COMPTES DES SERVICES MARCHANDS

 

Les comptes de services ainsi que les études sur les services ont pris de l’ampleur avec l’importance croissante des services, notamment ceux du numérique, tels les logiciels. Ils sont présentés en Commission des comptes de services. Le passage à la base 2010 ne se limite pas à l’adoption des préconisations du nouveau SEC : de nombreuses améliorations méthodologiques ou de sources ont été introduites, qui ont elles aussi un impact sur les niveaux des agrégats économiques. On n’étudie pas ici tous les comptes des services marchands mais ceux qui sont le plus intéressants : logiciels, ingénierie, location immobilière, etc.. . Pour la première fois dans l’histoire des crises économiques, les services ont été autant affectés que l’industrie.

De plus en plus, le commerce international des services est une composante importante et un moteur clé de la mondialisation économique. De nombreux services sont devenus marchands grâce à la numérisation, tels que la santé, l’éducation et les services aux entreprises. Dans le même temps, de nombreux « nouveaux » services ont été lancés sur les marchés internationaux par le biais des technologies de l’information et de la communication (TIC), du commerce numérique et des plateformes numériques, entraînant la création de tout nouveaux marchés.

Le secteur des services aux entreprises s peut être considéré comme fournissant des intrants clés dans la production d’autres biens et services. En tant que tel, il apporte une contribution importante à l’ UE économique, favorisant la compétitivité et la croissance. Le secteur des services aux entreprises s’est développé ces dernières années : cette croissance a été soutenue par le développement de nouveaux services et de tâches plus spécialisées (dont la gestion des chaînes d’approvisionnement et des réseaux de production internationaux), mais reflète également des niveaux accrus d’externalisation vers des fournisseurs externes. Ces changements ont incité le secteur des services aux entreprises à devenir de plus en plus mondialisé. De plus, les changements technologiques ont permis aux petites entreprises de pénétrer des marchés de niche où auparavant elles n’avaient peut-être pas l’échelle nécessaire pour commercer à l’échelle international.

 

Service accounts and service studies have grown in importance with the increasing importance of services, especially digital services such as software. They are presented in the Service Accounts Commissione. The transition to the 2010 base is not limited to the adoption of the new ESA recommendations: many methodological or source improvements have been introduced, which also have an impact on the levels of economic aggregates. Not all market service accounts are studied here, but the most interesting ones: software, engineering, real estate rental, etc,… .  For the first time in history, an economic crisis is affecting services industry as much as manufactured goods industry.

Increasingly, international trade in services is an important component and key driver of economic globalisation. Many services have become tradable due to digitalisation, such as health, education and business services. At the same time, many “new” services have been launched on international markets by means of information and communication technologies (ICT), digital trade, and digital platforms, leading to the creation of brand new markets.

The business services sector can be viewed as providing key inputs in the production of other goods and services. As such, it makes an important contribution to the EU economy, promoting competitiveness and growth. The business services sector has expanded in recent years: this growth has been underpinned by the development of new services and more specialised tasks (including the management of supply chains and international production networks), but also reflects increased levels of outsourcing to external suppliers. These changes have provided a stimulus for the business services sector to become increasingly global in nature. Furthermore, technological changes have allowed smaller businesses to enter niche markets where previously they may have lacked the scale to trade internationally.

 

 

«Un service vaut ce qu’il coûte», Victor Hugo

«La part du secteur tertiaire dans l’emploi total en France a gagné 11 points au cours des quatre dernières décennies. En revanche, la part de l’industrie s’est quasiment réduite de moitié sur la même période (-13 points), notamment sous l’effet de la forte expansion du secteur tertiaire ; celles de l’agriculture et de la construction ont perdu respectivement 7 et 3 points.», Marine Rabreau, Économie, mars 2016

 

Sommaire

I – LE PASSAGE DES VENTES A LA PRODUCTION ET LES ERE

II – INFORMATION ET COMMUNICATION

III – ACTIVITÉS SPÉCIALISÉES, SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES

IV – LES AUTRES SERVICES MARCHANDS

V – GL68R LOCATION DE BIENS IMMOBILIERS (LOYERS RÉELS)

VI – GL68I LOYERS IMPUTÉS 

VII – LA PANDÉMIE DU COVID 19 AFFECTE PRESQUE AUTANT LES SERVICES QUE L’INDUSTRIE

VIII – LES SERVICES MARCHANDS EN FRANCE

IX – LES SERVICES MARCHANDS EN EUROPE

X – LA CONCURRENCE INTERNATIONALE DES ÉCHANGES DES SERVICES

 

 

Résumé

° Les services marchands sont entendus au sens strict et correspondent au champ défini dans la nomenclature d’activités française révision 2 (NAF rév. 2, 2008) par les sections hébergement et restauration (I), information et communication (J), activités immobilières (L), activités spécialisées, scientifiques et techniques (M), activités de services administratifs et de soutien (N), enseignement marchand (P), activités de santé marchandes (Q), arts, spectacles et activités récréatives (R) et autres activités de services (S). Les services marchands ainsi définis représentent 32 niveaux G et 65 niveaux H de la comptabilité nationale. Les activités immobilières incluent les loyers que les propriétaires auraient à payer s’ils étaient locataires du logement qu’ils habitent [1] (les nombres entre crochet renvoient à la bibliographie en bas de page). .

° Plusieurs notes de méthode ont été rédigées à l’Insee. On développe quelques points importants :  équilibres ressources emplois de certains produits comme par exemple les logiciels ou la location de biens immobiliers ( loyers réels) ou les loyers imputés. Les comparaisons internationales sont en outre très utiles.

° Hors enseignement marchand et activités de santé marchandes, les services marchands font l’objet d’un rapport annuel de la Commission des comptes des services [2].

° Des travaux nouveaux ont mobilisé le dispositif d’Élaboration des Statistiques Annuelles d’Entreprises (Ésane) : pour évaluer la FBCF incorporelle des entreprises non financières (ENF), à partir des données comptables (notamment pour les logiciels), ou la consommation des ménages, notamment à partir de la ventilation du chiffre d’affaire par type de clientèle. L’exploitation des données du compte satellite du logement a permis d’améliorer l’évaluation de la production des ménages en service de location immobilière .

° Les méthodes d’estimation de la FBCF en logiciels et en R&D sont présentées dans les pages la FBCF, Comptes de la R&D. Certains résultats et comparaisons internationales y ont été mis en avant (page Investissement incorporel pays). Nous publions dans cette page les ratios les plus significatifs pour chaque produit.

° La publication de la base 2014 a par ailleurs modifié le commerce extérieur des services (voir pages Correction CAF-FAB, échanges extérieurs). On a rapproché considérablement ces estimations de la comptabilité nationale et de la balance des paiements (BdP). Les estimations du solde des transactions courantes en comptabilité nationale et en balance des paiements sont désormais très proches, même si des écarts significatifs demeurent sur certaines opérations. Les révisions effectuées sur les exportations et les importations ont pour contrepartie principale, en approche demande, des révisions de la consommation finale des ménages (principalement la consommation de services marchands d’éducation, revue sur la base de sources publiées par la Dares).

° L’estimation d’une partie des exportations et importations de services est de meilleure qualité du fait d’informations à partir d’une enquête statistique auprès des entreprises exportatrices ou importatrices de services. La BdP a par ailleurs publié en avril 2018 d’importantes révisions de sa ligne « Voyages », qui retrace les dépenses des résidents à l’étranger et celles des non-résidents en France: le solde touristique est ainsi révisé en forte hausse du fait d’une meilleure appréhension de la dynamique des dépenses des touristes non résidents, en provenance notamment des pays émergents.

° Le partage volume-prix des services a été amélioré (voir page Mesure des volumes et des prix) : Les indices des prix de production des services (IPPS) vendus à l’ensemble des marchés (« BtoAll » pour « Business to All ») constituent les principaux déflateurs des ventes. Les indices des prix de production des services vendus aux entreprises françaises (« BtoB » pour « Business to Business ») peuvent être utilisés pour déflater les consommations intermédiaires. Les indices des prix des exportations de services (« BtoE » pour « Business to Exports ») peuvent de même être utilisés pour déflater le commerce extérieur. Pour la consommation des ménages , on utilise les IPC [3].

° En 2020, l’activité diminue drastiquement : les services au ménages, à l’exception de la location de logement, sont fortement affectés par les fermetures des établissements accueillant du public à partir de mi-mars. L’activité dans l’hébergement- restauration chute lourdement. Pour la première fois dans l’histoire, une crise économique affecte autant les services que l’industrie, si ce n’est parfois plus.

°  La situation des services aux entreprises est contrastée : la publicité, la production audiovisuelle, l’intérim, les activités administratives, la sécurité sont en difficulté alors que le conseil de gestion, les télécommunications et les services informatiques et d’information résistent.

° La principale question des services du point de vue de la Commission européenne est celle de l’ouverture à la concurrence. On retrouve certes cette question dans d’autres secteurs telle l’énergie. Mais autant la libéralisation du marché de l’énergie a posé de multiples problèmes notamment sur la fixation des prix de l’électricité, autant la question de la concurrence dans les services pouvait faire avancer les choses en matière de productivité et de baisse des prix. Avant la crise du Covid 19 cette question restait d’actualité d’autant que les services sont fortement exportés comme en France.

 

 

 

 

 

 

I – LE PASSAGE DES VENTES A LA PRODUCTION ET LES ERE

Les ventes branches des sociétés non financières (SNF) et des entreprises individuelles (EI) sont issues d’ESANE. Elles sont complétées par plusieurs opérations. Par exemple, le montant des autres produits d’exploitation vient s’ajouter pour donner les « ventes totales ». De ces ventes vont ensuite être déduits les doubles comptes (comme les coûts d’achats des services revendus en l’état) et ajoutée la production livrée mais non vendue (comme les avantages en nature des hôtels, cafés et restaurants), pour obtenir la « production non stockée » des SNF et des EI. Cette production non stockée est ensuite complétée par celle des autres agents économiques (entreprises de crédit et d’assurance, administrations publiques, ménages). La prise en compte des variations de stocks permet d’obtenir une « production marchande au prix producteur ». La production pour emploi final propre vient ensuite s’ajouter à ce poste pour obtenir la « production de la branche au prix producteur ». Cette dernière est corrigée des impôts et subventions sur les produits pour avoir la « production de la branche au prix de base ». Enfin, la «production du produit au prix de base» découle de l’ajout de la « production marchande des branches non marchandes ». Quelques opérations peuvent être précisées car on ne les trouve que dans les services :

Passage des ventes à la production en 2010 base 2010 (Millions d’euros)

Source : Insee, comptes des services base 2010.

 

 

 

 

1/ Les autres produits d’exploitation

Les « autres produits d’exploitation » correspondent à une classe du Plan Comptable Général. Ils comprennent les éléments suivants :

– redevances pour concessions de brevets, licences, marques, procédés, logiciels, et droits et valeurs similaires ;

– revenus des immeubles non affectés à des activités professionnelles ;

– jetons de présence et rémunérations d’administrateurs ;

– ristournes perçues des coopératives (on enregistre la quote-part des excédents répartis entre les associés coopérateurs au prorata des opérations traitées) ;

– quotes-parts de résultat sur opérations faites en commun (pour l’entité non gérante, il s’agit de sa participation aux bénéfices ; pour l’entité gérante, il s’agit du montant des pertes mises à la charge des associés non gérants) ;

– produits divers de gestion courante.

 

En terme de masse, ce sont les deux premiers postes qui représentent l’essentiel des autres produits d’exploitation. Les autres produits d’exploitation sont déclarés par les entreprises dans leur compte de résultat. Les « autres produits d’exploitation » correspondent à la variable R315 d’Ésane. En base 2010, on en retient les 2/3 pour les autres produits d’exploitation. L’étude des données et de quelques documents de référence relatifs à de grandes entreprises montre que le poste « autres produits » comprend des opérations qui ne font pas partie de la production en comptabilité nationale (produits de cession sur opérations courantes, résultats positifs de change, …). Pour la ventilation par produit de ce montant, on affecte 40 % en activité immobilière (GL68R – HL68R1 et HL68R2 ), 20 % en activité des sièges sociaux (GM70Z – HM70Z1), 40 % en redevances de brevets (GN77Z – HN77Z4).

En effet, on peut isoler dans Ésane le poste « Autres produits » (R315) et le poste redevances (R704), le second étant inclus dans le premier. Les ventes de l’équilibre ressources-emplois (ERE) du produit HN77Z4 proviennent d’entreprises percevant des redevances de brevets et des redevances de marque ou de franchises.

 

Les secteurs qui alimentent le poste R704 comportent une dimension scientifique et technique importante (automobile, industrie chimique, activités d’ingénierie) ou bien font partie des sièges sociaux.

Lorsqu’on considère les « autres produits hors redevances » , les principaux « secteurs contributeurs » sont le commerce, les activités financières et d’assurances, les sièges sociaux. Cela reflète et relève en partie des activités immobilières. Le produit de ces activités n’est malheureusement pas isolé dans Ésane, et il est très peu renseigné par les entreprises dans leur liasse fiscale. De fait, le montant des « autres produits » affecté en ressource des ERE immobiliers semble surestimé.

 

 

 

 

2/ Le coût d’achat des biens et services revendus en l’état

Son montant représente 3,8 % des ventes; il  concerne différents niveaux H des services ; il correspond à des biens et services achetés par les producteurs de ces niveaux et facturés dans le cadre de la vente de leurs propres prestations. On les déduit des ventes de la branche pour éviter des doubles comptes. Leur montant est en général estimé à partir des comptabilités d’entreprises dans Ésane (achats de biens et services pour revente en l’état / comptes 604 et 605) et de la ventilation en branche des chiffres d’affaires. Les principales  branche concernées sont ;

Achats revendus en l’état en base 2010 en 2010 (millions d’euros)

Source : Insee, comptes des services base 2010.

 

 

 

a) Production de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision

Le coût d’achat des biens et services revendus en l’état s’élève à 1,8 % des ventes. Les chaînes de télévision et les radios sont distribuées dans des bouquets, élaborés et commercialisés par les câblo-opérateurs qui reversent une partie de leurs abonnements aux chaînes (généralistes et thématiques) pour leur diffusion. Les recettes de commercialisation des bouquets sont donc comptées deux fois : une fois dans le chiffre d’affaires des câblo-opérateurs et une autre fois dans les recettes des éditeurs de chaînes qui perçoivent les reversements des câblo-opérateurs. On corrige donc le montant total des ventes de ce double compte.

 

b) Programmation, conseil et autres activités informatiques

Le coût d’achat des biens et services revendus en l’état est estimé à 8,4 % des ventes. Il s’agit essentiellement de matériel informatique acheté par les sociétés informatiques pour être revendu dans le cadre de contrats clés en main ou, de façon plus générale, conjointement avec un service informatique.

 

c) Publicité et études de marché

Le coût d’achat des services revendus en l’état par les agences de publicité (6,5 % des ventes) correspond au montant de la variable 8540 : achats ou location d’espaces en vue de transactions (y compris placement de petites annonces). Les doubles comptes des agences de publicité s’expliquent en partie par le fait que de grands groupes (tels Havas par exemple) sous-traitent une partie de leur activité à des agences spécialisées ou des agences événementielles.

Le coût d’achat des services revendus en l’état par les régies publicitaires de médias (54,7 % des ventes) représente le montant des reversements et des redevances des régies aux propriétaires de support. Ce montant est ôté à la production de la branche pour ne garder que la rémunération du service d’intermédiaire entre l’annonceur et le propriétaire du support, la « marge des régies ». Pour évaluer la part de la rémunération de la location du support publicitaire, on détermine, à partir de l’Enquête Sectorielle Annuelle (ESA), par type de support, la part des reversements effectués aux propriétaires desdits supports.

 

 

3/ La production pour emploi final propre des ménages

La production pour emploi final propre des ménages (154 239 millions d’euros pour l’année 2010) correspond aux loyers imputés, loyers que les propriétaires occupant leur logement auraient à payer s’ils étaient locataires du logement qu’ils habitent. Leur montant provient du compte satellite du logement.

 

 

4/ La production pour emploi final propre des entreprises

La production pour emploi final propre des entreprises (43 182 millions d’euros pour l’année 2010) correspond aux services que les entreprises produisent et conservent pour leur propre usage. Elle a pour contrepartie en emploi de la formation brute de capital fixe. Deux activités alimentent l’essentiel de la production pour emploi final propre des entreprises : la production de logiciels et bases de données et la recherche-développement. Elle est nettement plus élevée en France que dans les autres pays. Des travaux récents de l’Insee laissent à penser qu’elle est surestimée en France de quelques 10 milliards en 2016, à peu près moitié en R&D, moitié en logiciels.

La production de logiciels et bases de données pour emploi final propre a fait l’objet d’une évaluation spécifique (voir partie III, le traitement des logiciels et bases de données en base 2010). La production de recherche-développement pour emploi final propre est estimée à partir des données de l’enquête sur la R&D dans les entreprises conduite par le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR), en les confrontant aux données d’Ésane qui fournissent le montant des ventes de R&D (voir page Compte de la recherche développement).

 

 

5/ Les ERE des services marchands

Ressources et emplois en services marchands en millions d’euros en 2010 base 2010

 

Les équilibres ressources-emplois (ERE) des services marchands sont établis au niveau H de la nomenclature, lorsqu’il existe.  Certains postes des ERE sont dits « exogènes » : leurs montants sont fournis aux chargés de comptes des services marchands par les unités qui les évaluent. Il s’agit principalement :

– en ressources, des importations, des impôts et subventions, des marges de transport et de commerce (sur les produits de l’édition – livres, DVD, …) ;

– en emplois, de la CI catégorie 1 consommation intermédiaire « normale » – hors les catégories suivantes ; catégorie 2 correspondant à la sous-traitance incorporée ; catégorie 4 correspondant aux consommations intermédiaires des branches non marchandes, des institutions financières et de l’agriculture « , de la consommation des ménages, de la FBCF des secteurs institutionnels autres que les Sociétés Non Financières et Entreprises Individuelles (soit les institutions financières, les auxiliaires financiers, les sociétés d’assurances, les administrations publiques, les Institutions Sans But Lucratif au Service des Ménages – ISBLSM, les ménages), des variations de stock et enfin des exportations.

Parmi les « exogènes » la consommation des ménages pèse un poids déterminant dans la plupart des équilibres ressources-emplois des services marchands.

Une fois déterminé le montant de la production, des postes « exogènes » et de la CI2 (sous-traitance incorporée ; évaluée à partir des données d’Ésane), le RSP obtient un équilibre en soldant sur un poste de l’ERE, en général la CI1. Le poste solde est surligné en orange dans les tableaux qui suivent. L’équilibrage est bien entendu une opération comptable, mais il repose aussi sur une évaluation économique, de la conjoncture par exemple. Ainsi, en période de forte hausse de la production, le taux de recours à la sous-traitance augmente. De même, les montants des postes « exogènes » peuvent éventuellement faire l’objet d’un arbitrage au vue de l’évolution des autres postes de l’ERE.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II –  INFORMATION ET COMMUNICATION

1/ GJ58Z Édition

– Le HJ58Z1 inclut des droits d’auteurs et des immobilisations pour les livres et les jeux électroniques / jeux vidéos. Il contient aussi des bases de données notamment 58.12.2 Répertoires et fichiers d’adresses en ligne.

– Le HJ58Z2 correspond au 58.29 Édition d’autres logiciels. Cette classe comprend : l’édition d’autres logiciels prêts à l’utilisation (non personnalisés (appelés aussi « standard »), y compris la traduction ou l’adaptation de logiciels non personnalisés pour un marché déterminé, pour compte propre, sur support physique, en téléchargement ou en ligne.

En base 2010, les logiciels constituent de la FBCF pour les entreprises. Il n’y a donc pas de consommation intermédiaire en produit HJ58Z2 et l’ERE est soldé sur la FBCF.

Notons toutefois que dans de très nombreux pays européens, il n’y a pas de FBCF. Dans les pays où il y en a, la France est de loin le pays en Europe où la FBCF est la plus élevée par rapport à la somme « CI + FBCF » (47%). Seuls, les États Unis ont aussi une FBCF relativement élevée.

ERE du GJ58Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

2/ GJ59Z Production de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision ; enregistrement sonore et édition musicale

HJ59Z1 Production de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision

HJ59Z2 Distribution de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision

HJ59Z3 Enregistrement sonore et édition musicale

La FBCF du niveau H59Z1 est la contrepartie de la production pour emploi final propre (production immobilisée) des entreprises de la branche.

ERE du GJ59Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

3/ GJ60Z Programmation et diffusion

HJ60Z1 Radiodiffusion

HJ60Z2 Programmation de télévision et télédiffusion

ERE du GJ60Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

4/ GJ61Z Télécommunications

L’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes produit de nombreuses données sur les télécommunications (http://www.arcep.fr/index.php?id=12615#c91356 ), qui permettent de suivre l’évolution des différents emplois.

Les consommations intermédiaires sont déflatées par l’IPPS (BtoB) – CPF 61 – Services de télécommunications et les importations/exportations par l’IPPS (BtoE) – CPF 61 – Services de télécommunications (voir page Mesure des volumes et des prix).

ERE du CJ60Z en millions d’euros en 2010 base 2010

5/ GJ62Z Programmation, conseil et autres activités informatiques et GJ63Z Services d’information

Les activités informatiques et services d’information couvrent le développement, l’adaptation et la maintenance de logiciels spécifiques (réalisés pour les besoins particuliers d’une entreprise, hors logiciels standards), la conception et la gestion de systèmes informatiques ainsi que les activités des portails de recherche sur Internet, de traitement et d’hébergement de données. Par ailleurs les logiciels « standard » se trouvent dans la branche « édition et activités audiovisuelles » (cf. J58Z).

Le CJ63Z comprend le HJ63Z1 Traitement de données, hébergement et activités connexes- portails Internet et le HJ63Z2 Autres services d’information.

Dans le SEC 2010, les bases de données font l’objet d’un traitement identique à celui des logiciels. Les bases de données sont mentionnées dans 5 postes de la nomenclature Naf rév.2 : 58.12Z Édition de répertoires et de fichiers d’adresses, 62.01Z Programmation informatique, 63.11Z Traitement de données, hébergement et activités connexes, 63.12Z Portails Internet, 72.11Z Recherche-développement en biotechnologie. Concernant ce dernier poste, la « construction de bases de données sur les génomes, les séquences de protéines, modélisation de processus biologiques complexes, y compris biologie systémique » peut être considérée comme partie intégrante du processus de recherche, intégrée dans la FBCF en R&D. En comptabilité d’entreprise, les modalités d’enregistrement des frais de développement ou d’acquisition de logiciels sont bien définies ; le cas des bases de données est plus complexe.

ERE du GJ62Z en millions d’euros en 2010 base 2010

ERE du GJ63Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

Il convient de distinguer deux questions :

  • Le partage de de la production marchande entre les 3 emplois intérieurs, une fois enlevé le commerce extérieur. Il apparaît que certains produits affectés en CI en base 2005, le sont en FBCF en base 2010, ce qui rehausse cette dernière. Des travaux récents de l’Insee estiment qu’un partage idéal aboutirait à relever la CI d’un peu plus de 3 milliards en 2014, soit 4 milliards en 2016. Parmi cette CI, ils y auraient des logiciels « embarqués » dans des matériels informatiques qu’il est possible que d’autres pays traitent en CI en logiciels puis en FBCF en ces matériels. Mais il se peut aussi que la sous-traitance de travaux, études et prestations et services incorporée a été sous évaluée en base 2010.
  • L’évaluation de la PEPF (P12). Ce second cas pose problème car il affecte le partage entre la P11 des secteurs d’activités qui vendent des logiciels à titre secondaire d’une part et la PEPF d’autre part, en France et dans les autres pays. Mais en fait, on a vu que cette question n’a pas de sens au vue des données d’Eurostat. En d’autre termes, la P12 en logiciels et base de données en France et dans les autres pays n’est pas comparable du fait que le TES français est en branche pure quand ceux des autres pays sont en secteurs d’activité. 
  • Cependant, des travaux récents de l’Insee estiment ici aussi que cette PEFP serait surestimée de l’ordre 2,5 à 3 milliards d’euros en 2014. Elle serait même surestimée de plus dans le produit des logiciels spécifiques (J62Z). Mais elle serait sous-estimée dans le produit des bases de données (J63Z).
  • Ainsi, on peut dire que l’Insee a adopté au moment de la base 2010 une vue assez large de la FBCF en logiciels, proche de celle des États Unis, mais pas de celle de plusieurs pays européens. Pourtant tous ces pays ont participé aux Task Force de l’OCDE.

 

 

 

a) Traitement des frais liés aux logiciels en comptabilité d’entreprise

1 – les logiciels

Les logiciels achetés sont immobilisés. Les logiciels créés en interne sont aussi immobilisés. S’ils sont autonomes, il n’y a pas d’ambiguïté. Par contre, quand ils s’inscrivent dans le cadre d’un projet de développement plus global (exemple : un ERP), les frais de développement sont immobilisés sur option seulement. D’un point de vue général, les frais de développement sont immobilisés sur option, de plus à condition de respecter certains critères (réussite technique et commerciale). Il y a donc tous les coûts engendrés par le projet à partir du moment où l’on peut conclure à la réussite de ce projet (souvent de la sous-traitance et de la main d’œuvre interne d’ingénieurs), par contre les coûts engendrés antérieurement ne sont pas inclus.

 

2 – Bases de données

Les bases de données constituent un cas plus complexe. En comptabilité, on doit distinguer hardware / software / data. Hardware et software sont toujours immobilisés (qu’ils soient créés ou achetés). Le vrai sujet comptable est sur les données. Il y a 3 manières de les obtenir, et l’enregistrement comptable appliqué pour les coûts en dépend :

  • a) Création en interne (envois de mails etc => coût de personnel interne, de courriers…) => en principe enregistrement en charges. Toutefois, dans le cas où la création de la base aurait pour vocation dès le départ la vente des informations incluses, les coûts de production pourraient être activés sur option en tant que frais de développement (à partir du moment où l’on peut conclure à la réussite de ce projet). En pratique les projets à usage interne rempliront plus difficilement les conditions de comptabilisation à l’actif.
  • b) Appel à un prestataire « sous-traitant » pour l’obtention de ces données de la même manière => idem que pour a)
  • c) Achat des données toutes faites => coût d’achat immobilisé (sous réserve de respect des principes généraux des actifs) Dans les fait, c’est un sujet comptable délicat où les choix des entreprises ne sont pas forcément homogènes. De plus, rien dans la liasse fiscale ne permet de connaître les choix opérés.

 

 

b) le partage des emplois de la production vendue (ou marchande) des produits PRG_GJ62Z (Programmation, conseil et autres activités informatiques)

En base 2005, le partage avait été calculé à partir des données de l’EAE 2007 et le montant retenu pour la FBCF correspondait à 45-50 % des ventes. Tout en conservant la même méthodologie qu’en base 2005, l’intégration des bases de données, mais aussi les données d’Ésane, amènent à revoir sensiblement la part de la FBCF dans les emplois de cet ERE (tableau suivant). En base 2010, 75 % des ventes hors doubles comptes seraient affectées en FBCF, dont 0,5 % au titre des bases de données, comme l’indiquent les tableaux suivants.

Pour les comparaisons par pays, il faut tenir compte du commerce extérieur et il paraît plus approprié de comparer la FBCF correspondant uniquement à la production marchande, aux emplois intérieurs qui correspondent aussi à la P11 (CI, consommation finale, FBCF issue de la P11). 

 

 

 

c) La production pour emploi final propre (PEFP)

La méthode est présentée dans la page FBCF incorporelle. L’INSEE a calculé selon la méthode de l’OCDE,  la PEFP du produit GJ63Z  (services d’information – base de données) par les sociétés financières. La PEFP des secteurs financiers a ensuite été utilisée pour estimer la FBCF. Pour les APU, la méthode n’a pas été utilisé car le repérage des professions informatiques est moins précis, on a donc déduit la PEFP du montant de la FBCF.

.

 

d) La FBCF en France et dans les autres pays

L’ensemble des modifications intégrées dans l’ERE du produit GJ62Z Programmation, conseil et autres activités informatiques (plus grande prise en compte des données Ésane, révision du mode de calcul de la FBCF et intégration des bases de données, réestimation de la PEFP) aboutit à une réévaluation importante du montant de la FBCF totale en base 2010 par rapport à la base 2005 : 11,2 milliards d’euros en 2010.

Les modifications de l’ERE du produit HJ63Z1 Traitement de données, hébergement et activités connexes-portails Internet, uniquement liées à l’alignement du traitement des bases de données sur celui des logiciels en base 2010, ont pour conséquence l’introduction d’une FBCF de 3,4 milliards d’euros en 2009 et en 2010. Ces montants se répercutent intégralement sur le niveau GJ63Z.

 

Les comparaisons internationales sont utiles. Trois ratios sont significatifs :

  • la part de la FBCF correspondant à la P11 rapportée aux emplois intérieurs (CI + CF + FBCF correspondant à la P11). Ce ratio permet de voir si les clefs de partage de la P11 en France sont au dessus de la moyenne. Il atteint 43 % en 2010 en France, plus que dans la plupart des pays dont la moyenne européenne. 34%. Mais il est inférieur de celui de plusieurs pays (Pays Bas, Espagne, …).
  • la part de la FBCF globale (y compris celle correspondant à la P12) dans les emplois intérieurs globaux (CI + CF + FBCF correspondant à la P11 et à la P12). Ce second ratio est, lui, nettement supérieur à la plupart des pays : il est de 57% en France contre 38% en Europe, 45% aux Pays Bas. On trouve  ces deux ratios dans le premier graphique.
  • la part de la P12 dans la (P11 + P12). D’où vient le différentiel entre les deux ratios ? De l’importance de la PEPF (P12) dans les différents pays. Elle représente plus de 25% du total P11 + P12 en France contre seulement 8% en Europe (second graphique). Toutefois, on sait que l’importance de la P12 en France vient du fait que le TES français est en branche pure et quasiment que de ceci.

 

 

 

 

 

 

 

 

III – ACTIVITÉS SPÉCIALISÉES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES

Les comptes de la R&D (GM72Z) sont étudiés dans la page Comptes de recherche développement.

 

1/ GM69Z Activités juridiques et comptables

HM69Z1 Activités juridiques

HM69Z2 Activités comptables

L’ERE des activités juridiques comprend en ressources un montant substantiel d’impôts sur les produits. Il inclut les impôts sur les produits acquittés producteurs (272 millions d’euros) et, surtout, les impôts sur les produits non comptabilisés par les entreprises (10 297 millions d’euros), fournis en exogène au niveau G par la section Compte des Administrations publiques et affectés intégralement au HM69Z1 (le partage SNF-EI est réalisé selon la même structure que celle des ventes).

Les impôts sur les produits non comptabilisés par les entreprises intègrent les droits d’enregistrement. Ce sont les droits et taxes perçus par les notaire pour le compte de l’État et des collectivités territoriales à l’occasion de la mutation d’un bien immeuble ou meuble, d’un décès, d’une instance judiciaire etc.

La formalité d’enregistrement est obligatoire pour certains actes, comme les transferts de propriété d’immeubles, mais peut également être volontaire, afin de donner date certaine à un acte.

Les droits d’enregistrement s’appliquent ainsi à la totalité des mutations à titre onéreux portant sur des biens anciens de tous types (maisons et appartements, mais aussi, locaux d’activité, garages, etc.) et les terrains à bâtir exonérés de TVA.

En emplois, les droits d’enregistrement alimentent la formation brute de capital fixe (FBCF). En effet, en comptabilité nationale, la FBCF comprend les frais liés à l’investissement. Ainsi, la FBCF des ménages correspond à leurs achats de logements y compris frais liés à l’acquisition (frais d’agence, droits de mutation etc.), auxquels sont ajoutés les travaux de gros entretien et de réparation. De même, la FBCF des entreprises représente la valeur des biens et services acquis par des unités de production pour être utilisés pendant au moins un an dans leur processus de production ainsi que tous les frais liés à leur acquisition.

ERE du GM69Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

2/ GM70Z Activités des sièges sociaux ; conseil de gestion

HM70Z1 Activités des sièges sociaux

HM70Z2 Conseil de gestion

ERE du GM70Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

 

 

3/ GM71Z Activités d’architecture et d’ingénierie ; activités de contrôle et analyses techniques

HM71Z1 Activités d’architecture et d’ingénierie

HM71Z2 Activités de contrôle et analyses techniques

Dans la NAF rév 2, les Activités d’architecture et d’ingénierie ; activités de contrôle et analyses techniques (M71) comprennent la prestation de services d’architecture, d’ingénierie, d’établissement de plans, d’inspection de bâtiments, d’arpentage et de cartographie. Elle comprennent également la prestation de services d’analyses physiques, chimiques et autres. Or c’est justement tout le problème d’élaboration de l’ ERE de ce produit et des raccords à faire avec  les autres sources  de la construction ou des données d’Eurostat. La FBCF en bâtiment inclut celle des services des architectes mais aussi ceux de l’ingénierie. Mais la FBCF du compte satellite du logement (CSL) n’inclut que les premiers. Or quand on souhaite comparer la FBCF en résidentiel du CSL et de l’Insee, on doit prendre en compte celle des services d’architecture dans les données de l’Insee. Mais on ne la connaît pas car le HMZ71Z1 ne sépare pas les activités d’architecture et celle d’ingénierie dans les nomenclatures en niveau H.

La Sous-classe 71.11Z (activités d’architecture) comprend la conception de projets architecturaux, la conception de bâtiments et établissement de plans architecturaux, l’urbanisme et l’architecture paysagère, les activités de conseil en matière d’architecture. Cette sous-classe comprend aussi l’activité des agences d’urbanisme.

La Sous-classe 71.12B : Ingénierie, études techniques comprend les activités d’ingénierie (c’est-à-dire l’application des lois physiques et principes d’ingénierie dans la conception de machines, matériaux, instruments, structures, processus et systèmes) et de conseil dans les domaines suivants : machines, processus et sites industriels, projets comportant des activités ayant trait au génie civil, au génie hydraulique ou pour les bâtiments et les infrastructures de transport,projets de gestion de l’eau, conception et réalisation de projets intéressant le génie électrique et électronique, le génie minier, le génie chimique, le génie mécanique, le génie industriel, l’ingénierie de systèmes, de techniques de sécurité, l’élaboration de projets faisant appel aux techniques de la climatisation, de la réfrigération, de l’assainissement et de la lutte contre la pollution, au génie acoustique, etc., les services de gestion de projets de constructions, les études géophysiques, géologiques et sismiques, l’information cartographique et spatiale

La FBCF des SNF-EI correspond à des « frais liés » à l’investissement. Les services d’architectes sont comptés en CI lorsque le BTP est le client et en FBCF lorsque le client passe par un promoteur. Le même principe est appliqué à l’ingénierie pour laquelle la production immobilisée correspond d’une part aux études préalables à la construction de bâtiments et d’infrastructures, d’autre part aux études préalables à l’installation d’équipements industriels. Le montant de cette FBCF a été évalué à 30 % de la production. La FBCF des ménages recouvre les activités d’architecture liés à la construction de logements. Elle a été évaluée à 5 % de la production.

ERE du GM71Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

Les comparaisons internationales situent la France au dessus de la moyenne du ratio « FBCF / CI + FBCF » : respectivement 34% contre 24%. mais plusieurs pays ont un ratio plus élevé ou proche (Pays Bas, Norvège, Espagne, Allemagne,.). Par contre certains pays n’ont pas de FBCF (Italie, plusieurs pays de l’est de l’UE).

 

 

4/  GM73Z Publicité et études de marché

HM73Z1 Activités des agences de publicité

HM73Z2 Régie publicitaire de médias

HM73Z3 Études de marché et sondages

Le partage volume-prix est étudié dans la page Mesure des volumes et des prix

ERE du GM73Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

 

5/ GM74Z Autres activités spécialisées, scientifiques et techniques

HM74Z1 Activités spécialisées de design

HM74Z2 Activités photographiques

HM74Z3 Traduction et interprétation

HM74Z4 Autres activités spécialisées, scientifiques et techniques

ERE du GM74Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

 

 

IV – LES AUTRES SERVICES MARCHANDS

On présente ici les principaux ERE ayant un intérêt sur le plan économique ou conceptuel.

 

1/ GI55Z Hébergement

HI55Z1 Hôtels, hébergements touristique et autre hébergement collectif

HI55Z2 Terrains de camping et parcs pour caravanes ou véhicules de loisirs

HI55Z3 Hébergements divers

La consommation intermédiaire de catégorie 2 (représentant la sous-traitance) évolue comme les ventes au niveau G, et son montant est affecté intégralement au HI55Z1.

ERE du GI55Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

 

2/ GN77Z Activités de location et location-bail

HN77Z1 Location et location-bail de véhicules automobiles

HN77Z2 Location et location-bail de biens personnels et domestiques

HN77Z3 Location et location-bail d’autres machines, équipements et biens

HN77Z4 Location-bail de propriété intellectuelle et de produits similaires, à l’exception des œuvres soumises à copyright

ERE du GN77Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

3/ GN78Z Activités liées à l’emploi

L’essentiel des activités liées à l’emploi est constitué par l’intérim, aussi bien pour la production que pour les consommations intermédiaires. La répartition des missions d’intérim par secteur est publié par la Dares (http://travail-emploi.gouv.fr/etudes-recherches-statistiques-de,76/statistiques,78/emploi,82/l-interim,2285/l-interim,15028.html). Le chargé de compte répartit en conséquence le montant des consommations intermédiaires selon les différentes branches consommatrices et « fixe » ainsi les cases correspondantes du TEI (voir page Tableau entrées intermédiaires).

ERE du GN78Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

4/ GN79Z Activités des agences de voyage, voyagistes, services de réservation et activités connexes

HN79Z1 Activités des agences de voyage et voyagistes

HN79Z2 Autres services de réservation et activités liées

Le niveau de la consommation des ménages de la base 2010 est issu des données d’Ésane sur les ventes de service par type de clientèle http://www.insee.fr/fr/themes/comptes-nationaux/default.asp?page=base_2010/methodologie/methodo-b2010-4.htm

ERE du GN79Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

 

 

5/ GN82Z Activités administratives et autres activités de soutien aux entreprises

HN82Z1 Activités administratives

HN82Z2 Activités de centres d’appels

HN82Z3 Organisation de salons professionnels et congrès

HN82Z4 Activités de soutien aux entreprises

ERE du GN82Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

6/ GQ86M Activités pour la santé humaine marchandes

La plupart des données de l’ERE proviennent du compte satellite de la santé établi par la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) du Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé (voir page Comptes satellites).

ERE du GQ86M en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

7/ GR92Z Organisation de jeux de hasard et d’argent

Le poste jeux de hasard comprend l’exploitation d’installations des jeux de hasard avec gains d’argent, telles que les casinos, salles de bingo et terminaux de jeux vidéo, et la fourniture de services de jeux de hasard, tels que loteries et paris mutuels hors hippodrome. Pour la consommation des ménages sont donc pris en compte en base 2005 :

  • les casinos
  • la Française des Jeux
  • le Pari Mutuel Urbain (PMU)

Avant 2010, seuls trois acteurs intervenaient dans le secteur des jeux de hasard (les casinos, la Française des Jeux et le PMU). Or depuis la loi relative à l’ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d’argent et de hasard en ligne (mai 2010), de nouveaux opérateurs sont apparus sur le marché des jeux en ligne. L’ouverture à la concurrence a concerné trois secteurs distincts : les paris hippiques, les paris sportifs et les jeux de cercle (poker).

Ces nouveaux opérateurs ne sont pas pris en compte en base 2005 et la consommation afférente des ménages telle qu’établie en base 2005 pour les années 2010 et 2011 n’en tient donc pas compte. L’objectif de la base 2010 a été d’intégrer la consommation liée à ces nouveaux opérateurs. On note que depuis la loi de mai 2010, la Française des Jeux et le PMU ont également développé des jeux en ligne sur les trois secteurs précités. Ainsi, la dépense des ménages dans ces 3 secteurs par ces 2 opérateurs historiques est déjà prise en compte en base 2005.

Pour pouvoir intégrer les nouveaux opérateurs, il a été vérifié que les nouveaux opérateurs figurent effectivement dans Ésane (remarque : le RSP devra identifier chaque année les opérateurs suivis dans Ésane).

 

L’ERE est très contraint. Les seuls emplois sont la consommation des ménages alors que les ressources sont constituées des ventes et des impôts. Le montant des impôts sur les jeux de hasard est fourni par la direction générale des finances publiques (DGFiP) pour les comptes semi-définitif et définitif, et estimé par la direction générale du Trésor (DGTrésor) pour le compte provisoire. Les impôts sont comptabilisés en droits constatés, mais il peut exister une léger décalage sur les produits entre l’année de production et l’année de perception des impôts, lié aux effets de fin d’année (il est probable que les taxes liées aux jeux de fin de l’année n soient comptabilisées l’année n+1). Aucune correction n’est effectuée pour corriger ce décalage.

L’ERE étant très contraint, une ligne d’ajustement a été intégrée dans l’ERE « Ajustement statistique sur ventes totales des SNF+EI » permettant de résorber les écarts entre ÉSANE ou les indicateurs conjoncturels d’activité, les impôts et la consommation des ménages. L’ajout de cette ligne permet de s’aligner systématiquement sur les évolutions de la consommation des ménages aux différents comptes.

ERE du GR92Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

8/ GS96Z Autres services personnels

HS96Z1 Blanchisserie-teinturerie

HS96Z2 Coiffure

HS96Z3 Soins de beauté

HS96Z4 Services funéraires

HS96Z5 Autres services personnels

Les importations et exportations sont fournies au niveau G. Pour les importations, on affecte un « chouïa » à la coiffure (Z2), le reste au prorata des ventes de HS96Z3, Z4, Z5. Les exportations sont réparties au prorata des ventes de HS96Z3, Z4, Z5.

Par convention, les consommations intermédiaires des services funéraires sont composées uniquement de la sous-traitance (CI totale = CI2). Lors d’un calage imposé sur le niveau G du DCN, on est parfois obligé de modifier un peu les montants des services funéraires pour que la CI2 imposée du DCN corresponde à la CI totale de cet ERE. Ces modifications se retrouveront à l’opposé dans la coiffure (HS96Z2), qui sert d’ERE solde dans ce cas.

ERE du GS96Z en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

v

 

V – GL68R LOCATION DE BIENS IMMOBILIERS (LOYERS RÉELS)

L’ERE L68R « location et exploitation de biens immobiliers (loyers réels) » se divise en deux niveaux H :

– le niveau L68R1 « location de logement »

– le niveau L68R2 « location de terrain et autres biens immobiliers ».

Le niveau L68R1 comprend deux sous-niveaux HL68R1AA (Location  de logements – loyers réels) et HL68R1AB (Location  de logements – gardiens d’immeubles).

 

En base 2010, les emplois du niveau HL68R1 sont calés sur le compte satellite du logement (CSL) et l’équilibre est entièrement contraint [5]. Afin de rester calé sur les ventes issues d’Ésane au niveau G, les ventes du niveau HL68R2 sont égales à la différence entre les ventes Ésane du niveau G et celles, résultant des emplois, du niveau HL68R1.

La bas 2005 avait été l’occasion pour le compte central de se caler en niveau sur la consommation de services de logement telle qu’estimée par le Compte satellite du Logement (CSL) (voir page Comptes satellites). En effet, le CSL revoit régulièrement ses séries lorsque de nouvelles sources sont disponibles (notamment l’enquête logement) selon un calendrier différent de celui des changements de base des comptes nationaux. En conséquence, les comptes nationaux qui se calent sur les évolutions du CSL pour l’évolution des loyers en campagne courante doivent se caler en niveau sur le CSL en changement de base.

Cependant, en base 2005, les comptes nationaux ne s’étaient pas calés sur la ventilation par secteur institutionnel de la production de services de logement alors même que le CSL fournit une ventilation filières qui permet d’approcher assez finement les secteurs institutionnels. La base 2010 est donc l’occasion de se caler sur le CSL par secteur institutionnel.

En base 2010, le compte central s’est plus finement calé sur le CSL et sur la production par secteur institutionnel de services de logement. Par ailleurs, on a tenu compte de la partie récupérable des charges de gardiens d’immeuble.

En base 2014, les résultats de l’enquête nationale sur le logement (ENL) de 2013 sur la croissance des loyers, notamment ceux imputés aux ménages propriétaires de leur logement, ont été pris en compte. Il en résulte une révision en hausse sur les 15 dernières années du taux de croissance de la production comme de la dépense de consommation des ménages en services de logement.

ERE du GL68R en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

 

1/ Calage sur le CSL de la production par secteur institutionnel

Le niveau L68R1 « location de logement » est contraint par ses emplois (uniquement de la consommation finale), déterminés parles montants de loyers réels versés par les ménages. Ce montant est fourni par le CSL . La répartition de ce montant en ressources se fait en base 2005 comme suit :

– la production non stockée des SNFEI est issue des ventes Ésane augmentées des autres produits d’exploitation ;

– la production non stockée des instituts de crédit et des entreprises d’assurance est une donnée exogène au niveau G L68R à laquelle on applique une clé fixe afin de répartir cette production entre les deux niveaux H ;

– la production non stockée des APU qui correspond aux avantages en nature des fonctionnaires (logements loués à titre gratuit par l’administration) est cohérente avec ce que donne le CSL en logés gratuits des autres bailleurs sociaux ;

– la production marchande des branches non marchandes, est fournie en exogène au niveau G et est reventilée au niveau H en fonction d’une clé fixe. Elle correspond à la location de biens immobiliers dont les administrations publiques sont propriétaires ;

– les écarts sur subvention et la fraude sont également donnés en exogène ;

– le solde de l’ERE est donc la production des ménages égale aux emplois moins les autres ressources.

 

Or, la production des ménages en L68R1 s’est fortement éloignée de ce que fournit le CSL en production des bailleurs personnes physiques (- 12,1 Md€ d’écart en 2010) ; cette information du CSL est une des plus solides puisqu’elle s’appuie sur différentes sources cohérentes entre elles (voir tableau ci-dessous pour les écarts). En contrepartie, la production des entreprises de l’ERE (SNFEI, IFEA) est bien supérieure à la production des HLM (classées en SNFEI dans le compte central) et des autres personnes morales, retenue dans le CS (13,3 Md€ d’écart).

La production des SNFEI en L68R1 issue d’Ésane peut être remise en cause pour plusieurs raisons :

  • D’une part, il semble que les sociétés d’HLM déclarent dans leur compte en production et en CI leurs charges déductibles alors que pour la comptabilité nationale ces charges sont exclues de la consommation des ménages en produit L68R1 (et compris en consommation des ménages des produits des ERE correspondant aux charges – eau, électricité, petits travaux…). Un passage au compte est donc nécessaire pour corriger la donnée spontanée issue d’Ésane en production et en CI de ces charges déductibles. L’estimation des montants à corriger repose sur les comptes de résultat des Offices Publics pour l’Habitat et des Sociétés Anonymes d’HLM qui représentent 90% du CA des SNF du secteur L68R1. Ces montants sont ensuite extrapolés à l’ensemble des SNF appartenant au secteur L68R1. En 2010, il a été proposé de retirer du chiffre d’affaire du secteur L68R1, un montant  de 1,5 Md€ de charges récupérables hors gardiens d’immeuble.
  • D’autre part, il est possible qu’une partie de la production affectée en L68R1 soit mal classée et relève en réalité des produits L68R2 « location de terrain et autres biens immobiliers » ou I55Z « hébergement ».

 

La production des ménages en L68R1 du cadre central est donc calée sur le CSL, soit 36,429 Md€ en 2010. L’équilibre de l’ERE L68R1 se fait en soldant sur la production des SNFEI. Afin de rester calé sur la production issue d’Ésane au niveau G, la production des SNFEI du L68R2 est augmentée des niveaux retirés à la production des SNFEI du L68R1. Ce traitement a un impact sur (a) l’approche revenu et sur (b) la convergence entre l’approche revenu et l’approche demande :

° On a revu à la hausse la production des ménages de 12,1 Md€ en 2010. La CI de la branche L68 pour les ménages étant, en base 2005, un pourcentage fixe de la production (3,3 %) ; la VA des ménages est donc revue de 11,7 Md€ environ. Par ailleurs, la VA des SNFEI est modifiée par le nouveau passage au compte relatif aux charges récupérables et est abaissée de -1,5 Md€. Au total, l’impact sur le PIB par l’approche revenu est donc de 10,2 Md€.

° L’approche demande n’était en revanche pas modifiée puisque les emplois finals ne sont pas revus à la hausse ; au niveau total du L68R, le surplus d’emploi impliqué par la révision à la hausse de la production des ménages est en contrepartie un surcroît de consommation intermédiaire du produit L68R2. En conséquence comme l’approche revenu est revue à la hausse et l’approche demande est inchangée l’écart entre les deux approches est revu de 10,2Md€.

 

 

 

2/ La délicate question des charges récupérables

Dans l’ERE HL68R1AA, la consommation des ménages représenterait les loyers relatifs à la location d’appartements et de maisons, vides ou meublés destinés à l’habitation principale et les loyers des parkings qui sont directement rattachés à ces logements, mais ne couvre pas les loyers relatifs aux foyers logement de jeunes travailleurs, d’étudiants et de personnes âgées (classés en action sociale avec hébergement, HQ87M0, HQ87N1, HQ87N2, HQ87N3, HQ87N4 et HQ87N5).

Les charges désignent dans le langage courant l’ensemble des prestations associées à l’usage du logement (frais de gardiens, d’entretien des parties communes…), assurées par la copropriété ou le propriétaire du logement.

Dans le CSL, la notion de charges est plus large : elles comprennent non seulement les charges collectives liées au fonctionnement de l’immeuble, mais aussi des dépenses individuelles réalisées à l’intérieur des logements, telles que les petits travaux, ou les primes d’assurances multirisques habitation. En revanche, dans le cas des immeubles équipés de chaudière collective, ou lorsque la distribution d’eau n’est pas individualisable, les dépenses afférentes (fourniture d’eau et d’énergie aux logements) sont retranchées des charges : elles ne doivent pas faire double compte avec les dépenses d’énergie, qui constituent un agrégat spécifique des dépenses courantes. Seules les dépenses d’énergie pour éclairer et chauffer les parties communes sont intégrées aux charges.

Lorsqu’ils sont locataires, les ménages n’ont pas à acquitter la totalité des charges relatives à leur logement, une partie incombe au propriétaire : le coût de l’entretien des parties communes, des espaces verts, de l’ascenseur…est réparti entre le propriétaire et le locataire. On considère, en effet que la présence d’espaces verts, d’un ascenseur ou d’un gardien, qui élève le montant des charges, bénéficie en premier lieu à l’occupant mais contribue aussi à la valeur vénale du bien immobilier et participe au « standing » de l’immeuble. Par analogie, on isole parmi les charges des propriétaires occupants, celles qu’ils supporteraient s’ils étaient locataires de leur propre logement.

Dans le cadre central de la comptabilité nationale les charges récupérables sont l’ensemble des frais engagés que le propriétaire du logement peut se faire rembourser auprès de l’occupant du logement. Seules les charges dites récupérables appartiennent à la consommation finale des ménages et figurent dans les charges des occupants du CSL (et donc dans les dépenses courantes); les charges non récupérables sont classées en consommation intermédiaire ou en charges d’exploitation des producteurs de service de logement.

Dans l’ERE (HL68R1AB) du cadre central  (Location de logements – gardiens d’immeubles), la consommation des ménages correspond à la partie récupérable des salaires et charges sociales (salariales et patronales) de gardiens d’immeubles.

La plupart des charges fait l’objet d’un tel traitement : les charges locatives (entretien et petits travaux des parties communes), les petits travaux dans les logements et les frais de personnels sont concernés . Les frais de baux et d’agence sont également acquittés à la fois par les propriétaires et les locataires. En revanche, les primes d’assurances (hors assurances des copropriétés), les taxes d’enlèvement des ordures ménagères et de balayage et les frais de déménagement sont à la charge exclusive de l’occupant.

Seule une partie des travaux réalisés dans les logements est classée dans les charges. En tant que dépenses de consommation, les travaux de petit entretien comptabilisés dans les charges (peinture, petits travaux de plomberie…) s’opposent aux gros travaux d’entretien, destinés à prolonger la durée de vie des logements (toiture, ravalement…), qui sont des dépenses d’investissement (voir page Comptes bâtiment travaux publics).

L’enquête de la CNAB (Confédération nationale des administrateurs de biens)) livre des résultats en euros/m². Le calcul du montant global se fait par extrapolation au parc (surface par filière, tranche d’unité urbaine et type d’habitat). Une analyse de la variance, réalisée à partir des données de l’ENL, a permis de repérer au préalable les facteurs les plus discriminants sur le montant des charges locatives : la taille du logement et la localisation en tranches d’unités urbaines, ainsi que la présence d’un chauffage central .

Les différentes charges locatives issues de l’enquête de la CNAB et leur intégration dans le CSL

 

La dernière opération consiste à faire l’éclatement entre la partie récupérée sur le locataire et la partie non récupérée à la charge du bailleur. Le taux, établi par des professionnels, est de 60 % pour la partie récupérable.

L’entretien des ascenseurs est évalué selon une méthode spécifique. L’information provient de la consommation des ménages du cadre central de comptabilité nationale ; la ventilation dans les filières est réalisée au prorata des surfaces en immeubles collectifs avec ascenseurs (source ENL). En comptabilité nationale, 73 % de cette dépense est considérée comme récupérable (chiffre secteur social confirmé par des experts du secteur privé). La dépense en électricité pour assurer le fonctionnement des ascenseurs est comptabilisée avec l’électricité des parties communes. Comme toujours une exemple fictif aide à mieux comprendre. Voici ce qu’on pense avoir compris des méthodes de l’Insee.

 

 

3/ Ajout en production de services de logement de la partie récupérable des charges de gardiens d’immeuble

Par ailleurs, en base 2010, le service de gardiens d’immeuble n’est  plus identifié en tant que tel mais inclus dans les loyers en branches L68R et L68I. En base 2005, ce service était éclaté entre 3 produits (T97Z, N81Z, L68A). Il donnait lieu :

  • à une consommation finale des ménages pour la partie récupérable des charges de gardien d’immeuble lorsque l’occupant est un ménage ;
  • à une consommation intermédiaire pour la partie récupérable des charges de gardien d’immeuble lorsque l’occupant est une entreprise ;
  • à une consommation intermédiaire des branches L68R et L68I pour la partie non récupérable des charges de gardien d’immeuble.

En base 2010, il n’y a plus de consommation intermédiaire des branches L68R et L68I en gardien d’immeuble puisque la production du service de gardien d’immeuble est directement comprise dans la production de la branche L68.

En revanche, la production de la branche L68 est relevée de la partie récupérable des charges pour gardien d’immeuble. Ce surcroît de production a pour contrepartie un surcroît de consommation des ménages en produit L68R1 et L68I (partie récupérable des charges de gardien d’immeuble pour les ménages locataires ou propriétaires occupants) et de consommation intermédiaire des entreprises en produit L68R2 (partie récupérable des charges de gardien d’immeuble quand l’occupant est une entreprise).

 

Ce changement de comptabilisation se traduit :

  • par une consommation des ménages en produit L68R1 et L68I relevées de la partie récupérable des charges pour gardien d’immeuble.
  • par une production des SNFEI en L68R relevée de la partie récupérable des charges pour gardien d’immeuble lorsque le bailleur est une SNFEI.

Dans la construction de son ERE L68R1, il faut encore relever la production des ménages du montant des charges récupérables de gardien d’immeuble pour les bailleurs personnes physiques. Une fois ce montant de production des ménages y compris gardien d’immeuble connu, la construction de l’ERE est la même que celle décrite en (a).

 

4/ synthèse pour le cadre central

Au final, dans l’ERE du L68R1, le cadre central doit se caler pour la production des ménages sur le CSL accru (i) du montant de charges récupérables du service de gardiennage relatif à des bailleurs personnes physiques et (ii) du petit montant de la production de service de logement de Mayotte . On doit ensuite solder l’ERE du L68R1 sur la production des SNFEI et ajuster la production des SNFEI en L68R2 de manière à rester calé sur le montant total de production des SNFEI du L68R, donné en exogène.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

VI – GL68I LOYERS « IMPUTÉS » 

En comptabilité nationale, les loyers imputés correspondent aux loyers que les propriétaires occupant leur logement auraient à payer s’ils étaient locataires du logement qu’ils habitent. En ressources, les loyers imputés constituent de la production pour compte propre des ménages propriétaires occupant leurs logements.

En emplois, la consommation des ménages représente les loyers imputés (ou fictifs) qui correspondent aux loyers que les propriétaires occupant leur logement auraient à payer s’ils étaient locataires du logement qu’ils habitent. Ce poste regroupe les loyers imputés des résidences principales occupées par leur propriétaire et des résidences secondaires. Il prend également en compte les loyers imputés des locataires logés gratuitement lorsque le bailleur est une personne physique et les loyers des parkings qui sont directement rattachés au logement.

Le Service de l’Observation et des Statistiques (SOeS) du Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie produit annuellement le compte satellite du logement (voir page Comptes satellites).

ERE du GL68I en millions d’euros en 2010 base 2010

 

 

 

Comment les loyers à usage d’habitation et les loyers fictifs sont-ils calculés plus précisément ?

 

1) La notion de service de logement et de loyer imputé

Le service de logement renvoie au fait de se loger: il existe dès lors que quelqu’un est logé

  • Il est produit par le propriétaire du logement et consommé par l’occupant
  • Il nécessite une analyse par filières pour être pertinent:
  • Résidences principales :  p
    • propriétaires occupants (accédants ou non-accédants)
    • Locataires (du parc privé ou du parc social)
  • Résidences secondaires
  • Logements vacants
  • Locaux d’hébergement collectif
  • Lorsqu’il est produit et consommé par un même agent, il donne lieu à des loyers imputés

 

 

2) Les loyers imputés dans les comptes nationaux

Selon le système européen de comptes économiques intégrés (SEC), le service de logement produit par les propriétaires occupants est mesuré par la valeur des loyers de logements locatifs similaires aux leurs.

Des logements sont considérés comme similaires s’ils rendent un service équivalent à leurs occupants. Tel serait le cas de deux logements du parc locatif privé, situés dans des agglomérations de même taille, ayant le même niveau de confort et à peu près la même superficie. Les loyers de ces logements seront alors voisins, sous réserve, toutefois, que leurs occupants s’y soient installés à peu près à la même époque.

Mais les loyers dépendent aussi de certaines caractéristiques de l’occupation de ces logements : les logements sociaux ont des loyers moins élevés que ceux du parc privé, et plus un locataire est ancien dans les lieux, moins son loyer est élevé.

La valeur du loyer doit en principe être estimée par référence à un prix qui ne dépend que des caractéristiques du logement et non de celles du bailleur et du consommateur, ni des modalités d’occupation.

On a donc recours à un modèle économétrique expliquant le logarithme du loyer par les caractéristiques du logement (taille, localisation…). Les paramètres du modèle économétrique sont estimés à partir d’un échantillon de logements locatifs. Cette équation est ensuite utilisée pour estimer les loyers des propriétaires et des logés gratuits : connaissant, pour ces ménages, la valeur des variables explicatives, on en déduit leurs loyers imputés. Les caractéristiques des logements sont en effet repérables de manière objective pour les logements des propriétaires, comme pour ceux des locataires.

 

Log (prix au m2) = a + b *1 (1pièce) + c * 1 (2pièces) +…

Où a (constante) est le loyer moyen du logement type de référence de 3 pièces  (ici a et b sont positifs car les prix au m2 sont plus élevés pour un studio et un 2 pièces que pour un 3 pièces).

 

La variable expliquée n’est pas le loyer lui même, mais le logarithme du loyer.

Les loyers fictifs sont estimés ainsi pour chaque type d’appartement.

 

Chaque enquête nationale logement (ENL) permet de connaître les loyers payés par les locataires au moment de l’enquête et de calculer les loyers imputés. On dispose donc, les années d’ENL, d’un montant de loyer par m² par filière et type d’habitat (individuel/collectif). Entre deux enquêtes logement, le montant des loyers évolue sous l’effet du changement des prix des loyers et des transformations du parc (effet qualité).

– Le nombre de logements se modifie sous l’effet de la construction neuve, mais aussi des désaffectations, des éclatements, des fusions ou des logements nouveaux affectés à l’habitation.

– La surface moyenne des logements évolue.

– Le prix des loyers par m2 à qualité constante (même confort, même état des logements, soit l’effet prix pur) évolue lui aussi, généralement à la hausse.

– La qualité moyenne des logements s’accroît. L’évolution de la qualité des logements est supposée égale à l’évolution annuelle moyenne lissée de la qualité observée entre deux enquêtes logement. L’effet qualité est calculé comme l’effet résiduel entre l’évolution des loyers donnée par l’enquête logement et les évolutions de prix entre deux enquêtes logement.

 

 

3) Comment mesurer les dépenses de loyers ?

Le chiffrage est réalisé par le CSL avec le même  principe pour les loyers réels et les loyers imputés Loyers, (fonction de la surface moyenne, du nombre de logements et des loyers au m² pour chaque année).

 

 

 

4) Les évolutions de prix

Elles sont élaborées :

• pour tous les types de logement,

• on connaît donc pour chaque enquête logement le loyer au m2 ainsi que l’évolution des prix. On en déduit l’évolution de la qualité qu’on ne prend pas telle quel mais qu’on lisse,

• les prix sont à qualité constante.

 

 

 

 

5) Loyers au m² : les effets qualité

Pour tous les types de logement, on a la formule précédente de l’effet qualité.

Détermination de l’évolution de la qualité :

• Entre 2 enquêtes logement : évolution annuelle moyenne observée

• Lissage de l’évolution de la qualité (dans le graphique la qualité croît de 2% entre 88 et 92) mais on la lisse pour éviter des changements de qualité entre la période 88-92 et les 2 périodes qui l’entourent.

 

 

 

 

 

 

VII – LA PANDÉMIE DU COVID 19 AFFECTE PRESQUE AUTANT LES SERVICES QUE L’INDUSTRIE

De nombreuses études sectorielles ont été faites à l’Insee sur les services marchands. On les reprend ici. Les fait marquants sont d’une part le net ralentissement de la croissance du coefficient technique des services aux entreprises en particulier par l’industrie (CI en services / production de la branche) à partir de 2000 (relayé en partie par une hausse de ce même coefficient par les branches tertiaires) (voir page Secteur tertiaire) et surtout la chute de l’activité (à l’exception de quelques services : logiciels, santé,..) en 2020 comme jamais les services n’en avaient connu durant les crises précédentes de 1929, 1975 et 2008-2009  (voir page Reprise économique incertaine).

 

1/ L’activité chute en 2020 mais reprend en 2021 [4]

L’élan des services marchands est stoppé net en 2020 avec l’épidémie de Covid-19, leur valeur ajoutée décroît de 6,7 % en volume, soit légèrement moins que celle des transports, de l’industrie manufacturière et de la construction. La production chute dans les services directement en contact avec le public (restauration, activités culturelles et récréatives marchandes, services personnels) et dans ceux indirectement affectés par les restrictions de circulation (hébergement).

La situation des services est très hétérogène : la plupart des activités se sont quasiment arrêtées pendant plusieurs mois et d’autres, minoritaires, sont très peu affectées. La majorité des services aux ménages (en particulier, restauration, activités culturelles, hébergement et services personnels) pâtissent de la fermeture administrative au printemps et en fin d’année des établissements accueillant du public, ainsi que des mesures de limitation d’affluence et de restriction de circulation. Ainsi, la valeur ajoutée des services principalement orientés vers les ménages diminue de 8,7 % en volume et contribue pour les deux tiers (– 4,2 points) à la baisse de la valeur ajoutée des services marchands. Les services aux entreprises contribuent également à cette baisse (– 2,5 points) : leur valeur ajoutée se replie de 6,7 %. Seuls les services d’information-communication, très dynamiques avant la crise, résistent : leur valeur ajoutée se maintient (– 0,2 %). La location de logement amortit aussi le choc. Au total, comparée au PIB, la valeur ajoutée des services marchands baisse moins en volume, mais davantage en valeur (– 5,9 % contre – 5,5 %). Sa part dans la valeur ajoutée de l’ensemble des branches atteint 35,3 %. Elle recule légèrement, en 2020, pour la première fois depuis 2009 : – 0,2 point.

Après la chute de l’année 2020, les  rebondissent un peu moins fortement que le commerce, les transports et les activités financières, si bien que leur part dans la  diminue pour la seconde année consécutive, de 0,6 % en 2021, après dix ans de hausse. Les services marchands non financiers restent toutefois le principal créateur de valeur ajoutée dans l’économie française : en 2021, les services marchands non financiers représentent 34,6 % de l’ensemble de la valeur ajoutée.

La valeur ajoutée des services marchands non financiers rebondit de 5,5 % en volume en 2021, après avoir chuté de 6,5 % en 2020, et se rapproche ainsi de son niveau d’avant-crise (graphique suivant). Ce rebond concerne l’ensemble des activités de services, qu’elles aient été peu ou beaucoup touchées par la crise sanitaire en 2020. Il est particulièrement fort dans les services d’information-communication, peu affectés par la crise, et dans les services principalement orientés vers les entreprises, leur permettant de dépasser leur niveau de 2019. En revanche, les services principalement orientés vers les ménages (hébergement-restauration, arts, spectacles et activités récréatives, services personnels) continuent à pâtir de la situation sanitaire et ne retrouvent pas, en 2021, leur niveau de valeur ajoutée de 2019.

Valeur ajoutée des services marchands

a) La production de services aux entreprises retrouve son niveau de 2019

En 2020, es services aux entreprises sont très affectés mais un peu moins que les services aux ménages. En 2021, la production progresse diversement selon les activités de services aux entreprises mais retrouve globalement son niveau de 2019. Après avoir été divisée par deux en 2020, la production d’organisation des foires et salons professionnels ne rattrape que 20 % de la chute observée à la suite du maintien de jauges, et celle des services de réservations comble la moitié de la baisse de 2020. La dynamique des centres d’appels et des services relatifs aux bâtiments et aménagements paysagers se confirme. Après avoir bien résisté en 2020, leur production augmente plus vite que l’ensemble des services marchands. La location et la location-bail dépassent leur niveau de 2019, après une baisse modérée en 2020.

Dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques, comme dans les activités comptables, l’ingénierie et l’architecture, les autres activités spécialisées et le conseil de gestion, la production augmente à nouveau fortement, après une baisse limitée. Elle dépasse nettement son niveau de 2019, sauf dans les services des sièges sociaux, de publicité et études de marchés. Si la publicité (digitale et télévisuelle) dépasse son niveau de 2019, les autres supports (presse et radiodiffusion) et la communication événementielle (publicité sur les lieux de vente, foires et salons, expositions, etc.) restent nettement en retrait. L’activité immobilière progresse modérément (+ 2,0 %), notamment grâce au rebond de la demande de location d’entrepôts et de bureaux. L’intérim repart vigoureusement (+ 13,7 %), porté par la hausse générale de la demande, après s’être effondré en 2020, notamment dans la construction.

L’information-communication augmente davantage que les services aux ménages et aux entreprises, avec une hausse de sa production de 8,9 % en volume. Les services de télécommunications, activités informatiques et services d’information bénéficient de l’accélération de la numérisation de l’économie, favorisée notamment par l’essor du télétravail durant la crise. En outre, la réouverture des cinémas favorise la production de films, qui repart à la hausse (+ 14,4 %). La diffusion audiovisuelle (télévision, radiodiffusion) se singularise avec une croissance inférieure à celle de 2020.

 

b) La production de services marchands principalement orientés vers les ménages reste en deçà de son niveau d’avant-crise

Dans l’hébergement-restauration et les services personnels, où la  avait le plus chuté en 2020, le rebond est le plus fort (respectivement + 16,4 % et + 14,4 % en volume). Cependant, ces hausses ne permettent pas de retrouver les niveaux de 2019 (voir page Reprise économique fragile). La production de la restauration reste même inférieure de 22 % à son niveau de 2019 et celle de l’hébergement de 33 %, l’absence d’une partie de la clientèle étrangère continuant de se faire ressentir.

Après une forte chute en 2020, la production des activités culturelles et récréatives marchandes repart à la hausse (+ 10,8 %). Ces activités restent cependant soumises aux restrictions sanitaires (fermetures obligatoires, jauges) et ne retrouvent globalement pas leur niveau d’avant-crise. L’activité des bibliothèques et musées continue à décroître légèrement après la chute de 2020.

Au total, la production de services marchands principalement orientés vers les ménages s’accroît de 5,5 % en volume et reste en deçà de son niveau d’avant-crise.

 

 

c) L’investissement en services augmente davantage que les achats intermédiaires

En 2021, la demande intérieure en services marchands progresse de 7,2 % en volume, après avoir baissé de 6,5 % en 2020.

Les achats intermédiaires des entreprises et administrations représentent le principal débouché des activités de services. Ils captent la moitié des ressources produites ou importées. Ils augmentent davantage (+ 8,2 %) que la demande intérieure et la production (+ 7,3 % en volume). Cette hausse permet de revenir au niveau de 2019. L’intérim, les activités de sièges sociaux, les autres activités de soutien, la location de bureaux, de commerces et la publicité, sont surreprésentés dans les consommations intermédiaires. Or l’achat de ces services est plus facile à ajuster, d’où la plus grande variation de la demande en période de crise.

L’investissement en services, stable en 2020, est la composante de la demande intérieure qui progresse le plus en 2021 (+ 9,2 % en volume) Il en représente désormais 15 %. Les investissements en logiciels et bases de données en restent le principal moteur de croissance : la poursuite de l’essor du télétravail à grande échelle et du commerce en ligne contribuent à inciter les entreprises et les administrations à développer ou à sous-traiter la réalisation de logiciels dédiés, ou à améliorer significativement les logiciels existants. Les investissements en recherche et développement (R&D) progressent moins vite que l’ensemble des investissements en services. Leur part dans l’ensemble des investissements est passée d’un quart en 2014 à un cinquième en 2021. Les investissements en activité des marchands de biens et agences immobilières et en services des notaires, frais liés à l’investissement dans les bâtiments, augmentent particulièrement. Le nombre de transactions de logements atteint un niveau record, après une légère baisse en 2020, et la demande de locaux, bureaux et commerces reste forte.

 

 

d) L’excédent des échanges extérieurs de services dépasse à nouveau les 5 milliards d’euros

Les exportations de services (hors transports, activités financières et voyages) et les importations rebondissent en 2021 pour retrouver leur niveau d’avant-crise (tableau suivant). Les exportations de services qui augmentent le plus, en volume, sont les activités administratives et autres activités de soutien aux entreprises, la R&D marchande, les services informatiques et les activités des sièges sociaux et de conseil de gestion. Les importations progressent principalement dans les activités de services informatiques (+ 13,2 %), des sièges sociaux et de conseil de gestion (+ 20,0 %).

Les exportations de services marchands progressent plus que les importations en 2021. Par conséquent, l’excédent des échanges extérieurs de services augmente et atteint 5,2 milliards d’euros, soit presque son niveau d’avant la crise sanitaire. Il convient toutefois de noter que ces montants ne sont pas les mêmes que ceux de la Balance des Paiements (voir page échanges extérieurs).

 

Échanges extérieurs de services en milliards d’euros

 

 

 

 

 

2/ L’édition de logiciels :un secteur très dynamique, en croissance en 2020 malgré la crise sanitaire

Le secteur de l’édition de logiciel bénéficie de la demande croissante des entreprises et des administrations pour les solutions numériques et de l’engouement des particuliers pour les jeux électroniques [5]. En 2019, il réalise 15,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 1,9 % de celui des services principalement marchands et 6,9 % de celui de l’information et communication. Cela est nettement inférieur à celui de la programmation, du conseil et des autres activités informatiques (80,9 milliards d’euros, soit 36,8 % du chiffre d’affaires de l’information-communication), mais dépasse celui des services d’information (respectivement 9,5 milliards et 4,3 %). Parmi les 5 600 entreprises du secteur, la majeure partie édite des logiciels autres que les jeux électroniques (92,4 %), en particulier des logiciels applicatifs (76,4 %).

 

a) Hausse de l’activité en 2020 malgré la crise sanitaire

En 2020, le chiffre d’affaires des unités légales du secteur de l’édition de logiciels augmente : + 3,3 % par rapport à 2019. À titre de comparaison, il se contracte de 10,2 % dans les services (y compris transports, hors activités financières et d’assurance, administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale) et en particulier de 34,8 % dans l’hébergement-restauration. Dans l’édition de logiciels, la quasi-totalité des unités légales de dix salariés ou plus ont maintenu leur activité au moins partiellement pendant le premier confinement (96 % contre 64 % dans les services principalement marchands), en particulier leurs activités de recherche et développement (dans 79 % des cas). Pour ce faire, elles ont recouru massivement au télétravail (en moyenne pour 83 % de leurs effectifs, contre 28 % dans les services principalement marchands).

En 2020, le chiffre d’affaires augmente surtout dans l’édition de jeux électroniques (+ 15,0 %), avec un pic en mars (+ 50,9 % par rapport à janvier 2020) et en décembre (+ 60,3 %) (tableau suivant). La consommation de jeux vidéo s’est accrue avec le confinement et la sortie de nouvelles consoles en fin d’année. Par ailleurs, pour les éditeurs d’autres logiciels, avec le recours accru au télétravail, les entreprises ont eu besoin de plus de solutions numériques. Les technologies d’accès aux données et aux logiciels à distance sur internet se sont fortement développées. De plus, la part importante des revenus liés aux abonnements a amorti les effets de la crise.

Chiffre d’affaires du secteur de l’édition de logiciels en 2020

 

 

b) Fort dynamisme du secteur entre 2010 et 2019

Entre 2010 et 2019, le chiffre d’affaires des unités légales du secteur de l’édition de logiciels progresse à un rythme très soutenu (+ 8,1 % en moyenne annuelle) (tableau suivant). Ce secteur est nettement plus dynamique que l’ensemble des services principalement marchands (+ 3,0 %) et que l’ensemble de l’édition (+ 1,9 %).

Au sein du secteur, l’activité est plus dynamique dans l’édition de jeux électroniques (+ 12,5 % en moyenne annuelle, contre + 7,5 % dans l’édition d’autres logiciels). En effet, les thèmes se diversifient, élargissant la population de joueurs. De plus, l’offre dématérialisée se développe : les ventes de jeux vidéo dématérialisés représentent 79 % du marché du jeu vidéo français en 2018, selon les données de l’Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe. Dans le même temps, les revenus se diversifient (paiement, abonnement, publicité, placement de produits à l’intérieur du jeu, micropaiement). Dans l’édition d’autres logiciels, l’activité progresse en raison des besoins croissants des entreprises et des administrations liés à la numérisation de l’économie.

Entre 2010 et 2019, la demande étrangère contribue au dynamisme du secteur. Le chiffre d’affaires à l’exportation, augmente plus vite que celui réalisé en France (+ 9,5 % par an à l’exportation, contre + 7,4 % en France). Il s’accroît plus fortement dans l’édition de jeux électroniques que dans l’édition d’autres logiciels (+ 14,0 % par an contre + 8,3 %).

Par ailleurs, la part du chiffre d’affaires réalisé par des unités légales appartenant à des entreprises de taille intermédiaire (ETI) ou à des grandes entreprises s’accroît notablement (67 % en 2019, contre 53 % en 2010), portée par l’édition d’autres logiciels. Elle est notamment de 65 % en 2019 dans l’édition de logiciels applicatifs (après 51 % en 2010). Elle n’augmente que très légèrement dans l’édition de jeux électroniques.

Le chiffre d’affaires du secteur augmente principalement en raison de la hausse en volume de l’activité. En effet, entre 2010 et 2019, les prix de production du secteur augmentent très modérément (+ 0,9 % en moyenne annuelle).

 

Chiffre d’affaires du secteur de l’édition de logiciels entre 2010 et 2019

 

3/ Restauration collective : des difficultés structurelles exacerbées par la crise sanitaire

En 2019, le secteur de la restauration collective concédée génère 11 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit 14 % du chiffre d’affaires de la restauration [6]. Depuis 2010, la dynamique du secteur s’est fortement ralentie (+ 0,6 % par an en volume, contre + 2,5 % entre 2005 et 2010). Seul le segment de la santé a montré quelque vigueur.

Trois groupes multinationaux dominent ce marché (70 % des ventes), mais leur part est en recul depuis 2010 (– 12 points).

Le secteur emploie 110 000 salariés en équivalent temps plein (+ 1 % par an depuis 2010). Ces salariés sont majoritairement peu qualifiés et souvent à temps partiel.

Depuis 2010, le taux de marge et la rentabilité économique se détériorent. Le taux d’investissement reste faible (6 % en 2018).

En 2020, la restauration collective a été très affectée par la crise sanitaire liée à la Covid-19 pendant le premier confinement (– 40 % de chiffre d’affaires en mai par rapport à janvier). La réouverture du marché scolaire n’a pas suffi à relancer l’ensemble de l’activité (– 24 % en septembre).

 

a) Une croissance atone, malgré le dynamisme du marché de la santé

En 2019, la restauration collective génère 25 milliards d’euros de chiffre d’affaires, contre 56 milliards pour la restauration commerciale hors domicile. Elle peut être autogérée (14 milliards d’euros) ou concédée à un prestataire (11 milliards d’euros), qui cuisine sur place ou utilise une cuisine centrale. Cette étude porte uniquement sur la restauration collective concédée. Ce mode de gestion prédomine dans le segment des restaurants d’entreprises et des administrations

Entre 2010 et 2019, la dynamique du secteur de la restauration collective concédée ralentit fortement (+ 0,6 % en volume par an, contre + 2,5 % entre 2005 et 2010), évoluant à un rythme nettement inférieur à celui de l’ensemble de la restauration (+ 3,4 %) ou des services marchands (+ 3,0 %) (graphique suivant).

De 2005 à 2010, dans un contexte de faible progression en volume des segments « entreprises et administrations » et « scolaire », le secteur s’était essentiellement développé en gagnant des parts de marché sur la gestion directe (ou autogérée). La décennie 2010 a été plus morose, du fait, notamment, des conséquences de la crise financière de 2009 sur les ménages, les entreprises et les pouvoirs publics, mais aussi des nouvelles attentes de la clientèle.

Sur le segment « entreprises et administrations », la fréquentation a baissé du fait de la crise économique de 2008-2009, qui a engendré un recul durable de l’emploi salarié et des fermetures de sites. Par ailleurs le montant du ticket moyen a diminué : les contraintes économiques pourraient avoir incité certains salariés à modérer leurs dépenses. Les modifications des attentes des consommateurs en matière alimentaire ont pu également contribuer à la baisse de l’activité. Le segment « scolaire » demeure très largement dominé par la gestion directe (particulièrement au primaire). Ce segment est aussi pénalisé par la pression sur les prix, exercée par les collectivités publiques et les parents, notamment après 2015 : les prix n’augmentent en moyenne que de 0,4 % par an entre 2015 et 2019, trois fois moins que ceux de la restauration commerciale (+ 1,4 %). Seule la branche « santé » est réellement dynamique, du fait de l’essor des maisons de retraite et des établissements d‘hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

Évolution de la production en volume depuis 2010 en %

 

b) En 2020, l’activité, fortement perturbée par la pandémie de Covid-19, enregistre une chute brutale de sa production au second trimestre

Comme l’ensemble du secteur de la restauration, les entreprises de la restauration collective concédée ont été très touchées par la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Leur chiffre d’affaires a fortement diminué au 2e trimestre 2020 (– 40 % en mai par rapport à janvier). Cependant, elles ont, toutes proportions gardées, moins souffert de cette première vague épidémique que leurs homologues de la restauration commerciale (– 74 % en mai, après – 90 % en avril). En effet, la restauration collective n’a pas été soumise à une mesure d’ordre administratif (interdictions ou restrictions d’accueil du public), contraignant les restaurants encore actifs à une activité de traiteurs jusqu’à début juin 2020. Elle a néanmoins subi une chute très marquée de fréquentation, du fait de la fermeture des établissements scolaires ou universitaires, de la suspension d’activité de nombreuses entreprises et du développement du télétravail. Seul le segment de la santé a été épargné, notamment celui des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

La reprise de l’activité, après le premier confinement, n’a pas été aussi marquée dans la restauration collective que dans la restauration commerciale, qui a bénéficié à plein de la détente estivale (– 32 % contre – 7 % en août par rapport à janvier 2020). D’une part, les cantines scolaires étaient fermées, du fait des vacances. D’autre part, les restaurants d’entreprises ont continué à être affectés par le maintien du télétravail, les règles de distanciation qui limitent le nombre de convives présents simultanément à table et les craintes de contamination. De nombreux salariés présents sur site apportent ou se font livrer leurs repas. Le marché de la restauration aérienne reste également très touché, du fait de l’effondrement du trafic aérien.

La réouverture du marché scolaire en septembre n’a pas suffi à relancer l’ensemble de l’activité, le segment « entreprises » demeurant à la traîne.

Le deuxième confinement (novembre 2020) n’a eu qu’un impact restreint sur l’activité de la restauration collective, contrairement à la restauration commercial.

 

Évolution de l’indice de chiffre d’affaires en 2020 en %

 

4/ La production des agences de publicité progresse modérément au cours des dix dernières années et chute en 2020

Les agences de publicité coordonnent ou réalisent tout ou partie des campagnes publicitaires pour le compte des annonceurs. Elles demeurent des acteurs incontournables du marché de la publicité malgré la montée en puissance des médias numériques, qui favorisent l’émergence de nouveaux intermédiaires [7]. Les entreprises du secteur des agences de publicité réalisent un chiffre d’affaires de 12,3 milliards d’euros et une valeur ajoutée de 5,0 milliards en 2017. Elles emploient 64 000 salariés. Parmi les 17 300 entreprises du secteur, près de 800 entreprises sont constituées en groupe et près de 16 600 sont mono-unités légales.

Les agences de publicité sont nettement moins dynamiques que les autres services aux entreprises: leur valeur ajoutée stagne et les ventes croissent modérément (+1,8b% par an entre 2009 et 2019 en volume); les prix sont stables depuis 2014 du fait d’une forte pression tarifaire. Non prioritaire en temps de crise, leur activité diminue au printemps 2020 (graphique suivant).

 

Évolution de la production, des prix de production et du chiffre d’affaires des agences de publicité entre 2009 et 2020 en %

De 2009 à 2019, la production des agences de publicité (unités légales du secteur ou intégrées à d’autres secteurs) croît en volume de 2,0 % en moyenne par an, à un rythme plus soutenu que celui de la consommation des ménages (+ 1,0 % en volume). Par ailleurs, les exigences des annonceurs, de taille généralement supérieure à celle des agences, et la forte concurrence liée au nombre d’agences, au-delà de quelques grands acteurs, pèsent sur les prix. Les grands événements sportifs (championnats mondiaux et européens de football, Jeux olympiques) n’ont pas généré un regain d’activité durable.L’activité des agences est très sensible à la conjoncture. En cas de crise, les dépenses publicitaires jouent pour les entreprises le rôle de variable d’ajustement et sont les premières à être reportées ou annulées. De plus, les supports de diffusion évoluent : la part des dépenses publicitaires dans les médias traditionnels (presse, publicité extérieure, télévision, radio, cinéma) recule en valeur alors que celle des médias numériques (réseaux sociaux, Internet) s’accroît considérablement.Les agences de publicité sont affectées début 2020 par la crise sanitaire comme l’ensemble des services, mais le retour à la normale semble moins rapide que dans d’autres secteurs. Leur chiffre d’affaires diminuerait de 6 % en volume au premier trimestre, avec une baisse de près de 15 % de février à mars. La chute serait plus prononcée en avril et mai (baisse de près de 25 % par rapport à février). En juin, elle serait enrayée, mais l’activité resterait fortement déprimée (– 22 % par rapport à février). Au total, l’activité se replierait de 20 % au deuxième trimestre.La valeur ajoutée créée par les agences de publicité est stable entre 2009 et 2017. Elle s’élève à 5,1 milliards d’euros. Cette stabilité s’explique par un recours répandu à la sous-traitance, dont le montant équivaut à 35 % du chiffre d’affaires (soit 4,9 milliards) et augmente plus vite que le chiffre d’affaires. La stratégie de différenciation de l’offre aux annonceurs peut entraîner un besoin accru de prestations très spécifiques. Dotés d’une offre vraisemblablement plus fournie, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ont davantage recours à la sous-traitance (33 % du montant total) que les PME (27 %).

Les frais de personnel sont également stables (4,2 milliards d’euros) en valeur. Les effectifs salariés baissent.

En dépit d’un taux de marge assez stable sur la période (14 %), le secteur des agences de publicité accroît ses investissements depuis dix ans : le taux d’investissement passe de 18 % en 2009 à 28 % en 2017. Cette évolution traduit une hausse des investissements immatériels sur la période (+ 47 %).

 

 

b) Les agences de publicité en France moins dynamiques que leurs homologues européennes

En 2017, la France réalise 11 % du chiffre d’affaires du secteur des agences de publicité des pays de l’Union européenne. Elle se situe au troisième rang, loin derrière le Royaume-Uni (24 %) et l’Allemagne (16 %). Rapportée au PIB, la valeur ajoutée de ce secteur en France est légèrement inférieure à la moyenne des pays européens, elle est notamment très en deçà des valeurs ajoutées britannique et néerlandaise (graphique suivant).

En outre, le chiffre d’affaires et la valeur ajoutée dégagés par les agences publicitaires sont moins dynamiques en France qu’en Allemagne et au Royaume-Uni. Ainsi, entre 2009 et 2017, les chiffres d’affaires des agences implantées au Royaume-Uni et en Allemagne progressent respectivement de 59 % et de 42 %, contre seulement 9 % pour celles implantées en France. Ces différences se répercutent sur les évolutions de la valeur ajoutée. Au Royaume-Uni, les agences ont davantage profité de l’essor de la publicité sur Internet.La publicité est une activité très réglementée en France : certains produits dangereux ne peuvent pas être promus sur tout ou partie des supports publicitaires, la publicité comparative est très encadrée et le temps d’antenne dédié aux messages publicitaires est contrôlé par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Selon un rapport du Sénat, la limitation horaire par jour des spots publicitaires est moins contraignante sur les chaînes de télévision privées au Royaume-Uni et en Allemagne.

 

Part de la valeur ajoutée des activités des agences de publicité dans le PIB en 2010 et en 2017  en %

 

 

 

 

 

VIII – LES SERVICES MARCHANDS EN FRANCE

1/ Vision du secteur des services marchands avec la définition économique des entreprises (en secteur d’activité)

a) Les entreprises

En 2020, on compte 1 913 100 unités légales (UL) dont l’activité principale relève des services marchands : 1 777 600 sont des unités légales indépendantes, 135 500 appartiennent à un groupe. Parmi ces dernières, 101 300 (75 %) sont filiales d’une entreprise des services marchands (graphique suivant gauche). Ces augmentations font suite au nombre de record de créations d’entreprises malgré la crise sanitaire. A contrario, 34 200 sont filiales d’entreprises d’autres secteurs : en particulier, 9 000 sont des filiales d’entreprises commerciales, 8 100 d’entreprises industrielles et 7 800 d’entreprises de la construction. Ces filiales y assurent le plus souvent des fonctions support au sein du groupe : activités de conseil dans les domaines juridique ou comptable, gestion immobilière, services administratifs, etc. Elles emploient 392 000 salariés en équivalent temps plein (ETP), soit 13 % des ETP occupés dans des filiales de services marchands (graphique suivant droite).

En 2020, 144 000 unités légales sont filiales d’une entreprise des services marchands organisée en groupe. Parmi ces filiales, 30 % (42 700) exercent une activité ne relevant pas des services marchands. Pour les deux tiers, ce sont des filiales spécialisées dans les activités financières (28 500), sièges sociaux, holdings ou auxiliaires de services financiers et d’assurance. Le tiers restant œuvre dans la construction (5 200), l’industrie (2 900), le commerce (4 200) dont le commerce de gros (1 800), et, pour une moindre part, les transports et l’entreposage (500). En 2020, les entreprises des services marchands constituées en groupe de sociétés emploient 2,8 millions de salariés en ETP, Au sein de ces entreprises, le poids des filiales dont l’activité ne relève pas des services marchands est relativement marginale : 7 % des salariés (en ETP).

Vision du secteur des services marchands avec la définition économique des entreprises en 2020

 

La mise en œuvre de la définition économique des entreprises conduit donc à rattacher des unités légales des services marchands à des entreprises d’autres secteurs et à intégrer des unités légales ne relevant pas des services marchands à des entreprises des services marchands. Cette réallocation sectorielle a pour conséquence une diminution des effectifs des services marchands de 322 000 salariés en ETP et une réduction de la valeur ajoutée de 36 milliards d’euros et des immobilisations non financières de 234 milliards d’euros  (graphique suivant). Le passage à une analyse au niveau des entreprises plutôt que des UL ajoute à la réallocation sectorielle un effet de consolidation des flux intra‑groupe pour les variables dites « non additives ». Les deux effets combinés réduisent le chiffre d’affaires des services marchands de 120 milliards d’euros : – 83 milliards d’euros dus à la réallocation sectorielle et – 37 milliards provenant de la consolidation.

Impact de la définition économique des entreprises des services marchands en 2020 en milliards d’euros

 

 

b) Chiffres clés des services marchands (en secteur d’activité)

Les services marchands au sens strict se composent de cinq sous‑secteurs. En 2020, les services aux entreprises réalisent près de la moitié (48 %) de la VA des services marchands et l’information‑communication, plus du quart (28 %). Si les activités immobilières ont une contribution à la VA des services marchands supérieure à celle de l’hébergement‑restauration (respectivement 12 % et 8 %), leur poids dans les effectifs est tout à fait différent : l’hébergement‑restauration, activité de main‑d’œuvre , emploie 15 % des salariés contre 5 % dans les activités immobilières, activités très capitalistiques. Le poids des
services aux particuliers est plus faible : 6 % du chiffre d’affaires et 5 % de la VA, seulement 4 % des investissements corporels et 3 % des exportations. Ces dernières se concentrent dans les services aux entreprises (52 %) et l’information‑communication (43 %).

Chiffres clés des entreprises des services marchands en 2020

La très grande majorité des entreprises des services n’ont qu’une seule unité légale : elles sont mono‑unité légale. Mais 2 % (41 700 entreprises) sont organisées en groupe de sociétés. Le plus souvent, elles sont composées de plusieurs unités légales exerçant une activité de services et comptent au total 144 000 unités légales. Bien que très minoritaires en nombre, ces entreprises ont un poids prépondérant dans les services : elles emploient 65 % des salariés en ETP, réalisent 62 % du chiffre d’affaires et de la valeur ajoutée, 59 % des investissements et 70 % du chiffre d’affaires à l’exportation.

En 2020, les entreprises des services marchands exportent près de deux fois moins que l’ensemble des entreprises des secteurs
principalement marchands (10 % du chiffre d’affaires, contre 17 %), la pénétration des marchés extérieurs se faisant plutôt par
l’implantation de filiales (tableau suivant). Leur taux d’exportation est logiquement particulièrement faible dans les services aux particuliers, l’hébergement‑restauration et les activités immobilières (respectivement 5 %, 2 % et 1 %), en raison de la nature essentiellement locale de ces activités. Les entreprises des services marchands se caractérisent également par une forte intégration de la production : leur taux de valeur ajoutée, tiré par les activités immobilières et les services aux entreprises (autour de 54 %), est nettement plus élevé que celui des entreprises principalement marchandes (49 % contre 30 %).

Principales structures de services marchands en 2020

 

 

 

 

2/ L’emploi des services marchands en France (vision large en branche)

En terme d’emploi (heures travaillées) les services marchands (cette fois y compris transport hébergement-restauration mais hors commerce et activités des ménages employeurs) représentent 37,7% des heures travaillées en France avec deux catégories de services rendus aux entreprises largement en tête : les activités spécialisées, scientifiques et techniques et Activités de services administratifs et de soutien (qui incluent les intérimaires). Ces deux activités représentent respectivement 8,3% et 8,1% des heures travaillées en France, soit 43,5% des heures travaillées totales des services marchands au sens large.

Heures travaillées des effectifs totaux (salariés et non-salariés) par branche en millions

 

Enfin au niveau régional, l’emploi des services marchands était très concentré en Ile-de-France et dans la région Rhône-Alpes où il a d’ailleurs progressé sensiblement entre 2010 et 2017. Fin 2018, selon les estimations d’emplois, 28,1 millions de personnes occupent un emploi en France hors Mayotte, dont neuf sur dix sont salariées. Près d’un quart des salariés travaille en Île de France, dont la population représente 18 % de celle du territoire national. Vient ensuite l’Auvergne-Rhône-Alpes avec 12 % des salariés, une part analogue au poids démographique de la région.

L’activité salariée en France est majoritairement orientée vers les services. Le secteur tertiaire regroupe en effet 81 % de l’ensemble des salariés ; cette part varie de 75 % dans les Hauts-de-France et les Pays de la Loire à 85 % ou plus dans les départements d’outre mer (DOM) et en Provence-Alpes-Côtes-d’Azur, et jusqu’à 88 % en Île de France où le tertiaire marchand inclut ici le commerce (tableau suivant).

Niveaux de l’emploi et structure de l’emploi salarié par région fin 2018

 

Emploi salarié direct* des services marchands dans les régions

 

 

 

 

 

 

IX – LES SERVICES MARCHANDS EN EUROPE

1/ Chiffres clés des services marchands en Europe

Le fichier suivant est issu de la base Eurostat.

tableau 70 VA, emploi, rémunérations services marchands eurostat

 

a) valeur ajoutée des services marchands

On pouvait observer les principales structures et les  évolutions :

 

– structures

La valeur ajoutée (VA) des services marchands y compris transport et activités financières en pourcentage de valeur ajoutée totale de l’économie était la plus élevée au Royaume-Uni en 2019 de tous les pays de l’UE des 28 pays (avant le Brexit) : 50,5% de la VA totale. La France venait en seconde position avec 46,5%. Puis suivaient l’Italie et la Belgique. La moyenne de l’UE était de 44,1%.

Mais ces ratios incluent les activités immobilières. Or celles-ci varient fortement d’un pays à l’autre. L’essentiel de la VA de ces activités est constitué de celle correspondant aux loyers fictifs que les propriétaires de leurs logement se versent à eux-mêmes. Non seulement il est discutable de prendre en compte ces activités dans la production de l’économie (PEFP des ménages), mais leur VA est assez mal estimée (voir page Tableau ressources emplois). Si on n’en tient pas compte la part de la VA totale diminue (la VA des activités immobilières doit être aussi retirée du total de l’économie au dénominateur).

Mais le classement n’est plus le même. Le Royaume-Uni reste certes entête avec 42,8% . Mais la Belgique (39,4%) et les Pays-Bas (38,9%) dépassent la France (38,6%). La France est toutefois encore au dessus de la moyenne de l’UE du fait services aux entreprises (activités spécialisées, scientifiques et techniques; activités de services administratifs et de soutien) dont la part dans la VA globale est de 14,1% contre 11,6% dans l’UE. Avec les activités immobilières (12,8% en France contre 11,2% dans l’UE), les services aux entreprises expliquent le ratio élevé en France. L’Italie perd aussi des places car les activités immobilières y sont relativement importantes. En queue de peloton, on trouve le Danemark et l’Allemagne avec ou sans les activités immobilières, pas très loin de la moyenne de l’UE des 28 pays car les pays de l’Est de l’UE ont une part de la VA de l’industrie plus élevée que les pays de l’Ouest.

On parvient ainsi à mieux comprendre la part assez élevée de la VA tertiaire en France, moins toutefois qu’aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Deux activités devraient être rajoutées pour passer des services marchands ainsi définis au secteur tertiaire : le commerce et les activités d’administration publique, défense, éducation, santé humaine et action sociale. Ces derniers ont une part plus élevée en France (21,9% de la VA totale) que dans la moyenne de l’UE (18,7% de la VA totale) (voir page Secteur tertiaire). La VA de services aux entreprises et des activités immobilières expliquent aussi cette part relativement élevée

Valeur ajoutée en prix courants des services marchands en 2019 en % du total de la VA de chaque pays

 

S’agissant des évolutions, cette part (on intègre ici les activités immobilières), augmente de plusieurs points de 2000 à 2019 dans tous les pays sauf l’Allemagne. Ensuite, cette part diminue en 2020, confirmant une fois de plus que la crise du Covid 19 a fortement affecté certains services (transport, tourisme, etc…) (voir page Reprise économique fragile). Elle diminue particulièrement dans certains pays (Espagne d’abord, Pays-Bas), moins en France. Elle continue de diminuer en 2021 dans quelques pays (Italie) mais progresse dans d’autres (Danemark).

Valeur ajoutée en prix courants des services marchands en % du total de la VA de chaque pays

Malgré une part faible dans la VA de l’économie, l’Allemagne reste le principal contributeur de la VA dans l’UE des 28 pays avec 19,5% y compris les activités immobilières. Le Royaume-Uni arrive en second (17,5%) et la France en troisième (15,5%). La part des services aux entreprises est toutefois plus élevée en France (17,8% de la VA totale de l’UE) qu’au Royaume-Uni (17,2%) (tableau suivant).

Part de la VA en prix courants des services marchands dans la VA totale de ces services de l’UE en 2019 en %

 

 

– évolutions

En prix courants, la VA de services marchands y compris transports et activités financières n’augmente pas au même rythme entre 2000 et 2020 dans les différents pays avec des évolutions très divergentes avant la crise de 2009 et après. Jusqu’en 2019, la croissance de cette VA est plus forte en Espagne : +126% depuis 2000. Mais la crise du Covid 19 affecte particulièrement les activités de services en Espagne.  La VA de services marchands diminue de plus de 15% en 2020 pour augmenter de moitié moins en 2021 où l’indice est de 206 base 100 en 2000 (comme en Suède). Du coup la VA augmente plus en Belgique et au Danemark entre 2000 et 2021. En France et aux Pays-Bas, la croissance est un peu moindre que dans l’UE. Les pays retenus ici où la croissance est la plus faible sont l’Allemagne et l’Italie, soit du fait d’une croissance atone en Allemagne entre 2000 et 2010, ou d’une croissance ralentie en Italie entre 2010 et 2019. Les évolutions par période montrent aussi une croissance très forte en Espagne avant 2010, plus du double de celle de l’UE,  suivie d’un ralentissement entre 2010 et 2019 : la croissance de la VA des services y est proche de celle de la France et plus faible que dans plusieurs autres pays.

La croissance en valeur moins forte en France que dans l’UE provient de toutes les sous-branches de services marchands particulièrement des services d’information et de communication dont les prix ont fortement diminué dans plusieurs activités (télécommunications). La croissance en valeur est toutefois plus forte que dans l’UE dans l’ hébergement et la restauration

En volumes chaînés, le classement des pays est un peu différent, traduisant un partage volume-prix divergent selon les pays. La Suède est le pays où la croissance en volume est la plus forte et où celle des prix est la plus faible : +15% entre 2000 et 2021, soit moins de 1% par an.  La Belgique vient en second avec une hausse des prix de  +43% entre 2000 et 2020, évolution qu’on retrouve dans d’autres pays (Espagne, Italie, Pays-Bas). Les indices de prix sont plus faibles en France et en Allemagne (+33%), permettant à la France d’avoir une croissance en volume de la VA des services  proche de celle de l’UE (+40% en 2019 base 100 en 2000) et +30% en 2020 et de dépasser ainsi les Pays-Bas. La VA en volumes chaînés augmente de nouveau le moins en Allemagne et en Italie entre 2000 et 2020.

On rappelle qu’on ne peut pas additionner les volumes chaînés de plusieurs branches pour estimer le volume chaîné du total de ces branches. On l’a pourtant fait ici pour estimer la VA en volumes chaînés de l’ensemble des services marchands comme somme des VA de chaque service (voir page  Partage Volume Prix).

Évolution de la valeur ajoutée en valeur des services marchands par branche base 100 en 2000

Évolution de la valeur ajoutée en volume chaînés des services marchands par branche base 100 en 2000

Évolution annuelle moyenne en valeur de la valeur ajoutée de services marchands entre 2000 et 2021, en %

 

b) L’emploi des services marchands

En heures travaillées, la France n’occupe plus que la sixième place toujours derrière les 3 pays en terme de VA hors activités immobilières mais aussi après l’Italie et l’Espagne : les activités immobilières n’emploient pas beaucoup d’effectifs. Comme pour le Danemark et dans une moindre mesure la Suède, elle « rattrape » son décalage en terme d’emplois tertiaires grâce aux emplois des services principalement non marchands (santé, éducation, administrations, etc…) : 26% de l’emploi global en 2019, pourcentage bien plus élevé que la moyenne de l’UE (21% de l’emploi global) et seulement 15,4% en Italie, soit plus de 10 points d’écart avec la France.

L’écart observée sur la VA entre la France et l’UE sur le services aux entreprises est observée sur les activités spécialisées, scientifiques et techniques mais surtout sur les activités de services administratifs et de soutien (tableau suivant). Ce sont  ces services qui expliquent l’écart entre la part des heures travaillées en France (38,6%) et dans l’UE des 28 pays en 2019 (34,9%).

On pouvait établir ce même tableau en personnes occupées pour voir quelle est la part des services liés à l’emploi (intérim). Il est en effet de nouveau délicat de comptabiliser dans l’emploi des services marchands, les intérimaires qui sont employés par des agences d’intérim, mais travaillent dans d’autres branches de l’économie : plus d’un millions de personnes étaient recensés dans la branche services liés à l’emploi en France (intérimaires), chiffre le plus élevé  dans l’UE, soit 3,6% de l’emploi global (les heures travaillées des servi.ces liés à l’emploi ne sont pas disponibles sur la base Eurostat) Ce pourcentage était toutefois supérieur en Belgique et surtout aux Pays-Bas. Il en ressort que le classement n’est pas le même en terme d’emploi de services marchands avec ou sans intérim. Dans le premier cas, la France compte 37,8% d’emploi en services marchands au sens large dans le total des personnes occupés contre 35,2% dans l’UE. Hors l’intérim, ces pourcentages sont beaucoup plus rapprochés : respectivement 34,2% et 33,2%. De même, avec intérim, l’Allemagne se situe en dessous de la France (36,4%). ce n’est plus le cas hors intérim  (34,4%).

 

Heures travaillées des services marchands dans des pays européens en % du total économie

Heures travaillées des services marchands dans des pays européens en 2019 en % du total économie

Personnes occupées des services marchands dans des pays européens en 2019 en % du total économie

Personnes occupées des services marchands (hors intérim) et de l’intérim  en 2019 en % du total économie

 

 

 

 

 

 

c) la productivité horaire du travail

La productivité horaire du travail augmenterait plus en Suède que dans les autres pays de l’UE. Est-ce du au partage volume prix fragile de services dans ce pays ? On n’en sait rien. La croissance annuelle moyenne de la productivité horaire du travail de l’ensemble des services marchands y serait de 1,5% par an entre 2000 et 2020 contre +0,9% eau Royaume-Uni et +0,8% en France mais +0,5% dans l’UE des 27 pays avec des croissances faibles en Allemagne et aux Pays-Bas et même stagnation en Espagne et une baisse de la productivité en Italie. La productivité horaire du travail des activités d’hébergement-restauration  diminue dans tous les pays sauf au Royaume-Uni. Celle des services d’information et communication augmente très fortement : +5,9% par an entre 2000 et 2020 en Suède et au Danemark, +3,1% en France,+3% en Allemagne, +2,9% dans l’UE, +2,5% en Belgique et aux Pays-Bas, mais +1,5% en Espagne. On sait que les pays ont parfois des méthodes de partage volume-prix différentes pour ces produits (voir page économie numérique).

On est assez étonné de la croissance forte de la productivité horaire du travail dans les activités financières et d’assurance en Suède (+2,7% par an) et aussi dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques où la productivité du travail augmenterait de 18% en 2021 ! (+1,8% par an entre 2000 et 2020). On sait que la VA de la R&D est surestimée en Suède (voir page Compte de recherche développement). Y-a-t-il un lien entre cette croissance forte de la productivité et cette surestimation?

Dazns les services aux ménages (arts, spectacles et activités récréatives; autres activités de services; activités des ménages et extra-territoriales) la productivité horaire du travail augmente le plus en France (+1,1% par an entre 2000 et 2020). L’espagne arrive en second (+0,8%). Dans l’UE, elle n’augmente pas.

En niveau la productivité horaire du travail est assez élevée en France plus que dans l’UE (tableau suivant). Ceci se retrouve dans l’hébergement-restauration, les services d’information, les services aux entreprises et aux ménages. En revanche, elle est plus faible dans les activités financières, les transports. La productivité horaire du travail est très élevée dans les activités immobilières de tous les pays, ce qui n’est pas très significatif. Toujours est-il que la productivité horaire du travail augmente de 0,4% par an en France entre 2000 et 2020 et diminue de -0,3% par an dans l’UE des 27 pays.

Productivité horaire du travail dans les services marchands (VA en prix courants / heures travaillées) en euros par heures travaillées en 2019

Évolution de la productivité horaire du travail dans les services marchands (VA en volumes chaînés/ heures travaillées) dans les pays base 100 en 2000

 

 

d) Le coût horaire de la main d’œuvre

Il était relativement élevé en France pour l’ensemble de services : 34,7 euros de l’heure contre 24,4 dans l’UE mais 33,2 en Allemagne soit un peu moins qu’en France, différence assez faible qu’on retrouve dans les activités d’administration publique, défense, éducation, santé humaine et action sociale (voir page Administrations Publiques).  Ce coût était bien plus élevé au Danemark (43,1) et en Belgique : 37,5 (tableau suivant). Le coût horaire de la main d’œuvre en France augmente de 2,2% par an entre 2000 et 2019 comme dans l’UE des 27 pays.

Coût horaire de la main d’œuvre dans les services marchands en 2019 (en euros par heures)

Croissance annuelle du coût de la main d’œuvre dans les services marchands entre 2000 et 2019 en %

 

 

 

 

3/ Le secteur des services d’information et de communication de l’UE

Le secteur des services d’information et de communication de l’UE (section J) comptait environ 1,2 million d’entreprises en 2020, soit une augmentation de 3,1 % par rapport à 2019. Il employait plus de 6,4 millions de personnes et a généré 572 milliards d’euros de valeur ajoutée, soit une augmentation de 3,1 %. % par rapport à la période pré-pandémique. La contribution de ce secteur à l’économie marchande non financière (sections B à J et L à N et division 95) a été de 8,8 % de la valeur ajoutée et de 5,0 % de la population des entreprises et des personnes occupées, respectivement.

L’un des six sous-secteurs (au niveau des divisions) dominait le secteur des services d’information et de communication dans l’UE, à savoir la programmation informatique, le conseil et les activités connexes (division 62). Ce sous-secteur a généré plus de la moitié (56,1 %) de l’emploi en 2020, employant 3,6 millions de personnes. Le deuxième sous-secteur était celui des télécommunications (division 61), qui représentait 13,2 % (0,8 million de personnes occupées) de l’emploi des services d’information et de communication et contribuait à hauteur de 24,5 % à la valeur ajoutée sectorielle (140 millions d’euros).

Les autres sous-secteurs du secteur des services d’information et de communication sont : – les activités d’édition (Division 58), – les activités de production de films cinématographiques, de vidéos et de programmes télévisés, d’enregistrement sonore et d’édition musicale (Division 59), – les activités de programmation et de diffusion (Division 60), – les activités de service d’information (Division 63).

La productivité apparente du travail du secteur des services d’information et de communication de l’UE en 2020 était de 89 100 € par personne occupée, ce qui était supérieur de plus de 75,0 % à la moyenne de l’économie marchande non financière de 50 900 € par personne occupée. Parallèlement à cette productivité apparente du travail relativement élevée — la troisième plus élevée parmi les sections de la NACE qui forment l’économie marchande non financière — les coûts moyens de personnel dans le secteur des services d’information et de communication étaient de 57 100 € par salarié, ce qui était également bien supérieur à la moyenne des secteurs non financiers. -économie marchande financière (36 400 € par salarié) et la deuxième plus élevée parmi les sections NACE.

La valeur ajoutée par personne employée équivalait à 156,0 % des coûts de personnel moyens par salarié dans l’UE en 2020. Ce ratio était nettement supérieur à la moyenne de l’économie marchande non financière (139,8 %). De même, le secteur des services d’information et de communication de l’UE a enregistré un taux d’exploitation brut de 19,2 % en 2020, soit près du double de la moyenne de 10,3 % pour l’ensemble de l’économie marchande non financière et seulement inférieur aux taux enregistrés pour les activités immobilières (40,9 %).

Le chiffre élevé de la productivité apparente du travail pour l’ensemble du secteur des services d’information et de communication de l’UE en 2020 a été tiré vers le haut par les valeurs du sous-secteur des télécommunications (165 100 € par personne employée) et du sous-secteur des activités de programmation et de diffusion (103 700 € par personne employé). En raison de la très forte productivité apparente du travail, le sous-secteur des télécommunications a enregistré les niveaux les plus élevés de productivité du travail corrigée des salaires (288,0 %), qui figurait parmi les ratios de productivité du travail corrigés des salaires les plus élevés au niveau de la division NACE au sein de l’économie marchande non financière en 2020.

Dans le secteur des services d’information et de communication, deux tiers des États membres affichaient des parts de valeur ajoutée de l’économie marchande non financière supérieures à la moyenne de l’UE de 8,8 %. Les parts les plus élevées ont été enregistrées en Irlande (22,4 %), à Chypre (17,2 %), à Malte (14,1 %), en Bulgarie (12,6 %) et en Suède (11,3 %), tandis que les plus faibles ont été enregistrées en Autriche, 5,8 % (voir figure 2 Le poids relatif du secteur des services d’information et de communication était supérieur à la moyenne de l’UE en Islande (10,0 %) et inférieur à la moyenne de l’UE en Suisse et en Norvège, puisqu’il contribuait respectivement à hauteur de 7,3 % et 7,2 % à la valeur ajoutée générées au sein des économies marchandes non financières de ces deux pays en 2020.

Importance relative de l’information et de la communication (NACE Section J), 2020, (part en % de la valeur ajoutée et de l’emploi dans le total de l’économie marchande non financière)

Source : Eurostat

 

L’Allemagne a apporté la plus grande contribution parmi les États membres de l’UE à la valeur ajoutée sectorielle et à l’emploi dans le secteur des services d’information et de communication en 2020, représentant une part de 24,2 % de la valeur ajoutée de l’UE et une part de 28,0 % de l’emploi dans les services d’information et de communication. Près de 1,5 million de personnes étaient employées dans le secteur des services d’information et de communication en Allemagne en 2020. Les deux pays ayant enregistré les niveaux de valeur ajoutée les plus élevés enregistrés dans le secteur des services d’information et de communication en 2020 étaient l’Allemagne et la France (respectivement 138,2 milliards d’euros et 95,1 milliards d’euros). ). Ensemble, les cinq plus grands États membres représentaient 66,9 % de la valeur ajoutée de l’UE dans le secteur des services d’information et de communication.

Concentration de la valeur ajoutée et de l’emploi, information et communication (NACE Section J), 2020
(part cumulée des cinq principaux États membres en % du total de l’UE)

Source : Eurostat

 

 

 

 

 

 

 

X – LA CONCURRENCE INTERNATIONALE DES ÉCHANGES DE SERVICES

 

1/ Les services aux entreprises

Le secteur des services aux entreprises peut être considéré comme fournissant des intrants clés dans la production d’autres biens et services. Il s’est développé ces dernières années : cette croissance a été soutenue par le développement de nouveaux services et de tâches plus spécialisées (dont la gestion des chaînes d’approvisionnement et des réseaux de production internationaux), mais reflète également des niveaux accrus d’externalisation vers des fournisseurs externes (voir page chaînes de valeur mondiales). Ces changements ont incité le secteur des services aux entreprises à devenir de plus en plus mondialisé. De plus, les changements technologiques ont permis aux petites entreprises de pénétrer des marchés de niche où auparavant elles n’avaient peut-être pas l’échelle nécessaire pour commercer à l’échelle internationale. Une étude d’Eurostat fournit une analyse du chiffre d’affaires des entreprises de l’UE dans le secteur des services aux entreprises, selon la résidence de leurs client [8].

 

a) Commerce international des services aux entreprises

Le graphique suivant montre la proportion du chiffre d’affaires des services aux entreprises en 2020 selon la résidence du client. Pour chacun des services aux entreprises présentés, la majorité du chiffre d’affaires de l’UE a été réalisée par des ventes à des clients de l’économie déclarante (des clients résidant dans l’économie nationale). Cette tendance était particulièrement évidente pour les services liés à l’emploi (en 2020, 96,1 % des ventes réalisées par les activités d’emploi de l’UE étaient destinées à des clients dans le pays déclarant), les  activités architecturales, celles de comptabilité, de tenue de livres et d’audit, le conseil fiscal, les tests et analyses techniques, les activités publicitaires et juridiques, dont plus de 80 % des ventes ont été réalisées avec des clients de l’économie déclarante.

Les clients résidant dans un autre pays représentaient une part plus élevée du chiffre d’affaires total pour des activités telles que les services d’édition de logiciels (46,7 %) et le traitement de données, l’hébergement et les activités connexes ; portails web (34,3 %).

Analyse du chiffre d’affaires pour certains services aux entreprises, par résidence du client, UE, 2020, (% du chiffre d’affaires)

 

En examinant plus en détail les évolutions dans les différents États membres de l’UE, le tableau suivant présente un classement du chiffre d’affaires généré par certains services aux entreprises, selon la résidence des clients. En 2020, les entreprises allemandes de programmation et de conseil en informatique ont enregistré la valeur la plus élevée des ventes de services aux entreprises à des clients résidant dans un autre pays (35,6 milliards d’euros). La même activité — la programmation informatique et le conseil — représentait également les deuxième, troisième et quatrième valeurs de ventes les plus élevées, réalisées par les entreprises suédoises, néerlandaises et françaises.

Alors que le classement du chiffre d’affaires global est sans surprise dominé par certains des plus grands États membres de l’UE, la seconde moitié du tableau suivant présente le pourcentage du chiffre d’affaires du secteur national qui a été généré par des clients d’autres États membres de l’UE. En 2020, 87,1 % des ventes publicitaires maltaises provenaient de clients résidant dans un autre pays. Les parts les plus élevées suivantes ont été enregistrées pour l’édition de logiciels en Finlande (données 2019) avec 86,6 % et le traitement de données, l’hébergement et les activités connexes en Lituanie (83,9 %).

Classement des dix premiers chiffres d’affaires pour une sélection de services aux entreprises, par lieu de résidence du client, 2020

 

 

 

b) Le commerce international de l’UE dans les autres services aux entreprises

Les « autres services aux entreprises » sont la plus importante des douze catégories de services, représentant 25 % des exportations totales de services vers des pays extra-UE et 33 % des importations totales de services en provenance de pays tiers en 2021.

Le graphique suivant montre l’évolution de la série chronologique pour les «Autres services aux entreprises» de 2010 à 2021. solde négatif constant toutes les années sauf 2014. De 2010 à 2019, les importations d' »Autres services aux entreprises » n’ont cessé d’augmenter, la plus forte augmentation ayant été enregistrée en 2019 (41 %). Au cours de la même période, les exportations ont également augmenté constamment, mais à un rythme plus modeste. En 2020 cependant, les importations et les exportations ont diminué de 5 % et 4 % respectivement. En 2021, les importations ont continué de baisser de 16 % tandis que les exportations ont augmenté de 4 %.

Commerce de l’UE dans les «autres services aux entreprises» avec l’extra-UE, 2010-2021 (en milliards d’euros)

La deux graphiques suivants montrent les contributions des trois sous-catégories des « autres services aux entreprises » aux importations et aux exportations pour 2010-2021. Jusqu’en 2018, le principal contributeur aux importations était la sous-catégorie des « services techniques, liés au commerce et autres services aux entreprises ». En 2019 et 2020, les «services de recherche et développement» ont été le principal contributeur aux importations, et les «services professionnels et de conseil en gestion» en 2021. En ce qui concerne les exportations, la sous-catégorie des «services techniques, liés au commerce et autres services aux entreprises» est la contributeur le plus important sur toute la période 2010-2021.

Contributions des sous-catégories «Autres services aux entreprises» aux importations de l’UE, 2010-2021 (en milliards d’euros)

 

Contributions des sous-catégories «Autres services aux entreprises» dans les exportations de l’UE vers l’extra-UE, 2010-2021 (en milliards d’euros)

 

L’évolution des « services de R&D » entre 2010 et 2021 est illustrée au graphique suivant. Les importations ont été légèrement supérieures aux exportations au cours de la période 2010 à 2014. Les importations ont ensuite dépassé les exportations avec une forte augmentation en 2015 et 2016, entraînant une forte baisse du équilibre. Le solde négatif (déficit) a légèrement diminué en 2017 et 2018. Cependant, en 2019 et 2020, les importations ont augmenté de manière significative, ce qui a entraîné une forte augmentation du déficit, car au cours de la même période, les exportations n’ont augmenté que de manière marginale. En 2021, les exportations et les importations ont chuté à des niveaux comparables à ceux de 2018.

Évolution du commerce des «services de recherche et de développement» pour l’UE en milliards d’euros

 

 

Les services de conseil professionnels et de management comprennent les services juridiques, la comptabilité, le conseil en gestion, les services de gestion et les services de relations publiques; et la publicité, les études de marché et les services de sondage d’opinion.Les importations de «services de conseil professionnels et de conseil en gestion» ont dépassé les exportations chaque année entre 2010 et 2021, ce qui a entraîné un déficit. De 2010 à 2021, les importations et les exportations ont continué d’augmenter à un rythme plus ou moins constant et modéré. La hausse maximale a été enregistrée en 2017 pour les exportations (16 %) et en 2020 pour les importations (16 % également). En 2021, tant les exportations que les importations ont augmenté de 11 % pour atteindre leurs valeurs les plus élevées pour l’ensemble de la période.

 

Évolution du commerce des «services de conseil en gestion et professionnels» pour l’UE en milliards d’euros

 

 

Les services techniques, commerciaux et autres services aux entreprises comprennent:

  • services d’architecture, d’ingénierie et autres services techniques;
  • le traitement des déchets et l’assainissement de l’environnement, les services agricoles et miniers;
  • les services de crédit-bail d’exploitation, services liés au commerce;
  • les autres services aux entreprises.

Les «services techniques, commerciaux et autres services aux entreprises» représentent la sous-catégorie la plus importante d’autres services aux entreprises. Les exportations de «services techniques, commerciaux et autres services aux entreprises» ont constamment dépassé les importations au cours de la période 2010-2021, ce qui s’est traduit par un solde positif. Tant les exportations que les importations ont augmenté ou sont restées à peu près stables toutes les années de la période 2010-2019. En 2020, les exportations et les importations ont chuté de 14 %. En 2021, ils ont tous deux augmenté de 9 % et de 5 % respectivement.

Évolution du commerce des «services techniques, liés au commerce et autres services aux entreprises» pour l’UE en milliards d’euros

 

 

 

 

 

 

 

2/ les tentatives de libéralisation des services en Europe

On se réfère ici à une étude d’Eurostat de fin 2017 [9]. Les services marchands  comprennent ici la construction et le commerce de détail. Les marchés des services sont au cœur de l’économie de l’UE puisqu’ils représentaient 71 % de la valeur ajoutée et 68 % de l’emploi dans l’UE en 2017. Le bon fonctionnement et la compétitivité des marchés de services sont donc essentiels pour la croissance et l’emploi dans l’UE.

Afin de réaliser l’important potentiel de croissance et d’emploi des marchés de services, la réglementation doit suivre le rythme de la numérisation des services et de l’intégration accrue des services et des industries manufacturières.

Plusieurs facteurs freinaient en 2017 les performances des marchés de services en Europe. Il s’agit notamment de la faible pression concurrentielle, de la lenteur de la croissance de la productivité, du manque d’investissements et d’échanges transfrontaliers et de la faible mobilité de la main-d’œuvre.

Ces difficultés sont en partie dues aux restrictions réglementaires et aux procédures administratives coûteuses résultant des politiques et réglementations des États membres de l’UE en matière de services.

La productivité dans le secteur des services a des répercussions importantes sur l’industrie manufacturière européenne. Les industries manufacturières comptent parmi les plus gros consommateurs de services en Europe et la réglementation anticoncurrentielle dans le secteur des services augmente le coût des services qu’elles achètent.

La numérisation des services modifie la manière dont ils sont fournis et crée une demande de nouveaux services, notamment dans l’économie collaborative. Elle a également rendu les services plus commercialisables, car il est plus facile de les fournir à distance.

Les services aux entreprises comprennent une série d’activités professionnelles, scientifiques et techniques ainsi que des services administratifs et de soutien. Partie intégrante de l’économie de l’UE, ils représentaient 12,8% de la valeur ajoutée de l’UE et 13,7% de l’emploi total en 2017, soit 31 millions d’emplois. Ils constituent des intrants essentiels dans le secteur manufacturier. En 2017, 16 % de la valeur moyenne d’un bien produit dans l’UE est générée par les activités des services aux entreprises. Un grand nombre des services aux entreprises à forte valeur ajoutée sont fournis par des professions réglementées (voir ci-dessous).

Les travaux de construction entrepris par les constructeurs et les promoteurs représentaient 5,3 % de la valeur ajoutée de l’UE et 6,3 % de l’emploi dans l’UE. Le secteur de la construction de l’UE donne du travail à 14 millions de personnes.

Le commerce de détail représentait en 2017 4,5 % de la valeur ajoutée totale de l’UE et employait 8,6 % de la main-d’œuvre. Plus de 3,5 millions d’entreprises de vente au détail servent d’intermédiaires entre des milliers de fournisseurs de produits et des millions de consommateurs. Avec une croissance de 12 % par an, le commerce électronique offre des opportunités au commerce de détail traditionnel, mais présente également certains défis. Il a augmenté le marché potentiel pour les détaillants et la gamme de produits disponibles pour les consommateurs.

Environ 22% des personnes employées dans l’UE travaillent dans une profession réglementée. La réglementation des services professionnels existe dans tous les secteurs de l’économie. Le secteur de la santé et des services sociaux, y compris les médecins et les dentistes, représente 40 % de toutes les professions réglementées (en nombre de professions). Ensuite, les services aux entreprises, tels que les avocats, les comptables, les ingénieurs et les architectes, représentent 15% de ce total, suivis par le secteur des transports (près de 10%), le secteur des services publics et de l’éducation (9%) et la construction (7%).

Au niveau de l’UE, la directive sur les services adoptée en 2006, qui couvre 47 % de la valeur ajoutée de l’UE, fournit un cadre pour la réglementation nationale des services. Elle a entraîné la suppression de nombreux obstacles réglementaires par les États membres, ainsi que la simplification des procédures administratives. La directive sur les qualifications professionnelles, révisée en 2013, soutient la mobilité des professionnels en permettant la reconnaissance des qualifications professionnelles dans les États membres et a mis en place un cadre pour garantir que la réglementation nationale des services professionnels est proportionnée.

 

 

 

3/ Défis politiques : un aperçu des performances dans les pays de l’UE

a) Faibles pressions concurrentielles

Les pressions concurrentielles stimulent l’innovation et les performances, donnant aux consommateurs l’accès à un plus large éventail de services à des prix plus bas. La concurrence stimule la productivité en veillant à ce que les entreprises moins productives soient remplacées par de nouvelles entreprises productives au fil du temps, et en incitant les entreprises à investir dans la réduction des coûts et dans des services et produits innovants qui stimulent la productivité.

Parmi les indicateurs qui peuvent être utilisés comme approximations des forces de la concurrence figurent les taux de rotation du marché et les taux d’exploitation bruts. Les taux de résiliation et les taux de profit ventilés par secteur de services varient considérablement entre les États membres et les secteurs de services. De grandes différences dans les taux de résiliation ou les taux de profit reflètent des degrés variables de pression concurrentielle. Un marché plus intégré devrait constater une convergence de ces indicateurs entre les États membres.

Pour une sélection d’activités économiques soumises à un niveau élevé de restrictions réglementaires, le graphique suivant montre le taux de rotation moyen des entreprises au niveau de l’UE comparé à celui de l’ensemble de l’économie. À l’exception de la construction et du commerce de détail, tous les autres secteurs de services présentent un taux de rotation des entreprises inférieur à celui de l’ensemble de l’économie, c’est-à-dire une rotation plus faible des entreprises. Cela peut indiquer un dynamisme relativement plus faible ou une concurrence plus faible dans ces secteurs que dans le reste de l’économie.

Taux de résiliation des entreprises dans certaines activités économiques, UE-28, 2014 (%)

 

Les bénéfices générés au niveau sectoriel constituent un autre indicateur de l’intensité de la concurrence. Des bénéfices relativement plus élevés indiquent que les entreprises réalisent des marges plus importantes, c’est-à-dire des majorations de prix plus élevées par rapport au coût de leurs services/produits, aux dépens des consommateurs.

Pour l’ensemble de l’UE, le graphique suivant montre les taux d’exploitation bruts dans certains secteurs, comparés au taux moyen de l’ensemble de l’économie. Le taux brut d’exploitation est un indicateur qui mesure le bénéfice d’une entreprise par rapport à son chiffre d’affaires. La plupart des secteurs de services de l’UE ont des taux d’exploitation bruts plus élevés que l’économie dans son ensemble, ce qui suggère des niveaux de concurrence plus faibles.

Taux brut d’exploitation dans certaines activités économiques, UE-28, 2014 (%)

 

 

 

b) Une croissance lente de la productivité

Malgré certaines améliorations de la productivité du travail par personne employée entre 2008 et 2013 dans certains pays, la croissance de la productivité du travail dans le secteur des services de l’UE a été dépassée par d’autres secteurs, notamment l’industrie manufacturière.

Les données de l’OCDE montrent une croissance annuelle moyenne de la productivité du travail dans le secteur manufacturier (2001-2013) de 2,6 %, alors que la plupart des secteurs des services ont connu une croissance inférieure à 1 %, voire un déclin, au cours de cette période (voir ci-dessus) [10].

Le graphique suivant compare la croissance de la productivité du travail dans l’UE entre les secteurs des services et de l’industrie manufacturière. Cette croissance dans les services est nettement inférieure à celle de l’industrie manufacturière (sauf pour le services d’information et de communication).

Croissance de la productivité sectorielle par personne, UE-28 (variation annuelle moyenne en %, 2011-2016)

 

La croissance de la productivité dans le secteur des services prend ainsi du retard [10]. Entre 2000 et 2014, la productivité réelle du travail dans le secteur des services est restée pratiquement stable dans la zone euro (0,1 % par an en moyenne). alors qu’elle a augmenté de 30 % aux États-Unis (graphique suivant, figure 3). De plus, la productivité horaire du travail dans le secteur des services ne représente que 71% de celle du secteur manufacturier.

Une croissance plus élevée de la productivité dans l’ensemble est essentielle pour garantir des taux de croissance solides à long terme et une amélioration du niveau de vie des citoyens, dans un contexte de crise économique.

Le déclin de la productivité totale des facteurs (PTF) explique l’essentiel du découplage avec les États-Unis (graphiques suivants). Il y a eu en moyenne un écart de 0,9 point de pourcentage chaque année entre la croissance de la productivité du travail dans la zone euro et aux États-Unis entre 2001 et 2014.  Les différentiels de croissance de la PTF expliquent la plus grande part de l’écart de productivité (0,7 point de pourcentage). La baisse des investissements en TIC dans la zone euro explique 0,1 point de pourcentage de l’écart.

Évolution de la productivité du travail aux États-Unis et dans la zone Euro entre 2000 et 2014 en %

 

 

Le graphique suivant présente les coûts unitaires du travail (CUT) au niveau sectoriel dans les services ainsi que ceux de l’industrie manufacturière. Ceux-ci sont calculés comme le différentiel entre les hausses des rémunérations moyennes et les gains de productivité du travail (voir page comptes bâtiment travaux publics). La comparaison entre l’évolution de la productivité et celle de la rémunération du travail peut être considérée comme un indicateur des gains de compétitivité. En ce qui concerne la relation entre l’évolution de la productivité du travail et la rémunération du travail, des données récentes montrent que la productivité du travail dans les services marchands n’a dépassé la rémunération du travail que dans quelques pays : Portugal, Espagne, Chypre et Grèce. Ces pays ont été soumis à de fortes pressions du marché et ont subi d’importants ajustements de compétitivité. Les pertes de compétitivité d’avant la crise de 2009 ont été causées par de fortes augmentations des CUT dans les services. D’importants secteurs de services présentent encore une certaine résistance à l’ajustement. C’est notamment le cas des services aux entreprises et du commerce de détail.

Croissance sectorielle des coûts unitaires du travail, UE-28 (variation annuelle moyenne en %, 2011-2016)

 

 

c) Manque d’intégration transfrontalière des services

Même si, par nature, les services sont moins échangeables que les marchandises, le commerce des services a augmenté dans le monde entier au cours des dernières années. L’intégration commerciale peut être utilisée comme une mesure de la capacité des entreprises à accéder à des clients potentiels dans d’autres États membres.

Le commerce transfrontalier traditionnel de services représente moins de 10 % du PIB, contre plus de 20 % pour les biens (graphique suivant, figure 8) .  Les services, outre leur moindre négociabilité, sont de nature moins standardisée et ils doivent être livrés sur place. La faiblesse des échanges transfrontaliers pourrait également refléter le fait que le secteur des services est dominé par des micro-entreprises, qui ont une capacité plus limitée à s’engager dans des échanges transfrontaliers  (figure 9). De même, la part importante de micro-entreprises est susceptible de peser négativement sur la croissance de la productivité, reflétant des économies d’échelle limitées.

Compte tenu des obstacles au commerce des services, le principal mode de fourniture de services transfrontaliers a été l’IDE (figure 10). Les IDE (FDI en anglais) intra-UE dans le secteur des services (environ 2 % du PIB) jouent un rôle plus important que sur les marchés des biens (0,5 % du PIB). Cela pourrait accroître encore l’écart entre les grandes entreprises qui ont la capacité de s’établir à l’étranger et les petites entreprises qui n’ont pas les moyens de le faire.

Commerce transfrontalier et IDE (FDI) des services et des biens

 

 

d) Faible mobilité de la main-d’œuvre pour les professionnels

La mobilité de la main-d’œuvre est un déterminant essentiel de la productivité qui favorise la croissance. Non seulement elle contribue à combler les déficits de compétences et à réduire les pénuries de main-d’œuvre. Elle permet également d’équilibrer la demande de main-d’œuvre entre les États membres.

Dans le cas des professions réglementées, les professionnels d’autres États membres peuvent devoir passer par le processus de reconnaissance. Celle-ci nécessite souvent le paiement de frais importants et peut être longue et fastidieuse. Cela affecte directement la mobilité des professionnels, ce qui a un effet d’entraînement sur le nombre de compétences disponibles pour les entreprises.

Malgré les taux élevés de reconnaissance des qualifications professionnelles facilités par la directive européenne modernisée sur les qualifications professionnelles, la mobilité des travailleurs reste faible au milieu des années 2010. En 2015, dans l’ensemble de l’économie des entreprises, 3,6 % des personnes employées dans l’UE étaient des citoyens européens d’un autre État membre. Ce chiffre est inférieur à celui des architectes (6,5%), mais supérieur à celui des activités comptables (3,2%), des activités immobilières (2,8%), du génie civil (2,3%) et des activités juridiques (1,6%).

 

 

 

4/ Leviers pour relever les défis politiques

Les défis décrits ci-dessus sont, dans une large mesure, le résultat des politiques réglementaires et administratives des États membres de l’UE. Relever ces défis a de nombreux effets positifs. Un certain nombre de leviers politiques peuvent être utilisés pour faire avancer la modernisation de la réglementation des services dans l’UE.

 

a) Réformes dans le secteur des services s’appuyant sur la mise en œuvre de la directive sur les services

Les données économiques montrent qu’il existait en 2017 une marge importante pour les réformes du secteur des services au-delà des exigences légales minimales de la directive sur les services.

Les autorisations exigées des entreprises pour offrir leurs services peuvent servir des objectifs d’intérêt public, mais doivent être proportionnées à leur réalisation afin de ne pas restreindre indûment la concurrence. De nombreux États membres ont mis en œuvre des réformes profondes visant à supprimer les autorisations ou à les remplacer par des obligations de notification ou de déclaration moins onéreuses, mais d’autres réformes sont possibles dans de nombreux autres États membres et secteurs.

Les exigences en matière de forme juridique et d’actionnariat entravent considérablement la liberté d’établissement dans le secteur des services aux entreprises. Les exigences limitent les possibilités d’investissement, réduisent le choix des modèles d’entreprise et peuvent rendre difficile, voire impossible, la création de cabinets professionnels multidisciplinaires.

La législation nationale n’était toujours pas claire quant aux règles applicables aux entreprises fournissant une prestation temporaire de services transfrontaliers.

À la suite de l’adoption de la directive sur les services en 2006, les États membres ont mis en œuvre des réformes de grande ampleur, adoptant plus d’un millier de lois. En 2012, une évaluation de la Commission a révélé que les réformes mises en œuvre jusqu’alors permettraient d’augmenter le PIB de 0,8 % au cours des prochaines années.

L’évaluation a également révélé que si les États membres étaient plus ambitieux dans la mise en œuvre des réformes (pour atteindre la moyenne des 5 États membres les moins restrictifs), le potentiel de croissance supplémentaire était estimé à 1,8 % du PIB de l’UE.

 

b) Réformes de la réglementation des services professionnels

En l’absence d’harmonisation au niveau européen, la réglementation des services professionnels est une prérogative des États membres. La réglementation peut créer des obstacles au marché unique et contrecarrer la croissance et la création d’emplois dans les économies de l’UE. Les obstacles à la croissance et au commerce peuvent provenir de restrictions qui semblent avoir un impact moindre mais dont les effets cumulatifs peuvent être pernicieux.

La Commission avait donné des indications sur le potentiel de réformes économiquement appropriées qui pourraient faire une réelle différence dans sept professions importantes. Elle préconisait par exemple que l’Autriche reconsidère la proportionnalité de ses restrictions aux activités pluridisciplinaires pour les architectes ; que l’Italie réévalue le vaste champ des activités réservées aux ingénieurs civils ; que la Belgique réexamine les règles d’incompatibilité interdisant l’exercice simultané de toute autre activité économique pour les comptables ; et que l’Allemagne revoie les exigences en matière d’actionnariat dans les services d’architecture, d’ingénierie et juridiques, pour n’en citer que quelques-unes.

 

 

 

5/  État des lieux des politiques

a) Des barrières persistantes sur les marchés des services

Même si les États membres ont rempli les obligations relatives à la transposition de la directive sur les services et ont procédé à une évaluation systématique de leur réglementation nationale des services professionnels sur la base de la directive révisée sur les qualifications professionnelles, les prestataires de plusieurs secteurs de services étaient toujours confrontés en 2017 à de nombreux obstacles pour s’établir dans un autre État membre ou pour fournir des services sur une base transfrontalière temporaire.

Si l’on prend l’exemple des services aux entreprises, le plus grand secteur de services relevant de la directive sur les services, qui représente près de 12 % du PIB et de l’emploi de l’UE, la charge administrative et réglementaire varie considérablement d’un État membre à l’autre. Le graphique suivant montre les restrictions globales dans quatre professions clés faisant partie des services aux entreprises – comptables, architectes, ingénieurs et avocats, sur la base d’une étude de 2015 sur les obstacles dans les services aux entreprises. Les pays scandinaves, baltes et le Royaume Uni sont les moins réglementés. Plus le score est élevé, plus le niveau de restriction est important.

Notes globales de restriction par État membre (services aux entreprises)

 

b) État des lieux des professions réglementées

L’indicateur du caractère restrictif de la réglementation des services professionnels a été conçu pour soutenir l’analyse qualitative des obstacles. Il fournit une comparaison des performances entre pays pour les sept professions suivantes : architectes, ingénieurs, avocats, comptables, agents de brevets, agents immobiliers et guides touristiques. Le graphique suivant montre les performances relatives des pays en ce qui concerne la profession d’architecte.

 

Indicateur de restriction pour les architectes

 

 

c) Le secteur du commerce de détail

Au cours des dernières années, les États membres ont mené des réformes visant à supprimer certaines restrictions en matière d’établissement et d’exploitation et à améliorer le fonctionnement du secteur du commerce de détail. Certaines de ces réformes visaient à simplifier et à rationaliser les procédures d’autorisation, à raccourcir le processus d’autorisation et à alléger la charge administrative pesant sur les détaillants qui créent un magasin (par exemple, en Belgique, en Grèce, en France, au Portugal et en Espagne, et très récemment au Danemark et en Finlande). D’autres réformes visaient à rendre les conditions d’exploitation moins strictes. Les heures d’ouverture des magasins ont été libéralisées dans un certain nombre d’États membres (par exemple, au Danemark, en Finlande, en Italie, au Portugal et en Espagne) et les règles relatives aux ventes promotionnelles et aux ventes à perte ont été assouplies (par exemple, à Chypre, en Grèce, au Luxembourg, au Portugal, en Slovénie et en Espagne).

Toutefois, un certain nombre de restrictions restent en place et le niveau de restriction varie encore beaucoup d’un État membre à l’autre. En outre, certains États membres ont tendance à introduire des mesures qui, dans la pratique, touchent principalement les détaillants étrangers.

 

 

 

Michel Braibant
—————————————————————————————————————————

BIBLIOGRAPHIE

[1] https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/compte-du-logement-2018-rapport-de-la-commission-des-comptes-du-logement#:~:text=Le%20compte%20satellite%20du%20logement,%2C%20personnes%20morales%2C%20%C3%89tat).

[2] Les services marchands en 2017 – Rapport sur les comptes, V. Andrieux, Z. Bouziani,  S. Heck, A. Nay, E. Rakedjian, P. Varrambier, Insee Première, juillet 2018Insee, juillet 2018 https://www.insee.fr/fr/statistiques/3580525

[3] Indice des prix à la consommation IPC, 2/3/2019 https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/indicateur/p1653/documentation-methodologique

[4] Les services marchands en 2021, https://www.insee.fr/fr/statistiques/6472547

[5] https://www.insee.fr/fr/statistiques/5346740

[6] https://www.insee.fr/fr/statistiques/5211280

[7] https://www.insee.fr/fr/statistiques/4796297

[8] https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Trade_in_business_services#Analysis_of_turnover_for_selected_business_services

[9] https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/fr/MEMO_17_11, voir aussi [9] https://ec.europa.eu/info/sites/default/files/file_import/european-semester_thematic-factsheet_services-markets_en.pdf

[10] https://www.imf.org/-/media/Files/Publications/WP/2019/wpiea2019269-print-pdf.ashx

Tableau entrées-sorties mondial (T.E.S.)