation des sols (par exemple octobre n-1) a la date de la récolte (par exemple juillet n) dans le cas des productions végétales. On se réfère à la notion de récolte pour représenter la production et l’utilisation des céréales dans le cadre central des comptes nationaux. C’est-à-dire qu’on considère que la production d’une récolte de céréales se déroule intégralement au cours de l’année calendaire, celle au cours de laquelle la récolte est effectuée : ainsi, on considère que le cycle complet de la récolte effectuée en n se déroule en n, depuis l’ensemencement jusqu’à la moisson. Ce qui revient en fait à translater le cycle d’une demi-année environ, puisque l’ensemencement de la récolte de n est en fait réalisé à l’automne de n-1, et qu’une partie non négligeable de la pousse se déroule aussi en n-1.
° Des questions ont été soulevées en liaison avec ces décalages temporels : Lors de l’élaboration du compte de l’année 2009, on a observé une incohérence forte entre les montants de CI figurant dans l’ERE du produit « engrais » et de CI de la branche agriculture. Cette incohérence s’expliquait par la forte évolution des prix entre 2008 et 2009, les CI dans les deux cas ne correspondant pas aux achats effectués durant les mêmes périodes. La mise en engrais est réalisée au tout début du processus de production d’une récolte. Pour la récolte réalisée en n, la mise en engrais a lieu dans la seconde moitié de n-1. Pour les besoins de la représentation comptable, les contraintes se présentent alors comme suit : la translation du processus de production, afin qu’il soit intégralement enregistré dans les comptes agriculture, suppose que toutes les CI soient également enregistrées en n dans le compte de production des céréales. Cependant, dans les ERE des engrais, les livraisons destinées à la production de la récolte de céréales de n figurent bien en n-1, et il n’est pas possible de les déplacer.
° La solution a consisté alors à enregistrer, en contrepartie des livraisons d’engrais effectuées en n-1 pour les besoins de la CI du processus de production de la récolte aboutissant en n, une entrée en stocks chez l’agriculteur (on fait l’hypothèse que les avances aux cultures, engrais mis en terre en fin d’année pour une production l’année suivante sont des variations de stocks utilisateurs); et en n, enregistrer, en contrepartie de la CI d’engrais du processus de production des céréales, une sortie de stocks chez l’utilisateur. Cet enregistrement, artificiel puisque les engrais sont mis effectivement en production en n-1, est du moins compatible avec la comptabilité des agriculteurs reprise dans les données du Réseau d’Information Comptable Agricole.
° Des discussions ont aussi eu lieu sur la périodicité de la production. Les comptes nationaux annuels sont établis sur l’année calendaire. Pour que leur cohérence d’ensemble soit assurée, il faut que tous les phénomènes économiques soient représentés sur une base annuelle, reposant sur l’année civile. La mesure de la production devrait s’adapter à ce cadre temporel. Ceci suppose de concevoir des notions abstraites de production, en considérant que l’état inachevé d’un produit est le résultat d’une production, génératrice de valeur ajoutée, et de revenu. Ce qui introduit les notions de travaux en cours, et des stocks qui leur sont associés¸ La production de l’année n, dans le cadre central des comptes nationaux, devrait donc être la somme de la production représentant la phase finale de la récolte n ; et de la production représentant la phase initiale de la récolte n+1. Mais ce principe n’a pas été retenu.
° Enfin on a cherché à simplifier les comptes agriculture. Il s’agissait de déterminer la production à partir des ventes du RICA [3]. Cette méthode aurait été la même pour tous les produits de l’agriculture et aurait remplacer les méthodes spécifiques à chaque produit, mais dont la principale est de multiplier des quantités par des prix. Cette méthode n’a pas été retenue. Il semble probable que plusieurs pays l’appliquent comme les Pays Bas.
3 – Les mutations de l’agriculture
° On étudie le solde extérieur agroalimentaire, y compris celui des IAA. En 2022, l’excédent agroalimentaire progresse mais les échanges avec l’Union européenne sont désormais déficitaires.
° Il est aussi intéressant de suivre les mutations de l’agriculture française sur longue période, complétées par quelques données d’Eurostat. L’agriculture est une branche à part. Sa production et sa valeur ajoutée évoluent différemment que celles des autres branches de l’économie, au gré des aléas climatiques. Depuis 2000 comme depuis 2010, la valeur ajoutée de la branche agriculture ne progresse toutefois plus contrairement à avant 2000.
° En toile de fond, se trouvent les questions importantes pour l’agriculture française : réchauffement climatique, manque d’eau, production vers des produits de qualité (transition agro-écologique), difficultés des producteurs à s’adapter aux nouvelles normes environnementales (parfois moins appliquées dans d’autres pays) qui nécessitent un soutien des pouvoirs publics, répartition plus égalitaire des subventions de la Politique Agricole Commune (PAC), etc … .
Évolution de la valeur ajoutée des différentes branches en volumes chaînés , base 100 en 2010Source : Insee, comptes nationaux base 2014, compte spécifique CCAN
4/ L’agriculture dans l’UE
° Les produits agricoles constituent une part importante de l’identité régionale et culturelle de l’Union européenne. En 2021, 297,5 millions de tonnes de céréales et de riz ont été récoltées au sein de l’UE, la France représentant la part la plus importante (22,7 %). Dans le même esprit, quelque 159,8 millions de tonnes de lait cru étaient disponibles dans les exploitations agricoles de l’UE, l’Allemagne ayant enregistré la part la plus importante (20,4 %). Au total, 65,8 millions de tonnes de légumes ont été récoltées au sein de l’UE, l’Espagne ayant représenté la part la plus importante (24,2 %). 62,2 millions de tonnes de fruits, baies et noix ont été récoltées au sein de l’UE, l’Espagne ayant de nouveau enregistré la part la plus importante (28,3 %); ces chiffres incluent tous les types de fruits, y compris ceux utilisés pour la production de boissons.
° Concernant la production de viande, l’UE a produit 22,1 millions de tonnes de viande de porc en 2022, une quantité estimée à 12,1 millions de tonnes de viande de volaille, et 6,6 millions de tonnes de viande bovine. L’Espagne (23,0 %) et l’Allemagne (20,3 %) représentaient chacune plus d’un cinquième de la production de viande de porc dans l’UE. La Pologne enregistrait une part similaire (22,5 %) de la production de la viande de volaille dans l’UE, tandis que la France représentait environ un cinquième (20,5 %) de la production de viande bovine dans l’UE.
Top 5 des États membres de l’UE pour la production d’une sélection de produits agricoles (part en pourcentage du total de l’UE, 2022)
° En 2020, la surface disponible totale au sein de l’UE pour des cultures biologiques était de 14,7 millions d’hectares (hors jardins potagers). L’agriculture biologique comptait pour 9,1 % de la surface agricole utilisée totale de l’UE. En 2021, la part de l’agriculture biologique était comprise entre 2,0 % ou moins à Malte, en Bulgarie et en Irlande et 20,2 % en Suède, 23,0 % en Estonie et 25,7 % en Autriche (données de 2020). Dans plusieurs États membres de l’UE – Lituanie, Croatie, France (2019-2020), Luxembourg, Finlande et Irlande – une croissance à deux chiffres a été enregistrée entre 2020 et 2021 dans la superficie consacrée à l’agriculture biologique. Des expansions plus rapides ont été observées en Roumanie et à Chypre, tandis que la plus forte croissance a, de loin, été enregistrée au Portugal, où cette superficie a plus que doublé.
Surfaces cultivées en agriculture biologique (%, part de la surface agricole cultivée, 2021)
Remarque: l’indicateur montre les surfaces entièrement converties à l’agriculture biologique et celles en cours de conversion en pourcentage de la surface agricole cultivée (hors jardins potagers). UE, EL, FR, AT, PL, IS et NO: 2020. Source: Eurostat (code de données en ligne: org_cropar)
I – PRÉSENTATION DU COMPTE DE L’AGRICULTURE
En France, le compte spécifique est présenté chaque année à la Commission des comptes de l’agriculture de la Nation (CCAN), puis transmis à Eurostat, après mise en forme au format des comptes européen (CEA) [4]. Le compte spécifique est articulé avec le compte du cadre central ; il n’est toutefois pas identique, en raison de différences de champ et de calendrier.
Le compte de l’agriculture se limite à l’analyse des comptes de la branche agricole. Il vise à décrire les opérations économiques dérivant de la mise en œuvre d’une activité agricole, c’est-à-dire le processus de production agricole et le revenu primaire qui en découle. Il n’a donc pas pour but d’analyser l’ensemble du revenu des unités engagées dans une production agricole (notamment des ménages agricoles), dans la mesure où ces unités peuvent avoir d’autres formes de revenus ou de charges que celles décrites dans les comptes agriculture.
1/ Les activités spécifiques du compte de l’agriculture
Dans la NAF, la division 01 “Agriculture” recouvre les activités suivantes :
– la culture de végétaux : la culture des céréales et plantes industrielles, le maraîchage, l’horticulture et les pépinières (y compris arbres de Noël), la culture fruitière et la viticulture,
– l’élevage d’animaux,
– la culture de végétaux associée à l’élevage d’animaux,
– les services annexes à l’agriculture,
– la chasse : chasse, piégeage, reproduction du gibier, activités de services annexes.
La liste des activités caractéristiques du compte de l’agriculture est un peu différente :
– on exclut les activités de production de semences en amont et en aval de la multiplication,
– on en exclut certaines activités de services annexes à l’agriculture : exploitation de systèmes d’irrigation.
La production de vin (et d’huile d’olive) des unités étroitement liées aux exploitations agricoles est également considérée comme une activité caractéristique des comptes agriculture. À ce titre, on retrace l’activité des coopératives vinicoles (et oléicoles). En revanche, la production de vin (et d’huile d’olive) par les entreprises agroalimentaires est exclue du champ.
2/ L’unité de base
Pour l’analyse des flux générés par le processus de production, l’unité de base retenue par le système européen (et donc français) de comptes nationaux est l’unité d’activité économique au niveau local (UAE locale), définie comme étant la partie d’une unité d’activité économique (UAE) située en un lieu topographiquement identifié. L’UAE regroupe toutes les parties d’une unité productive qui concourent à l’exercice d’une activité donnée, l’activité étant définie en référence à une classe (quatre positions) de la nomenclature d’activité (NAF).
Dans le cas des activités agricoles au sens strict (hors services annexes à l’agriculture), on considère que les “exploitations agricoles” au sens de la statistique agricole constituent des UAE locales, et donc sont les principales unités de base des comptes agriculture. Du fait de l’extension du champ des comptes agriculture à l’activité des coopératives vinicoles (et oléicoles), celles-ci constituent également des unités caractéristiques de la branche agricole.
3/ La séquence des comptes
Le compte de l’agriculture se présente sous forme d’une séquence de comptes qui décrit la formation de la valeur ajoutée dégagée par les unités agricoles et sa distribution sous forme de revenus primaires (tableau suivant).
La séquence comprend trois comptes :
– le compte de production,
– le compte d’exploitation,
– le compte du revenu d’entreprise.
Ce dernier, spécifique à l’agriculture, permet de mesurer un revenu proche du concept de profit courant avant distribution et impôt sur le revenu, tel qu’il est habituellement utilisé en comptabilité privée. Il enregistre en ressources l’excédent d’exploitation ou le revenu mixte, et en emplois les intérêts et charges locatives sur terres agricoles versés au titre de l’activité productive. En principe, figurent également en ressources de ce compte les intérêts reçus par les unités agricoles au titre de leur activité productive : en pratique, on a considéré qu’il était difficile d’isoler ces montants, et on n’a fait figurer aucun montant d’intérêts sur les dépôts effectivement reçus par les unités de la branche agriculture. En revanche, figurent les intérêts fictifs sur les dépôts qui viennent en contrepartie des consommations intermédiaires des services d’intermédiation financière indirectement mesurés (Sifim) sur les dépôts.
Des éléments du compte de capital complètent la description du processus de production agricole par une évaluation de la formation brute de capital fixe, des variations de stocks et des aides à l’investissement et autres transferts en capital reçus.
Plusieurs indicateurs économiques sont commentés dans les comptes agriculture
l’excédent brut d’exploitation (EBE) par équivalent temps plein (ETP) non salarié. Cet indicateur de résultat est calculé à partir de la valeur de la production de l’année (vendue ou stockée), augmentée des subventions, de laquelle sont soustraites les consommations intermédiaires et les autres charges d’exploitation (salaires, impôts fonciers, fermages…).
Le résultat courant avant impôts (RCAI) se déduit de l’EBE après prise en compte des charges financières et des amortissements (qui ne sont pas décaissables).
Un solde disponible est calculé en déduisant de l’EBE les annuités d’emprunts à moyen et long terme et les cotisations sociales de l’exploitant. Le résultat mesure la performance annuelle de l’exploitation, le solde disponible donne une information complémentaire, en intégrant le mode de financement des investissements.
le RCAI (revenu courant avant impôts, par actif non salarié) est un indicateur calculé à partir de la valeur de la production de l’année (vendue ou stockée), augmentée des subventions, moins les consommations intermédiaires et les charges courantes (salaires, frais financiers…), dans lequel est prise en compte la dépréciation des actifs immobilisés (amortissements).
Schéma de construction des indicateurs de résultats
Compte de production, d’exploitation, de revenu d’entreprise à prix courants (millions d’euros)
II – LA PRODUCTION
En principe, n’est comptabilisée en production que la valeur des produits quittant l’unité qui les a produits, à l’exclusion des biens et services produits et consommés intermédiairement par la même unité au cours de la même période. Dans le cas de l’agriculture, on a considéré que, du fait qu’une exploitation agricole peut exercer une grande diversité d’activités agricoles étroitement liées entre elles, ces activités ne pouvaient être pleinement prises en compte à travers la seule mesure de la production « quittant” l’exploitation. Dès lors, et pour améliorer la comparaison des coefficients techniques et des taux de valeur ajoutée entre sous-branches d’activité économique et entre pays, on intègre dans la production agricole une partie de la production intraconsommée au sein des unités agricoles.
Les intraconsommations retracées dans la production agricole concernent les produits végétaux utilisés pour l’alimentation animale (céréales, protéagineux, pommes de terre, fourrages, etc.), les semences, les oeufs à couver et les services annexes agricoles (ETA, Cuma, CIA et services rendus entre agriculteurs).
Le vin, l’huile d’olive et le moût de raisin non vinifié résultant de la transformation de raisins ou d’olives produits par la même unité relèvent de la production de la branche agricole. Dans la mesure où il s’agit d’un processus de transformation au sein d’une même filière (végétale), seuls les produits transformés sont enregistrés en tant que tels en production : les produits de base (raisins et olives) ne sont pas comptabilisés dans la production agricole.
Les biens et services produits par une unité et utilisés par elle-même comme actifs fixes (FBCF pour compte propre, par exemple d’animaux) ou comme consommation finale (autoconsommation des ménages agricoles) sont toujours comptabilisés en production.
On considère que, pour les produits agricoles dont le cycle de production se déroule sur une période inférieure à l’année (y compris lorsque le processus de production chevauche deux années civiles), il est inutile d’enregistrer la production sous forme de travaux en cours : dans ce cas, la comptabilisation de la production au stade du produit fini permet d’assurer une cohérence suffisante avec les coûts de production.
Pour les produits végétaux, la production vendue correspond au chiffre d’affaires tiré de la mise sur le marché des produits, la production stockée correspond à la variation des stocks producteurs, et la production immobilisée est la contrepartie de la FBCF pour compte propre en plantations.
Le cas des animaux est un peu plus complexe du fait des échanges d’animaux qui interviennent entre unités agricoles. Les échanges d’animaux entre unités agricoles constituent en effet des échanges d’actifs, non retracés en production et consommation intermédiaire des unités considérées. La production vendue à prendre en compte correspond donc aux sorties de stocks ou aux cessions d’actif du compte national (ou départemental) consolidé, soit à la somme des abattages sur le territoire et des exportations. La production stockée est alors égale à la constitution de stocks pour compte propre nette de ces sorties (production nette stockée), soit la variation des stocks producteurs moins les acquisitions hors unités agricoles résidentes (importations). La production immobilisée est égale à la FBCF pour compte propre nette de ces sorties (production nette immobilisée), soit la FBCF totale moins les acquisitions hors unités agricoles résidentes (importations) et moins les coûts liés au transfert de propriété.
Deux questions se sont posées durant ces dernières années concernant la mesure de la production dans les comptes : la première concerne la périodicité choisie; la seconde , la simplification de la mesure.
1/ Calcul de la production en valeur
L’évaluation de la production de la branche “agriculture” est effectuée pour la quasi-totalité des produits à l’aide de statistiques sur les quantités et les prix. La seule exception notable concerne la production de services agricoles pour laquelle on dispose de données en valeur.
a) Les quantités
La majeure partie des données en quantités est fournie par le Service de la statistique et de la prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture et de la Pèche. La Statistique agricole annuelle (SAA) fournit en effet les données physiques relatives aux superficies, aux rendements et aux quantités produites de l’ensemble des produits végétaux, selon une nomenclature très détaillée. Elle fournit également un large éventail de statistiques sur les produits animaux : effectifs d’animaux, quantités produites de lait ventilées selon le type d’utilisation, quantités produites de volailles, de lapins et d’autres animaux divers et quantités relatives a des produits animaux divers (miel, laine, etc.). Le SSP fournit également les statistiques d’abattages, les effectifs animaux, ainsi que la collecte laitière.
b) Les prix
Pour les céréales, les oléagineux, les protéagineux, le niveau des prix est fourni chaque année, par FranceAgriMer (enquête « flash »). De même, le niveau des prix des betteraves industrielles est communique chaque année par la CGB, celui du tabac par France-Tabac, celui des pommes de terre de féculerie par le FNIPT. En revanche, pour d’autres produits, les niveaux de prix ont été détermines pour les années 1990-1994, dans le cadre de l’élaboration des comptes départementaux de l’agriculture en base 95, par les statisticiens agricoles. Les Résultats des comptes départementaux ont ensuite été synthétises au niveau national par le SSP. Pour les années postérieures a 1994, les prix de la plupart des produits sont évalues a l’aide d’indicateurs d’évolution, tires des Indices de prix agricoles a la production (IPPAP) élabores par l’Insee. C’est le cas notamment pour les pommes de terre, les autres plantes industrielles, les plantes et fleurs, le bétail, le lait, les volailles, les œufs, les autres Produits de l’élevage.
c) Les valeurs
Les données relatives à la production des services annexes à l’agriculture (ETA, CUMA et les centres d’insémination artificielle) sont directement disponibles en valeur. Elles ont été valorisées à partir des charges payées par les exploitants, d’après le Réseau d’information comptable agricole (Rica). Le partage volume/prix de la production de services est effectue a l’aide d’un indice de prix. L’évaluation de la production de services d’agritourisme est effectuée a partir du nombre d’exploitations pratiquant cette activité (source : enquêtes structure du SSP et interpolation) et du chiffre d’affaires (source : Rica).
Production en valeur au prix de base de la branche agriculture en millions d’euros
2/ la périodicité
Cette question a été soulevée à propos de la comptabilisation des CI d’engrais par la branche agriculture. Il est nécessaire de traiter la consommation intermédiaire des engrais par la production de céréales de façon cohérente avec les décisions prises à propos de cette production. C’est notamment le partage volume-prix de la consommation intermédiaire d’engrais qui est en cause.
L’économie de la production de céréales repose sur la récolte qui, seule, a un sens économique : une production de blé n’a de valeur qu’une fois récoltée. C’est aussi son cycle qui est économiquement pertinent.
Cependant, les comptes nationaux annuels sont établis sur l’année calendaire. Pour que leur cohérence d’ensemble soit assurée, il faut que tous les phénomènes économiques soient représentés sur une base annuelle, reposant sur l’année civile. La mesure de la production doit s’adapter à ce cadre temporel.
Ceci suppose de concevoir des notions abstraites de production, en considérant que l’état inachevé d’un produit est le résultat d’une production, génératrice de valeur ajoutée, et de revenu. Ce qui introduit les notions de travaux en cours, et des stocks qui leur sont associés.
La production des céréales chevauche, de façon caractéristique, deux années calendaires. Le schéma suivant vise à représenter la succession des événements relatifs à une récolte se déroulant sur 2 années, en l’occurrence les années 2011 et 2012 :
– appelons « récolte 2012 » la récolte qui a lieu environ au milieu de l’année 2012 : elle résulte d’un processus de production, qui débute par une mise en engrais de la terre dans la seconde moitié de l’année 2011 et se termine par la récolte ;
– une récolte se forme ainsi du milieu d’une année calendaire au milieu de l’année calendaire suivante ;
– inversement, une année calendaire voit se dérouler la succession de deux parties de cycle de récolte : au cours de 2012, par exemple, se déroulent la fin de la récolte 2012, et le début de la récolte 2013.
La production de l’année 2012, dans le cadre central des comptes nationaux, devrait donc être la somme (selon le principe de l’enregistrement de l’année calendaire) :
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de la production représentant la phase finale de la récolte 2012 ;
et de la production représentant la phase initiale de la récolte 2013.
Ce choix n’a pas été retenu.
a) le choix de la base 2010 : l’année de la récolte
En base 2010 du compte agriculture, il a été décidé de conserver la notion de récolte pour représenter la production et l’utilisation des céréales dans le cadre central des comptes nationaux.
C’est-à-dire qu’on considère que la production d’une récolte de céréales se déroule intégralement au cours de l’année calendaire (du 1° janvier au 31 décembre), celle au cours de laquelle la récolte est effectuée : ainsi, on considère que le cycle complet de la récolte effectuée en 2012 se déroule en 2012, depuis l’ensemencement jusqu’à la moisson.
Ce qui revient en fait à translater le cycle d’une demi-année environ, puisque l’ensemencement de la récolte de 2012 est en fait réalisé à l’automne 2011, et qu’une partie non négligeable de la pousse se déroule aussi en 2011. Du point de vue économique, il faut surtout noter qu’une partie importante des coûts de production – dont la mise en engrais – intervient en 2011.
De même, on ne calcule dans la production de 2012, celle qui correspond à l’ensemencement des engrais à la fin de l’année 2012 qui servira pour la récolte de 2013.
Respecter le modèle des comptes nationaux annuels – ceux du cadre central – aurait au contraire conduit à un traitement consistant parallèlement :
à enregistrer le processus de production conduisant à la récolte de 2012 dans les comptes des deux années calendaires au cours desquelles il se déroule, soit les années 2011 et 2012 ;
à représenter, dans les comptes de 2012, la succession des parties des deux cycles successifs de production, soit la fin du processus de production de la récolte de 2012 et le début du processus de production de la récolte de 2013 ;
à élaborer les équilibres de produits correspondants.
) une méthode alternative de mesure de la production
En comptabilité nationale, les flux de produits sont valorisés aux prix courants de marché des produits équivalents qui prévalent au moment où ces flux se produisent. Les stocks dont sont tirés les flux sont valorisés en conséquence de manière cohérente.
Ainsi, supposons qu’un produit destiné à la consommation intermédiaire a été acquis à un prix unitaire de 100, pour être mis en stocks jusqu’au moment de son utilisation dans le processus de production. Si, au moment où il est sorti des stocks pour être utilisé dans la production, le prix de marché du même produit est 120, la consommation intermédiaire doit être valorisée à ce dernier prix. A cette date même, le stock complet d’où est tiré ce produit doit être aussi valorisé avec le prix de 120. La différence de valeur affectant le stock est enregistrée comme un gain de détention. Cette méthode est différente de la valorisation adoptée par la comptabilité d’entreprise, qui correspond au coût historique – soit restant à 100 dans l’exemple.
Ce choix de valorisation correspond à la notion économique de coût d’opportunité. Reprenant le cas d’un agriculteur qui aurait acquis un stock d’engrais à un certain prix pour une utilisation ultérieure, la variation sensible du prix peut le conduire ultérieurement à modifier le comportement de production qu’il anticipait. Il peut, par exemple en cas de hausse de prix, décider de revendre une partie de son stock pour réaliser un gain immédiat, et renoncer à un profit futur, incertain par nature, en réduisant la production de céréales qu’il envisageait auparavant.
En règle générale, la consommation intermédiaire d’un produit doit être valorisée au prix de marché prévalant à la date où la consommation intermédiaire a lieu.
1 – Correction à apporter à la règle générale pour la CI d’engrais pour la production des céréales
L’ERE des seuls engrais destinés à la consommation intermédiaire de la production des céréales s’écrit comme suit, hors marges et impôts/subventions.
Situons-nous en 2012. Compte tenu des conventions adoptées pour le traitement des céréales, qui consiste à déplacer le cycle de production de la récolte réalisée en 2012, pour qu’il soit totalement enregistré en 2012, la consommation intermédiaire d’engrais qui intervient dans les comptes agriculture de 2012 – alors qu’elle a réellement eu lieu en 2011 – provient d’un déstockage, chez les agriculteurs (en moins une sortie de stock).
De même, la livraison d’engrais aux agriculteurs, en vue de la mise en production de la récolte de 2013, fait l’objet d’une entrée en stocks chez les agriculteurs.
L’ERE ci-dessus se décompose en fait en deux sous-équilibres :
Cette décomposition de l’ERE permet d’établir les règles pour le partage volume-prix :
– on décale le compte de production des céréales pour qu’il soit intégralement enregistré en 2012 ;
– on décale donc de 2011 à 2012 la consommation intermédiaire d’engrais ;
– la consommation intermédiaire d’engrais doit être valorisée au prix de 2011, et non au prix de 2012 ;
– ce qui implique que, contrairement aux règles habituelles, les entrées en stocks ne doivent pas avoir le même prix que les sorties de stocks ;
– dans le cas présent, le prix des entrées en stocks est le prix de l’offre nette :
production + importations – exportations – variations des stocks autres
– et le prix des sorties de stocks doit avoir le même prix que celui des entrées en stocks de l’année précédente.
Concrètement :
– l’indice de prix des entrées en stocks de 2012 se déduit de l’équilibre ;
– l’indice de prix des sorties de stocks, qui est le même que celui de la consommation intermédiaire, est l’indice de prix des entrées en stocks de 2011.
2 -le respect des critères des comptes nationaux
On indice les variables par référence à la récolte, faite en t, et non par rapport à l’année calendaire. Soit :
La valeur de la récolte t est donc égale à :
Décomposition de la valeur de la récolte 2012
On suppose qu’une récolte est faite le 31/07 de l’année. Soit R12 la valeur de la récolte 2012, dont le produit est récolté le 31/07/2012. On décompose cette valeur en deux montants, supposés couvrir respectivement la période allant du 01/08/2011 au 31/12/2011, et la période allant du 01/01/2012 au 31/07/2012 : on désigne ces montants par RP121 et RP122 – RP pour « récolte produite ».
En prolongeant cette notation aux composantes de la valeur de la récolte, on obtient :
On peut faire l’hypothèse que les valeurs des consommations intermédiaires – d’engrais et des autres – sont observables. On peut aussi penser que les valeurs respectives de la rémunération des salariés sont aussi observables. Reste alors à décomposer le montant B d’EBE/RMB entre les deux périodes.
Si on connaît la valeur finale de B12, on peut faire l’hypothèse que le taux « de profit » r calculé sur la récolte totale s’applique aux deux périodes. Ainsi, on calcule :
Et on calcule alors les valeurs respectives de B121 et B122 :
On obtient alors les valeurs respectives RP121 et RP122. On vérifie que la somme de ces valeurs est égale à la valeur R12 de la récolte. Si on ne connaît pas la valeur finale de B12, on peut calculer r comme moyenne des taux obtenus par l’observation du passé.
3 – Calcul des productions annuelles
En étendant les notations précédentes, on calcule les productions annuelles. Prenant l’année 2012, on obtient, comme on l’a indiqué plus haut, la valeur P12 de cette production comme la somme de :
RP122, valeur de la production de la récolte 2012 attribuable à l’année 2012, c’est-à-dire à la période du 01/01/2012 au 31/07/2012
RP131, valeur de la production de la récolte 2013 attribuable à l’année 2012, c’est-à-dire à la période du 01/08/2012 au 31/12/2012
et on obtient la décomposition de la valeur de P12 (comptes de production et d’exploitation).
4 – Présentation croisée production x récolte
Le tableau suivant résume les relations entre productions et récoltes :
5 – Équilibre des produits
Remarque préalable : on se place pour le moment dans une situation où on fait des comptes rétrospectifs, c’est-à-dire qu’on sait ce qui s’est passé, on connaît la valeur et la quantité finales des récoltes réalisées. On verra plus loin ce qui peut être fait en « temps réels », par exemple au provisoire, c’est-à-dire avant que la récolte engagée au cours de l’année sous constat soit réalisée.
Au vu des observations précédentes, il apparaît que la production des céréales prend deux formes différentes, et successives, au cours d’une année calendaire : celle d’un produit fini, puis celle d’un produit en cours de fabrication (travail en cours). A ces deux formes, correspondent deux formes de circulation des produits. On représente donc la circulation des céréales dans l’économie sous la forme de 2 ERE élémentaires, qui seront ensuite agrégés.
A cet effet, on utilise la décomposition de la production P12 :
6 – Travaux en cours
En comptes annuels, la production de travaux en cours de céréales correspond exclusivement à la première partie de la production de la récolte. L’ERE de ce produit est très simple, puisqu’il n’y a qu »un emploi possible de cette production :
Valorisation :
– on a vu que cette partie de la production est mesurée par une fraction de la valeur de la production finale, cette fraction étant basée sur le rapport des coûts engagés pendant la durée de la période ; ce qui revient à valoriser cette production par la somme des coûts de production ;
– on note toutefois que les coûts comportent la rémunération du capital, par l’intermédiaire d’une imputation d’EBE/RMB – stricto sensu, la rémunération du capital passe par le seul ENE/RMN : l’ajout de cette composante est une précision apportée par le SEC2010.
Partage volume x prix :
– le volume est mesuré, à qualité égale des céréales, par la quantité de céréales mise en production ;
– toute destruction de la récolte en cours dépassant le niveau couramment observé de pertes se traduit par une perte de volume – enregistrée dans le compte des autres changements de volume des actifs -, sans effet direct sur les prix.
7 – Produits finis issus de la récolte de 2012
On procède pas à pas pour les produits finis, en commençant par ceux qui sont issus de la récolte de l’année sous constat. On s’intéresse aux quantités physiques.
Tous les produits finis qui circulent au cours de 2012, notamment pendant la première partie de l’année, avant la récolte 2012, ne proviennent pas de cette récolte :
– des produits peuvent provenir de récoltes antérieures, par déstockage, chez les utilisateurs et les commerçants, accessoirement chez les producteurs ;
– des produits sont importés ;
L’ERE de ces produits, en données physiques, est du type suivant.
L’ERE complet des céréales est se présenterait ainsi. En rappelant que les variations de stocks sont égales aux entrées en stocks diminuées des sorties de stocks, il s’écrit, hors marges et impôts/subventions :
avec la particularité du calcul des travaux en cours.
3/ les méthodes des principaux produits.
a) Les céréales, oléagineux, protéagineux
Les céréales, oléagineux et protéagineux (COP) présentent de nombreux points communs. Les COP sont généralement cultivés par les mêmes exploitants, sur les mêmes terres, avec le même matériel ; les exploitants arbitrent entre les différentes cultures au moment de l’ensemencement en fonction des conditions agronomiques et économiques du moment. Dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC), elles relèvent du même dispositif de maîtrise de l’offre (gel des terres, aides à la surface). Enfin, du point de vue des comptes, le traitement des différents produits est similaire.
Comme déjà dit, la valeur de la production des COP est égale à la valorisation des quantités produites par un prix unitaire hors impôts, en distinguant :
– la production de semences,
– la production hors semences.
La valeur de la production de semences au stade de la multiplication est établie par le Groupement national interprofessionnel des semences et plants (GNIS). La valeur de la production hors semences est obtenue en valorisant les quantités produites issues de la Statistique agricole annuelle (SAA) diminuées des semences, par le prix unitaire du grain de source FranceAgriMer, hors impôts (mais y compris cotisations professionnelles), et subventions. L’intraconsommation est valorisée au même prix que la collecte hors semences. À cette production valorisée hors impôts, on ajoute le montant global des subventions pour passer à la production au prix de base.
Chaque composante de la production (production intraconsommée, production de semences multipliées, collecte hors semences) évolue en volume comme les quantités en cause. La production en volume, au prix de l’année précédente, est obtenue en agrégeant les différentes composantes en volume.
S’agissant des quantités, la production de céréales, oléagineux et protéagineux (COP) correspond à la récolte. Celle-ci a lieu au début de l’été pour la plupart des produits et à l’automne pour le maïs et le sorgho, le tournesol et le soja. La récolte est évaluée dans le cadre de la Statistique agricole annuelle (SAA), à partir des superficies et des rendements.
On distingue donc au sein de la récolte, les trois composantes suivantes :
– les quantités correspondant aux semences multipliées, produites par les exploitants et vendues aux établissements semenciers,
– les autres quantités destinées à la vente, appelées collecte hors semences.
– les quantités non vendues destinées à l’alimentation animale, appelées « intraconsommation ».
S’agissant des prix, FranceAgriMer relève le prix de la production des COP à la fin de chaque campagne de commercialisation, dans le cadre d’une enquête quasi-exhaustive auprès des collecteurs agréés (coopératives et négociants) qui lui demandent son aval. L’enquête donne pour chaque produit le « prix d’apport », qui est un prix net payé à l’agriculteur par le collecteur : rendu silo, majorations mensuelles et caractéristiques (bonifications/réfactions) incluses, avec les taxes parafiscales à la charge des agriculteurs déduites de ces prix. Le prix d’apport n’inclut pas les aides à la production, directement versées au producteur. Le prix d’apport, en euro par tonne, est calculé en rapportant les facturations aux quantités collectées associées.
Enfin les semenciers ne font pas partie du champ du compte spécifique, mais ils sont inclus dans celui de la branche agriculture du cadre central, Leur production vient donc s’ajouter à celle des exploitations.
b) Les plantes fourragères
Les plantes fourragères correspondent à des produits intraconsommés à des fins d’alimentation animale, comptabilisés à la fois en production et en consommations intermédiaires de la branche agriculture. Contrairement à d’autres produits végétaux également intraconsommés pour l’alimentation animale mais dont la plus grande partie de la production est commercialisée (céréales, pommes de terre), les plantes fourragères ne font pas (ou peu) l’objet de transactions. Il a cependant été choisi de retracer la production et les utilisations de ces produits, au moins pour trois raisons
a) Une mesure de la production et des consommations intermédiaires sans ces produits ne permettrait pas une analyse économique correcte de l’activité productive agricole, notamment en termes de coefficients techniques et de taux de valeur ajoutée. Les coefficients techniques en niveau seraient en effet très partiels puisqu’ils rapporteraient chaque consommation intermédiaire à une production hors plantes fourragères et non à l’ensemble de la production agricole. Or, les consommations d’engrais, de produits pétroliers, etc., ont été utilisées dans le processus de la production de l’ensemble des produits, y compris les plantes fourragères. De plus, la part de la production intraconsommée dans l’ensemble de la production est variable selon les années, selon les circonstances économiques, en fonction des coûts relatifs des céréales et des aliments composés. Ainsi, l’évolution des coefficients techniques est également faussée lorsqu’ils sont calculés à partir de la production hors produits fourragers.
b) L’intégration de ces produits permet également d’assurer la cohérence entre les éléments du compte de production et ceux des comptes d’exploitation et de revenu. Les charges et les recettes sont relatives à l’ensemble de la production agricole, y compris les plantes fourragères. Le problème de cette cohérence souhaitable tout au long de la séquence des comptes se pose avec d’autant plus d’acuité que, depuis la réforme de la politique agricole commune (PAC) de 1992, les subventions sur les produits jouent un rôle important dans la détermination du revenu agricole; certaines d’entre elles concernent explicitement des produits fourragers, tels que le maïs fourrage.
c) La mesure de la production englobant les produits fourragers permet également d’établir des comparaisons sur les taux de valeur ajoutée sur des bases homogènes :
– entre les sous-branches agricoles : au sein de la branche agriculture, les intra-consommations sont essentiellement concentrées sur les grandes cultures et la production de bétail alors qu’elles sont plus faibles, voire inexistantes, dans d’autres sous-branches (fruits et légumes, vins…). La comparaison des taux de valeur ajoutée sans les produits fourragers serait donc biaisée.
– entre la branche agriculture et les autres branches de l’économie, pour lesquelles d’une manière générale les intra-consommations de produits bruts sont moins importantes.
– entre la branche agriculture des différents États membres de l’Union européenne, où la part des intra-consommations est très variable selon les modes de production.
La valeur de la production des produits fourragers (hors luzerne) est évaluée à partir d’une estimation des superficies cultivées (source : SAA) et des coûts de production par unité de superficie. Les coûts ont été estimés pour la base 95, à partir de travaux effectués par des experts, confrontés avec des données issues du RICA. On évalue le maïs fourrage en fonction des coûts de production. Le coût des prairies permanentes peu productives a été revu à la baisse, en ne retenant que les coûts de récolte. Par ailleurs les CI d’engrais et de produits phytosanitaires ont connu certaines années des fluctuations en volume de grande ampleur, montrant qu’il n’était pas réaliste de maintenir une structure fixe pour les coûts des fourrages. On tient désormais compte des à-coups dans l’évolution de ces produits observée pour l’ensemble de l’agriculture, dorénavant en fonction des coûts de production. Le coût des prairies permanentes peu productives a été revu à la baisse, en ne retenant que les coûts de récolte.
c) Les légumes frais
La diversité de la production légumière rend très difficile la synthèse nationale de l’ensemble des éléments conjoncturels locaux qui influent sur la valorisation de la production. Afin de tenir compte au mieux des sources locales, il a été décidé, depuis la base 95 des comptes, que l’évaluation nationale de la production de légumes serait obtenue par totalisation des évaluations de production élaborées aux niveaux régional et départemental dans le cadre des comptes départementaux (régionaux depuis 2007) de l’agriculture. Ceux-ci ont été établis localement par les services régionaux d’information statistique et économique (SRISE). La production légumière de la branche agricole concerne d’une part les légumes destinés à être consommés en frais ou à être transformés par des unités des industries agricoles et alimentaires, d’autre part les légumes transformés sur les exploitations, dans le cadre d’activités secondaires non agricoles non séparables de l’activité
III – LES CONSOMMATIONS INTERMÉDIAIRES DE LA BRANCHE
Avant toute chose, on note que la branche agriculture est la seule branche marchande pour laquelle on « fixe » les cases en colonne dans le TEI.
En raison de l’adoption de l’UAE locale comme unité de base des comptes agriculture, les consommations intermédiaires de la branche agricole incluent les biens et services livrés par une exploitation agricole à une autre (plus généralement par une UAE locale à une autre UAE locale) à des fins d’utilisation productive. Les biens et services intraconsommés au sein de la même unité agricole ne sont enregistrés en consommation intermédiaire que dans la mesure où ils apparaissent aussi en production (par exemple les fourrages).
Les biens et services de consommation intermédiaire doivent être comptabilisés au moment où ils entrent dans le processus de production, c’est-à-dire au moment où ils sont effectivement utilisés et non à la date de leur achat ou de leur entrée en stocks. La consommation de biens d’une période correspond en pratique aux acquisitions de marchandises diminuées des variations de stocks utilisateurs (stock final moins stock initial). Si les achats de biens sont de 100, le stock final de 10 et le stock initial de 20, la CI est de 110.
Dans le compte spécifique, le champ de la branche agriculture comporte, outre les exploitations agricoles métropolitaines (professionnelles et non professionnelles), les coopératives viticoles et les entreprises de services à l’agriculture (ETA, CUMA) ; il comprend également les entreprises des DOM. En résumé :
CI de la branche agriculture = CI des exploitations agricoles (professionnelles et non professionnelles)
+ CI des coopératives viticoles
+ CI des entreprises de services à l’agriculture
+ CI des DOM
1/ Le Rica, une source essentielle
La source privilégiée est le Réseau d’information comptable agricole (Rica). Il s’agit d’une enquête par sondage réalisée chaque année sur le champ des exploitations professionnelles. Sur ce champ, l’enquête donne les achats des exploitations agricoles, ainsi que les stocks en début et fin d’exercice. Les données en valeur (hors TVA) permettent d’établir la « charge réelle » correspondant à la notion de consommation intermédiaire. Le SSP calcule ensuite divers ratios, en rapportant la valeur des charges aux surfaces cultivées, aux effectifs animaux, etc.. . Ces charges par hectare, tête de bétail, etc. établies sur le champ des exploitations professionnelles sont ensuite extrapolées à la totalité du champ des exploitations agricoles, professionnelles et non professionnelles. Les données du Rica sont utilisées pour un certain nombre de postes, regroupements de produits consommés par l’agriculture lors de son processus de production : produits pétroliers, engrais et amendements, produits de protection des cultures, produits vétérinaires, honoraires vétérinaires, autres honoraires, entretien du matériel, entretien des bâtiments, fournitures stockables, petit matériel, eau-gaz-électricité, eau d’irrigation, frais divers de gestion, location de matériel.
2/ Les consommations intermédiaires par catégorie de produits
Cette partie traite des consommations intermédiaires des exploitations agricoles (professionnelles et non professionnelles) et des coopératives viticoles. Les consommations intermédiaires des entreprises de services à l’agriculture sont estimées par l’Insee et celles des DOM par le SSP.
Les consommations intermédiaires sont calculées au niveau 138 de la nomenclature de la compatibilité nationale
(naf rév.2). Elles sont publiées après regroupement de ces postes dans une nomenclature simplifiée (tableau suivant) :
Consommations intermédiaires au prix d’acquisition de la branche agriculture en millions d’euros
a) Les engrais et amendements
Le problème posé par les engrais est étudié dans une autre page (voir page Compte de l’industrie).
La mise en engrais est réalisée au tout début du processus de production d’une récolte. Pour la récolte réalisée en 2012, la mise en engrais a lieu dans la seconde moitié de 2011.
Pour les besoins de la représentation comptable, les contraintes se présentent alors comme suit :
– la translation du processus de production, afin qu’il soit intégralement enregistré dans les comptes de 2012, suppose que toutes les CI soient également enregistrées en 2012 dans le compte de production des céréales, et dans les ERE des produits concernés ;
– cependant, dans les ERE des engrais, les livraisons destinées à la production de la récolte de céréales de 2012 figurent bien en 2011, et il n’est pas possible de les déplacer.
La solution consiste alors :
– à enregistrer, en contrepartie des livraisons d’engrais effectuées en 2011 pour les besoins de la consommation intermédiaire du processus de production de la récolte aboutissant en 2012, une entrée en stocks chez l’utilisateur ;
– en 2012, enregistrer, en contrepartie de la consommation intermédiaire d’engrais du processus de production des céréales, une sortie de stocks chez l’utilisateur.
Cet enregistrement, artificiel puisque les engrais sont mis effectivement en production en 2011, est du moins compatible avec la comptabilité des agriculteurs reprise dans les données du RICA.
La valeur de la consommation en engrais et en amendements est égale à la valeur des achats diminués de la variation de stocks entre le début et la fin de l’année civile.
Lors de l’élaboration de la base 2010, il a été tenu compte du fait que la plus grande partie des stocks d’engrais en début ou fin de campagne est constituée par des stocks mis en terre peu de temps après leur achat pour la production de l’année suivante. La correction de l’appréciation sur les stocks n’a donc pas été reconduite. Pour les engrais, un indice de prix à pondération variable est calculé à partir des indices IPAMPA des différents engrais simples et engrais composés. Le prix des amendements évolue comme l’indice IPAMPA « Amendement. Ces indices sont décalés en « année de campagne » pour tenir compte des dates de mise en terre.
b) Les aliments pour animaux produits par la branche agricole
Les consommations intermédiaires de produits agricoles destinés à l’alimentation animale sont constituées de céréales (à l’exclusion du blé dur), protéagineux, pommes de terre et de plantes fourragères. Elles correspondent très largement à une intra-consommation au sein de la même unité agricole. Toutefois les échanges entre exploitations, mal connus et supposés faibles, sont de fait intégrés dans cette intraconsommation. Dans le cas des fourrages, les consommations intermédiaires comprennent également le solde du commerce extérieur (très faible : de 5 à 10 millions d’euros).
La part des récoltes destinée à l’intra-consommation de la branche est obtenue par solde entre les récoltes et les livraisons en aval de la branche agriculture, en général à des unités du commerce ou des industries agroalimentaires.Compte tenu des dates de récolte et des besoins réguliers des troupeaux, une hypothèse simple et si possible réaliste a été adoptée pour fixer le taux d’utilisation des quantités intra-consommables dès l’année de la récolte. Les consommations intermédiaires d’aliments pour animaux intraconsommés dans l’année civile comprennent ainsi une part provenant de la récolte antérieure et une part de la récolte de l’année.
Production intraconsommable n = Récolte n – Collecte n / n+1
Intraconsommation n = Production intraconsommable n-1 x (1- Tx) + Production intraconsommable n x Tx
avec Tx = taux d’utilisation des quantités intraconsommables sur l’année même de la récolte.
Un taux d’utilisation de 50 % a été retenu pour les COP.
En revanche pour les fourrages qui ne sont enregistrés ni en production, ni en stocks des exploitations, les quantités destinées à l’intraconsommation sont considérées comme intégralement consommées l’année même. Cette convention facilite les comparaisons avec le Rica. L’intraconsommation est valorisée soit par le prix de la production commercialisée (céréales, protéagineux, pommes de terre), soit par les coûts de production (fourrages) quand les échanges commerciaux sont inexistants . Dans les deux cas, l’intraconsommation est valorisée hors subventions sur les produits : les subventions versées au producteur permettent de diminuer le coût pour l’utilisateur, même si l’exploitant joue les deux rôles dans le cas de l’intraconsommation.
3/ Les consommations intermédiaires du cadre central des comptes nationaux
Le champ de la branche est plus large dans le cadre central des comptes nationaux que pour le compte spécifique. Il faut donc tenir compte des semenciers, des jardins familiaux et des productions agricoles d’administrations publiques (lycées agricoles par exemple). Dans les deux premiers cas, aucune information directe sur les consommation intermédiaires n’est disponible. Des évaluations avaient été réalisées pour une base précédente. Elles sont prolongées avec une hypothèse de stabilité des coefficients techniques : elles évoluent en volume comme la production et en prix selon l’évolution pondérée des prix des produits qui la composent. Pour les administrations publiques, on ne connaît qu’une valeur globale.
En base 2010, les dépenses des semenciers en services de recherche ne sont plus enregistrées en consommation intermédiaire mais en formation brute de capital fixe. Elles sont connues par une enquête auprès des entreprises.
4/ Le coefficient technique des intrants par la branche agriculture
a) Les structures de production en Europe et aux États-Unis
Voici quelques commentaires du tableau suivant :
du coté des coefficients techniques, la part de la CI dans la production est à peu près dans la moyenne des autres pays en France (59%), mais avec un poids élevé de l’intra-consommation (fourrages) (18% contre 15% dans le total des pays étudiés mais 24% aux États-Unis) et des produits chimiques et pharmaceutiques (engrais, pesticides, phytosanitaires,..) (10% contre 7% au total) moins qu’au Royaume-Uni (11%) et un peu plus qu’aux États-Unis, Pologne et Hongrie (9%), au détriment des services aux entreprises (3%contre 5% au total) et des produits des IAA (10% contre 12% au total). Touefois on étudie ici les données de la comptabilité nationale qui ne donnent qu’un aperçu des qauestions agricoles et environnmentales notamment en matière d’utilisations de pesticieds et d’engrais. Il faut les compléter par d’autres indicateurs (voir chapitre 10)
Les impôts moins subventions (qui incluent notamment les subventions européennes de la Politique agricole commune.- PAC) représentent -9% de la production en France comme dans le total des pays (les subventions viennent en déduction) mais plus dans les pays de l’Est de l’UE, ainsi qu’en Autriche et en Finlande. On trouve cependant des pourcentages moins élevés dans d’autres pays (Belgique, Pays-Bas,..). En niveau, ce poste impôts moins subventions (D29-D39) est le plus élevé en France de tous les pays de l’U.E. ( -7 Milliards d’euros en 2017). Compte tenu des autres impôts liés à la production (D29), les subventions à la production (D39) sont de 8,3 Mds d’euros en 2017 (9,5 Mds en 2022). Mais n’est-ce pas la part des subventions dans la production qui compte plutôt que le niveau pour les comparaisons entre pays? Par ailleurs une petite partie des aides liés à la PAC est traitée en comptabilité nationale en subventions sur les produits (D31) : 1,3 Mds.
Structures de la production et coefficients techniques de la branche agriculture par pays en 2017
Le coefficient technique en valeur de l’ensemble des consommations intermédiaires (CI / production) progresse en effet très fortement en France de 2000 (57%) à 2009 (65%). Mais il chute en 2010, augmente de nouveau pour diminuer et se situer finalement à 59,5% en 2020, traduisant une croissance relative des CI dans la production sur la période 2000-2020. Cette évolution pourrait ainsi s’expliquer par cette tendance à la sous-traitance. Il faudrait certes l’étudier par produits et tenir compte des variations de prix.
Coefficient technique par l’agriculture (consommations intermédiaires / production) en valeur en %
b) Les charges d’exploitation en France
Le fermage (l’agriculteur paie un loyer au propriétaire de la terre) est un poste qui compte dans les charges (5 % du total) ; cela traduit l’importance des terres en location dans l’agriculture française (80 % de la SAU). Le graphique ci-dessous n’est pas tout à fait comparable au tableau ci-dessus en structures dans la production. Il inclut tout d’abord les intérêts (2% des charges d’exploitation) et les rémunérations. Il exclut en revanche les fourrages. En outre, l’entretien des matériels et bâtiments correspond pour partie à la consommation de capital fixe (CCF). Ceci étant, on retrouve certains ratios : les phytosanitaires et les engrais représentent 12% des charges d’exploitation; l’énergie qui inclut ici les produits pétroliers, cokéfaction-raffinage dans le tableau précédent (7%), etc…
Composition des charges d’exploitation en 2017
Source : Chambres d’agriculture – Études économiques
c) La sous-traitance des travaux agricoles en France [8]
Dans les exploitations agricoles, on observerait l’essor d’une main-d’œuvre externe provenant d’entreprises de sous-traitance agricole (ETA), de coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA) et de groupements d’employeurs (GE). Certes cette main-d’œuvre externe ne constitue que 4 % des apports de travail dans les exploitations. Le nombre de salariés employés par une entité juridique autre que l’exploitation (ETA, agence d’intérim, prestataires de service étrangers, GE, etc.) est passé de 76 500 à 227 000 entre 2002 et 2016. Ce contraste marqué de l’évolution des différents apports de main-d’œuvre suggère un recul du modèle de l’exploitation agricole familiale avec ou sans salariés au profit de formes nouvelles d’organisation du travail reposant sur une main-d’œuvre externalisée.
À côté des agriculteurs qui travaillent en famille et qui embauchent directement, ou de ceux qui travaillent ensemble, existerait aussi l’agriculteur qui sous-traite notablement à un tiers pour diverses raisons ainsi qu’une pluralité d’acteurs aux formes juridiques variées prenant en charge le travail pour autrui. Ces changements s’accompagneraient d’une recomposition de l’offre de prestation. Avec une intensité variée et de manière plus ou moins visible, cette pratique constituerait un facteur déterminant tant pour l’approvisionnement des filières que le maintien des emplois agricoles dans certains territoires ruraux.
Entre 2005 et 2020, les agriculteurs ont eu de plus en plus recours à la prestation de services par des ETA et CUMA : la valeur des services achetés par le secteur a augmenté de 17 %, passant de 4.1 à 4.8 milliards d’euros, et la part du volume de travail (main-d’œuvre extérieure) apportée par les ETA, CUMA et groupements d’employeurs ne cesse de progresser (graphique suivant).
Évolution de la part du volume de travail apporté par les ETA, CUMA et groupements d’employeurs sur le volume total de travail sur l’exploitation (en %)
La forte progression globale du nombre d’exploitations sous-traitant de façon notable entre 2000 et 2016 (+53 %) est essentiellement due aux moyennes et grandes exploitations. Leur part grandissante parmi les exploitations qui sous-traitent (+103 %) est d’autant plus remarquable que leur part dans l’ensemble des exploitations a connu un recul relatif de 22 % sur la même période. on peut en effet penser qu’un certain nombre de petites exploitations sous-traitant notablement ont été intégrées à des structures plus grandes. Déléguer progressivement plus de tâches voire leur totalité, pourrait signifier une sortie prochaine de l’activité (départ en retraite). On observe toutefois un coup d’arrêt à la croissance des exploitations avec sous-traitance notable à partir de 2010.
Évolution du recours notable à la sous-traitance, 2000-2016
Recours à l’externalisation en 2020 selon le potentiel économique de l’exploitation
IV – LES SOLDES COMPTABLES ET LES INDICATEURS DE REVENU DE LA BRANCHE
Le compte spécifique de la branche agriculture est présenté selon une séquence de trois comptes : le compte de production, le compte d’exploitation et le compte de revenu d’entreprise. Ces trois comptes permettent de déterminer successivement les soldes comptables suivants : la valeur ajoutée, l’excédent d’exploitation ou revenu mixte, le revenu d’entreprise. Suivant la méthodologie d’Eurostat, les soldes comptables sont présentés en « net », c’est-à-dire après déduction de la consommation de capital fixe qui correspond à l’amortissement économique du capital de la branche.
Issus de la séquence des comptes, deux indicateurs de revenu sont ensuite établis pour suivre l’évolution de la branche agriculture : le revenu des facteurs par actif et le revenu net de la branche agricole par actif non salarié, tous deux exprimés « en termes réels », c’est-à-dire déflatés par l’indice de prix du PIB.
1/ Le compte de revenu d’entreprise
Partant de l’excédent d’exploitation, on retranche les intérêts à payer (nets des intérêts à recevoir) et les charges locatives, afin de dégager le solde comptable appelé revenu d’entreprise. L’objet du compte de revenu d’entreprise est de déterminer un solde équivalent au concept de profit courant avant distribution et impôt sur le revenu, habituellement utilisé en comptabilité d’entreprise.
2/ Les indicateurs de revenu de la branche agriculture en termes réels
La séquence des comptes agriculture fait apparaître successivement les soldes comptables suivants : la valeur ajoutée, la valeur ajoutée au coût des facteurs, l’excédent d’exploitation ou revenu mixte, le revenu d’entreprise. Ces différents soldes sont présentés « bruts » ou « nets », c’est-à-dire après déduction de la consommation de capital fixe.
La valeur ajoutée nette au coût des facteurs représente la somme des revenus du travail et du capital dégagés par l’activité agricole.
Le solde final du compte, appelé revenu brut/net d’entreprise, résume quant à lui toute l’information contenue dans le compte. A ce titre, il constitue un indicateur pertinent du revenu tiré de l’activité agricole, conceptuellement proche du résultat comptable de la comptabilité privée. Il est dénommé résultat brut de la branche agricole en termes réels. Il est le plus approprié pour des comparaisons entre activités, entre pays, ou entre périodes différentes dans la mesure où il est indépendant de la forme juridique qu’adoptent les unités, et donc de l’importance du salariat. Le solde final du compte, appelé revenu brut/net d’entreprise, résume quant à lui toute l’information contenue dans le compte. A ce titre, il constitue un indicateur pertinent du revenu tiré de l’activité agricole, conceptuellement proche du résultat comptable de la comptabilité privée. Il est dénommé revenu d’entreprise agricole. À partir de 2007, les comptes régionaux et par catégories d’exploitation privilégient cet indicateur.
Pour calculer un indicateur de revenu individuel, il convient de diviser le revenu d’entreprise agricole par le volume d’emploi non salarié correspondant, mesuré en équivalent temps plein (UTA non salarié) : en effet, la rémunération des salariés a déjà été déduite dans le calcul du revenu net d’entreprise. On obtient ainsi un revenu net d’entreprise agricole par actif non salarié. Cet indicateur autorise des comparaisons internationales, sachant que la part des exploitations traditionnelles et des exploitations sous forme d’entreprises peut être très différente d’un pays à l’autre dans l’Union européenne. C’est d’ailleurs le seul indicateur sur lequel communique Eurostat. Il est aussi le plus approprié pour des comparaisons temporelles, le développement de la main-d’œuvre salariée pouvant être lié au développement des formes sociétaires ou, plus généralement, à une meilleure formalisation des relations, y compris au sein du cercle familial.
Séquence complète des comptes de l’agriculture
La méthodologie est commune aux comptes français et européens. Pour les besoins des comparaisons internationales, Eurostat ne définit que des indicateurs de résultat net en termes réels : Index of the real income of factors in agriculture per annual work unit (« revenu des facteurs de la branche agricole par actif ») (indicateur A), Index of real net agricultural entrepreneurial income, per unpaid annual work unit (« revenu net de la branche agricole par actif non salarié ») (indicateur B), Net entrepreneurial income of agriculture (« revenu net de la branche agricole » (indicateur C). 1 Le prix de base correspond au prix de marché auquel vend le producteur, plus les subventions sur les produits qui lui sont attribuées, moins les impôts spécifiques sur les produits qu’il reverse. 2 Les agrégats nets sont calculés en soustrayant la consommation de capital fixe aux agrégats bruts. 3 UTA : unité de travail annuel (équivalent temps complet de l’agriculture). 4 Déflatés par l’indice de prix du PIB.Ces deux indicateurs, résultat agricole net par actif et résultat net d’entreprise agricole par actif non salarié, sont exprimés en termes réels, en éliminant l’inflation mesurée ici par l’indice de prix du PIB. Le choix du déflateur tient au fait qu’on étudie l’activité d’une branche : on divise l’évolution du résultat et du revenu de la « branche » agriculture par l’indice de prix de la valeur ajoutée de l’ensemble des « branches » d’activité (PIB). Les indicateurs en termes réels sont utilisés par Eurostat pour les comparaisons internationales.
V – LA FORMATION BRUTE DE CAPITAL FIXE
La formation brute de capital fixe (FBCF) correspond aux acquisitions moins les cessions d’actifs fixes réalisées au cours de la période de référence, augmentées de la valeur des biens et services incorporés aux biens existants de capital fixe afin de les améliorer, de procéder à leur réfection ou d’accroître leur durée de vie ou leur capacité de production. Elle inclut également l’addition à la valeur des actifs non produits résultant d’une activité productive : aménagement de terrains, frais de notaires, de géomètres…
Les actifs fixes sont par définition des actifs corporels ou incorporels produits (eux-mêmes issus d’un processus de production) et utilisés de façon répétée ou continue dans la conduite de l’activité agricole. Les acquisitions d’actifs fixes comprennent les acquisitions par achat ou affectation en provenance de tiers ainsi que la constitution de FBCF pour compte propre : dans ce cas, la valeur de la FBCF est identique à celle imputée à ce titre en production. Les cessions d’actifs fixes concernent les actifs fixes existants vendus ou cédés par leur propriétaire.
La FBCF de la branche agriculture comprend deux grandes composantes : d’une part la FBCF en produits agricoles et d’autre part la FBCF en produits non agricoles.
1/ La FBCF en produits agricoles
Elle correspond à une production pour emploi final de la branche. La FBCF de la branche agriculture en produits agricoles est constituée exclusivement de deux types de produits : les animaux et les plantations.
a) La FBCF en animaux
Elle correspond aux animaux utilisés comme facteurs de production pendant plusieurs années ; il s’agit du cheptel de reproduction (y compris laitier) et des animaux de trait. Les animaux de boucherie sont comptabilisés en stocks.
La FBCF en animaux est égale à la différence entre les valeurs des entrées et des sorties d’actifs. Elle est donc calculée par la somme de quatre termes :
– les entrées en capital par naissance et croissance naturelle jusqu’à l’âge adulte
– les sorties pour abattage
+ le solde des échanges extérieurs d’animaux vivants (importations – exportations)
+ le solde des échanges intérieurs d’animaux vivants, qui correspond aux frais liés à l’acquisition d’animaux reproducteurs et de trait, inclus dans la valeur des achats, mais non dans les ventes de la branche.
La FBCF en animaux est évaluée pour les gros bovins, les porcins, les ovins, les caprins et les équidés. En revanche, elle exclut les veaux (par définition) et on la néglige pour les volailles et les autres animaux (tels que les lapins), puisqu’ils vivent en général moins d’un an.
b) La FBCF en plantations
Elle correspond aux végétaux à production permanente, c’est-à-dire les plantations d’arbres fruitiers et de vignes, pour la production de fruits et de vin. Elle représente la valeur de la croissance des arbres et des ceps jusqu’à ce qu’ils arrivent à maturité (compte tenu d’éventuelles cessions). Concrètement, elle est mesurée par les dépenses liées aux plantations : ces dépenses correspondent à la valeur des plants, ainsi qu’au coût des biens et des services liés à leur entretien jusqu’à leur maturité (engrais, phytosanitaires, salaires…). On ajoute également la valeur prise par les arbres après leur plantation et avant qu’ils n’arrivent à maturité. Il faut tenir compte également de la valeur des services liés aux échanges éventuels de plantations entre agriculteurs.
Cette définition montre que la valeur de la FBCF en plantations ne doit pas être diminuée de la valeur des arrachages, qu’il s’agisse d’arrachages courants ou d’arrachages exceptionnels, qui s’analysent soit comme des déclassements d’actifs (anticipés par la CCF), soit comme des « autres changements de volume d’actifs ». Il peut toutefois exister des cessions de plantations qui constituent une FBCF négative. D’une part, les plantations peuvent faire l’objet d’échanges entre agriculteurs, mais les cessions sont alors contrebalancées par des acquisitions et n’ont pas d’impact sur la valeur finale de la FBCF, aux services liés près. D’autre part, les arbres peuvent être coupés avant la fin de leur durée de vie normale pour être utilisés à diverses fins (consommation finale, consommation intermédiaire) : ce type de flux constitue une FBCF négative.
2/ La FBCF en produits non agricoles
Elle correspond aux acquisitions nettes des cessions, par des unités de la branche agriculture, destinées à être utilisés dans le processus de production de la branche. Dans le cas contraire, elles sont exclues ; c’est le cas en particulier du logement des agriculteurs et de leurs salariés.
La FBCF en produits non agricoles correspond à des actifs fixes neufs ou existants, produits ou importés par d’autres branches (matériels, bâtiments), aux améliorations apportées aux actifs corporels non produits (travaux d’aménagement des terres pour irrigation, drainage…), aux acquisitions nettes des cessions d’actifs incorporels (logiciels), ainsi qu’aux coûts liés au transfert de propriété d’actifs non financiers non produits.
Le renouvellement des matériels et l’extension des capacités de production passent par la FBCF ou investissement. Cet indicateur connaît des cycles, qui sont conditionnés par les résultats économiques des agriculteurs. Depuis 2012, dans un contexte incertain, les investissements ont reculé, exposant l’agriculture au risque d’une érosion de ses performances économiques. .Le poste matériel et outillage est le plus important.
FBCF de la branche Agriculture, sylviculture et pêcheen volume aux prix chaînés en milliards d’euros
VI – COMMERCE EXTÉRIEUR AGROALIMENTAIRE : FORTE DÉGRADATION AVEC L’UE
Ici on s’intéresse aux produits agroalimentaires (bruts = produits agricoles) et (transformés = produits des IAA). Les échanges extérieurs sont valorisées CAF-FAB (voir page Correction CAF-FAB). Pour les données de l’UE, la source essentielle est celle des Douanes, dont les données par pays sont repris par Eurostat : Système Intrastat ( voir échanges extérieurs). Mais on reprend aussi la source comptabilité nationale cohérente avec les comptes agriculture, et pas très différente de la source Douanes, mais qui s’arrête en 2020 pour les comparaisons européennes. En outre on présente ici soit le commerce extérieur des seuls produits agricoles (produits bruts) soit celui des produits transformés, soit enfin le solde des deux, produits agro-alimentaires.
Le commerce extérieur agroalimentaire français affiche un excédent structurel depuis la fin de la décennie 1970. Un excédent qui se structure autour de secteurs phares, comme les boissons et alcools, les céréales, les produits laitiers, le sucre, les animaux vivants, et les produits destinés à l’alimentation animale. Les exportations agroalimentaires représentent selon les années 11 à 12% des exportations totales, et les importations 8 à 9%.
Mais au tournant des années 2000, le secteur a été confronté à une plus grande concurrence, provenant de pays comme les Pays-Bas, l’Allemagne, surtout l’Espagne, et désormais la Pologne. La France a enregistré une érosion de sa compétitivité, notamment dans des filières animales (volaille, viande bovine). Du côté des pays-tiers, c’est le Brésil qui exerce une pression concurrentielle élevée. C’est de l’UE que se situe la source de l’érosion de la compétitivité de la France en agroalimentaire, érosion ayant occasionné un déclassement de la France dans la hiérarchie mondiale des principaux pays exportateurs.
1/ Le solde extérieur de produits agro-alimentaires depuis 2010
a) Solde global
En 2022, l’excédent des échanges agroalimentaires (agricoles et produits transformés) s’établit à 10,2 milliards d’euros (Md€), en hausse de 2,1 Md€ sur un an (tableau suivant). Il retrouve ainsi un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2013 (graphique suivant). Cette évolution poursuit la hausse observée en 2021, après le creux de 2020 . Ce niveau, supérieur de 3,5 milliards d’euros à la moyenne 2017-2021, est le plus élevé depuis 2013. Contrairement aux années récentes, cette croissance de l’excédent est principalement portée par les produits bruts à travers les exportations de céréales, qui tirent parti de la hausse des cours mondiaux. L’excédent des produits bruts augmente ainsi de 3,9 milliards par rapport à 2021 (à 4,7 milliards d’euros) et atteint son plus haut niveau historique. À l’inverse, l’excédent des produits transformés (5,6 milliards d’euros) diminue de 1,8 milliard sur un an du fait de la hausse sensible des importations, principalement de viandes. Géographiquement, la réduction du déficit des échanges avec l’UE contribue pour près de 60 % à la progression de l’excédent global sur un an [5].
Ainsi la France reste historiquement un grand pays d’agriculture. La France reste la première puissance agricole en Europe mais on constate que sa position relative a tendance à reculer depuis deux décennies. La part de la France dans la production agricole européenne est passée de 19,1% à 18,1% entre 2000 et 2015. Elle est tombée à 17% en 2019 et elle s’est depuis stabilisée.
L’excédent agroalimentaire se maintient ainsi autour de 8 Md€ en moyenne depuis 2000. Mais, boissons exclues, il est structurellement déficitaire depuis 2014.
De plus si on ne prend que les exportations en revanche, la France a objectivement décliné. En 2022, elle n’est plus que le sixième exportateur mondial avec 4% de part de marché dans les exportations de denrées alimentaires. Elle est distancée par les États-Unis et le Brésil mais aussi en Europe par les Pays-Bas et l’Espagne pour les produits agricoles ou l’Allemagne pour les produits agro-alimentaires.
En 2021, elle a exporté près de 70 milliards d’euros en matière agricole et agroalimentaire, soit 1,8 fois plus qu’en 2000. Avec une production agricole estimée à 81,6 milliards d’euros en 2021, la France demeure le principal producteur européen avec près de 17% de la production totale du continent loin devant l’Allemagne et l’Italie. Pourtant, selon un rapport du Sénat, l’agriculture française poursuit sa lente érosion. Ces chiffres masquent l’augmentation des produits importés dans de nombreux secteurs. La France importe près de 63 milliards d’euros de denrées alimentaires, soit 2,2 fois plus qu’en 2000. La plupart des secteurs sont touchés.
un poulet sur deux consommés en France est importé ;
56% de la viande ovine consommée en France est d’origine importée ;
28% de la consommation de légumes et 71% de la consommation de fruits sont importés.
Si la France continue à avoir des excédents commerciaux agricoles et agroalimentaires c’est avant tout le résultat des excédents exceptionnels enregistrés dans deux catégories de produits: les vins et spiritueux d’une part (la France est premier exportateur mondial) et les céréales d’autre part (la France est troisième).
Le poids de ces deux postes « vins et spiritueux » et « céréales » est tel que si on les soustrait de la balance agricole et agroalimentaire de la France, celle-ci devient très largement déficitaire, passant même d’un déficit de 5,7 milliards d’euros en 2010 à 11 milliards d’euros en 2019.
Au total sur les produits agro-alimentaires, la France a vu ses parts de marché au niveau mondial passer de presque 8% en 2000 (elle était alors le deuxième exportateur mondial) à 4,7 % en 2019.
Excédent agro-alimentaires de la France en milliards d’euros
b) Le solde extérieur de prdouits agricoles par pays
Voici les données de la comptabilité nationale entre 2010 et 2020. En 2020, la France dégage un excédent de 1,9 milliards d’euros dont 2,5 milliards avec l’UE et -0,6 avec le reste du Monde (RdM). L’excédent avec l’UE se réduit depuis 2010 et le déficit avec le RdM est plus élevé en 2010. Les soldes commerciaux de l’Espagne et des Pays-Bas sont plus élevés en 2020. En 2010 l’excédent commercial de l’Espagne et la France étaient les mêmes. 10 ans plus tard l’excédent commercial de l’Espagne est presque 4 fons plus élevé que celui de la France. Celui des Pays-Bas a aussi diminué de moitié. Mais l’Allemagne enregistre un déficit record en 2020 de -24,2 milliards. Il en va de même pour le Royaume-Uni et dans une moindre mesure pour l’Italie. À noter que l’important excédent des Pays-Bas reflète le fait que de nombreux biens importés aux Pays-Bas (par exemple, vers la plaque tournante du fret de Rotterdam) du monde entier sont réexportés vers d’autres États membres de l’UE.
En 2021 et 2022, le solde français des produits agricoles bruts s’améliore, sous l’effet de la hausse des prix, atteignant 4,5 milliards en 2022 contre moins de 2 milliards en 2019-2020.
Solde commercial des produits de l’agriculture en milliards d’euros
Exportations des produits de l’agriculture en milliards d’euros
c) Le solde extérieur des produits agricoles et agro-alimentaires par zone
En 2022, le total des exportations de produits agricoles bruts et de produits agroalimentaires atteint 83,5 Md€. La valeur des exportations de produits bruts atteint 22,3 Md€ d’euros, niveau record, supérieur de 36 % à celui de 2021 : 14,5 Md€ vers l’UE (+ 31 %) et 7,9 Md€ vers les pays-tiers (+ 45 %). Les importations de produits bruts (17,6 Md€) augmentent également mais dans de moindres proportions (+ 12 %). L’excédent commercial des produits bruts est ainsi multiplié par six en un an, passant de 0,8 Md€ en 2021 à 4,7 Md€ en 2022.
Le solde des échanges de produits bruts avec l’UE double quasiment, passant de 3,2 Md€, à 6,2 Md€, tandis que le déficit des échanges avec le reste du monde se réduit, passant de 2,4 Md€ à 1,5 Md€. À l’opposé, l’excédent des produits transformés diminue, passant de 7,4 Md€ à 5,6 Md€ (- 1,8 Md€ par rapport au niveau de 2021 et – 0,2 Md€ par rapport à la moyenne 2017- 2021), après avoir atteint son plus haut niveau des dix dernières années en 2021. Malgré le dynamisme des ventes de vins et de spiritueux, la croissance des exportations de produits transformés est insuffisante pour compenser la hausse sensible des importations résultant de l’augmentation des volumes achetés et plus encore de celle des prix des produits. L’excédent réalisé avec les pays tiers reste relativement stable (12,7 Md€ en 2021 et 12,6 Md€ en 2022, soit – 0,1 Md€ en un an) tandis que le déficit avec l’UE se creuse de 1,7 Md€, passant de 5,3 Md€ à 7,0 Md€ (graphique suivant).
Tous produits confondus, le déficit des échanges agroalimentaires avec l’UE se réduit en 2022 de près de 1,3 Md€, tandis que l’excédent avec les pays tiers se consolide (+ 0,9 Md€).
Solde extérieur agro-alimentaire par zone et par produits
d) Le solde extérieur de produits-agroalimentaires des pays de l’UE
Les données commerciales des différents États membres couvrent à la fois intra‑UE (commerce entre États membres de l’UE) et flux extra-UE. En 2022, plus des deux tiers (68,6 %) du commerce total de l’UE dans les domaines de l’agriculture, de la pêche et produits des industries agro-alimentaires et boissons p était entre les États membres de l’UE, reflétant en partie le caractère périssable de certains produits. Parmi les États membres de l’UE, les plus grands exportateurs nets des produits agricoles, de la pêche et des produits agro-alimentaires en 2022 étaient les Pays-Bas (avec un excédent commercial de 35,5 milliards d’euros), Espagne (15,1 milliards d’euros), Pologne (12,5 milliards d’euros) et France (10,1 milliards d’euros) ; En revanche, l’Allemagne avait le le plus grand déficit commercial (26,0 milliards d’euros) pour l’agriculture et la pêche et des produits agro-alimentaires avec une marge considérable (graphique suivant).
Solde commercial des produits agro-alimentaires en 2022 en milliards d’euros
Source : Eurostat, statistiques douanières
L’UE importe généralement des produits brut agricoles non transformés et produits de la pêche, tandis que sa principale exportation concerne les produits transformés. Par exemple, un nombre de cultures et de produits végétaux, y compris des variétés de fruits et de noix ou des grains de café, ne peuvent être cultivés que dans certains climats en dehors de l’UE. Cela permet d’expliquer pourquoi l’UE importe des cultures et produits végétaux en provenance de pays tiers. En 2022, l’UE a importé 78,1 milliards d’euros de cultures et produits végétaux, soit quelque 30,8 milliards d’euros de plus que ses exportations de ces produits. L’UE a également enregistré un déficit commercial pour les huiles et graisses végétales ou animales (9,0 milliards d’euros). En revanche, l’UE a exporté des produits alimentaires (transformés) à des pays non membres en 2022 valorisés à 116,0 milliards d’euros, ce qui était plus de deux fois plus élevé que le valeur de ses importations (56,7 milliards d’euros) de ces produits. L’UE également a enregistré un excédent commercial pour les animaux et produits d’origine animale (10,7 milliards d’euros).
On note toutefois qu’en raison du commerce de quasi-transit, l’addition du commerce intra-UE et du commerce extra-UE peut conduire à un double comptage. C’est le cas, par exemple, des marchandises importées de Chine via les Pays-Bas, où elles sont dédouanées pour la libre circulation avant d’être expédiées vers l’Allemagne. Dans ce cas, les mêmes marchandises sont comptabilisées comme des importations à la fois par les Pays-Bas et par l’Allemagne. Plus précisément, elles apparaîtraient dans les importations extra-UE des Pays-Bas en provenance de Chine et dans les exportations intra-UE des Pays-Bas vers l’Allemagne, et donc dans les importations intra-UE de l’Allemagne en provenance en provenance des Pays-Bas.
Commerce intra et extracommunautaire de produits agricoles, de produits de la pêche et de produits alimentaires et de boissons de la pêche et des produits alimentaires et boissons (milliards d’euros, UE, 2022)
Source : Eurostat, statistiques douanières
En 2022, la France avait la part la plus élevée (16,6 %) des exportations de l’Union européenne de produits agricoles, de la pêche et de produits agro-alimentaires vers les pays tiers, quelque 36,9 milliards d’euros en valeur. Elle était suivie de près par les Pays-Bas, qui ont représenté 16,3 % (36,1 milliards d’euros) des exportations de l’UE mais aussi plus d’un cinquième des importations de l’UE (21,2 % ; 40,7 milliards d’euros).
En 2022, les Pays-Bas ont enregistré la part la plus élevée des exportations extra-UE pour les cultures et les produits végétaux (19,3 % du total de l’UE) et pour les animaux et produits animaux (17,8 %), tandis que l’Espagne avait la part la plus élevée des exportations d’huiles et de graisses végétales ou animales (30,0 % du total de l’UE) .La France la part la plus élevée des exportations pour les produits agro-alimentaires (19,8 %).
Les Pays-Bas ont enregistré la part la plus élevée des importations extra-UE en 2022 pour les quatre principaux groupes de produits agricoles, de la pêche et des produits agro-alimentaires.
Part des différents pays dans les commerce agro-alimentaire avec les pays extra-UE en 2022 en %
Source : Eurostat
2/ Le solde extérieur de produits agro-alimentaires par sous-produits en 2022
En 2022, l’excédent du commerce extérieur des produits agricoles s’établit à 5,8 Md€. Il augmente de 3,9 Md€ après la baisse de 2021 (- 0,5 Md€). Cette augmentation tient à celle des exportations, qui progressent de 5,6 Md€ (+ 36,9 %), pour s’élever à 20,7 Md€. Les importations augmentent moins fortement, de 1,6 Md€ (+ 12,3 %), et atteignent 14,9 Md€. Cette année est avant tout marquée par l’excédent commercial des céréales, qui est au plus haut depuis quinze ans et atteint 10,7 Md€, soit 4,1 Md€ de plus qu’en 2021. Le déficit commercial des fruits et légumes se stabilise à 3,7 Md€. Les échanges commerciaux de fruits constituent les quatre cinquièmes de ce déficit (3 Md€).
Les céréales sont structurellement le produit agricole brut qui dégage le plus d’exportations. L’excédent commercial des céréales augmente fortement, de 4,1 Md€, (soit + 62 %) et s’élève à 10,7 Md€. La hausse des ventes de céréales est avant tout la conséquence de la progression des prix, lié à la forte demande sur le marché mondial ; exacerbée par la guerre en Ukraine.
Échanges extérieurs de produits agricoles en 2022 en milliards d’euros
Soldes du commerce extérieur par produits agricoles bruts et at agro-alimentaires en milliards d’euros
Source : DGDDI, traitement SSP
Dans un contexte de forte tension sur les prix pour les céréales et les oléagineux, les exportations (+ 13,4 Md€) augmentent plus vite que les importations (+ 11,3 Md€). Comme en 2021, la hausse des échanges et de l’excédent en 2022 s’explique avant tout par un effet prix (tableau suivant). La progression en valeur des exportations (+ 19 %) résulte en majeure partie de la hausse des prix des produits exportés (+ 16 %), conjuguée à une progression plus limitée des volumes vendus (+ 3 %), principalement de produits bruts. L’évolution des importations est comparable, avec une hausse de 18 %, principalement fondée sur celle des prix (+ 14 %), les volumes augmentant de 4 % .
En 2022, les exportations bénéficient principalement de la nette hausse des prix
Source : DGDDI, traitement SSP
3/ Les exportations de la France par rapport aux autres pays
Il y a une une forte croissance de l’ensemble des exportations de produits agricoles et agroalimentaires (+19 % à 83,5 Md€ en 2022). Parmi eux, les produits agricoles progressent encore plus rapidement (+37 % à 21 Md€) dans un contexte de hausse des prix liée à la plus faible disponibilité des produits ukrainiens, particulièrement pour le blé (+82 % à 6 Md€). La hausse est marquée des exportations agricoles à destination de l’Afrique (+135%), traditionnellement dépendante de l’Ukraine et de la Russie pour leur approvisionnement en produits agricoles. Les exportations vers le Canada ont largement progressé depuis l’entrée en vigueur du CETA (+47 % de nos exportations agricoles et agroalimentaires vers le Canada entre 2017 et 2022, contre +35 % vers le monde hors UE).
Les tableaux et schémas suivants indiquent le positionnement de la France en 2022-2023. Les parts de marché de la France vers le monde étaient de 4,5% pour les produits bruts dont 7,3% vers l’UE et 3% vers les pays tiers. Ces rpoportations étaient plus faibles pour les produits transformés des IAA mais ytrès importantes pour les vins et spiritueux.
Exportations de la France vers l’UE et les pays tiers en milliards d’euros entre juillet 2022 et juin 2023
Classement des pays d’exportations de produits agricoles de la France en 2022
Source : DGDDI
4/ Commerce international et parts de marché de la France par filières
Si y a bien un secteur où les évolutions globales doivent être précisées par filière, c’est bien celui de l’agriculture.
a) Niveau global des échanges agro-alimentaires
Depuis 2000, les échanges agroalimentaires mondiaux croissent de 8 % par an en moyenne avec une rupture en 2015 (- 9 %), après celle de 2009 (- 11 %). En 2018, les États-Unis demeurent les premiers exportateurs de produits agroalimentaires devant les Pays-Bas, l’Allemagne à égalité avec le Brésil et la Chine. La France, au deuxième rang au début des années 2000, est désormais le sixième exportateur mondial [6].
En 2018, les États-Unis sont aussi les premiers importateurs de produits agroalimentaires. Les importations chinoises augmentent fortement depuis dix ans. La Chine est depuis 2012 le second importateur mondial de produits agroalimentaires. Les importations allemandes, dynamiques avant 2008, augmentent plus modérément depuis, avec des fluctuations marquées. Néanmoins, l’Allemagne reste le troisième importateur mondial. La France se situe au septième rang, proche du Royaume-Uni.
Exportations agro-alimentaires par pays en milliards de dollars courants
Source : UNCTADSTAT – Nomenclature CTCI Rév. 4. Les nomenclatures d’UNCTADSTAT et d’Eurostat (nomenclature NC) n’étant pas identiques, le champ des produits délimitant le secteur agroalimentaire ne coïncide pas totalement entre les deux sources, introduisant un biais.
On aboutit en 2022 aux exportations suivantes des pays du Monde. La France a une part de marché de 4,5% des produits agricoles dans le monde.
Positionnement mondial de la France comme fournisseur
Part des marché par filières de la France en % sur un an (2022-2023)
Source : FranceAgriMer d’après Trade Data Monitor
b) Solde extérieur et parts de marchés par filières
1 – Les céréales
En 2022, l’excédent commercial des céréales (10,7 Md€) s’accroît fortement (+ 4,2 Md€ sur un an et + 5,9 Md€ par rapport à la moyenne 2017-2021). Il atteint ainsi son plus haut niveau historique, porté par la flambée des prix liée à la forte demande de céréales sur le marché mondial et exacerbée par la guerre en Ukraine. Il reste que la part de marché de la, France dans le Monde diminue depuis 2007 de 13% à 6,5% en 2023.
L’excédent commercial de la France en céréales en milliards d’euros
Part de marché dans le monde en céréales en %
Source : FranceAgriMer d’après Trade Data Monitor
2 – Les vins et spiritueux
En 2022, l’excédent commercial des vins et spiritueux atteint un nouveau record à 15,6 Md€ (+ 1,4 Md€). Malgré des disponibilités à l’exportation en baisse, des difficultés liées à des mesures sanitaires toujours présentes dans certains pays (Chine notamment) et des tensions inflationnistes mondiales qui pèsent sur la demande, les ventes de vins et Champagne augmentent de 1,2 Md€ (à 12,3 Md€), tirant parti de la hausse des prix. Cette dynamique se retrouve aussi pour les spiritueux dont les ventes progressent de 0,7 Md€ (à 5,8 Md€). Les parts de marché de la France diminuent légèrement depuis 2010 (après une baisse auparavant), restant à un pourcentage très élevé autour de 18%.
L’excédent commercial de la France en vins et spiritueux en milliards d’euros
Part de marché dans le monde en vins-spiritueux en %
Source : FranceAgriMer d’après Trade Data Monitor
3 – Laits et produits laitiers
L’excédent des échanges de produits laitiers (hors glaces et sorbets) diminue en 2022 pour la deuxième année consécutive du fait d’un fort et nouvel accroissement des importations (+ 1,7 Md€) surpassant la hausse des exportations (+ 1,1 Md€). Les capacités à l’exportation ont été freinées par un nouveau recul de la collecte laitière qui a pesé sur la fabrication de quasiment toutes les familles de produits laitiers.. L’excédent s’élève à 2,2 Md€. Les achats de beurre et les pâtes à tartiner laitières contribuent le plus au recul de l’excédent commercial de produits laitiers (- 481 M€). Structurellement déficitaire, la balance commerciale en beurre de la France se dégrade de nouveau, en lien avec la forte hausse du prix des importations (+ 59 % sur un an), mais aussi des volumes (+ 10 %). Tout en demeurant le plus gros contributeur à l’excédent commercial des produits laitiers, l’excédent des échanges de fromages s’érode de nouveau en valeur pour la cinquième année consécutive (- 176 M€). Avec 1 Md€, il ne contribue plus qu’à hauteur de 46 % au solde des échanges français de produits laitiers, contre 61 % en 2017.
L’excédent commercial de la France en produits laitiers en milliards d’euros
Part de marché dans le monde en produits laitiers en %
Source : FranceAgriMer d’après Trade Data Monitor
4 – Les fruits et légumes
En 2022, le déficit structurel de la filière fruits et légumes (fruits, légumes et produits à base de fruits et légumes) augmente de 283 M€, à 7,3 Md€. la part de marché de la France est passée de 5% en 2007 à moitié moins en 2022.
Le déficit commercial de la France en fruits et légumes en milliards d’euros
Part de marché dans le monde en fruits et légumes en %
Source : FranceAgriMer d’après Trade Data Monitor
5 – Les Produits de l’élevage et de l’abattage
En 2022, le solde commercial des produits de l’élevage et de l’abattage est déficitaire pour la première fois depuis plusieurs années (- 0,8 Md€). Ce solde s’inscrit dans un contexte où la plupart des productions issues de l’élevage et de l’abattage diminuent en France, après deux années de recul du fait de la crise de la Covid et où la consommation globale augmente pour toutes les viandes, hormis certaines volailles. Ainsi, afin de satisfaire cette demande intérieure dans un contexte d’offre limitée, la France augmente ses importations. ici aussi la part de marché de la France diminue depuis 2007 tansis que celled e l’UE reste à peu stable.
Le déficit commercial de la France en produits de l’élevage et de l’abattage en milliards d’euros
Part de marché dans le monde en viandes et produits carnés en %
Source : FranceAgriMer d’après Trade Data Monitor
5/ Échanges agro-alimentaires de l’Union européenne
En 2022, les exportations agroalimentaires de l’UE ont atteint 229,8 milliards d’euros, soit une hausse de 31% par rapport à 2021. Les céréales et les préparations à base de céréales et les produits de minoterie sont ceux ayant le plus progressé dans les exportations totales de l’UE. Ces produits représentent respectivement 7 % et 10 % des exportations de l’UE, qui a exporté pour 16,9 milliards d’euros de céréales et pour 23 milliards d’euros de préparations céréalières et de produits de minoterie. Conformément à son engagement en matière de sécurité alimentaire mondiale, l’UE a augmenté ses exportations de blé vers les économies en développement.
En 2022, les importations de l’UE ont augmenté de 32 % par rapport à 2021 en termes de valeur. Cela représente 172 milliards d’euros d’importations. Cette évolution s’explique en grande partie par une hausse des prix mondiaux, notamment pour les produits oléagineux et le café. La première catégorie de produits importés est celle des oléagineux et des protéagineux, dont l’UE a importé pour 25,8 milliards d’euros en 2022. Le solde commercial de l’UE vis à vis du reste du Monde atteint 56 milliards d’euros. Les données des Pays-Bas incluent des marchandises importées et ré-exportées. La France a un solde de 11 milliards en 2022 qui tombe à 7 Mds en 2022. Mais ces chiffres confirment le contraste entre l’excédent vis à vis du Reste du Monde (RdM) et le déficit vis à vis de l’UE : presque 18 Mds d’excédent avec le RdM en 2022 contre -6,7 Mds avec l’UE. Depuis 2002 quel contraste entre les deux courbes
Balance commerciale des produits agro-alimentaires et boissons en milliards d’euros (tout pays)
Balance commerciale des produits agro-alimentaires et boissons en milliards d’euros (vis à vis de l’UE)
Balance commerciale des produits agro-alimentaires et boissons en milliards d’euros (vis à vis du RdM)
Champ : UE à 28. Source : Eurostat
5/ Échanges agro-alimentaires de la France jusqu’en 2019
a) balance commerciale de la France
Depuis 2000, le déficit total de la balance commerciale de la France a été multiplié par plus de cinq tandis que l’excédent agroalimentaire s’est maintenu autour de 8 milliards d’euros. Cependant, après 2010, l’excédent commercial agroalimentaire fluctue fortement. Dépassant les 11 milliards d’euros entre 2011 et 2013, il se maintient autour de 9 milliards d’euros en 2014 et 2015 avant de diminuer les deux années suivantes. Après avoir atteint son plus bas niveau depuis huit ans en 2017, l’excédent agroalimentaire augmente ensuite pour s’établir à 7,9 milliards d’euros en 2019, soit le troisième de la France, derrière le matériel de transport et les produits chimiques, parfums et cosmétiques.
L’excédent commercial agroalimentaire français est concentré autour de 6 produits (bossons alcoolisées,céréales, produits laitiers, sucre, produits minoterie et animaux vivant) auxquels il faut ajouter le poste semence, lequel dégage un excédent chronique moyen de plus d’un milliard d’euros. La hiérarchie des produits excédentaires n’a que peu évolué depuis 30 ans, avec une croissance forte des vins au premier poste des excédents.
Les déficits agroalimentaires français se concentrent surtout sur 6 types de produits agricoles et alimentaires (oléagineux, plantes et floriculture, viandes, produits tropicaux, fruits poissons crustacés) une hiérarchie quasi inchangée depuis plus de trente ans. On note que si cette hiérarchie reste inchangée, les déficits se sont en revanche, creusés, notamment en fruits et en produits de la mer.
Solde CAF-FAB – Nomenclature agrégée NA 2008, niveau A38. Champ : France métropolitaine avant 1997. Source : Douanes
Avec 1,2 milliard d’euros, le solde des échanges de produits agricoles bruts s’améliore pour la deuxième année consécutive en 2019 (+ 0,3 milliard d’euros par rapport à 2018) en lien avec la croissance des exportations de céréales et l’augmentation du prix moyen des pommes de terre expédiées.
L’excédent commercial en produits transformés (6,6 milliards d’euros) progresse davantage (+ 0,7 milliard d’euros), du fait du dynamisme des exportations de vins et spiritueux tout comme celles de poudres de lait et de viandes porcines. Si les échanges avec l’Union européenne représentent les deux tiers des échanges agricoles et agroalimentaires totaux, leur contribution à
l’excédent commercial recule nettement depuis 2009 et devient négative pour la première fois en 2019.
Solde CAF-FAB – Nomenclature agrégée NA 2008, niveau A38. Champ : France. Source : Douanes
b) échanges avec l’Union européenne et les pays tiers
Structurellement excédentaires, les échanges agroalimentaires de la France avec l’Union européenne (UE) tels, que mesurés à partir de la nomenclature combinée (voir tableau suivant), n’ont cessé de diminuer depuis 2012 au point d’afficher un solde négatif pour la première fois en 2019 (- 0,4 milliard d’euros contre 38 millions en 2018). La hausse des importations (+ 1,8 %) est supérieure à celle des exportations (+ 0,8 %). En 2019, l’Allemagne reste le premier client européen de la France devant la Belgique, suivie par l’Italie. Les boissons, les produits laitiers et les céréales sont les principaux produits exportés vers l’UE. Les principaux fournisseurs européens de la France sont l’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas.
Les pays tiers contribuent de manière croissante à l’excédent agroalimentaire de la France. En 2019, ce dernier s’accentue exclusivement grâce aux échanges avec les pays tiers. Avec 8 milliards d’euros, l’excédent de la France avec les pays tiers a été multiplié par plus de trois depuis 2000. Les principaux clients de la France sont les États-Unis, la Chine et la Suisse et le Royaume-Uni. Les exportations vers l’Afrique du Nord augmentent en lien avec la progression des expéditions de céréales. Les ventes vers l’Amérique du Nord et l’Asie sont dynamiques, portées d’une part par la demande des États-Unis en vins et spiritueux et d’autre part par la demande chinoise en poudre de lait, en viande de porc et en céréales.
Le fait significatif qui se dégage de ces chiffres est la place de plus en plus importante des pays tiers. 4 clients sur 10 sont des pays tiers. Le solde excédentaire de la balance agroalimentaire est d’ailleurs obtenu sur les échanges avec les pays tiers depuis 2008, alors qu’auparavant, c’est sur l’UE que l’excédent était obtenu.
* Le champ qui délimite les produits agroalimentaires est différent de celui défini par la classification des produits française, introduisant des différences dans les résultats. Champ : UE. Source : Douanes – 24 premiers chapitres de la NC.
Champ : France métropolitaine avant 1997, UE à contour évolutif. Source : Douanes – 24 premiers chapitres de la NC
c) exportations
En 2019, les exportations de produits agroalimentaires agroalimentaires s’élèvent à 63,8 milliards d’euros. Elles ont augmenté de 40 % depuis 2007 même si leur évolution a été beaucoup plus erratique entre 2013 et 2017. Les boissons, vins et alcools sont les produits les plus exportés par la France. En 2019, les exportations progressent de nouveau, approchant les 17,3 milliards d’euros, en lien avec des ventes de vins et de Champagne dynamiques sous l’effet d’une meilleure valorisation des produits français.
En 2019, les exportations de céréales bénéficient non seulement de l’augmentation des volumes disponibles due à l’abondance de la récolte 2019 de céréales à paille mais aussi, au 1er semestre, d’une meilleure valorisation liée à la hausse des cours sur un an. La valeur des exportations de céréales, autour des 4 milliards d’euros entre 1995 et 2006, avait par la suite fortement progressé pour atteindre 8,2 milliards d’euros en 2013. Depuis, la baisse des volumes vendus pesait sur les exportations avant le rebond observé ces deux dernières années.
Les exportations de produits laitiers ont progressé de façon continue entre 2000 et 2014 (excepté en 2009) puis de façon plus irrégulière ces dernières années. Après la baisse en 2018, la valeur des exportations de produits laitiers augmente en 2019 en lien avec le dynamisme de la demande mondiale pour les poudres de lait.
d) importations
En 2019, les importations de produits agroalimentaires atteignent 56 milliards d’euros. Elles augmentent d’un milliard d’euros par rapport à 2018 du fait essentiellement de la hausse des importations d’oléagineux, d’aliments pour animaux et de légumes.
En 2019, les principaux produits importés par la France sont les fruits (5,1 milliards d’euros), puis les poissons, les viandes et les abats. Après la baisse enregistrée en 2018, les importations de fruits augmentent de nouveau en 2019 (+ 44 millions d’euros) du fait de la hausse du prix moyen à l’importation des fruits dits « exotiques » (dattes, figues, ananas, avocats, goyaves,
mangues). Cependant, les hausses les plus significatives concernent surtout les oléagineux et plus particulièrement les graines de colza, en raison de la faiblesse des disponibilités issues de la production française 2019, mais aussi les résidus des industries alimentaires et aliments pour animaux.
Depuis 2012, l’Espagne est le premier fournisseur de la France, suivi de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Allemagne.
Le café, le thé ou le tabac, produits de grande consommation peu produits en France, présentent structurellement un déficit commercial. C’est également le cas du poisson et de ses préparations, des fruits et des préparations associées.
VII – MUTATIONS DE L’AGRICULTURE EN FRANCE SUR 40 ANS
1/ Données de cadrage sur l’agriculture française
a) Les données de la comptabilité nationale
Le secteur agricole n’occupe désormais qu’une place marginale dans l’économie française, à l’image de la plupart des pays du monde. Il faut toutefois nuancer ce constat en soulignant le rôle décisif du secteur agricole français dans le maintien de l’autosuffisance alimentaire et dans les échanges extérieurs, ainsi qu’en matière de dynamisme territoriale. L’agriculture pèse pour moins de 2 % du PIB [7].
Dans une vision large, les activités de production liées à l’agriculture, la sylviculture, la pêche et les industries agroalimentaires emploient 1,4 million d’équivalents temps plein (ETP, salariés et non‑salariés) en France en 2022, soit 5,0 % de l’emploi total national (graphique suivant). Depuis le début des années 1980, la part des emplois au sein de ces branches d’activité a diminué de plus de moitié (11,8 % en 1980). Cette baisse s’explique essentiellement par celle de l’agriculture dans l’emploi total, qui a diminué nettement, passant de 9,1 % en 1980 à 2,7 % en 2022. Pour les IAA, en revanche, la part dans l’emploi total a baissé beaucoup moins fortement, de 2,6 % en 1980 à 2,4 % en 2022.
En 2022, la valeur ajoutée dégagée par l’ensemble des activités agricoles et agroalimentaires représente 99,5 milliards d’euros, soit 3,8 % du produit intérieur brut (PIB) français (répartis à parts égales entre la production primaire issue de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche et les activités de transformation réalisées par les IAA) (second graphique suivant). La part de la valeur ajoutée des activités agricoles et agroalimentaires est stable depuis le milieu des années 2000. Cette relative stabilité intervient après une nette baisse entre 1980 et 2005 : la part des activités agricoles et agroalimentaires dans le PIB était alors passée de 6,6 % à 3,8 %
Part de l’agriculture et des IAA dans l’emploi en France en %
Part de l’agriculture et des IAA dans le produit intérieur brut en %
b) Les exploitations
La baisse des effectifs d’agriculteurs est régulière depuis les années 1970, selon les Recensements Agricoles décennaux. Elle se ralentit en fin de période (graphique suivant).
Les effectifs d’agriculteurs d’exploitants ne représentent plus que 1,5% dans l’ensemble des emplois en 2019. Si on ajoute les industries agroalimentaires, la sylviculture et la pêche, le secteur représente 1,4 million d’emplois, soit 5,3 % de la population active.
Effectifs d’agriculteurs d’exploitants en France en milliers
La classique ferme française reposant sur la propriété et le travail familial cède de plus en plus le terrain à l’exploitation par des sociétés, voire par de grandes firmes, où le travail de la terre est largement exécuté par des ouvriers et où le capital est de plus en plus détenu par de grands agriculteurs, des investisseurs financiers ou de grandes entreprises. B. Legagneux et à V.Olivier-Salvagnac, coauteurs de l’ouvrage Le nouveau capitalisme agricole estimaient en 2017 que « les exploitations agricoles aux allures de firme représentaient 10 % des exploitations, mais 28 % de l’emploi, 30 % de la production ».
Bien sûr, la forme sociétaire, qui devient prédominante, recouvre une grande diversité de structures, d’objectifs et de statuts : les groupements d’exploitants actifs dans leurs fermes diffèrent de sociétés dont la majorité des porteurs de parts ne mettent jamais les pieds dans les champs. Les sociétés civiles d’exploitation agricole (SCAE) ont pris beaucoup d’importance. Grâce à elles, les agriculteurs peuvent regrouper leurs moyens, se diversifier, et elles séparent patrimoines professionnel et personnel. Mais elles permettent aussi d’ouvrir le capital à d’autres personnes physiques et morales, donc dans certains cas de viser des intérêts purement financiers.
L’essor des formes sociétaires contribue à la concentration des terres. Selon le dernier recensement agricole, Entre 2010 et 2020, le nombre d’exploitations agricoles continue de baisser en France métropolitaine, mais à un rythme moins élevé que lors de la précédente décennie : – 2,3 % par an, contre – 3,0 % entre 2000 et 2010. on compte 389 800 exploitations agricoles en France métropolitaine, soit environ 100 000 de moins qu’il y a 10 ans. La surface agricole utilisée (SAU) s’élève à 26,7 millions d’hectares (- 0,8 % par rapport à 2010). Moins nombreuses, les exploitations s’agrandissent. En 2020, elles exploitent en moyenne 69 hectares (ha), soit 14 ha de plus qu’en 2010 et 27 de plus qu’en 2000 (graphique suivant). L’extension des surfaces est plus marquée pour les éleveurs que pour les exploitations spécialisées en production végétale. Ainsi, de 2010 à 2020, les surfaces moyennes des élevages de vaches laitières augmentent de 78 à 105 ha, celles des élevages de bovins viande de 65 à 85 ha, et celles des producteurs de céréales et oléo-protéagineux de 80 à 96 ha.
Évolution du nombre d’exploitations et de la SAU moyenne en France métropolitaine
Les exploitations spécialisées en élevage sont celles dont les effectifs se réduisent le plus (graphique suivant). Entre 2010 et 2020, leur nombre diminue de 30 % (- 63 500). La baisse est encore plus marquée parmi les élevages bovins conjuguant production de lait et de viande (- 40 %). Les structures spécialisées en production végétale résistent mieux (- 9 %), malgré un recul en viticulture et en cultures fruitières. Quant aux exploitations maraîchères ainsi que certaines exploitations de grandes cultures, leur effectif s’accroît en 10 ans. Ainsi, en 2020, 5 2 % d e s e x p l o i t a t i o n s s o n t spécialisées en production végétale contre 45 % en 2010. Le nombre de fermes non spécialisées, lui, se réduit et représente désormais 10 % des exploitations.
Trois exploitations sur dix spécialisées en grandes cultures, Exploitations selon leur orientation technico-économique et évolution
Le recensement agricole en quelques chiffres sur la France métropolitaine
2/ évolutions des productions, des consommations intermédiaires et des rendements agricoles
a) Principales données
Sur longue période, la production agricole progresse du moins jusqu’en 2008, mais la hausse des prix agricoles est assez faible entre 1989 et 2008 (+0,2% par an). Puis il y a une période de flambée des prix et de volatilité chronique des marchés mais cette période ne dure pas longtemps. Jusqu’en 2020 les prix évoluent peu. Puis la hausse des prix s’affirme en 2021.
Production de l’agriculture au prix de base (Indices chaînés (100 = année 2000))
Depuis 1980, l’essor de la production agricole en valeur a été tiré par celui des productions végétales, bien plus que par celui des productions animales (premier graphique suivant). Ces dernières ne représentent plus que 33 % de la production en 2022, contre 42 % en 1980. La part des productions végétales est passée de 54 % à 61 %, et celle des services a doublé, passant de 3 % à 6 %.
L’augmentation de la production s’est effectuée par un recours croissant au capital, alors que l’emploi a fortement diminué. Depuis 1980, l’emploi en équivalent temps plein (ETP) a chuté des deux tiers (second graphique suivant). La baisse a atteint 73 % pour l’emploi non salarié, en raison de la concentration des exploitations et de la baisse des emplois non salariés familiaux. L’emploi salarié n’a reculé que de 13 %. De ce fait, les salariés fournissent désormais 39 % des ETP, contre 17 % en 1980.
Dans le même temps, l’agriculture mobilise davantage de capital. Depuis 1980, le taux d’investissement s’est élevé, particulièrement au cours de la décennie 2005‑2015 où il a atteint 32 % en moyenne. Il s’est ensuite replié, mais atteint encore 28 % en 2022. En 2022, l’investissement est consacré pour 65 % à l’acquisition de nouveaux matériels, 22 % de bâtiments, 8 % de produits agricoles et 5 % de services professionnels (pour la plupart liés aux transferts de terrains).
Production et emploi dans l’agriculture depuis 1980
b) Les produits végétaux (blé • Maïs • Oléagineux • Colza • Tournesol • Pois • Légumes • Fruits • Vins)
L’évolution de la production de blé tendre depuis 1980 est tendanciellement orientée à la hausse, mais sa valeur a diminué sous l’influence des prix. À partir du milieu des années 2000, les prix deviennent plus volatils, du fait du contexte mondial. La production française de blé représente 26 % de la production de l’UE. L’agriculture française se distingue par des rendements élevés en blé. S’ils restent exposés aux risques climatiques, ils sont tendanciellement parmi les meilleurs du monde.Après avoir connu une croissance fulgurante, les rendements du blé plafonnent et posent des interrogations sur les nouvelles sources de progrès techniques pour gagner en compétitivité.
En maïs, la progression tendancielle des volumes contraste avec l’érosion des prix. La progression de la production française de maïs est similaire à celle du blé. La baisse des prix sur longue période a entraîné une diminution de la valeur de la production française. Les rendements du maïs sont parmi les plus élevés du monde, tandis que les surfaces diminuent d’année en année.
La dynamique de production d’oléagineux est très soutenue, mais s’accompagne de prix tendanciellement bas. Comme dans le reste de l’UE, le colza est l’oléagineux le plus produit, avec des rendements fluctuants d’une année sur l’autre.
La production française de légumes régresse depuis 20 ans, les prix restant très bas, ce qui explique la persistance de du déficit commercial en légumes, les productions françaises étant très exposées à la pression concurrentielle des pays de l’UE, comme l’Espagne, ou hors UE, comme le Maroc.
Encore plus que pour les légumes, la production française de fruits régresse depuis plus de 20 ans, les prix restant très bas, ce qui explique la persistance voire l’amplification du déficit commercial en fruits depuis 40 ans.
La production française de vins se partage le leadership international avec l’Italie. La hausse tendancielle des prix depuis plus de 10 ans traduit un marché rémunérateur pour les producteurs. La production évolue au gré des accidents climatiques (sécheresse, gels de printemps), et de l’évolution de surfaces.
Au total la production de produits végétaux et transformés n’augmente plus depuis 2000 (95,2 en 2021 base 100 en 2000). Tout au plus quelques productions augmentent encore (maïs, orge, autres céréales) permettant à la production totale de céréales de progresser de 8,2%. la production de pommes de terre augmente aussi fortement.
Production par produits, au prix de base : Indices de volume chaînés (100 = année 2000)
c) Les produits animaux Lait • Viande bovine • Viande de volailles • Viande ovine • Viande porcine
L’encadrement de la production laitière n’a pas empêché la baisse tendancielle des prix. Ces derniers sont devenus plus volatils depuis 2008. La hausse de la production à partir de 2008 illustre l’anticipation de la part des producteurs de la sortie des quotas laitiers le 1er avril 2015. Depuis cette date, les producteurs de lait évoluent au gré du marché. La régularité de la progression des rendements laitiers en France lui a permis de se positionner comme le 2e producteur de l’Union européenne derrière l’Allemagne.
Le rythme de la consommation française de viande de volailles a dépassé celui de la production nationale. La France affiche un déficit commercial en viande de volailles depuis 2016. Les accords de Marrakech de 1994 ont eu comme conséquence une ouverture du marché français aux volailles (poulet notamment) aux productions de concurrents détenant un différentiel de coûts favorable, induisant une baisse de la production nationale.
la viande bovine s’est dégradée auprès des consommateurs. Crises sanitaires (ESB), motifs médicaux, prix…, autant de facteurs qui ont exercé un impact sur la décision de consommer de la viande de bœuf. La production intérieure a suivi, et est tendanciellement orientée à la baisse depuis 1990.
S’agissant de la viande ovine, la France se distingue par un taux d’auto-approvisionnement très faible, l’obligeant à recourir à des importations en provenance de pays hautement compétitifs, comme la Nouvelle-Zélande.
Depuis les années 90, la France est devenue autosuffisante en viande porcine. La production dépasse légèrement la consommation intérieure, incitant les producteurs à rechercher des débouchés à l’exportation.
Au final, a production de produits animaux bruts et transformés n’augmente plus depuis 2000 (92,5 en 2021 base 100 en 2000) malgré la hausse de celle des produits laitier : 107,2.
Ainsi, après une forte croissance jusqu’en 2000, la production de l’ensemble de l’agriculture stagne depuis 2000 (avec des cycles) même en tenant compte de la croissance en 2022. On retrouve cette quasi-stagnation entre 2010 et 2022 (graphique suivant).
Production par produits, au prix de base : Indices de volume chaînés (100 = année 2000)
Consommations intermédiaires par produits, au prix de base : Indices de volume chaînés (100 = année 2000)
d) La consommation de produits alimentaires des ménages : des mutations structurelle
Sur longue période, la consommation alimentaire des ménages a moins progressé, passant de + 4 %/an durant la période de forte croissance, à + 1 %/an depuis les années 1990.
Malgré une relative stabilité depuis 2000 (voir ci-dessus), la part de leur budget que les ménages consacrent à l’alimentation a fortement diminué sur longue période. Le poids des postes logement et équipement, transports et communication, ainsi que santé, ont en revanche augmenté sur la période. Depuis 2016, la part du budget consacré à l’alimentation semble ne plus diminuer.
Alors que la consommation alimentaire, y compris alcools et tabac, représentait près de 30 % du budget des ménages en 1960, celle-ci pèse désormais pour moins de 15 % en 2017. Il y a de moins en moins de viande dans le panier du consommateur, mais ce poste demeure le plus important. La consommation d’œufs et de produits laitiers augmente, et les plats préparés voient leur poids s’élever.
Dépenses de consommation alimentaire en %
Source : Chambres d’agriculture – Études économiques
Le processus de désinflation a conduit à une légère baisse des prix alimentaires sur longue période, mais l’écart avec les prix à la production demeure conséquent. Cet écart illustre la question du partage de la valeur ajoutée au sein des filières, dont la loi EGALIM tente d’apporter des solutions.
VIII – LES REVENUS DES AGRICULTEURS
Les revenus par agriculteurs dépendent de multiples facteurs :
prix à la production,
prix des intrants,
évolution en volume de ces deux variables,
montant des subventions,
nombre d’agriculteurs, etc..
Ce sont toutes ces variables qu’il faut étudier dans la mesure du possible, l’évolution en valeur étant le produit d’une évolution du prix par celel du volume.
2/ La production et les consommations intermédiaires
a) Les valeurs de la production
En 2023, la production de la branche agricole hors subventions sur les produits se replierait de 1,5 % en valeur, mettant fin à la forte augmentation des deux années précédentes (premier graphique suivant),. Dans le contexte de la crise sanitaire puis de la guerre en Ukraine, la production en valeur, tirée par les prix, s’était accrue de 8,2 % en 2021, puis de 19,8 % en 2022. La contraction en 2023 tiendrait au recul des prix, de 4,4 %, alors que les volumes progresseraient de 3,0 % . Cette évolution serait le fait de la production végétale, dont la valeur baisserait de 5,8 %, sous l’effet d’une diminution des prix (‑11,4 %), tandis que les volumes progresseraient (+6,3 %). Au contraire, la production animale s’accroîtrait de 4,9 % en valeur, toujours portée par l’augmentation des prix (+6,8 %), alors que les volumes diminueraient de nouveau (‑1,8 %).
Depuis 2020, à la suite des fortes hausses des années 2021 et 2022, la production agricole progresse en valeur de 27,8 %. Cette augmentation est avant tout liée à celle des prix (+ 21,2 %), alors que la production s’accroît plus modérément en volume (+ 5,4 %). En trois ans, la production végétale s’est accrue de 28,1 % en valeur. L’année 2023 a amplifié sa hausse en volume (+ 11,7 % depuis 2020) en atténuant la hausse des prix, qui atteint 14,6 % sur trois ans. La production animale augmente de 29,3 % en valeur depuis 2020. Elle est également tirée par la forte augmentation des prix (+ 37,4 %), cependant qu’elle recule en volume (- 5,9 %) (second graphique suivant).
Évolution de la production agricole hors subventions en 2022 et 2023
Évolution de la production hors subventions entre 2020 et 2023, en valeur, en volume, et en prix
Part des différents produits dans la valeur de la production agricole en 2023 (hors subventions)
Source : Insee, compte provisoire de l’agriculture arrêté au 13/06/24
b) Les consommations intermédiaires (CI)
En 2023, les consommations intermédiaires de la branche agricole augmenteraient de 1,3 % en valeur. Alors que les prix avaient fortement augmenté l’année précédente (+20,4 %), ils auraient ralenti en 2023. Ils resteraient ainsi stables en moyenne sur l’ensemble des postes, à des niveaux élevés. En volume, les consommations intermédiaires se redresseraient légèrement (+1,2 %) alors qu’elles avaient reculé de 4,1 % en 2022.
Premier poste de dépense, les achats d’aliments pour animaux seraient quasi stables en valeur (+0,2 %). Les prix des aliments achetés en dehors de la branche agricole s’apprécieraient de 0,5 %, résultant de deux tendances opposées : le nouveau renchérissement des produits manufacturés agroalimentaires et la baisse en 2023 du prix des céréales. Le prix des aliments intraconsommés diminuerait de 13,3 %, après la très forte hausse de l’année précédente (+48,2 %) où la hausse du prix des engrais et les conséquences de la sécheresse estivale avaient fortement renchéri les fourrages. En volume, la consommation d’aliments pour animaux progresserait de 9,0 %, la consommation croissante d’aliments intraconsommés faisant plus que compenser un nouveau recul des achats à l’extérieur de la branche.
Liés aux prix du gaz, les prix des engrais et amendements s’accroîtraient de nouveau, de 19,0 %. La hausse est bien moindre que l’année précédente (+82,1 %), où les prix du gaz avaient bondi avec le déclenchement de la guerre en Ukraine. Le prix des engrais a toutefois culminé au début de la campagne 2023, la hausse des prix du gaz ayant même conduit certaines usines de fabrication en Europe à stopper leur production durant l’été 2022. En volume, le recours aux engrais diminuerait de nouveau (‑17,0 %), entraînant une légère réduction du poste en valeur (‑1,2 %).
Les prix de l’énergie diminueraient en 2023 (‑5,0 %), après leur forte hausse de l’année précédente (+41,5 %). Cette baisse résulterait de celle du gazole non routier utilisé pour les tracteurs, tandis que les autres produits énergétiques seraient de nouveau renchéris.
c) Les prix à la production et des CI
Les prix des produits agricoles à la production, en moyenne annuelle et tous produits confondus, évoluent de manière cyclique : ils ont augmenté de 89,2 % entre 2005 et 2022, avec trois pics importants en 2008, 2013 et 2022. Sur cette période de 17 ans, ces prix ont plus que triplé pour les œufs (+234,3 %), en raison d’une offre faible notamment due à la grippe aviaire, ainsi que pour les céréales (+218,7 %) et pour les oléagineux (+202,9 %) sous l’effet de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, deux des principaux pays producteurs et exportateurs. La hausse des prix est en revanche plus contenue pour les fruits frais (+73,1 %), les vins (+72,1 %), le lait de vache (+53,5 %), les animaux (+53,4 %) et les légumes frais (+52,6 %). Les prix agricoles ont décélèré progressivement en rythme annuel depuis mai 2022, principalement en raison d’une concurrence accrue avec la reprise des exportations ukrainiennes, et dans un contexte de crainte d’une récession mondiale.
Les prix d’achat des moyens de production agricole, en moyenne annuelle et tous produits confondus, ont augmenté de 70,6 % entre 2005 et 2022. Ils ont plus que triplé pour les engrais et amendements (+202,7 %) et presque doublé pour les aliments pour animaux (+94,3 %), ainsi que pour l’énergie et les lubrifiants (+92,0 %). Quatre cycles se sont produits lors des vingt dernières années, avec des pics en 2008, 2013, 2019 et 2022.
Évolution des indices de prix agricoles à la production de 2005 à 2022
Évolution des indices de prix des moyens de production agricole de 2005 à 2022
Au total, les prix agricoles annuels à la production augmentent plus vite que les prix des achats entre 2005 et 2022. Et variations des prix à la production sont plus prononcées que celles des prix annuels de leurs moyens de production. Les prix agricoles dépendent de nombreux autres facteurs comme les conditions météorologiques ou les épidémies, difficilement anticipables par les producteurs.
Évolution des indices de prix annuels agricoles et des moyens de production agricole, de 2005 à 2022
Les prix des produits et des intrants agricoles ont fortement augmenté en 2021, dans un contexte mondial marqué par la crise sanitaire et par la reprise qui a suivi. En 2022, leur hausse a été encore plus marquée, sous les effets conjugués des suites de la sortie de crise, de conditions climatiques pénalisantes et de la guerre en Ukraine. En France, les prix de la production agricole au prix de base se sont ainsi accrus de 7,2 % en 2021 puis de 17,9 % en 2022 (graphique suivant). Les prix des consommations intermédiaires de la branche se sont accrus dans le même temps de 1,8 % puis de 20,4 %. En 2023, le prix des consommations intermédiaires reste stable, tandis que celui de la production agricole baisse de 4,4 %.
Évolution des prix du compte de l’agriculture entre 2019 et 2023
c) Les volumes
Jusqu’en 2000, il y a une croissance en volume moins rapide des CI que de la production agricole : +30% entre 1980 et 2000 contre +15% pour les CI. Après 2000, les deux évoluent à peu près au même rythme, les CI augmentant de 4% en volume entre 2010 et 2021 contre -2% pour la production. Entre 2000 et 2022 ces évolutions sont orientées à la baisse, autour de -5% pour les deux agrégats.
Évolution de la production agricole et consommations intermédiaires, en volume base 100 en 1980 en %
2/ De la valeur ajoutée au résultat brut d’exploitation
Du coup, la valeur ajoutée brute en valeur augmente de plus de 140% entre 1980 et 2000 sous l’effet de l’augmentation de la production au prix de base – c’est-à-dire y compris les subventions sur les produits et déduction faite des impôts sur les produits, croissance nettement plus marquée que celle des consommations intermédiaires.
En 2023, la valeur ajoutée brute de la branche agricole baisserait de 5,3 %. Ceci tient au repli de la production au prix de base (‑1,5 %), c’est-à-dire y compris les subventions sur les produits, tandis que les consommations intermédiaires continuent d’augmenter légèrement. Une rupture s’opère avec les deux années précédentes où la valeur ajoutée brute avait fortement progressé (+9,0 % en 2021 et +25,7 % en 2022).
Sur longue période, la VA en volume augmente uniquement avant 2000 (graphique suivant). Depuis 2000, la VA brute en volume n’augmente plus : elle diminue même autour de – de 4% entre 2000 et 2022.
Les évolutions sont assez différentes en longue période et depuis 2010 du fait notamment des années 2021 et 2022 en très forte hausse en valeur (deux graphiques suivants).
Évolution de la valeur ajoutée brute (VAB) de la branche agricole, base 100 en 2010
Évolution de la valeur ajoutée brute de la branche agricole (base 100 en 1980) en %
La VA brute au coût des facteurs (VABCF) ajoute les subventions, nets des des impôts, à la VA brute précédente. Elle se rapproche nettement du résultat brut d’exploitation (RBE) si on retire notamment les charges financières. VABCF et RBE varient de manière assez proche par définition. Et on pouvait mettre en évidence les évolutions suivantes en longue période en termes réels : diminution de la VABCF de 4% entre 1980 et 2022 et quasi stabilité du résultat brut d’exploitation grâce aux deux années 2021 et 2022. Les évolutions sont de nouveau sensiblement différentes depuis 1980 et depuis 2010. Compte tenu de ces divergences, on met ici les deux graphiques correspondant.
En valeur, le RBE de la branche agricole augmente de 14,9 % en 2022 (après 18,2 % en 2021). En termes réels, déflaté par l’indice de prix du PIB (+ 2,9 %), il progresse de 11,7 % (après 16,7 % en 2020).
Les salaires versés par les unités agricoles progressent de 3,1 % en 2022, sous l’effet de la hausse du taux de salaire horaire et de l’augmentation des effectifs salariés (+ 1, 7%). Les cotisations sociales à la charge des employeurs augmentent de 3,3 %.
En 2022, les intérêts dus par la branche baissent de 1,3% ; le taux d’intérêt apparent moyen, défini par le rapport des intérêts aux encours, continue à baisser : 1,66 % en 2022, après 1,72 % en 2021. Les charges locatives nettes augmentent de 3,9 % en 2022.
VABCF et résultat brut de la branche agricole en termes réels, base 100 en 2010
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs (VABCF) et résultat brut de la branche agricole en termes réels
a) La Valeur ajoutée brute au coût des facteurs en 2023
En 2023, les subventions d’exploitation s’élèveraient à 8,5 milliards d’euros. Leur montant diminuerait de 50 millions par rapport à 2022, principalement sous l’effet de l’arrêt de l’aide exceptionnelle accordée au début de la guerre en Ukraine (graphique suivant).
En prenant en compte les subventions d’exploitation et les impôts à la production, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs baisserait de 4,8 % en 2023. L’emploi agricole reculant très légèrement en 2023, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif diminuerait dans la même proportion (‑4,8 %). En termes réels, elle baisserait de 9,6 % en 2023, après avoir augmenté de 8,7 % en 2021, puis de 14,4 % en 2022.
De la production à la valeur ajoutée de l’agriculture en 2023
b) Le résultat par actif en 2023
Les agrégats comptables nets se déduisent des agrégats bruts en soustrayant la consommation de capital fixe (CCF. La consommation de capital fixe (CCF) mesure la dépréciation annuelle liée à l’usure et à l’obsolescence du capital, lequel est évalué à son coût de remplacement. L’estimation de ce poste est délicate, elle résulte d’une modélisation et se trouve de ce fait moins robuste que les données observées. La consommation de capital fixe augmenterait de 10,2 % en 2023, après 5,2 % en 2022. Son augmentation s’explique notamment par l’élévation générale des prix, qui renchérit le coût de remplacement du capital. En 2022, la très forte hausse de la valeur ajoutée brute avait réduit la part de la consommation de capital fixe dans celle-ci. En 2023, la part de la consommation de capital fixe remonte à 35,3 % de la valeur ajoutée brute, soit un taux plus habituel.
Eurostat utilise la valeur ajoutée nette au coût des facteurs par actif en termes réels, appelé indicateur A. En 2023, cet indicateur baisse de 14,6 % pour la France (après + 20,1 % en 2022). Le résultat net se déduit du résultat brut en enlevant la consommation de capital fixe.
Évolutions des résultats en brut et en net, en termes réels en 2023
c) Les évolutions en longue période
En termes réels, la VABCF baisserait de 9,6 % en 2023, après avoir augmenté de 13,1 % en 2021 puis de 9,6 % en 2022 (graphique suivant). Sur le long terme, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels de la branche agricole continue d’augmenter. En 2023, elle dépasserait de 18,4 % la moyenne des années 2010. Si on regarde l’évolution sur les vingt dernières années, c’est moins la chute des revenus qui frappe, que leur augmentation. Le recul observé en 2023 est un retour au niveau de 2021, lui-même supérieur de 47 % (en termes réels) à celui de 2000.
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif de la branche agricole en termes réels (1)
En remontant encore plus loin dans le temps, on note que la longue période de stabilité du résultat brut réel (en volume) de la branche agricole par exploitants des années 1980 au début des années 2000, s’est inversée, puisque la volatilité du revenu s’est ensuite imposée. La tendance baissière du revenu dans le secteur des grandes cultures depuis 2012 s’est confirmée, avec même un revenu négatif pour les producteurs de céréales en 2016, année qui a toutefois laissé place à un redressement en 2017 et surtout en 2022.
Le résultat brut de la branche agricole par exploitants en termes réels aurait, lui, progressé de 246% entre 1980 et 2021 (graphique suivant).
Dans les autres productions végétales, les contrastes sont importants selon les orientations. Sur longue période, la viticulture reste le secteur dégageant un revenu supérieur aux autres productions.
Dans les productions animales, les revenus sont orientés à la baisse depuis dix ans, certains n’ayant pas retrouvé leur niveau d’avant crise. La sortie des quotas laitiers en 2015 a exercé une contrainte lourde pour les éleveurs de bovins lait, avec des répercussions sur les bovins viande, du fait de la décapitalisation en élevage laitier.
On observe une cyclicité affirmée des revenus dans le secteur porcin, et un redressement du revenu dans la production ovine, du fait du versement d’aides couplées dans le cadre de la Politique agricole commune.
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs (VABCF) par unité de travail agricole et résultat brut de la branche agricole par unité de travail agricole non salarié en termes réels
3/ Les aides de la PAC
a) Les aides par pays
Principale ligne de dépense de l’Union européenne, la PAC a permis de distribuer 62,5 milliards d’euros aux 27 États membres en 2021.
Comme chaque année, la France est le pays qui en bénéficie le plus (10,21 milliards d’euros d’aides agricoles en 2021). Elle est suivie par l’Espagne et l’Allemagne qui reçoivent respectivement 7,7 et 6,8 milliards d’euros par an au titre de la PAC.
Depuis la réforme de la PAC de 1992, le poids des aides représente ainsi plus du quart de la valeur ajoutée (VA) agricole. Sans ces subventions, 50 % des exploitations françaises auraient un revenu avant impôt négatif. Toutefois, la part de ces aides dans la VA au coût des facteurs ne progresse plus depuis 2004. De plus sa répartition est-elle égalitaire (voir encadré) ?
Depuis le début des années 2000, l’endettement des exploitations est passé de 37 à 42 % du total des actifs. Il se ralentit depuis 2015, sous l’effet de la baisse des taux d’intérêt, (permettant de contenir les charges financières), et de la baisse de l’investissement.
Répartition des aides de la PAC en 2021 (en millions d’euros)
Source : Parlement Européen
b) Les subventions d’exploitation en France et l’excédent brut d’exploitation
En 2022, les subventions d’exploitation en France métropolitaine devraient s’établir autour de 8 milliards d’euros. Leur montant diminue d’un peu plus de 520 millions d’euros par rapport à 2021, avec l’arrêt des versements du fonds de solidarité pour les entreprises face à l’épidémie de covid-19. 2022 est la dernière année avant l’entrée en vigueur de la nouvelle politique agricole commune (PAC) au 1 er janvier 2023, L’enveloppe des aides de la PAC est maintenue constante, égale à celle de l’année 2021.
En 2023, les subventions d’exploitation devraient s’établir autour de 8,5 milliards d’euros. Leur montant diminuerait d’environ 50 millions par rapport à 2022, sous l’effet principalement de l’arrêt de l’aide exceptionnelle accordée au début de la guerre en Ukraine.
Les subventions d’exploitation* de la branche agriculture, en millions d’euros
Subventions à l’agriculture entre 2000 et 2022, en milliards d’euros
En 2021, 94 % des exploitations bénéficient d’au moins une subvention d’exploitation (graphique suivany). Ces exploitations perçoivent en moyenne 35 940 euros d’aides. Les subventions d’exploitation versées en 2021 représentent en moyenne 38 % de l’EBE pour les bénéficiaires. Sans subvention, 18 % des exploitations auraient un EBE négatif, contre 3 % après prise en compte des subventions. Alors que dans certaines orientations technico‑économiques (Otex) toutes les exploitations ou presque bénéficient de subventions d’exploitation, ce n’est le cas que pour 81 % des viticulteurs, 78 % des éleveurs de volailles, 63 % des maraîchers et 48 % des horticulteurs.
Subventions d’exploitations agricoles selon leur orientation technico‑économique en 2021 en %
L’excédent brut d’exploitation (EBE) reflète les ressources générées par une entreprise du fait de son activité. En 2021, sur le champ des exploitations agricoles dont la production brute standard (PBS) est supérieure à 25 000 euros, il s’établit à 91 020 euros en moyenne par exploitation. Rapporté au nombre d’équivalents temps plein (ETP) non salariés, il s’élève à 67 130 euros. L’EBE par ETP non salarié progresse de 28 % par rapport à 2020, atteignant ainsi un niveau record sur les vingt dernières années. Le niveau élevé de l’EBE en 2021 s’explique par la hausse globale des prix agricoles ainsi que par de bons niveaux de production dans certaines filières. À l’inverse, il a été plus faible en 2009 et 2016, années marquées par des aléas climatiques et économiques qui ont affecté les revenus agricoles (chutes de rendements, accidents climatiques, baisses des cours agricoles). La dispersion des résultats des exploitations agricoles a tendance à augmenter en période de hausse des prix, et à se contracter en phase de prix décroissants.
Le niveau des aides augmente avec la taille économique des exploitations. Les exploitations les plus grandes perçoivent un peu plus de 1,9 fois le montant de subvention des plus petites structures (26 530 euros contre 49 400 euros). En revanche, la part des aides dans l’EBE décroît avec l’augmentation de la taille des structures (68 % pour les petites ; 27 % pour les grandes).
Excédent brut d’exploitation (EBE) par ETP non salarié de 2002 à 2021 en milliers d’euros 2021
Excédent brut et subventions des exploitations agricoles bénéficiaires, selon leur dimension économique, en 2021 en milliers d’euros 2021
4/Le résultat brut et net de la branche agricole par actifs non salariés en longue période
5/ Des revenus variables selon le secteur d’activité en 2022
a) Les résultats par sous-secteurs
La production de l’exercice constitue l’essentiel des produits courants d’une exploitation agricole. Cette production est composée majoritairement des produits provenant des cultures (produits végétaux, produits horticoles, produits végétaux transformés) et de l’élevage (animaux et produits animaux transformés). Sa variation explique en grande partie celle des résultats de l’exploitation. Ainsi, en 2022, la production moyenne de l’exercice des exploitations agricoles s’élève à 277 400 €, soit une hausse de 12,0 % en termes réels par rapport à 2021. Seules les filières fruits (-2,4 %), horticulture (-8,3 %), maraîchage (-0,4 %) et ovins-caprins (-0,2 %) connaissent un repli. Les plus fortes progressions sont relevées dans les élevages
porcins (+21,0 %), dans les secteurs viticole et bovins mixte (+19,8 %) et dans celui des grandes cultures hors céréales-oléagineux–protéagineux (COP) avec une augmentation de 18,9 % (+11,5 % pour les COP) (Graphique suivant).
Production de l’exercice et charges par orientation productive en 2021 et 2022, en milliers d’euros 2022
*Évolutions calculées en euros constants de 2022 sur des échantillons d’exploitations 21-22 constants, repondérés pour représenter l’ensemble du champ (Méthodologie) Source : SSP RICA 2021 et 2022 – champ : France métropolitaine, Guadeloupe et Réunion.
Les exploitations ne sont pas toutes soumises aux mêmes charges selon leur spécialisation ; les impacts de ces évolutions sont donc variables d’une filière à l’autre. Par exemple, les structures spécialisées en COP engagent 34 000 € en engrais et amendement (soit 18,3 % du total de leurs charges) alors que le principal poste de dépense pour les élevages de bovins lait porte sur l’alimentation animale (67 980 €, soit 22,1 % de l’ensemble de leurs charges). Les hausses marquées des dépenses en énergie ont un impact important sur la filière maraîchère, les charges en énergie (41 910 €) représentant 12,0 % de l’ensemble de leurs charges.
Au total, après une forte progression de 25,9 % en 2021, la valeur ajoutée moyenne des exploitations connaît une seconde augmentation conséquente de 17,3 % pour atteindre 111 290 € en 2022. Les subventions d’exploitation atteignent 36 330 € en moyenne par structure et apparaissent en très légère évolution par rapport à 2021 (-1,0 %), tout comme les dépenses liées aux impôts et taxes (2 300 €, soit +0,4 %). Les charges de personnel progressent de 3,5 % pour s’établir à 17 620 €, alors que celles liées aux fermages, qui s’élèvent à 15 920 €, augmentent de +2,4 %. En 2022, les indemnités d’assurance (3 920 € en moyenne) connaissent une forte progression (+25,8 % par rapport à 2021). L’excédent brut d’exploitation (EBE), part de la valeur ajoutée
revenant à l’entreprise et correspondant à un revenu brut, s’élève à 115 710 €, traduisant une hausse de 15,9 % par rapport à 2021.
Le résultat courant avant impôts (RCAI) se déduit de l’EBE après prise en compte des charges financières et des amortissements (charges non décaissables). Il mesure la performance économique de l’exploitation et constitue une base pour l’élaboration de l’assiette des prélèvements fiscaux et sociaux de l’exploitant. En 2022, le RCAI moyen est de 77 090 €, soit une progression conséquente de 27,1 % par rapport à l’année précédente (tableau suivant).
Principaux indicateurs de résultats et évolutions / Flambée des prix à la production en 2022
b) La dispersion et la variabilité des résultats en 2022
L’indicateur de résultat analysé plus en détail dans ce rapport est l’EBE rapporté au nombre d’actifs non salariés, ce dernier étant exprimé en ETP. Avec un nombre moyen d’actifs non salariés par exploitation de 1,37 en 2022, l’EBE par ETP non salarié s’élève à 84 080 € toutes orientations de production confondues, en progression de 16,9 % (après une hausse déjà marquée de 27,9 % entre 2020 et 2021). Il s’établit ainsi à un niveau historiquement haut : le plus haut depuis 1990, nettement supérieur donc à la moyenne portant sur les 20 dernières années (57 920 €) (graphique suivant).
Depuis 2005, les évolutions de l’EBE par ETP non salarié connaissent de fortes variations pour les céréales, les oléoprotéagineux, les cultures industrielles et les exploitations en polyculture-polyélevage. Celles-ci s’expliquent notamment par les fortes fluctuations des prix sur les marchés mondiaux et les épisodes climatiques exceptionnels qui affectent les récoltes. Pour les mêmes raisons, les résultats des autres productions végétales (viticulture, arboriculture et, dans une moindre mesure, maraîchage) peuvent également varier d’une année sur l’autre, mais, bien souvent, dans des proportions moindres. En production animale, les cycles sont particulièrement marqués pour les élevages porcins, avec des cours mondiaux de la viande porcine très sensibles à la confrontation saisonnière de l’offre et de la demande mondiales sur un marché peu régulé. Le faible taux de marge (rapport entre l’EBE et le chiffre d’affaires) caractérisant cette filière amplifie l’impact de la fluctuation des prix au niveau du résultat. Les résultats des filières bovines, ovines et caprines connaissent des évolutions nettement moins marquées.
– Évolution de l’EBE par ETP non salarié par orientation productive, en milliers d’euros 2022
La distribution des résultats montre d’importantes disparités de situations entre exploitations. La moitié des exploitations a un EBE par ETP non salarié supérieur à 61 650 € (Graphique 3). La médiane du RCAI par ETP non salarié se situe quant à elle à 37 760 € (Annexes, Graphique E). Pour un quart des exploitations, l’EBE par ETP non salarié est inférieur à 32 310 € (1er quartile). A l’inverse, en haut de la distribution, un autre quart des exploitations a un EBE par ETP non salarié supérieur à 106 680 € (3eme quartile), soit un rapport interquartile de 3,3 (3eme quartile/1er quartile). Pour 10 % des exploitations, l’EBE par actif non salarié est en-deçà de 13 890 € (1er décile). A l’inverse, en haut de la distribution, un autre dixième des exploitations a un EBE par ETP non salarié supérieur à 175 040 €, soit un rapport interdécile de 12,6.
Dispersion de l’EBE par ETP non salarié par orientation en 2022, en milliers d’euros
Dans la continuité des années précédentes, les dispersions de résultats sont plus faibles parmi les élevages d’herbivores, qui présentent une moindre diversité dans la valorisation des produits. Ainsi, en orientations ovins-caprins et bovins viande, les écarts interquartiles (3eme quartile – 1er quartile) de l’EBE par ETP non salarié ne sont respectivement que de 32 150 € et de 32 770 € (rapports interquartiles respectifs de 2,5 et de 2,2). Ces écarts sont bien plus élevés au sein des élevages porcins (200 030 €) et des structures viticoles (95 920 €), les rapports interquartiles étant respectivement de 4,2 et de 4,5.
Les différences de taille entre exploitations expliquent en partie les disparités observées, l’EBE par actif non salarié étant en moyenne plus élevé dans les plus grandes exploitations. Un peu plus d’un tiers des exploitations agricoles dans le champ du RICA (donc pour rappel, hors exploitations en deça des seuils de PBS requis pour entrer dans le RICA) affiche une production brute standard (PBS) inférieure à 100 000 €, alors qu’un peu plus d’un quart présente une PBS supérieure à 250 000 €. Pour les plus grandes exploitations, l’EBE par ETP non salarié s’établit en moyenne en 2022 à 135 280 €, soit 1,8 fois celui des exploitations de taille intermédiaire (PBS entre 100 000 € et 250 000 €) et près de 3,7 fois celui des petites exploitations (Tableau suivant et graphique suivant). La croissance de l’EBE moyen par ETP non salarié avec la catégorie de taille économique des exploitations se vérifie pour toutes les Otex. Néanmoins, il existe une grande dispersion de l’EBE par ETP non salarié, y compris à l’intérieur des catégories de taille économique : le rapport interquartile est de 2,5 au sein des grandes et des moyennes exploitations et de 3,0 au sein des petites.
Dispersion de l’EBE par ETP non salarié en fonction de la taille économique des exploitations
6/ En moyenne, seul un tiers des ressources des ménages agricoles provient de l’activité agricole en 2018
Selon une étude de l’Insee, au sein des ménages agricoles, 50 % des personnes avaient un niveau de vie par unité de consommation inférieur à 22 210 euros par an en 2018 (tableau suivant). Ce niveau de vie annuel médian est comparable à celui de l’ensemble des membres des ménages qui perçoivent des revenus d’activité (21 480 euros pour la médiane des ménages français).
Les disparités de niveaux de vie sont cependant plus fortes. Le niveau de vie des 10 % des personnes les plus modestes ne dépasse pas 9 800 euros par an. Il est 4,7 fois inférieur à celui des 10 % les plus aisées qui disposent d’au moins 46 500 euros. Parmi l’ensemble des ménages ayant des revenus d’activité, cet écart n’est que de 3,3. Enfin 18,1% des ménages agricoles vivaient sous le seuil de pauvreté.
Le niveau de vie des agriculteurs est ainsi plus inégalitaire que dans le reste de la population : l’écart entre les 10% des ménages les plus aisés et les 10% les plus modestes est un multiple de 4,7 chez les ménages agricoles, contre 3,4 pour la moyenne des ménages français.
Grâce aux revenus d’appoint, les agriculteurs sont moins touchés par la pauvreté que l’ensemble de la population française. En 2019, 6,1% des agriculteurs exploitants étaient en situation de pauvreté (taux de pauvreté en conditions de vie, contre 11,7% des Français en moyenne. La proportion atteint 20,8% chez les employés.
Niveau de vie des ménages agricoles selon la production agricole dominante du territoire en 2018
Niveau de vie des ménages agricoles et de la moyenne des français en 2018
Source : Insee
Mais selon l’Enquête sur les revenus fiscaux et sociaux (ERFS), enquête annuelle de référence, 22,7 % des agriculteurs et artisans vivent sous le seuil de pauvreté monétaire en 2019. L’échantillon de l’nequête, environ 43 000 ménages en 2021, ne permet toutefois pas de fournir des chiffres annuels assez précis sur la seule sous-catégorie des agriculteurs.
Au sein des ménages agricoles, définis comme les ménages déclarant des revenus agricoles dans leur déclaration fiscale, 50 % des personnes ont un niveau de vie par unité de consommation inférieur à 22 200 euros par an en 2018, soit 1 850 euros par mois. Le taux de pauvreté des ménages agricoles s’élèverait- à un peu plus de 18 % en 2018, soit environ 3 points de plus que celui de l’ensemble de la population et 5 points de plus que celui des ménages ayant un revenu d’activité.
Un peu plus d’un indépendant sur dix gagne moins de la moitié du Smic annuel et vit sous le seuil de pauvreté mobilise l’enquête ERFS sur plusieurs années (2018 et 2019) pour disposer d’effectifs suffisants, et définit les agriculteurs à partir de la profession déclarée en réponse à l’enquête.
Les écarts de définition des ménages agriculteurs dans les deux études conduisent à des résultats différents. Les deux populations ne se recoupent en effet que partiellement : certains ménages déclarent des revenus agricoles sans se déclarer agriculteurs (ils peuvent exercer une autre profession par ailleurs). À l’inverse, certains individus se définissent comme agriculteurs sans déclarer de revenus agricoles (ils peuvent par exemple percevoir des salaires).
Proportions d’indépendants gagnant très peu et d’indépendants sous le seuil de pauvreté par catégorie socioprofessionnelle en 2018-2019
Alors que leur niveau de vie médian est équivalent à celui de l’ensemble des ménages ayant des revenus d’activité, les ménages dont le référent fiscal est agriculteur ont des conditions de vie globalement plus favorables : le taux de pauvreté en conditions de vie des exploitants agricoles est deux fois moindre que celui de l’ensemble de la population. Compte tenu de la nature de leur activité, une partie des dépenses privées des ménages agricoles (logement, dépenses d’énergie, etc.) peuvent être intégrées dans les comptes de l’exploitation. Plus souvent propriétaires de leur habitation que l’ensemble des ménages, ils ont moins souvent des difficultés de logement. Ils sont également moins affectés par des restrictions de consommation courante. En revanche, ils sont plus souvent sujets à des insuffisances de ressources.
Le revenu disponible moyen annuel des ménages agricoles s’élève à 52 400 euros en 2018. Un tiers provient de l’activité agricole, soit 17 654 euros (Tableau suivant). La majorité de leurs ressources sont issues d’autres revenus d’activité. D’un montant de 30 145 euros, ceux-ci sont composés, pour l’essentiel, de salaires, qui proviennent notamment de l’activité de leur conjoint. En effet, lorsqu’il travaille, le conjoint de l’agriculteur est salarié dans sept cas sur dix. L’agriculteur lui-même peut également exercer une activité salariée en dehors de l’exploitation. Un agriculteur sur cinq est ainsi bi-actif. En outre, d’autres activités développées au sein de l’exploitation peuvent générer des revenus, comme la vente de produits artisanaux ou le tourisme à la ferme qui ne sont pas comptabilisés en revenu agricole. Les revenus du patrimoine constituent la troisième source de revenus la plus importante des ménages agricoles, soit 20 % de leur revenu disponible. Il s’agit essentiellement de revenus fonciers, correspondant à des fermages, souvent issus de terres possédées par l’agriculteur et louées par la société dont il est associé. De manière générale, le patrimoine des agriculteurs repose davantage sur leur patrimoine professionnel et moins sur les actifs financiers et immobiliers.
Décomposition du revenu disponible moyen des ménages agricoles selon la production agricole dominante du territoire en 2018
IX – L’AGRICULTURE EN EUROPE ET DANS LE MONDE
L’agriculture est devenue mondiale et aps seulement européenne. les normes environnementales oposent souvent l’UE et le reste du monde. On étudie quelques évolutions et ratios à partir de la base STAN de l’OCDE en omettant certes plusiuers pays importants comme le Brésil, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et autres. Après quoi, on s’intéresse à ‘agriculture dans l’UE.
1/ L’agriculture dans quelques pays du Monde
Selon la Banque mondiale, l’agriculture est aussi un facteur essentiel de croissance économique. En 2018, elle représentait 4% du produit intérieur brut (PIB) mondial et, dans certains pays en développement parmi les moins avancés, sa part peut dépasser 25% du PIB.
Dans les pays étudiés ici la part de la VA de l’agriculture dans la VA totale (mieux approprié que le PIB pour situer le poids de l’agriculture) en volumes chaînés ne cesse de diminuer depuis 2000. L’Espagne et la Pologne sont au dessus mais avec une baisse très forte dans ce dernier pays. Quelques autres pays sont au dessus de la France (1,6% en 2019) comme l’Italie et le Canada. Mais de nombreux pays sont autour de 1,2%.
Part de la valeur ajoutée de l’agriculture dans la VA totale de l’économie en cvolumes chaînés en %
a) La production agricole
Elle n’évolue pas au même rythme selon les pays. On trouve un premier groupe de pays où la croissance de la production en volume est de l’ordre de + 15% entre 2000 et 2019 (États-Unis, Pays-Bas, Pologne, Belgique, Suède et probablement l’Espagne). La France fait partie du groupe où la production n’a quasiment pas progressé entre 2000 et 2019 comme en Allemagne, Italie, Danemark. Au Japon la production a sensiblement diminué. Dans la suite du texte la branche Culture et production animale, chasse et activités de services annexes est nommée « agriculture »
S’agissant des prix à la production, ils augmentent fortement aux États-Unis et en Pologne voire même en Allemagne. Ils augmentent plus faiblement dans la plupart des autres pays entre +20% et +25% entre 2000 et 2019 comme en France, Belgique, Italie, Suède, Pays-Bas, etc…. .
Évolution de la production de la branche agriculture, en volumes chaînés en % base 100 en 2000
Évolution des prix à la production de la branche agriculture, en % base 100 en 2000
b) La valeur ajoutée agricole
Les évolutions de la valeur ajoutée agricole confirment en partie celles de la production ne volume moyennant la variation du taux de valeur ajoutée (voir ci-dessous) et l’évolution différente des prix de production et des consommations intermédiaires. La valeur ajoutée en volume est calculée par la méthode de la double déflation. De nouveau la Pologne voit sa croissance augmenter le plus en sachant que la VA agricole en Pologne est 3,5 fois moins élevée qu’en France dont la VA est la plus importante dans l’UE (17,6% de la VA agricole de l’UE). La VA de la France augmente de 10% entre 2000 et 2023 à peu près comme celle de l’Allemagne mais avec de fortes variations cycliques, notamment en Allemagne (graphique suivant). L’année 2023 ne serait pas une si mauvaise année en France en terme de VA en volume. La VA de l’Espagne chute en fin de période, diminuant de 4,5 % en 2023 par rapport à 2000.
Évolution de la valeur ajoutée de la branche agriculture, sylvicultue et pêche en volumes chaînés en % base 100 en 2000
Le taux devaleur ajoutée (VA / production) varie fortement selon les pays (graphique suivant). le taux français est peu près dans la moyenne mondiale (un peu plus de 40%). L’Espagne et l’Italie ont un taux bien supérieur proche de 55%. La Belgque et le Danemark on des taux faibles (autour de 30%)
Taux de valeur ajoutée de la branche agriculture en %
c) Le taux de marge
On définit exceptionnellement ici le taux de marge comme le rapport de l’EBE/revenu mixte à la production et non à la valeur ajoutée compte tenu du faible poids des rémunérations. En France, il est de 38% en 2019 (plus qu’en 2000). Il est incontestablement plus élevé en Espagne, Italie, Autriche, en partie du fait de la relative supériorité du taux de valeur ajoutée. Mais dans de nombreux pays, il est plus faible qu’en France : États-Unis, Danemark, Japon, Suède, Belgique,…).
Taux de marge (EBE ou revenu mixte / production) de la branche agriculture en %
2/ La production et la consommation intermédiaire agricole dans l’UE en 2022-2023
a) La production par par produits
Le terme « branche de agriculture » est utilisé pour décrire toutes les exploitations agricoles (fermes) impliquées dans la production agricole, les groupements de producteurs (coopératives) qui produisent du vin et de l’huile d’olive, ainsi que les entrepreneurs agricoles spécialisés.
La valeur de tout ce que l’agriculture de l’UE a produit en 2023 était estimée à 537,1 milliards d’euros; cela inclut la valeur des cultures, des animaux, des services agricoles, ainsi que de certains biens et services qui n’étaient pas strictement agricoles, mais qui ne pouvaient pas être mesurés séparément.
Un peu plus de la moitié (51,3 %) de la valeur de la production totale de l’industrie agricole de l’UE en 2023 provenait de cultures (environ 275,8 milliards d’euros), dont les légumes et les plantes horticoles, ainsi que les céréales, étaient les cultures les plus précieuses (graphique suivant). Près des deux cinquièmes (39,8 %) de la production totale provenaient d’animaux et de produits animaux (environ 213,8 milliards d’euros), la majorité provenant uniquement du lait et des porcs. Les services agricoles (estimés à 24,8 milliards d’euros) et les activités non agricoles inséparables (estimées à 22,8 milliards d’euros) ont contribué au reste (8,9 %).
Production de la branche d’activité agriculture (% de la production totale, UE, 2023)
Source : Eurostat
La valeur du production brute produite par l’industrie agricole de l’UE s’élevait à 537,5 milliards d’euros en 2022 (donc en forte hausse par rapport à 2021) . Cela comprenait la production agricole (287,9 milliards d’euros ; 53,6 % du total), production animale (206,0 milliards d’euros ; 38,3 %), services agricoles (23,4 milliards d’euros ; 4,3 %) et certains biens non agricoles indissociables et services (20,3 milliards d’euros ; 3,8 %). À un niveau plus détaillé, les plus grandes catégories de la production agricole de l’UE en 2022 était les céréales (80,6 milliards d’euros ; 15,0 %), le lait (78,1 milliards d’euros ; . 14,5 %), les légumes et produits horticoles (65,9 milliards d’euros ; 12,3 %), les porcs (42,1 milliards d’euros ; 7,8 %) et bovins (35,9 milliards d’euros ; 6,7 %). Une majorité de céréales produits dans l’UE sont utilisés pour l’alimentation animale, le reste étant destiné à la consommation humaine et utilisation dans les industries non alimentaires/alimentaires, telles que production de biocarburants.
Les contributions des pays de l’UE variaient considérablement, reflétant des différences dans les volumes produits, les prix reçus, ainsi que la combinaison des cultures, des animaux élevés, des produits animaux collectés et des services offerts. Une nette majorité (57,7 %) de la valeur estimée de la production totale de l’industrie agricole de l’UE provenait des «quatre grands» de la France (96,0 milliards d’euros), de l’Allemagne (76,6 milliards d’euros), de l’Italie (71,9 milliards d’euros) et de l’Espagne (65,5 milliards d’euros). Viennent ensuite la Pologne (39,5 milliards d’euros), les Pays-Bas (36,7 milliards d’euros) et la Roumanie (25,6 milliards d’euros). Les trois quarts (76,6 %) de la valeur totale de la production agricole de l’UE en 2023 provenaient de ces sept pays de l’UE.
Valeurs des production agricoles dans l’UE en milliards d d’euros en 2022
Source : Eurostat
Évolutions des parts des produits dans la production agricole hors services et activités secondaires en %
Source : Eurostat
b) La production en 2022-2023 par pays
La valeur estimée de la production agricole en 2023 est restée inchangée en termes nominaux par rapport au niveau de 2022. Cela a permis de maintenir la valeur de la production à son apogée et de maintenir la tendance à la hausse amorcée en 2010 (graphique suivant). Cette variation de la valeur nominale reflète en grande partie le solde d’une légère hausse du prix nominal des biens et services agricoles dans leur ensemble (estimation de +0,4 %) et d’une légère baisse du volume de la production (estimation de -0,4 %).
La stabilité de la valeur de la production de l’industrie agricole de l’UE en 2023 reflétait des contrastes frappants entre les pays de l’UE. Les taux d’augmentation de la valeur les plus élevés ont été enregistrés au Portugal (+ 16,7 % selon les estimations) et en Roumanie (+ 15,1 % selon les estimations), les baisses les plus fortes (environ 20 % pour l’ensemble des pays) ayant été enregistrées en Lettonie, en Lituanie et en Estonie.
Évolution de la production en valeur de la branche agricole en 2022 (en%)
Production de céréales par principaux États membres producteurs, (% des totaux de l’UE, 2022)
Au total, En 2022, il y a eu 270,8 millions de tonnes de céréales et de riz récoltées dans l’UE, la France représentant la part la plus importante (22,1 %). Au total, 58,6 millions de tonnes de légumes ont été récoltées dans l’UE, l’Espagne représentant la part la plus importante (23,7 %). Il y a eu 62,7 millions de tonnes de fruits, de baies et de noix récoltées dans l’UE. l’Italie enregistrant la part la plus élevée (27,3 %) ; ces chiffres comprennent tous les types de fruits, y compris ceux utilisés pour la pour la production de boissons. Dans le même ordre d’idées, 160,0millions de tonnes de lait cru étaient disponibles dans les fermes de l’UE, l’Allemagne enregistrant la part la plus élevée (20,3 %).
Des informations plus récentes sont disponibles concernant la production de viande : en 2023, l’UE a produit 20,6 millions de tonnes de viande porcine, une estimation de 12,5 millions de tonnes de de viande de volaille et 6,4 millions de tonnes de viande bovine. L’Espagne (23,6 %) et l’Allemagne (20,3 %) représentaient chacune plus d’un cinquième de la production de viande porcine produite dans l’UE. La Pologne avait une part similaire (22,0%) de la production de viande de volaille de l’UE, et la France (20,4%) pour la production de viande bovine.
En valeur, les exploitations agricoles françaises produisent 88,2 milliards d’euros de produits agricoles (31,4 milliards d’euros de productions animales et 56,9 milliards d’euros de productions végétales) en 2022. Avec une part de 17,9 % de la production en valeur de l’Union européenne (UE), la France est ainsi le premier producteur agricole européen. Outre la France, trois pays européens dominent : l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne (graphique suivant). À eux quatre, ces pays réalisent 54,2 % de la production animale et 58,4 % de la production végétale en 2022.
Les dix pays de l’Union européenne (UE) à plus forte production agricole en valeur
c) La consommation intermédiaire de l’agriculture de l’UE en 2023
La production agricole en 2023 a entraîné des coûts. Les agriculteurs devaient acheter des biens et des services destinés à être utilisés comme intrants dans le processus de production; ils ont acheté des articles tels que des semences, des engrais, des aliments pour animaux et du carburant pour leurs tracteurs, ainsi que des services vétérinaires, entre autres. Les coûts globaux ont reculé en 2023 (en raison de la baisse des coûts des engrais, des aliments pour animaux, de l’énergie et des lubrifiants), après avoir fortement augmenté en 2022 en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de l’instabilité qui en a résulté sur les marchés. Ces coûts des intrants sont appelés «consommation intermédiaire» dans un contexte comptable. La consommation intermédiaire du secteur agricole a atteint un total estimé à 311,5 milliards d’euros pour l’ensemble de l’UE en 2023, soit quelque 4,8 milliards d’euros de moins qu’en 2022.
Après la hausse rapide du prix global des biens et services consommés dans l’agriculture en 2022 (+ 32,5 %), il y a eu une baisse modérée en 2023 (estimée à – 4,3 %). Ce ralentissement s’explique par la baisse des prix des engrais et des amendements (estimée à -24,9 %), des aliments pour animaux (estimée à -6,7 %) et de l’énergie et des lubrifiants (estimée à -6,4 %). Néanmoins, les prix ont continué d’augmenter pour les dépenses vétérinaires (+16,7 %), l’entretien des bâtiments (+9,8 %), les produits phytopharmaceutiques (+8,1 %), l’entretien des matériaux (+7,7 %) et les semences et plants (+7,6 %), entre autres postes.
Certains coûts sont associés à l’élevage d’animaux; ils nécessitaient des aliments pour animaux, qui représentaient près des deux cinquièmes (39,1 %) de la consommation intermédiaire totale et des services vétérinaires (2,1 % de plus). De même, les agriculteurs avaient besoin de semences et de plantes (5,2 % du coût total) et de nombreux produits phytopharmaceutiques, herbicides, insecticides et pesticides utilisés (4,7 %), ainsi que d’engrais et d’amendements pour sols (7,5 %). D’autres coûts sont communs à tous les types d’exploitations, qu’elles soient spécialisées ou mixtes.
d) Performance du secteur agricole en matière de ressources
On peut tirer des CEA une indication générale de la performance de l’agriculture en matière de ressources en examinant l’évolution des «volumes» de production et des biens et services utilisés ou «consommés» en tant qu’intrants dans le processus de production. Ces volumes proviennent d’une décomposition des valeurs en composantes prix et volume. Ces volumes implicites ne sont pas des quantités; ils ne sont pas mesurés en kilogrammes ou en tonnes. Ils sont appelés «volumes» parce qu’ils capturent non seulement les changements liés à la quantité, mais aussi à la qualité et à la composition, ce qui est important de garder à l’esprit. En tant qu’indices, ils donnent un aperçu des tendances des volumes d’intrants et de produits, qui peuvent être utilisés pour certaines mesures de la productivité et du rendement.
Les variations du volume de la production de l’industrie agricole reflètent en grande partie les variations du volume des biens et services d’intrants utilisés
Pendant une grande partie de la période comprise entre 2008 et 2021, le volume de la production de l’industrie agricole de l’UE a connu une tendance à la hausse (augmentation totale de +10,1 %). Dans une large mesure, les volumes de production plus élevés ont été soutenus par l’augmentation du volume (+9,5 %) des biens et services entrants consommés (graphique suivan), ce qui laisse peu de signes d’un découplage de la croissance de la production et de l’utilisation des ressources au niveau de l’UE. En 2022 et 2023, les volumes de production ont diminué relativement fortement, mais la réduction de l’utilisation des biens et services intermédiaires a été encore plus marquée.
Indices de volume de la production agricole et de la consommation intermédiaire, (2008 = 100, UE, 2008-2023)
Parmi les pays de l’UE, il n’y avait pas non plus de suggestion d’un découplage apparent de la croissance de la production agricole de la croissance de la consommation intermédiaire, à quelques exceptions notables près. Entre 2008 et 2023, la production agricole en Allemagne a augmenté de 8,0 %, tandis que le volume de la consommation intermédiaire de biens et de services a diminué de 6,4 %. Cette divergence était également manifeste en Tchéquie, au Danemark et, dans une moindre mesure, en Hongrie. En Slovénie, une forte baisse de l’utilisation de la consommation intermédiaire (-16,7 %) a eu peu d’incidence sur le volume global de la production agricole (-0,3 %). En Finlande et en Slovaquie, les réductions considérables (-26,3 % et -15,2 %) de la consommation de biens et de services se sont accompagnées de taux de baisse beaucoup plus faibles (-6,1 % et -5,9 % respectivement) du volume de la production agricole. Il convient de garder à l’esprit que ces changements peuvent, en partie, refléter des changements dans la structure des branches agricoles dans ces pays ainsi qu’une utilisation plus efficace des ressources. En France la production reste quasi stable (-0,1% entre 20108 et 2023) et la CI diminue de 5%.
Évolution des indices de volume de la production agricole et de la consommation intermédiaire (%, 2008-2023)
3/ L’agriculture a contribué à hauteur de 1,4 % au PIB de l’UE en 2022, une part similaire à celle de 2005 [10].
La valeur ajoutée de l’agriculture de l’UE, qui correspond à la différence entre la valeur de tout ce que produit le secteur agricole et les coûts des services et des biens utilisés dans le processus de production, s’élevait à 189,4 milliards d’euros en 2021. Pour chaque euro dépensé pour le coût des biens et services utilisés dans le processus de production (appelé consommation intermédiaire), l’agriculture de l’UE a créé une valeur ajoutée de 0,73 euro. Néanmoins, cette valeur ajoutée relative en 2021 était inférieure à toutes les autres années depuis un pic relatif de 0,79 EUR en 2017.
En 2022, la valeur ajoutée de l’industrie agricole de l’UE était équivalente à 1,4 % du produit intérieur brut (PIB). Il s’agit du même ratio que celui enregistré en 2007. Le rapport entre la valeur ajoutée de la branche agricole et le PIB en 2022 était notamment plus élevé en Roumanie (3,6%) et en Grèce (3 %) que dans les autres États membres de l’UE. Dans 12 États membres, ce ratio était inférieur à 1,0 %. Les valeurs les plus faibles étaient de 0,3 % en Suède et de 0,2 % au Luxembourg.
Entre 2007 et 2022, ce ratio a augmenté dans 9 des États membres de l’UE. Les plus fortes augmentations, de l’ordre de 0,3 à 0,5 point de pourcentage, ont été enregistrées en Grèce, en Lituanie, en Lettonie, en Espagne et en Hongrie, Les baisses les plus importantes ont été enregistrées en Roumanie, en baisse de 1,2 points.
Valeur ajoutée brute de l’agriculture (% par rapport au PIB, 2007 et 2022)
Source : Eurostat
En 2022, le secteur agricole français avait le la valeur ajoutée la plus élevée parmi les États membres de l’UE, contribuant à 18,9 % du total de l’UE. L’Italie avait une part de 16,7 %, suivi de l’Allemagne avec 13,6 % et de l’Espagne avec 13,3 % ; aucun des autres États membres n’a enregistré une croissance à deux chiffres. En comparant 2007 à 2022, l’Espagne et l’Italie ont vu leur part dans la valeur ajoutée européenne diminuer de manière importante (en baisse de 3,2 et 1,6 points de pourcentage, respectivement). Les augmentations les plus importantes ont été enregistrées pour Allemagne (+ 3,1 points, traduisant une croissance très rapide en valeur ajoutée entre 2021 et 2022), l’Irlande et Pologne (tous deux en hausse de 1,1 point).
Valeur ajoutée brute du secteur agricole (% de part du total de l’UE, valeurs aux prix courants, 2007 et 2022)
Source : Eurostat
La France occupe ainsi la première place des volumes produits en blé tendre et maïs, en oléagineux, ou en betterave sucrière. Néanmoins, on observe une augmentation forte de la production dans certains Etats membres, à l’instar de la Roumanie en maïs (20 % de la production européenne), de l’Allemagne sur la betterave. En volailles de chair, la France a été dépassée par la Pologne et est talonnée par l’Espagne. En légumes, elle a été rattrapée par l’Espagne, devenue leader européen devant l’Italie, nous reléguant en 3e position, ex aequo avec les Pays-Bas et juste devant la Pologne. La dégringolade de la production française de fruits a également fait basculer la France au troisième rang européen derrière l’Espagne et l’Italie.
Part et rang de la France dans la production de l’UE pour différents produits agricoles en %
4/ Les évolutions de la production et des consommations intermédiaires depuis 2008
La valeur estimée de la production agricole en 2023 est restée inchangée en termes nominaux par rapport au niveau de 2022. Cela a permis de maintenir la valeur de la production à son apogée et de maintenir la tendance à la hausse amorcée en 2010 . Cette variation de la valeur nominale reflète en grande partie le solde d’une légère hausse du prix nominal des biens et services agricoles dans leur ensemble (estimation de +0,4 %) et d’une légère baisse du volume de la production (estimation de -0,4 %).
a) Les évolutions en valeur
Entre 2007 et 2022, la valeur ajoutée brute de l’agriculture de l’UE a augmenté globalement de 44,4 % en prix courants, correspondant à une augmentation de 56,6 % de la valeur des production moindre que l’augmentation de 66,3 % des CI. Sept États membres de l’UE – Irlande, Lituanie, Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Lettonie et la Pologne – ont enregistré une valeur ajoutée dans qui a au moins doublé. En Tchéquie, en Allemagne, en Suède, en Estonie, En Autriche et en Slovaquie, la valeur ajoutée a augmenté de plus de 50,0 % au cours de cette période, dans la plupart des cas plus vite que les CI. En France, les 3 variables ont augmenté à peu près au même rythme et une peu plus lentement que dans l’UE du moins pour la valeur ajoutée.
La stabilité de la valeur de la production de l’industrie agricole de l’UE en 2023 reflétait des contrastes frappants entre les pays de l’UE. Les taux d’augmentation de la valeur les plus élevés ont été enregistrés au Portugal (+ 16,7 % selon les estimations) et en Roumanie (+ 15,1 % selon les estimations), les baisses les plus fortes (environ 20 % pour l’ensemble des pays) ayant été enregistrées en Lettonie, en Lituanie et en Estonie.
Évolution de la production et de la consommation du secteur agricole en 2022 (2007 = 100)
b) Les évolutions en volume
Au cours de la période comprise entre 2007 et 2022, on a observé une tendance à la hausse du volume de production de la branche agriculture de l’UE (augmentation totale de +9,8 %). Dans une large mesure, la hausse des volumes de production a été étayée par la hausse du volume (+3,8 %) des biens et services intrants consommés (graphique suivant). Ces tendances à moyen terme laissent entrevoir peu de preuves d’un découplage de la croissance de la production de l’utilisation des ressources au niveau de l’UE. En effet, la baisse de l’utilisation des biens et services intermédiaires en 2022, alors que les prix ont généralement fortement augmenté en raison de la guerre en Ukraine, s’est accompagnée d’une baisse de la production agricole.
Indices de volume de la production agricole et de la consommation intermédiaire
(2007 = 100, UE, 2007-2022)
Parmi les pays de l’UE, il y avait également peu d’indications d’un découplage apparent de la croissance de la production agricole de la croissance de la consommation intermédiaire, à quelques exceptions notables près. Sur la période comprise entre 2007 et 2022, la production agricole en Belgique a augmenté de 14,5 % en même temps que le volume de la consommation intermédiaire a diminué de 35,4 %. Cette tendance s’est également manifestée au Danemark où la production agricole a augmenté de 24,4 % parallèlement à une réduction du volume des consommations intermédiaires (-5,6 %). Elle a également été notée en Bulgarie, en Allemagne et en Grèce. En Croatie et en Finlande, les réductions considérables (-26,4 % et -20,6 %) de la consommation de biens et de services se sont accompagnées de taux de baisse beaucoup plus faibles (respectivement -6,4 % et -5,0 %) du volume de la production agricole.
Évolution des indices de volume de la production agricole et de la consommation intermédiaire
(%, 2007-2022)
c) Les prix des céréales de l’UE ont continué de monter en flèche en 2022
L’instabilité persistante sur les marchés mondiaux, aggravée par la guerre en Ukraine, ainsi que la réduction globale de la production céréalière dans l’UE, ont poussé les prix des céréales encore plus haut qu’en 2021 (en hausse moyenne de 45,6 % en termes nominaux). L’accélération de la hausse des prix des céréales en 2022 est une évolution commune à tous les types de céréales : avoine (+58,2 %), seigle (+53,3 %), orge (+47,9 %), blé et épeautre (+46,3 %). ) et le maïs grain (+41,0 %). Le prix de l’ensemble des céréales en 2022 était le double de celui de 2015. La hausse du prix moyen des céréales après le troisième trimestre 2020 s’est accélérée jusqu’en 2022 (graphique suivant). Hormis une hausse temporaire des prix entre le troisième trimestre 2018 et le premier trimestre 2019, les prix ont par ailleurs été relativement stables à moyen terme jusqu’à la fin de 2020.
Évolution des indices des prix à la production des céréales, (2015 = 100, UE, 2015-2022)
Mais les prix des autres matières premières agricoles ont augmenté aussi. Derrière ces hausses se cache l’augmentation des coûts de production des agriculteurs : engrais, carburants, énergie. Dans les filières d’élevage, l’alimentation du bétail achetée à l’extérieur voit son coût flamber. Autres facteurs d’explication à la montée des prix : des tensions sur les marchés mondiaux, incertains quant aux disponibilités en grains dans le contexte de la guerre en Ukraine, mais aussi au niveau national et au sein de l’UE dans les filières d’élevage bovin et laitier face à la décrue des volumes collectés.
Variation des prix agricoles depuis 2015
5/ L’emploi
La main-d’œuvre agricole dans l’UE représentait l’équivalent de 7,6 millions de travailleurs à temps plein en 2023. La majorité de la main-d’œuvre agricole totale est constituée de main-d’œuvre non salariée; c’était l’équivalent de 5,3 millions de travailleurs à temps plein en 2023. La main-d’œuvre salariée représentait l’équivalent de 2,3 millions de travailleurs à temps plein en 2023. On observe depuis longtemps une tendance à la baisse du nombre de personnes travaillant dans le secteur agricole de l’UE; au cours de la période comprise entre 2008 et 2023, le taux moyen de diminution du volume de la main-d’œuvre agricole utilisée dans l’ensemble de l’UE était de 2,6 % par an. La tendance à la baisse s’est poursuivie en 2023, bien qu’estimée à un rythme plus lent (-1,3 %).
Le nombre d’exploitations agricoles dans l’UE a diminué au fil du temps, il en a été de même pour l’emploi agricole. La part de l’agriculture dans l’emploi l’UE est passée de 5,6 % en 2010 à 4,2 % en 2020. L’agriculture représentait une part particulièrement élevée de l’emploi total en Roumanie – plus d’une personne personne sur cinq (20,9 %) en 2020. La part de l’agriculture dans l’emploi total en 2021 était également relativement élevée en Bulgarie (15,5 %) et en Grèce (9,9 %). En revanche, elle représentait moins de 1,0 % de l’emploi total au Luxembourg et à Malte (0,7 % chacun). Entre 2010 et 2020/2021, la part de l’agriculture dans l’emploi total a diminué dans tous les pays de l’UE. Les baisses les plus importantes ont été observées en en Roumanie (-10,8 points de pourcentage ; 2010-2020) et en Croatie (baisse de 6,4 points ; 2010-2021).
La tendance à la baisse du volume de main-d’œuvre agricole dans l’UE s’est poursuivie en 2021, soit l’équivalent de 7,9 millions de travailleurs à temps plein. La majeure partie de la main-d’œuvre agricole totale est non salariée. C’était l’équivalent de 5,5 millions de travailleurs à temps plein en 2021. La main-d’œuvre salariée était l’équivalent de 2,3 millions de travailleurs à temps plein en 2021.
La main-d’œuvre agricole totale a fortement diminué dans presque tous les pays de l’UE (-2,6% par an et -1,3% par en France) au cours de la période de 15 ans comprise entre 2008 et 2023 (graphique suivant); les baisses les plus marquées ont été enregistrées en Bulgarie (-7,6 % par an en moyenne), en Slovaquie (-5,4 % par an), en Roumanie (-4,8 % par an) et en Estonie (-4,2 % par an). Cette contraction de la main-d’œuvre agricole reflète à la fois des facteurs d’incitation et des facteurs d’attraction; il y a eu de grands progrès en matière de mécanisation et d’efficacité, d’une part, et un choix plus large de possibilités d’emploi attrayantes dans d’autres secteurs de l’économie, d’autre part. Les principales exceptions à cette tendance générale sont Malte (+1,6 % par an en moyenne), l’Irlande (+0,4 % par an en moyenne) et les Pays-Bas (+0,1 % par an en moyenne).
La contraction de la main-d’œuvre non salariée totale entre 2008 et 2023 a été plus prononcée que pour la main-d’œuvre salariée au niveau de l’UE dans son ensemble (-3,4 % par an en moyenne contre -0,1 % par an). Au cours de cette période, l’utilisation de la main-d’œuvre salariée a augmenté au Luxembourg (+2,7 % par an en moyenne), en Irlande (+2,5 % par an en moyenne), en Autriche (+2,4 % par an en moyenne), en Croatie (+2,1 % par an en moyenne), au Danemark et en Belgique (tous deux +1,8 % par an en moyenne), entre autres. En revanche, l’utilisation de la main-d’œuvre salariée a fortement diminué en Slovaquie (-3,8 % par an en moyenne), en Grèce (-3,0 % par an en moyenne), en Slovénie (-2,3 % par an en moyenne) et en Tchéquie et à Malte (-2,0 % par an en moyenne dans les deux cas).
Main-d’œuvre agricole (%, taux de variation annuel moyen, 2008-2023)
Emploi dans l’agriculture, la chasse et les services connexes (part en % de l’emploi total, 2010 et 2021)
Source : Eurostat
6/ Productivité du travail et revenu agricole
La performance économique de la branche agricole peut également être mesurée en termes de valeur ajoutée nette au coût des facteurs, appelée revenu des facteurs. C’est la rémunération de tous les facteurs de production, tels que le travail et le capital. Le revenu des facteurs peut être présenté par rapport à l’emploi et peut alors être considéré comme mesure partielle de la productivité du travail. Il faut veiller aux emplois à temps partiel, saisonniers et non rémunérés (souvent familial) de travail. Le revenu agricole, tel que défini par le revenu des facteurs (réels) déflaté par UTA et exprimé sous la forme d’un indice (appelé indicateur A).
Le revenu agricole, tel que défini par le revenu (réel) des facteurs déflaté par UTA et exprimé sous la forme d’un indice (appelé indicateur A), pour l’ensemble de l’UE en 2023 était inférieur de 5,4 % à celui de 2022. Cela reflète un niveau de revenu des facteurs inférieur de -6,7 % à celui de 2022, qui a été atteint théoriquement par une main-d’œuvre agricole totale plus faible (-1,3 %).
Les baisses les plus marquées ont été enregistrées en Estonie (-64,4 % selon les estimations), en Irlande (-32,9 %), en Lituanie (-31,1 %) et en Suède (-30,6 %). Seuls quelques pays de l’UE ont vu leurs revenus agricoles augmenter en 2023, les taux les plus élevés étant enregistrés en Belgique (+16,0 %), puis en Espagne (+12,4 %).
Le revenu agricole par UTA pour l’ensemble de l’UE a diminué en 2023, stoppant la tendance à la hausse depuis un niveau relativement bas en 2009. Pendant la majeure partie de cette période, cette évolution a reflété un niveau relativement stable du revenu des facteurs, qui s’est accompagné d’une contraction continue de la main-d’œuvre agricole.En 2023, toutefois, le revenu des facteurs a connu une baisse relativement forte.
Malgré la baisse enregistrée en 2023 par rapport à 2022, le revenu agricole par UTA pour l’ensemble de l’UE est resté supérieur de 69 % à celui enregistré en 2008 quinze ans auparavant. Au cours de la même période, le revenu des facteurs a augmenté de 13,9 %, mais la main-d’œuvre agricole a diminué de 32,6 %.
L’évolution du revenu agricole par UTA en France est nettement en dessous de la croissance de l’UE : + 43% entre 2008 et 2023 contre +69% dans l’UE. Jusqu’en 2015, l’évolution est la même. C’est à partir de 2015 que l’écart se creuse : 36,2% pour l’UE entre 2015 et 2023 contre +14,4% pour la France avec notamment une diminution plus forte en 2023 en France : -14,4% contre -5,3% dans l’UE. Le graphique suivant montre l’évolution du revenu agricole par UTA entre 2022 et 2023 à partir de l’année 2022 ‘base 100 en 2015). Pour la France, l’indice passe de 133,6 à 114,4 (base 100 en 2015).
Revenu agricole par unité de travail annuel et caractéristiques clés (2015 = 100, UE, 2008-2023)
Revenu agricole par unité de travail annuel : indicateur A (2015 = 100, 2022-2023)
7/ Le coefficient budgétaire des produits agro-alimentaires
Les dépenses de consommation des ménages peuvent être classées par finalité de consommation selon la nomenclature COICOP (Classification Of Individual COnsumption by Purpose). Les catégories de la COICOP des produits agro-alimentaires au niveau à deux chiffres sont les suivantes : 01 – Aliments et boissons non alcoolisées. Mais Eurostat distingue les seuls produits alimentaires. Le coefficient budgétaire de ces produits (rapport de leur consommation à la consommation totale) de l’UE est de 12,2% en 2022 (12,1% en France). Il est plus élevé en Pologne mais baisse fortement depuis 2000 (16,2% en 2022). Il n’y a que dans les pays de l’est de l’UE et en Italie que le coefficient est plus élevé qu’en France. Il baisse légèrement en France depuis 2000 alors qu’il est stable dans l’UE
Coefficicients budgétaires en valeur des produits agro-alimentaires dans l’UE en %
Ce coefficient ne prend pas en compte les boissons et les dépenses de restauration. La part de l’alimentation dans les dépenses de consommation des ménages en France est ainsi de l’ordre de 20% en France en 20% en 2022 avce un poids non négligeables pour le poste r « cantine, restauration » (graphique suivant).
Part de l’alimentation dans les dépenses de consommation des ménages de 1960 à 2022
8/ Profil structurel des exploitations agricoles dans l’UE
Il y avait 9,1 millions d’exploitations agricoles dans l’ UE en 2020, dont la grande majorité (environ 93 %) peuvent être classées comme des exploitations familiales fonctionnant comme des entreprises familiales dans lesquelles l’exploitation est transmise de génération en génération. En effet, les exploitations familiales dominent la structure de l’agriculture européenne en termes de nombre, de contribution à l’emploi agricole et, dans une moindre mesure, de superficie de terres qu’elles cultivent et de valeur de la production qu’elles génèrent.
En 2020, l’Union européenne regroupe 9 millions d’exploitations (graphque suivant gauche). La Roumanie en concentre 32 %, suivie par la Pologne (14 %), l’Italie (12 %), puis l’Espagne (10 %). La France se classe au 6e rang, avec 4 % des exploitations européennes. En dix ans, 3 millions d’exploitations ont disparu en Europe, principalement dans les pays de l’Est (dont 1 million en Roumanie) et ceuxdu bassin méditerranéen (Italie, Grèce, Croatie). Moins nombreuses, mais de plus grande taille, les exploitations d’Europe occidentale génèrent plus de la moitié du potentiel de production agricole européen mesuré par la production brute standard (PBS) et donc un chiffre d’affaires moyen (approché par la PBS moyenne) plus élevé (graphique suivant droite). La France réalise 18 % de la PBS, l’Italie 16 %, l’Allemagne 13 % et l’Espagne 12 %.
Nombres d’expoloitations et production par exploitation dans l’UE
Une exploitation familiale est exploitée par un ménage, où la main-d’œuvre fournie provient en grande partie de ce ménage. Une division plus détaillée peut être faite entre les exploitations où la main-d’œuvre était exclusivement assurée par la famille (exploitations avec uniquement des travailleurs familiaux) et celles où 50 % ou plus (mais pas 100 %) de la main-d’œuvre étaient des travailleurs familiaux.
Près de six exploitations agricoles sur dix (environ 57 %) dans l’UE étaient entièrement exploitées par l’exploitant et les membres de sa famille. Dans 36 % des exploitations, le travail familial représentait au moins la moitié de la main d’œuvre totale de l’exploitation. Les exploitations non familiales ne représentaient que 7 % de toutes les exploitations agricoles de l’UE en 2020.
Les exploitations familiales représentaient au moins 80 % de toutes les exploitations agricoles dans tous les États membres de l’UE sauf deux en 2020 (graphique suivant) ; les exceptions étaient l’Estonie (environ 65 %) et la France (environ 58 %), où la part des exploitations non familiales dans l’ensemble des exploitations était nettement plus élevée qu’en 2010.
Répartition des exploitations, 2020 (% des exploitations agricoles)
Une nette majorité de la main-d’œuvre utilisée dans les exploitations agricoles pour les activités agricoles était effectuée dans des exploitations familiales dans la plupart des États membres, mais pas dans tous. Ce n’est le cas qu’en Estonie (42 %), en France (40 %), en Tchéquie (34 %) et en Slovaquie (29 %) (graphique suivant).
Répartition de la population active agricole, 2020 (%)
Les exploitations familiales représentaient également la grande majorité de la valeur de la production agricole produite par le secteur agricole dans de nombreux États membres (la moyenne de l’UE étant d’environ 56 %). En effet, les exploitations familiales ont généré plus de 80 % de la production agricole standard en Grèce, à Malte, au Luxembourg, en Pologne et en Autriche (graphique suivant). Toutefois, les exploitations familiales génèrent moins de 25 % de la production agricole standard en Slovaquie, en Estonie, en Tchéquie et en France.
Répartition de la production standard par type d’exploitation, 2020 (% de la production standard totale)
X – AGRICULTURE ET ENVIRONNEMENT
Les questions d’environnement sont multiples. On en étudie ici de nombreuses: utilisations de la surface agricole et érosions de sols, consommations de produits chimiques, émissions de CO2, agriculture biologique, haies, eau, etc ….
1/ Les modes de culture
Les agriculteurs utilisent leur connaissance du climat et des facteurs agronomiques (comme le sol), entre autres facteurs, pour déterminer quoi cultiver ou quels animaux élever. Cela se prête à une certaine concentration des types d’agriculture dominants dans certaines régions, et ces grappes peuvent être représentées sur des cartes.
a) les terres arables occupent la plus grande partie de la SAU
La superficie utilisée pour la production agricole, connue sous le nom de superficie agricole utilisée (SAU), était de 157,4 millions d’hectares en 2020 dans l’ ensemble de l’UE. C’était 1,5 million d’hectares de moins qu’en 2010.
Parmi les principaux types d’occupation des sols agricoles, les terres cultivables représentaient la majorité de la surface agricole utilisée (62,3 % en 2020 – graphique suivant), couvrant 98,1 millions d’hectares. Les prairies et prairies permanentes couvraient 48,0 millions d’hectares supplémentaires, les cultures permanentes (vergers, bosquets et vignes par exemple) couvraient 11,1 millions d’hectares et les jardins potagers 0,2 million d’hectares.
Entre 2010 et 2020, la superficie des terres arables dans l’UE est restée stable (une légère augmentation de 0,1 million d’hectares). La baisse globale de la superficie agricole utilisée est principalement due à une diminution de 2,0 millions d’hectares de prairies permanentes, bien qu’il y ait également une diminution de 0,1 million d’hectares dans la superficie des jardins potagers (ce qui représente une forte baisse de 41,4 % pour ce type d’utilisation des terres). ). En revanche, il y a eu une augmentation notable de 0,5 million des terres consacrées aux cultures permanentes.
Type d’utilisation des terres agricoles, (part en % de la surface agricole utilisée, UE, 2020)
Source : Eurostat
b) Analyse par pays
La France comptait 17,0 millions d’hectares de terres cultivables en 2020, soit l’équivalent de 17,4 % des terres cultivables totales de l’UE. L’Espagne et l’Allemagne possédaient chacune 11,7 millions d’hectares de terres arables et la Pologne 11,1 millions d’hectares. Ces quatre pays de l’UE représentaient un peu plus de la moitié (52,6 %) de la superficie arable de l’UE.
La France comptait également 9,3 millions d’hectares de prairies permanentes en 2020, soit l’équivalent de 19,4 % de la superficie totale des prairies permanentes de l’UE. L’Espagne possédait 7,5 millions d’hectares de prairies permanentes, l’Allemagne 4,7 millions d’hectares et la Roumanie et l’Irlande 3,7 millions d’hectares. Ces cinq pays de l’UE représentaient environ 60 % de la superficie totale des prairies permanentes de l’UE.
L’Espagne comptait 4,7 millions d’hectares de cultures permanentes en 2020, soit l’équivalent de 41,8 % du total de l’UE. L’Italie avait 2,2 millions d’hectares de cultures permanentes et la France 1,0 million d’hectares. Ensemble, ces trois pays de l’UE représentaient environ 70 % de la superficie des cultures permanentes de l’UE.
En revanche, plusieurs États membres ayant de faibles parts de terres arables ont signalé des parts élevées de prairies et prairies permanentes. La proportion de loin la plus élevée a été observée en Irlande (75,4 %). Parmi les autres pays où les prairies et prairies permanentes couvraient plus de la moitié de la SAU, citons la Slovénie (57,8 %), le Portugal (51,7 %) et le Luxembourg (51,6 %). En Irlande, en Slovénie et au Luxembourg, ces parts élevées se reflètent dans la part relativement élevée de bovins dans le cheptel. Moins de 2 % de la SAU était occupée par des prairies et prairies permanentes à Malte, en Finlande et à Chypre.
Les pays méditerranéens avaient tendance à avoir des proportions plus élevées de SAU comme cultures permanentes ; à l’extrémité supérieure, les parts allaient de 17,4 % de la SAU en Italie à 22,0 % à Chypre, l’Espagne, la Grèce et le Portugal se situant entre les deux. La part des cultures permanentes dans la SAU était inférieure à 2 % dans douze pays de l’UE.
Type d’utilisation des terres agricoles, (part en % de la surface agricole utilisée, pays de l’UE, 2020)
Les céréales occupaient un peu plus de la moitié (53,7 %) des terres cultivables de l’UE en 2020, les cultures fourragères environ un cinquième (20,5 %) et les cultures industrielles et autres cultures réunies représentant un quart supplémentaire .
Les céréales représentaient également la majorité des terres cultivables dans 16 pays de l’UE en 2020, les parts les plus élevées étant en Pologne (67,0 %), la Roumanie (62,6 %) et la Lituanie (62,1 %), ainsi que les parts minoritaires les plus élevées dans quatre autres. Les cultures fourragères représentaient également la majorité des terres arables en Irlande (72,1 %) et représentaient également la part la plus élevée au Portugal (46,4 %) et en Suède (45,3 %). Ce n’est qu’aux Pays-Bas que les «autres cultures», telles que les fleurs et les plantes ornementales, représentaient la part la plus élevée (41,3 %).
c) Superficie fourragère – la base de la production animale
Parmi les pays de l’UE, les parts de superficie fourragère les plus élevées en SAU ont été constatées en Irlande (93,3 %), au Luxembourg (75,2 %) et en Slovénie (69,3 %). En revanche, les parts de superficie fourragère les plus faibles dans la SAU ont été enregistrées en Hongrie (22,0 %), en Bulgarie (26,7 %), en Pologne et au Danemark (27,3 % chacun).
Les régions NUTS 2 avec des parts de superficie fourragère particulièrement élevées (plus de 95 %) se trouvent principalement dans des régions montagneuses : Vorarlberg, Salzbourg et Tirol en Autriche ; Vallée d’Aoste en Italie ; la région nord et ouest de l’Irlande ; Cantabrie en Espagne ; et la Região Autónoma dos Açores au Portugal. L’exception était Utrecht aux Pays-Bas.
Plusieurs régions présentant une faible part de superficie fourragère se trouvaient autour des capitales (par exemple Paris, Bucarest, Copenhague, Prague et Vienne). Les régions présentant les parts les plus faibles étaient la Región de Murcia (2,4 %) en Espagne, Bucuresti-Ilfov (6,1 %) en Roumanie et les régions françaises de Mayotte (6,5 %) et de l’Île de France (6,6 %).
Superficie fourragère (% de part dans la surface agricole utilisée, régions NUTS 2, 2020)
Source : Eurostat (Enquête sur la structure des exploitations agricoles)
2/ L’utilisation des pesticides et des engrais
a) Les pesticides
Les pesticides (fongicides, insecticides, herbicides,…) ne constituent pas tous les produits chimiques du tableau précédent, utilisés par l’agriculture, loin s’en faut (exemple : engrais et produits sanitaires pour animaux).
En 2021, les États membres de l’UE utilisaient en moyenne 3,2 kg de pesticides par hectare de terre cultivée (contre 3,13 kg en 2019). Un chiffre qui, s’il a relativement peu évolué depuis plus de 30 ans, cache d’importantes disparités entre les pays.
Premier utilisateur de pesticides en Europe, la France est le troisième consommateur mondial derrière les États-Unis et le Japon. L’Hexagone est également le premier producteur agricole européen, le premier producteur de maïs (culture consommatrice d’herbicide), et dispose de 28.4 millions d’hectares cultivés soit 22 % de la SAU totale (surface agricole utilisée). Mais cet indicateur ne tient pas compte de la surface cultivée dans chaque pays.
Les écarts d’utilisation de pesticides sont élevés entre pays européens. Ainsi, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ce sont les Pays-Bas qui utilisent le plus de pesticides dans l’UE avec 10,86 kg par hectare (10 000 m²) de terres cultivées en 2021. Rapportée au nombre d’hectares cependant, la France (3,6 kg/ha et 3,45 en 2020) se situe dans la moyenne européenne (3,2 kg/ha). L’Italie (5,38 kg/ha) et l’Espagne (4,59 kg/ha) et l’Allemagne (4,14 kg/ha) se situent quant à elles au-delà de cette moyenne.
Enfin, la Roumanie (0,62 kg/ha), la Suède (0,73 kg/ha), la Lituanie (1,12 kg/ha) et la Slovaquie (1,21 kg/ha) sont quant à eux les pays qui en utilisent proportionnellement le moins.
Les ventes de pesticides représentent un autre indicateur : elles sont déclarées pour six grands groupes de substances. Les «fongicides et bactéricides» et les «herbicides, destructeurs de transport et tueurs de mousse» ont été les groupes de pesticides qui ont enregistré les volumes de ventes les plus élevés chaque année au cours de la période de référence (tableau suivant). Quatre pays de l’UE (Allemagne, Espagne, France et Italie) ont enregistré les volumes les plus élevés vendus dans la plupart des grands groupes. Ces pays sont également les principaux producteurs agricoles de l’UE, avec collectivement 51 % de l’ensemble de l’UE.
Entre 2011 et 2022, les ventes de pesticides dans l’UE ont diminué (graphique suivant). Les ventes de 322 000 tonnes en 2022 ont représenté un niveau relativement faible depuis 2011. La forte baisse (environ -10 %) des ventes par rapport à 2021 s’explique au moins en partie par la hausse des coûts des pesticides, en particulier en raison de la guerre en Ukraine et de l’instabilité qui en résulte sur les marchés. Cela renforce le fait que les fluctuations des ventes de pesticides, qui dépendent également des conditions agrométéorologiques et économiques existantes, doivent être interprétées avec une certaine prudence.
Ventes de pesticides (tonnes, 2011 et 2022)
Évolution des ventes de pesticides en pourcentage dans certains pays de l’UE de 2011 à 2022 en %
b) Les consommations d’engrais
Il convient de noter que les sources de données sur la consommation d’engrais ne sont pas harmonisées dans les États membres et peuvent varier entre : enquêtes agricoles, statistiques de production/commerce, statistiques de ventes, registres administratifs, etc. Ainsi, dans certains pays, les statistiques officielles sur L’utilisation d’engrais minéraux en tant que telle est estimée sur la base de différents types de données disponibles.
La période de référence est l’année civile, mais dans certains cas, les pays déclarent des données basées sur la campagne agricole. Dans de tels cas, aucune correction n’est actuellement apportée.
La consommation d’engrais minéraux est indiquée par l’évolution de la consommation des nutriments azote (N) et phosphore (P) contenus dans les engrais minéraux par l’agriculture au fil du temps. La quantité d’engrais minéraux – azote (N) et phosphore (P) – utilisée dans la production agricole de l’UE (ci-après appelée « consommation ») était de 10,9 millions de tonnes en 2021. Cela représente une diminution de 6,4 % par rapport au sommet relatif de 2017. Le niveau de 2021 est un peu plus élevé que celui de 2012 (10,6 millions de tonnes).
Les pays qui comptent parmi les plus grands producteurs agricoles de l’UE et qui possèdent les plus grandes superficies agricoles utilisées ont tendance à utiliser le plus d’engrais azotés dans la production agricole (tableau suivant) : France (2,0 millions de tonnes en 2021), Allemagne (1,3 million de tonnes en 2021), Pologne (1,0 million de tonnes en 2020) et Espagne (1,0 million de tonnes en 2021).
Entre « 2012 » et « 2020 », l’utilisation d’engrais azotés dans l’agriculture a augmenté dans la majorité des pays de l’UE (voir figure 4). Les augmentations en Bulgarie et en Roumanie (toutes deux d’environ 50 %) doivent être considérées comme défavorables à ces pays, partant d’un niveau relativement faible par rapport à la moyenne de l’UE
Au cours de cette période, l’utilisation accrue d’engrais azotés dans l’agriculture dans certains pays de l’UE a été largement contrebalancée par des réductions dans d’autres. Compte tenu de la taille de son secteur agricole, la baisse en Allemagne (-21,6 % entre « 2012 » et « 2020 ») a été cruciale pour maintenir la consommation globale de l’UE aussi similaire en « 2020 » à celle de « 2012 ».
Consommation d’engrais azotés dans l’agriculture (en milliers de tonnes, 2011-2021)
Évolution globale de la consommation d’engrais azotés dans l’agriculture (% de variation, 2011-2021)
La consommation totale de phosphore en 2021 était également la plus élevée parmi les plus grands producteurs agricoles de l’UE (voir tableau 2) : France (189 000 tonnes), Espagne (173 000 tonnes), Pologne (157 000 tonnes en 2020), Roumanie (103 000 tonnes ), l’Italie (100 000 tonnes) et l’Allemagne (84 000 tonnes).
Consommation d’engrais phosphorés dans l’agriculture (milliers de tonnes, 2011-2021)
3/ Les émissions agricoles de CO2 et autres polluants
a) En France
En 2022, avec 42,6 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2 eq) de CH4 , 22,5 Mt CO2 eq de N2 O et 10,9 Mt de CO2, les rejets de l’agriculture représentent 19 % des émissions nationales de gaz à effet de serre (GES), soit le deuxième secteur d’activité le plus émetteur après les transports (30 %). L’agriculture est le principal contributeur aux émissions nationales de N2 O (87 %) et CH4 (70 %). Celles de CH4 (56 % des émissions de GES de l’agriculture) proviennent de l’élevage de ruminants, principalement bovins (84 %), ovins et caprins.
La stratégie nationale bas carbone (SNBC) vise une division par deux des émissions de GES du secteur agricole entre 1990 et 2050. Entre 1990 et 2022, elles ont diminué de 13 %, contre 25 % pour l’ensemble des secteurs d’activités. Les émissions de l’agriculture devront baisser quatre fois plus vite entre 2022 et 2050 pour atteindre les objectifs de la SNBC
Principales contributions de l’agriculture dans les émissions nationales de GES et de polluants atmosphériques en 2022
Émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur de l’agriculture de 1990 à 2022
b) En Europe
Sur le total des émissions de GES en 2021, environ 11 % ont été émis par le secteur agricole. Sur la période 1990 à 2021, ce secteur a réduit ses émissions de 106 millions de tonnes d’équivalent CO 2 , ce qui correspond à -22 % par rapport à 1990. Le graphique suivant montre les émissions de GES en 1990 et 2021 pour différentes activités agricoles.
Émissions de gaz à effet de serre provenant de l’agriculture, UE, 1990 et 2021 (millions de tonnes d’équivalent CO 2 )
Les émissions dues à la fermentation entérique (méthane), la fermentation des aliments pendant le processus digestif des animaux, ont été réduites de 54 millions de tonnes d’équivalent CO 2 , soit 23 % des émissions de GES de 1990. La plus grande part des émissions de GES dues à la fermentation entérique, 85 %, provient du système digestif des bovins. Ces émissions ont diminué de 22 % depuis 1990, mais la diminution des émissions de GES s’est principalement produite au cours de la première décennie. La réduction des émissions pour les années 2001 à 2021 n’est que de 7 %, alors que le cheptel bovin, qui comprend les bovins, les buffles et les bœufs, a diminué de 11 %. D’après les données disponibles, les données sur l’élevage montrent une baisse d’environ un quart entre 1990 et aujourd’hui.
Tous les systèmes digestifs ne produisent pas autant de méthane que celui du bétail. Par exemple, le nombre de porcs dans l’UE est presque deux fois supérieur à celui des bovins, comme le montre la figure 15. Pourtant, la fermentation entérique du porc ne représente que 2 % des émissions totales de GES liées à la fermentation entérique.
Les émissions liées à la gestion du fumier ont diminué de 17 millions de tonnes d’équivalent CO 2 , soit 21 %. Les émissions de GES liées à la gestion du fumier sont estimées sur la base de statistiques sur l’élevage ou de données sur l’utilisation du système de gestion du fumier. Il s’agit notamment des émissions de méthane (deux tiers en moyenne) et d’oxyde d’azote (un tiers en moyenne).
La quantité d’azote provenant de la production de fumier de porc a diminué plus que la quantité d’azote provenant de la production de fumier de bovins au cours de ces années. Des données plus détaillées provenant des inventaires d’émissions de GES montrent que la réduction des émissions de GES liées à la gestion du fumier est en ligne avec les changements dans la quantité d’azote dans la production de fumier : les émissions de GES liées à la gestion du fumier de porc ont diminué de plus que les émissions de GES liées à la gestion du fumier de bétail au cours de la même période. ces années.
4/L’agriculture biologique
La superficie totale de l’agriculture biologique (hors jardins potagers) dans l’UE était estimée à 15,9 millions d’hectares (ha) en 2021, contre 14,7 millions d’hectares en 2020. La part de l’agriculture biologique varie de 2,2 % ou moins à Malte, en Bulgarie et en Irlande à 19,3 % au Portugal,, 19,9 % en Suède, 23,4 % en Estonie et 25,7 % en Autriche. En Bulgarie, au Luxembourg, en Roumanie et en l’Irlande, la croissance de la superficie réservée aux cultures biologiques a dépassé 10,0 % entre 2021 et 2022.
Superficie des cultures biologiques (%, part de la superficie agricole utilisée, 2022)
Les superficies biologiques ont connu une expansion rapide et forte dans l’UE : entre 2012 et 2021, il y a eu une augmentation de 6,5 millions d’hectares, soit une augmentation de 68 % (tableau suivant). La superficie totale en bio est la somme de la « superficie en conversion » et de la « superficie certifiée ». Avant qu’une superficie puisse être certifiée « biologique », elle doit subir un processus de conversion, qui peut prendre 2 à 3 ans selon la culture . Par conséquent, les données sur les superficies « en conversion » donnent une indication du changement potentiel dans les « superficies entièrement certifiées ». L’un des principaux objectifs de la Commission européenne est d’encourager le développement des zones d’agriculture biologique, qui devraient représenter 25 % des terres agricoles de l’UE d’ici 2030.
La France comptait 2,8 millions d’hectares de terres consacrées à la production agricole biologique en 2021, la plus élevée parmi les pays de l’UE. Viennent ensuite l’Espagne avec 2,6 millions d’hectares de superficie biologique, l’Italie avec 2,2 millions d’hectares et l’Allemagne avec 1,6 million d’hectares. Ces quatre pays de l’UE représentaient ensemble près des trois cinquièmes de la superficie biologique totale de l’UE en 2021 (graphique suivant) : la France (17,4 %), l’Espagne (16,6 %), l’Italie (13,7 %) et l’Allemagne (10,1 %).
Entre 2012 et 2021, la superficie agricole consacrée à l’agriculture biologique a augmenté dans presque tous les pays de l’UE. La superficie a presque quadruplé au Portugal et en Croatie au cours de cette période, soit les taux d’augmentation les plus élevés au sein de l’UE. Elle a également augmenté rapidement en France (+169 %) et a également plus que doublé en Hongrie et en Roumanie.
Superficie biologique totale (entièrement convertie et en conversion), par pays, 2012 et 2021
Part de la superficie biologique totale de l’UE (entièrement convertie et en cours de conversion), 2021
Entre 2012 et 2021, la part de la superficie totale biologique dans la superficie agricole utilisée (SAU) de l’UE est passée de 5,9 % à environ 9,9 % (9,7% en France) .
Les pays avec les parts les plus élevées de superficies agricoles biologiques dans la SAU totale en 2020 étaient l’Autriche (26 % en 2020), l’Estonie (23 % en 2021) et la Suède (20 % en 2021). Le Portugal, L’Italie, la Finlande, la Tchéquie, la Lettonie, le Danemark, la Slovénie, l’Espagne et la Grèce affichaient également des parts supérieures à 10 % en 2021. En revanche, la part de l’agriculture biologique était inférieure à 5 % dans six pays de l’UE en 2021, avec les parts les plus faibles. en Bulgarie (1,7 %) et à Malte (0,6 %).
Plus de 90 % des superficies de cultures biologiques étaient déclarées certifiées en Suède, aux Pays-Bas, en Tchéquie et en Estonie en 2021. Dans 18 autres pays, la part de « certifié biologique » se situait entre 70 % et 90 % de leurs superficies de cultures biologiques. Les proportions de superficies certifiées les plus faibles ont été enregistrées à Malte (66,7 %), en Roumanie (59,6 %) et au Portugal (33,4 %), ce qui souligne le potentiel de croissance supplémentaire des superficies certifiées dans ces pays au cours des années à venir. En effet, les mesures nationales de soutien au Portugal ont permis de décupler la superficie biologique « en conversion » entre 2020 et 2021, passant de 50 000 hectares à 511 000 hectares. En raison de la période de conversion de 2 à 3 ans des terres agricoles, une part élevée de superficie en conversion est nécessaire pour éviter une stagnation de la croissance de la superficie certifiée biologique.
Superficie biologique, 2021, (part en % de la superficie agricole totale utilisée)
Il existe une grande diversité dans l’orientation de la production biologique dans les pays de l’UE. La zone de production agricole est divisée en trois grands types d’utilisation : les cultures des terres arables (principalement céréales , tubercules, légumes frais, fourrages verts et cultures industrielles), les prairies permanentes (pâturages et prairies) et les cultures permanentes (arbres fruitiers et baies, oliveraies et vignobles).
En 2021, la superficie des terres arables biologiques représentait plus de la moitié de la superficie totale de l’agriculture biologique dans 14 pays de l’UE. En revanche, les pâturages et les prairies biologiques représentaient plus de la moitié de la superficie totale de l’agriculture biologique dans 10 pays de l’UE distincts (graphique suivant). Même si les superficies consacrées aux cultures permanentes biologiques ne représentaient pas la majorité de la superficie agricole biologique totale dans aucun pays de l’UE, elles représentaient néanmoins plus de 20 % dans cinq pays de l’UE.
Les cultures arables biologiques représentaient la grande majorité des superficies agricoles biologiques en Finlande (99,1 %), au Danemark (83,1 %) et en Pologne (78,6 %). Cela contraste fortement avec la Tchéquie, l’Irlande et la Slovénie, où environ 80 % de leurs superficies agricoles biologiques totales étaient constituées de pâturages et de prairies biologiques.
Cultures biologiques sur terres arables, prairies permanentes (pâturages et prairies) et cultures permanentes, 2021 (% de la superficie biologique totale – entièrement convertie et en cours de conversion)
5/ L’eau et l’irrigation
a) Agriculture et prélèvements d’eau douce en France
Arythmie de la pluviométrie, évapotranspiration plus importante, épisodes de sécheresse plus précoces, plus fréquents et plus intenses, risques d’abats d’eau, risques d’incendies… : le changement climatique a une incidence très forte sur le cycle de l’eau et par ricochet sur tous les services rendus par la ressource, à savoir la fourniture d’eau potable, la préservation des milieux (cours d’eau, zones humides…), les activités industrielles (refroidissement des centrales nucléaires) et bien entendu l’agriculture. : elle est, et demeurera, une agriculture pluviale, qui dépend donc des précipitations, à plus de 90%.
En France métropolitaine, les précipitations apportent en moyenne 512 milliards de m3 d’eau par an, soit 932mm. L’évaporation s’élève à 307 milliards de m3 (60 %), ce qui réserve un volume de pluies efficaces de 205 milliards de m3 qui s’infiltrent dans le sol pour rejoindre les nappes phréatiques (24 %) et alimenter les cours d’eau (16 %). Sur la période 2010/2019, 32,8 milliards de m3 ont été prélevés (rivières, lacs, et nappes souterraines), dont 80% en eau de surface. L’énergie (notamment refroidissement des centrales nucléaires) représente 51% des prélèvements d’eau, devant la production d’eau potable (16%), l’alimentation des canaux (16%), les usages agricoles (9%) et les usages industriels (8%).
Sur la période 2010‑2020, les prélèvements pour usages agricoles varient sensiblement selon les années. Ils atteignent ainsi un point bas en 2014, avec 2,1 milliards de m3 , dans un contexte de forte pluviométrie estivale, et un point haut en 2020 (3,4 milliards de m3 ), année marquée par une forte sécheresse estivale sur une large partie du territoire. Les prélèvements d’eau pour les usages agricoles sont les plus élevés dans la moitié sud du pays et, dans une moindre mesure, dans le Centre‑Ouest.
Prélèvements d’eau douce pour les usages principalement agricoles de 2010 à 2020
Prélèvements d’eau douce pour l’agriculture par sous-bassin hydrographique en 2020
Mais en terme de consommation (solde entre prélèvements et restitution dans le milieu), la France a consommé en moyenne 4,1 milliards de m3 par an, avec en tête l’irrigation (58%), devant la production d’eau potable (26%), le refroidissement des centrales nucléaires (12%) et l’industrie (4%). La consommation moyenne d’eau potable par habitant et par jour s’élève à 148 litres.
Environ 75 000 agriculteurs, soit 1 sur 6, ont recours à l’irrigation sur une surface totale de 1,8 million d’hectares est irrigué, soit 6,8% de la Surface agricole utile (SAU) contre 6% en 2010 selon le recensement agricole de 2020. Si moins de 1% des surfaces sont irriguées dans le Nord-Est ou en Normandie, ce taux avoisine ou dépasse 20% en basse vallée du Rhône, dans le Sud-Ouest, au sud-ouest du Bassin parisien et en Alsace. Le maïs représente 41% de la sole irriguée, devant les céréales et oléo-protéagineux (26%), la vigne, les fruits et les légumes (16%), les cultures fourragères (11%) et les betteraves et pommes de terre (6%). L’efficience de l’irrigation (tonne de matière sèche produite par m3 d’eau) a augmenté de 30% au cours des deux décennies écoulées.
Il existe quatre systèmes de stockage : les retenues collinaires (interceptant les eaux de ruissellement d’un versant, déconnectées du réseau hydrographique), les retenues en barrage sur les cours d’eau, les retenues alimentées par un canal en dérivation d’un cours d’eau et enfin les réserves alimentées par pompage, dans la nappe ou la rivière.
Les réserves de substitution (ou bassines) appartiennent à la catégorie des réserves alimentées par pompage. Faute de relief pour adosser le réservoir, le sol est creusé, étanchéifié à l’aide de bâches en plastique et entouré de digues Le terme de retenue de substitution s’applique à tous les types d’ouvrages remplis en périodes de hautes eaux, de la fin de l’automne au printemps, pour servir à l’irrigation en été, en contrepartie de l’abandon des autorisations de prélèvement des irrigants, en rivière ou en nappe, afin que les milieux bénéficient aussi de ces investissements publics.
b) L’irrigation en Europe
Les superficies agricoles irrigables et irriguées varient considérablement selon les pays et en fonction des années plus ou moins pluvieuses, principalement en raison du climat régional et du type de production. L’irrigation totale est nécessaire dans de nombreux types de production agricole des pays du sud de l’Europe. L’Espagne et l’Italie ont déclaré les plus grandes superficies irrigables en termes absolus (respectivement 3,6 millions et 4,1 millions d’hectares) en 2016. Les parts des superficies irrigables et irriguées dans la superficie agricole totale utilisée (SAU) étaient sans surprise les plus importantes dans les pays méditerranéens (graphique suivant). L’Italie (32,6 %) et la Grèce (29,7 %) avaient les plus grandes parts de SAU irrigable en 2016. Ces mêmes pays ont déclaré les plus grandes parts de SAU effectivement irriguée en 2016 ; avec 23,6 % en Grèce, 20,2 % en Italie. Aux Pays-Bas, la superficie irrigable était également importante, avec 29,1 %. En Europe centrale et occidentale, l’irrigation est utilisée à titre complémentaire pour améliorer la production agricole pendant les étés secs. Le type d’agriculture joue également un rôle. Les fruits et légumes nécessitent souvent l’irrigation et l’horticulture est importante aux Pays-Bas.
Par rapport à 2005, les superficies irrigables ont diminué de 3,5 % et les superficies irriguées de 6,1 %. Le graphique suivant montre l’évolution de la part des superficies irrigables et irriguées dans la SAU totale dans l’UE entre 2005 et 2016, en points de pourcentage. La part de la superficie équipée en irrigation a le plus augmenté aux Pays-Bas (8,3 points de pourcentage ; pp), suivis par Chypre (3,8 pp) et Malte (3,5 pp). Toutefois, une augmentation significative de la part des superficies irriguées ne peut être signalée qu’à Malte (7,4 pp) et aux Pays-Bas (6,5 pp). La Grèce et le Danemark ont signalé les plus fortes diminutions de la part des superficies irrigables et irriguées (Figure 2), suivis par la Slovaquie. La France est le seul autre pays à signaler une diminution de la part des superficies équipées pour l’irrigation et des superficies effectivement irriguées.
Bref les évolutions et les pourcenatges d’irrigation ne sont pas tout à fait les mêmes que dans le recensement agricole français. la mesure n’est peut-être pas la même; les années non plus.
Evolution de la part des superficies irrigables et irriguées dans la SAU, UE-28, 2005-2016
(points de pourcentage)
Évolution de la part des superficies irrigables et irriguées dans la SAU, UE-28, 2005-2016, (points de %)
c) Que sont les méga-bassines et qu’en dit la science
Les bassines sont des réservoirs artificiels d’eau utilisés pour l’irrigation agricole. Ces grandes retenues imperméabilisées et plastifiées tirent leur sobriquet de leur apparence caractéristique en forme de cratère endigué tout autour. En moyenne, la surface d’une bassine est de huit hectares, mais les plus grandes – les «méga-bassines» – atteignent jusqu’à 18 hectares et peuvent contenir l’équivalent de 300 piscines olympiques.
Les bassines sont alimentées uniquement par pompage de l’eau dans une nappe ou une rivière. Dans le cas de la méga-bassine de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), cela implique 18 kilomètres de canaux d’alimentation. Les bassines ne sont pas remplies avec de l’eau de pluie et ne permettent pas non plus d’éviter les inondations.
Différentes retenues d’eau 1. Bassine alimentée par pompage dans la nappe. 2. Bassine alimentée par pompage dans la rivière. 3. Retenue collinaire. 4. Retenue en dérivation. 5. Barrage
Les bassines sont une réponse à la raréfaction de l’eau, en lien avec le changement climatique. En France métropolitaine, la ressource a déjà baissé de 14 % entre les périodes de 1990–2001 et 2002–2018, selon le Commissariat général au développement durable (CGDD). Et elle pourrait encore diminuer de 40% d’ici à 2050, a rappelé l’Élysée lors de la présentation de son «Plan eau». En remplissant les bassines l’hiver (de novembre à mars) lorsque l’eau est abondante, les agriculteurs comptent y puiser l’été, limitant ainsi leurs prélèvements lorsque les nappes ou les cours d’eau sont au plus bas. C’est pour cela qu’on les appelle «réserves de substitution d’irrigation». Les bassines permettent de sécuriser le rendement agricole tout en évitant des conflits d’usages l’été. Elles sont également présentées comme une adaptation au changement climatique, y compris par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
En raison de leur coût et de leur gigantisme, les projets de bassines sont généralement portés par des exploitations agricoles de grande taille, qui pratiquent une agriculture intensive gourmande en intrants et en eau. Le maïs, qui engloutit à lui seul 25 % de la consommation d’eau française en est le principal bénéficiaire. Or, il est avant tout destiné à l’alimentation du bétail et à l’exportation. Des protocoles engagent les agriculteurs à prendre des mesures de compensation écologiques, telles que la plantation de haies, la conversion de terres à l’agriculture biologique ou encore la réduction de l’utilisation des pesticides. En Vendée, où les premières bassines ont été construites en 2007, «les agriculteurs n’ont pas bouché les forages qu’ils devaient boucher et n’ont pas diminué la quantité d’intrants qu’ils utilisent», constate Anne-Morwenn Pastier. Elle juge la police de l’eau «quasiment inexistante ».
En théorie, le simple fait de décaler les prélèvements en hiver ne conduit pas à une hausse de la consommation. Mais dans les faits, les opposants craignent un effet rebond lié à l’impression de disponibilité : «Si le niveau des nappes remonte en été, on pourra être tentés d’en prélever plus qu’avant». «En augmentant l’offre, on augmente la demande, au lieu d’entrer dans une phase de sobriété». D’autre part, la forme même des bassines – large et peu profondes – favorise l’évaporation et l’eutrophisation de l’eau, entraînant des pertes conséquentes. Les porteurs de projets estiment que l’évaporation se limitera à 3–4 % des volumes stockés mais une étude de Météo-france sur les lacs-réservoirs du bassin de la Seine établit ce chiffre à 10% avec une aggravation de 10 à 75% d’ici à 2050.
Selon une expertise scientifique collective de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, la présence de retenues sur un bassin versant entraîne une modification du régime hydrologique, et une baisse des débits d’autant plus forte que l’année est sèche. Les retenues constituraient des pièges à sédiments, en particulier pour les particules les plus grossières, ce qui induit une évolution du lit de la rivière, incision ou colmatage selon les cas. Elles entraînent en général un réchauffement du cours d’eau, et favorisent l’eutrophisation en leur sein, pouvant entraîner la prolifération d’algues et la production de toxines. Enfin, les retenues modifient les communautés aquatiques, en modifiant leurs conditions de vie et en réduisant la connectivité du milieu et donc le déplacement des espèces dans le réseau hydrographique. Compte tenu de ces impacts, l’aménagement de retenues (arasement ou adaptation de retenues existantes, implantation de nouvelles retenues) doit être décidé en concertation, idéalement dans le cadre d’un projet de territoire permettant d’intégrer l’ensemble des enjeux qui s’y expriment.
Dans le cas des nappes phréatiques, le GIEC, lui, observe que «le pompage des eaux souterraines et la baisse du débit menacent dès aujourd’hui les limites environnementales dans plusieurs bassins versants du sud de l’Europe, et dans presque tous d’ici les 30 à 50 prochaines années», ajoutant que «les effets combinés de la demande croissante en eau et des épisodes successifs de sécheresse exacerbent» le tout. Le rapport du GIEC examine ensuite plusieurs stratégies d’adaptation à un climat qui change, dont celle des bassines (ou reservoirs en anglais). Celles-ci sont considérées comme «chères, ayant des impacts environnementaux négatifs et qui ne seront pas suffisantes au-delà d’un certain niveau de réchauffement climatique». Il ajoute également qu’«elles peuvent avoir des impacts distributionnel et augmenter la dépendance à l’eau quand elles sont utilisées pour l’irrigation».
d) Les restrictions d’usage de l’eau en France
Elles sont prises essentiellement en période estivale pour gérer les risques de pénurie et préserver les utilisations prioritaires (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité), peuvent également contraindre l’agriculture. Lorsque sur un territoire donné le seuil maximal de crise est déclenché en raison de la situation de la ressource en eau observée et prévisible (niveau des nappes, débit des cours d’eau, etc.), les prélèvements pour l’agriculture sont totalement ou partiellement interdits. Les restrictions pour les eaux de surface (cours d’eau, lacs et plans d’eau) sont plus pénalisantes pour les agriculteurs de la partie Sud de la France, qui utilisent principalement cette ressource, tandis que ceux de la partie Nord et de la façade Sud‑Ouest recourent majoritairement aux eaux souterraines. Depuis 2017, les restrictions se sont intensifiées dans un contexte d’augmentation des températures et de fréquence accrue des sécheresses. En 2017, les mesures de crise ont ainsi concerné 14 % du territoire pour les utilisations des eaux de surface, et 5 % pour les eaux souterraines, et respectivement 51 % et 13 % en 2022 figure 8. Les épisodes ont duré en moyenne 75 jours.
Part du territoire français concerné par des mesures de restriction des usages de l’eau de niveau de crise, de 2012 à 2022
6/Les intrants polluent les eaux et les sols : +6 % de nitrate dans les cours d’eau de France métropolitaine entre 2000 et 2020
Une partie des effluents agricoles, des engrais et des pesticides rejoint les cours d’eau, les lacs et les nappes phréatiques par ruissellement ou infiltration. La concentration moyenne en nitrate des cours d’eau de France métropolitaine est en hausse de 6 % entre 2000 et 2020. Elle varie fortement selon les territoires, les concentrations les plus élevées étant observées en Bretagne, Normandie, Île‑de‑France et Hauts‑de‑France (carte suivante). Ces territoires cumulent parfois différents facteurs, comme la présence de gros cheptels, des terres agricoles avec de forts excédents d’azote, ou des superficies enherbées en baisse.
. Concentration moyenne en nitrate par bassin hydrographique en 2018‑2020
7/ la question des haies
Alors que 70 % des haies ont disparu en France depuis 1950, le gouvernement a annoncé un « pacte » de sauvegarde, doté de 110 millions d’euros. Les parcelles de trois hectares protégées du vent l’hiver et du soleil l’été permettent aux bovins de rester dehors toute l’année. De réduire le ruissellement et l’érosion des sols, d’apporter un habitat aux animaux sauvages. De séquestrer le carbone. D’embellir les paysages… Les atouts des haies sont aujourd’hui reconnus.
Pourtant, les linéaires continuent de se réduire. Selon une estimation de l’Afac-Agroforesteries1 et de l’entreprise associative Solagro, la perte moyenne est passée de 10 400 kilomètres par an entre 2006 et 2014 à 23 571 kilomètres par an entre 2017 et 2021. L’érosion annuelle est estimée à 1,5 %.
Un document publié en avril dernier, « La haie, levier de la planification écologique », rapport du Conseil général de l’alimentation de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER), pointe les causes de cette disparition. Pour beaucoup d’exploitants, les haies sont un obstacle à la circulation des engins agricoles. L’agrandissement continu des parcelles et des fermes favorise l’arrachage. Enfin, les exploitants manquent de temps et de savoir-faire pour éviter le dépérissement. Et de conclure : « L’agriculteur perçoit souvent la haie comme une charge nette directe, liée à la plantation et à l’entretien, sans en voir les bénéfices. ».
Pour inverser cette tendance, le gouvernement a officialisé en septembre 2023 un « Pacte en faveur de la haie », à l’issue d’une concertation initiée au printemps par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique. Objectif : obtenir un gain net de 50 000 kilomètres de haies d’ici à 2030, ce qui suppose un solde moyen de 7 000 kilomètres chaque année.
Pour mettre en œuvre sa feuille de route, le gouvernement a prévu un budget de 110 millions d’euros, qui sera débloqué cette année – une enveloppe annuelle, même si une partie devrait être dépensée après 2024. Elle s’ajoute aux aides de la PAC, aux soutiens des agences de l’eau et aux contributions de certaines régions, notamment l’Occitanie et la Bretagne. Le montant total est difficile à calculer. Par exemple, l’Afac-Agroforesteries note que les agences de l’eau consacrent 150 millions d’euros d’aides sur cinq ans pour services rendus, mais ce montant n’est pas intégralement dévolu aux haies.
Ces 110 millions d’euros annuels doivent relancer les plantations, répertorier et protéger l’existant, valoriser la biomasse. Le document comprend 25 mesures, parmi lesquelles la production des plants résistants au changement climatique, la création d’un observatoire, la formation des agriculteurs, le soutien par la commande publique de bois…
Un grand sujet de préoccupation pour les parties prenantes est la manière dont l’Etat décidera de la répartition de ces 110 millions d’euros entre plantation de nouveaux linéaires, protection de l’existant et/ou aide à la transformation en bois-énergie.
« Pour les agriculteurs, la haie représente des efforts et des coûts, il faut donc les aider à valoriser la biomasse », précise le ministère de l’Agriculture. De fait, le Pacte propose de soutenir la vente du bois de haies pour que les agriculteurs y trouvent leur compte. Selon les conditions climatiques, une haie peut produire jusqu’à 10 tonnes de bois par 100 mètres, sur une période de dix à trente an.
La réglementation européenne stipule qu’un agriculteur ne peut pas toucher les aides de la PAC s’il arrache une haie. Mais il existe de nombreuses dérogations à ce principe général. Par exemple, la destruction est permise en cas de création d’un chemin d’accès de moins de 10 mètres de largeur. Il est également possible de « déplacer » 2 % du linéaire chaque année. Mais parfois, la nouvelle plantation dépérit, d’où une perte de linéaire en toute légalité.
Par ailleurs, les contrôles sont très insuffisants, la réglementation européenne imposant un seuil minimal de 1 % d’agriculteurs contrôlés chaque année. « Et d’une façon générale, les agents de l’Office français de la biodiversité et de la DDT (direction départementale des territoires, NDLR) manqueraient de temps pour contrôler ».
8/ L’érosion des sols
L’érosion peut être définie comme l’usure de la surface terrestre par des forces physiques telles que les précipitations, l’écoulement de l’eau, le vent, la glace, les changements de température, la gravité ou d’autres agents naturels ou anthropiques qui abrasent, détachent et enlèvent le sol ou les matériaux géologiques d’un point à l’autre. la surface de la terre pour être déposée ailleurs. Lorsqu’elle est utilisée dans le contexte des pressions sur le sol, l’érosion fait référence à une perte accélérée de sol résultant de l’activité anthropique, au-delà des taux acceptés de formation naturelle du sol .
La perte de sol entraîne une diminution de la teneur en matière organique et en éléments nutritifs, une dégradation de la structure du sol, une réduction de l’eau disponible dans le sol stockée, ce qui peut entraîner un risque accru d’inondations et de glissements de terrain dans les zones adjacentes. Le cycle des nutriments et du carbone peut être considérablement modifié par la mobilisation et le dépôt du sol, car le sol érodé peut perdre 75 à 80 % de sa teneur en carbone, avec pour conséquence une libération de carbone dans l’atmosphère . L’érosion des sols a un impact important sur l’environnement et entraîne des coûts économiques élevés ; pour atténuer ces effets, des stratégies de conservation des sols et de l’eau sont nécessaires.
L’érosion des sols par l’eau est l’une des formes de dégradation des sols les plus répandues en Europe. On estime qu’environ 11,6 % de toutes les terres sujettes à l’érosion ont été touchées par une érosion des sols modérée ou grave (plus de 5 tonnes par hectare et par an) en 2016 dans l’UE-27 (graphique suivant). Cela concernait 43 millions d’hectares. La part de terres dans cette catégorie a diminué de 1,6 point de pourcentage (points de pourcentage) pour l’UE-27 depuis l’an 2000. Les zones agricoles et les prairies naturelles représentaient plus de 80 % de toutes les terres sujettes à l’érosion et affectées par une érosion hydrique modérée ou sévère en 2000. l’UE en 2016. Cela signifie qu’environ 17,9 % des zones agricoles et des prairies naturelles ont été touchées, soit une diminution de 2,6 points de pourcentage depuis 2000 (figure 1). C’est principalement grâce aux pratiques de gestion améliorées qui ont été appliquées pour prévenir l’érosion des sols, mais environ 35 millions d’hectares sont encore touchés.
Pourcentage de superficie affectée par une érosion hydrique du sol modérée ou grave, 2000 et 2016, UE-27
Le taux moyen d’érosion des sols par l’eau était de 2,5 tonnes par hectare et par an sur toutes les terres sujettes à l’érosion [5] dans l’UE en 2016 (graphique suivant). Sur les zones agricoles et les prairies naturelles, le taux moyen était encore plus élevé : 3,4 t/ha/an dans l’UE-27. Dans la plupart des pays, le taux moyen est plus élevé sur les zones agricoles et les prairies naturelles que sur toutes les terres sujettes à l’érosion. Un facteur positif peut être l’agriculture, influencée par l’élevage, avec de plus grandes superficies de couverture herbacée permanente, qui n’est pas aussi sujette à l’érosion que les terres arables. Plusieurs pays du sud et du sud-est de l’Europe présentaient des taux d’érosion moyens nettement supérieurs à la valeur moyenne de l’UE sur des terres sujettes à l’érosion. Tous ces pays sont caractérisés par des zones montagneuses ce qui implique une topographie de pentes abruptes. Les facteurs combinés d’inclinaison et de longueur de la pente ont la plus grande influence sur la perte de sol. Il a été estimé que les États membres dominés par une topographie plus plate connaissaient un taux d’érosion moyen plus faible (<= 1 t/ha/an). C’était le cas de l’Irlande, de la Pologne, du Danemark, de la Lituanie, de la Lettonie, des Pays-Bas, de l’Estonie, de la Finlande, mais aussi de la Suède qui compte à la fois des régions montagneuses et des plaines (figure 2).
Taux d’érosion hydrique des sols par pays, 2016, (Taux d’érosion moyen, basé sur des tonnes par hectare et par an)
Le type de couverture terrestre « zones agricoles et prairies naturelles » représente plus de la moitié de la superficie de toutes les terres sujettes à l’érosion (53,3 % en 2016 dans l’UE-27). Mais la part du total estimé des sols érodés sur ce type de couverture terrestre en 2016 est disproportionnellement élevée : 74,6 % pour l’UE-27. En comparaison avec la perte moyenne de sol dans les zones agricoles et les prairies naturelles (3,4 tonnes par hectare et par an), la perte moyenne de sol dans les zones forestières et semi-naturelles n’était que de 1,3 t/ha/an dans l’UE-27. Ainsi, l’agriculture est l’un des principaux facteurs d’érosion des sols par l’eau. Les zones agricoles hors pâturages et prairies naturellesont plus sujettes à l’érosion et représentaient 63,2 % de la perte totale de sols en 2016, avec un taux moyen de perte de sol de 3,6 t/ha/an dans l’UE-27. Les pâturages et les prairies naturelles représentaient cependant 11,4 %, soit 2,7 t/ha/an dans l’UE-27.
Une comparaison du taux d’érosion sur différentes combinaisons de types de couverture des terres agricoles (schéma suivant) montre que, pour l’ensemble d’entre elles, plus de 80 % ont été classées comme étant à faible érosion (0 à <5 t/ha/an) dans l’UE en 2016. Les pâturages et les prairies naturelles présentaient le taux d’érosion sévère le plus faible ; 5,9 % pour l’UE-27, tandis que 10,2 % relèvent d’une érosion modérée. Pour les autres zones agricoles (hors pâturages et prairies naturelles), 8,5 % ont été classées comme soumises à une érosion sévère et 9,8 % comme modérées pour l’UE-27.
Érosion hydrique du sol par type de couverture terrestre et taux d’érosion, 2016, UE-27, (% de la superficie du type de couverture terrestre correspondant affecté par un certain taux d’érosion)